Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Baby boss – The boss baby – Raiders of the lost ark – Pris de court – Dans la forêt – Mesdames et messieurs, bonsoir – Signore e signori, buonanotte – Corporate – ressources humaines – L’Opéra – Paris la blanche – Message from the King – Calvaire – Vynian – À voix haute – 20th century women – C’est beau la vie quand on y pense – À bras ouverts – Un profil pour deux – Cyrano de Bergerac – Sous le même toit – Malcolm in the middle – The young lady – Lady Macbeth – La Lady Macbeth du district de Mtsensk – Life - Origine inconnue – Alien – Gravity – Cessez-le-feu – La colère d’un homme patient – Tarde para la ira – Aurore – Le procès de Viviane Amsalem
Personnes citées : Tom McGrath – Emmanuelle Cuau – Virginie Efira – Zacharie Chasseriaud – Gilbert Melki – Luigi Comencini – Nanni Loy – Luigi Magni – Mario Monicelli – Ettore Scola – Andréa Ferréol – Nicolas Silhol – Laurent Cantet – Jean-Stéphane Bron – Lidia Terki – Stéphane De Freitas – Fabrice Du Welz – Mike Mills – Gérard Jugnot – Vincent Lacoste – Philippe de Chauveron – Marc de Chauveron – Guy Laurent – Stéphane Robelin – Pierre Richard – Dominique Farrugia – Louise Bourgoin – William Oldroyd – Andrzej Wajda – Daniel Espinosa – Emmanuel Courcol – Raúl Arévalo – Blandine Lenoir – Jean-Luc Gaget – Sólveig Aspach
Réalisé par Tom McGrath
Titre original : The boss baby
Sorti aux États-Unis le 12 mars 2017
Sorti en France le 29 mars 2017
Dans ce film d’animation en images de synthèse, Tim, enfant unique âgé de sept ans et demi et parfaitement heureux avec ses parents qui l’aiment, voit la catastrophe s’abattre sur lui quand un petit frère fait son apparition. Non seulement il n’est plus le point de mire de la famille, mais le bébé est monstrueux : c’est... un homme d’affaires en miniature, avec costume, mallette et langage d’un ancien d’école de commerce !
Le conflit commence, et c’est assez réjouissant tant que l’affrontement subsiste, mais le film tourne court quand les deux garçons, contre toute attente, deviennent alliés, et tout s’enlise dans des séquences d’agitation, culminant dans une très classique course poursuite, avant de s’achever en guimauve.
La satire du mode de vie en famille est bien présente, mais on ne rit (modérément) que lors de la scène reproduisant ce passage de Raiders of the lost ark, où Indiana Jones remplace prestement un objet précieux par un sac de sable ayant le même poids.
Réalisé par Emmanuelle Cuau
Sorti en France le 29 mars 2017
Le matin même où elle devait commencer son nouveau travail à Paris dans une bijouterie, Nathalie, endettée, mère de deux enfants, apprend qu’elle n’est finalement pas engagée. Mais elle cache sa situation à ses fils. Or l’aîné, Paul, âgé de quinze ans, se laisse entraîner dans un trafic de drogue, mais se fait voler le sac contenant une livraison, et les trafiquants exigent un remboursement, que sa mère est incapable d’assurer. Elle fournit alors, sans avoir l’air d’y toucher, une indication aux méchants de l’histoire, sur le petit atelier où elle fabrique des bijoux, dont un collier de diamants très coûteux, et qui n’a aucun système de sécurité.
Peu après, deux voyous attaquent la bijouterie et s’emparent du collier. Mais c’est un faux que Nathalie avait fabriqué au préalable ! Elle embarque le véritable bijou et prend l’avion pour le Canada avec ses deux enfants.
Cette histoire peu morale et un brin cynique est contée paisiblement, et très bien jouée. Virginie Efira est épatante dans le rôle de Nathalie, Gilbert Melki et Zacharie Chasseriaud sont les deux principaux méchants, et le film ne dure pas assez longtemps pour ennuyer. L’engrenage où s’enlise Paul est tout à fait plausible, le dénouement un peu moins, et la vie de famille perturbée est très bien décrite.
Réalisé par Gilles Marchand
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 6 octobre 2016
Sorti en France le 15 février 2017
Étrange film, qui n’a connu aucun succès, or c’est probablement mérité en grande partie, car on ne sait où le réalisateur veut vraiment en venir.
Un père, qui n’a pas de nom (c’est évidemment voulu, pour accentuer son côté bizarre), ne voit plus ses deux fils, Benjamin et son jeune frère Tom, qui vivent en France avec leur mère depuis des années, car lui s’est exilé en Suède. Pourtant, il les invite, seuls, pour un séjour de vacances, et les emmène faire du camping dans une forêt, où il possède une maison en bois inaccessible, puisque sa voiture ne peut y accéder faute de route.
Là, il révèle à Tom qu’il ne dort jamais, et tente de le persuader que lui, Tom, a un don pour la transmission de pensée. Mais Tom, un peu perturbé et suivi en France par une pédopsychiatre, fait des cauchemars horribles, où lui apparaît un homme au visage monstrueux, qu’il prend pour le diable, malgré les railleries de son frère aîné, qui a les pieds sur terre et ne tarde pas à trouver que leur père, tyrannique, est aussi déséquilibré. Si bien qu’après une dispute violente, Benjamin s’enfuit, afin de pouvoir informer leur mère par téléphone pour qu’elle vienne les récupérer. Ce qui se produit en effet. Mais le père, resté seul avec Tom, se querelle avec trois campeurs hippies, les chasse, puis... disparaît complètement !
Le film n’est pas nul, car le sentiment d’angoisse provoqué par un lieu perdu et aussi mystérieux qu’une forêt, pour des jeunes citadins, est très bien rendu. Mais il embrasse trop de thèmes à la fois, et il échoue dans le traitement d’un fantastique de pacotille.
Réalisé par Luigi Comencini, Nanni Loy, Luigi Magni, Mario Monicelli et Ettore Scola
Titre original : Signore e signori, buonanotte
Sorti en Italie le 28 octobre 1976
Sorti en France le 2 août 1978
Malgré cinq réalisateurs parmi les meilleurs, et onze scénaristes, le film déçoit un peu, car il est très inégal. Si la première demi-heure intéresse par son côté satirique visant avant tout les politiciens italiens, il se dégrade et finit par ennuyer avec le trop long sketch sur ce cardinal qui feint pendant dix ans d’être à l’agonie, afin d’être élu pape « de transition ». On n’est jamais ému, sauf, peu après le début, par cette histoire d’un enfant qui se suicide, et on est souvent agacé par la vulgarité des péripéties.
Les grands acteurs italiens, toujours les mêmes, sont présents, mais les actrices, curieusement, brillent par leur absence, et la seule femme connue est une Française, Andréa Ferréol.
Réalisé par Nicolas Silhol
Sorti en France le 5 avril 2017
Être corporate, dans le jargon actuel, c’est être dévoué corps et âme à l’entreprise qui vous emploie, quoi qu’elle fasse. La nouvelle religion, en somme. Et c’est le cas d’Émilie Tesson-Hansen, l’une des responsables, dans une très grosse entreprise, de ce qu’on a rebaptisé « ressources humaines », le service qui naguère était banalement – mais plus justement – nommé « direction du personnel ». Rappelons que cette imposture, que tout le monde a gobée, a été implicitement condamnée en 1999 par Laurent Cantet, grand cinéaste, via son film Ressources humaines.
Cette femme, qui est glacée comme une banquise, a refusé toutes les demandes d’entretien d’un contrôleur de gestion, employé de sa firme, qui a été classé par elle dans la catégorie « en mobilité », ce qui, traduit en bon français, signifie qu’il a été mis au placard, car il déplaisait. Pour se faire entendre, il la suit dans la rue, jusqu’à ce que, excédée, elle lui dise en face qu’elle ne le recevra jamais et que chacun souhaite son départ. En fait, cet employé était poussé à la démission, ce qui économiserait les frais de licenciement et un procès devant les prud’hommes, que sans doute il aurait gagné. Résultat, il se suicide.
Une enquête s’ouvre, conduite par une inspectrice du travail, ce qui va conduire la coupable à modifier ses choix et à prendre parti contre sa direction – ce à quoi on ne croit qu’à moitié –, jusqu’à refuser une flatteuse promotion, mais... à New York, loin des lois françaises.
On sait que ces mœurs inhumaines sont d’actualité. L’année dernière, une infirmière de l’Hôpital Cochin, à Paris, s’est suicidée. Il y a deux ans, c’était un médecin de l’Hôpital Pompidou. Et à France Télécom devenue Orange, c’est par dizaines qu’on a dénombré les suicides d’employés harcelés, et son PDG avait ignoblement parlé d’une « mode du suicide ». ...
Le film se termine « bien », et c’est sans doute sa principale faiblesse, car on sait parfaitement que, dans la réalité, rien ne changera.
Réalisé par Jean-Stéphane Bron
Sorti aux États-Unis (New-York, Rendez-vous with French cinema) le 14 mars 2017
Sorti en France le 5 avril 2017
Un documentaire intéressant mais qui nous laisse sur notre faim. Car, d’une part, il ne donne aucune explication sur la démission de Benjamin Millepied, directeur de la danse, et qui a préféré retourner aux États-Unis, et, d’autre part, ne prend jamais la peine de donner l’identité des nombreux personnages que nous rencontrons (c’était trop compliqué, d’insérer des titres ?), pas même celle de ce jeune et très sympathique baryton russe (on ne retient que son prénom, Mikhail, mais lui préfère dire Micha), venu d’Orenbourg, au pied de l’Oral, et qui est engagé à Paris, quoique ne parlant pas un mot de français, mais qui a enthousiasmé public et critiques.
Au passage, vu le nombre de travailleurs employés dans les deux opéras de Paris, on comprend le prix exorbitant des places, qui rend à jamais inaccessible aux pauvres l’art lyrique. Quoi qu’on dise, cela restera toujours un spectacle élitiste.
Signalons tout de même que cette troupe de jeunes violonistes débutants qui massacrent la Septième Symphonie de Beethoven fournit un moment de comique involontaire, compte tenu des compliments immérités dont on les couvre !
Film à réserver aux amateurs d’opéra, évidemment, et à ceux que les coulisses de spectacles passionnent.
Réalisé par Lidia Terki
Sorti en France (Festival d’Angers) le 22 janvier 2017
Sorti en France le 29 mars 2017
Le titre fait indirectement au surnom attribué à la capitale algérienne, « Alger la blanche » – quoique un peu tiré par les cheveux, car cette ville n’est pas particulièrement blanche.
C’est une histoire très simple, plutôt tragique mais contée avec pudeur et simplicité, sans jouer du violon : Nour a quitté son pays pour aller travailler en France, dans le bâtiment, et n’est jamais revenu, depuis... quarante-huit ans ! Il s’est contenté d’envoyer des mandats par l’intermédiaire de son frère, ses enfants ont vieilli et sont devenus parents, mais il n’a jamais connu ses petits-enfants.
Puis, un jour, sa femme, âgée de soixante-dix ans à présent, en a assez. Elle décide d’aller à Paris pour le retrouver. L’ennui, c’est qu’elle ne connaît pas son adresse. La plus grande partie du film est donc consacrée à cette recherche, avec l’aide de quelques immigrés compatissants et d’une Française, assistante sociale. Recherche qui finit par aboutir : Nour vit dans une petite chambre d’une banlieue sinistre, aux abords d’un chantier bien qu’il ait pris sa retraite. Et, au bout d’une seule nuit à Paris (le brave homme n’a seulement jamais vu la Tour Eiffel !), il décide de ne pas suivre sa femme, qui donc repartira seule. Il la prie même de ne pas revenir, car il se sent devenu étranger au monde qu’il a quitté, et ces retrouvailles lui ont fait trop de mal.
Le film, court, n’insiste sur rien, et c’est une grande qualité, devenue bien rare.
Réalisé par Fabrice Du Welz
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 8 septembre 2016
Sortira en France le 12 mai 2017
Le réalisateur est belge, et fait ici, en anglais, le septième de ses films, dont un court-métrage. De lui, j’avais vu les calamiteux Calvaire, en 2005, et Vynian, en 2008. Eh bien, ce dernier film est tout aussi cradingue, violent, sadique, complaisant, et doit recevoir le même verdict : inutile de se déranger, voire à fuir.
J’ai gardé la majuscule au « King » du titre, non pas pour me conformer aux habitudes anglo-saxonnes de mettre des majuscules partout, mais parce que le personnage principal s’appelle King. Il arrive d’Afrique du Sud, et l’on apprend dans la dernière scène qu’il y est policier – curieux policier. Arrivé à Los Angeles pour y chercher sa sœur Bianca, qui a disparu, il apprendra d’abord qu’elle est morte et s’est auparavant prostituée, a quitté son amant, puis, peu avant la fin, qu’elle a vendu le jeune fils dudit amant à un pédophile, que King va exécuter. Entretemps, on aura subi une kyrielle d’excès : des policiers de Los Angeles arrêtant un automobiliste qui a oublié son permis de conduire, le passant à tabac et projetant de le tuer et de le jeter dans l’océan ; un dentiste réputé qui égorge l’homme qu’il faisait chanter ; un malfrat qui vit entouré de jeunes garçons, dont celui qu’il a acheté et qu’il prétend être heureux et mieux chez lui que dans la rue ; et diverses scènes de violences extrêmes, qui montrent bien à quoi s’intéresse en priorité le réalisateur, lequel confirme le déséquilibre mental qu’inquaient ses films précédents.
Réalisé par Stéphane De Freitas
Sorti en France (Festival de Valenciennes) le 14 mars 2016
Sorti en France le 12 avril 2017
La critique de cet excellent film est ICI.
Réalisé par Mike Mills
Sorti aux États-Unis (Festival de New York) le 8 octobre 2016
Sorti en France le 1er mars 2017
Film qui laisse perplexe, bourré qu’il est de situations dont on ne sait que penser, étant donné le comportement bizarre des femmes de cette histoire : une mère, Dorothea, à la fois indécise et pointilleuse, élevant seule Jamie, son fils de quinze ans, ne sachant trop comment faire et le confiant à deux autres femmes pas plus fiables ; une fille de dix-sept ans, Julie, qui couche avec des garçons depuis l’âge de quatorze ans, mais pas avec ce garçon, qu’elle rejoint pourtant souvent dans son lit, uniquement pour y parler ; une autre fille plus âgée, Abbie, artiste peintre qui se dit punk, mais sans talent, qui est sa locataire, et qui craint d’être enceinte car son médecin l’a informée que ce serait dangereux pour elle – personnage typiquement fabriqué selon les canons du roman ; et le garçon, normal, lui, mais qui ne sait plus sur quel pied danser. Par miracle, ces influences contradictoires ne parviennent pas à l’abîmer !
Réalisé par Gérard Jugnot
Sorti aux États-Unis (Festival de New York) le 8 octobre 2016
Sorti en France le 12 avril 2017
Les films de Gérard Jugnot sont généralement bien conçus et construits, mais celui-ci n’est qu’une demi-réussite, à cause de son scénario, perdu en chemin dans les conventions de la comédie qui tient absolument à faire oublier que le sujet était sérieux, voire tragique : un père, Loïc, apprend que le cœur de son fils mort accidentellement a été greffé sur un autre garçon, Hugo, et il veut par-dessus tout connaître ce garçon, afin de s’assurer qu’il était digne du cadeau. Or le récipiendaire ne l’est pas, c’est un jeune homme assez stupide et inconscient, dont les aspirations sont d’une médiocrité à faire hurler.
Naturellement, dès le début, on pressent qu’ils vont finalement s’apprécier, au point que, lorsque Loïc est victime d’une crise cardiaque et se retrouve à l’hôpital, on devine que le garçon étant allé le voir, interrogé par une infirmière qui lui demande s’il est de la famille du patient, répondra « C’est mon père ! ». Cette réplique, truc de scénariste-dialoguiste, on la voir venir bien avant qu’elle soit prononcée.
Et puis, la réussite soudaine de cette crêperie déserte où les deux hommes sont allés dîner, et qui fait fortune parce qu’Hugo s’est révélé un virtuose de la gastronomie alors qu’on l’a vu précédemment se nourrir de spaghettis au ketchup, laisse sceptique. Le truc des bons à rien qui subitement réussissent parce qu’ils sont doués pour la cuisine, cela a traîné partout, au cinéma comme à la télévision.
Et que l’acteur qui joue Hugo est peu attrayant ! Vincent Lacoste aurait été parfait.
Réalisé par Philippe de Chauveron
Sorti en France le 5 avril 2017
Alors qu’il vit très confortablement grâce à la fortune de sa femme, qui se pique d’être une artiste, le romancier Jean-Étienne Fougerole est ce qu’on appelle un « bobo », c’est-à-dire un membre de la gauche caviar, très donneuse de leçons d’humanisme, mais uniquement verbales. Or, mis au défi, dans une émission de télévision, de mettre ses actes en accord avec ses paroles, il donne imprudemment son adresse (en banlieue chic), et proclame qu’il est prêt à y accueillir une famille d’immigrés – des Roms, en l’occurrence. Le résultat ne se fait pas attendre : le soir même, une famille nombreuse fait irruption chez lui, il est coincé et doit mettre sa pelouse à sa disposition pour y installer leur caravane. Mais les « invités » ne vont pas en rester là.
Sur dix-sept journaux français ayant parlé du film, dix lui sont tombés dessus à bras, euh... raccourci, et les spectateurs de base ne sont pas plus indulgents. Seul, l’hebdomadaire de droite « Valeurs actuelles » en a profité pour faire un article (de trois pages !) attaquant les réactions hostiles... tout en reconnaissant que le film n’est pas bon.
En fait, je ne crois pas que les intentions des trois auteurs (les frères Chauveron et Guy Laurent) aient été malveillantes, ils sont simplement été maladroits, et ont oublié un principe pourtant simple : on peut faire rire en ridiculisant telle ou telle communauté, à condition d’équilibrer l’histoire et d’ouvrir un contre-feu. En d’autres termes, si vous montrez des gens de gauche qui trouvent toutes les raisons de se sentir gênés par des immigrés, il ne faut surtout pas en rajouter en montrant qu’en effet, ces immigrés sont imbuvables ! Ici, le racisme n’est pas en cause. D’autant moins quand on s’assure la collaboration de véritables Roms pour l’histoire et l’interprétation.
Bref, beaucoup de bruit pour rien.
Réalisé par Stéphane Robelin
Sorti en France (Festival de l’Alpe d’Huez) le 19 janvier 2017
Sorti en France le 12 avril 2017
Les clichés faisant des ravages, tout le monde a parlé d’un lien avec Cyrano de Bergerac, mais ce lien est très distendu, et la majorité du public ne fera pas le rapprochement.
Tout tourne autour de Pierre, âge de 79 ans, qui autrefois explora les volcans (sottise du dialoguiste, qui lui fait dire qu’il a été « VULcanologue », or aucun VOLcanologue n’emploierait ce terme, qui agaçait beauoup Haroun Tazieff). Retraité, adonné à la solitude et un peu misanthrope, il ne sort jamais de chez lui, comptant sur sa sœur pour le ravitailler. Or, pour le dégourdir, elle lui envoie l’amant de sa fille, afin qu’il lui enseigne un peu l’informatique (ici, publicité envahissante pour Apple, car elle lui a offert un MacBook Pro, l’un des appareils les plus chers du marché !).
Bien entendu, comme ce n’est plus de son âge, la logique de cinéma exige qu’il explore les sites dits « de rencontre », et qu’il fournisse une fausse identité à une fille qui lui a plu. Puis, à titre de test, son professeur d’informatique est sommé par lui de se rendre au rendez-vous qu’elle lui a donné, à Bruxelles.
Cette première partie est assez enlevée, mais la suite gâche tout, surtout à partir du moment où la dulcinée potentielle vient rendre visite à son amant, le jeune professeur d’informatique. Là se situe une scène très vulgaire de massage qui, entendu depuis le salon voisin, passe pour une copulation. Et comme la situation est devenue inextricable, le réalisateur-scénariste se dégonfle et invente pour Pierre une femme de son âge, qui prendra la succession de la jeune, et tous sont satisfaits, chacun de son côté. Évidemment, on ne croit pas une demi-seconde à la transfiguration de ce vieillard devenu une sorte de gandin.
Le seul avantage de ce film est la présence de Pierre Richard, qui parviendrait à sauver n’importe quel scénario : il l’a prouvé avec ses propres films !
Réalisé par Dominique Farrugia
Sorti en France (Festival de l’Alpe d’Huez) le 19 janvier 2017
Sorti en France le 19 avril 2017
On raconte, même si ce n’est pas vraiment vérifiable, que de plus en plus de couples divorcés sont contraints, pour des raisons économiques, de continuer à vivre dans le même appartement. C’est donc le cas d’Yvan et de Delphine, qui ne se supportent plus (en fait, c’est elle, surtout, qui ne supporte plus un ex-mari-cossard et irresponsable, qui rappelle beaucoup le personnage d’Hal dans le feuilleton Malcolm in the middle). Or leur appartement a été acheté en copropriété – 80 % par elle et 20 % par lui. Fauché et sans travail, Yvan exige sa part du logement, mais Delphine le rationne : il n’aura que 20 % de tout, y compris du réfrigérateur.
Ce contrat très caricatural et invraisemblable est surtout la source de dialogues vachards, où leurs deux enfants, plus raisonnables que leurs parents, tiennent leur partie. Et l’on échappe à la fin optimiste qu’on pouvait craindre dès le début : non, les deux ex-époux ne se remettront pas ensemble !
Les acteurs s’en donnent à cœur joie, Louise Bourgoin dominant la distribution.
Réalisé par William Oldroyd
Titre original : Lady Macbeth
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 20 septembre 2016
Sorti en France le 12 avril 2017
Le titre de la distribution française, par sa banalité, passe à côté des intentions de l’auteur du film et de la nouvelle russe, La Lady Macbeth du district de Mtsensk, dont il provient. Il y avait eu un opéra en 1934 et un film d’Andrzej Wajda en 1961. Surtout, rien ne permet de déceler que cette Lady pourrait s’appeler Chatterley, ce qui apparaît dans la première partie, où une jeune femme, délaissée par son mari qui ne la touche jamais car il préfère se masturber en la contemplant nue et de dos, va très vite se consoler avec un palefrenier. Mais les crimes viennent ensuite.
Bref, l’histoire est transposée en Angleterre, dans un milieu très rigoriste et machiste : Katherine a été mariée à un propriétaire terrien qui a le double de son âge, Alexander Lester, dominé par son père Boris. Mais la jeune fille innocente va peu à peu se trasnformer en monstre, puisque, successivement, elle va tuer son père avec des champinons vénéneux, puis son mari d’un coup de fusil, et enfin, étouffer sous un coussin l’enfant que celui-ci a eu avec une femme noire, et qui, reconnu légalement, va hériter des propriétés de son père naturel et chatouiller la jalousie de son amant palefrenier.
La fin est parfaitement immorale : soupçonnée du meurtre de l’enfant, et alors même que l’amant complice les a dénoncés, elle accuse sa servante noire, qui payera pour les autres.
La mise en scène, due à un réalisateur venu du théâtre, est d’une sobriété glacée, qui renforce le propos, mais ne plaît pas à tout le monde.
Réalisé par Daniel Espinosa
Titre original : Life
Sorti aux États-Unis (Festival South by Southwest) le 18 mars 2017
Sorti en France le 19 avril 2017
C’est Alien en moins intéressant (aucun enjeu, sauf un suspense étiré sur une heure trois quarts), plus Gravity pour la technique, laquelle, en fin de compte, est la seule raison de voir ce film. Pour ne rien arranger, on n’a pas travaillé les personnages, qui n’offrent aucune raison de s’intéresser à eux, sauf dans la toute dernière partie, lorsque Jordan, l’un des deux survivants – sur les six – décide de se sacrifier pour sauver la cheffe de l’expédition, et la population de la Terre en prime. Hélas, cela rate, puisque l’ultime gag tragique fait que ladite cheffe est expédiée aux confins de l’univers, et que c’est son cadavre à lui qui revient sur Terre : c’est la seule idée du film.
Quant à l’alien, qui au départ intrigue par son aspect de méduse se faufilant partout, il grossit et finit par ressembler à tous les monstres des films d’horreur basiques, donc il n’intrigue plus du tout.
Et puis, quel vacarme en guise de musique !
Bref, le film entier est une erreur de conception.
Réalisé par Emmannuel Courcol
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 6 août 2016
Sorti en France le 19 avril 2017
Georges a connu les tranchées de la guerre de 14-18, et leurs horreurs. Démobilisé, il fuit la France et va vivre quatre ans en Afrique. À son retour au pays, il retrouve sa mère et son frère Marcel, traumatisé et qui ne parle plus.
Le film vaut par deux séquences : celle d’ouverture dans les tranchées, très bien réalisée, d’un réalisme qui ridiculise Les sentiers de la gloire de Kubrick, où les fameuses tranchées apparaissaient aussi propres et ordonnées que les couloirs du Ritz, et où les soldats français claquaient les talons et glapissaient « Yes Sir ! ». Et celle où Georges rembarre sa mère qui le rend responsable de n’avoir pas su protéger son frère, à la guerre, et lui donne sa description terrifiante de la vie dans les tranchées.
Pour le reste, bien qu’honorable, le film est trop long et s’égare dans une histoire sentimentale qui n’a aucun attrait.
Réalisé par Raúl Arévalo
Titre original : Tarde para la ira
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 6 août 2016
Sorti en France le 26 avril 2017
Tout est moche, dans ce film que tant de critiques, du « Canard enchaîné » à « Valeurs actuelles », ont estimé si bon. L’image est moche, les acteurs sont moches, les paysages et les décors sont moches, le sujet (une vengeance tardive) est rebattu, et les actes sont ultra-violents. Dire que les scénaristes ont mis dix ans pour écrire cette histoire, et le réalisateur, huit ans pour le tourner !
Seule qualité de ce film, il est court. Et comme tout est dit dans le titre, on peut se contenter de lire le synopsis, puis d’aller voir ailleurs.
Réalisé par Blandine Lenoir
Sorti en France le 26 avril 2017
D’un mari dont elle est séparée mais qu’elle voit de temps en temps, Aurore, qui atteint la cinquantaine, a eu deux filles, aujourd’hui adultes, l’une sur le point d’abandonner ses études afin de partir à l’étranger avec son amant, et l’autre, enceinte. Aurore elle-même est angoissée, car sa ménopause commence, et l’ami de jeunesse qu’elle vient de retrouver par hasard, un médecin, est tenté de renouer, mais il renonce car il a peur de s’engager.
Comme trop souvent au cinéma, la réalisatrice raconte sa vie, réelle ou imaginée, et le point de vue ne surprend pas : les hommes sont tous, soient des salauds, soit des lavettes !
Quelle différence avec les films produits à l’étranger, dans les pays arabes, anglophones, hispanisants, ou en Israël, qui en disent beaucoup plus, visent plus haut et sont plus originaux : revoyez plutôt Le procès de Viviane Amsalem ! Ici, on barbote dans la banalité quotidienne.
À signaler un très long plan d’une femme dans une baignoire, enceinte et nue, qu’on peut estimer superflu, et que la ville de La Rochelle est très mal filmée.
Le scénario est co-signé par Jean-Luc Gaget qui écrivait ceux de Sólveig Aspach, aujourd'hui décédée. Hélas, pour une fois, il déçoit.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.