JPM - Films vus - Notules -  Décembre 2009

Notules - Décembre 2009

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Angel-A – Une affaire d’État – Secret défense – Raisons d’État – 2012 – Independence Day – La guerre des mondes – Le jour d’après – Le vilain – Le créateur – BazarTwilight - Chapitre 2 : tentationThe Twilight saga: New Moon – The dark knight – La Sainte-Victoire – Le candidat – Capitalism: a love story – Roger et moi – Le Monde –  Limelight – L’InternationaleParanormal activity – Area 51 – Cloverfield – La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy – L’homme est une femme comme les autres – Les fautes d’orthographe – Qu’un seul tienne et les autres suivront – Sauf le silence – VincereLa famille WolbergLe père de mes enfants – Psychose – Mensch – Les dents de la mer – Rencontres du troisième type – Le solisteThe soloist – Pride and prejudice – Atonement – Orgueil et préjugés – Reviens-moi – Bonnie and Clyde – À bout de souffle – Easy Rider – Apocalypse now – La porte du paradis – Avatar – Titanic – Star wars – Tetro[Rec]² – Le parrain – [Rec] – Accident (2009) – Yi ngoi – Accident (1967)

Personnes citées : Luc Besson – Charles Pasqua – Éric Valette – Robert de Niro – Ennio Morricone – Roland Emmerich – Steven Spielberg – Albert Dupontel – Jean-Pierre Jeunet – Catherine Frot – Patricia Plattner – Pio Marmaï – Bernadette Lafont – Chris Weitz – Robert Pattinson – Taylor Lautner – Niels Arestrup – Clovis Cornillac – Christian Clavier – Michael Moore – Plantu – Franklin Roosevelt – Oren Peli – Steven Spielberg – Jean-Jacques Zilbermann – Mehdi Dehbi – Antoine de Caunes – Léa Fehner – Vincent Rottiers – Marco Bellocchio – Benito Mussolini – Groucho Marx – Ida Dalser – Cecilia Attias – Axelle Ropert – Mia Hansen-Løve – Janet Leigh – Henri Jeanson – Sami Frey – Maurice Bénichou – Nicolas Cazalé – Michael Cimino – Francis Coppola – Martin Scorsese – Peter Bogdanovich – Paul Schrader – Robert Altman – William Friedkin – George Lucas – Joe Wright – Françoise Giroud – Jean-Luc Godard – François Truffaut – Claude Chabrol – Pierre Marcabru – Pierre Kast – Jacques Doniol-Valcroze – Arthur Penn – Warren Beatty – Dennis Hooper – Pou-Soi Cheang – Joseph Losey

Promesse

Mardi 1er décembre 2009

Lorsqu’il sortit son dixième film, Luc Besson avait promis que cette fois, c’était terminé : il en avait fini avec la réalisation, et cet Angel-A-là serait son œuvre ultime comme réalisateur.

En foi de quoi, demain, il... sort son onzième film ! Et le douzième est prévu pour l’an prochain.

À croire que Besson (le nom prédispose-t-il à l’imposture ?) est un disciple de Charles Pasqua, pour qui, souvenez-vous, les promesses n’engageaient que ceux qui y croyaient.

 

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Une affaire d’État

Mardi 1er décembre 2009

Réalisé par Éric Valette

Sorti en France le 25 novembre 2009

Très au-dessous de Secret défense et du film de Robert de Niro Raisons d’État, ce tout petit film français mêle politiciens, journalistes, agents secrets, trafiquants d’armes et truands dans une histoire confuse et sans grand intérêt (on a déjà vu cela cent fois), dont le récit ne brille pas par la clarté ; par exemple, lorsque le dialogue vous jette à la figure une cascade de noms désignant des personnages qu’on n’a pas encore vus ou qu’on a oubliés – une faute de débutant. Au début, le spectateur croit pouvoir suivre, puis s’en désintéresse, car les clichés pleuvent. Finalement, tout se résume à un affrontement classique entre un horrible tueur et un policier intègre qui, seule originalité si l’on peut dire puisque deux fictions sur trois tentent d’imposer ce modèle, est une femme.

Signalons la mauvaise qualité de la musique, qui passe de la zizique de bastringue au pastiche d’Ennio Morricone dans ses pires moments.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

2012

Mercredi 2 décembre 2009

Réalisé par Roland Emmerich

Sorti en France, en Belgique, en Égypte, au Koweit, à Malte, aux Pays-Bas et en Pologne le 11 novembre 2009

Lourdeur du message hollywoodien : tous les personnages qui ont enfreint la morale bourgeoise fondée sur la Famille Idéale Traditionnelle meurent les uns après les autres : l’horrible milliardaire russe, sa jeune maîtresse blonde, l’amant de celle-ci, le petit ami de l’ex-épouse du Héros (on n’a pas osé faire mourir celle-ci, parce que c’est une Mère). Au dénouement, le Père retrouve l’estime de son Fils qui le méprisait, et la Famille pourra se reconstituer, c’était mieux avant.

Néanmoins, en dépit de cela et du prétexte pseudo-scientifique inventé pour justifier, si l’on peut dire, cette suite de calamités (les neutrinos que nous envoie le Soleil se sont transformés en micro-ondes et font fondre le centre de la Terre, hypothèse hautement farfelue), impossible de déconseiller ce film, parce que les très nombreux trucages sont si bien faits et si bien amenés que c’est un modèle du genre : on ne vous balance pas tout du premier coup, comme le faisait Spielberg dans La guerre des mondes.

Avec cela, un humour sous-jacent propre à réjouir les amateurs. Ainsi, ce couple dans un supermarché : « J’ai l’impression que quelque chose s’insinue entre nous », dit l’un des conjoints, parlant évidemment d’un obstacle moral ou psychologique ; à ce moment, séisme, une faille se creuse dans le magasin et passe entre les deux ! Ou encore, le séisme à Rome : le plafond de la Chapelle Sixtine se fendille, et la fracture passe juste entre les doigts d’Adam et de Dieu, qui s’effleuraient sur la voûte. Impossible non plus de ne pas rire en admirant ce raz de marée qui précipite sur la Maison-Blanche... un porte-avions baptisé « John F. Kennedy ». Ce doit être une obsession, chez Roland Emmerich, à moins que ce soit un gag récurrent, puisque, dans son Independence Day, il avait déjà fait sauter la Maison-Blanche ! Toujours est-il qu’on est à Guignol, mais ce jeu de massacre est à l’échelle de l’Himalaya.

Hélas, comme le veut la mode, le film est trop long. La séquence de la mort de Charlie Frost, l’animateur de radio un peu zinzin qui n’a pas voulu fuir parce qu’il ne voulait pas rater le spectacle de la destruction, est inutile, par exemple. Et le spectateur tend à estimer longuette la séquence finale des arches destinées à sauver ce qu’on pourra de l’humanité, avec discours humaniste tendant à prouver que c’est mal de ne laisser survivre que l’élite politico-financière, et pas les ouvriers chinois qui ont construit ces engins. Plus encore, on avale avec difficulté le message d’espoir inévitable dans les films hollywoodiens : au bout de vingt-sept jours, les cataclysmes s’arrêtent seuls, et on découvre que l’Afrique, quoique modifiée dans sa géographie (elle compte à présent le plus haut sommet du monde), a été épargnée ; c’est donc là que les survivants vont se diriger. Déjà, dans Le jour d’après, du même réalisateur, les citoyens des États-Unis, pris dans la glaciation de leur pays, allaient se réfugier au Mexique !

Pourvu que les Africains ne pratiquent pas l’émigration choisie et n’aient pas instauré un système de quotas !

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Le vilain

Jeudi 3 décembre 2009

Réalisé par Albert Dupontel

Sorti en France (Festival de Sarlat) le 11 novembre 2009

Sorti en France le 25 novembre 2009

Le créateur, troisième film d’Albert Dupontel comme réalisateur, avait donné quelque espoir, mais les deux films qui ont suivi obligent le public à déchanter : son dernier opus est consternant.

En fait, Dupontel semble vouloir faire du Jeunet, réalisateur à succès mais très surfait. Son style à base d’angles de prises de vue bizarres, de mouvements de caméra tarabiscotés mais inutiles, d’emploi récurrent des objectifs grands angulaires, et de pellicule teintée (en orange, comme chez Jeunet !), donc misant tout sur la technique, n’est soutenu en rien par un scénario qui s'avère sans queue ni tête. Le spectateur est découragé presque immédiatement.

Un mot sur la publicité du film : on s’est échiné à dire que Catherine Frot était formidable parce qu’elle « avait accepté de se vieillir » pour le rôle, un bon truc pour décrocher un prix d’interprétation. En fait, elle porte une perruque grise et des lunettes, pas de quoi donner un César au maquilleur.

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Bazar

Vendredi 4 décembre 2009

Réalisé par Patricia Plattner

Sorti en France le 2 décembre 2009

Pio Marmaï possède un beau visage, et le reste, vu trop fugitivement, n’est pas mal non plus, donc on peut comprendre que Bernadette Lafont soit attirée par lui. Pour la réciprocité de ce coup de foudre, on se permet quelques réserves.

Outre ce fil conducteur peu crédible, on relèvera que l’histoire pèche par ses trucs de scénariste ; par exemple, faire mourir sans aucune raison un personnage – que jusque là on ne savait pas malade – pour ajouter un peu d’émotion dans un film qui en manque. Et le dialogue est souvent ridicule. Bref, seuls les acteurs sont à voir.

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Twilight - Chapitre 2 : tentation

Lundi 7 décembre 2009

Réalisé par Chris Weitz

Titre original : The Twilight saga: New Moon

Sorti aux États-Unis le 16 novembre 2009

Sorti en France le 18 novembre 2009

Avec son physique et son teint (sous maquillage épais) d’employé de bureau privé des bienfaits du Soleil, ce pauvre Robert Pattinson, qui prétend-on est le principal attrait du film, ne fait pas le poids face au très beau et fort athlétique Taylor Lautner dans le rôle de Jacob, qui est en réalité la véritable vedette du film. Les producteurs en ont conscience, puisque son rôle a été considérablement étoffé par rapport au premier épisode, et qu’il va encore se renforcer pour le numéro 3.

Quant au film lui-même, il est assez ennuyeux : aucune audace, guère d’invention, une histoire assez niaise, et l’on retient surtout un beau combat entre deux loups-garous, fait en images de synthèse – ce qui démontre que les acteurs réels ne servent pas à grand-chose. La photographie tant vantée par certains critiques est plutôt moche. Par charité, ne disons rien de la musique.

À noter que c’est ce film qui a fait la plus grosse recette en un seul jour aux États-Unis : il a rapporté 72 200 000 dollars le 20 novembre 2009 ! Si on considère plutôt les recettes du week-end, il n’est que troisième, avec 142 839 137 dollars du 20 au 22 novembre, le premier classé étant The dark knight, seize mois plus tôt.

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La Sainte-Victoire

Mardi 8 décembre 2009

Réalisé par François Favrat

Sorti en France le 2 décembre 2009

La Sainte-Victoire est une montagne proche d’Aix-en-Provence, et elle ne joue aucun rôle dans cette histoire ; elle est seulement le cadre d’une scène de trahison, or ces scènes abondent dans le film.

Les campagnes électorales en France sont peu traitées à l’écran. On avait eu un film passablement raté en 2007, Le candidat, où Niels Arestrup se mettait en scène dans le rôle d’un candidat à l’élection présidentielle. Ici, le niveau est plus modeste, il ne s’agit que d’une élection municipale dans une ville qui n’est pas nommée, mais doit être Aix, puisque c’est la seule ville importante à proximité. Clovis Cornillac joue Xavier Alvarez, un garçon d’une famille pauvre mais aux dents longues. « Vouloir être un gangster, c’est bon pour les gosses de riches, dit-il, moi, j’ai toujours voulu être un bourgeois ». En foi de quoi, il s’est fait passer pour un architecte et a réussi à monter un cabinet moyennement prospère, mais qui a, injustement pense-t-il, raté une grosse affaire de construction d’un nouveau quartier, le maire s’étant laissé graisser la patte par un gros concurrent. Il va donc prendre le parti de son adversaire politique, un homme de gauche sincère, curieusement joué par Christian Clavier (!), lequel pour une fois joue sobrement. Cet homme, au départ, n’a aucune chance, bien entendu, puisque les sondages ne lui accordent que 17 % d’intentions de vote. Et toujours bien entendu, il va gagner l’élection, avec l’aide très active et surtout financière d’Alvarez, qui, le nouveau maire élu, s’attend à un renvoi d’ascenseur, bien à tort puisque l’homme de gauche tient à le rester ! Malheureusement, le maire fera un faux pas et passera à deux doigts de la mise en examen, mais pas le faux architecte, qui écopera de six mois de prison.

Tout y passe : magouilles, espionnage, trahisons, chantages, violences pendant la campagne, scènes à l’Assemblée. Le scénario est bien construit, le récit est conduit avec clarté, et rien ne semble exagéré. Pour une fois, un film français n’est pas à côté de la plaque.

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Capitalism: a love story

Mercredi 9 décembre 2009

Réalisé par Michael Moore

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 6 septembre 2009

Sorti en France le 25 novembre 2009

Comment plonger le pays dans la ruine, et provoquer une crise mondiale ? C’est très simple ! Il suffit d’inciter les citoyens à s’endetter. Méthode : sachant qu’aux États-Unis, même les pauvres ont une voiture, voire plusieurs, et une maison, leur faire valoir que ces biens constituent un capital, sur la garantie duquel ils peuvent emprunter, donc vivre mieux. Ainsi, les gogos hypothèquent leur maison, empruntent, dépensent, consomment à tout va, et, dans l’euphorie, oublient qu’ils doivent payer des intérêts sur leurs emprunts. Ils finissent par ne plus pouvoir payer, et la banque saisit leur maison. Le départ de la crise des subprimes, en gros, c’est ça.

Michael Moore, qui depuis son tout premier film prend le parti des pauvres et des faibles contre les riches et les puissants, ajoute un épisode au réquisitoire commencé en 1989 avec Roger et moi. La ligne directrice est toujours la même, les États-Unis ont construit leur prospérité (passée) sur un principe d’une simplicité évangélique : enrichissez-vous, mais débrouillez tout seul pour cela. Ailleurs, dans les pays que les États-Uniens croient « socialistes » (un gros mot, aux États-Unis), on appelle ce système « la loi de la jungle », mais chez eux, c’est plutôt « la libre entreprise ». Et pour ce qui est d’entreprendre librement, les banques, avec le soutien des hommes politiques qu’elles financent, s’en donnent à cœur joie.

Le film met tout cela en lumière, exposant la conviction de son auteur : il est temps de tourner la page et de changer de système. Lui-même ne croit guère, du reste, à la possibilité de cette révolution, et avoue sa lassitude à la fin de son pamphlet. Il compense en faisant entendre L’Internationale (en anglais !) pendant le générique de fin.

*

Comme d’habitude, une partie de la critique a flingué le film : elle déteste Michael Moore avec une belle constance. Corollaire, on n’écoute pas ce qu’il dit, on invente, on se focalise sur de minuscules détails, et on jette le bébé avec l’eau du bain.

Florilège des griefs : Moore se livre à des pitreries, comme de se présenter devant le siège d’une grande banque et de déclarer qu’il vient incarcérer le conseil d’administration. Ou encore, entourer le bâtiment d’une bande jaune, comme celle qu’utilise la police pour délimiter une scène de crime. Et alors ? « Le Monde » a bien son Plantu, dont nul ne remet en cause le travail ; eh bien, ce type de séquence est l’équivalent des caricatures qui ornent certains articles sérieux dans un journal, il ne faut pas y voir un argument fondé, ce n’est qu’un ornement destiné à détendre l’atmosphère – qui certes en a bien besoin.

Autre grief : sous le prétexte que Moore fait parler deux prêtres de Flint, sa ville natale, et un évêque de Chicago, qui ont pris partie pour des ouvriers en grève, on argüe que le Vatican n’a jamais été opposé au capitalisme. Confusion mentale, l’objection est hors sujet, Moore ne dit pas un mot sur le Vatican, il montre trois hommes qui se trouvent être des prêtres catholiques, et ne parlent nullement au nom du pape.

Autre grief : Moore a mis un peu de musique triste sur la scène de l’expulsion d’une famille. Fort bien, interdisons désormais la musique dans les films. Ou sonorisons Limelight avec de la samba.

Quatrième grief : Roosevelt n’aurait jamais été anticapitalisme. Peut-être. Mais le film démontre qu’il a eu le projet de modifier la Constitution pour garantir aux pauvres certains droits qu’ils n’ont toujours pas, et sa mort a coupé court à la réalisation de ce projet. Le film montre la partie du discours qu’il avait enregistré à la Maison-Blanche, et où il expose ses intentions. Comment le nier sans tomber dans la mauvaise foi ?

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Paranormal activity

Jeudi 10 décembre 2009

Réalisé par Oren Peli

Sorti aux États-Unis le 14 octobre 2007

Sorti en France le 2 décembre 2009

Premier film d’Oren Peli, qui va d’ailleurs réaliser une suite, prévue pour 2012 (il n’a pas peur de la prédiction maya ?), et a d’ores et déjà tourné un film, Area 51, prévu pour sortir bientôt, sur un groupe de jeunes qui découvrent un endroit où a eu lieu une rencontre du troisième type.

Paranormal activity cumule toutes les singularités : il est court – 1 heure et 26 minutes –, il a été tourné en une semaine et dans la maison du réalisateur à San Diego, il a coûté seulement 15 000 dollars, il n’emploie aucune vedette mais seulement sept acteurs dont deux seulement, payés 500 dollars, sont vus plus de quelques minutes, et il a déjà rapporté plus de cent millions de dollars, ce qui en fait le film le plus rentable de l’histoire.

Or tout cela n’est rien, car l’essentiel est ici : c’est un film rigoureusement honnête. En effet, il ne n’écarte à aucun moment du principe de base, qui est de ne montrer que ce qui a été filmé par le caméscope acheté par le héros masculin au début de l’histoire, sans jamais s’autoriser le moindre écart ni la moindre invraisemblance de réalisation. Certes, on avait déjà vu un film basé sur ce principe, Cloverfield, mais celui-là traînait sa dose d’invraisemblance, puisque le caméscope tournait toute une nuit sans que jamais la batterie s’épuise. Ici, le caméscope, quand il doit filmer toute une nuit, est alimenté en électricité par la prise firewire de l’ordinateur auquel il est connecté.

Dernière singularité que j’allais oublier : pas de générique, ni au début, ni à la fin – uniquement une page de copyright. De sorte que les noms des acteurs et de l’équipe technique (le réalisateur, le preneur de son, le maquilleur, le photographe de plateau, et ultérieurement les deux coloristes et les deux monteurs de son), ne sont pas livrés aux spectateurs. Pas même le nom du distributeur, qui est Paramount. Modestie qu’on aimerait voir imiter ailleurs, voire partout.

Le récit montre comment un jeune couple, dont la maison semble hantée par un démon (à ne pas confondre avec un fantôme !), filme en continu toutes ses activités, et spécialement leur chambre la nuit, pendant leur sommeil. La progression dans le processus consistant à montrer au spectateur les évènements mystérieux est parfaite, puisque cela commence par de simples bruits, avant de se conclure sur une scène violente qui verra la mort du garçon, tué par sa femme... laquelle se révèle être le démon recherché ! On dit, d’ailleurs, que cette fin a été suggérée par Spielberg en personne, très admirateur de l’entreprise et qui a contribué à trouver un distributeur pour le film.

Bref, le spectateur n’est pas pris pour un imbécile, et c’est rafraîchissant.

*

Il existe une autre version, de treize minutes plus longue, et que j’ai vue également. Quelques scènes ont été rajoutées ça et là, et surtout, la fin a été complètement modifiée. Alors que, dans la version courte, le corps de Micah est projeté brutalement contre la caméra, qui tombe à terre de guingois, et que Katie entre alors, les vêtements de nuit couverts de sang, puis sourit sarcastiquement à la caméra, laissant ainsi comprendre que c’est elle le démon responsable de tout, la version longue ne montre pas le corps de Micah. Katie entre dans la chambre, s’assied au pied du lit et reste prostrée. Puis on entend une amie lui téléphoner, qui n’obtient pas de réponse, se déplace, sonne à la porte et, découvrant le corps de Micah, fait venir la police. Les policiers entrent, fouillent la maison – tout cela hors champ puisque la caméra ne bouge pas –, montent dans la chambre et voient Katie, qui se précipite sur eux avec un couteau. Ils lui tirent dessus et appellent leur commissariat. Fin du film, avec une dédicace aux deux interprètes principaux.

 

Katie et Micah

 

Je me permets de préférer la version courte, plus pure du point de vue du film d’horreur, car moins explicative.

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La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy

Vendredi 11 décembre 2009

Réalisé par Jean-Jacques Zilbermann

Sorti en France et en Belgique le 2 décembre 2009

Un travesti musuman assistant à un mariage dans une synagogue parisienne ? C’est l’une des bizarreries de cette histoire écrite et réalisée par Jean-Jacques Zilbermann, très autobiographique dit-on, et qui sert de suite, dix ans après, à L’homme est une femme comme les autres. De ce réalisateur, on avait apprécié Les fautes d’orthographe, donc le préjugé est favorable. Or on n’est pas déçu là non plus.

Mais il faut dire que le principal attrait est Mehdi Dehbi, jeune homme aussi attrayant en femme qu’en garçon. Tout au plus son personnage semble-t-il compliqué à l’excès, mais c’est un détail. Je vous parie que si on ressort le film, c’est lui qui sera en vedette sur l’affiche. Flegmatique, ne jouant pas les accablés bien que les raisons ne manquent pas à son personnage, Antoine de Caunes vaut mieux en comédien qu’en réalisateur.

Mais tout de même, cette description que fait de Constantine le jeune Naïm : « Une ville avec des ponts par-dessus une vallée » ! Traiter de « vallée » les gorges vertigineuses du Rhumel, c’est une insulte à ma ville natale !

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Qu’un seul tienne et les autres suivront

Lundi 14 décembre 2009

Réalisé par Léa Fehner

Sorti en France le 9 décembre 2009

Quel beau scénario ! Pas exempt de quelques faiblesses et invraisemblances, mais bien construit, imaginatif, peuplé de personnages intéressants. Trois histoires indépendantes l’une de l’autre se rejoignent dans la séquence finale, sans qu’on puisse dire qu’il s’agit de leur épilogue, et qui a lieu au parloir d’une prison du sud de la France. Zorah est une mère de famille algérienne dont le fils homosexuel a été tué par son amant, et elle cherche à comprendre pourquoi ; Laure, seize ans, est tombé amoureuse d’un garçon original, joué par l’excellent Vincent Rottiers, mais qui a fini en prison ; et Stéphane va se prêter à une évasion rocambolesque d’un personnage qui est pratiquement son sosie.

On ne connaîtra pas la suite de toutes ces histoires, pas même le fin mot de l’assassinat du fils de Zohra. Mais on aura vu les personnages dépassés se débattre dans un monde qu’ils ne comprennent pas. Le film est très maîtrisé, par une réalisatrice de 28 ans qui n’en est qu’à son premier long-métrage, après un court de 14 minutes, déjà sur la prison, Sauf le silence.

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Vincere

Mardi 15 décembre 2009

Réalisé par Marco Bellocchio

Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2009

Sorti en Italie le 20 mai 2009

Sorti en France le 25 novembre 2009

Même si ce film ne m’a pas beaucoup intéressé, mais c’est personnel, je reconnais qu’il peut passionner beaucoup de spectateurs. Pour moi, le problème, c’est Bellocchio, je ne suis pas très réceptif envers son cinéma.

Il raconte un épisode de la vie de Mussolini, et je dois reconnaître que le début est accrocheur : au sein d’une réunion du Parti Socialiste, Mussolini, pas enore très connu, et qui ressemble étrangement à Groucho Marx, lance à Dieu le défi de le foudroyer, sinon tout le monde devra convenir qu’il n’existe pas ! Scandale, donc. Puis l’histoire de l’Italie laisse la place à une anecdote qui m’a laissé de glace : l’idylle avec une femme, Ida Dalser, dont il aura un enfant, Benito Albino, reconnu par lui, et qu’il abandonne ensuite. Tout le reste de sa vie, la malheureuse, se croyant toujours aimée, tentera de faire reconnaître qu’un mariage a eu lieu, qu’elle en possède le certificat (mais qu’elle refuse de produire, de crainte qu’on ne le lui rende pas), et finira ses jours internée, au lieu d’être admise comme l’épouse officielle du Duce – qui, d’ailleurs, s’était entretemps marié avec une autre. Leur fils mourra, lui aussi interné dans un asile d’aliénés, à l’âge de 27 ans.

C’est un sorte de mélo dont Mussolini va disparaître très vite, puisqu’on ne le verra plus que dans des images d’archives. Le style du film est assez remuant, il a du souffle, certaines images sont belles et frappantes, mais il faut aimer les histoires de cœur qui se font passer pour des films politiques. Un peu comme si on filmait la vie de Cecilia Attias, ex-Sarkozy.

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La famille Wolberg

Jeudi 17 décembre 2009

Réalisé par Axelle Ropert

Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2009

Sorti en France le 2 décembre 2009

Un film pour spectateurs mélancoliques. Simon Wolberg est maire d’une petite ville. Marié avec une femme séduisante mais qui le trompe avec un godelureau, fils d’un coureur de jupons, père d’une fille qui va avoir dix-huit ans et qui s’apprête à quitter la maison, et d’un jeune garçon docile. Mais il est atteint d’un cancer au poumon et n’a plus qu’une année à vivre.

On retire de sa vision une impression mitigée, et le tournage semble avoir été un peu bâclé. Ainsi, la famille n’écoute que des disques 45-tours sur un électrophone du type Teppaz, mais il y a un ordinateur tout ce qu’il y a de contemporain chez le médecin. Quant à la scène entre le maire et le godelureau, elle est étrangement conçue : les deux hommes s’invectivent, au garde-à-vous dans le jardin du second, et sous la pluie. On est un peu intéressé au début du film, un peu moins par la suite. Et il n’y a pas de fin. Les acteurs sont inégaux.

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Le père de mes enfants

Vendredi 18 décembre 2009

Réalisé par Mia Hansen-Løve

Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2009

Sorti en France le 16 décembre 2009

Le genre de film qui plaît davantage aux critiques qu’au public, lequel se sent peu concerné. Comme dans Psychose, où l’héroïne jouée par Janet Leigh mourait au bout de trois quarts d’heure, le personnage central se suicide au milieu du film, parce que sa maison de production cinématographique, curieusement située rue Saint-Denis (d’ordinaire, les producteurs s’installent plutôt aux Champs-Élysées, car on en a connu de ruinés, mais aucun de pauvre, comme disait Henri Jeanson), est au bord de la ruine. Il laisse une femme légitime, trois filles, et un fils dont on apprend alors l’existence car il l’avait eu d’une autre femme avant son mariage, et qu’on ne verra jamais. Le film est donc bizarrement construit, d’autant plus bizarre que sa veuve reprend la gérance de la société de production sans y connaître quoi que ce soit ! Chacun sait que, lorsqu’un général meurt, on confie toujours ses troupes à sa veuve...

Les personnages, qu’on identifie mal, sont à moitié intéressants, sauf la fille aînée, Clémence, jouée par la propre fille de l’acteur qui interprète le producteur suicidé. On reste d’autant plus en famille que la réalisatrice fait aussi jouer un personnnage secondaire par un membre de la sienne, et en case un autre dans le personnel technique. Il n’y a pas que Chabrol, savez-vous ?

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Mensch

Lundi 21 décembre 2009

Réalisé par Steve Suissa

Sorti en France (Festival de Sarlat) le 12 novembre 2009

Sorti en France le 9 décembre 2009

Quand on n’a aucune considération particulière pour les acteurs, il est paradoxal de devoir écrire que le seul intérêt d’un film, c’est sa distribution : Sami Frey, Maurice Bénichou et Nicolas Cazalé, qui joue le personnage principal. À part cela, on a un film de gangster comme il s’en est réalisé deux mille, et le résultat est sans la moindre surprise.

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Spielberg

Mardi 22 décembre 2009

Il y a quatre jours, c’était l’anniversaire de Steven Spielberg, et comme je suis un fana des anniversaires et autres commémorations, je m’en veux terriblement d’avoir laissé passer cette date sans dire quelques mots gentils sur ce réalisateur, qui est, comme chacun sait et comme l’a rappelé cette année Michel Denisot (notre grand expert en cinéma), « le plus grand réalisateur du monde ».

À propos, ne me demandez pas quel âge a Spielberg. En principe, il est né en 1948, mais à Hollywood, tout le monde sait que, dès ses débuts, il a triché sur son âge, car il tenait beaucoup à passer pour plus jeune qu’il était, histoire de renforcer sa réputation de précocité. Peu importe, car Spielberg brille pour d’autres particularités.

D’abord, et au contraire de TOUS les cinéastes des États-Unis qui sont devenus célèbres à partir de 1970 – Cimino, Coppola, Scorsese, Bogdanovich, Schrader, Altman, Friedkin, Lucas –, ce cinéaste très conformiste ne buvait pas, ne se droguait pas, ne courait pas les filles, et ne cherchait pas à échapper à l’emprise des studios. Il n’avait qu’une passion, faire des films, et devenir riche et célèbre. Mission accomplie dès Les dents de la mer !

Ensuite, et même si cela lui a un peu passé, il tenait beaucoup à paraître comme le seul artisan de ses films, cherchant à s’attribuer le mérite de tous les composants de la production. Comme le raconta un des membres de l’équipe de ce film, « Le nombre de fois où il a voulu qu’on inscrive son nom à l’écran... c’en fut embarrassant. S’il avait pu mettre “Coiffure, Steven Spielberg”, il l’aurait fait ».

De même, il est notoire que Spielberg ne filme que des histoires écrites par d’autres : jamais il n’a mis la main à un scénario. Or, si l’on examine sa notice biographique sur Internet Movie Database, il est crédité de... vingt-deux histoires en tant que writer ! Mieux, et c’est une remarque personnelle car nul autre ne l’a relevé : en 1977, l’année où sortit son fameux film Rencontres du troisième type, fut publié en librairie un roman portant ce titre (j’ai ce livre, il est paru en français aux éditions J’ai Lu), et dont le seul auteur mentionné était Spielberg lui-même ! Chacun sait pourtant qu’il ne s’intéresse pas à la littérature et ne lit jamais.

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Le soliste

Jeudi 24 décembre 2009

Réalisé par Joe Wright

Titre original : The soloist

Sorti au Canada et aux États-Unis le 24 avril 2009

Sorti en France le 23 décembre 2009

On a un peu d’appréhension à voir le Britannique Joe Wright s’en aller faire un film à Los Angeles, après Pride and prejudice et Atonement (en français, respectivement, Orgueil et préjugés et Reviens-moi) – je n’ai pas vu ses deux premiers films, des courts-métrages. Mais, s’il est vrai que le style est très différent, sa dernière production ne déçoit pas autant qu’auraient pu le laisser croire les recettes faiblardes du film aux États-Unis, où il est sorti au printemps. Espérons simplement que cet insuccès incitera son auteur à revenir dans son pays pour y faire le cinéma qu’on avait aimé.

Le soliste a au moins cette vertu, d’éviter le cliché de l’individu défavorisé qui va retrouver sa place dans la société grâce au don qu’il possède ; ici, la musique. Nathaniel, enfant doué pour le violoncelle, est devenu autiste (et pas schizophrène, comme dit dans le dialogue), puis clochard. Il a abandonné le violoncelle, trop encombrant, et joue du violon dans la rue, où il dort. Partout, il traîne un chariot de supermarché (que les gens mal renseignés s’obstinent à appeler un « caddie », ignorant que ce mot est le nom d’une marque, tout comme Frigidaire, Klaxon ou fermeture Éclair), où il conserve ses vêtements, ses affaires, sa literie, et bien sûr son violon. Un journaliste local s’intéresse à lui, écrit un article, lui fait offrir un violoncelle, tente de lui trouver un abri plus sûr, et même de lui dénicher un professeur bénévole. Mais ses tentatives ne tournent pas très bien, ce qui n’empêchera pas les deux hommes, après quelques heurts, de devenir amis. Le film est donc l’histoire d’une amitié très étrange, où les femmes et l’amour n’ont aucune place. Reposant.

Le récit, très sage stylistiquement, est ponctué de belles vues aériennes, prises à la verticale au dessus de la ville, et que rien, apparemment, ne semble justifier. Et Beethoven, qui pour une fois au cinéma n’est pas un gros chien, est à l’honneur.

En bref : à voir.Haut de la page

La France précède les États-Unis

Vendredi 25 décembre 2009

Alors qu’on raconte sans cesse que ce qui se passe aux États-Unis finit toujours par arriver en France – mais dix ans plus tard –, en ce qui concerne les bouleversements du cinéma, un exemple prouve que le contraire peut très bien se produire.

Chez nous, la Nouvelle Vague (ce terme est de Françoise Giroud) a commencé vers 1958-1959. Elle a réuni quelques réalisateurs comme Godard, Truffaut, Chabrol, qui ont continué à tourner, et d’autres qui ont renoncé, insuccès aidant : Marcabru, Kast, Doniol-Valcroze, Alexandre Astruc, et j’en oublie. Ils avaient en commun de privilégier les personnages au détriment, disaient-ils, des scénarios, que du reste ils s’efforçaient désormais d’écrire eux-mêmes ; et de refuser de tourner dans les studios, préférant les décors réels. Tout cela n’eut qu’un temps, et ils rentrèrent assez vite dans le rang, produisant alors, sauf Godard, les mêmes films que leurs anciens, qu’ils accablaient encore récemment.

Aux États-Unis, cette Nouvelle Vague eut une énorme influence sur les nouveaux réalisateurs, ceux qui devaient constituer le Nouvel Hollywood. Au point que Bonnie and Clyde avait d’abord été écrit pour... François Truffaut par ses deux scénaristes, admirateurs des films de Godard, et qui savaient que Truffaut avait écrit le scénario d’À bout de souffle. Ces nouveaux cinéastes étaient, comme je l’ai écrit ci-dessus le 22 décembre, Michael Cimino, Francis Coppola, Martin Scorsese, Peter Bogdanovich, Paul Schrader, Robert Altman, William Friedkin et George Lucas. Or leur mouvement ne commença qu’en 1967, avec Bonnie and Clyde justement, qui fut paradoxalement réalisé par un ancien, Arthur Penn, mais conçu par un acteur très « Nouvel Hollywood », Warren Beatty, et fut confirmé par Easy Rider deux ans plus tard, filmé par ce cinglé de Dennis Hooper.

La période du Nouvel Hollywood s’acheva avec Les dents de la mer, cité plus haut : le public montrait qu’il rejetait les films « qui font penser ». Elle ne dura pas donc plus que la Nouvelle Vague, d’autant moins que, financièrement, les catastrophes s’accumulèrent (Apocalypse now, La porte du paradis), et que ces nouveaux cinéastes ne surent pas, sauf George Lucas, rester à l’écart des studios. Momentanément écartés, les gros producteurs reprirent le pouvoir et infantilisèrent le cinéma hollywoodien. Cela dure encore.

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Avatar

Dimanche 27 décembre 2009

Réalisé par James Cameron

Sorti au Royaume-Uni le 10 décembre 2009

Sorti en France le 16 décembre 2009

Avatar est certes un beau film, mais pas un bon film, encore moins le chef-d’œuvre annoncé à grands cris un peu partout. Ouvertement dirigé contre les États-Unis (le réalisateur est canadien), il s’agit d’un film anti-colonialiste, d’inspiration généreuse, j’en conviens, mais à l’usage des enfants, ou des djeunz restés à un stade, disons, peu avancé. Pas étonnant : avec Titanic, fin 1997, James Cameron avait réussi un triomphe via un grand film de gauche, imposé à un public états-unien d’une niaiserie telle qu’il prendrait François Bayrou pour un dangereux émule de Lénine, et il renouvelle cet exploit en faisant plébisciter son Avatar, dont le propos se ramène à un principe tout simple : ce n’est pas bien de coloniser un peuple pour lui voler quelque chose que l’on convoite. Ce prétexte – le « MacGuffin », comme dirait Hitchcock – tient dans l’intrigue une place moins que ténue, et, à vrai dire, tout le monde s’en fout.

Si le film connaît un tel succès, il ne le doit ni à son scénario ni à ses personnages très convenus, pas davantage à ses acteurs qui s’en tiennent au minimum syndical, mais avant tout à la technique informatique, laquelle a permis de créer des extraterrestres certes différents des humains (ils mesurent trois mètres et ont la peau bleue), mais plausibles et non dénués d’une certaine beauté, au point que le héros, un ancien Marine ayant perdu l’usage de ses jambes, envoyé sur leur planète via un avatar créé en laboratoire, va tomber amoureux de ce peuple – comprenez, d’une fille indigène, ce qui a fait dire à des malveillants que Cameron nous refourguait l’histoire de Pocahontas ! Encore plus beaux, les paysages en images de synthèse, même si la logique n’y trouve pas tout à fait son compte : sur ces blocs de pierre, immenses et flottant dans l’espace, ce qui semble impliquer une absence de pesanteur fort surprenante dans l’Univers, comment des chutes d’eau peuvent-elles exister ? Mais passons.

J’ai commencé en écrivant que le film n’était pas un chef-d’œuvre, et il rate ce coche, non seulement à cause de son inutile longueur (très pénible si on choisit la version en relief et qu’on porte déjà des lunettes), mais aussi à cause de la séquence finale, une bonne demi-heure de combats aériens visiblement conçus pour les adorateurs de Star wars et autres sagas visant à glorifier la castagne. Dommage, tout pour les yeux, rien pour la sensibilité, et cette froideur creuse davantage le gouffre entre Avatar et Titanic.

À la fin, sans surprise, les colonisés, qui ne sont armés que d’arcs et de flèches, écrabouillent totalement les colonisateurs. L’occasion pour le public français de crier « Allez les Bleus ! », sans doute.

En bref : à voir.Haut de la page

Tetro

Lundi 28 décembre 2009

Réalisé par Francis Ford Coppola

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2009

Sorti aux États-Unis (Festival de Seattle) le 10 juin 2009

Sorti en France le 23 décembre 2009

Coppola lit-il le français ? Si oui, conseillons-lui de se procurer les parodies de Bruno Tellenne, alias Basile de Koch, dans les inénarrables « Jalons ». Le dernier numéro lui offrira cette perle, le « caviar de Tétrochian », jeu de mots irrespectueux sur le caviar de Pétrossian. Tetro, Tétrochian, de quoi l’inciter à se méfier des scénarios qu’il met en scène !

Le film narre une fois de plus une de ces histoires de famille fort embrouillées qu’affectionne le réalisateur, et commence plutôt bien, avec l’arrivée d’un jeune homme de 18 ans, Benjamin (interprété par un beau garçon, Alden Ehrenreich, qui est un clone de Leonardo DiCaprio à l’époque de Titanic), au domicile de son demi-frère Angelo à Buenos Ayres, frère qu’il n’a pas vu depuis l’enfance. Le récit, en noir et blanc sur écran large, est d’ailleurs entrecoupé de nombreux flash-backs, en couleurs et sur petit écran, dont je me permets de dire qu’ils pourraient être supprimés sans dommage, car le film est beaucoup trop long et finit par devenir ennuyeux – même si l’un d’eux nous réserve une belle image d’un plateau de théâtre qui devient successivement une plage puis un glacier. On apprendra ainsi, tout à la fin, que Benjamin n’est pas le frère, mais le fils d’Angelo, et la vérité oblige à dire que, l’histoire de la famille se compliquant au delà du raisonnable à mesure que le récit avance, on s’en doutait un peu.

Non seulement ce film pèse des tonnes, mais on notera que Coppola peine à manipuler le temps dans son film. Ainsi, lorsque Benjamin a un accident et se retrouve avec une jambe dans le plâtre, il commence à écrire une pièce de théâtre. La pièce terminée, elle est sélectionnée pour être jouée dans un festival et candidate au Prix des Parricides (sic), les répétitions commencent... et Benjamin a toujours sa jambe dans le plâtre ! Soit il écrit très vite, soit il a les os exceptionnellement fragiles.

Pour terminer, rions avec nos amis les sous-titreurs : dans le texte en anglais que Benjamin tape sur un Macbook, on peut lire le mot inevitable. Mais les sous-titres traduisent par « incontournable » ! Cette ignominie linguistique a la vie dure.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

[Rec]²

Mardi 29 décembre 2009

Réalisé par Jaume Balagueró et Paco Plaza

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2009

Sorti en Espagne le 2 octobre 2009

Sorti en France le 23 décembre 2009

Jamais on ne devrait faire de suites. La plupart des suites, exception faite pour Le parrain, se cassent misérablement la figure. C’est le cas ici. Normal, l’effet de surprise est passé, la suite n’est que du réchauffé.

Le spectateur se retrouve dans le même immeuble hanté, mais cette fois, la police est dirigée par un prêtre catholique à la recherche du démon, puisque c’est la seule explication qu’on a trouvée à l’existence du virus qui a contaminé les locataires et les a transformés en zombies. Sans surprise, tout le monde se fait ratiboiser, et la chute consiste en ce que le démon s’est incarné dans la journaliste qu’on avait suivie dans [Rec].

Le seul avantage du film, c’est d’être court : 1 heure et 25 minutes. C’est plus que suffisant. Pitié, pas de « [Rec] 3 » !

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Accident (2009)

Mercredi 30 décembre 2009

Réalisé par Pou-Soi Cheang

Titre original : Yi ngoi

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2009

Sorti à Hong-Kong le 17 septembre 2009

Sorti en France le 30 décembre 2009

Réalisé par un acteur de Hong-Kong, qui jouait dans son premier film, en 2000. Dans celui-ci, son dixième, et dont la distribution internationale reprend fâcheusement le titre d’une des meilleures œuvres de Joseph Losey, un petit groupe de tueurs à gages utilise une technique spéciale pour exécuter ses victimes : elle les maquille en accidents, de manière parfois ingénieuse. Par exemple, elle attend un jour d’orage afin de combiner les effets de la pluie et de la foudre pour électrocuter la « cible ».

Le spectateur est alléché par cette belle idée, mais il ne tarde pas à déchanter. En effet, l’un des membres du groupe, surnommé « le Cerveau », est paranoïaque, et, lorsque sa femme meurt d’un accident, il soupçonne son voisin du dessus, un agent d’assurances nommé Fong, de l’avoir assassinée, et tue alors la femme dudit voisin ; qui, lorsqu’il aura tout compris, va ensuite le poignarder ! Tout cela est raconté avec beaucoup d’ellipses et de passages pas très clairs, si bien que, après la première demi-heure qui seule vaut de voir le film, l’intrigue devient peu à peu incompréhensible. En fin de compte, c’est raté.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Seul !

Jeudi 31 décembre 2009

Aujourd’hui, pour la troisième fois de ma vie, je me suis retrouvé seul dans une salle de cinéma durant toute la séance. Certes, peu avant la fin, quelques spectateurs ont fait une courte irruption dans la salle, mais ils sont vite ressortis, constatant que le film n’était pas terminé. Il s’agissait de Paranormal activity, que je voulais revoir, et qui, vu la fréquentation constatée aujourd’hui, va probablement passer la semaine prochaine dans un placard à balais.

Il n’empêche, n’avoir aucun emmerdeur près de soi, reniflant ou faisant interminablement crisser des papiers de bonbons, c’est un délice. Vivent les réalisateurs qui vident les salles !

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.