Œuvres citées (en italique, autres que des films) : La petite Lili – Il était une fois dans l’Ouest – Satreelex – Satree lek – Dirty pretty things - Loin de chez eux – Hi-Lo country – Lara Croft – Terminator 3 – Nos meilleures années – Goodbye Lenin ! – Orange mécanique – Le fabuleux destin d’Amélie Poulain – Max – Friends – Autant en emporte le vent – Kopps – Cops – The awful truth – Hero – Matrix – Tigre et dragon – Goodbye Lenin ! – Avril brisé – Long way home – Quand Paris scintille – Paris - When it sizzles – What’s new, Pussycat ? – Les quatre cavaliers de l’Apocalypse – Les oiseaux
Personnes citées : Claude Miller – Annie Miller – Nathan Miller – Bernard Giraudeau – Robinson Stévenin – Ludivine Sagnier – Claude Sautet – Charles Bronson – Yongyooth Thongkonthun – Margaret Thatcher – Zineddine Zidane – Franck Lebœuf – Youri Djorkaeff – Stephen Frears – Sergi Lopez – Audrey Tautou – Alfred Hitchcock – Stephen Frears – Gioacchino Rossini – Jean-Pierre Jeunet – Menno Meyjes – Adolf Hitler – Jacques Weber – Laura Cynober – Joe Starr – David O. Selznick – George Cukor – Victor Fleming – Raoul J. Levy – François Truffaut – Josef Fares – Farès Farès – Miou-Miou – Enzo Enzo – Boutros Boutros-Ghali – Michael Moore – Jean-Claude Méry – Dan Bolander – Rudolph Giuliani – Peter Fondu – Élisabeth Quin – Richard Bohringer – Peter O’Toole – Richard Quine – Woody Allen – Clive Donner – Richard Burton – Elizabeth Taylor – Vicente Minelli – Glenn Ford – Deborah Kerr
Réalisé par Claude Miller
Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2003
Sorti en France le 27 août 2003
La petite Lili (film de Claude Miller, produit par Annie Miller, caméraman Nathan Miller – cherchez le mot « népotisme » dans le Robert qui sort aujourd’hui) est une histoire en deux parties, dont seule la première mérite d’être vue.
Cette première partie raconte un banal conflit de générations entre un cinéaste à succès d’une cinquantaine d’années (Bernard Giraudeau), homme intelligent et cultivé, qui fait un cinéma classique, c’est-à-dire avec un scénario, des dialogues et des acteurs, et un jeune homme qui voudrait devenir réalisateur, mais qui méprise tout cet univers-là, n’a fait qu’un court-métrage au camescope avec sa petite amie comme seule interprète, et qui souffre d’être entouré de médiocres – croit-il.
Puis la petite amie se tire avec le réalisateur chevronné et devient vedette de cinéma. Quatre ans plus tard, le jeune homme s’est rangé, normalisé (il est devenu père), et il a fait son premier film avec des moyens importants. Or que tourne-t-il ? L’histoire de la première partie, avec comme acteurs les gens qui l’ont vécue ! Un vrai cliché en grandeur nature ! On filmait ce genre d’histoire en 1950.
Autant le récit des souffrances d’un jeune homme qui rejette un monde supposé médiocre intéresse, et doit beaucoup à son interprète Robinson Stévenin, autant la suite est plate et sans surprise.
Quoi encore ? Ah oui, le film commence par une scène avec Ludivine Sagnier à poil. Pour changer. Tâchez de me trouver un film français sans une scène de nu complètement inutile, et je vous donne le numéro gagnant du loto de la semaine prochaine.
Claude Miller, aujourd’hui, c’est un Claude Sautet qui ferait beaucoup de gros plans.
Avec la mort de Charles Bronson, qui reçoit du coup l’étiquette « dernier géant d’Hollywood », on a touché le fond de la connerie en matière de cliché. Bronson n’était pas un géant d’Hollywood, pas un bon acteur, il n’a jamais été une véritable star, et il n’a tourné que des bouses – y compris avec Il était une fois dans l’Ouest.
Réalisé par Yongyooth Thongkonthun
Titre original : Satree lek
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 10 septembre 2000
Sorti en France le 3 septembre 2003
Vu ce matin un film thaïlandais, distribué chez nous – avec trois ans de retard – sous le titre Satreelex, et dont le véritable titre est Satree lek, ce qui signifie en thaï (langue que je parle couramment, bien sûr) « les dames de fer ». Mais rien à voir avec madame Thatcher. Ces « dames » sont une équipe masculine et thaïlandaise de volley-ball, qui a fait un triomphe en 1996 en remportant le tournoi national. Particularités : sur les six joueurs et les trois remplaçants, il n’y avait qu’un seul hétéro ! Les autres ne se contentaient pas d’être homos, c’étaient carrément des folles et des travestis. Même l’entraîneur, qui était une femme (je n’ose pas écrire « une entraîneuse », vous savez comme je déteste le mauvais goût), était lesbienne. Les joueurs sont devenus très populaires, et ont fait reculer l’homophobie dans ce pays.
Je compte en parler à Zidane, Lebœuf, Djorkaeff et quelques autres hommes-sandwiches...
Réalisé par Stephen Frears
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2002
Sorti en France le 3 septembre 2003
Dirty pretty things est le plus mauvais film de Stephen Frears, si on excepte Hi-Lo country. Jugez d’après l’histoire : Okwe était médecin au Nigeria, mais, à la suite d’un conflit avec un fonctionnaire de ce pays, sa maison a été incendiée, et sa femme y est morte. Il s’est enfui en Grande-Bretagne, mais, comme il n’a pas de papiers, il est forcé de travailler pour des boulots mal payés, chauffeur de taxi et réceptionniste de nuit dans un hôtel qui paraît chic, mais où se passent des choses bizarres. En effet, un matin, il découvre que les toilettes d’une chambre sont bouchées... par un cœur humain ! Il apprend ainsi que le directeur de l’hôtel, joué par Sergi Lopez (un Catalan directeur d’un hôtel à Londres ?) a organisé dans l’établissement un étrange trafic : des immigrés clandestins s’y font prélever un rein – le plus souvent –, cela en échange d’argent ou d’un faux passeport. Le spectateur éberlué se demande alors ce que le cœur trouvé dans la cuvette des W.C. venait fabriquer dans cette histoire, car on peut se faire prélever un rein, mais pas un cœur !
Okwe a une copine turque, jouée par Audrey Tautou (!), également immigrée clandestine, qui rêve d’aller à New York. Ils font croire à l’horrible Sergi Lopez qu’elle accepte de se faire enlever un de ses reins, mais les complices endorment le méchant et lui fauchent un de ses reins, le revendent et quittent le pays chacun de son côté – lui retourne au Nigeria, évidemment.
Voilà, ce chef-d’œuvre de crédibilité a été qualifié hier, dans l’émission Le masque et la plume, de « suspense à la Hitchcock » par un critique qui ferait bien d’arrêter de boire.
Frears est un réalisateur estimable, mais quand on veut trop prouver (ici, sur la piètre condition des clandestins), on tombe dans la caricature grotesque, et on se plante misérablement.
Dans les salles de ciné, une tendance se dessine : les « blockbusters » ne font plus recette. Aux Halles, le dernier Lara Croft et le dernier Terminator sont déjà relégués dans les placards à balai du dernier sous-sol – là où l’on entend mieux le métro, qui passe juste au-dessous, que les dialogues des films. Encourageant.
Tout à l’heure, j’ai envoyé à Didier Porte un message pour lui conseiller Goodbye Lenin ! (c’était bien le moins, le concernant), et il vient de me répondre qu’il ira si je vais voir Nos meilleures années. Or je l’ai vu il y a presque trois mois, il est à voir absolument, et il est toujours à l’affiche dans mon quartier. Je compte bien le revoir, d’ailleurs, en regrettant que les Français ne soient pas capables de faire des films aussi beaux. Mais enfin, ce n’est pas un blockbuster, et il n’a reçu aucune publicité tapageuse. Goodbye Lenin ! non plus, or il triomphe après seulement vingt-quatre heures à l’affiche. Ça n’était pas arrivé à un film allemand depuis au moins trente ans.
[En réponse à un internaute qui critiquait la musique du film :]
Les grands esprits se rencontrent, car c’est précisément le seul point faible que j’ai trouvé dans ce film, la musique. Je l’ai mentionné dans ma critique. Très souvent, les spectateurs ne font pas attention à la musique, ils l’avalent sans y penser plus que ça. Vous avez apprécié la référence musicale à Orange mécanique ? Lorsque les deux garçons installent la future chambre de la mère, la scène est filmée en accéléré, sur une musique de Rossini. C’est exactement ce qui se passe dans Orange mécanique, quand Alex ramène dans sa chambre deux filles qu’il a draguées au magasin de musique.
Amélie Poulain est le mètre-étalon de la cinématographie. On a déposé une copie du film au Pavillon de Sèvres. Le musée du Louvre songe à lui consacrer une salle. Et il est question de faire entrer Jean-Pierre Jeunet au Panthéon avant sa mort. Sa statue est prête, reste à la couvrir de feuilles d’or, comme le dôme des Invalides. J’ai adressé au ministre de la Culture une supplique : embaumer tout de suite Audrey Tautou et placer le sarcophage à côté de l’Obélisque de la Concorde. Enfin, pour renflouer les finances du pays, frapper d’une taxe tous ceux qui n’ont pas aimé le film. Mais là, on en attend peu de profit, vu le petit nombre de contribuables concernés.
Réalisé par Menno Meyjes
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 10 septembre 2002
Sorti en France le 17 septembre 2003
L’espèce humaine se partage en deux camps : il y a ceux qui disent « Je m’en rappelle » ou « Ça me fait très plaisir », et les autres, ceux qui parlent français. Les dialoguistes de cinéma français appartiennent de toute évidence à la première catégorie. La prochaine fois que vous verrez un film français, tendez l’oreille, et tâchez de repérer les fois où un personnage dit « Bon, ben, faut qu’j’y aille ». Cette merveilleuse expression, maintes fois répétée, occupe à peu près le tiers des dialogues de films, chez nous.
Inévitablement, les chers auteurs de sous-titres, qui baignent dans la même sous-culture, nous resservent les mêmes plats pour les films étrangers. Aujourd’hui, j’ai atteint le nirvana, car « ils » ont réussi à placer la fameuse platitude dans la bouche... d’Adolf Hitler ! Pas mal, non ? La chose se passe dans le film intitulé Max. Évidemment, le regretté Adolf ne disait pas ça dans la version originale, c’est-à-dire anglaise ; il disait « I’ll be better on my way », ce qui signifie en gros « Je ferai mieux de passer mon chemin », phrase qui convenait parfaitement à la situation. Le plus drôle, c’est que cette phrase revient un quart d’heure plus tard dans le dialogue, exactement identique, et que cette fois elle est traduite par « Je vous laisse ». C’est fou ce que la langue évolue vite !
Le film n’est pas exécrable, mais il est gâché par une fin un peu trop « cinéma ». Je vous explique : Hitler se trouve, comme dirait un critique plus compétent que moi, « à la croisée des destins », c’est-à-dire qu’il hésite encore entre se consacrer à la peinture et bifurquer vers la politique. Un galeriste juif l’a pris sous sa protection, mais jusque là, Hitler n’a pas produit de bons tableaux. Or, touché par la propagande, le voilà qui imagine et se met à dessiner les emblèmes du futur Troisième Reich, uniformes, insignes nazis, monuments mastocs, etc., et son protecteur est enthousiasmé par cet Art nouveau (!), si bien qu’il lui fixe un rendez-vous afin de discuter d’une prochaine exposition de ses œuvres. Là-dessus, Hitler va donner son premier meeting politique (scène ratée, car schématique, avec son public trop enthousiaste), et, pendant ce temps, le galeriste juif se fait agresser et assassiner. Si bien que personne ne va au rendez-vous, et Hitler, décu par ce lapin, laisse tomber la peinture et se lance dans la politique. C’est ballot, hein ?
À noter un incroyable faux-raccord : Hitler s’est laissé pousser une moustache avant la réunion politique, et lorsqu’il va au rendez-vous juste après, il n’a plus de moustache, il est simplement un peu mal rasé, comme l’Alceste vu par Jacques Weber. Personne sur le plateau de tournage ne s’est aperçu de ce détail ? Les gens de cinéma sont vraiment des charlots.
[À quelqu’un qui objectait que « la langue doit évoluer » :]
Le coup de « la langue qui doit évoluer », on me l’a déjà fait – y compris avec les messages d’insultes que m’adressait Laura Cynober [ex-sous-titreuse de Friends]. Il n’en reste pas moins que les traducteurs doivent adapter leur traduction au caractère du dialogue prononcé par les personnages. Si, DANS LE DIALOGUE D’ORIGINE, un personnage commet une faute de syntaxe, ON DOIT en introduire une dans la traduction ; mais s’il s’exprime de façon rigoureusement correcte, le traducteur ne doit pas y introduire ses propres manies langagières, et, naturellement et a fortiori, ne pas semer des fautes là où il n’y en avait pas. Je soutiens cette évidence : quand un traducteur fait dire à un personnage « Je m’en rappelle » alors que le dialogue anglais dit « I remember », il introduit dans la traduction une faute qui n’existait pas dans l’original, et cela, par simple ignorance du français. Or je ne vois pas en quoi cela fait plus actuel, plus dans le vent, plus jeune. À moins de sous-entendre que plus personne en 2003 n’est capable de distinguer des fautes aussi grossières !
Je conviens qu’aujourd’hui, on dit assez rarement « Je passe mon chemin », mais, à l’époque où se passe la scène que j’ai rapportée, et dans la bouche d’un personnage comme Hitler qui était capable d’écrire un livre et surtout de parler (l’impact de ses discours sur ses auditeurs n’est plus à prouver !), c’est le stupide « Faut qu’j’y aille » qui est anachronique ; et qui, de toute façon, n’est pas la traduction fidèle de la phrase d’origine ; d’autant moins que, plus loin, elle est traduite d’une autre façon – une incohérence de plus ! En outre, l’expression a le grave inconvénient d’être récurrente dans le cinéma français, et d’une pauvreté qui ne peut échapper à personne.
Je pense que se faire comprendre est insuffisant. Si cela suffisait, on en serait resté au langage des singes. Imiter le style des jeunes, c’est, je crois, de la lâcheté (on a peur d’être mal jugé par eux) et de la démagogie (on veut se les concilier). En fait, tout ce qu’on y gagne, c’est de se faire mépriser par eux, car ils vous trouvent ridicules et pathétiques. Et puis, caser une expression djeunz dans la bouche d’Hitler au début des années trente, alors qu’il avait dépassé les quarante ans, c’est parfaitement crétin ! Si le cher Adolf avait parlé comme Joey Starr, jamais il n’aurait fanatisé des millions de gens dans l’un des pays les plus cultivés d’Europe. On a donc une erreur historique, en plus d’une perle d’inculture.
Je ne partage pas l’opinion de ceux qui disent que le producteur n’a aucune importance. Il a existé des producteurs géniaux. Le producteur d’Autant en emporte le vent, David O. Selznick, a bien plus fait pour ce film que les réalisateurs qui l’ont dirigé, George Cukor et Victor Fleming. Mais les règles veulent que les rôles soient bien tranchés, au générique, et, en France, on pense que l’auteur, c’est le réalisateur. Ce qui n’est pas forcément vrai. Les réalisateurs de la Nouvelle Vague doivent tout à deux ou trois producteurs, comme Raoul J. Levy ou Georges de Beauregard, que le public ne connaît pas. Truffaut, en particulier, avait épousé la fille d’un producteur, et ça ne l’a pas desservi.
Réalisé par Josef Fares
Titre original : Kopps
Sorti en Suède (Festival de Gothenburg) le 24 janvier 2003
Sorti en France le 24 septembre 2003
Ce matin, j’ai vu un film suédois intitulé Kopps. Bien entendu, pour l’exploitation en France, on l’a rebaptisé Cops : c’est tout de suite plus compréhensible.
Le film est gentil, mais un peu mou. Le meilleur est dans la parodie des procédés du cinéma d’action.
L’acteur principal, un Turc nommé Farès Farès, est le frère aîné du réalisateur. À mon avis, il devrait se marier avec Miou-Miou ou Enzo Enzo. Le mariage serait célébré par Boutros Boutros-Ghali. Le garçon d’honneur serait Gildas Gildas, fils de Philippe.
L’un des trucs de Michael Moore : quand il veut ridiculiser un salopard, il prétend toujours lui apporter un cadeau. Lorsque deux trusts cotés à Wall Street ont fusionné, il s’est pointé avec un « cadeau de mariage » du genre four à micro-ondes !
Hier, dans The awful truth, à la télévision, c’était grandiose : considérant que les représentants élus au Congrès acceptent de l’argent pour faire du lobbying en faveur des hommes d’affaires, il a envoyé un proxénète tout ce qu’il y a d’authentique au Congrès. Le gars prétendait assurer sa « protection » aux élus en échange d’un pourcentage sur les pots-de-vin. C’est un peu l’inverse de Méry et ses valises de billets.
Terrible erreur, j’ai écrit hier que Farès Farès était un Turc. En fait, il est libanais... Mais enfin, ce n’est pas quelqu’un comme nous.
Je ne comparerais pas le Dan Bolander de chez Ruquier à Michael Moore. D’abord, parce que les inventions de Dan Bolander, dont aucune n’est vraisemblable, sont surtout basées sur le refus obstiné d’écouter les protestations de ses interlocuteurs. On le croirait sourd. Ensuite, parce que tout ça n’est que plaisanteries inoffensives. Michael Moore fait de la politique et s’attaque aux vrais requins, pas à des gens innocents pour leur faire des blagues idiotes. Lorsque Moore ouvre dans Manhattan une sex-shop où il vend des godes sous la marque du nom du maire de New York, Rudolph Giuliani, il tourne en dérision un élu ayant décrété que les magasins de ce type devait vendre au moins 60 % d’objets non sexuels – autrement dit, il se paie la tête d’un homme politique qui s’est arrogé le droit d’intervenir dans la vie privée de ses administrés afin de plaire à ses électeurs de droite. Dans l’émission d’hier, il « fêtait » la victoire du Sud dans une Amérique plus discriminatoire que jamais. C’est autre chose que de raconter à des mémères à chienchien qu’on va cloner leur caniche grâce à un kit de clonage.
En dépit des cris d’admiration poussés par certains critiques comme Peter Fondu ou Élisabeth Quin, je n’irai pas voir ce film pour festival intitulé Hero. Il est réputé pour être la synthèse de deux films crétins, Matrix et Tigre et dragon. Pas le courage de me taper deux heures de combat au sabre par des demeurés qui volent et poussent des cris inarticulés de cochons qu’on égorge (oui, c’est comme ça qu’on parle dans ce genre de films). Mais qui nous débarrassera de l’esthétisme, qui consiste à faire des films pour que les spectateurs admirent « la splendeur des images » ? Les meilleurs films qu’on a vus récemment avaient des images tout à fait banales : Goodbye Lenin !, Avril brisé, Long way home. Et des personnages normaux.
(Message de Peter Fondu, de Ouï-FM : il est d’accord avec moi, Matrix et Tigre et dragon le gonflent. Mais il a été pris par la magie inexplicable, dit-il, de Hero)
Mieux vaut ne pas gober tout ce que raconte Richard Bohringer, car, ou bien il boit toujours, ou bien il s’est remis à la drogue. Aujourd’hui, il a raconté que Peter O’Toole a tourné à Paris un film de Richard Quine dont Woody Allen était le scénariste (et acteur débutant), Quand Paris scintille (en anglais : Paris - When it sizzles). Pas de veine, c’était What’s new, Pussycat ?, de Clive Donner, un film vachement connu, pourtant – et O’Toole ne jouait pas dans le film de Quine.
Il a raconté aussi qu’Elizabeth Taylor et Richard Burton tournaient, sur le plateau voisin, Les quatre cavaliers de l’Apocalypse, de Minelli. Manque de pot, dans ce film, ils brillaient par leur absence. Les vedettes était Glenn Ford et Deborah Kerr, entre autres.
Amis cinéphiles, perdez tout espoir de voir jamais, où que ce soit, un film dans des conditions correctes, sur le plan du cadre. Il manquera toujours une partie de l’image. Voici comment la télévision diffuse le film d’Hitchcock Les oiseaux (sur Téva, hier soir) :
Et voici la même image sur la cassette VHS chez CIC Video (version originale sous-titrée en français) :
À vous d’évaluer ce qui manque chaque fois ! Je suis bien content de ne pas être cinéaste.
Les différences de netteté viennent des cassettes. Celle de Téva est une cassette enregistrée par moi hier, l’autre vient du commerce. De toute façon, en VHS, on n’a que 200 lignes horizontales environ. On aurait le double en Super-VHS. Et la télé elle-même affiche 576 lignes utiles, exactement comme le DVD (les 625 lignes de la norme Secam ne sont pas toutes affichables).
Les deux images que j’ai mises ici ont pour résolution respectives 350 sur 189 pour la télé (format 1,85) et 342 sur 260 pour la cassette du commerce (format 4/3) – davantage de lignes que le permet la cassette, mais des lignes supplémentaires sont interpolées lors de la capture.
En fait, d’après les grossiers bidouillages de superposition ci-dessous que j’ai bricolés, on devrait voir ceci, avec un film projeté correctement (repérez les coins en gris qui marquent les dépassements, invisibles dans toutes les versions), ce qui donnerait un format de 1,6 sur 1 environ, proche du 1,66 courant au cinéma :
Rions ensemble. Il y a quelques mois, je suis allé sur le forum d’un site consacré aux DVD, et j’ai fait remarquer que presque tous les DVD étaient ainsi rognés pour sacrifier à la mode du 16/9 (format 1,78). En donnant des exemples précis, naturellement. Je pensais rendre service en incitant les consommateurs à se méfier. Eh bien, je me suis fait insulter ! Sacrilège ! Je disais du mal du DVD !... Ne touchez pas aux mythes, mes amis, et laissez aux gens leurs illusions.
[À un ami qui pensait que Téva avait tronqué le générique de fin dans Les oiseaux :]
À vrai dire, en 1963, les interminables génériques de fin, jusqu’à six minutes, qu’on nous inflige maintenant (pression syndicale) n’existaient pas. Le film d’Hitchcock n’avait pas de générique de fin, et pas même de mot FIN, d’ailleurs. Après le plan de la voiture s’éloignant et laissant la place aux volatiles, il y avait le noir, puis le logo d’Universal. Rien d’autre.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.