JPM - Films vus - Notules -  Juillet 2015

Notules - Juillet 2015

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Une mèreEntourageGlee – Sixième sens – A.I. – Entourage (TV) – Sex and the City – Une seconde mère – Que horas ela volta? – Azur et Asmar – Le petit princeBob l’éponge – The exhibitionnist – SpyLe prince de HombourgIl principe di Homburg – Michael Kohlhaas – La femme au tableauWoman in gold – Caligula – Monument men – Les terrassesEs stouhQue viva Eisenstein ! – Eisenstein in Guanajuato – Drowning by numbers – Que viva Mexico ! – Ivan le Terrible – Octobre – Vertigo – MezzanotteVice versaInside out – Wall-E – Lava – Microbe et Gasoil – L’écume des jours – The we and I – L’écume des jours – BoysJongens – Le cheval de Saint Nicolas – Le garçon invisibleIl ragazzo invisibileLes bêtisesNos futurs – Le premier jour du reste de ta vie – Terminator GenisysGame of thrones – Whiplash – Magic Mike XXLSorcerer – Le salaire de la peur – French connection – L’exorciste – L’exorciste  II – Irréversible – Ant-Man – L’homme qui rétrécit – CorboHill of freedom – Ja-yu-eui eon-deok – In another country – While we’re young

Personnes citées : Christine Carrière – Doug Ellin – Adrian Grenier – Joel Haley Osment – Steven Spielberg – Greg Louganis – Warren Buffet – Mike Tyson – George Clooney – Anna Muylaert – Antoine de Saint-Exupéry – Michel Ocelot – Alain De Greef – Marion Cotillard – Paul Feig – Jean-Claude Vandamme – Charlie Chan – 50 Cent – Marco Bellocchio – Heinrich Von Kleist – Gérard Philipe – Simon Curtis – George Clooney – Gustav Klimt – Helen Mirren – Maria Altmann – Adolf Hitler – Randol Schoenberg – Merzak Allouache – Peter Greenaway – David Fontaine – Serguei Mikhaïlovitch Eisenstein – Joseph Staline – Alfred Hitchcock – Sebastiano Riso – Pete Docter – Michel Gondry – Boris Vian – Ange Dargent – Théophile Baquet – Mischa Kamp – Gabriele Salvatores – Valeria Golino – Ludovico Girardello – Rose Philippon – Alice Philippon – Pierre Richard – Jacques Tati – Sara Giraudeau – Rémi Bezançon – Pio Marmaï – Jean-François Halin – Michel Hazanavicius – Alan Taylor – James Cameron – Arnold Schwarzenegger – J.K. Simmons – Gregory Jacobs – Channing Tatum – William Friedkin – Georges Arnaud – Henri-Georges Clouzot – Vera Clouzot – Yves Montand – Roy Scheider – Steve McQueen – John Boorman – Gaspard Noé – Peyton Reed – Mathieu Denis – Jean Corbo – Sang-soo Hong – Isabelle Huppert – Noah Baumbach

Une mère

Mercredi 1er juillet 2015

Réalisé par Christine Carrière

Sorti en France (Festival des Champs-Élysées) le 10 juin 2015

Sorti en France le 24 juin 2015

Très jeune, Marie, simple serveuse de restaurant, a eu un fils, Guillaume, – une erreur d’un soir, dit-elle, car il est perturbé (il suit un traitement médical), constamment hostile, violent, fermé, ignare, voleur. Une perle. Or, un soir qu’il copulait avec une fille, celle-ci est prise d’un malaise vagal et tombe dans l’inconscience. La croyant dans le coma, il prend la fuite et va supplier Marie de le tirer d’affaire. Celle-ci, qui lui a déjà fourni un alibi pour une affaire où lui et ses copains voyous ont provoqué la mort d’un père de famille, en a plus qu’assez, et elle saisit cette occasion de se débarrasser de lui : ayant constaté que la fille était rentrée chez elle, Marie raconte à Guillaume que la police le cherche et qu’il doit s’enfuir. Ce qu’il fait, mais elle lui a subtilisé son argent, et il doit revenir, constatant alors que la fille « dans le coma » va très bien. Explications orageuses avec sa mère, qui doit s’excuser. Mauvais fils, mauvaise mère.

Le fin est ouverte, comme on dit : Guillaume veut décrocher un emploi dans une entreprise de pompes funèbres, parce que le chômage n’y sévit pas. Il se rend à l’entretien d’embauche, mais on doute qu’il soit pris...

Mathilde Seigner est parfaite dans le rôle de la mère. Les autres acteurs sont inconnus. Réalisation qui ne fait pas les pieds au mur.

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Entourage

Jeudi 2 juillet 2015

Réalisé par Doug Ellin

Sorti aux États-Unis le 3 juin 2015

Sorti en France, en Belgique et en Suède le 24 juin 2015

Une satire joyeuse mais très grossière des mœurs hollywoodiennes. Adrian Grenier y joue Vincent Chase, acteur vedette qui veut devenir réalisateur avec Hyde, film où joueront ses copains Eric et Turtle, ainsi que son frère Johnny, un plouc qui rate toutes ses auditions (il s’est présenté six fois, en vain, pour tenter d’être engagé dans Glee !). Tous sont obsédés sexuels, avec des succès divers. Il y a aussi Ari Gold, ancien agent de Vince et qui tente de devenir patron de studio, mais doit compter avec un financier retors, qui lui envoie dans les pattes son fils débile (joué par Haley Joel Osment, l’ex-petit garçon de Sixième sens et de A.I., le film de Spielberg, mais aujourd’hui obèse et barbu), lequel, jaloux à propos d’une fille, va s’efforcer de ruiner le projet de film.

À l’origine de ce film, une série télévisée, avec le même titre et les mêmes acteurs, qui a commencé en 2004 et duré huit ans. Ne l’ayant jamais vue, je ne saurais rien en dire, mais, visiblement, on exploite ici un filon rentable en lui donnant une suite au cinéma, comme cela s’était produit avec Sex and the City. Et, sans surprise dans un film sur le cinéma, d’innombrables acteurs connus viennent y faire une apparition – un caméo, comme on dit dans ce milieu. Le plus inattendu étant Greg Louganis, l’ancien champion olympique de plongeon aux Jeux de Séoul : il joue l’un des deux éléments d’un couple homosexuel qui se marie à la fin. Jusqu’à Warren Buffet, Mike Tyson et George Clooney qui montrent fugitivement leur minois...

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Une seconde mère

Vendredi 3 juillet 2015

Réalisé par Anna Muylaert

Titre original : Que horas ela volta?

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 25 janvier 2015

Sorti en France le 24 juin 2015

Le titre brésilien signifie « À quelle heure elle revient ? ». Et ce film à la réalisation très soignée n’a coûté que quatre millions de reals brésiliens, soit 1,16 million d’euros !

L’histoire est simple et tout en demi-teinte : aucune violence, pas même verbale. Val accepte parfaitement sa condition de domestique, depuis treize ans, dans une famille aisée de São Paulo ; elle sait, d’instinct, qu’il y a des choses « qui ne se font pas ». Sa patronne, Barbara, semble être une célébrité, puisque la télévision vient l’interviewer chez elle le jour de son anniversaire, mais on n’apprendra pas la raison de cette célébrité. De l’homme âgé, José Carlos, qui vit avec elle, on ignore le statut : mari, frère, autre chose ? Mystère. Et il y a le fils, Fabinho, dix-sept ans, que Val a élevé et qui lui témoigne beaucoup de tendresse, jusqu’à dormir parfois dans son lit quand il ressent des angoisses nocturnes. Cette relation froisse Barbara : « Tu laisses Val te prendre dans ses bras, et moi je ne peux pas te toucher ? ».

Mais tout va se gâter quand Jessica, la fille de Val, qui vit au loin avec son père et n’a pas vu sa mère depuis dix ans, décide de venir à São Paulo pour y passer un examen d’entrée à l’Université d’Architecture. Barbara, poliment, offre à Val d’héberger sa fille en attendant qu’elle trouve un logement, mais Jessica, qui n’a pas la mentalité docile de sa mère, ne manifeste aucune servilité et ne tarde pas à se rendre importune, si bien que Barbara fait comprendre avec tact à sa domestique que Jessica serait mieux ailleurs.

Jessica déménage, mais lorsque sa mère apprend qu’elle a déjà un enfant, elle décide de démissionner et d’aller vivre avec elle.

Le scénario est basé sur le paradoxe que la plupart des femmes brésiliennes aisées mais qui travaillent doivent engager des nourrices pour s’occuper de leurs enfants, or lesdites nourrices ont elles-mêmes des enfants qu’elles ne peuvent pas élever. D’où une éducation boiteuse, dont les enfants sont les premiers à pâtir. Certes, ce phénomène est anecdotique et plutôt localisé, mais il donne lieu à un film bien mené, dépourvu de clichés, puisque les éclats auxquels on s’attend ne se produisent jamais ! En fait, le seul cliché de cette histoire est d’avoir fait incarner deux conceptions différentes de la vie sociale par deux personnages qui s’opposent. Mais c’est récurrent, dans le cinéma.

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Encore un attentat !

Lundi 6 juillet 2015

Des attentats, il ne s’en produit pas uniquement dans les locaux des journaux satiriques, des supermarchés fréquentés par des Juifs, des musées espagnols, des mosquées du Golfe ou des hôtels tunisiens. On en constate aussi chez les producteurs de cinéma.

Depuis mercredi dernier, on projette dans les salles de cinéma la bande annonce d’un film en images de synthèse dont je vous ai déjà dit un mot il y a quelques mois. Il s’agit de l’écranisation du livre d’Antoine de Saint-Exupéry Le petit prince, que les héritiers et ayant-droits ont fourgué à un acteur-producteur-réalisateur états-unien, puisque nous n’avons en France aucun réalisateur digne de ce nom – pas même Michel Ocelot, puisque ce ringard n’est jamais que l’auteur, rien qu’au cinéma, de longs-métrages tous plus beaux les uns que les autres (dont trois sur Kirikou, que le public enthousiaste lui a réclamés, le meilleur étant Azur et Asmar, qui ressort en ce moment à Paris). Ocelot était donc incompétent, ce qui ne saurait être le cas de celui qui a été choisi par la sacro-sainte famille, un certain Mark Osborne, qui a déjà fabriqué pour la télé la série Bob l’éponge et tourné un court-métrage intitulé The exhibitionnist, c’est dire.

Je vous informe tout de suite que cette bande-annonce est hideuse, ce qui ne serait rien sans ce petit détail : vous savez quel nullard pouvait être Saint-Exupéry, un gars qui n’avait aucun sens du commerce. En conséquence, son histoire ne met en scène que deux personnages, un petit garçon et un aviateur qui, tombé en panne au milieu du désert, s’efforce de réparer son moteur et que ce sale gosse dérange en lui demandant de lui dessiner un mouton. Je sais bien ce qu’Alain De Greef lui aurait répondu...

En tout cas, vous avez bien lu : pas la moindre femme là-dedans ! Pour les États-Unis, c’est une incongruité, et l’artiste désigné a fait le nécessaire et tout changé. Donc, remaniée promptement, l’histoire devient celle... d’une petite fille, à qui sa mère offre un livre intitulé Le petit prince, et qui va devenir, en quelque sorte, la petite amie (imaginaire ?) du garçon. J’espère au moins qu’on a pensé à les faire copuler une ou deux fois, comme c’est la règle dans le cinéma d’aujourd’hui, si distingué.

Ah oui, je ne vous ai pas dit le plus beau, mais il fallait s’y attendre : dans ce film où tout le monde s’exprime en anglais, non seulement le petit prince – dont la voix est assurée par le fils du réalisateur – est également affublé d’un père, mais la rose de l’histoire a la voix de... Marion Cotillard !

C’est comme dans la tragédie grecque, on n’échappe pas à la Fatalité.

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Spy

Lundi 6 juillet 2015

Réalisé par Paul Feig

Sorti aux États-Unis (Festival South by Southwes) le 15 mars 2015

Sorti en France le 17 juin 2015

Une comédie dans laquelle l’histoire, à laquelle on ne comprend goutte, n’a aucune importance. Le ton est donné dès la première scène : des affreux ont caché une bombe quelque part, et l’agent secret britannique Bradley Fine menace le chef avec son pistolet, pour savoir où elle se trouve. L’affreux ricane : comment le sauras-tu si tu me descends ? Là dessus, l’agent secret britannique éternue (« Trop de pollen ! »), le coup part et la balle atteint l’affreux en plein front.

Il faut dire qu’ensuite, l’enquête est conduite aux quatre coins du monde par la secrétaire qui guidait l’espion de Sa Majesté par téléphone, Susan Cooper, obèse et mal fagottée, mais qui a du bagout, tous les culots, et sait se bagarrer mieux que Jean-Claude Vandamme et Charlie Chan réunis. Alors, bien sûr, c’est cette représentante du monde libre qui bat tout le monde, et finit par séduire le rappeur 50 Cent !

La réalisation, très remuante – mais pas en caméra portée –, est parfaite, y compris les deux génériques, très soignés, les meilleurs qu’on ait vus depuis des années ; les cascadeurs s’en sont donné à cœur joie ; et le spectateur s’amuse.

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Le prince de Hombourg

Mercredi 8 juillet 2015

Réalisé par Marco Bellocchio

Titre original : Il principe di Homburg

Sorti en France (Festival de Cannes) le 8 mai 1997

Ressorti en France le 1er juillet 2015

Adapté de l’ultime pièce d’Heinrich Von Kleist, auteur romantique allemand, écrite en 1808-1810, qui n’a été jouée qu’en 1821, bien après la mort de son auteur, et qu’a jouée Gérard Philipe en 1951. Les romantiques raffolaient de ce genre de cas de conscience, qu’on estime de nos jours absurdes et artificiels. Kleist est aussi l’auteur de la pièce dont a été tiré Michael Kohlhaas, film français que la critique a descendu, assez injustement, mais qui montrait également un héros intransigeant face au pouvoir. Le film de Bellocchio, lui, date de dix-huit ans, et sa ressortie n’est guère plus qu’anecdotique.

Frédéric de Hombourg, prince et colonel, commande la cavalerie du Brandebourg pendant la guerre de Hollande. Or, bien que l’Électeur (l’équivalent du roi) ordonne d’attendre avant d’attaquer, il lance l’assaut et remporte la bataille. L’armée est enthousiasmée. L’Électeur, au contraire, ne voit que l’acte de désobéissance et le condamne à mort. Le prince accepte la sentence, mais sa fiancée, Natalia, nièce de l’Électeur, le supplie de solliciter sa grâce, or la lettre qu’il écrit est ambigüe, et l’Électeur commence par refuser. Puis il se laisse convaincre, mais c’est alors Frédéric qui refuse la grâce et demande à être exécuté !

L’épilogue est plus qu’ambigu, lui aussi : face au bourreau, tout le monde l’acclame, y compris celui qui l’avait condamné à mort. Fantasme, rêve, fantaisie de l’auteur ne sachant pas ce qu’il veut ? Ce dénouement absurde est dans la pièce, paraît-il, mais je ne l’ai ni lue ni vue.

Toujours est-il que je n’apprécie guère Marco Bellocchio, ses films et sa pose d’extrémiste de gauche, qui le conduit à réaliser des films où le sens des nuances ne figure jamais. Et dès 2002, j’avais dit tout le mal que je pensais de son absence de subtilité. Je n’ai pas changé d’avis. Dans le cas du présent film, n’ont d’intérêt que les acteurs débutants, encore inconnus, et la réalisation soignée.

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La femme au tableau

Mercredi 8 juillet 2015

Réalisé par Simon Curtis

Titre original : Woman in gold

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 9 février 2015

Sortira en France le 15 juillet 2015

Bien que le film ne doive sortir en France que dans une semaine, je me suis arrangé pour le voir avec une semaine d’avance, et je ne l’ai pas regretté. Pour Helen Mirren, d’abord, car tout ce que fait cette grande actrice est exceptionnel (sauf à ses débuts, et quand elle jouait dans le fâcheux Caligula, semi-pornographique, mais d’autres grands acteurs s’y sont fourvoyés). Pour le scénario ensuite, qui, sur le même thème que le Monument men de George Clooney, donne plutôt un film de procès plutôt qu’un film de guerre.

Il s’agit de l’histoire réelle de Maria Altmann, juive née à Vienne, en Autriche, et qui, ayant dû fuir le pays avec son mari lorsque Hitler s’en empara, fut ainsi obligée d’abandonner ses parents. Outre cela, les nazis pillèrent toutes les œuvres d’art appartenant aux Juifs riches, dont un tableau de Klimt qui était le portrait de sa tante Adèle. Devenus septuagénaire et installée à Los Angeles où elle tient un petit commerce, elle engage un jeune avocat, le fils d’une amie, afin de récupérer ce tableau, qui depuis fait la gloire d’un des plus importants musées de Vienne. On se doute bien que l’Autriche, où l’extrême droite est assez puissante, n’entend pas rendre l’œuvre, et le gouvernement va user de toutes les arguties et autres ficelles pour garder ce que les nazis ont volé. Mais le bon droit finira par triompher, et le tableau se trouve de nos jours aux États-Unis, racheté à sa propriétaire par un homme richissime.

Maria Altmann est morte aujourd’hui, mais Randol Schoenberg, son avocat, vit et travaille toujours dans le même spécialité, il a en outre collaboré au scénario. Le réalisateur Simon Curtis a fait du bon travail, comme toujours, même si on le sous-estime un peu du côté de la critique.

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Les terrasses

Jeudi 9 juillet 2015

Réalisé par Merzak Allouache

Titre original : Es stouh

Sorti en France le 6 mai 2015

Voilà un film qui n’aura pas de l’agrément de l’Office du tourisme algérien ! Tout y est laid, sale, détraqué, corrompu, violent, etc. D’ailleurs, il n’est pas sorti en Algérie, et le réalisateur vit en France...

Jamais on ne descend au niveau de la rue, tout est filmé du haut des terrasses de cinq quartiers parmi les moins reluisants de la capitale algérienne : le Centre, Belcourt, Bab-el-Oued, Notre-Dame d’Afrique et la Casbah. Partout, des paraboles rappelant que les habitants des pays arabes sont suspendus à la télé, qui fonctionne à jet continu. Mais la plupart de ces paraboles sont rouillées, et les câbles de connexion traînent ça et là, sans aucune protection.

Les histoires qui s’enchaînent sans la moindre explication décrivent la violence, l’absence de liberté, l’oppression de la religion (pas une phrase qui ne contienne le nom d’Allah), le chantage, la corruption, la séquestration, le gaspillage, le manque de sécurité. On comprend que l’un des personnages féminins se suicide en se jetant du haut d’une de ces terrasses.

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Que viva Eisenstein !

Vendredi 10 juillet 2015

Réalisé par Peter Greenaway

Titre original : Eisenstein in Guanajuato

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2015

Sorti en France le 8 juillet 2015

Beaucoup, qui sans doute admirent davantage les films d’Eisenstein que ceux de Greenaway – ce n’est pas mon cas –, ont détesté ce film, par exemple David Fontaine, qui juge dans « Le Canard enchaîné » qu’il est inutile de se déranger pour aller le voir. Et j’ai eu beau lui expliquer que je ne voyais aucune différence entre ce film et les précédents de Greenaway, il maintient qu’il n’a pas retrouvé le cinéaste qu’il admirait jadis. Moi si, car le style est le même : cadrages rigoureusement composés, lents travellings amples, goût des images symétriques, et... humour sous-jacent, qui devrait être évident. Bref, nous aimons tous les deux Drowning by numbers, mais je suis le seul à aimer cet Eisenstein in Guanajuato (le titre utilisé en France démarque lourdement celui attribué au film que le vrai Eisenstein avait tenté de faire au Mexique, et qu’il n’a pu ni achever ni monter).

À vrai dire, Eisenstein ne fait pas l’unanimité. Si tout le monde reconnaît son art du montage, en revanche, nombreux sont aussi ceux qui pensent que « montrer l’ombre d’une barbe sur un mur » comme dans Ivan le Terrible n’est pas le sommet de l’art cinématographique ! Et, après tout, Eisenstein a été un idiot utile au service de Staline, avant que ses yeux s’ouvrent, et que Staline, qui avait beaucoup aimé la première partie d’Ivan le Terrible, fasse interdire la seconde partie, où il avait vu des allusions malveillantes à son propre régime.

Et puis, pour ma part, je ne peux pas oublier cette énorme bourde, dans Octobre, film cité plusieurs fois en images et dans le dialogue du film de Greenaway. Comme le film était muet, les dialogues figuraient sous forme d’intertitres, des « cartons », comme on disait alors. Or, succédant à l’image d’un manifestant qui hurlait, on pouvait lire sur l’un d’eux cette perle : « Longue vie au gouvernement provisoire ! ». J’en ris encore. Un peu bête, le grand cinéaste ?

Bref, en 1931, mal accueilli à Hollywood, Serguei Mikaïlovitch Eisenstein, le cinéaste officiel de l’Union Soviétique, se rend au Mexique pour y faire un documentaire sur le pays. Or cela va très mal se passer, et les prises de vue qu’il a réalisées ont donné un film boiteux, monté par un autre presque cinquante après, alors que la dernière partie, sur les quatre prévues, n’a jamais été tournée. Et Greenaway imagine qu’Eisenstein, dont la vie amoureuse était inexistante, tombe amoureux de son guide mexicain, le très beau Palomino Cañedo, qui l’initie à la sodomie dans une séquence qui a beaucoup « choqué », comme on dit, les gens qui n’aiment pas qu’on roule sur une autre route qu’eux. Eisenstein, selon le scénario, va rester dix jours à Guanajuato, vivre une passion folle, et... on ne verra rien du tournage, où l’on a pourtant accumulé, paraît-il, quatre cents kilomètres de pellicule, pour l’équivalent de soixante-dix heures de films !

Pourtant, tout n’est pas inventé dans ce scénario imaginé par un cinéaste spécialiste et admirateur passionné d’Eisenstein. Ainsi, l’histoire des dessins érotiques trouvés dans la valise du personnage et qui lui a valu quelques ennuis est authentique. Et certaines images sont vraiment fantastiques, comme ce décor de l’entrée d’un cimetière, qui se déforme en temps réel grâce au procédé inventé pour Hitchcock dans Vertigo, ou ce très long travelling latéral, peu avant la fin. Pour ne rien dire de la musique, abondante et raffinée, très éloignée des goûts actuels. Même les sous-titres français sont corrects, pour une fois, et, pour traduire « in the end », on a évité le stupide et sempiternel au final ! Cela n’avait pas été le cas avec le précédent film de Greenaway.

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Mezzanotte

Lundi 13 juillet 2015

Réalisé par Sebastiano Riso

Titre original : Piu buio di mezzanote

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2015

Sorti en France le 8 juillet 2015

Encore un premier film. Le titre italien signifie « Plus sombre que minuit », ce qui fait un peu prétentieux.

Davide, garçon de quatorze ans qui vit à Catane, en Sicile, avec ses parents et son jeune frère, est vaguement efféminé et rêve de devenir David Bowie, qu’il imite dans son refuge, au grenier. Mais son père refuse ce garçon trop différent, saccage le grenier, brutalise le fils indigne, l’envoie chez un psychiatre et lui inflige une piqûre dont on ne saura rien. Alors, Davide s’échappe et va rejoindre nuitamment un groupe de quatre ou cinq travestis et prostitués, qui l’acceptent et l’aiment bien, surtout Rettore, le premier rencontré (dans un cinéma porno), et l’initient au vol dans les grands magasins. Puis, il rencontre un autre prostitué qui vient de se faire tabasser, et lui laisse prendre sa virginité, mais ce garçon a un protecteur qui l’héberge, tente de prendre Davide sous sa protection, mais, après un premier rapport sexuel, Davide refuse cette relation et s’en va.

La fin se veut violente : retrouvé dans la rue par son père, qui l’enlève, Davide s’enfonce un tesson de bouteille dans la gorge. Mais il n’en mourra pas, et on ne connaîtra pas la suite.

Ce scénario, mieux écrit, aurait pu être intéressant, mais le récit est brouillon, et sa construction, peu claire. Ainsi, Davide a tantôt les cheveux courts, tantôt une tignasse qui triple le volume de sa tête – ce qui semblerait impliquer deux époques différentes. Or leur succession en alternance fait qu’on ne comprend jamais laquelle précède l’autre. La mère de Davide est trop affectueuse (scène gênante où elle dénude et caresse la poitrine de son fils), le père trop brutal, et le comportement des jeunes prostitués est une succession de clichés.

Le film ne montre rien de scabreux, mais il n’approfondit jamais les caractères, de sorte qu’à la fin, le spectateur n’en sait pas davantage qu’au début. Et le film, du coup et déjà très lent, n’en paraît que plus long. Trop.

Naturellement, pour justifier son travail, le réalisateur accumule les références dans son scénario et dans ses interviews... comme le font tous les débutants sans expérience. Mais cela ne convainc pas.

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Vice versa

Mardi 14 juillet 2015

Réalisé par Pete Docter

Titre original : Inside out

Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2015

Sorti en France le 17 juin 2015

Ce n’était pas forcément une mauvaise idée que de personnifier les cinq sentiments (pourquoi cinq ?) qui se partagent le psychisme d’une enfant, Riley, âgée d’onze ans. Mais, si la technique de Pixar est ébouriffante comme toujours – sans égaler celle de Wall-E), le scénario est à la traîne, sans grand intérêt, devient vite répétitif, et finit par ennuyer.

Avec cela, les personnages sont d’une laideur digne des mangas, avec leurs yeux immenses, et l’on a beau multiplier les décors et les accessoires extravagants, ainsi que les couleurs criardes qui semblent provenir d’une confiserie, quand les personnages vous rebutent et que leur idéologie familialiste sent le déjà vu, vous avez vite fait de les abandonner à leur sort.

Précisons que les spectateurs, du moins ceux du Max-Linder, sont escroqués : le film devait être précédé d’un court-métrage qu’on a dit talentueux, Lava, une histoire d’amour sur fond de musique hawaïenne au milieu de paysages tropicaux et de volcans sous-marins, paraît-il, mais il brille par son absence dans cette salle, et probablement dans les autres aussi.

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Microbe et Gasoil

Mercredi 15 juillet 2015

Réalisé par Michel Gondry

Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2015

Sorti en France le 8 juillet 2015

Michel Gondry travaille beaucoup aux États-Unis, où son meilleur film a été The we and I, mais il revient de temps en temps faire un film en France, et c’est ainsi qu’il s’était attaqué à Boris Vian avec L’écume des jours, que je n’ai pas vu et dont on a dit peu de bien. Il est vrai que le livre était inadaptable ! Ce Microbe et Gasoil, en revanche, sur une histoire qu’il a écrite, est réussi, malgré les ricanements de quelques grincheux qui ont estimé que le scénario était assez plat et l’interprétation, pas fameuse (surtout chez Ange Dargent, qui joue Daniel Guéret, dit « Microbe » parce qu’à quatorze ans et demi, il n’est pas très grand). Peu apprécié de ses camarades de quatrième d’un lycée de Versailles assez snob, il est sauvé par l’arrivée d’un nouvel élève un peu plus âgé, d’une famille prolétaire, et très doué en tout, Théo Leloir, joué par Théophile Baquet, vite surnommé « Gasoil » parce que son travail bénévole auprès de son père mécanicien fait que, parfois, il sent l’essence !

Les deux garçons, qui ne se ressemblent pas du tout, ont néanmoins des dégoûts communs : le langage verlan, la musique djeunz, les smartphones conçus pour égarer ceux qui tentent de s’en servir, et, bien sûr, la routine familiale. Aussi décident-ils d’utiliser un vieux moteur de tondeuse à gazon trouvé à la casse pour fabriquer une voiture en forme de maisonnette, et partir visiter la France pendant les vacances d’été, sans prévenir qui que ce soit.

C’est frais, drôle, les deux garçons s’avèrent furieusement sympathiques, leur langage est assez recherché – sauf lorsqu’ils parlent de sexe –, et leurs aventures sont plutôt cocasses, hélas conclues par un retour grisâtre, puisque la mère de Théo meurt durant son absence. Le scénariste aurait peut-être pu éviter cette fausse note...

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Boys

Jeudi 16 juillet 2015

Réalisé par Mischa Kamp

Titre original : Jongens

Sorti aux Pays-Bas le 9 février 2014

Sorti en France le 8 juillet 2015

Mischa Kamp est une réalisatrice de courts métrages et de téléfilms, dont on n’a vu qu’un film en France, Le cheval de saint Nicolas, sorti en 2005. Ici, elle filme pour la télévision (le téléfilm, qui a eu du succès, est ainsi sorti en salles), et s’essaye au cinéma d’inspiration homosexuelle. Selon son tempérament, le spectateur estimera, soit que son téléfilm est charmant, pudique, plein de retenue, soit que la réalisatrice a manqué d’audace et filme une histoire (qu’elle n’a pas écrite) inaboutie et fort mince. Or cette retenue est intentionnelle, car Mischa Kamp souhaitait que son film soit vu par le plus grand nombre possible de jeunes, sachant qu’à ce stade de la vie, si on parle sans tabou des relations hétérosexuelles, on voit plutôt l’homosexualité comme un état qu’il vaut mieux dissimuler.

Sieger, jeune Néerlandais de dix-sept ans, pratique la course à pied, et ce garçon plutôt doué se trouve choisi par son entraîneur pour intégrer une équipe de course de relais, avec trois autres garçons de son âge. Or, parmi eux, il y a Marc. Les deux garçons sympathisent très vite, et comme ils se voient constamment à cause de l’entraînement, ils ne se quittent plus guère. Or, au cours d’une baignade en rivière, Marc embrasse son camarade sur la bouche. Sieger, un peu surpris, lui rend son baiser, mais, une fois sorti de l’eau, il dissipe le doute : il n’est pas gay.

Néanmoins, plus tard, au bord de la mer la nuit, ils s’embrassent de nouveau.

Hélas, Marc a vu Sieger embrasser Jessica. Il devient jaloux, sans qu’aucune scène éclate. Mais Sieger, qui avait pris rendez-vous avec lui pour une autre baignade nocturne, commet l’erreur d’oublier au profit d’une ballade en voiture avec son frère, et Marc surgit sur la route pour lui reprocher ce lapin, et désormais lui fait la tête. Sieger s’excusera un peu plus tard, mais l’on ignorera si les choses vont s’arranger. Seul leur coéquipier Stef semble avoir tout compris.

La mise en scène est simple quoique sans recherches, avec une photo néanmoins très soignée. Contrairement à ce qui se voit dans la plupart des films sur ce sujet, on nous épargne les traditionnelles scènes de douche ou de baignade nue, redoutables clichés qu’on voir venir une heure à l’avance. La seule prise de vue originale est cette scène du premier baiser qui a servi à l’affiche aux Pays-Bas, et qu’hélas on n’a pas utilisée en France. Voyez-la ci-dessous :

 

Jongens
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Le garçon invisible

Mardi 21 juillet 2015

Réalisé par Gabriele Salvatores

Titre original : Il ragazzo invisibile

Sorti aux Pays-Bas le 9 février 2014

Sorti en France le 15 juillet 2015

Michele, garçon d’environ treize ou quatorze ans, croit qu’il est orphelin de père, et vit avec sa mère et sa jeune sœur dans une grande maison un peu trop riche pour le vraisemblance, alors que sa mère n’est qu’inspecteur de police – mais on ne voit ça qu’au cinéma. Michele est peu apprécié par ses camarades de classe, qui le chahutent copieusement. Or, ayant acheté un déguisement pour une petite fête, il a la surprise de constater qu’il est devenu invisible ! Passé l’ébahissement, il se livre, après s’être débarrassé de tous ses vêtements – qui restent visibles, eux – à quelques farces aux dépens de ses camarades, et, inévitablement, s’introduit dans les douches des filles. C’est alors que cette invisibilité cesse, et que les filles le conspuent. Prévenue par l’administration, sa mère lui conseille ne pas trop se presser.

Ensuite, le scénario s’égare, et introduit une fumeuse histoire de contamination atomique en Russie, les contaminés ayant acquis des super-pouvoirs, qui intéressent l’armée, laquelle enlève et séquestre quelques-uns de ces sujets, dont la fille qui plaît à Michele, la seule à qui il avait révélé son secret. Et puis, pour corser ce scénario extravagant, le père de Michele n’était pas mort, c’était aussi un Russe victime de l’armée, et qui revient.

On se demande comment les trois scénaristes ont pu imaginer que cette histoire stupide intéresserait les spectateurs. Le seul attrait du film réside dans la présence de Valeria Golino, toujours aussi belle, et du jeune Ludovico Girardello, qui est charmant et ne joue pas trop mal.

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Les bêtises

Jeudi 23 juillet 2015

Réalisé par Rose Philippon et Alice Philippon

Sorti en France le 22 juillet 2015

Encore un premier long-métrage, de deux sœurs cette fois. Je ne raffole pas de Jérémie Elkaïm, qui est extraordinairement laid, mais il est intelligent et il parle un français correct, ce qui est peu courant chez les acteurs. Le film, lui, démarre très bien avec un personnage dans le style maladroit dévastateur de Pierre Richard et quelques gags piqués à Tati (la barre de rideau prise pour une barre d’appui du métro). Mais ce personnage est mal défini, car enfin, comment croire qu’un garçon adopté attende l’âge de trente-cinq ans avant de vouloir retrouver sa mère ? Donc on n’y croit guère, mais c’est une fantaisie où tout peut ariver, donc il n’est pas interdit de s’amuser sans se poser trop de questions.

Sara Giraudeau a énormément de talent, comme ses parents, et elle est très jolie.

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Nos futurs

Vendredi 24 juillet 2015

Réalisé par Rémi Bezançon

Sorti en France le 22 juillet 2015

Pio Marmaï est certes plus beau que Jérémie Elkaïm, et comme il a au moins un talent égal, très supérieur à celui de son partenaire Pierre Rochefort, on prend plaisir à ce film, qui semble s’efforcer de justifier le jeu de mots du titre !

On devine assez vite, tant elle est peu crédible – mais c’est sans doute voulu –, que cette escapade à la recherche de leurs anciens copains de lycée, que font ces deux hommes devenus si dissemblables, est en fait imaginaire, et que le plus expansif, le plus imaginatif, le plus fou, est en réalité mort et enterré (à l’Île du Levant !) depuis longtemps. Comme quoi, courir après ses souvenirs est toujours une illusion... Et l’on se souviendra que l’un des précédents films du réalisateur, Le premier jour du reste de ta vie, se terminait aussi par le décès d’un personnage essentiel.

L’un des trois scénaristes du film est Jean-François Halin, l’un des trois premiers auteurs historiques des Guignols de Canal Plus, qui s’est reconverti au cinéma avec les deux films sur OSS 117 de Michel Hazanavicius, et reste à la télévision en écrivant pour les mal élevés de Groland.

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Terminator Genisys

Samedi 25 juillet 2015

Réalisé par Alan Taylor

Sorti en Allemagne le 21 juin 2015

Sorti en France le 1er juillet 2015

Nouvelle, cinquième et sans doute pas dernière resucée de la saga Terminator, dont James Cameron est le propriétaire, mais on doute qu’il en réalise un sixième épisode quand il pourra récupérer les droits en 2019. Celui dont il est question ici n’apporte rien de neuf, sinon la prise en compte de l’âge (67 ans) de Schwarzenegger, incluse dans le dialogue sous forme de plaisanteries sur son vieillissement ; et deux suites sont déjà prévues... À part cela, c’est la routine, bagarres, explosions, voyages dans le temps, trahisons, tous les ingrédients du blockbuster pour spectateurs immatures. Pas une seule idée de scénario ou de mise en scène.

Comme souvent, le metteur en scène vient de la télévision, où il a réalisé de multiples épisodes de séries très connues. Quant à l’actrice principale, elle est l’une des vedettes de Game of thrones. On voit aussi l’acteur J.K. Simmons, qui jouait le professeur sadique dans Whiplash, et qui est sous-employé ici.

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Magic Mike XXL

Lundi 27 juillet 2015

Réalisé par Gregory Jacobs

Sorti au Canada, en Norvège, à Taiwan et aux États-Unis le 1er juillet 2015

Sorti en France le 8 juillet 2015

Une suite complètement ratée d’un film passable vu il y a trois ans. Le talentueux strip-teaser Magic Mike, devenu marchand de meubles, a la nostalgie de son passé et veut renouer avec ses copains. Ils partent dans une tournée en Floride et en Géorgie, rencontrent des femmes déjà connues naguère, et participent à ce spectacle, devant un public féminin qui ne cesse de pousser des hurlements d’enthousiasme dignes des spectateurs du Grand Journal.

Seul les numéros dansés de Channing Tatum ont un intérêt, surtout acrobatique. Tout le reste est un monument d’ennui. Il aurait fallu un scénariste...

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Sorcerer

Mardi 28 juillet 2015

Réalisé par William Friedkin

Sorti aux États-Unis le 24 juin 1977

Sorti en France le 15 novembre 1978

Ressorti en France le 15 juillet 2015

Tiré, comme le film de Clouzot Le salaire de la peur, d’un roman de Georges Arnaud, Sorcerer garde la même histoire mais se concentre sur le spectaculaire, où il réussit très bien, mais perd une bonne demi-heure à nous montrer, dans plusieurs pays différents, comment les quatre personnages en étaient arrivés là où ils sont. Clouzot, lui, faisait l’économie de ces scènes d’exposition inutiles, et entrait dans le vif du sujet dès le début. En revanche, il détaillait beaucoup mieux les rapports entre les personnages, même s’il n’a pas disposé des meilleurs acteurs, sa femme Vera n’ayant jamais été une bonne actrice, et Yves Montand n’étant pas encore devenu le grand acteur qu’il fut plus tard. Et tout en évitant le spectaculaire – aucune scène d’explosion –, Clouzot prenait son temps et traitait son sujet sur trois heures, quand Sorcerer, allourdi par ces séquences encombrantes, dure une heure de moins !

À voir uniquement pour les morceaux de bravoure montrant comment on fait passer un camion là où l’exploit semble impossible. Le tournage a dû être un calvaire. Mais il n’y a rien d’autre.

Ah si, rions : le rôle de Roy Scheider devait être tenu par Steve McQueen, mais celui-ci avait exigé qu’on donne un rôle à sa maîtresse du moment... alors qu’il n’y a aucun rôle de femme dans cette histoire. Ils ont tous la grosse tête, dans ce métier.

 

*

Je n’ai jamais apprécié les films de Friedkin, je le trouve franchement surfait. French connection n’a auucn intérêt, bien qu’ayant rencontré un grand succès en France, et L’exorciste, dont il est très satisfait, n’est qu’un film d’horreur, grossier, scatologique et stupide. Mais Friedkin affirme qu’il a voulu faire un film sur... la foi religieuse, notion dont on ne trouve pas la moindre trace dans son travail. Pour comble, il a prétendu avoir détesté L’exorciste II, et être parti au bout de dix minutes, alors que le film de John Boorman était très supérieur. Mais Boorman est un visionnaire, Friedkin est un bateleur. Il a rapporté dans une interview récente avoir beaucoup aimé Irréversible, de Gaspard Noé. C’est tout dire.

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Ant-Man

Mercredi 29 juillet 2015

Réalisé par Peyton Reed

Sorti aux États-Unis le 25 juin 2015

Sorti en France le 14 juillet 2015

Puisque, depuis quelques années, la mode est aux super-héros, en voici encore un, sorti de la fabrique Marvel. Cela ne mange pas de pain, c’est distrayant, ne donne pas le mal de tête, et l’histoire ne compte absolument pas, sauf à être passionné des comics. Ce qui importe aux fabricants, c’est, à grands coups de trucages numériques, de montrer un maximum de bagarres acrobatiques, d’explosions, de changements d’aspect chez le personnage (ici, il peut rapetisser ou retrouver sa taille normale à volonté, contrairement au héros de L’homme qui rétrécit, film bien meilleur), et d’imaginer, pour soutenir tout cela, une lutte conre un méchant qui veut être le maître du monde, ou peu s’en faut.

Le héros est un ancien cambrioleur, qui se met au service d’un savant génial ayant inventé la compression de la distance des atomes (sic), une invention que l’armée aimerait bien s’approprier afin de miniaturiser ses soldats.

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Corbo

Mercredi 29 juillet 2015

Réalisé par Mathieu Denis

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 4 septembre 2014

Sortira en France (avant-première à Bobigny) le 25 août 2015

Sortira en France le 2 septembre 2015

C’est l’histoire vraie de Jean Corbo, lycéen de seize ans, d’origine italienne par son père, dont la famille aisée vit au Québec. Alors que son frère aîné milite au sein d’un syndicat ouvrier ainsi que dans le Rassemblement pour l’indépendance nationale, Jean se laisse tenter par le Front de libération du Québec, à l’extrême gauche, qui combat la domination des anglophones que les francophones, vue comme un acte de colonialisme, et rejoint un petit groupe dominé par un gourou intransigeant, qui le pousse à commettre des attentats. Une première bombe, posée de jour, tue des innocents. La bombe suivante, posée de nuit par Jean, est censée ne tuer personne, mais un incident technique fait que c’est Jean lui-même qui est tué. Mais le gourou veut continuer...

Cela se passait en 1966. L’année suivante, De Gaulle, en visite officielle au Québec, lancera son stupide « Vive le Québec libre ! », qui lui vaudra d’être prié par le gouvernement canadien de prendre illico la porte.

Le film est censé porter en France un autre titre, Insoumis, mais nulle part il n’est recensé sous ce titre. Il est plutôt austère. Et, curieusement le garçon qui joue Jean est affecté d’un début de bec-de-lièvre assez intrigant, car ce détail ne joue aucun rôle dans l’histoire.

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Hill of freedom

Jeudi 30 juillet 2015

Réalisé par Sang-soo Hong

Titre original : Ja-yu-eui eon-deok

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2014

Sorti en France le 8 juillet 2015

Film insipide, affublé pour l’exploitation française d’un titre qui n’a de rapport avec rien. Du sous-Rohmer, dans lequel les personnages n’auraient à dire que des banalités. La chronologie un peu bousculée n’aide pas à la compréhension, mais comme le spectateur se fiche de l’histoire – absente –, ça n’a finalement aucune importance.

Le tout ne dure qu’une heure et six minutes, mais ce sont soixante-six minutes perdues. À noter l’astuce employée pour que tout le monde parle anglais : le personnage principal est un Japonais en voyage en Corée du Sud. Alors, bien sûr, il fallait bien une langue commune. Commercialement, c’est préférable !

Hong nous avait déjà fait perdre notre temps avec In another country, où Isabelle Huppert perdait le sien, mais à présent, on ne peut plus en douter, on n’ira pas voir ses films suivants.

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While we’re young

Vendredi 31 juillet 2015

Réalisé par Noah Baumbach

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 6 septembre 2014

Sorti en France le 22 juillet 2015

On pense au début assister à la comparaison paradoxale et amusante entre un couple d’intellectuels new-yorkais quadragénaires – des bobos, disons –, sans enfants, qui voyagent beaucoup, sortent beaucoup, possède des tas de CDs, fréquentent des amis de leur âge et de leur classe, vont sur Facebook et Twitter, et toute la panoplie, et un autre couple d’environ vingt-cinq ans, vivant simplement, désirant avoir plus tard un enfant, indifférent à Facebook et aux smartphones, ne se déplaçant qu’à bicyclette, collectionnant les disques vinyle, très libre d’esprit, et dont l’homme porte encore... un chapeau !

Bref, le premier couple s’entiche du second, ils ne se quittent plus, et comme les deux hommes ont pour métier de réaliser des documentaires, l’aîné, qui manque d’inspiration, accepte d’aider le cadet à faire celui dont il rêve.

Hélas, ledit cadet était un imposteur, et a bidonné la rencontre avec un vétéran de l’Afghanistan dont il fait le portrait. Les deux hommes se brouillent. Le jeune devient célèbre, le « vieux » retourne à ses amis d’antan, et... flanque à la poubelle le chapeau qu’il s’était acheté.

Le film, fort bien interprété et réalisé, s’avère finalement assez amer. Néanmoins, ce parallèle semble assez artificiellement conçu, et on n’adhère pas forcément au propos.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés

Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.