Œuvres citées (en italique, autres que des films) : Elephant – Bowling for Columbine – Hair – Hair – Godspel – Jésus-Christ superstar – Les sentiments – Les parapluies de Cherbourg – L’empire des sens – Ai no korîda – La folie des grandeurs – L’homme du train – Les marins perdus – Mata Hari – Le guépard – Souviens-toi de moi – Ricordati di me – Novecento – Nos meilleures années – Michel Vaillant – Romance – Autant en emporte le vent – American history X – Pas sur la bouche – Le monde de Nemo – Finding Nemo – Monsters – Psychose – The shining – Fame – Robinson ou les limbes du Pacifique
Personnes citées : Gus Van Sant – Michael Moore – Woody Allen – Danièle Heymann – Michel Ciment – Alain Riou – Milos Forman – Noémie Lvovsky – Jean-Pierre Bacri – Isabelle Carré – Melvil Poupaud – Gus Van Sant – Alice Sapritch – Patrice Leconte – Alain Delon – Vanessa Paradis – Claire Devers – Bernard Giraudeau – Marie Trintignant – Miki Manojlovic – Sergio Peris-Mencheta – Giuliano Gemma – Gabriele Muccino – Elsa Morante – Monica Bellucci – Claude Sarraute – Bernardo Bertolucci – Peter Fondu – Louis-Pascal Couvelaire – Luc Besson – Sagamore Stévenin – Catherine Breillat – Tony Kaye – Sergio Leone – John Ford – Jesse James – Wyatt Earl – Billy le Kid – Robert Redford – Paul Newman – David O. Selznick – Alain Resnais – André Dussollier – Daniel Prévost – Darry Cowl – Pierre Arditi – Sabine Azéma – Jalil Lespert – Laurent Baffie – Jean Rochefort – Gene Anthony Ray – Michel Tournier – Alain Delon
Le masque et la plume : soit dit en passant, et comme d’habitude, quelqu’un a fait, à propos d’Elephant, la remarque que j’avais écrite ici, à savoir, qu’on ne regarde ce film – plutôt morne et peuplé de personnages incolores – que pour la raison qu’on sait d’avance qu’il va y avoir un massacre. De sorte que l’histoire ne tient que parce que les journaux et radio-télés en ont parlé. Vous parlez d’une béquille ! Imaginez la situation dans trente ou cinquante ans, lorsque tout le monde aura oublié la tuerie du lycée de Columbine : est-ce que le film intéressera encore quelqu’un ?
Michael Moore n’a pas fait un documentaire avec Bowling for Columbine. Il n’est pas un documentariste. Moore est un militant politique, il fait des films polémiques, et il a mis au point une méthode et un style pour ridiculiser ses cibles, ce qui fait de lui un auteur. Qu’il prenne parti et ne dise pas tout, c’est bien possible, mais ce n’est pas ça qui rend son travail simpliste. Ou alors, tous les éditorialistes sont simplistes.
Le fait d’être connu parce qu’on parle dans le poste doit rendre arrogant. Il y a un critique littéraire de cette émission, Le masque et la plume, qui se vante constamment de ne pas lire les livres qu’il doit critiquer. En ce qui concerne les films et l’émission d’hier soir, ça frisait le ridicule, puisque un autre critique, tout en affirmant être parti au bout d’une demi-heure, n’en a pas moins énuméré les défauts du dernier film de Woody Allen, tout comme s’il l’avait vu in extenso ! Il a rapporté les conversations du café d’en face ? Ce critique a déclaré qu’il avait été agacé par le film de Woody Allen « dès le générique », donc avant de voir la moindre image, parce qu’il entendait de la musique de jazz et qu’il voyait les titres en lettres blanches (caractères Windsor, pour les amateurs), sur fond noir, comme d’habitude ; ce qui PROUVAIT que Woody ne se renouvelait pas. Ça c’est un argument, coco ! On pourrait également, dans cet esprit, boycotter les livres de la collection blanche de Gallimard, puisqu’ils ont tous la même couverture. Moi, c’est pareil, quand j’écoute Le masque et la plume, je suis agacé dès le générique, lorsque j’entends le nom de certains qui y participent.
Triste à dire, mais Danièle Heymann, Michel Ciment et Alain Riou, les seuls bons critiques du Masque, ont tous les trois dépassé soixante ans. Les autres ne savent rien, sinon ouvrir leur grande gueule. Plus j’écoute ces charlots, plus je place haut Michel Ciment, l’intelligence et la courtoisie incarnée. En voilà un qui se dispense de dire des conneries devant les micros, et c’est de plus en plus rare. Il y a des jours où je me dis que les gens devraient payer pour avoir l’honneur de s’exprimer à la radio.
Réalisé par Milos Forman
Sorti aux États-Unis le 14 mars 1979
Ressortie en France prévue le 23 juin 2004
Hair a été la meilleure comédie musicale de la fin des années soixante, et a obtenu beaucoup plus de succès que Godspel ou Jésus-Christ superstar. Mais c’était dans l’air du temps, et ça ne marche plus aujourd’hui, car les jeunes sont dépolitisés. À ce moment-là, on était en pleine guerre du Vietnam et dans le mouvement hippie. Il y avait une vraie solidarité, un véritable engagement de la jeune génération. Hair, comme spectacle, fonctionnait beaucoup sur la connivence entre les acteurs et les spectateurs. À la fin, le public était invité à monter sur la scène pour danser avec les comédiens.
Le film Hair, de Milos Forman, est lamentable. La musique a été « enjolivée », la troupe des vingt-cinq hippies a été réduite à quatre, les danses sont filmées en gros-plans de visages (!), un massacre. Bien entendu, il n’y a plus de scènes de nu, mais ça, c’est un détail.
Réalisé par Noémie Lvovsky
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 1er septembre 2003
Sorti en France le 5 novembre 2003
J’ai failli classer Les sentiments dans la catégorie des films à voir absolument. Finalement, « À voir » suffira, car l’intérêt baisse un peu quand les choses tournent au mini-drame. On apprécie surtout Jean-Pierre Bacri. Isabelle Carré est charmante. Melvil Poupaud reste très en retrait. Si vous allez voir le film, vous noterez qu’on n’a pas pleuré sur la couleur : on se croirait dans Les parapluies de Cherbourg. Quand on déteste le réalisme au cinéma, on est servi.
On interroge Gus Van Sant : « Comment réussissez-vous à faire progresser la tension dans Elephant en montrant une journée qu’on pourrait penser comme les autres ? »
Réponse du réalisateur, en forme d’enfonçage de porte ouverte : « Le spectateur se doute [tu parles !], même s’il a peu d’information [les journaux ne parlent que de ça], que l’histoire porte en elle une certaine violence et qu’il va se passer quelque chose. [...] J’ai cependant montré deux ou trois détails qui la suggèrent, par exemple lorsque les garçons reçoivent le fusil par la poste. »
C’est sûr qu’à ce stade de l’histoire, et avec un « détail » aussi discret, si le spectateur n’a pas compris, il est mûr pour s’inscrire comme militant de base à l’UMP !
Réalisé par Nagisa Oshima
Titre original : Ai no korîda
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 1976
Sorti en France le 15 septembre 1976
L’empire des sens, film très coté parce que pseudo-érotique, j’ai trouvé ça aussi excitant que le strip-tease d’Alice Sapritch dans La folie des grandeurs.
Réalisé par Patrice Leconte
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2002
Sorti en France le 2 octobre 2002
Patrice Leconte, qui a réalisé ce bon film qu’est L’homme du train, est très inégal, et il n’avait plus rien réussi depuis des années. Peut-être pour avoir accroché ses wagons à des locomotives douteuses, comme Alain Delon ou Vanessa Paradis. Je le connaissais de réputation, car il avait été dessinateur dans « Pilote » – un très mauvais dessinateur, et il le reconnaît lui-même.
Réalisé par Claire Devers
Sorti en France (Paris Cinéma) le 15 juillet 2003
Sorti en France le 12 novembre 2003
Vu Les marins perdus, un film tout à fait passable de Claire Devers. L’affiche met en avant Bernard Giraudeau et Marie Trintignant, mais les deux personnages essentiels sont incarnés par Miki Manojlovic et Sergio Peris-Mencheta. Ce dernier est un jeune Espagnol qu’on a vu samedi sur France 3, dans le téléfilm sur Mata-Hari. Il joue ici le rôle principal, celui d’un marin libanais ou turc, on ne sait pas, qui se fait tuer par le capitaine du bateau. Sa beauté rappelle celle de Giuliano Gemma, qui, il y a une trentaine d’années, faisait mourir d’amour tous les garçons du bassin méditerranéen (il jouait dans Le guépard, mais sa seule scène avait été bêtement coupée au montage dans certaines versions, dont celle qui passe à la télé tous les deux ans. Heureusement, sur la cassette que je possède, elle n’est pas coupée).
Demain, je verrai un film italien. Sur le front états-unien, tout est calme, il ne se passe strictement rien...
Réalisé par Gabriele Muccino
Titre original : Ricordati di me
Sorti en Italie le 11 février 2003
Sorti en France le 12 novembre 2003
Le film italien annoncé hier, Souviens-toi de moi, n’est pas terrible. Les personnages ne sont pas très intéressants, et les péripéties non plus. Il y a là le père et la mère quadragénaires, lui, qui a tenté de devenir écrivain, elle, qui réussit au théâtre, et les deux enfants, le fils de 19 ans, qui ne réussit rien, et la fille de 18 ans, dont l’ambition dans la vie est de « devenir une star », à la télé bien sûr. Elle parviendra, après beaucoup d’auditions et quelques coucheries, à se faire engager comme potiche dans une émission de jeu. La grande réussite, quoi ! Elsa Morante, dans le rôle de la mère, est plutôt belle. Monica Bellucci, qui joue la maîtresse épisodique du père, en dépit des affreuses pattes d’oie qui commencent à lui envahir les tempes, est encore potable, si le projectionniste veut bien de ne pas tomber dans l’excès de zèle en faisant le point. Bientôt, elle pourra jouer avec vraisemblance le rôle de Claude Sarraute.
Nos meilleures années est bien meilleur que le Novecento de Bertolucci qui passe en ce moment sur Arte. Le film de Bertolucci, non seulement est bourré d’outrances ridicules destinées à provoquer le scandale, mais il a cet autre défaut rédhibitoire de devenir de moins en moins intéressant tout au long du récit. Je l’ai vu en salle, puis en cassette quelque temps plus tard. Ça ne tient pas la route, c’est terriblement démodé.
Les grands esprits se rencontrent : le critique de cinéma de Ouï-FM, Peter Fondu, vient lui aussi de dire que dans Souviens-toi de moi, on voyait les rides de Monica Bellucci.
Réalisé par Louis-Pascal Couvelaire
Sorti au Japon (Festival de Tôkyô) le 8 novembre 2003
Sorti en France le 19 novembre 2003
Sortie de Michel Vaillant, une production de Luc Besson – à recommander chaudement, donc. L’interprète principal, Sagamore Stévenin, s’est ridiculisé définitivement en jouant dans Romance, le film crétin de Catherine Breillat. Comme il s’y faisait faire une fellation par sa partenaire dont tout le monde a oublié le nom, le public hilare avait pu vérifier que la demoiselle ne risquait pas une crampe à la mâchoire.
Je ne vois plus de western depuis pas mal de temps. En fait, depuis que j’ai vu des westerns italiens (dire que Sergio Leone a passé pour un GRAND réalisateur !). Mais ce qui existait auparavant, par exemple chez John Ford, était très bon. Je ne dis pas « conforme à la vérité historique » ! Les États-uniens, n’ayant pas d’Histoire, s’en sont créé une, complètement bidon, à partir de la ruée vers l’ouest. Ça n’avait rien de glorieux. Quant aux héros mythiques, les Jesse James, Wyatt Earl et autres Billy le Kid, c’étaient d’affreux bonshommes qui n’avaient rien à voir avec Robert Redford ou Paul Newman...
Notons au passage qu’Autant en emporte le vent, d’un auteur sudiste, est un roman raciste, et que la création du Ku-Klux-Klan y est montrée comme une réaction de défense des bons citoyens contre leurs ennemis noirs. Cet aspect a été gommé dans le film – Selznick, son producteur, n’était pas stupide –, et l’épisode où l’on voit les hommes qui gravitent autour de Scarlett se réunir mystérieusement la nuit pour on ne sait quelle activité, est beaucoup plus explicitement raconté dans le bouquin comme une expédition punitive du Klan naissant.
Mais bon, aujourd’hui, tout cela est oublié, et le racisme a complètement disparu.
Réalisé par Tony Kaye
Sorti aux États-Unis le 30 octobre 1998
Sorti en France le 3 mars 1999
Vu en différé le film passé cette nuit sur M6, American history X. On m’avait affirmé que ce film était excellent, et je n’ai vu qu’une bouse ignoble. Vous croyez que mon téléviseur est mal réglé ?
Comme ce n’est pas mon genre de critiquer, je me contente de vous demander, à vous, amis spécialistes des armes à feu, si un pistolet peut vraiment tirer vingt-quatre balles d’affilée avec un seul chargeur, comme on le voit dans la première séquence. Il m’est arrivé plusieurs fois de manipuler un pistolet, et je ne me souviens pas d’avoir vu un phénomène pareil.
C’est vachement bien imaginé, American history X : un néo-nazi va en taule à la suite d’un meurtre. Là, il est obligé de travailler avec un Noir. D’abord il fait la gueule, mais le Noir arrive à le faire rire. Scène suivante, ils parlent de sport, ce qui indique bien qu’ils sont devenus amis. Pourquoi on n’essaye pas de parler de sport avec les partisans de Le Pen ? Donc le néo-nazi devient anti-nazi. Alors, en représailles, les autres néo-nazis de la prison le violent dans les douches – scène qu’on voit venir dix minutes à l’avance. Puis il sort de taule. Après ça, son jeune frère qui était aussi néo-nazi se convertit à l’humanisme en dix minutes chrono, au récit que lui fait son frère aîné. Mais pas de pot, il va se faire assassiner... par un Noir, ce qui équilibre la balance. Je vous passe les autres péripéties. Le film s’achève par un beau coucher de soleil sur fond d’océan. C’est ça, la poésie.
La mode dans le cinéma français est à la bande-annonce d’auto-dérision. Pour Pas sur la bouche, André Dussollier débarque sur l’écran pour dire qu’il ne joue pas dans le film ! Effectivement, c’est étonnant, s’agissant d’un film d’Alain Resnais (il est abonné). En prime, petit air dégoûté pour mentionner que Daniel Prévost et Darry Cowl y jouent. En revanche, on n’échappera pas à Pierre Arditi et Sabine Azéma, qui sont là comme d’habitude. Moi, j’irai voir le film, mais uniquement pour Jalil Lespert.
Autre film, celui de Laurent Baffie. On vérifiera bientôt l’étendue de la catastrophe. La bande-annonce montre un tas de vedettes qui proclament qu’elles refusent de jouer dans le film et disent à Baffie de se démerder. Rochefort : « J’ai joué avec les plus grands, je ne vais pas, maintenant, jouer avec les plus petits ».
Réalisé par Andrew Stanton et Lee Unkrich
Titre original : Finding Nemo
Sorti aux États-Unis et au Canada le 30 mai 2003
Sorti en France le 26 novembre 2003
Finding Nemo est beau et drôle, beaucoup mieux que Monsters. Quelques allusions à des films célèbres, comme Psychose ou The shining. Et puis, ce n’est pas trop long.
Triste, Gene Anthony Ray est mort, il y a deux semaines, à 41 ans. C’est lui qui jouait le beau danseur noir dans Fame. Il s’était mis à picoler et à se droguer. On l’avait vu dans un téléfilm français d’après Michel Tournier, Robinson ou les limbes du Pacifique, où il jouait Vendredi. Alain Delon est toujours vivant, heureusement.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés
Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.