Œuvres citées (en italique, autres que des films) : Mambo italiano – La grande séduction – Là-haut un roi au-dessus des nuages – Coffee and cigarettes – Kill Bill – Kill Bill 2 – La mauvaise éducation – La mala educacion – La Ville dont le Prince est un Enfant – Troie – Troy – In the mood for love – Fa yeung nin wa – What’s new, Pussycat? – Hollywood ending – Printemps, été, automne, hiver... et printemps – Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom – Reservoir dogs – Titanic – People (Jet set 2) – Queer as folk – La reine Margot – Elephant – Fahrenheit 9/11 – Le jour d’après – The day after tomorrowow – Independence day – Godzilla
Personnes citées : Emile Gaudreault – Jean-François Pouliot – Pierre Schoendoerffer – Jim Jarmusch – Pedro Almodóvar – Jacques Séguéla – Henry de Montherlant – Stéphane Bern – Gael García Bernal – Francisco Boira – Laurent Ruquier – Charles De Gaulle – Woody Allen – Kim Ki-duk – Quentin Tarantino – Jean-Luc Godard – Michel Denisot – Claude Chabrol – François Truffaut – Molière – Marc Dutroux – Jean-Pierre Elkabbach – Philippe Collin – Jérôme Garcin – Fabien Onteniente – José Garcia – Jean-Claude Vandamme – Patrice Chéreau – Gus Van Sant – Bruce Willis – Charlton Heston – Michael Moore – George W. Bush – Walter Salles – Ernesto Guevara – Yûya Yagira – Roland Emmerich – Peter Fondu (Bernard Achour)
Réalisé par Émile Gaudreault
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2003
Sorti en France le 5 mai 2004
Enfin un film où l’on ne s’ennuie pas, enfin une comédie qui fait rire avec un sujet sérieux. Vous avez compris que Mambo italiano n’est ni français ni yankee. C’est bien un film américain, mais québecois, malgré son titre italien. Sujet : la difficulté, la quasi-impossibilité de faire un coming-out (en français, sortir du placard) quand on est un jeune homo d’origine méditerranéenne. On rit beaucoup, mais les mœurs familiales italiennes en prennent plein la gueule, via une comédie adaptée d’une pièce de théâtre écrite justement par un Italien.
Le dialogue, surtout dans la première moitié, est cinglant non moins qu’affûté. Un exemple. Le jeune homme, 26 ans, a enfin quitté sa famille pour aller vivre avec le garçon qu’il aime, ses parents ne sont pas au courant de ses goûts, seule sa sœur le sait, et elle vit encore sous le toit paternel, puisque célibataire. Tous les deux discutent. Elle raconte comment elle en bave, avec ses parents qui la font suer par leur mentalité du Moyen-Âge, et conseille donc à son frère de sortir du placard. Elle : Pourquoi tu ne leur dis pas la vérité ? – Lui : Ça les tuerait ! – Elle : DIS-LEUR !
Concis et sympathique.
Le film est résumé par une réplique qui revient deux fois : être italien et gay, il n’y a rien de pire. Je rectifie, il y a pire : être pied-noir et gay. L’homosexualité, quoique cachée, fait partie de la civilisation en Italie. En Algérie française, sans conteste, c’était l’abomination.
Réalisé par Jean-François Pouliot
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2003
Sorti en France le 28 avril 2004
Au rayon des films québécois, Mambo italiano est réussi, et très sympathique. Je n’en dirai pas autant de La grande séduction, qui est un misérable navet : les habitants d’un petit village en bord de mer qui dépérit voudraient qu’une usine s’y implante, mais il faudrait avoir un médecin. Ils cherchent donc à en attirer un chez eux. Nul ne voit en quoi cette séduction est grande. Acteurs et réalisateur, tous québécois, sont inconnus et destinés à le rester.
Réalisé par Pierre Schoendoerffer
Sorti au Maroc (Festival de Marrakech) le 6 octobre 2003
Sorti en France le 5 mai 2004
Ce film n’est pas à conseiller à ceux qui ignorent tout de la guerre d’Indochine et de l’Armée, car ils risquent fort de s’ennuyer et de ne pas suivre. Le film n’est pas mauvais, mais il s’adresse à une fraction très restreinte du public. Le sujet est une hantise du réalisateur, très honorable au demeurant.
Réalisé par Jim Jarmusch
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2003
Sorti en France le 7 avril 2004
J’ai bien aimé Coffee and cigarettes, une suite de sept sketches qui sont du Jarmusch tout pur. Bien sûr, c’est inégal, et le sketch des deux cousines ne m’a pas emballé. Mais j’ai trouvé hilarant celui où deux amis, dont Isaach de Bankolé, en viennent presque à se taper dessus parce que l’un ne peut pas croire que l’autre a voulu le voir, simplement, comme ça, pour le plaisir.
Évidemment, il y en a qui préfèrent Kill Bill. À propos, je vous donne un élément de traduction : quand un critique écrit que tel film est « du pur cinéma », comme on va le dire à nouveau pour Kill Bill 2, il faut comprendre que le film est complètement vide, n’a rien à dire, et que tout est dans l’emballage. Mais il y a sûrement des tas de gens qui adorent les emballages vides.
Résumé du film d’Almodóvar, le début du moins, vu par « Le Canard » : dans un collège religieux, deux garçons s’aiment. Mais un prêtre, qui convoite l’un des garçons, fait renvoyer l’autre. Il n’aurait pas lu Montherlant, par hasard, Almodóvar ? C’est le thème de La Ville dont le Prince est un Enfant ! Évidemment, la suite est un peu différente...
Réalisé par Pedro Almodóvar
Titre original : La mala educacion
Sorti en Espagne le 19 mars 2004
Sorti en France le 12 mai 2004
Sacré Almodóvar ! Aussi roublard que Séguéla ! Il laisse dire que son film est sur la pédophilie ecclésiastique (et la bande annonce donne à fond là-dedans), alors que ça parle de tout autre chose. Certes, le film est bien fait, mais il n’y a aucune émotion. Pas de femme non plus, et aucun personnage sympathique.
Ce pauvre Stéphane Bern n’en rate pas une. À Cannes, il a couvert de compliments le jeune Bernal, a répété, comme tout le monde, qu’il jouait trois rôles dans le film d’Almodóvar (il n’en joue qu’un seul, lequel, acteur, interprète deux autres personnages dans « le film dans le film », mais le dossier de presse joue du pipeau parce que ce serait trop compliqué d’expliquer la situation), et a cité le personnage d’Ignacio... qui est interprété par un autre acteur, Francisco Boira. C’est la maladie des gens des médias : répéter ce que chacun répète, sans jamais se donner la peine de vérifier.
Réalisé par Wolfgang Petersen
Titre original : Troy
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 9 mai 2004
Sorti en France le 13 mai 2004
Troie est un film tellement mauvais que, si ce n’était pas le gaspillage, on balancerait des œufs sur l’écran. Comme on dit :
(Celle-là, je ne donne pas une semaine avant qu’on la retrouve dans la bouche de Ruquier)
Réalisé par Kar Wai Wong
Titre original : Fa yeung nin wa
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2000
Sorti en France le 8 novembre 2000
Le film chinois (de Hong-Kong) vu sur Arte, In the mood for love, qui a eu beaucoup de succès en salle, m’a fait l’effet d’une pinte d’huile de ricin. Il paraît que c’est une histoire d’amour, mais les personnages n’arrêtent pas de parler de soupe et de nouilles ! Ils ne font rien ensemble, que parler dans la rue, sous la pluie. À la fin, on voit arriver De Gaulle à Pnom Penh, qui tombe sur un cheveu sur la soupe, encore une fois. C’est donc le cas, ou jamais, de dire que le film est une daube. Plus je vois des films de la Chine continentale et communiste, plus j’aime les films de Taiwan.
La réussite de Woody Allen, qui dure depuis son premier rôle et scénario en 1965 (What’s new, Pussycat?), tient notamment à ceci : doté d’une forte personnalité, il ne tient aucun compte des modes. Alors, bien sûr, aux États-Unis, pays moutonnier par excellence, ça ne marche absolument pas. Quelqu’un a calculé que ses dix-neuf derniers films ont été des bides là-bas ! On comprend que la conclusion de Hollywood ending soit « Vivent les Français ! ». Même si c’est une blague.
Réalisé par Kim Ki-duk
Titre original : Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 14 août 2003
Sorti en France le 14 avril 2004
Vu ce matin un film coréen, Printemps, été, automne, hiver... et printemps. C’est beau, fort et original. Difficile de le décrire, il faut le voir.
Vous ne trouvez pas Tarantino un poil envahissant ? Déjà, profiter de sa présidence du Festival de Cannes pour glisser une propagande effrénée sur son Kill Bill 2, c’est un peu gonflé. On sait bien que le film n’est pas en compétition, qu’il ne sera donc pas en situation de se décerner un prix à lui-même, mais quand même... Quelle masse de fric épargné en publicité !
Avec ça, il ouvre sa gueule à propos de tout. Hier, il y avait un hommage à Jean-Luc Godard, filmé pour Canal Plus et l’émission quotidienne de Denisot. Tarantino prétendait que sa vocation du cinéma lui était venue en voyant les films du Suisse. Denisot a projeté l’interview à Godard himself, qui, avec sa franchise coutumière, laquelle ne lui fait pas seulement des amis, s’est bien marré et a dit qu’il n’en croyait pas un mot ! Denisot, qui voulait visiblement lui arracher une déclaration aimable pour Tarantino, ne lui a pas tiré une seule syllabe dans ce sens.
C’est ce qu’il y a de bien chez Godard. C’est un vieil escroc (pardon, c’est Chabrol qui le dit), moralement, c’est une merde (pardon, c’est Truffaut qui le dit), il fait des films abscons et ennuyeux, mais quand il parle, ça décrasse : avec une courtoisie parfaite, il ne ménage personne.
Suite du décryptage de la langue de bois en vigueur chez les critiques de ciné (c’est une bonne occasion) : quand on vous dit qu’un cinéaste « rend hommage aux films de série B de sa jeunesse », ça signifie qu’il n’a aucune idée personnelle, aucune inspiration, et qu’il plagie les films en question. C’est exactement le cas de Tarantino : cinq films, cinq plagiats !
Tarantino possède un certain talent visuel, c’est-à-dire qu’il sait filmer. C’est tout. Il ne se pose guère de questions sur le sens de ce qu’il filme. De sorte que le résultat est vide de sens, et toujours bourré de violence gratuite. Dans Reservoir dogs, l’un des malfrats tranchait au rasoir l’oreille d’un type attaché sur une chaise. Kill Bill 1 était un festival de combats de sabre, et une fille massacrait une armée d’hommes comme si elle faisait ça tous les jours. Je regrette, mais la violence utilisée comme spectacle, sans aucune autre raison que de plaire à un public ne possédant aucune référence, j’ai déjà expliqué ce que j’en pensais, et le talent filmique n’excuse rien.
Ce point, « public sans référence », est très important. Il signifie que ce public a du mal à distinguer le bien du mal et le faux du vrai, faute de critères de comparaison. Et ces critères, on ne les acquiert que de deux façons : par l’éducation, et par la culture.
Il y aura toujours un public auquel même le pire des films plaira. On ne connaît aucun film qui ait déplu à la totalité de ceux qui l’ont vu. Il se trouve que je ne partage pas l’opinion de Molière, selon laquelle ce qui compte, c’est de plaire. Pas par tous les moyens, en tout cas. Faisons un peu de paradoxe : si plaire était le seul et unique souci d’un artiste, pourquoi ne pas faire des films nazis afin de plaire à l’extrême droite ? Et des films pédophiles pour plaire aux amis de Marc Dutroux ?
Dans la série « Je profite de ce que je parle à la radio nationale pour me ridiculiser dans la France entière », ce type dont le nom m’échappe, qui est critique au Masque et la Plume et qui présente une émission quotidienne sur France Inter de 18 heures à 19 heures, faisait hier soir un débat sur le cinéma à la télé. Et, histoire de déplorer que les chaînes ne passent pas certains films, il a trouvé cet exemple : « Le film chinois In the mood for love a rencontré un énorme succès, mais jamais aucune chaîne de télévision ne s’est risquée à le diffuser ». Pas de chance, ce film était passé LA VEILLE sur Arte !
Au cours du même débat, il a été déploré que les ciné-clubs sur les chaînes de service public soit relégués à des heures impossibles. Ils ne sont pas relégués à des heures impossibles, ils ont tout simplement été supprimés par Elkabbach, à l’exception du Cinéma de Minuit de France 3, et cela depuis une dizaine d’années ! Là encore, notre distingué critique n’est pas au courant...
Quand Philippe Collin, critique à « Elle » (il a quitté la profession depuis), venait au Masque, il avait déclaré être parti au milieu de Titanic, « au moment où la moquette commençait à être mouillée », avait-il prétendu spirituellement. J’avais envoyé une lettre à l’émission, disant que ce type n’était ni très honnête ni très compétent, et Jérôme Garcin l’avait citée à l’antenne. Et, en effet, quand on est PAYÉ pour voir des films, on les voit jusqu’au bout ; ou alors, on s’abstient d’en parler en public et défavorablement.
Réalisé par Fabien Onteniente
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2004
Sorti en France le 19 mai 2004
Ce film est assez insignifiant, et son principal intérêt, c’est José Garcia. Son ambiguïté, c’est de sembler tourner en dérision le monde des clubbers, tout en le filmant d’une façon qui donne pourtant envie d’aller y fourrer son nez (notamment la boîte de nuit géante d’Ibiza, qui fait du Babylon de Queer as folk un club pour retraités de l’Armée britannique). Moi, que voulez-vous, je rêve de danser dans de la mousse.
Il y a pourtant un détail sympathique : tout tourne autour d’un mariage homosexuel, mais cette expression n’est jamais employée par aucun des personnages, qui ne parlent que de « mariage », sans aucune référence au sexe des mariés (José Garcia, donc, et son amoureux, doublure de Jean-Claude Vandamme). Voilà, c’est tout, mais ce n’est pas rien.
Le festival de Cannes, il y a longtemps que je ne le considère plus comme un événement. En fait, c’est le moins « festival » de tous les festivals, en ce sens que c’est bien davantage un marché. Il existe d’autres festivals bien plus cotés, pour ce qui est de la qualité des films couronnés : Berlin, Venise, San Sebastián, Locarno, etc. À Cannes, producteurs et distributeurs se retrouvent pour proposer et acheter les films qu’on verra bientôt, et, comme tous les marchés, le festival a surtout un intérêt économique. Il évite en particulier aux vedettes de se taper un tour du monde pour faire la publicité des films qu’elles ont tournés : en quelques jours de conférences de presse, fatigantes j’en conviens, elles ont accordé des interviews à toute la presse mondiale, il n’y a plus qu’à rentrer chez soi et profiter de sa piscine !
Il n’y a aucune certitude de qualité sur un film qui a été couronné à Cannes, car le jury change chaque année, votant selon l’humeur de ses participants. Ainsi, l’année dernière, on savait que le palmarès serait concocté en vue de faire bisquer les États-Unis, car le président était l’ultra-gauchisant Patrice Chéreau, acteur et surtout metteur en scène mondialement connu d’opéras et de pièces de théâtre – et de films accessoirement, mais pas très réussis, et souvenez-vous de La reine Margot ! En effet, c’est Elephant qui a obtenu, non pas un prix, mais deux, Palme d’Or comprise. Du jamais vu ! Il y a contradiction ? Gus Van Sant est un cinéaste des États-Unis ? Oui, mais il n’a rien à voir avec Hollywood, il vit et travaille à Portland et n’appartient pas au système, comme on dit. Ce palmarès était donc bien une façon de dire merde à Hollywood, et c’est tout ce qu’on en attendait.
Cette année, coup de barre à droite histoire de compenser, et l’ultra-conformiste Quentin Tarantino est sorti du chapeau (pourquoi pas Bruce Willis ou Charlton Heston ?). Lui a déclaré d’emblée que le festival ne devrait pas se mêler de politique. Et certes, ses propres films ne sont pas près de déranger la Maison-Blanche ! D’ailleurs, hormis le film de Michael Moore, il n’y a aucun film politique projeté cette année ! Et on peut douter que son film soit récompensé (dommage, Bush serait assuré de faire ses valises !), car Moore n’est pas un vrai cinéaste, c’est un pamphlétaire et un homme de télé – de la télé comme on aimerait en voir chez nous et comme on n’en verra jamais. Moore se doute bien qu’il est très difficile pour lui d’être récompensé à Cannes, mais rappelez-vous : ici, c’est un marché ! Donc il vient malgré tout. Et les Français l’adorent.
C’est toujours risqué de faire un pronostic. Mais vu que La mauvaise éducation n’est pas un film assez bon pour remporter la Palme d’Or, la récompense pourrait aller, soit au film de Walter Salles sur Guevara (avantage, le beau Gael García Bernal aurait ainsi un petit quelque chose), soit au japonais Nobody knows, très consensuel et « très festival ». On verra dimanche...
[Commentaire a posteriori : je n’ai pas censuré cette notule, bien que je me sois royalement planté quant à la Palme d’Or et au conformisme de Tarantino]
On rigole, on rigole ! À Cannes, le lauréat du Prix d’Interprétation Masculine n’a pas pu recevoir son prix, il ne pouvait pas sécher l’école. En effet, Yûya Yagira, qui avait débuté dans une mini-série de dix épisodes à la télévision japonaise, a quatorze ans ! Ne vous hâtez pas de crier au record. Il y a quelques années, au Festival de Venise, on avait décerné le prix d’interprétation féminine à une gosse de 4 ans. Un de ces jours, on couronnera un fœtus, vous verrez...
Cela dit, je suis TRÈS heureux que Michael Moore ait gagné le cocotier ! Cette fois, Bush est mort !
Quelques concordances entre ce qui a été écrit ici et les commentaires des critiques sur le palmarès du Festival de Cannes :
- je me suis marré sur le prix d’interprétation masculine donné à un garçon de 14 ans, et les critiques ont dit (après moi) que c’était un véritable scandale et une pantalonnade grotesque ;
- j’ai rappelé qu’il y avait eu un précédent à Venise, et les critiques ont fait une remarque identique : la gosse de 6 ans couronnée pour Ponette (pris dans mon élan, je l’avais rajeunie de deux ans, mais c’était par galanterie) ;
- j’ai écrit que Michael Moore n’était pas un vrai cinéaste, mais un pamphlétaire. Tous les critiques ont été d’accord. Soit dit en passant, les journaleux de radio-télé s’obstinent à dire que Fahrenheit 9/11 est un « documentaire », affirmation qui passe les bornes du ridicule ;
- j’ai laissé entendre que Tarantino se foutait du monde en prétendant qu’il fallait laisser la politique de côté et ne voir que l’aspect cinématographique des films, et le jury a effectivement couronné un film qui n’a d’autre but que politique. Rappelons que Michael Moore n’a tourné qu’un seul film de fiction, Canadian bacon, en 1995, et il reconnaît lui-même que ce film est mauvais.
Par conséquent, tous les journaux vont me faire un pont d’or, et l’année prochaine, je vous écrirai de Cannes. J’espère qu’il fera beau.
Réalisé par Roland Emmerich
Titre original : The day after tomorrow
Sorti au Mexique le 17 mai 2004
Sorti en France le 26 mai 2004
Le film anti-Bush, un nouveau genre cinématographique ? On pourrait le croire, puisque Le jour d’après (titre mal traduit, The day after tomorrow signifiant « après-demain », ce qui d’ailleurs ne convient pas mieux à l’histoire racontée) s’en prend lui aussi à la Maison-Blanche, ou plutôt à sa politique à long terme concernant l’écologie. Mais enfin, je vous rassure tout de suite, dans le film, le président, qui ne ressemble pas à Bush, est le « bon » (il meurt avant la fin), et le méchant est le vice-président – qui devient par conséquent le nouveau président et se repent, dans le traditionnel discours final, d’avoir préféré l’économie (et la défense sacrée des « intérêts américains », comme ils disent) à l’écologie et au principe de précaution si cher à Jacques Chirac.
Disons tout de suite que le film est très spectaculaire sur le plan visuel, beaucoup plus que d’habitude, puisque la catastrophe est filmée de façon permanente, et non plus par quelques séquences-choc comme dans Independence day ou Godzilla. À noter que, dans le premier, une scène annonçait celui-ci, puisque la Maison-Blanche était détruite par une soucoupe volante. Ici aussi, la Maison-Blanche vole en éclats, mais c’est surtout métaphoriquement ! Toujours masos, les Yankees attirent donc la catastrophe sur leur propre pays, d’abord sur Los Angeles ravagée par des tornades (premier site détruit, le panneau « HOLLYWOOD » dominant la ville, et que tout le monde connaît – symbole), puis New York, noyée sous un raz de marée avant la glaciation qui l’immobilise totalement. Très belles images, notamment de l’océan qui monte et noie la statue de la Liberté, puis de l’Empire State Building pris par le gel en quelques secondes. À noter que l’affiche que vous avez pu voir et qui représente la Tour Eiffel gelée n’est qu’un leurre publicitaire destiné aux seuls Français, car on ne voit rien de tel dans le film.
Pour ce qui est du scénario, pas de surprise : personnalisation de l’histoire par le biais de quelques personnages, qui connaissent toujours les mêmes tracas, de film en film. On retrouve par conséquent l’enfant malade mais qui va guérir parce que, message d’espoir, il n’a pas lâché son livre de Peter Pan durant tout le film ; le père « qui n’est jamais là » pour s’occuper de son fils en pleine croissance ; le couple d’amoureux juvéniles ; et les deux Noirs vachement positifs, dont l’un est SDF, pour bien faire. On reste donc dans les bornes de la nunucherie habituelle.
Côté inculture, la culture, justement, est symbolisée par la Bible de Gutenberg, qu’un personnage refuse de brûler pour alimenter le feu, vu que ce bouquin, « le premier qui a été imprimé », personnifie, tu parles, « l’Aube de l’entrée dans la civilisation », ou quelque chose dans ce goût-là. Or chacun sait qu’on a imprimé des livres bien des siècles avant Gutenberg, qui ne s’appelait d’ailleurs pas Gutenberg mais Hans Gensfleisch, et n’a pas inventé l’imprimerie mais la typographie à caractères mobiles. Mais passons...
Le comble : comme la situation est sans issue, puisqu’on ne voit pas comment les hommes pourraient lutter contre un refroidissement rapide de la planète, eh bien... ça s’arrange tout seul, et le Soleil revient à la fin !
On rigole aussi au seul gag conscient de tout le film : le Mexique envahi par une nuée de citoyens des États-Unis, qui franchissent la frontière illégalement, vu qu’au Mexique, il fait chaud ! Et le président de remercier ce pays en annulant sa dette... On n’est pas près de voir ça en vrai, je vous le dis !
Le masque et la plume, hier soir, était un peu déficient. Aucun des critiques présents n’a relevé que La mauvaise éducation, le film d’Almodóvar, reposait sur une équivoque. Tous ont semblé penser que cette histoire de pédophilie était une réalité, alors que, comme je l’ai noté, on n’a aucune preuve que l’épisode, qui n’est qu’un scénario écrit par un individu douteux (un maître-chanteur), d’ailleurs mort quatre ans avant le début du récit, avait eu lieu. Si on est attentif au déroulement de l’histoire réelle (pas de celle du film dans le film), le prêtre défroqué n’a rien à se reprocher jusqu’au moment où il fait assassiner Ignacio par son frère Juan.
Quant à voir dans Le jour d’après un film dirigé contre Bush et sa politique, non, c’est prendre ses désirs pour des réalités. On sait bien que tout Hollywood, sauf quelques débiles mentaux comme Bruce Willis et Charlton Heston, déteste le crétin de la Maison-Blanche ; mais de là à se lancer dans le film militant, il y a une sacrée marge ! À Hollywood, on fait des films susceptibles de gagner de l’argent, rien d’autre. Profitons-en pour dire que Peter Fondu, qui a aussi défendu le film sur Ouï-FM, a lui aussi dit n’importe quoi, en prétendant que la trame du film est rigoureusement scientifique. C’est tout le contraire ! On voit dans le film une glaciation si rapide que la température tombe de CINQ DEGRÉS PAR MINUTE (ou par seconde, je ne me souviens plus), et, pour illustrer ça, l’Empire State Building se transformant en bloc de glace en quelques secondes. Du vrai délire ! Quant on connaît la vitesse à laquelle les échanges thermiques se font dans la réalité, on est plié de rire.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.