Œuvres citées (en italiques, autres que des films de cinéma) : Par suite d’un arrêt de travail... – Diva – Made in Italy – L’homme que j’aime – Bella ciao – Les sept jours – Festen – Ma mère – Les demoiselles de Rochefort – My name is Hallam Foe – Hallam Foe – Rebecca – Billy Elliott – Bienvenue chez les Ch’tis – Une histoire italienne – Sanguepazzo – Nos meilleures années – Un monde à nous – Apocalypse now – Spartatouille – Meet the Spartans – 300 – Spiderman 3 – Rocky – Les proies – The beguiled – El rey de la montaña – Broken English – Two days in Paris – Before sunset – Soit je meurs, soit je vais mieux – Hancock – Orange mécanique – Le premier jour du reste de ta vie – C.R.A.Z.Y – La tourneuse de pages – Voyage au centre de la terre - 3D – Indiana Jones et le temple maudit – Jurassic Park – L’incroyable Hulk – La cité des hommes – La cité de Dieu – La cité des hommes – Palace II – Wall-E – 2001, Odyssée de l’espace – Hello Dolly
Personnes citées : Frédéric Andrei – Patrick Timsit – Charles Berling – Stéphane Giusti – François Mitterrand – Federico Fellini – Cesare Pavese – Gilbert Melki – Françoise Fabian – Emma de Caunes – Antoine de Caunes – Christophe Honoré – Bernard-Henry Lévy – Jacques Demy – Bernard Achour – Louis Garrel – Gene Kelly – Danielle Darrieux – Jamie Bell – Napoléon Bonaparte – Marco Tullio Giordana – Osvaldo Valenti – Luisa Ferida – Monica Bellucci – Luca Zingaretti – Danny DeVito – Sandro Pertini – Anton Balekdjian – Frédéric Balekdjian – Édouard Baer – Louis de Funès – Francis Ford Coppola – Jean-Claude Vandamme – Jason Friedberg – Aaron Seltzer – Gonzalo Lopez-Gallego – Don Siegel – Clint Eastwood – Gonzalo López-Gallego – Javier Gullón – Daniel Filipacchi – Alfred Hitchcock – Michelangelo Antonioni – Howard Hawks – Orson Welles – Jean Renoir – Coluche – Zoe R. Cassavetes – John Cassavetes – Bernadette Lafont – Melvil Poupaud – Julie Delpy – Richard Linklater – Laurence Ferreira Barbosa – Florence Thomassin – Émile Berling – François Civil – Peter Berg – Will Smith – Rémi Bezançon – Jacques Gamblin – Zabou Breitman – Roger Dumas – Marc-André Grondin – Pio Marmaï – Déborah François – Jean-Jacques Vanier – Jules Verne – Henry Levin – James Mason – Pat Boone – Louis Leterrier – Luc Besson – Youssef Chahine – Marlon Brando – John Travolta – Sylvester Stallone – Steven Spielberg – Paulo Morelli – Darlan Cunha – Douglas Silva – Sigourney Weaver – Gene Kelly
Réalisé par Frédéric Andrei
Sorti en France le 2 juillet 2008
Le réalisateur Frédéric Andrei est cet acteur qui jouait le jeune postier dans Diva, en 1981. Il signe cette comédie dont les dialogues sont souvent bons, et dont l’intrigue tient assez bien jusqu’aux deux-tiers du film ; ensuite, cela devient un peu trop sentimental, comme toujours dans les comédies.
La France est en grève, ce qui ne surprendra personne, sauf Sarkozy qui ne les voit pas, dit-il. Plus de trains ni d’avions, et Marc (Patrick Timsit), cadre dynamique quoique plus très jeune, doit impérativement être à Rome pour y signer un contrat qui va faire de lui un chef d’entreprise. Il prendra donc sa Mercedes pour y aller. On ne sait trop pourquoi, il invite Vincent Disse (Charles Berling) à lui tenir compagnie, croyant pouvoir se faire relayer au volant, en quoi il se fait de douces illusions. Il va donc leur arriver un tas d’aventures qui vont transformer la vision que Marc, plutôt du genre à clamer que les grévistes « prennent la France en otage », s’est faite du travail, des grèves, de l’entreprise et de la vie en général, ce qui fait beaucoup pour un voyage de vingt-quatre heures.
C’est la combinaison classique de deux types de film, le road movie et le buddy movie (film opposant deux personnages aux caractères opposés), et cela pourrait être lourd, ou banal, ou raté. Par chance, pour une fois, c’est réussi, et les deux acteurs sont excellents. Et puis, ce qui est dit sur le droit de grève et le rachat des entreprises par de grosses boîtes au bénéfice des fonds de pension yankees n’est pas indifférent.
Réalisé par Stéphane Giusti
Sorti en France le 2 juillet 2008
Stéphane Giusti n’a jamais retrouvé l’inspiration du téléfilm qui l’a fait connaître, L’homme que j’aime (en 1997), une histoire d’amour homosexuel entre un sidéen et un garçon qui se croyait sincèrement hétéro, bien à tort comme souvent. Son précédent long métrage, Bella ciao, en 2001, déjà inspiré par l’Italie, était raté : il tentait de décrire en cent minutes l’histoire de quatre générations d’Italiens émigrés en France, et les bourdes n’y manquaient pas.
Ici, dès la première minute, on sait que le film sera loupé, avec cette scène où, dans un embouteillage, automobilistes et cyclistes se mettent à chanter une rengaine sirupeuse en italien, tout en se dandinant sur place en guise de chorégraphie. Comme pastiche de comédie musicale, on a vu mieux : c’est lourd, long, ridicule, non moins que la scène du cercueil baladeur, plus tard dans le récit.
L’histoire : Luca, fils d’un Italien qui avait épousé une danseuse française, vit en France depuis ses dix ans, et il est devenu un écrivain talentueux mais improductif. La mort de son père lui donne l’occasion de retourner à Turin, où se sont déplacées, pour les obsèques, pas moins de... quatre veuves et une maîtresse du défunt. Enfoncé, Mitterrand ! On se doute que tout ce petit monde va se déchirer, surtout parce que le mort, coureur sympathique mais panier percé, n’a laissé que des dettes.
Mais les personnages sont schématiques, et les péripéties, sans grand intérêt. On sent bien que Giusti a fait son film uniquement pour placer la phrase clé : en Italie comme en France, nous sommes devenus voleurs, égoïstes et grossiers. Quant à l’Italie, où plus personne (prétend-il) ne sait qui étaient Fellini ou Pavese, elle ne laissera au monde... que la pizza, puisque même les Chinois en mangent ! On voit que tout cela ne vole pas très haut. Le réalisateur devrait s’offrir les services d’un bon scénariste.
Gilbert Melki sauve le film, ainsi que Françoise Fabian, toujours impériale.
Réalisé par Ronit Elkabetz et Shlomi Elkabetz
Titre original : Shiva
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2008
Sorti en France le 2 juillet 2008
Israël, en 1991. Maurice est mort, et toute sa famille – pléthorique – est contrainte de se réunir pendant sept jours dans sa maison, selon un rite très strict : tout le monde doit dormir et manger dans la même salle commune, et les interdits, alimentaires et vestimentaires, sont multiples.
Passés les premiers instants de curiosité face à une communauté vouée à des obligations qui nous paraissent bizarres, voire absurdes si nous ne sommes pas juifs, l’agacement vient très vite, car le film s’avère être un gigantesque règlement de comptes à la Festen entre frères et belles-sœurs (mais sans l’intensité dramatique de Festen, ni le sérieux du prétexte), et l’on est assez vite irrité par le fait que tous les conflits ou presque se ramènent à des questions d’argent. On voudrait alimenter les préjugés habituels sur les Juifs qu’on n’agirait pas autrement.
Le film est presque entièrement en huis-clos, et l’on ne sort de la maison que pour la scène finale du cimetière. La plupart des scènes réunissent entre douze et quinze personnes, et la direction d’acteurs doit avoir été la principale difficulté de l’entreprise, assez artificielle en définitive, car tout est forcé, donc l’on s’attend sans cesse à une nouvelle horreur familiale. De tout cela, il ne reste quasiment rien après la projection.
Cette starlette, fils d’un ancien animateur de télé qui a eu grand tort de vouloir être réalisateur de cinéma (trois films, trois navets), mariée à un chanteur en perte de vitesse, qui n’a décroché de rôles qu’auprès de Christophe Honoré (toute la France rigole encore de Ma mère, production de BHL qu’il a réalisée), et qui en est réduite à présenter une émission très périodique à la télé, vient de donner son avis autorisé sur Jacques Demy.
Interrogée par Bernard Achour, le Peter Fondu de Ouï-FM, qui lui demandait quel chef-d’œuvre la gonflait particulièrement, elle a répondu que c’était Les demoiselles de Rochefort, et qu’elle n’aimait aucun des films de Jacques Demy.
C’est ben vrai, ça, Christophe Honoré, c’est tellement mieux ! Et Louis Garrel est un partenaire d’un tel prestige, qu’il laisse loin derrière lui Gene Kelly et Danielle Darrieux !
Réalisé par David MacKenzie
Titre original : Hallam Foe
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 16 février 2007
Sorti en France le 9 juillet 2008
Étrange complication née du cerveau torturé des distributeurs, le titre d’origine est simplement Hallam Foe ! C’est ce qu’on appelle un titre français.
Hallam Foe, qui va sur ses dix-huit ans, vit dans un vaste domaine, en Écosse, avec son père et sa belle-mère Verity – qu’il hait, parce qu’il pense qu’elle a tué sa mère en la noyant ! Pas mal déboussolé, il est devenu voyeur. Pour ne rien arranger, alors qu’il était vierge, sa belle-mère couche avec lui... Son père, qui du reste ignore ce dernier détail, l’incite à quitter le foyer familial, et il se rend à Édimbourg, où il se fait engager comme garçon de cuisine dans un hôtel, le Saint-Christopher’s Inn, par une fille, Kate, qu’il a suivie dans la rue parce qu’elle ressemble à sa mère défunte. Bientôt, il passe bagagiste, tombe amoureux de la fille, couche avec elle, mais voit son père le relancer, pour deux raisons : il a dénoncé sa belle-mère à la police, et le père a besoin de sa signature pour vendre une partie de leur domaine – faveur qu’il lui refuse. Furieuse, la belle-mère le raille : il est heureux de coucher avec le sosie de sa mère ?
Pour lui faire payer cela et le reste, Hallam tente à son tour de la noyer, se ravise, et le père s’explique enfin : la mère d’Hallam s’est suicidée en absorbant des somnifères, et le père en a été soulagé à cause de la guerre incessante qu’elle lui faisait. Un peu la situation de Rebecca.
Délivré, Hallam retourne en ville. Il ne reprend pas son aventure avec Kate, assez volage et qui l’a remplacé, mais il trouvera bien quelqu’un d’autre !
Ce scénario assez extravagant est soutenu surtout par son interprète, le jeune Jamie Bell, bien loin de son personnage de Billy Elliott. Il n’est pas à proprement parler un garçon séduisant, mais c’est finalement un bon comédien.
Ainsi donc, il suffit de signer un film médiocre et à la limite de l’idiotie pour être fait chevalier de la Légion d’Honneur, sous réserve d’avoir gagné ainsi beaucoup d’argent.
C’est étrange. La Légion d’Honneur a été instituée par Bonaparte (pas encore empereur), le 19 mai 1802, pour récompenser les mérites éminents, acquis par des services, civils ou militaires, rendus au pays.
Bienvenue chez les Ch’tis constitue donc un service civil rendu à la France, qui fait de son auteur un homme au mérite éminent.
CQFD.
Réalisé par Marco Tullio Giordana
Titre original : Sanguepazzo
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2008
Sorti en France le 9 juillet 2008
Pour de l’édulcoration, c’est de l’édulcoration ! Le titre original, Sanguepazzo, est beaucoup plus rude, puisqu’il signifie « le goût du sang ».
Le réalisateur Marco Tullio Giordana s’est fait une réputation flatteuse avec Nos meilleures années, en 2003, or il procède ici au rebours de ce qui a fait son succès : au lieu de prendre des personnages fictifs, donc anonymes, une famille bourgeoise en l’occurrence, et d’insérer leur histoire dans celle de l’Italie sur une trentaine d’années, il choisit pour ce film deux personnages réels, les acteurs de cinéma Osvaldo Valenti et Luisa Ferida, pour conter l’histoire beaucoup plus courte de la fin du fascisme mussolinien.
L’ennui est que ces deux personnages ne sont pas intéressants, et que leurs aventures, un tantinet sordides, ne retiennent pas longtemps l’attention du spectateur. Est-ce dû aux acteurs choisis, Monica Bellucci, dont le style est très loin de celui des actrices de cette époque, et Luca Zingaretti, fort peu charismatique et qui a le grand tort de ressembler un peu trop à Danny DeVito ?
Bref, c’est long (deux heures et vingt-huit minutes, soit une heure de trop), pas complètement dénué d’intérêt néanmoins si l’on connaît bien l’histoire de l’Italie, mais révélateur : Giordana est-il un si bon auteur qu’on l’avait cru ?
Un détail qui n’est pas dans le film : l’un des chefs des partisans qui ont ordonné l’exécution du couple d’acteurs le 30 avril 1945 à Milan – sans aucun procès, or Luisa Ferida n’avait apparemment rien à se reprocher, et elle était enceinte au moment de son exécution – s’appelait Sandro Pertini... et il est devenu président de la République italienne entre 1978 et 1985 ! Les exécutions sommaires, sans jugement et dans le dos, ça mène à tout.
Réalisé par Frédéric Balekdjian
Sorti en France le 16 juillet 2008
La caméra ne quitte guère le jeune garçon, interprété par Anton Balekdjian. Comme le réalisateur s’appelle Frédéric Balekdjian, on peut penser que l’enfant est de sa famille, ce qui explique bien des choses, le cinéma, plus encore que la politique sarkozyenne, étant le domaine incontesté du népotisme. Dommage, car il eût mieux valu un autre interprète plus expressif. On en connaît, même en France.
Cela mis à part, plusieurs raisons d’éviter ce film. D’abord, et surtout au début, on abuse du gros plan. Tout le monde sait que le gros plan doit être employé avec parcimonie, et qu’on doit s’en servir quand il est capital d’observer sur le visage des acteurs la montée d’une émotion. Or Édouard Baer, contrairement à ce que va écrire la presse tout entière, n’exprime à peu près rien, et n’a choisi ce rôle que pour une seule raison, toujours la même, montrer qu’un fantaisiste peut émouvoir : ils sont presque tous tombés dans ce travers, sauf Louis de Funès.
Ensuite, le scénario hésite entre deux thèses : soit le père dit la vérité, il fuit réellement ses anciens copains mercenaires qui veulent l’abattre (après avoir provoqué la mort de son épouse) parce qu’il en sait trop sur eux ; soit il a lui-même provoqué l’accident qui a coûté la vie de sa femme, et le chagrin l’a rendu paranoïaque, le poussant à fuir sans cesse des assassins imaginaires en entraînant son fils dans sa fuite. L’ennui est que les auteurs n’ont pas su ou voulu choisir, et proposent les deux versions dans une scène où les assassins vrais ou supposés sont réellement montrés, ce qui, outre l’énorme boulette, est l’indice d’un travers dans lequel chutent un nombre incalculable de réalisateurs indécis : souvenez-vous de Coppola filmant deux fins pour Apocalypse now.
Bref, il ne reste de valable que les rares scènes où le père fait subir à son fils de dix ans un entraînement de commando pour qu’il sache se défendre – entraînement efficace, puisque, agressé par trois copains de classe qui veulent lui faire boire l’eau des chiottes, il les ratatine tous les trois en deux secondes chrono. Jean-Claude Vandamme n’a qu’à bien se tenir.
Réalisé par Jason Friedberg et Aaron Seltzer
Titre original : Meet the Spartans
Sorti en Nouvelle-Zélande le 25 janvier 2008
Sorti en France le 16 juillet 2008
Comme le dit le dialogue du film lui-même, « une parodie bon marché de 300 ». En fait, fauché comme rarement on l’a vu (les armées grecque et perse comptent chacune... une douzaine de soldats !), le film est un foutage de gueule manifeste. Du film précité, bien sûr, et de quelques autres, Spiderman 3, Rocky, etc. ; mais aussi du spectateur. Témoin ce détail : sur une durée totale de quatre-vingt minutes, l’histoire s’arrête au bout de soixante-trois minutes, le reste étant occupé par DEUX génériques de fin, encadrant quatre minutes de « scènes coupées », qui du coup ne le sont plus !
C’est moche, débile, potache, bourré de plaisanteries sexuelles – ce qui n’est pas un reproche –, et on n’a guère l’occasion de rire. Sorti aujourd’hui dans des placards à balais, on lui prédit à tout casser deux semaines d’exclusivité.
Réalisé par Gonzalo Lopez-Gallego
Titre original : El rey de la montaña
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 8 septembre 2008
Sorti en France le 16 juillet 2008
Bizarrement, ce film espagnol n’est pas encore sorti en Espagne, il n’y sortira que le 10 septembre. Son titre français, « Les proies », a déjà été employé en 1971 pour un film de Don Siegel avec Clint Eastwood, The beguiled, mais son vrai titre, traduit en français, est « Le roi de la montagne », et on vous dit plus loin pourquoi il s’intitule ainsi.
À bord de sa voiture, Quim, à qui Bea vient de voler son portefeuille dans une station-service, est pris pour cible par on ne sait qui, et sa carrosserie est percée d’une balle tirée depuis une hauteur. Blessé à la jambe, il s’enfuit, mais on le poursuit pour le canarder. Sur la route, il renverse et tue un type qui le visait avec un fusil. Plus loin, il tombe en panne, continue à pied, puis retrouve Bea, qui a son propre véhicule. Impossible de joindre la police avec un téléphone mobile : pas de réseau. Repassant devant sa voiture, il la voit criblée d’impacts de balle et inutilisable. Mais la chasse continue, et cette fois ils sont deux dans le rôle du gibier. Cherchant à manger dans un restaurant abandonné, ils sont arrêtés par deux policiers de la route parce qu’ils sont entrés par effraction dans le restaurant et n’ont pas de papiers, mais les policiers se font tuer, toujours de la même façon, à longue distance et à coups de fusil, le tueur restant invisible. Bientôt, en plein bois, Quim et Bea tombent dans une excavation, dont Quim parvient à sortir, mais pas Bea, qui est tuée pendant qu’il va chercher du secours.
Jusque là, c’est parfait, on a un film fantastique parfaitement conçu, puisque rien n’est expliqué. L’ennui est qu’après la mort de Bea, le réalisateur Gonzalo López-Gallego et son co-scénariste Javier Gullón abandonnent le point de vue des victimes pour adopter celui des tueurs, et cela flanque le film par terre une demi-heure avant la fin, car le mystère est éclairci et l’histoire n’a plus rien de fantastique : les tueurs étaient deux très jeunes garçons, deux frères de quatorze et seize ans, qui jouaient à un jeu maléfique, « Le roi de la montagne », dans lequel on doit tirer sur des cibles vivantes ! Un lapin rapporte trois points, un cerf, six, un homme, sans doute beaucoup plus. Quim parvient à se débarrasser du plus jeune en le noyant dans un bassin, et l’aîné meurt d’un coup de fusil, sans qu’on sache si c’est un accident ou un suicide.
On voit assez bien à quoi tend cet épisode : une parabole sur la violence et la folie de notre époque. Mais la forme du film, excessivement réaliste, contredit le parti-pris de la fable. Et reste un mystère inexpliqué : qui était l’homme au fusil que Quim a écrasé au volant de sa voiture ?
Il faudrait donc partir avant le dénouement.
Par chance, la vie nous offre quelques occasions de rigoler. Autrefois, « Les Cahiers du Cinéma » étaient un journal très intellectuel et sérieux – ce qui ne va pas forcément ensemble –, sauf pendant la période où il appartint à Daniel Filipacchi, le créateur de « Salut les copains ! », et où l’on faisait pieusement le compte-rendu du dernier film de Johnny Hallyday, au « beau regard franc » (sic). Ce mensuel faisait ses couvertures sur Alfred Hitchcock, Howard Hawks ou Michelangelo Antonioni, quand ce n’était pas Orson Welles ou Jean Renoir.
Vu aujourd’hui dans un kiosque le dernier numéro des « Cahiers ». En couverture, une photo en pied de... Louis Garrel, avec ce beau titre : « Louis Garrel – Le grand entretien ». Ce petit acteur inexpressif mais facilement dénudable, et dont le côté pile a plus d’attrait que le côté face, qui de plus n’a joué que dans des navets, notamment l’illustrissime Ma mère (voir plus haut la notule sur Emma de Caunes), est promu vedette pour intello et « s’entretient » avec la Bible des cinéphiles, qui inventa la célèbre politique des auteurs. Je me marre, comme disait le cher Coluche.
Réalisé par Zoe R. Cassavetes
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) en janvier 2007
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2007
Sorti en France le 16 juillet 2008
On parlerait peu dans la presse de Zoe Cassavetes si elle n’était la fille de son père (John, pour les distraits). Son premier film est une bulle de savon. Il raconte l’histoire de Nora, une fille trentenaire qui travaille dans un hôtel de New York. Tâche : arranger les problèmes des V.I.P. qui ont tendance à jouer les emmerdeurs.
Son problème : elle ne peut pas garder un homme, et donc elle est un peu déprimée, ce qui la rend maladroite, et sa maladresse fait fuir les hommes. Cercle vicieux. Jusqu’au jour où elle rencontre un Français, Julien Durand, qui s’obstine à la courtiser en dépit d’une première soirée gâchée. Il dit tenir à elle, mais il doit repartir en France. Il lui donne donc son numéro de téléphone, et lorsque Nora comprend qu’elle l’aime, elle décide d’aller à Paris avec sa meilleure amie. Là, le scénario pédale un peu dans la choucroute, car les deux filles ont pour mission-prétexte de convoyer deux paquets « qui ne peuvent pas voyager par la Poste » ! Pourtant, on sait combien la Poste est fiable... L’un de ces paquets, confié à l’amie, est bourré de liasses de billets de banque ; l’autre, celui de Nora, qui doit être remis à une vieille dame (Bernadette Lafont), nous n’en saurons rien.
Nora ne retrouve pas Julien car elle a perdu son numéro de téléphone, et s’apprête à reprendre l’avion pour New York, car elle n’a plus d’argent. Mais, par la grâce du scénariste, en route pour l’aéroport, elle croise son amoureux dans le métro. On adore ces films où les choses arrivent, non parce qu’elles sont logiques, mais parce que le scénariste l’a voulu et qu’il avait besoin de créer des évènements pour dénouer son intrigue... Et que croyez-vous qu’elle fait, Nora ? Elle prend un air détaché, faisant celle qui est venue en vacances et repart contente de son séjour. Heureusement pour Cupidon, Julien s’obstine une fois de plus, la traîne dans un café et lui fait rater son avion. Ils vivront heureux et auront beaucoup d’enfants.
Cette histoire débilissime ne tient que par le portrait d’une fille névrosée. Quant au petit Français obstiné, on peut trouver horripilante l’interprétation de Melvil Poupaud, qui, toutes les dix secondes, tire d’une manière compulsive sur sa cigarette. Il n’y avait pas mieux, comme jeu de scène ? Dans le genre Yankee-à-Paris, on peut préférer Two days in Paris, de et avec Julie Delpy, ou Before sunset, de Richard Linklater, toujours avec Julie Delpy. Au moins, Paris et ceux qui le peuplent, Parisiens ou étrangers, y étaient bien filmés. Là, c’est du travail d’amateur.
Réalisé par Laurence Ferreira Barbosa
Sorti en France le 16 juillet 2008
Disposer de trois acteurs non dépourvus d’intérêt, les seuls qui justifient le visionnage du film, en l’occurrence Florence Thomassin dans le rôle de la mère, et les jeunes Émile Berling et François Civil dans ceux des deux garçons, et les employer dans une histoire pareille, c’est vraiment gâcher. Martial, qui est en seconde, reste seul avec sa mère parce que son père a quitté le foyer pour une autre femme, et tous deux ont déménagé pour un appartement plus petit, dans la banlieue est de Paris. Martial est, comme on dit, mal dans sa peau, ne se fait aucun ami parmi ses nouveaux camarades de classe, mais plutôt un ennemi, et n’a guère de relations qu’avec deux jumelles noires qui l’entraînent à faire des bêtises, comme de s’introduire chez autrui pour y chaparder. Sa mère, elle, est une virtuose de la maladresse, et Martial la rembarre souvent car elle l’agace.
Puis la mère décide de prendre quelques vacances avec un amant de rencontre, et laisse son fils seul avec quelques provisions. Cela tourne mal, car le garçon et les deux filles incendient le garage d’un ami de son père qui les a chassés de chez lui, où ils sont entrés encore une fois sans autorisation. Lorsque sa mère revient, Martial est arrêté par la police. Il n’a d’ailleurs pas l’air affolé de se voir coffrer.
Sans nécessité, les évènements s’additionnent, et la fin, ardemment souhaitée pourtant, se fait attendre. Encore une fois, c’est le type de film où le comportement des personnages, dépourvu de toute logique, n’obéit qu’à la fantaisie de la réalisatrice, genre qui est le comble de l’arbitraire. Un exemple : lorsque les flics viennent arrêter Martial, sa mère n’a que cette phrase, « Tout à l’heure dans le salon, tu étais mon petit garçon, à présent tu n’as plus besoin de ta mère ». Vraiment le genre de phrase que prononce une mère lorsque la police vient arrêter son fils incendiaire. Caractéristique du cinéma français, lequel intellectualise tout, parce que les réalisateurs français veulent tellement paraître intelligents...
Mais Martial ne paiera pas très cher son acte, car on le voit libre (et les deux jumelles aussi) juste après cette sentence inoubliable. Tiens ? L’incendie volontaire n’est plus un crime passible de la cour d’assises ?
Réalisé par Peter Berg
Sorti en France (première) le 16 juin 2008
Sorti au Canada le 1er juillet 2008
Sorti en France le 9 juillet 2008
Hancock, joué par Will Smith, c’est un Superman pas doué pour la com’ : il a les mêmes superpouvoirs, la même invincibilité, une force herculéenne, et il peut voler ; mais, revers de la médaille, il boit, ne se lave ni ne se rase, sauf parfois avec ses ongles (!), est grossier, n’a aucun égard pour son environnement. Par exemple, lorsqu’il atterrit quelque part, c’est soit sur le toit d’une bagnole à cent mille dollars que le propriétaire n’a plus qu’à envoyer à la casse, soit en pleine rue, et alors il faut refaire la chaussée. Quant à ses interventions contre les méchants, elle coûtent plus cher à la ville de Los Angeles que les méfaits des bandits arrêtés. De sorte que les habitants le pressent d’aller plutôt exercer ses talents à New York ! Tout ce début procède d’une bonne idée de scénario, et se trouve fort bien réalisé.
Heureusement, un brave type, Ray, à qui Hancock a sauvé la vie, veut lui renvoyer l’ascenseur en redorant son image. Ce qui tombe bien, car il est agent de publicité et vient de se faire mettre à la porte. Mais la femme de Ray, la très belle Mary, semble trouver Hancock très antipathique, ce que les manières du super-héros justifieraient amplement. Or il s’agit de tout autre chose, et là le scénario se gâte un peu, car on va bientôt verser dans le sentiment : Mary est aussi une super-héroïne (quoique cachée depuis qu’elle est mariée avec Ray), immortelle comme Hancock, et ils se connaissent depuis une éternité – ils se sont même aimés, jusqu’à ce que Hancock, à la suite d’une agression quatre-vingts ans auparavant, devienne amnésique !
Aux deux-tiers du film, Hancock perd ses super-pouvoirs et il est gravement blessé. Mais que le spectateur sensible se rassure : tout comme dans Orange mécanique, le héros redevient lui-même à la fin !
La réalisation abonde en effets de trucages numériques, mais là, ce n’est pas gênant, car nous sommes clairement dans la fantaisie, voire l’autodérision. Si le film n’est pas plus réussi, c’est par excès de sentimentalité, comme toujours.
En rédigeant ma notule sur Un monde à nous, il y a juste une semaine, je me suis retenu, par égard pour Édouard Baer, d’écrire que je prévoyais une relégation rapide de ce film dans un placard à balai. À la prochaine occasion, je serai moins aimable, car ce film a tenu cette seule semaine dans une grande salle des Halles, et il se trouve dès aujourd’hui relégué dans une petite salle du quatrième sous-sol, l’une de celles où la circulation du métro s’entend mieux que le dialogue des films. Le public, qui n’est pas allé voir ce navet, est encore plus cruel que votre (très humble) serviteur.
Réalisé par Rémi Bezançon
Sorti en France (Festival de Cabourg) le 13 juin 2008
Sorti en France le 23 juillet 2008
Ce titre un peu sybillin vient de la page du journal intime que commence Fleur le jour de son seizième anniversaire – que toute la famille a oublié de commémorer : elle estime que la fin de sa vie commence ce jour-là, un peu sinistre (pour elle).
Ne crions pas au miracle, mais, après Nés en 68, voilà le deuxième bon film français traitant de la vie d’une famille, sorti cette année. Néanmoins, ce n’est pas une vraie saga, car les personnages sont peu nombreux, guère plus d’une demi-douzaine, et leur histoire ne s’étale que sur une quinzaine d’années. La famille Duval comprend le père, excellemment joué par Jacques Gamblin, la mère (Zabou Breitman), le grand-père (le très bougon Roger Dumas), les deux fils, Raphaël (le lumineux Marc-André Grondin, qui jouait Zak dans C.R.A.Z.Y.) et Albert (Pio Marmaï), et leur sœur, Fleur, donc (Déborah François, qui fut la jeune pianiste revancharde dans La tourneuse de pages).
C’est à la fois profond, touchant, drôle, mouvementé, tragique (il y a deux décès, ceux du grand-père, puis du père) et jamais caricatural, nuancé au contraire, puisque chacun a tout à la fois tort et raison d’agir comme il le fait. Les péripéties ne sont pas surprenantes, et peuvent survenir dans toutes les familles ; peu importe, la façon de les présenter seule compte. L’unique point faible est la musique, parfois banale et trop insistante. En compensation, quelques bons rôles de second plan, par exemple celui de Jean-Jacques Vanier, en rouquin de comédie, dans un épisode hilarant.
Réalisé par Eric Brevig
Titre original : Journey to the center of the Earth
Sorti en Malaysie, aux Philippines et à Puerto-Rico le 10 juillet 2008
Sorti en France le 16 juillet 2008
Non, ce film n’est pas débile, c’est un spectacle honnête et sans prétention, qui remplit parfaitement son contrat. Le fait qu’il ne soit pas l’adaptation du roman de Jules Verne mais une aventure qui arrive à des admirateurs de Jules Verne ne le disqualifie pas. Et certaines images sont très belles et poétiques.
Il faut noter que le film est plus court et abonde moins en péripéties diverses que la version réalisée par Henry Levin en 1959. Et, naturellement, les interprètes ont moins de prestige que James Mason. Quant au beau Pat Boone, il a été remplacé par un enfant de treize ans. Mais peu importe. Le film doit beaucoup aussi à Spielberg, et la course sur les chariots de la vie ferrée souterraine vient tout droit d’Indiana Jones et le temple maudit – sans compter les dinosaures échappés de Jurassic Park.
Il faut malheureusement dénoncer une arnaque. Ce film passe en version en relief – aujourd’hui, on dit « 3D » – dans certaines salles (à Paris, au MK2 Bibliothèque), et il doit être vu avec des lunettes, qu’on vous remet à votre entrée dans la salle. Or, non seulement leur port est pénible si vous portez déjà des lunettes de vue, mais aussi, pour leur location, on vous taxe de 1,50 euros à la caisse ; ces lunettes vous sont reprises à la sortie, et l’argent ne vous est pas rendu. C’est donc un racket. Imaginez qu’au supermarché, où l’on vous fait payer pour prendre un chariot, on ne vous restitue pas l’argent lorsque vous rendez le chariot : vous changeriez de magasin ! Hélas, ici, on ne peut pas faire jouer la concurrence, le procédé semble généralisé.
Réalisé par Louis Leterrier
Titre original : The incredible Hulk
Sorti en Colombie le 6 juin 2008
Sorti en France le 23 juillet 2008
Tout le début, un cinquième du film environ, se déroule dans une favela de Rio, et brille par sa virtuosité. Bruce Banner y est employé comme réparateur à tout faire dans une usine vétuste de mise en bouteilles d’un soda quelconque. Or il est atteint d’une maladie dont la cause n’est pas claire et dont il tente de se guérir en communiquant par Internet avec un scientifique resté aux États-Unis, qui a pris le pseudo de « Mr Green » (ils ont le wi-fi, dans les favelas ?). Cette maladie consiste en ceci : lorsque son rythme cardiaque atteint deux cents pulsations par minute, il se transforme en un monstre aussi violent qu’invincible. La colère est donc fatale, mais, revers de la médaille, l’amour lui est également interdit ! Or, à la suite d’une égratignure, une goutte de son sang tombe dans une bouteille de soda, bientôt exportée aux États-Unis et bue par un homme âgé, qui, aussitôt... vous imaginez. Illico, les services secrets reconnaissent l’indice, car ils tentent de récupérer Banner depuis longtemps, pour utiliser sa maladie en vue de fabriquer un soldat invincible dont l’armée états-unienne aurait le plus urgent besoin vu qu’elle n’a pas gagné une seule guerre depuis la Corée en 1953 (mais ça, ce n’est pas dans le film, c’est moi qui le dis).
La suite montre les affrontements entre Banner et les hommes du général Ross, qui a trempé dans l’histoire de ces recherches « scientifiques », et dont la fille Elizabeth, par le plus grand des hasards, se trouve être l’ex-petite amie de Banner. Pour compliquer la situation, il y a aussi un chef de commando aux ordres du général, qui aimerait posséder le don de Banner, parviendra un temps à l’acquérir et deviendra un second Hulk maléfique, dont évidemment Banner devra se débarrasser au cours d’un combat homérique dans les rues de New York.
L’apparition du monstre à l’écran se fait dans les règles, de manière très progressive, donc intelligemment. Mais la suite est plutôt un festival de castagne, digne d’un réalisateur, Louis Leterrier, qui s’est révélé être un disciple de Luc Besson ; et la musique, incessante et plate, n’arrange pas les choses. Un temps, on croit qu’on va avoir un film qui réfléchit un peu sur les instincts humains comme la colère, l’ambition ou le manque de scrupules, mais cela reste superficiel, et c’est encore une occasion manquée.
Youssef Chahine est mort ce matin. Voici ce qu’il déclarait à propos du cinéma des États-Unis : « Il y a eu trois périodes à Hollywood : le temps de l’élégance, des danseurs magnifiques et des plus belles filles du monde qui descendaient des escaliers blancs. Puis est venu le règne de Brando : il fallait cracher, se gratter, sentir mauvais. Vous avez vu comme Travolta dansait mal ? Enfin, l’ère la plus conne, c’est celle de Stallone, des crapules à sale tête et à la brutalité incroyable. Avant, on voyait une voiture se crasher, aujourd’hui, c’est dix voitures qui en percutent dix autres, plus un hélicoptère qui leur tombe dessus, et un train qui saute, et la bombe atomique qui explose. »
Il devait adorer Spielberg...
Cela dit, Chahine était devenu un assez mauvais cinéaste, contrairement à ce que tout le monde va écrire, extrêmement nombriliste et vaniteux, mais il était resté un homme sympathique et courageux.
Réalisé par Paulo Morelli
Titre original : Cidade dos Homens
Sorti au Brésil le 31 août 2007
Sorti en France le 23 juillet 2008
Pour suivre ce film, il n’est pas nécessaire – mais il est conseillé – d’avoir vu les deux séries télévisées brésiliennes, La cité de Dieu et La cité des hommes, dues au même réalisateur, Paulo Morelli, et dont ce film constitue la fin, du moins on le dit. Il est réalisé avec le même style, en caméra portée avec beaucoup de gros plans, et les couleurs ne sont pas plus flatteuses qu’à la télévision.
L’histoire : les deux garçons qui n’ont cessé d’être au centre du récit, Laranjinha (ce qui signifie « Petite orange ») et son inséparable copain Acerola (c’est le nom d’un arbre qui produit la cerise des Barbades) ont atteint leurs 18 ans. Ce dernier a mis enceinte sa petite amie Cristina, il a donc un fils, Clayton, qui doit avoir deux ou trois ans, et dont il ne s’occupe pas très bien, puisqu’il l’oublie sur la plage où toute la bande de la favela est descendue se baigner. Quant à lui, Laranjinha est obsédé par le désir de retrouver son père, qu’il n’a jamais connu. Il le retrouvera, sorti de prison après quinze ans : Heraldo en avait pris vingt pour meurtre au cours d’un hold-up à main armée ! Ce qui complique l’histoire et manque de provoquer la rupture entre les deux amis, c’est que ce meurtre n’a fait qu’une victime, le propre père d’Acerola. Mais Heraldo jure qu’il s’agissait de légitime défense.
Comprenant qu’ils n’ont aucune chance de survivre dans la favela car, bien qu’acceptant le monde où ils vivent, ils sont tous les deux trop pacifiques, Acerola et Laranjinha décident de quitter la favela, en proie à une guerre des gangs à laquelle ils refusent de participer. Ils partent en compagnie de Clayton, mais on se demande, sans aucun métier, comment ils survivront.
Darlan Cunha est toujours aussi beau garçon, et Douglas Silva incarne le rigolo qui n’a pas eu de chance. Ils sont très bien tous les deux, même si certains neuneus leur ont reproché d’être devenus « trop professionnels ». Ils ont joué dans d’autres films, et le plus curieux, c’est que, dans Palace II où ils débutaient en 2000, le nom de leurs personnages était exactement inversé, le premier incarnant Acerola, et vice-versa.
Réalisé par Andrew Stanton
Sorti aux États-Unis le 25 juin
Sorti en France le 30 juillet 2008
Quoi ? Faire un film sur un robot chargé de ramasser les ordures en vue de les compacter ? Pour oser, il fallait être aussi fou que les gens de chez Pixar.
Wall-E est donc un petit robot, et il officie dans ce qui reste de New York, où les amas de déchets empilés ont dépassé en hauteur les gratte-ciels de Manhattan. Quant aux humains, ils ont tous quitté la Terre et vivent à présent dans une station spatiale, Axiom, où tout est automatisé, au point que les humains, n’ayant plus rien à faire, passent leurs journées allongés dans des transats, à baffrer et se gaver de publicités que déverse Buy n’ Large, la firme qui a tout organisé... de sorte qu’ils sont obèses du premier jusqu’au dernier. Les romances se font désormais sur hologrammes, et le tout, quoique commandé théoriquement par un capitaine de vaisseau pas moins obèse que ses passagers, est dirigé par un ordinateur nommé Auto, qui a exactement l’œil rouge et les mauvaises intentions de HAL 9000 dans 2001, Odyssée de l’espace.
Wall-E, qui est un fan de Hello Dolly, le film de Gene Kelly mais sans Gene Kelly, et se repasse sans cesse la cassette VHS du film (une cassette VHS qui dure plus de huit cents ans, on demande à voir), va tomber amoureux d’un robot femelle (?), Eve, looké comme les ordinateurs d’Apple, ce qui doit être un pur hasard, et envoyé par Axiom pour surveiller si des traces de vie restent encore sur Terre. Et justement, une plante minuscule a réussi à germer, puis a poussé au milieu des ordures, et Wall-E l’a recueillie et replantée, avec un peu de terre, dans une vieille godasse.
Mais Eve doit retourner sur Axiom, munie de la plante qui a résisté à la pollution, et Wall-E, jouant les passagers clandestins sur la navette, la suit et y atterrit aussi... Ce qui va entraîner le retour sur Terre des Terriens exilés, qui apprendront à faire pousser des végétaux et à se débrouiller sans leurs chers robots.
La première partie, sur Terre, est superbe, la seconde, sur la station spatiale, est un peu plus agitée qu’on le souhaiterait. Mais le tout est réussi, comme presque toujours avec Pixar. Je dis bien « presque »...
Il y a très peu de dialogues, surtout dans cette première partie, ce qui se conçoit. Et pour une fois, on n’a pas confié le maigre doublage à des vedettes qui font impudemment inscrire leur nom sur l’affiche. Seule Sigourney Weaver fait la voix de l’ordinateur de la navette chargé des annonces publicitaires, mais ce n’est signalé qu’au générique de fin.
Un détail : le film, qui est court, doit être précédé d’un dessin animé dû aussi à Pixar, montrant un prestidigitateur nommé Presto, à qui un lapin joue des tours pendables. Or certaines salles, comme L’UGC des Halles à Paris, qui font de la déontologie une religion mais ne pratiquent pas, suppriment froidement ce court-métrage. Pour tout arranger, le début de la projection était flou quand j’y ai vu le film. Parisiens, allez plutôt le voir au Max-Linder Panorama, où la projection est en numérique, et où l’on respecte les spectateurs et les œuvres projetées.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.