Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Maryland – Sous-sols – Im Keller – Le Labyrinthe : La Terre brûlée – Maze runner: The scorch trials – Youth – La giovinezza – Amours, larcins et autres complications – Al-hob wa al-aariqa wa mashakel ukhra – Fatima – Asphalte – Fever – Les caves du Vatican – La corde – Le génie du mal – Le souffle au cœur – L’homme irrationnel – Irrational man – Match point – L’étudiante et monsieur Henri – La tête haute – Elle s’en va – The visit – Paranormal activity – Le projet Blair witch – Cannibal holocaust – Sixième sens – After Earth – Par accident – Seul sur Mars – The Martian – Interstellar – Pan – Orgueil et préjugés – Reviens-moi – Oliver Twist – Troie – Chronic – Daniel & Ana – Despuès de Lucía – Belles-familles – Sicario – Much loved – Zin li fik – Knock knock – Funny games – Funny Games U.S. – Liaison fatale – Lolo – Psychose – Elser, un héros ordinaire – Elser – Diana – La chute – Mr Holmes
Personnes citées : Alice Winocour – Matthias Schoenaerts – Ulrich Seidl – Wes Ball – Paolo Sorrentino – Muayad Alayan – Philippe Faucon – Samuel Benchetrit – Jules Benchetrit – Marie Trintignant – Raphaël Neal – André Gide – Alfred Hitchcock – Richard Fleischer – Benoît Ferreux – Louis Malle – Woody Allen – Ivan Calbérac – Emmanuelle Bercot – Catherine Deneuve – Rod Paradot – Manoj Shyamalan – Bruce Willis – Will Smith – Jason Smith – Camille Fontaine – Émilie Dequenne – Ridley Scott – Matt Damon – Joe Wright – Levi Miller – James Matthew Barrie – Levi Miller – Garrett Hedlund – Michel Franco – Jean-Paul Rappeneau – Denis Villeneuve – Nabil Ayouch – Eli Roth – Julie Delpy – Oliver Hirschbiegel – Adolf Hitler – Georg Elser – Joseph Goebbels – Heinrich Himmler – Martin Bormann – Bill Condon
Réalisé par Alice Winocour
Sorti en France (Festival de Cannes) le 8 mai 2015
Sorti en France le 30 septembre 2015
Maryland n’est pas un État d’Amérique du Nord, mais le nom de la propriété d’un Libanais très riche, Imad Whalid, qui est probablement marchand d’armes, mais on n’en aura pas la confirmation, hormis le fait qu’il a des ennemis désirant avoir sa peau, et qui s’en prennent à sa famille durant son absence. Mais enfin, pas un soupçon de politique dans cette histoire, bien qu’elle se passe en France (il est vrai qu’en France, PERSONNE ne se livre à ce genre de commerce très moral).
Bref, Vincent est militaire, mais, entre deux missions à l’étranger, et comme il souffre de quelques troubles (insomnies, audition perturbée), il fait un peu de sécurité durant sa permission. Très bien payé, ce travail, jusqu’à huit cents euros par jour ! Et, avec ses camarades, il sécurise, comme on dit, la maison où se donne une grande réception, au cours de laquelle son employeur traite quelques affaires. Puis l’employeur part en voyage et laisse sur place sa femme et son jeune fils, qui sont alors victimes d’une agression, au cours de laquelle Vincent est blessé.
La première moitié du film est très bonne, et l’acteur qui joue Vincent est parfait dans le genre grande brute dévouée, silencieuse mais qui n’en pense pas moins. Mais, à partir de l’agression, on ne comprend plus grand-chose à ce qui se passe, comme c’est le cas dans beaucoup de films où le scénariste ne connaît rien au sujet qu’il traite. Si bien que le film, assez violent, bascule un peu dans l’ennui. Dommage pour sa vedette masculine, Matthias Schoenaerts, qui fait vrai. Les autres personnages sont à peine effleurés, et les agresseurs ne sont quasiment pas vus.
La réalisatrice a visiblement voulu faire un film-concept : montrer que les femmes peuvent « aller vers un territoire généralement réservé aux hommes, celui du film de genre », et « réaffirmer que pour les réalisatrices aujourd’hui, “tout est permis” ». Certes, certes. Mais cela n’oblige pas à tomber dans le cliché, ni à se dispenser de la clarté indispensable aux films d’action – à tous les films, d’ailleurs !
Réalisé par Ulrich Seidl
Titre original : Im Keller
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 29 août 2015
Sorti en France le 30 septembre 2015
L’Autrichien Ulrich Seidl ne passera jamais pour un patriote, car il donne de son pays un portrait plutôt pénible – je ne dis pas qu’il est faux, car les Autrichiens ont montré de quoi ils sont capables !
Mais enfin, si aucun des plans de son film n’est vraiment horrifique puisque les horreurs restent hors cadre, le tout, non seulement est très laid à voir, mais demeure aussi plutôt repoussant à imaginer. Entre les sadiques et les masochistes, entre les amoureux des armes, les nostalgiques du nazisme et les cinglés (comme cette femme qui stocke des poupées dans sa cave et leur parle comme à de vrais bébés), cette galerie d’obsédés n’offre aucun instant de détente, à l’exception de ce trop court plan où un jeune homme joue (très bien) de la batterie, sans que cet épisode se rattache à quoi que ce soit d’autre dans le film.
Impossible de le déconseiller, car Seidl est un auteur authentique, mais enfin, on peut préférer ses autres œuvres, qui sont de fiction.
La plupart des plans sont fixes, avec de rares exceptions où la caméra suit un personnage d’une pièce à une autre. Aucune échappée vers l’extérieur, aucun visage seulement regardable. Une anthologie de la laideur. Évidemment, le titre se réfère à une affaire célèbre, où un dégénéré avait séquestré sa propre fille dans sa cave durant vingt-quatre ans, ne manquant jamais de la violer !
Réalisé par Wes Ball
Titre original : Maze runner: The scorch trials
Sorti en Argentine le 7 septembre 2015
Sortira en France le 7 octobre 2015
Vu quatre jours avant sa sortie.
Donne l’explication du mystère de ces jeunes gens, les « Gladers », qu’on avait séquestrés dans une clairière aux murs théoriquement infranchissables, mais d’où ils parvenaient tout de même à s’évader – sinon, il n’y aurait pas eu de film – pour tomber dans un monde extérieur dévasté. Il s’avère qu’on connaît à présent le nom de l’organisation qui les enfermait, WICKED, mot qui désigne tout ce qui est malfaisant, et qu’on apprend le pourquoi de cette séquestration : l’humanité est victime d’un virus, eux sont les Immunisés, et porteurs d’une enzyme qui, transfusée aux Contaminés, peut leur permettre de survivre quelque temps. Lesdits Immunisés ont donc servi de réserve.
Cette idée n’est pas plus bête qu’une autre, même si elle a déjà servi, mais elle est gâchée par une réalisation tapageuse, qui donne dans la violence, les bagarres, les coups de feu, les explosions et autres éléments du blockbuster. Et la scène finale annonce un troisième épisode, puisque le personnage principal prévoit d’aller tuer le médecin, une femme, qui avait organisé tout cela.
C’est beaucoup moins bien que le premier épisode, où les personnages avaient quelque épaisseur, opposés par quelques conflits. Ici, il ne reste plus grand-chose.
Réalisé par Paolo Sorrentino
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2015
Sorti en France le 9 septembre 2015
La critique est ICI.
Réalisé par Muayad Alayan
Titre original : Al-hob wa al-aariqa wa mashakel ukhra
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 6 février 2015
Sorti en France le 30 septembre 2015
Ce film très modeste, tourné sans décors et en noir et blanc, est le premier long-métrage de son réalisateur palestinien, qui en est aussi le scénariste et le co-producteur. Toute l’histoire est centrée sur Mousa, un bon à rien qui vit de larcins, principalement sur des voitures, dont il revend les pièces détachées. Méprisé par son père, amant d’une femme mariée, il désire surtout quitter le pays en se faisant passer pour un bon joueur de football – ce qu’il n’est pas –, afin d’être engagé dans une équipe jouant à Florence, en Italie. Mais il commet la boulette de voler une voiture israélienne, dans le coffre de laquelle il découvre un soldat israélien, ligoté, baillonné, kidnappé par le camp d’en face. Les ennuis commencent...
Le scénario balance ainsi entre la comédie pas très drôle et la satire pas très appuyée. Ce n’est qu’à moitié réussi, et l’absurde détonne.
Réalisé par Philippe Faucon
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2015
Sorti en France et en Belgique le 7 octobre 2015
Un tout petit film, réalisé simplement, court, avec principalement des actrices inconnues (presque pas d’hommes), et qui s’abstient du catastrophisme habituel quand on parle des banlieues et des immigrés. Fatima, séparée de son mari qui s’est remarié ailleurs, est femme de ménage, et elle élève seule ses deux filles : Souad, une chipie de quinze ans, paresseuse et revendicatrice sans motif, et Nesrine, dix-huit ans, jolie, travailleuse, raisonnable, et résolue à devenir médecin, ce pour quoi elle commence les études nécessaires, et réussira sa première année.
Il se trouve que Fatima, en famille, ne parle que l’arabe (alors qu’elle connaît le français et le parle avec ses diverses patronnes et avec ses médecins après un accident), tandis que ses filles comprennent l’arabe mais ne lui parlent qu’en français. Assez inexplicablerment, la mère commence à tenir un journal intime dans la langue qu’elle sait écrire, mais ce détail ne joue aucun rôle dans l’histoire, bien qu’il soit tiré d’une histoire réellement vécue par une authentique femme de ménage dans cette situation.
Sans réellement passionner, le film intéresse à cause de ses personnages. En outre, il ne dure que 79 minutes et se termine bien.
Une fausse note dans les sous-titres : on y inclut le mot appart’, substitut de appartement, alors qu’on entend « dar » dans le dialogue. Ce mot, qui désigne une maison ou un logement, ne serait jamais traduit ainsi par une femme arabe. Et d’autant moins que les mots arabes sont courts, et qu’on n’emploie jamais ces formes raccourcies, réservées chez nous aux flemmards.
Réalisé par Samuel Benchetrit
Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2015
Sorti en France le 7 octobre 2015
Titre utilisé... neuf fois depuis 1929 !
Comme on n’attend rien de Benchetrit, on est surpris agréablement par ce film bien réalisé, bien interprété, bien écrit, et cocasse : ce n’est pas tous les jours qu’un cosmonaute de la NASA égaré en banlieue parisienne grimpe dans l’hélicoptère qui vient le récupérer, porteur d’un tupperware contenant du couscous ! Avant cela, on aura partagé les relations de trois tandems hétéroclites, locataires d’un immeuble délabré, et qui ne se rencontrent jamais. Tous les interprètes sont bons – quatre vedettes pour un film modeste –, avec une mention spéciale pour le débutant Jules Benchetrit, 17 ans, joli garçon, fils du metteur en scène et de Marie Trintignant, à laquelle il ressemble beaucoup.
Réalisé par Raphaël Neal
Sorti en France (Festival du film des Champs-Élysées) le 13 juin 2014
Sorti en France le 7 octobre 2015
Lu plusieurs critiques de spectateurs qui prétendent que, de ce film, on « ne sort pas indemne ». Ce redoutable cliché a la vie dure. En fait, on ne sait où va le film, mais... il n’y va pas ! Ce gloubiboulga, réalisé, pour ses débuts dans la mise en scène, par un photographe qui est ici scénariste, producteur et directeur de la photo, mêle les thèmes du roman d’André Gide Les caves du Vatican (pour l’assassinat sans raison), de La corde d’Hitchcock (même thème), du film de Richard Fleischer Le génie du mal (même thème), de l’angoisse existentielle, de la fragilité des ménages englués dans la routine, de la crainte des examens, du travestisme, de l’hypersensibilité des candidats au bac, du souvenir de la Shoah, et d’un tas d’autres choses encore, qui, pas reliées du tout, polluées par une musique envahissante (le titre vient d’une chanson), et dont le fil de l’histoire se défait peu à peu, finit par ennuyer profondément, faute sans doute de cohérence.
Bref, deux lycéens de terminale assassinent une femme choisie dans la rue, mais une passante les remarque parce que l’un des deux a... perdu un gant. Dès lors, obsédée, elle ne pense plus qu’à cela, mais il ne lui arrivera rien. Néanmoins, bien que ce pensum ne dure qu’une heure et vingt minutes, le spectateur a depuis longtemps sombré dans la léthargie. À noter qu’on a sorti de la naphtaline Benoît Ferreux, qui avait débuté à seize ans dans Le souffle au cœur de Louis Malle ; mais ici, il est simple figurant, n’apparaît que durant un quart de seconde, et n’a pas un mot à dire.
Réalisé par Woody Allen
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2015
Sorti en France le 14 octobre 2015
Pas une comédie, plutôt une histoire sarcastisque, qui ne fait jamais rire, seulement ricaner dans le retournement de situation final, auquel on s’attend, car on connaît Woody Allen.
Un très désabusé professeur de philosophie, Abe Lucas, alcoolique de surcroît, n’a plus le goût de la vie et de l’amour, mais il retrouve tout cela quand, délaissant les cogitations permanentes et stériles, prenant conscience que l’action est supérieure et que le Bien est souvent impuissant, il décide d’agir en tuant un salaud. Mais deux hics surviennent : un innocent est arrêté à sa place, et l’étudiante qui est tombée amoureuse de lui et qui a tout deviné menace de le dénoncer à la police. Il décide alors de la tuer aussi, mais une maladresse fait que c’est lui qui meurt.
Si l’interprétation est bonne, le scénario – loin de valoir celui de Match point –, et surtout les dialogues sont un peu faiblards. En outre, on est un peu agacé par un détail qui n’est jamais signalé par la critique : la musique de jazz qui accompagne tout le film, toujours la même, surgit dès que les personnages cessent de parler puis s’arrête dès qu’ils reprennent la parole. Pas très inventif. En somme, c’est le contraire de ce que font les mauvais auteurs de films qui tiennent à caser une de leurs chansons préférées, et remplissent alors le vide de leurs images en y collant une action inutile, voiture qui roule dans la campagne, personnages qui font une balade à vélo, etc.
Réalisé par Ivan Calbérac
Sorti en France (Festival du film francophone d’Angoulême) le 27 août 2015
Sorti en France le 7 octobre 2015
Constance, étudiante ratée qui vit chez ses parents à Orléans, désire ardemment poursuivre ses études à Paris, et trouve à se loger chez un vieillard bougon, un ancien comptable, Henri, qui vit seul dans un très grand appartement des Buttes-Chaumont, méprise le monde entier en commençant par son fils Paul, tenu pour un incapable, et déteste sa belle-fille Valérie, une bigote qui a mis le Jésus que ma joie demeure de Bach comme indicatif sur son téléphone mobile !
Henri accepte de modérer le loyer, si Constance veut bien... briser le ménage du fils en se jetant à son cou. Elle renâcle, mais finit par accepter, sinon il n’y aurait pas de film. Mais si Paul se laisse tenter, Valérie se révèle une brave fille qui ne méritait pas cette infortune. D’ailleurs, elle finit par attendre un enfant, qui naîtra le jour où Henri, vaincu par la maladie, va mourir dans le même hôpital où l’accouchement a lieu. Quant à Constance, qui a tenté de se faire admettre dans une école de musique à Londres, elle échoue une fois de plus, mais peu importe, puisque Henri lui a légué son piano !
On a un peu de mal à gober cette improbable suite de péripéties. Mais les acteurs sont plutôt bons. Le film est l’adaptation, par son auteur, d’une pièce de théâtre, et cela se sent.
Réalisé par Emmanuelle Bercot
Sorti en Belgique, France et Suisse le 13 mai 2015
Agacé par le tapage fait autour de ce film – et de son principal interprète – lors de sa sortie, j’avais remis à plus tard, voire aux calendes grecques, l’urgence de le voir. Je l’ai donc visionné avec cinq mois de retard. Or le film – et son principal interprète – sont bons !
Il s’agit d’un film social de plus, sur la délinquance juvénile, comme on en faisait dans les années cinquante, mais remis au goût du jour quant aux détails accessoires : langage, moyens de communication, remèdes employés, etc. Néanmoins, sur le fond, rien n’a changé, pas même la fin optimiste, puisque le petit voyou, voleur, fainéant, irresponsable et violent, qui ne quitte jamais l’écran, finit par se caser, se ranger parce que devenu père, envoyer une gentille carte postale au juge des enfants qui s’est obstinée à le suivre (c’est une femme, Catherine Deneuve, épatante), et même, courte scène très surprenante, par dire deux fois « Je t’aime » à son éducateur, détail dont je doute qu’on l’ait jamais relevé dans la réalité.
La réalisatrice avait fait auparavant un autre film avec Catherine Deneuve, Elle s’en va, très réussi. Mais cette fois, la vedette est un jeune inconnu, Rod Paradot, fort bien dirigé et qui joue avec une conviction, dans la violence surtout verbale, qui entraîne l’adhésion. Il a été parfaitement dirigé.
J’ai surtout remarqué l’absence d’un cliché, habituellement redoutable dans ce genre de film : on ne l’a pas sonorisé avec du rap, mais avec de la musique classique. En outre, le jeune héros ne boit pas et ne se drogue pas ! Cela devient rare.
Réalisé par Manoj Shyamalan
Sorti en Irlande le 30 août 2015
Sorti en France le 7 octobre 2015
Le procédé consistant à composer un film avec des plans censément filmés par les personnages eux-mêmes sert (et a servi) beaucoup, et, dans ce domaine, on a eu le meilleur et le pire – plus souvent le pire. Le meilleur, avec les épisodes 1 et 3 de Paranormal activity, tournés avec une honnêteté louable ; le moins bon, à la limite de l’escroquerie, avec cette outre pleine de vent que fut Le projet Blair witch ; le pire, avec les horreurs du genre Cannibal holocaust. Passons.
Ici, Shyamalan, dont on s’obstine à faire un maître du cinéma parce qu’il avait gagné ses galons avec un scénario qui ne tenait pas debout, Sixième sens (comment croire que Bruce Willis, qui avait pris une balle dans le ventre dès la première séquence, se portait ensuite comme un charme ?), s’est acharné à collectionner les navets, et j’en ai dit tout le mal que j’en pensais. Or c’est dommage, car il sait, à défaut d’écrire un bon scénario, créer des atmosphères troubles, et son précédent film, After Earth, qui était de science-fiction, avec Will Smith et son fils Jason, n’était pas déshonorant ; il est vrai que le réalisateur, cette fois, n’avait pas touché à l’histoire, il exécutait simplement une commande, et, vu son budget énorme, la production le tenait à l’œil.
Ici, l’histoire est celle d’une mère avec deux enfants de treize et quinze ans, séparée de son mari qui l’a quittée un beau jour, sans un mot, parce qu’il avait trouvé mieux. Or, décidée à partir en croisière avec son remplaçant, la mère envoie les deux enfants passer quatre jours à la ferme de leurs grands-parents, avec lesquels elle s’est brouillée avant leur naissance. Mais les deux gosses vont d’abord découvrir que les deux vieillards sont très bizarres, puis que ce ne sont pas leurs vrais grands-parents, enfin, que leur vie est en danger. Ils téléphonent à leur mère, qui arrive à temps pour les sauver.
On doit avouer que ce petit film pas cher (il a coûté cinq millions de dollars seulement), et qui se veut horrifique sans jamais y parvenir, mérite la palme de la bêtise : la grand-mère qui, la nuit, se balade nue et gratte les murs, le grand-père incontinent qui fait brûler dans le garage ses sous-vêtements, et ainsi de suite. Pour ne rien arranger, le jeune garçon, qui se croit génial, improvise des slams aussi ridicules qu’interminables, et tout est filmé par la petite caméra que les enfants ont apportée, donc tous les plans sont tremblotants et ratés. Seul point positif : il n’y a aucune musique d’accompagnement !
Réalisé par Camille Fontaine
Sorti en France (Festival du film francophone d’Angoulême) le 26 août 2015
Sorti en France le 14 octobre 2015
Abus de confiance : l’accident qui figure sur l’affiche est une scène qui ne figure pas dans le film. En réalité, on a bâclé la fin en remplaçant cet accident par un simple bruitage ! Souci d’économiser en ne sacrifiant pas une voiture ?
Le seul accident, que du reste on ne voit pas davantage, se produit au début, lorsque Amra, au volant de sa voiture, se penche pour ramasser son téléphone, perd la route de vue et heurte un piéton, qui finit à l’hôpital, puis à la morgue. On la juge et on lui retire son permis, mais un témoin se présente ensuite, qui affirme que le piéton s’était jeté sous les roues. Or ce témoin, Angélique, une infirmière menteuse et voleuse qui s’insinue ensuite dans la vie de la jeune femme, ce dont chacun peut s’étonner, avait en réalité menti : au moment des faits, elle se trouvait à cent cinquante kilomètres de là. Et c’est à elle-même que son témoignage bidon servait, car, si Amra pouvait témoigner qu’elle était sur les lieux de l’accident, on ne pourrait jamais l’accuser du crime qu’elle y avait commis.
Cette histoire ingénieuse, qui se conclut par une course en voitures sur une route en lacets, d’ailleurs très bien réalisée, est un peu gâchée par cette mort de la méchante, à laquelle on n’assiste pas. Mais Émilie Dequenne, qui interprète ce rôle, est excellente.
Réalisé par Ridley Scott
Titre original : The Martian
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2015
Sorti en France le 21 octobre 2015
Vu la veille de sa sortie officielle, et le plus surprenant réside en ce que le film, adapté d’un roman, est bon alors qu’il est de Ridley Scott, deux circonstances rarement réunies.
Six astronautes sont en mission dans une base installée sur la planète Mars, mais un grave incident météorologique les oblige à quitter précipitamment la planète. Or l’un d’eux, Mark Watney, a été blessé, il est inconscient, ses coéquipiers le croient mort et, dans leur hâte, ils partent sans lui. Naturellement, il n’était pas mort (sinon, il n’y aurait pas de film !), il reprend conscience, se soigne comme il peut et fait l’inventaire de ses ressources, or elles sont faibles. Mais la question de la nourriture sera résolue de façon originale, car Mark est botaniste : il décide alors de cultiver... des pommes de terre. Certes, le sol est aride, mais il est aisé de fabriquer de l’eau, quant à l’engrais, il sera fourni par ce qu’ont recueilli et stocké les toilettes de la station, puisqu’il n’y a pas d’égoûts !
La suite, c’est-à-dire le récit de son sauvetage, est d’une complication inouïe, mais le scénario ne pouvait pas laisser mourir le naufragé solitaire, car c’est tout de même Matt Damon, or Matt Damon ne peut pas mourir. On ne comprend pas grand-chose à la succession des incidents qui compromettent son sauvetage, mais chacun recevra sa solution, et tout se termine bien.
Le film est finalement bien plus intéressant qu’Interstellar, en dépit du fait qu’on reste un peu sceptique sur la vraisemblance de tout ce qu’on a vu, et sur le patriotisme effréné de l’ensemble.
Réalisé par Joe Wright
Sorti au Royaume-Uni le 20 septembre 2015
Sorti en France le 21 octobre 2015
On respire : Joe Wright, réalisateur britannique de 43 ans, a retrouvé son talent, celui dont, après quelques séries télévisées, il avait fait preuve dans ses deux premiers films de cinéma, Orgueil et préjugés et Reviens-moi. Ensuite, faute de bons scénarios, il avait signé deux films très moyens et un abominable navet, qu’on préfère oublier.
L’histoire précède celle de James Matthew Barrie, que le cinéma a utilisée plusieurs fois, sans jamais traiter son thème sous-jacent : c’était aussi un pamphlet contre les mères ! Mais nul ne supporterait un tel blasphème. Cela commence vers 1930, lorsque le bébé Peter, qui ne s’appelle pas Pan mais porte simplement au cou une médaille représentant une flûte de Pan, est abandonné par sa mère sur le seuil d’un orphelinat londonien, où il se trouve toujours douze ans plus tard, alors que la capitale est sous le blitz qu’ont lancé les nazis. L’ambiance rappelle celle d’Oliver Twist, les gosses sont très mal nourris et brimés par une abominable religieuse, qui est méchante et voleuse, bref, une religieuse ordinaire. Mais des enfants disparaissent régulièrement, et on finit par découvrir qu’ils ont été enlevés et emportés par un bateau pirate... qui vole. Et, naturellement, Peter va monter à bord du bateau, qui l’emporte vers un pays imaginaire, où règne Barbe Noire, un pirate cruel qui fait travailler ses esclaves dans une mine de « poussière de fées ». C’est là que Peter fait la connaissance d’un adulte sympathique, également prisonnier, nommé James Hook, pas encore devenu le Capitaine Crochet, qui a toujours ses deux mains, et avec lui il conclut un pacte d’amitié éternelle dont ils voient mal « ce qui pourrait le rompre un jour » !
Les aventures qui vont s’ensuivre, au cours desquelles Peter va tout apprendre sur ses origines, sur sa mère morte, et sur sa propre aptitude à voler, et où va naître un amour entre Crochet et la jeune Indienne Lily la Tigresse, sont spectaculaires et très mouvementées. Tout a été fait en numérique, comme toujours, et la musique, pour une fois, n’est pas de la soupe pour blockbuster, car elle est variée et adaptée aux situations.
Le jeune Levi Miller, qui avait joué Peter Pan au théâtre, est très bon, et Garrett Hedlund, qui naguère a joué Patrocle dans Troie, très sympathique.
Réalisé par Michel Franco
Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2015
Sorti en France le 21 octobre 2015
David, aide-soignant que Tim Roth joue avec une grande sobriété, est dévoué et très consciencieux. Trop, sans doute, car, pour avoir veillé toute une nuit auprès d’un malade en phase terminale alors qu’il avait terminé ses heures de service, et parce que le vieillard avait des vidéos pornos sur sa tablette, il se voit poursuivi par la famille sous prétexte de harcèlement sexuel ! Et son employeur le met à la porte pour ne pas avoir d’ennuis.
La patiente qui l’engage ensuite est une dame âgée, dont la chimiothérapie ne fonctionne plus. Elle le prie de l’euthanasier, il refuse d’abord, puis se résoud à lui donner satisfaction, et c’est une tuile de plus ! Au passage, on aura appris qu’il a eu naguère un fils, mort également. Et David, alors qu’il fait son quart d’heure de course à pied en ville, est renversé par un véhicule, et on ne saura pas s’il en réchappe.
Le réalisateur Michel Franco s’était signalé par deux films intéressants, quoique discutables par un scénario peu vraisemblable, Daniel y Ana et Después de Lucía. Il ne filme pas pour ne rien dire.
Réalisé par Jean-Paul Rappeneau
Sorti en France (Festival du film francophone d’Angoulême) le 25 août 2015
Sorti en France le 14 octobre 2015
Comédie très bavarde, comme tous les films de Rappeneau, et beaucoup trop longue. Ce réalisateur avisé et qui prend son temps (onze ans depuis son film précédent) semble ignorer qu’une comédie ne doit jamais frôler les deux heures, surtout si le scénario n’est pas tout à fait à la hauteur !
Ici, tout ou presque repose sur un prétexte peu crédible : un grand bourgeois de province, marié et père de deux enfants adultes, lègue la maison familiale à sa maîtresse. C’est, de la part du scénariste, ignorer qu’en France, contrairement aux États-Unis, ce n’est pas possible : on ne peut déshériter sa famille. Et l’histoire s’écroule... Mais on n’est pas surpris, ses deux co-scénaristes sont connus pour ne pas être très rigoureux non plus.
Dommage, car Rappeneau est un bon metteur en scène, et son nom lui permet d’avoir toujours des acteurs prestigieux.
Réalisé par Denis Villeneuve
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2015
Sorti en France le 7 octobre 2015
Film assez rebutant, qui cultive le sordide. La frontière entre les États-Unis et le Mexique est à la fois un lieu d’attrait pour les miséreux du Sud et une telle passoire, que toutes les prétendues forces de l’ordre du Nord en sont obsédées. À cela s’ajoutent comme partout les problèmes liés à la drogue, et le FBI lance au Mexique un commando pour y dégommer un trafiquant connu. Mais comme le FBI n’est pas censé agir en dehors du territoire fédéral, il est nécessaire de lui adjoindre un agent, une femme qui devra certifier que tout s’est passé dans la légalité la plus pointilleuse, ce qui ne sera pas le cas, et d’autant moins que le chef du commando, un ancien procureur devenu tueur pour le compte de l’Oncle Sam (on voit cela tous les jours !) a un compte personnel à régler avec le trafiquant : celui-ci a en effet... décapité sa femme et fait jeter sa fille dans un bain d’acide ! On est dans la nuance et la subtilité.
L’avant-dernière séquence montre donc cet homme exécutant devant le trafiquant sa femme et ses deux jeunes fils, avant de l’abattre. Auparavant, il aura beaucoup torturé, histoire de se faire la main. Puis il oblige la jeune femme à signer un papier attestant que tout s’est passé au mieux selon la loi.
Je n’avais pas du tout aimé le précédent film de Villeneuve, face auquel la critique s’était extasiée. Je ne change pas d’avis. Tout cela est primaire.
Réalisé par Nabil Ayouch
Titre original : Zin li fik
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2015
Sorti en France le 16 septembre 2015
On comprend que ce film, dont le titre original signifie « La beauté est en toi » (sic), n’a même pas atteint les quatre-vingt mille entrées en France, et qu’il a été interdit au Maroc.
Constamment ordurier, ne montrant, via une action qui fait du sur-place, que des prostituées de Marrakech chassant le pigeon – essentiellement étranger, surtout saoudien –, très vite lassant par ces scènes répétitives, filmées en gros plan à la caméra portée donc gigotante, ce film, qui prétend dénoncer l’intolérance officielle et celle de la population à l’égard des prostituées, ne réhabilite certes pas ces femmes et n’inspire aucune sympathie à leur égard.
Réalisé par Eli Roth
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2015
Sorti en France le 23 septembre 2015
Avec un peu plus de soixante-dix mille entrées, ce film chez nous a frôlé le bide.
Les choses ont bien changé, depuis 1997 et Funny games, le film en allemand de Michael Haneke, et son remake de 2007, Funny Games U.S., en anglais. Le canevas est le même, mais le dénouement qui désamorce l’intrigue – assez bêtement – est totalement différent. Il s’agissait chez Haneke de montrer comment deux jeunes dépravés passaient une nuit entière à torturer un couple et leur fils, avant de les tuer l’un après l’autre.
Dans ce remake d’un film de 1977, ce sont deux filles qui s’introduisent chez un architecte, alors que sa femme et son jeune fils sont à la plage pour un week-end. Elles commencent par le violer, puis lui font croire qu’il va être poursuivi parce qu’elles sont mineures. Au passage, elles saccagent les œuvres de sa femme, qui fait des sculptures, puis tuent un de ses amis venu en visite. Enfin, après l’avoir enterré jusqu’à la tête dans le jardin, elles mettent sur Facebook la vidéo qu’elles ont prises de leurs ébats. Et c’est la différence avec les films de Haneke : elles partent en rigolant, satisfaites de leur bonne farce.
L’atmosphère de cette histoire, proche de Liaison fatale sorti en 1987, est assez pénible, et la fin n’est pas apparue très crédible : tout ça pour ça ? Le film, chilien, a été réalisé à Santiago du Chili, et Keanu Reeves, en vedette plutôt convaincante, en est aussi le producteur. Détail curieux : le cascadeur qui le double s’appelle Salvador Allende !
Réalisé par Julie Delpy
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 3 septembre 2015
Sorti en France le 28 octobre 2015
La version comique de Psychose ! Violette, à 45 ans, n’a pas encore compris que, par excès d’amour maternel, c’est un fils psychopathe qu’elle a élevé : Éloi, dit Lolo, qui a maintenant vingt ans, mais a commencé sa carrière de nuisible familial à sept ans, en se débarrassant de son père par la ruine de sa réputation. Le père est parti. Puis tous les hommes qui plaisaient à sa mère ont été éliminés en douceur. Mais quand la meilleure amie de la mère malchanceuse, Ariane, qui a reçu une confidence de sa propre fille, lui révèle comment Lolo s’y prend pour rester le seul homme du foyer, Violette s’exile à Londres, auprès de son dernier compagnon, un brave informaticien. La meilleure victoire, c’est la fuite !
En dépit d’un dialogue d’une vulgarité excessive, le film bénéficie d’un scénario astucieux, et les quatre interprètes sont parfaits. Julie Delpy réussit en moyenne un film sur deux, et celui-ci est parmi les bons. Peut-être parce que, pour une fois, on n’a pas tourné avec une caméra portée. C’est reposant.
Réalisé par Oliver Hirschbiegel
Titre original : Elser
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 12 février 2015
Sorti en France le 21 octobre 2015
D’Oliver Hirschbiegel, si on excepte cet inexplicable navet hagiographique que fut Diana, on connaissait La chute, film austère qui racontait les derniers jours d’Hitler dans son blockhaus de Berlin. Ici, on commence par le récit d’un attentat contre le Führer (mais pas le premier, car cela commença en... 1921), lequel n’était pas organisé par des comploteurs, puisque son auteur était seul et n’avait aucun complice. Cela eut lieu à Münich, le 8 novembre 1939, alors que la guerre venait de commencer, et qu’Hitler était venu discourir dans une brasserie, devant les dirigeants du parti nazi. La bombe préparée par Georg Elser a bien explosé comme prévu, mais treize minutes trop tard, puisque Hitler, Goebbels, Himmler, Bormann et tous ces grands humanistes étaient déjà partis.
L’auteur de l’attentat manqué, un simple menuisier sans convictions politiques (il avait seulement, en 1928 et 1929, été membre du Roter Frontkämpferbund – Union des combattants du Front rouge – d’obédience communiste, qui prédominait dans la région), mais qui, rejetant le nazisme, refusait même de faire le salut traditionnel, fut découvert lors de sa fuite, arrêté, ramené à Münich, et battu puis torturé, afin de lui faire avouer des complicités qui n’existaient pas : Hitler tenait à éviter d’autres tentatives. Mais Elser n’avait agi que de sa propre initiative et par conviction. On l’envoya à Dachau, puis, en avril 1945, à quelques jours de la libération du camp, on l’abattit d’une balle dans la tête.
Le film, tout à fait honorable, obéit néanmoins à un procédé narratif agaçant, celui des incessants allers-et-retours entre le présent et le passé, ce dernier devant « expliquer » la personnalité du héros ordinaire via les péripéties de sa vie sentimentale. Or, si les scènes d’interrogatoire sont fortes et suscitent une légitime indignation, la vie intime du personnage n’a rien de passionnant, et surtout, ne se relie en rien à son acte futur : le mélodrame à base d’adultère n’explique pas le drame historique.
L’interprète principal est très bon, mais ne suffit pas à compenser la faiblesse du récit, puisqu’on sait dès le début que l’attentat a échoué et que son auteur va mal finir.
Réalisé par Bill Condon
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 8 février 2015
Sorti en France (Festival de Deauville) le 10 septembre 2015
Sortira en France le 4 mai 2016
Vu six mois avant sa sortie officielle en France. L’histoire se passe en 1947, alors que Sherlock Holmes a pris sa retraite depuis longtemps, mais, atteint de troubles de la mémoire, ne se rappelle plus pour quelle raison ! Or Watson l’a quitté (et Londres avec lui) pour se marier. Holmes vit à présent dans une grande maison du Sussex, avec sa gouvernante et le jeune fils de celle-ci, Roger, petit garçon très intelligent, très attiré par la déduction holmesienne. Son occupation : élever des abeilles. Mais on se doute bien qu’il ne va pas s’en tenir là, et qu’il va se remémorer l’affaire l’ayant écarté de ses activités : un échec trente ans auparavant, le suicide d’une femme qui projetait d’empoisonner son mari, et à laquelle il a révélé qu’il avait tout compris.
Le scénario, tiré d’un roman datant d’une dizaine d’années, est très intelligent, et la mise en scène est parfaite, comme presque toujours chez les Britanniques.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.