Œuvres citées (en italique, autres que des films) : Le seigneur des anneaux – Mon idole – La tétralogie – L’anneau des Niebelungen – Respiro – La guerre des étoiles – Blue gate crossing – Lan se da men – Vive l’amour – Ai qing wan sui – Et là-bas, quelle heure est-il ? – Le pharmacien de garde – La mer – Batman – L-627 – Alien IV – L’appât – Les dents de la mer II – Léon – Jeanne d’Arc – The avenger – Moonfleet – The River – Farenheit 451 – Falstaff – Campanadas a medianoche – Le fantôme de la liberté – Ressources humaines – Rire et châtiment
Personnes citées : Guillaume Canet – J.R.R. Tolkien – Richard Wagner – Alain Riou – Emanuele Crialese – Yee Chih-Yen – Ming-liang Tsai – Jean Veber – Francis Veber – Charles Trenet – Vincent Pérez – Guillaume Depardieu – Luc Besson – Bertrand Tavernier – Agnès Varda – Jacques Demy – Mathieu Demy – Jane Birkin – Benjamin Constant – Isabelle Adjani – Jeannot Swarc – Fritz Lang – Jean Renoir – François Truffaut – Orson Welles – Luis Buñuel – Costa-Gavras – Henri Verneuil – Jalil Lespert – Laurent Cantet – Pierre Desproges – Isabelle Doval – José Garcia
J’ai écouté hier soir Le masque et la plume sur France Inter. Les critiques de cinéma ont flingué Mon idole, de Guillaume Canet, qui est un film raté, mais surtout, ils ont soigné aux petits oignons Le seigneur des anneaux. Là où je m’étais contenté de dire que les livres de Tolkien relevaient de la littérature spécialisée, donc pour initiés, lesdits critiques sont allés jusqu’à remarquer que le comportement tout confit en dévotion des lecteurs des livres et des spectateurs du film évoquait tout à fait celui des membres d’une secte. Tout aussi vache, mais farfelu, un spectateur a « révélé » que Tolkien n’avait pas cherché à écrire un roman, mais un Guide du Routard pour mondes imaginaires.
Le film n’a trouvé personne pour le défendre : obscurité, sexisme (aucune femme dans l’histoire), personnages stéréotypés, abus de trucages numériques, laideur, longueur exagérée... et occupation abusive des écrans, puisque environ 1000 salles de cinéma sur 5400 le projettent en France. On a également remarqué ce que j’avais dit l’année dernière : que toute cette saga est pompée sur l’opéra en quatre parties de Richard Wagner, couramment désigné par Tétralogie, mais dont le titre réel est L’anneau (tiens, tiens !) des Niebelungen.
Voir la notule le mois précédent.
Alain Riou est un plaisantin. C’est lui qui prétend que la mise en scène n’a aucune importance, et que seule compte l’histoire. En outre, il a trouvé excellent le scénario de Mon idole, qui est très mal foutu et ne traite pas son sujet. La fin « qu’il ne faut surtout pas raconter », dogme de l’émission, c’est le suicide du patron de la télé : il saute de la terrasse, le film se transforme en dessin animé, et le personnage, au lieu de s’écraser sur la chaussée, se met à voler entre les immeubles !
Le petit côté sectaire des admirateurs de ce genre de production, Le seigneur des anneaux, saute aux yeux, pas besoin de démonstration. Ce sont les frères de ceux qui passent la nuit sur le trottoir devant une salle qui sort le lendemain le dernier épisode de La guerre des étoiles. Bon Dieu, ce ne sont que des films ! C’est-à-dire, considérés du point de vue du pays d’où ils viennent, des marchandises. Pourquoi en faire une religion ?
Réalisé par Emanuele Crialese
Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2002
Sorti en France le 1er janvier 2003
Respiro, film italien sans vedette, est un très beau film, qui se déroule sur l’île de Lampedusa, au large de la Sicile. On y voit une jeune femme, Grazia, et ses enfants. Elle est belle et supporte mal les conventions... Le spectateur est avec elle, la célèbre identification au personnage principal.
Réalisé par Yee Chih-Yen
Titre original : Lan se da men
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 18 septembre 2002
Sorti en France le 8 janvier 2003
Blue Gate crossing est un joli film taïwanais. Un garçon aime une fille, qui en aime une autre, qui aime le garçon. Ils sont tous lycéens, vierges et sympathiques. Il ne se passe absolument rien. Le cinéma taïwanais est celui qui ressemble le plus au cinéma français, et le plus éloigné du cinéma états-unien : pas de gansters, pas de poursuite de voitures, pas de coups de feu, pas de sang, pas d’explosions, pas de trucages numériques. Les personnages y sont toujours jeunes, citadins, et les films ne décrivent que des rapports humains.
Réalisé par Ming-liang Tsai
Titre original : Ai qing wan sui
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 1994
Sorti en France le 5 avril 1995
J’aime énormément Vive l’amour, c’est le film de Taïwan que je préfère. Il est de Ming-liang Tsai, qui a fait l’an passé Et là-bas quelle heure est-il ?
Il n’y a que la fin qui ne me plaît pas (la fille qui pleure, et ça dure plus de dix minutes !).
Réalisé par Jean Veber
Sorti en France et en Belgique le 15 janvier 2003
Le pharmacien de garde est un premier film, malheureusement raté, dû au fils de Francis Veber. Pourtant, il commence bien : le générique montre des images de marée noire, accompagné d’une musique élégiaque, La mer, par Charles Trenet. Puis on voit des industriels, coupables de pollution, se faire assassiner les uns après les autres, et par là où ils ont pêché (le patron d’une multinationale pétrolière noyé dans du mazout, etc.).
Hélas, les deux personnages principaux, le pharmacien-écolo-justicier-partisan de la loi du talion, et le flic qui le cherche, ne sont pas crédibles, peut-être parce que les acteurs, Vincent Pérez et Guillaume Depardieu, sont trop jeunes. Et puis, l’éternel cliché du flic qui devient l’ami du malfaiteur poursuivi commence à lasser...
J’ai décroché au moment où ça devient idiot : le pharmacien fait assassiner la présidente d’une firme de cosmétiques par des coccinelles qu’il a contaminées ! Elle meurt, avec sur le visage le sourire du Joker de Batman.
Une bonne réplique : « On croit toujours que les flics vont ressembler à des policiers de films américains, et on s’aperçoit qu’ils ressemblent à des flics de téléfilms français ».
Réalisé par Bertrand Tavernier
Sorti en France le 9 septembre 1992
L-627 n’a rien d’un film de type Luc Besson. C’est un film de Bertrand Tavernier, quasi-documentaire, sur cette section de la police qui lutte contre la drogue, fait par un réalisateur des plus conscients, Bertrand Tavernier. Ce n’est pas un film violent, ni quoi que ce soit de ce genre, et Tavernier a prouvé avec L’appât qu’il ne donnait pas dans la démagogie du spectacle violent. On n’est pas obligé non plus de faire des films sur les rapports humains quand on montre la chasse aux trafiquants de drogue.
Alien IV a beau être réalisé par un Français, ce n’est pas un film français. Il est cent pour cent hollywoodien. Tout comme Les dents de la mer II, réalisé par Jeannot Swarc, un Français. Un film ne prend pas la nationalité de son réalisateur. Léon et Jeanne d’Arc (en fait, intitulé The avenger), de Besson, ne sont pas des films français. Moonfleet, de Fritz Lang, n’est pas un film allemand. The River, de Jean Renoir, n’est pas un film français. Farenheit 451, du Français Truffaut, est un film anglais. Falstaff, d’Orson Welles, n’est pas yankee mais espagnol (vrai titre : Campanadas a medianoche). Le fantôme de la liberté, de Buñuel, n’est pas espagnol mais français. Les films de Costa-Gavras ne sont pas grecs. Les films d’Henri Verneuil n’étaient pas arméniens. Etc.
Un jeune Australien, Ian, me demande hier où il peut trouver le DVD de Ressources humaines sous-titré en anglais (vous vous rendez compte ? Ils me lisent même aux antipodes !). En cherchant un site qui le vende (le DVD, pas Ian), je découvre le site d’Arte, qui contient une interview de Laurent Cantet, où il exprime son agacement devant l’hypocrisie de cette expression « ressources humaines », pour désigner la direction du personnel. Ça confirme ce que je pense depuis que l’expression est employée. L’hypocrisie, bien réelle, est subtile, et c’est digne des spécialistes de la « com » : elle consiste à jouer sur le sens du mot « humaines », qui est ambigu, employé ainsi. Ce terme a une connotation de classification (le personnel est composé d’êtres appartenant à l’espèce humaine) et une connotation humaniste (comme dans « le lait de la tendresse humaine »). L’expression « ressources humaines » tend ainsi à faire sous-entendre, à nos inconscients anesthésiés par la répétition, que le directeur du personnel est un humaniste ! Tout ce que je déteste.
Comme disait Desproges, nous avons résolu tous les problèmes en appelant un chat « un chien » !
Réalisé par Isabelle Doval
Sorti en France le 22 janvier 2003
Rire et châtiment est un mauvais film, qui ne vaut que par le numéro démentiel de José Garcia. Je n’ai donc aucun scrupule à commettre ce sacrilège : raconter la fin. Toutes les extravagances auxquelles on vient d’assister... tout cela n’était qu’un rêve ! Jésus-Marie-Joseph... Ce procédé de narration permettant de conclure une histoire dont le scénariste ne sait pas se sortir était déjà démodé en 1940.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés
Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.