JPM - Films vus - Notules -  Février 2019

Notules - Février 2019

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres (en italiques, autres que des films) : Minuscule - Les mandibules du bout du monde – Psychose – Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?EdmondCyrano de Bergerac – Alexis Michalik – Shakespeare in love – Le premier homme sur la LuneFirst man – Whiplash – La La land – Les frères SistersThe Sisters brothers Les estivants – La règle du jeu – BorderGränsDeux filsLong way homeNight comes onUne intime convictionLa muleThe mule – Gran Torino – Les drapeaux de papierEl reino – Topaze – Le grand bain – Jusqu’à la garde – Les funérailles des rosesBara no sôretsuGrâce à Dieu – La La Land

Personnes citées : Thomas Szabo – Hélène Giraud – Edmond Rostand – Constant Coquelin – Jeanne d’Alcie – Rosemonde Gérard – Sarah Bernhardt – Jean Coquelin – Georges Feydeau – Georges Courteline – Jean-Paul Rappeneau – Jean-Claude Carrière – Jacques Audiard – Damien Chazelle – Neil Armstrong – Valeria Bruni Tedeschi – Jean Renoir – Ali Abbasi – Félix Moati – Serge Moati – Jordana Spiro – Antoine Raimbault – Christian Ranucci – Marina Foïs – Olivier Gourmet – Clint Eastwood – Nathan Ambrosioni – Rodrigo Sorogoyen – Michel Ciment – Griffin Newman – Rebecca Hall – Timothée Chalamet – Selena Gomez – Woody Allen – Stanly Kubrick – Fernandel – Philippe Katerine – Xavier Legrand – Toshio Matsumoto – François Ozon – Philippe Barbarin – Albert Ducourtray – Stanley Donen – Gene Kelly

Minuscule - Les mandibules du bout du monde

Lundi 4 février 2019

Réalisé par Hélène Giraud et Thomas Szabo

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 9 septembre 2018

Sorti en France le 30 janvier 2019

Si la totalité des critiques professionnels ont louangé le film (jamais moins de trois étoiles dans les journaux), le public a été plus réticent, et a trouvé ce film assez ennuyeux. Cette réticence n’est pas gratuite, car le sujet est assez artificiel (comment des libellules se retrouvent en Guadeloupe après avoir voyagé dans un colis contenant de la nourriture industrielle), et l’abondance des ennemis de ces libellules rend le déroulement de l’histoire peu accessible – surtout si on a emmené des enfants voir le film.

Et puis, il y a trop de musique pour compenser l’absence totale de dialogues. Mais j’ai noté un plan que nul ne remarque : par deux fois, on voit dans le décor la maison Bates, du film Psychose. Rien n’explique cette apparition très fugitive.

On a beaucoup « enrichi » le scénario, qui paradoxalement y perd. Reste la technique, qui est pour le moment indépassable.

En bref : à voir.Haut de la page

Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?

Mardi 5 février 2019

Réalisé par Philippe de Chauveron

Sorti en France et en Belgique le 30 janvier 2019

 

On sait qu’en général, les suites de grands succès sont des films ratés. C’est encore le cas ici.

Les Verneuil, provinciaux pleins aux as, ont marié leurs quatre filles, mais... à des étrangers : un Algérien, un Israélien (qui ne connaît pas l’hébreu), un Chinois et un Ivoirien. Or les quatre jeunes hommes ont hérité du défaut bien français de râler pour tout, et ils ne supportent plus la France. Ils veulent donc retourner dans leur pays, sauf l’Ivoirien, qui croit pouvoir faire carrière dans le cinéma indien ! Mais leurs beaux-parents, qui n’acceptent pas si facilement d’être privés de leurs filles et de leurs petits-enfants, imaginent des stratagèmes afin de les retenir en France. Ils y réussiront, parce que leurs filles elles-mêmes estiment hasardeux de devoir émigrer.

Hélas, le public n’a guère l’occasion de rire, et le film court droit au bide. Reste le jeu des acteurs, qui tient la route.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Edmond

Mercredi 6 février 2019

Réalisé par Alexis Michalik

Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 22 août 2018

Sorti en France le 14 décembre 2018

Cet Edmond, c’est Rostand, devenu célèbre et riche en une seule soirée, après la première représentation, au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, de Cyrano de Bergerac. Il a d’ailleurs reçu la Légion d’Honneur trois jours après !

Le film est une adaptation, par son auteur, de la pièce du même titre, qui a aussi triomphé, mais au Théâtre du Palais-Royal. Or cette adaptation, très intelligente, mêle la vie de Cyrano, très romancée par Rostand (Cyrano n’était pas gascon, il ne s’appelait pas Bergerac, et il est né à Paris), et la pièce qu’Alexis Michalik en a tirée. Elle se joue toujours, soit dit en passant ! Et la genèse du film est inspirée d’un autre film, Shakespeare in love, tout en lui étant très supérieure.

Il faut mentionner que, contrairement au film de Jean-Paul Rappeneau et Jean-Claude Carrière, on n’a pas coupé les deux plus beaux vers (si on veut bien passer sur la répétition du verbe être dans le second vers) de la pièce de Rostand, dits par Roxane : « Et pendant quatorze ans, il a joué ce rôle / D’être le vieil ami qui vient pour être drôle », juste avant la mort du héros dans le couvent où Roxane s’est retirée. Comment ces deux inconscients ont-ils pu faire une telle mutilation ?

Le générique de fin est illustré par des fragments de films tirés des précédentes versions cinématographiques de Cyrano de Bergerac. Il faut donc rester jusqu’à la fin.

En bref : à voir absolument.Haut de la page

Le premier homme sur la Lune

Vendredi 8 février 2019

Réalisé par Damien Chazelle

Titre original : First man

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 29 août 2018

Sorti en France le 17 octobre 2018

Damien Chazelle progresse, mais à l’envers. Il avait magnifiquement réussi ses deux versions (court métrage, puis long métrage) de Whiplash, produit une fausse comédie musicale assez plate avec La La land, mais il rate totalement cette aventure de Neil Armstrong, le premier homme ayant marché sur le sol lunaire.

Il s’agit de l’adaptation d’un livre dont l’auteur n’avait pas réussi à convaincre immédiatement Armstrong, mort le 25 août 2012, de participer à sa rédaction. Mais, une fois l’autorisation donnée, au bout de deux ans, encore fallut-il à Chazelle suivre l’obligation de respecter rigoureusement le livre. Or rien n’était moins propice au spectacle que cette aventure, pour l’essentiel confinée dans des lieux clos comme le cockpit du module lunaire.

Principale vertu du film : il ne donne pas dans le patriotisme balourd habituel des films états-uniens, en dépit de la présence de Spielberg comme co-producteur. Au point que jamais on ne voit le drapeau du pays flotter à la surface de notre satellite !

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page
Dimanche 10 février 2019

Réalisé par Jacques Audiard

Titre original : The Sisters brothers

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2018

Sorti en France le 19 septembre 2018

La seule originalité de ce film semble avoir été le nom de ces deux frères, Sisters. Peut-être aussi le fait, pour Audiard, qui avait déjà privé Marion Cotillard de ses deux jambes dans De rouille et d’os, de priver l’un de ces frères de son bras droit ! Serait-ce sa nouvelle marque de fabrique ?

Le film est à la fois sordide et violent, et le scénario est incompréhensible : on ne saura jamais pourquoi ce personnage quasiment invisible, le Commodore, qu’on ne voit qu’à la fin – dans son cercueil ! – tient tant à faire éliminer Eli et Charlie, les deux frères, au point de leur envoyer un tueur qui tient un journal intime, et qui va s’associer en cours de route avec un étrange chercheur d’or, inventeur d’un procédé permettant de déceler chimiquement la présence des pépites dans un cours d’eau, procédé qui va évidemment tuer tous les poissons et causer un empoisonnement chez les chercheurs, dont l’un perdra son bras !

Produit par Netflix, tourné en France, en Belgique et en Espagne, avec une équipe entièrement européenne, mais avec quatre vedettes recrutées à Hollywood, on devine qu’Audiard tenait beaucoup à faire son entrée en anglais sur le marché états-unien. Eh bien, c’est raté !

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Les estivants

Lundi 11 février 2019

Réalisé par Valeria Bruni Tedeschi

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2018

Sorti en France le 30 janvier 2019

Une copie non conforme et très médiocre de La règle du jeu, de Jean Renoir, avec l’affrontement permanent d’un ramassis de milliardaires oisifs et de domestiques qui se plient à leurs caprices parce qu’ils ont besoin de travailler, dans une immense propriété probablement semblable à celle que la famille Bruni Tedeschi possède au Cap Nègre. Bref, comme à son habitude, Valeria Bruni Tedeschi raconte une partie de sa vie, en la romançant évidemment. C’est long, très long, très narcissique, et le spectateur a vite fait de s’ennuyer.

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Border

Mercredi 13 février 2019

Réalisé par Ali Abbasi

Titre original : Gräns

Sorti en France (Festival de Cannes) le 10 mai 2018

Sorti en France le 9 janvier 2019

Le titre suédois signifie limite. On eût bien mieux fait, en France, de garder la traduction française, puisque rien dans ce film n’évoque l’anglais.

Tout est fait, dans cette chose qui confond la laideur physique et la monstruosité, pour rendre repoussant le spectacle de ces deux êtres à la fois mâles et femelles (le dialogue nous apprend que ce sont des trolls, ces êtres imaginaires qui font partie du folklore nordique). Ils mangent des vers de terre, mettent des bébés au réfrigérateur, se roulent dans la terre et se baignent beaucoup. Assez vite, on se demande si tous les cinéastes scandinaves sont des malades mentaux (pensez à Lars « von » Trier et à Nicolas Winding Refn !), n’ayant pour but que de fabriquer des images repoussantes, mais le réalisateur de cette chose est en réalité un Iranien, qui a émigré en Suède pour y étudier... l’architecture. Ici, il filme la matière d’un roman fantastique dont l’auteur est à l’origine d’un autre film à la limite du pénible (Morse, pour le titre français, sorti chez nous en février 2009).

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Deux fils

Jeudi 14 février 2019

Réalisé par Félix Moati

Sorti en France (Festival de Bordeaux) le 9 octobre 2018

Sorti en France le 13 février 2019

Joseph, un médecin qui a fermé son cabinet pour se mettre à écrire un roman, activité pour laquelle il n’a aucun talent, vient de perdre son frère, dont on ne saura rien. Il lui reste deux fils, Joachim, étudiant en instance de passer sa thèse, mais qui est un cossard et court trois filles à la fois, et Ivan, censé avoir treize ans (mais on devine que l’interprète en a probablement bien davantage, comme toujours dans les films.).

Le dialogue, plutôt enlevé et sarcastique, est l’une des rares qualités du film, qui, par ailleurs, est mal réalisé : trop de gros plans mal cadrés, découpage et montage à la limite du ratage. On devine que le réalisateur est un débutant. Mais, fils de son père Serge Moati, il « a la carte », comme on dit.

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Long way home

Vendredi 15 février 2019

Réalisé par Jordana Spiro

Titre original : Night comes on

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 19 janvier 2018

Sorti en France le 13 février 2019

La fâcheuse manie de changer le titre des films et de remplacer un titre en anglais par un autre titre également en anglais aboutit à une bourde prévisible : il a déjà existé en 2003 un film de ce titre, qui d’ailleurs avait déjà été utilisé plusieurs fois !

Angel, jeune fille noire, est en prison pour possession illégale d’une arme à feu. Atteignant son dix-huitième anniversaire, elle en sort, mais doit se présenter à un contrôle régulier. Or elle ne trouve rien de mieux que de se procurer un revolver, de ne pas se présenter audit contrôle, et de rechercher son père, qui avait lui aussi été condamné pour avoir tué sa femme. Avec ces éléments, le spectateur a vite compris où Angel veut en venir !

Effectivement, elle retrouve le père, le menace de son flingue, mais tire à côté, exprès. Après cela, elle s’en va se baigner dans l’océan glacé, avec sa jeune sœur Abigail. Fin du film.

La réalisatrice était actrice avant de faire ce premier film. On peut se dispenser de le voir, et même si les quelques critiques qui en parlent sont assez favorables, le public est d’une autre opinion.

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Une intime conviction

Lundi 18 février 2019

Réalisé par Antoine Raimbault

Sorti en France (Festival de Montpellier) le 21 octobre 2018

Sorti en France le 6 février 2019

Le titre du film rappelle que « l’intime conviction » des jurys d’assises doit être le seul critère de choix pour le verdict dont ils sont responsables. Et c’est ainsi que le pauvre Christian Ranucci, innocent du crime dont on l’accusait, a été condamné et guillotiné, pour avoir déplu, par sa grande gueule (il se savait innocent, donc il pensait n’avoir rien à craindre), au président de la Cour d’assises, pour lequel piloter les jurés afin qu’ils décident une condamnation à mort n’était qu’un jeu d’enfant.

Les critiques professionnels ne semblent pas avoir été perturbés par l’invention du personnage imaginaire incarné par Marina Foïs, qui est censée avoir fait partie du jury dans le premier procès d’assises intenté à Jacques Viguier, déclaré innocent mais à nouveau traîné devant le tribunal, parce que le ministère public ne se satisfaisait pas de ce verdict pourtant évident (il n’y avait même pas de cadavre, ce qui, en Angleterre, aurait rendu le procès impossible !). On a donc cette péripétie absurde d’un avocat célébrissime prenant comme collaboratrice une inconnue – personnage absolument pas crédible –, afin de lui confier l’écoute de dizaines d’heures d’écoutes téléphoniques, en vue d’y trouver matière à plaider !

Olivier Gourmet, dont la participation au film a été imposée par la production franco-belge, en fait des tonnes, et se laisse confier une tirade très longue pour sa plaidoirie, où ne manque même pas une grossière faute de français.

Quant à comprendre le déroulement des faits avérés et des péripéties des audiences, si on ne connaît pas à fond l’affaire Viguier, on a du mal à suivre.

Le film est donc une reconstitution hasardeuse et artificiellement dramatisée d’une affaire véritable, et ne nous apprend rien.

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La mule

Mercredi 20 février 2019

Réalisé par Clint Eastwood

Titre original : The mule

Sorti aux États-Unis (À Los Angeles) le 10 décembre 2018

Sorti en France le 23 janvier 2019

Trop occupé par son commerce de fleurs, Earl a négligé sa famille, au point que sa femme et sa fille ne veulent plus entendre parler de lui, seule sa petite-fille, fiancée et en instance de mariage, lui conservant son affection. Mais le commerce de fleurs a tant périclité qu’Earl a dû tout revendre, et se retrouve sans argent et sans domicile.

Pour se tirer d’affaires, il accepte de transporter de la drogue pour le bénéfice de malfrats, qui ne plaisantent pas, et que son âge avancé n’impressionne pas. Il parvient néanmoins à satisfaire le grand patron, or celui-ci est abattu par un sous-fifre qui convoite sa place. Du coup, Earl est en danger de se voir lui aussi abattu. Mais il sera seulement arrêté par la police, et reprendra sa passion pour les fleurs dans le pénitencier où le tribunal l’a envoyé.

Le personnage joué par Eastwood est très construit, et rappelle un peu celui qu’il interprétait dans Gran Torino. Ce retour vers le passé réussit au film, qui est bien meilleur que les précédents du même auteur.

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Les drapeaux de papier

Mercredi 21 février 2019

Réalisé par Nathan Ambrosioni

Sorti aux États-Unis (À Los Angeles) le 10 décembre 2018

Sorti en France le 13 février 2019

On ne va pas faire du jeunisme et trouver le film bon parce que, après l’œuvre d’un cinéaste de presque 89 ans, Clint Eastwood, on a ici affaire à celle d’un débutant de 19 ans. Après tout, Spielberg aussi a commencé jeune. Il n’empêche que Nathan Ambrosioni a beaucoup plus de talent que cette fausse gloire qu’est Xavier Dolan, entièrement fabriqué par les critiques français, et dont on s’étonne qu’il travaille encore.

Ici, nous assistons aux retrouvailles difficiles entre Charlie – une jeune fille de presque 24 ans, douée pour le dessin mais que le besoin de gagner sa vie oblige à travailler comme caissière dans un supermarché – et son frère Vincent, qui sort de prison après une incarcération de douze ans, et on ne saura pas le motif de cette peine. Or, si Charlie héberge Vincent, cela ne résoud pas le principal souci de son frère, trouver du travail, quand on n’a aucune formation ni aucun curriculum vitae à présenter aux futurs patrons. Et lorsque Vincent est enfin embauché dans un restaurant où l’ambiance est bonne, il gâche tout en frappant violemment un collègue qui a seulement fait sur lui une innocente plaisanterie.

Et puis, il y a cette visite du père à l’occasion de l’anniversaire de Charlie : il refuse de parler à son fils, et même de le regarder. Drame de la colère, des deux côtés.

Le film n’est certes pas original, mais il est presque sans défaut, si on accepte de passer sur son abondance un peu lassante de gros plans.

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El reino

Jeudi 21 février 2019

Réalisé par Rodrigo Sorogoyen

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 7 septembre 2018

Sortira en France le 10 avril 2019

Un peu plus long que le Topaze de Pagnol (la version avec Fernandel), et surtout beaucoup plus ennuyeux car il met plus d’une heure et demie avant de démarrer, ce film traite de la corruption en Espagne, touchant les milieux politiques et d’affaires – ce sont souvent les mêmes, comme en France. Voici comment le résume la page d’Internet Movie Database : Manuel López-Vidal est un Espagnol qui a fait de la politique son métier, et il est le bras droit de Frías, le président d’une des dix-sept communautés autonomes d’Espagne – ce sont les subdivisions politiques de bas niveau dans ce pays. Il gagne beaucoup d’argent et vit très bien avec sa femme Inés et leur jeune fille Nati. Mais il est corrompu et utilise depuis longtemps sa position politique pour magouiller avec ses amis étrangers, ramassant illégalement une véritable fortune. Mais l’un de ses « amis » se fait prendre pour fraude et corruption politique. López-Vidal tente alors d’obtenir que ses complices gardent le silence, mais les journaux révèlent que lui-même a été enregistré clandestinement, ce qui prouvera sa culpabilité, or les élections approchent...

Le récit est beaucoup plus obscur que la pièce de Pagnol, et, comme dit plus haut, il faut attendre une heure et demie avant les deux séquences qui constituent le clou du film : la fouille qu’il fait, chez un de ses « amis » absent, afin de retrouver des traces écrites des révélations qui l’accusent, et l’interview télévisée qu’il a demandée pour mouiller tous ses complices, y compris le patron de la télévision qui a accepté de l’entendre se justifier. Et c’est alors une confrontation brutale entre lui et l’animatrice de la télévision, qui refuse d’écouter ses arguments et l’accuse à son tour. Le film s’arrête à ce stade et nous laisse deviner la suite.

Le film, dont le titre signifie « Le royaume », ne sortira en France que le 10 avril, mais, depuis le 7 septembre, il est déjà sorti au Canada, en Espagne et en Italie. Sa longueur excessive et le récit qu’il offre de cette histoire le pénalisent lourdement.

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Bide aux Césars

Samedi 23 février 2015

On avait trop encensé Le grand bain, qui, vendu d’avance comme le grand triomphteur des Césars de 2019, n’a reçu qu’un seul prix, celui du meilleur acteur pour Philippe Katerine, et cela, pour un second rôle. En revanche, Jusqu’à la garde a obtenu quatre prix mérités, ceux du meilleur film, de la meilleure actrice, du meilleur montage et du meilleur scénario original. C’était le premier long-métrage de Xavier Legrand.

Pour une fois, je suis assez d’accord avec le palmarès.

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Ciment contre Chalamet

Samedi 23 février 2019

C’est Michel Ciment qui, le 10 février dans Le masque et la plume sur France Inter, a joué les procureurs contre Timothée Chalamet. Motif : Timothée a fait savoir qu’il faisait don à diverses associations LGBT de la totalité de son cachet perçu pour le dernier film de Woody Allen, A rainy day in New York. Selon Ciment, le jeune et brillant acteur avait espéré obtenir un Oscar pour ce rôle, et, n’ayant obtenu aucune assurance dans ce sens, aurait voulu se venger de Woody Allen pour les histoires de sexe où on a tenté d’impliquer Woody. Il n’est d’ailleurs pas le seul à faire ce don, puisque ses partenaires Griffin Newman, Rebecca Hall et Selena Gomez ont pris la même décision.

Il va sans dire que je ne valide pas cette dénonciation. Il vieillit mal, Ciment ! Certes, Woody Allen est innocent, mais Kubrick, son idole, a aussi commis des saloperies.

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Les funérailles des roses

Vendredi 22 février 2019

Réalisé par Toshio Matsumoto

Titre original : Bara no sôretsu

Sorti au Japon le 13 septembre 1969

Sorti en France le 20 février 2019

Film affreusement décousu et ennuyeux, qui veut paraître audacieux et « d’avant-garde ». Tout se passe à Tokyo, dans la communauté homosexuelle et travestie. C’est en noir et blanc, et la copie a été nettoyée parce que le réalisateur, qui faisait là son premier film, est mort en 2017. Inutile de dire qu’on ne comprend rien à l’intrigue, à supposer qu’il y en ait une.

La fin est grotesquement horrifique : le gérant d’un bar gay se suicide, puis la vedette de son bar se saisit du poignard et se l’enfonce dans l’œil, avant d’aller montrer le résultat à la foule qui s’amasse sur le trottoir.

Les critiques snobs se sont enthousiasmés devant ces surenchères et l’agressivité de la mise en scène. Peu de leurs confrères les ont suivis !

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Grâce à Dieu

Mercredi 27 février 2019

Réalisé par François Ozon

Sorti en France (à Angers) le 18 décembre 2018

Sorti en France le 20 février 2019

Un critique de profession a écrit dans son journal que le film « semble, dans sa forme, encombré par son exigence de véracité ». Il eût sans doute mieux valu que le film ne raconte que des bobards ou des histoires de super-héros !

Le titre se réfère à une énormité proférée par Barbarin, cardinal-archevêque de Lyon, succédant à Ducourtray, et qui commit la gaffe (involontaire ?) de dire, au cours d’une conférence de presse, que, « Grâce à Dieu, les faits [étaient] prescrits », ce qui provoqua la réaction immédiate d’un journaliste, lequel, traduisant pour l’assistance, riposta que cela équivalait à « Ouf ! Nous l’avons échappé belle ». Et, en effet, la coutume de la prescription veut qu’au-delà d’un certain délai écoulé après le délit (ou le crime), les fautifs ne seront pas jugés ! Le scandale qu en résulta fit que les prescription, qui était de seulement dix ans pour des faits de pédophilie, a été allongée à trente ans. Avec le principe de l’intime conviction en cours d’assises, c’était l’une des tares de notre système judiciaire, instauré afin que les juges ne soient pas trop surmenés par les audiences. Rappelons que les magistrats ont autant de vacances d’été que les instituteurs, et qu’un prisonnier non encore jugé peut croupir des mois dans sa cellule sans jamais voir un magistrat.

Il faut dire aussi qu’Ozon, qui n’est pas bête, n’a cessé de répandre dans la presse qu’il n’avait pas voulu faire un film contre l’Église, mais pour aider l’Église à sortir de ce bourbier. Ben voyons...

Toujours est-il que Grâce à Dieu, impeccablement écrit par son réalisateur, expose intelligemment toutes les thèses en présence. Mais aucun espoir de justice n’est en vue, attendu que les membres du clergé catholique ont très bien compris qu’il fallait faire traîner les choses avant tout jugement d’un des leurs, sur l’air bien connu « N’allons pas trop vite, prenons le temps de la réflexion, et on verra plus tard pour faire le ménage dans nos rangs ».

Bref, Tartuffe a fait des émules.

*

 

Pour détendre l’atmosphère, j’ai relevé qu’à trois reprises, un personnage emploie les expressions « sur Paris » ou « sur Lyon », qui sont incorrectes, et qu’on utilise assez souvent le terme « compliqué » pour dire qu’une situation est intolérable ou qu’une solution est impossible. Les médias ont gagné ; à présent, tous les Français s’expriment en charabia !  

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Stanley Donen

Mercredi 27 février 2019

Tout récemment, le 21 février, est mort Stanley Donen, à New York. Il avait 95 ans.

On se souvient de lui surtout pour ses films musicaux, souvent joués par Gene Kelly. Mais je n’ai entendu nulle part que lui et Gene s’étaient brouillés, après une longue amitié et une fructueuse collaboration.

Aujourd’hui, plus personne ne tente de réaliser une comédie musicale. Oui, je sais, je sais, La La Land... Mais on n’ose pas dire trop fort que ce film était raté, car il n’avait rien de neuf à raconter, et reprenait une histoire ancienne et souvent filmée.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés

Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.