Œuvres : Bonjour – Ohayô – Yuli – Même la pluie – Perdrix – Le soldat vierge – Late night – Reza – Scènes de la vie conjugale – Haut perchés
Personnes citées : Yasujirô Ozu – Icíar Bollaín – Paul Laverty – Carlos Enrique Almirante – Edilson Manuel Olvera – Fanny Ardant – Swann Arlaud – Nicolas Maury – Quentin Dupieux – Christophe Montenez – Nisha Ganatra – Emma Thompson – Thierry Ardisson – Mindy Kaling – Alireza Motamedi – Ingmar Bergman – Olivier Ducastel – Jacques Martineau
Réalisé par Yasujirô Ozu
Sorti au Japon 12 mai 1959
Sorti en France le 12 janvier 1994
Ressorti en France le 2 août 2019
La critique longue est ICI.
Réalisé par Icíar Bollaín
Sorti au Japon 12 mai 1959
Sorti en France le 12 janvier 1994
Ressorti en France le 2 août 2019
« Yuli » était le surnom donné par ses copains et par sa famille à Carlos Acosta, lorsqu’il vivait à La Havane, paradis cubain bien connu. Passionné par le hip-hop (danse populaire chez les jeunes), ce qui faisait honte à son père, camionneur pauvre et descendant d’esclaves, il avait été forcé par celui-ci d’entrer dans une école de danse classique – ce qu’il avait détesté, crainte que, désormais, dans la rue, on le traite de « pédé ». Mais, bon gré mal gré, il était devenu danseur, et même un excellent danseur, au point que, poussé par son professeur, il avait gagné un prix à Lausanne, puis avait été engagé au Royal Ballet de Londres, où il était devenu danseur étoile, en dépit de sa couleur, puisqu’il est noir. Mais le suicide de sa sœur et la nostalgie de sa famille l’ont poussé à revenir à Cuba, à l’âge de vingt ans. L’âge aidant, il n’exerce plus mais monte des chorégraphies.
Adaptée des mémoires d’Acosta et très bien scénarisée par Paul Laverty, l’époux de la réalisatrice, qui s’était fait connaître par l’excellent Même la pluie en 2010, cette histoire, quoique racontée dans le désordre – ce qui nuit toujours à la compréhension d’une évolution –, est très émouvante, et les nombreuses scènes de danse, qui évoquent le passé de Carlos, sont de celles qui ont été parmi les meilleures jamais filmées.
À ce propos, nombreuses sont celles où Acosta, qui joue son propre rôle dans les scènes où il est arrivé à l’âge adulte, a un partenaire tout aussi talenteux, et beaucoup plus beau. Comme il n’est jamais nommé comme personnage, il y a des raisons de penser qu’il joue Enrique, dont l’interprète est Carlos Enrique Almirante, acteur cubain lui aussi. Mais l’enfant qui l’incarne, Edilson Manuel Olvera, est très bien aussi.
Réalisé par Erwan Le Duc
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2019
Sorti le 14 août 2019
Je n’ai trouvé à ce film que deux défauts : son titre banal, une fois de plus confondu avec le nom du personnage principal (on en trouve des centaines d’exemples, tant au théâtre qu’au cinéma), et la diction ridicule de Fanny Ardant, très vite horripilante. Cette actrice, qui n’a guère sa place dans un film fondé sur la fantaisie débridée, ne semble avoir été engagée que parce qu’elle est « bankable », comme on dit chez les vrais artistes... Cela mis à part, cette comédie burlesque, au scénario abracadabrant, repose sur des situations invraisemblables quoique assez touchantes, et sur des dialogues volontairement absurdes, rappelant parfois les films de Quentin Dupieux.
Inutile de tenter de résumer cette histoire dont tous les personnages sont à côté de leur véritable (?) nature, et dont on devine le dénouement dès le début. Tout rentre dans l’ordre, mais un ordre qui n’est pas celui de la réalité, très bousculée.
On apprécie Swann Arlaud, bien qu’il fasse longtemps attendre sa scène principale (une colère noire de révolte), et Nicolas Maury, en spécialiste des vers de terre, et dont la fille, lassée, n’aspire qu’à rejoindre un internat religieux afin de fuir sa vie trop régulée.
C’est le premier long métrage d’Erwan Le Duc, un ancien de l’administration ministérielle. Lui, au moins, n’y a pas gâché son talent. Il avait sorti en 2016, au Festival de Cannes, un court métrage, Le soldat vierge, qui n’a été exploité nulle part. On y voyait Christophe Montenez, qui était entré en 2014 comme pensionnaire à la Comédie-Française.
NB : le film a aussi reçu un titre en polonais, qui signifie « Nécessité nécessaire », et qui, par son absurdité, aurait mieux convenu !
Réalisé par Nisha Ganatra
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 25 janvier 2019
Sorti le 21 août 2019
Film très divertissant, surtout par son dialogue, parsemé de répliques cinglantes que lance le personnage qu’interprète avec maestria Emma Thompson dans le rôle d’un Thierry Ardisson féminin et britannique – ce qui fait beaucoup à la fois.
Il se trouve que cette dame, blanche et âgée de 57 ans, présente et dirige un spectacle quotidien à la télévision newyorkaise, et, pour placer les bons mots qui en font le succès, a une équipe de HUIT auteurs chargés d’écrire les mots d’esprit qu’elle placera aux bons endroits. Toujours Ardisson, donc. Particularité : elle n’a engagé que des hommes, traités comme des esclaves ou quasiment, et refuse d’avoir une femme dans son équipe !
On devine qu’elle va être contrainte de changer ses choix, car son émission est en perte de vitesse depuis longtemps, et elle se trouve en passe d’être virée. Or se présente une candidate, jouée par Mindy Kaling, qui lui déplaît immédiatement, car elle est à la fois asiatique et noire ! Mais, comme le scénario est typiquement hollywoodien, on devine immédiatement qu’elle va l’accepter, l’engager, puis estimer que cette demoiselle a une sorte de génie, qui finalement lui sauve la mise.
Le scénario a été écrit par l’interprète de la nouvelle candidate, et les dialogues sont étincelants de vacheries visant les gens de médias. On s’amuse franchement, et c’est très rare avec les comédies que nous envoie Hollywood depuis quelques années.
Réalisé par Alireza Motamedi
Sorti en Iran (Festival de Fajr) le 21 avril 2018
Sorti en France le 21 août 2019
Film iranien, dont le scénario tiendrait au dos d’un timbre-poste, et dont la seule particularité est que le scénariste, le réalisateur et l’acteur principal sont le même homme, qui fait là son premier film.
Le thème : un couple marié veut divorcer, sans autre raison que le désir de changement. Ils s’aiment toujours, mais doivent faire croire au juge qu’ils se détestent. C’est la seule raison de s’intéresser un peu au film, mais cela ne dure pas. Le reste du film consiste en conversations sans grand intérêt, mais fait un peu penser au thème traité par Bergman dans Scènes de la vie conjugale, qu’on pourrait résumer ainsi : dès qu’on est divorcé, on s’adore. C’est bien mince.
Réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau
Sorti en France le 21 août 2019
Ce film n’est sorti dans aucun pays autre que la France, et on le comprend : les deux réalisateurs, deux homosexuels qui vivent ensemble, font tous leurs films sur le même thème, et ne parviennent jamais à parler d’autre chose, au contraire de nombreux cinéastes qui partagent leur goût pour les garçons, mais n’en font jamais le sujet principal de leurs productions. Résultat : les spectateurs, qui ont été échaudés avec leur précédent film, fortement agrémenté de scènes pornographiques, ne se bousculent pas pour voir celui-ci, et nous n’étions que deux dans la salle.
Pour ne rien arranger, ce huis-clos (on ne sort jamais de l’appartement, plutôt banal, et propriété de l’un de deux cinéastes) dialogué de lieux communs très intellos, dépourvu de toute trace de scénario cohérent, enuuie. Alors, les cinq personnages, une femme et quatre hommes homosexuels, se disputent tout au long, comme s’il fallait remplir la durée du film. Tout cela est théâtral et artificiel, et aucun identification n’est possible de la part du public.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 10 septembre 2020.