En jargon journalistique, écrire une « brève » consiste à relater un fait en un minimum de mots. Quant à commettre un spoiler, tout le monde sait de quoi il s’agit : dévoiler la fin d’un film qu’on est censé ne pas raconter. J’ai donné brièvement mon sentiment sur ce point dans ma critique de Mission : Impossible 2, mais je ne crois pas inutile d’y revenir ici, car plus on tape sur un clou, mieux il s’enfonce.
Pour ma part, cela ne me gêne nullement de connaître à l’avance la fin d’un film – et cela tombe bien, puisque j’ai collaboré à un autre site qui s’appelle justement La-Fin-du-Film –, car l’intérêt ne réside pas dans l’anecdote, mais dans la façon de conduire le récit ; de sorte que la surprise finale, si surprise il y a, n’est qu’un élément de ce récit, et pas le plus important. Alfred Hitchcock explique parfaitement, dans son interview-fleuve avec François Truffaut, la différence entre surprise et suspense, et justifie son parti pris de mettre toujours le spectateur au courant avant d’informer les personnages. Imaginez, dit-il, qu’une scène montre deux personnages en train de discuter. Il y a une bombe sous la table, ils l’ignorent, et le spectateur du film aussi. La bombe explose, c’est une surprise, et le spectateur bénéficie seulement de quelques secondes de spectacle. Modifions la donne, et faisons savoir au spectateur qu’une bombe est cachée sous la table, alors que les protagonistes l’ignorent toujours. Dès lors, la conversation entre eux devient beaucoup plus intéressante, parce que le spectateur attend l’événement, l’anticipe, participe désormais au récit, et que son instinct le pousse à houspiller les personnages : « Mais cessez donc de bavasser, faites quelque chose, ça va exploser, etc. ». Tout, alors, est beaucoup plus palpitant ; ce n’est plus une surprise, c’est du suspense.
Et nul ne peut ignorer que les jeunes enfants adorent s’entendre raconter des histoires qu’ils connaissent déjà ! Vous n’êtes plus un enfant ? Mais, dans ce cas, pourquoi revoyez-vous sans cesse les épisodes des séries télévisées que vous préférez ? Pourquoi écoutez-vous plusieurs fois, ou plusieurs dizaines de fois, des chansons que vous connaissez aussi bien que leurs interprètes ? Si la connaissance du dénouement d’un livre, d’un film, d’une pièce de théâtre en était l’élément capital, reverrait-on Le mariage de Figaro, Psychose, Certains l’aiment chaud, Le Cid ou Boeing-Boeing (selon les goûts), réécouterait-on Bohemian Rhapsody, la Neuvième Symphonie, Satisfaction ou La danse des canards (selon les goûts) ? Regarderait-on deux fois La ronde de nuit, le David de Michel-Ange... ou son (sa) petit(e) ami(e) ?
Bien, avec ce préambule, je vous ai suffisamment rasés. Commençons par les Brèves. Les spoilers viennent ensuite. Et signalons l’existence d’un site en langue anglaise, d’un genre un peu différent, qui résume les films avec deux ou trois répliques prétendument extraites du dialogue (en fait, c’est une blague).
Commode ne l’est guère, vu que son papa ne l’aimait point.
Une Loana que chacun dédaigne devient une brillante avocate et gagne un procès.
Leonardo DiCaprio : un acteur coule.
Elle est lesbienne et s’habille en garçon.
Parce que c’est un neuneu mais qu’il vit aux États-Unis, tout lui réussit.
Il s’achète une poupée grandeur nature, et, quoi d’étonnant ?, il est parfaitement heureux avec elle.
Deux sœurs négligent leur père âgé. La troisième, non. Elle est gentille.
Le crocodile est très gros et avale tout, même le scénario.
Tom Cruise fait de la moto.
De la culture du pléonasme chez les fabricants de titres français.
Homère donne l’occasion à George Clooney de se chatouiller pour se faire rire.
Si les andouilles volaient, les personnages principaux seraient chefs d’escadrille.
Le gynéco accouche d’une souris.
Au fond, Hannibal le cannibale est un brave type et ne manque pas de goût.
Un envoyé du Vatican peut tout.
Les jeunes Noirs du Bronx sont très gentils, et le basket mène à la littérature, comme chacun sait.
Il trimballe sa petite fille dans des tas d’endroits pas pour elle, et elle adore ça.
Il la saute. Dès qu’il s’intéresse à elle, elle le plaque.
Comment la misère et le catholicisme fanatique font, d’un brave ouvrier, un fasciste.
Deux étoiles et une éclipse.
Jeune et jolie, elle s’ennuie pourtant. Alors elle joue les dames patronesses. Comme lady Di, mais de gauche.
Leur fils meurt noyé. Le deuil est pénible, surtout pour le père psychanalyste.
Une histoire de ciseaux raccommode une famille.
Ils fêtent avec leur amis le sixième anniversaire de leur rencontre. Comme on est au cinéma, ça se termine mal : mort par overdose.
De la révélation d’une existence plus humaine lors de la poursuite d’une chimère.
L’histoire minutieuse (et authentique) d’un tueur fou, racontée avec une absolue honnêteté. Passionnant.
Après Beyond Rangoon, deuxième film sur fond politique pour John Boorman. Et deuxième plantage.
Nième avatar de Blair witch project, en moins fauché. Cette fois, ça se passe dans un trou. Un vrai, pas un village normand.
Danielle Mitterrand avait tort : Castro est une authentique ordure homophobe. Et elle, une écervelée, par conséquent.
Il croit aimer la mer et la navigation à voile. Il manquera de noyer toute sa famille.
Pour devenir roi, le Prince doit épouser la Princesse, mais elle préfère l’Ogre.
Il triche et se drogue, mais c’est le réalisateur qui perd les pédales.
Une citadine veut devenir fermière. Dur pour elle et pour le spectateur.
Johnny Depp vend de la drogue, ça marche bien, il est content. Après, il va en prison, c’est triste.
Son fils est gay. Elle intervient. Trois morts.
Comme dit le dialogue, « ne vous laissez pas abattre ».
Sept jeunes crétins en tuent un huitième, puis se renvoient mutuellement la responsabilité.
La potion magique suffit pour construire en trois mois un palais dans un désert. Pourquoi ne pas appliquer la méthode aux HLM de la Ville de Paris ?
Les dessous peu reluisants d’une école de comédiens. Les Belges ont osé ce qu’aucun Français ne se permettrait, tant cette profession en impose chez nous (bien à tort).
Peut-on parler d’un génocide sur le mode romanesque ? Doit-on n’en parler que via un documentaire ? Les deux semblent impossibles.
Un huis-clos dans une voiture qui en dit long sur ce qui se passe à l’extérieur. Du cinéma « expérimental » qui n’a rien de rébarbatif.
Démontre brillamment que vraisemblance et modernité ne sont pas indispensables pour faire un bon film.
Chassé-croisé dans Bordeaux après la débâcle de 1940 : comme d’habitude chez Rappeneau, volubilité, agitation et intrigue emberlificotée, sans la moindre émotion.
L’idée la plus bête de l’année : sous prétexte que l’héroïne est sourde, on sous-titre tous les dialogues audibles, mais pas les échanges en langage des signes. Malaise garanti... et procédé qui est le comble de l’artifice. La production se rattrape aux branches en prétendant hypocritement que c’est pour favoriser les spectateurs sourds. Ceux qui ne le sont pas n’ont plus qu’à se démerder.
Qualité britannique. Petite gêne pourtant avec les sous-titres de la version originale : chaque fois qu’on entend « Ernest » (ou « earnest »), on lit « Constant » (ou « constant »).
... Et le scénario est idiot.
Étend sur presque deux heures la scène la plus intéressante de I comme Icare, qui occupait trois minutes chez Verneuil.
Film « surréaliste » – pour qui ne connaît pas le sens de ce mot. Pour les autres, film le plus con de l’année.
Daniel Auteuil, José Garcia et un troisième larron sont tous amoureux de Sandrine Kiberlain. On ne voit ça qu’au cinéma.
Elle croit son mari enfui, alors qu’il est seulement mort. Elle refait sa vie. Heureusement, avec Kevin Costner. Malheureusement, sexagénaire.
La mère soupçonne son fils de se droguer. Elle s’y met aussi et devient zinzin.
On capture la bête, mais ce n’est pas la bonne, et les meurtres continuent.
Nicholas Cage est chargé de surveiller le jeune Navajo qui connaît les codes secrets, et de l’exécuter s’il vient à tomber aux mains de l’ennemi. Comme ils sont devenus amis, il en exécute un autre, puis lui-même meurt.
On ne voit rien, tout se passe la nuit, mais c’est filmé par les victimes.
On prend le même scénario et on recommence... en pire.
La plus jolie perd sa virginité, puis se fait assassiner avec sa mère. La plus moche se fait violer mais ne dit rien.
Les néo-nazis sont innocents, et l’assassin est la sœur jumelle de l’héroïne : elle voulait se venger.
Les portes claquent, mais ce n’est pas une comédie de Feydeau : Harrison Ford est le méchant.
Christian Bale incarne un yuppie, donc un tueur.
Bruce Willis est mort, mais il est le dernier à le savoir.
Bruce Willis est un personnage de BD, mais il est le dernier à le savoir.
Elle finit mal.
Dangereux d’aller en bateau quand il ne fait pas beau.
Un vieillard a envie de pisser mais il ne peut pas. Tout le monde l’encourage, et il y arrive.
Elle a une carte du FN, mais c’est pour pouvoir bouffer. Sinon, c’est une brave fille.
Depardieu tombe amoureux d’un gay prétendu qui lui a offert un pull.
Docu publicitaire pour FeDex. Le naufragé Tom Hanks revient des îles et se découvre cocu.
Luchini pique une crise, puis tout le monde prend le train.
Mel Gibson devine ce que disent de lui les femmes, et ça l’embête. Mais tout s’arrange.
Guillaume Canet se vante de connaître du beau monde, il connaîtra une vampire.
Elle devient vedette de ciné et laisse tomber son petit ami arabe.
Il devient vedette de la danse classique et ne laisse tomber personne.
Champion d’échecs névrosé, il se jette par la fenêtre. Sa femme termine le tournoi à sa place. C’est très courant.
Mistigri nippon : le seul moyen de ne pas être tué par la vidéo maudite, c’est d’en faire une copie et de la refiler à quelqu’un... qui mourra à votre place.
Davantage bourré de détails que le précédent japono-fauché, puisque plus friqué. Moins allusif. Pas plus explicite.
Quoique méchant et barbu, Keanu Reeves est innocent.
Candidate démocrate à la vice-présidence, elle est victime d’un chantage par les Républicains tous pourris. Mais le Président est plus malin, sinon il ne serait pas Président.
Fantômes sur Internet et suicides en série. Improbable catastrophe finale, afin de terminer sur un point d’orgue.
C’est la fille du FBI, chargée de l’enquête avec Morgan Freeman, qui a monté le coup de l’enlèvement.
Tueur professionnel, il tente de se repentir, et c’est pire qu’avant.
Engagé par le clone de Bill Gates, il découvre que son boss est plus filou que Billou, et le dénonce.
Deux gosses disgrâciés qui se bécotaient sont humiliés par de méchants copains. Des années plus tard, les copains se font trucider. Vengeance du garçon ? Non, c’était la fille.
Béatrice ne veut pas crever la Dalle, alors elle bouffe ses amants.
C’est Phil, son mari.
L’assassin mystérieux est Guillaume Canet, le journaliste. Depardieu le tue en l’empalant sur un miroir brisé. Vive Saint-Gobain !
« Et ta mère aussi »... je l’ai sautée. Après cet aveu, les deux garçons couchent ensemble, puis ils en ont honte et se séparent.
Ils cherchent Jésus et trouvent Amour, gloire et beauté.
Ceux qu’on croit vivants sont morts : Nicole Kidman, son mari, ses domestiques, ses enfants qu’elle a tués. Ceux qu’on prend pour des fantômes sont vivants : la famille qui veut acheter la maison.
Un prince de sang royal a fait une mésalliance. Le médecin de la reine massacre tous les témoins : c’est lui, Jack l’Éventreur.
Pour sauver l’humanité de l’entreprise des enfants extra-terrestres, le professeur doit les tuer tous en une seule fois. Et comme ils lisent dans ses pensées, il est obligé de se suicider avant qu’ils aient compris.
Pianiste dingue, il est sauvé par une astrologue.
Les révélations qu’entraîne l’annonce de son faux assassinat poussent le « mort » au suicide.
Avocate, elle défend son mari, accusé de crime de guerre. Elle gagne, mais il était coupable.
Tout le monde meurt, sauf le personnage de Cyrille Thouvenin. Ouf !
Il est dingue, donc il aura le prix Nobel.
Le néonazi qui a placé une bombe dans le stade rate son coup, et le monde est sauvé par un beau jeune homme, qui se fiance avec une belle jeune femme.
Flics, ils se font coffrer pour tenter de démasquer des ripoux. Comme toujours au cinéma, c’est justement la commissaire chargée de l’enquête qui dirigeait la bande.
Le titre définit parfaitement le film.
Le croirait-on ? À la fin, Mozart meurt.
Elle plonge dans la mer pour sauver son mari, et tous les deux se noient.
Médecin, la femme de Joe a disparu en Uruguay. Il s’y rend et y retrouve leur bébé.
Trop contente de ses films de cul, Catherine Breillat vous explique comment elle filme des bites en érection : c’est du plastique.
Les extraterrestres reviennent, hostiles. Mais on peut les occire en leur jetant un verre d’eau (bénite ?).
Histoire crédible : comment un ex-chauffeur de salle peut-il pousser au suicide le patron d’une chaîne de télé commerciale ? En lui réclamant une augmentation, bien sûr !
Et c’est le film qui se perd en chemin.
La vengeance d’un minable, qui se trompe de cible.
Tom Cruise joue les Sarkozy. Va-t-il s’alpaguer lui-même ? Non. Sarko le ferait, lui !
L’escroc devient chasseur d’escrocs au FBI. Le retour de Vidocq ?
Suzanne Flon a naguère échappé à la Justice malgré un crime qu’elle avait commis. Elle se rachète en avouant un crime qu’elle n’a pas commis.
Parce que son mari est homo, elle prend un Noir comme confident. Pas de quoi fouetter un chat ? Mais nous sommes en 1958, et le Noir doit quitter la ville.
Il a des « problèmes ». Un psy le soigne. Ensuite il va mieux.
Sur mes lèvres + Frankenstein + Shining = un fameux navet.
En vue de discréditer la peine de mort, elle fait passer son suicide pour un meurtre, en s’arrangeant pour faire condamner un innocent, d’ailleurs consentant. Tous deux comptent sur le scandale qui s’ensuivra. Moralité : les adversaires de la peine de mort sont des fanatiques prêts à tout.
Commissaire, elle recherche un homme qui pousse les femmes au suicide, mais il n’y a pas de serial lover. En revanche, elle, par sa dureté, provoquait le désespoir de ses amants.
Elle a trente ans, lui en a treize. Ils sont une aventure ensemble. Puis elle devient possessive, et il la laisse tomber. Le spectateur s’est lassé plus tôt.
Richard enfant a dénoncé pour meurtre le père de sa petite amie, et elle en est morte. Il se punit en devenant obèse et en restant vierge. Devenu commissaire, il oblige une suspecte à le regarder manger chaque soir. Mais elle était innocente. Il maigrit et elle se met à l’aimer.
Vraie sainte sur les neuf dixièmes du film, Nicole Kidman exige finalement de son père mafioso qu’il massacre toute la population de Dogville. Bon père, il s’exécute (aussi).
Le jour de son mariage, des tueurs massacrent toute la noce. Quatre ans plus tard, elle se venge, comme dans le film de Truffaut. Appât pour amorcer la suite : le bébé qu’elle attendait n’est pas mort.
Un flic enquête dans l’entourage de Meg Ryan. Ils couchent bientôt ensemble. Quand sa demi-sœur est assassinée, elle soupçonne son amant, le menotte et va tout raconter au copain du flic... qui s’avère être le véritable coupable !
Les monstres des bois n’existent pas, tout se passe à l’époque actuelle, les villageois sont des reclus volontaires qui voulaient fuir la société d’aujourd’hui... et n’ont rien révélé aux enfants nés ensuite.
Le mari ne s’est pas enfui avec sa secrétaire, il est mort pour être tombé dans un puits.
Sa maîtresse enceinte menace de tout dire à sa femme. Il la tue et ne se fait pas prendre.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.