JPM - Films vus - Notules -  Juillet 2014

Notules - Juillet 2014

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Duo d’escrocsLove punchJimmy’s HallSupercondriaque – The big red one – PalermeVia Castellana Bandiera – Le grand embouteillage – Qu’il est étrange de s’appeler FedericoChe strano chiamarsi Federico! - Scola racconta Fellini – La dolce vita – La vieille dame indigneChaînes conjugalesA letter to three wives – Fenêtre sur cour – Les vacances du petit Nicolas – Astérix et Obélix au service de Sa Majesté – Dommage que tu sois une canaille – Peccato che sia una canaglia – Le fanatique – Ablations – ColdwaterAu premier regardHoje eu quero voltar sozinhoEu não quero voltar sozinhoLe procès de Viviane AmsallemGettKaboul kitchenThe expendables 3Je voyage seuleViaggio solaRude journée pour la reinePalma Real MotelLas horas muertasLes heures creuses – Pièces détachées – Mister Babadook The Babadook – Monstre

Personnes citées : Joel Hopkins – Louise Bourgoin – Laurent Laffitte – Allan Barte – Ken Loach – Jimmy Gralton – Dany Boon – Marthe Villalonga – Samuel Fuller – Lee Marvin – Mark Hamill – Emma Dante – Luigi Comencini – Ettore Scola – Federico Fellini – Federico Garcia Lorca – Ana Magnani – Anita Ekberg – René Allio – Robert Guédiguian – Victor Lanoux – Jean Ferrat – Bertold Brecht – Sylvie – Joseph L. Manckiewicz – Paul Douglas – Ernst Lubitsch – Thelma Ritter – Douglas MacArthur – Laurent Tirard – Bernadette Lafont – Dominique Lavanant – Michel Duchaussoy – René Goscinny – Anne Goscinny – Alessandro Blasetti – Sophia Loren – Vittorio De Sica – Alberto Moravia – Marcello Mastrioanni – Jean Renoir – Marcel Carné – Arnold de Parscau – Benoît Delépine – Daniel Ribeiro – Shlomi Elkabetz – Ronit Elkabetz – Simon Abkarian – Patrick Hughes – Sylvester Stallone – Mel Gibson – Antonio Banderas – Kellan Lutz – Bruce Willis – Jackie Chan – Wesley Snipes – Maria Sole Tognazzi – Aarón Fernandez Lesur – Jennifer Kent

Duo d’escrocs

Mercredi 2 juillet 2014

Réalisé par Joel Hopkins

Titre original : Love punch

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 12 septembre 2013

Sorti en France le 2 juillet 2014

Tourné par un réalisateur britannique de comédies, avec principalement des acteurs anglais, mais aussi deux Français, il a été fait entièrement en France. et la plupart des techniciens sont français. Il s’agit d’un thème classique, et que les Britanniques réussissent très bien, celui des gens honnêtes qui volent un voleur. Et comme ces gens honnêtes sont un couple de quinquagénaires divorcés, on devine dès la première scène qu’ils vont se remettre ensemble.

L’essentiel est donc ailleurs : dans la fantaisie et la cocasserie des situations et du dialogue. Tout au plus peut-on relever quelques incohérences ou erreurs factuelles. Par exemple, Louise Bourgoin et Laurent Laffitte parlant anglais lorsqu’ils sont ensemble ; ou cet hôtel parisien qui réclame leurs passeports à ses clients, alors que cette obligation a disparu en France il y a plus de trente ans.

Mais enfin, scénario et acteurs sont épatants, et dans le vide actuel du cinéma...

En bref : à voir.Haut de la page

Les clichés cinématographiques

Samedi 5 juillet 2014

Si vous êtes amateur de clichés au cinéma, un genre que j’ai naguère effleuré ICI, ne perdez ni votre temps ni votre argent avec le livre qu’avait sorti l’année dernière un type qui avait pillé les (nombreux) sites Internet traitant de la question. Ce gars, dont volontairement je ne vous donne pas le nom, vendait pour quinze euros sa compilation du travail des autres, à laquelle il n’apportait rien, sinon son nom sur la couverture. Il sort un livre chaque année, toujours selon la même méthode, en changeant de sujet chaque fois.

Allez plutôt consulter les productions d’un dessinateur très marrant, Allan Barte, âgé de 36 ans, illustrateur et auteur de bandes dessinées depuis dix ans, qui publie sur allanbarte.tumblr.com, depuis seulement deux mois. Ces dessins, très simples, vont droit à l’essentiel, et visent juste. On peut s’abonner pour être averti quand il en produit de nouveaux.

Un exemple ci-dessous, dont je crois que j’avais parlé... en 2001, bien avant de connaître ce dessinateur :

 

Le dernier album de Barte, sorti en avril, s’intitule Napalm fever.

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Jimmy’s Hall

Lundi 7 juillet 2014

Réalisé par Ken Loach

Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2014

Sorti en France le 2 juillet 2014

Film que la critique a estimé « mineur », alors qu’il traite d’une question importante : l’oppression exercée sur les fidèles par le clergé catholique de l’Irlande.

Jimmy Gralton s’était exilé à New York après la guerre civile, mais, après dix ans, et le gouvernement irlandais ayant changé, il regagne son pays pour se réinstaller dans la ferme fmailiale, où sa mère est seule à survivre. Sur place, les jeunes, qui s’ennuient en dehors du travail, le poussent à rénover le Hall, un foyer-dancing qui, avant son départ, était la seule distraction. Mais le prêtre du village combat ce lieu d’abomination, et va jusqu’à donner en chaire le nom de ceux qui le fréquentent. Et, malgré le soutien de la population, l’influence des riches de la région, qu’il a combattus pour leur propension à expulser les fermiers incapables, fera que, cette fois, il est expulsé, après que des mains anonymes eurent incendié son dancing. Prétexte : son passeport, établi à New York, en a fait un étranger dans son propre pays !

Jimmy Gralton a vraiment existé, et il a passé pour un communiste naturalisé aux États-Unis. Son retour au pays a duré douze ans, de 1921 à 1933, ce que le film, tourné sur le lieu même, ne dit pas, car, à l’écran, tout cela semble passer très rapidement. Aucun autre Irlandais n’a été expulsé de son pays. Il est mort douze ans plus tard.

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Supercondriaque

Lundi 7 juillet 2014

Réalisé par Dany Boon

Sorti en France (Festival d’Alpe d’Huez) le 15 janvier 2014

Sorti en France et en Belgique le 26 février 2014

Vu avec des mois de retard ce film qui a eu plus de cinq millions de spectateurs, on se demande pourquoi. Cette histoire d’un malade imaginaire (un hypercondriaque) est passable dans sa première moitié, mais ensuite, tout se gâte, les péripéties sont plus que laborieuses, et, ce qui n’arrange rien, Dany Boon est un mauvais acteur, dont les grimaces ont vite fait de lasser.

La réalisation semble avoir disposé de gros moyens, mais le résultat est pitoyable et ennuyeux. Et cela fait pitié de voir Marthe Villalonga, qui a tourné dans bien d’autres films plus estimables (par exemple avec Samuel Fuller, dans The big red one, où elle cotoyait Lee Marvin et Mark Hamill, qui l’embrassait sur la joue !), apparaître quelques secondes dans ce navet.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Palerme

Mercredi 9 juillet 2014

Réalisé par Emma Dante

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 29 août 2013

Sorti en France le 2 juillet 2014

Emma Dante est manifestement une débutante, une petite actrice qui a voulu faire un film à partir de son roman et sa pièce Via Castellana Bandiera (c’est aussi le nom d’une rue de Palerme) sans toutefois oublier de jouer dans son film et de bien montrer le nom de la rue pour se faire un peu de publicité. Hélas, son amateurisme éclate dès le premier plan, puisque, cédant à la mode actuelle, la prise de vue est uniquement en caméra portée (par un cadreur épileptique) qui ne cesse de sauter d’un visage à l’autre – en gros plan naturellement, sans jamais se décider à observer quelques règles de la mise en scène comme celles-ci : ne garder dans le cadre que ce qui est nécessaire et suffisant à la compréhension ; ne bouger la caméra que lorsque se produit un changement dans la scène qui ne peut pas ne pas être vu ; faire un choix pour ne conserver au montage que les plans qui servent l’action, sans les faire durer inutilement.

L’anecdote du film n’est pas neuve : il y a eu, en 1979, Le grand embouteillage, de Luigi Comencini, un vrai maître du cinéma italien, lui, sur une histoire autrement plus ambitieuse et réussie. Là, tout se passait sur une autoroute, mettant en jeu des dizaines de voitures bloquées, et cela durait trente-six heures, mettant en évidence les tares de la société de l’époque (qui n’ont pas beaucoup changé depuis). Dans ce Palerme, il n’y a que... deux voitures, conduites par deux femmes tyranniques et obstinées, bloquées moteur contre moteur dans une rue étroite, et qui vont y rester toute la nuit. Le « drame » se dénoue quand la plus âgée meurt, énorme ficelle. Or la mise en scène, qui montre au début une rue assez étroite pour interdire le passage de deux véhicules, s’offre un magnifique faux raccord, puisque, au milieu du film puis à la fin, la rue est assez large pour permettre le passage de trois ou quatre voitures ! Dès lors, l’histoire ne se justifie plus. On reste perplexe face à une aussi énorme bévue.

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Qu’il est étrange de s’appeler Federico

Vendredi 11 juillet 2014

Réalisé par Ettore Scola

Titre original : Che strano chiamarsi Federico! - Scola racconta Fellini

Sorti en Italie le 12 septembre 2013

Sorti en France le 9 juillet 2014

Qu’il est étrange de trouver étrange qu’on s’appelle Federico... Mais il paraît que c’est une allusion à Lorca, qui se prénommait aussi Federico, et dont une citation (en espagnol) ouvre le film.

Comme l’indique le titre italien, Scola raconte la vie et la carrière de Fellini, et un peu la sienne, puisqu’ils furent amis toute leur vie, après s’être connus dans le même journal, « Marc Aurelio », lequel publiait des articles et des dessins humoristiques. Fellini y fut engagé à l’âge de dix-neuf ans, et Scola, quelques années plus tard, à seize ans ! Belle époque, pour les jeunes de talent. Aujourd’hui, on débute plus facilement, et sans le moindre talent ni les moindres connaissances, dans le cinéma. Fellini et Scola, eux, avaient du talent, et eurent tôt fait d’acquérir les connaissances nécessaires : Fellini y acquit une réputation de génie, parfois méritée.

Le film, à moitié reconstitué, à moitié rêvé, a été tourné dans le propre studio de Cinecittá, le 5, où Fellini a réalisé la plupart de ses films, qui nous sont abondamment montrés. En prime, deux scènes où il fit l’acteur, quoique très réticent : la première, où il était « saint » Joseph pour affronter Ana Magnani, la seconde, dans la reconstitution par Scola de la séquence célébrissime de La dolce vita où Anita Ekberg se baigne dans la Fontaine de Trevi.

Ce film est un enchantement. C’était le temps où le cinéma existait.

En bref : à voir absolument.Haut de la page

La vieille dame indigne

Mardi 15 juillet 2014

Réalisé par René Allio

Sorti en France le 24 mars 1965

Ressorti en France le 9 juillet 2014

Pour son premier long-métrage (il avait fait un court-métrage deux ans plus tôt), René Allio ouvrait la voie que Robert Guédiguian devait suivre bien plus tard : le grand film populaire, réalisé principalement à l’Estaque, quartier de Marseille, et qui bousculait un tantinet les mentalités de l’époque. Lorsque son mari meurt, Berthe Bertini, qui a soixante ans et a servi de domestique bénévole, toute sa vie, à sa famille, ne fait pas ce que tous attendent d’elle : elle décide d’enfin profiter de la vie, quoique très peu argentée. Elle se met à manger au restaurant tous les deux jours et se lie avec la jeune serveuse, elle va souvent au cinéma, musarde avec curiosité dans les grands magasins, reste le moins longtemps possible chez ses enfants, ne se rend pas sur la tombe de son mari, fréquente en tout bien tout honneur son voisin communiste, et finit par acheter une 2 CV pour partir en vacances avec ses deux amis. Naturellement, cela fait un peu scandale – « Une femme qui ne mangeait que des restes ! » –, mais comment l’en empêcher ? Seul son petit-fils, joué par Victor Lanoux, est de son côté ; il est vrai que, contre le vœu de son père, il fait de la musique !

Seule fausse note, c’est le cas de le dire, une chanson de Jean Ferrat ouvre et referme le film, et une autre « agrémente » le récit peu après le début. Or elle ne font que paraphraser lourdement et bien inutilement cette histoire, issue d’une nouvelle de Bertold Brecht. L’actrice principale, Sylvie, pour une fois, n’interprète pas un de ces personnages au regard terrifiant qu’on lui faisait constamment jouer. Elle est très crédible, en rebelle tranquille.

En bref : reprise. À voir absolument.Haut de la page

Chaînes conjugales

Mercredi 16 juillet 2014

Réalisé par Joseph L. Manckiewicz

Titre original : A letter to three wives

Sorti en France le 30 novembre 1949

Ressorti en France le 9 juillet 2014

Trois amies qui partaient en croisière en laissant leurs maris chez elles reçoivent, au moment du départ, une lettre adressée à elles trois : une amie commune, qu’on ne verra jamais (un vieux truc), les prévient qu’elle part avec le mari de l’une d’entre elles, mais sans dire lequel. On devine sans tarder la suite : chacune des trois femmes va se remémorer le passé, en trois longs flashbacks, pour tenter de deviner laquelle est concernée. On devine aussi que tout va s’arranger à la dernière scène (le mari qui avait projeté de partir s’est ravisé), car le film n’est pas un drame.

Ledit mari est joué par Paul Douglas, qui, à 42 ans, débutait dans un long-métrage. Quant au réalisateur, également co-scénariste et qui a décroché un Oscar pour chacun de ces deux postes, il est illustre. Mais il n’a fait le film qu’en raison du décès d’Ernst Lubitsch, pressenti à l’origine. Quant aux trois actrices, elles sont très bien, mais je me permets de préférer Thelma Ritter, qui joue la domestique et sœur de lait de la mère. C’était un de ces seconds rôles inoubliables, et elle rejouera un personnage similaire dans Fenêtre sur cour, cinq ans plus tard.

On raconte, et il est permis d’en rire, que le général Douglas MacArthur n’avait rien compris à la fin du film, et avait écrit à Mankiewcz pour lui demander avec qui la briseuse de ménage était partie !

En bref : reprise. À voir.Haut de la page

Les vacances du petit Nicolas

Jeudi 17 juillet 2014

Réalisé par Laurent Tirard

Sorti au Brésil le 7 juillet 2014

Sorti en France et en Belgique le 9 juillet 2014

Bernadette Lafont n’est plus là pour jouer la grand-mère (le film lui est dédié), aussi l’a-t-on remplacée par Dominique Lavanant, qui convient parfaitement. On a aussi remplacé les titulaires des rôles du directeur, puisque Michel Duchaussoy est mort lui aussi, et de... Nicolas, l’interprète ayant trop grandi.

Le film est sympathique, les enfants sont amusants, et les gags, pas toujours crédibles, atteignent néanmoins leur but : faire rire sans aucune vulgarité.

Je n’avais pas, naguère, beaucoup d’estime pour le réalisateur, mais il m’avait convaincu avec Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, qui ne manquait ni d’énergie ni de cocasserie, et l’esprit de René Goscinny était respecté. La fille de l’auteur, Anne, a d’ailleurs supervisé le scénario.

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Dommage que tu sois une canaille

Vendredi 18 juillet 2014

Réalisé par Alessandro Blasetti

Titre original : Peccato che sia una canaglia

Sorti en Italie le 4 février 1955

Sorti en France le 25 juin 1955

Ressorti en France le 9 juillet 2014

Il est rare que ce terme, canaille, soit appliqué à une femme, mais c’est le cas ici, puisque Sophia Loren joue une fille à la fois voleuse et menteuse. Il est vrai qu’elle a de qui tenir, puisque son père, Vittorio De Sica, s’est spécialisé dans le vol des valises de touristes dans les gares, et que sa grand-mère ne dédaigne pas de « faire » un portefeuille, à l’occasion. L’histoire vient d’une nouvelle de Moravia, Le fanatique, et Blasetti, réalisateur prolifique, le filme à un rythme accéléré, où le dialogue très volubile tient une grande place, puisque nous sommes à Rome. Tout au plus peut-on estimer que la fin tire quelque peu en longueur, mais le dénouement, lui, est ultra-rapide : Mastrioanni gifle trois fois Sophia avant de l’embrasser, et, alentour, les passants s’attroupent pour les regarder.

On s’amuse beaucoup, les acteurs cabotinent à tout va, mais la comédie garde le style italien : tout en faisant rire, elle ne perd jamais de vue l’aspect social des personnages. On n’a jamais su faire cela, en France, à quelques exceptions près comme chez Renoir ou Carné.

En bref : reprise. À voir.Haut de la page

Ablations

Lundi 21 juillet 2014

Réalisé par Arnold de Parscau

Sorti en France (Festival de Gérardmer) le 1er février 2014

Sorti en France le 16 juillet 2014

Reprise, en mode long, d’un court métrage du même réalisateur et du même scénariste Benoît Delépine, sorti en 2012, avec le même acteur principal. Le réalisateur avait fait un autre court métrage l’année précédente. Néanmoins, pour un débutant, il montre une maîtrise peu commune, très classique.

C’est l’histoire d’un cadre commercial qui, au lendemain d’une fête très arrosée dont il n’a rien retenu, découvre qu’on lui a volé un rein. Dès lors, il va tout faire pour retrouver le médecin – sans doute radié – qui a pratiqué l’opération, récupérer son rein sur le receveur, et se le faire regreffer ! Hélas, il se trompe, non pas de médecin, mais de receveur, celui-ci perd la vie, et le rein qu’il a extrait lui-même est inutilisable. À la fin, l’homme, qui a voulu fuir à l’étranger avec sa maîtresse qui l’a aidé, meurt dans un aéroport. Entre-temps, cette obsession lui a fait perdre sa femme, leurs enfants, son travail et... sa raison.

Il faut néanmoins regretter que le scénario cafouille un peu dans la dernière partie. Mais le film reste très honorable.

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Au premier regard

Mercredi 23 juillet 2014

Réalisé par Daniel Ribeiro

Titre original : Hoje eu quero voltar sozinho

Sorti en France (Festival de Gérardmer) le 1er février 2014

Sorti en France le 23 juillet 2014

Remake, en version longue, d’un court métrage de 17 minutes du même réalisateur, Eu não quero voltar sozinho, avec les mêmes interprètes, sur un sujet donc identique : l’amitié qui se transforme en amour entre deux lycéens, à São Paulo. Leonardo a 15 ans, il est aveugle et surprotégé par ses parents, ce qui lui pèse un peu. Il est soutenu par Giovana, sa seule amie, jusqu’à ce qu’un nouvel élève, Gabriel, ouvert, un peu gaffeur, arrive dans sa classe et s’offre à le raccompagner chez lui après les cours – mission qui incombait jusqu’alors à Giovana. Du coup, elle est un peu jalouse. Mais, après quelques malentendus, les deux garçons conviennent qu’ils s’aiment, et, bravant leurs camarades imbéciles qui se moquent d’eux, se prennent ouvertement par la main et s’en vont de leur côté, avec la bénédiction de leur amie.

Le film est dépourvu de tout drame, mais n’est pas mièvre. En fait, il brille par sa simplcité et sa sensibilité. L’identification avec le spectateur est ainsi totale. Des deux interprètes, inévitablement plus âgés que leurs personnages, et cela se voit, ne le sont pas trop pour faire perdre à l’histoire sa crédibilité.

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Le procès de Viviane Amsallem

Vendredi 25 juillet 2014

Réalisé par Shlomi Elkabetz et Ronit Elkabetz

Titre original : Gett

Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2014

Sorti en France le 25 juin 2014

Le titre original signifie divorce en hébreu.

C’est surtout le procès de la société israélienne, que font les frère et sœur Elkabbetz. Il faut dire que ce pays, s’il est démocratique sur le plan de la politique intérieure (gouvernement issu des élections libres, liberté de parole et d’entreprendre, opposition active et qui n’est pas muselée, artistes contestataires), ne vaut pas mieux que les pays musulmans en ce qui concerne l’organisation de la société civile, et notamment des droits des femmes, puisque, notamment, mariage et divorce relèvent du droit religieux et doivent être traités par des rabbins. La femme qui veut divorcer est donc obligée d’obtenir le consentement de son mari, qui, alors la répudie ! Aucune autre possibilité.

Viviane Amsalem n’aime plus son mari, qui la traite avec indifférence et lui a imposé la présence de sa mère et l’omniprésence de son rigorisme religieux, alors qu’elle est incroyante. Mais il lui refuse le divorce, et l’affaire traîne devant un tribunal rabbinique depuis trois ans, avec de multiples reports d’audience, notamment quand le mari omet d’y assister sans jamais être sanctionné pour cela (il finira tout de même par faire dix jours de prison pour avoir exagéré). La partialité des juges est évidente, car ils multiplient les arguties en la défaveur de la mahheureuse femme, dont l’exaspération éclate lorsqu’elle réclame que le président se désaisisse, puis qu’elle traite les juges de « tribunal de merde ».

On croit, un temps, que tout va s’arranger, quand Elisha accepte enfin le divorce, mais, au moment de remettre à sa femme l’acte de divorce, il refuse de prononcer la phrase rituelle : « Et tu seras disponible pour un autre homme ». Tout est là, il l’aime, donc elle est sa propriété, « emprisonnée à perpétuité », comme elle dira.

Finalement, le divorce sera accepté par le mari, mais à une condition : il exige qu’elle s’engage à ne jamais avoir de relations avec un autre homme après leur séparation. De guerre lasse, elle accepte. Le tout aura duré cinq ans.

Le film est très austère, ce qui a découragé beaucoup de spectateurs, qui aiment que ça bouge ; or nous ne sortons jamais de la salle du tribunal, à l’exception de deux ou trois courtes incursions dans l’antichambre. Pas de musique, sauf à deux reprises, très brièvement. Peu de mouvements de caméra : un court travelling suivant les pas de Viviane dans l’antichambre, peu avant la fin et l’acceptation. Et quelques panoramiques très discrets, afin de recadrer un personnage qui a bougé. La tension est ainsi préservée.

Les deux acteurs principaux sont la co-réalisatrice, également co-scénariste, Ronit Elkabetz, et Simon Abkarian, grand acteur qui sait tout jouer, aussi bien dans le comique (Kaboul kitchen) que le tragique.

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The expendables 3

Vu le dimanche 27 juillet 2014 - Sortie prévue le 20 août 2014

Réalisé par Patrick Hughes

Sortira au Royaume-Uni le 4 août 2014

Sortira en France le 20 août 2014

Le film, tourné en Bulgarie, n’est encore sorti nulle part dans le monde. Je viens de le voir, et il est un peu moins bon que les deux précédents de la série, sans toutefois s’écarter du genre : aventures partout sur la planète, castagne, cascades, explosions. Mais, comme toujours avec les histoires imaginées par Stallone, qui est loin d’être l’imbécile que l’on prétend, c’est extrêmement bien fait, et cela ne prend aucun alibi pseudo-humanisant.

Au rayon des nouveautés, le méchant est cette fois Conrad Stonebanks, incarné par Mel Gibson, et qui avait fondé le groupe des Expendables. Encore un qui retourne sa veste. Mais, pour le combattre, Barney, joué par Stallone donc, a étoffé son équipe, allant jusqu’à recruter une femme, et un rigolo bavard joué par Antonio Banderas, un acrobate qu’il avait refusé de prime abord, mais qui s’est avéré tellement tenace que, de guerre lasse, on a fini par l’admettre. Bien entendu, son côté peu sérieux masquait un « lourd secret ». En comparaison de ce personnage, de la fille et d’un jeune surnommé Smilee (joué par Kellan Lutz, jusque là voué aux navets), les autres vedettes de la troupe font vraiment figure de retraités. Mais costauds et bagarreurs néanmoins, c’est un minimum. Notons que Bruce Willis, trop gourmand, n’a pas été réengagé, que Jackie Chan a refusé, et que Wesley Snipes est revenu, après un petit séjour de trois ans en prison... pour fraude fiscale ! S’il avait vécu en France, il n’aurait pas connu ce petit désagrément.

Au fait, ne croyez pas trop les déclarations de Stallone, qui aime déclarer à la presse que ses acteurs font leurs cascades eux-mêmes et qu’on a très peu recours aux trucages numériques. Sur le premier point, on relève au générique de fin les noms de soixante-treize cascadeurs, qui n’ont pas été engagés que pour regarder le tournage, et on dénombre huit firmes spécialisées dans les trucages numériques, dont quelques-uns ne vous échapperont pas.

Cela dit, il n’est pas interdit de s’amuser. Avantage supplémentaire, il n’y a aucune histoire d’amour, ni aucun héros alcoolique et divorcé, ayant des ennuis avec ses enfants. Quand je vous dis que Stallone n’est pas idiot !

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Je voyage seule

Lundi 28 juillet 2014

Réalisé par Maria Sole Tognazzi

Titre original : Viaggio sola

Sorti en Italie le 24 avril 2013

Sorti en France le 9 juillet 2014

Irène, âgée de quarante ans, a en apparence une vie de rêve : elle est « invitée-mystère » dans les grands hôtels, surtout des palaces à cinq étoiles. Cela consiste à y séjourner aux frais de son patron et à faire un rapport sur la qualité du service. Lorsqu’elle a terminé, elle ne part pas en catimini, elle demande à être reçue par le directeur de l’hôtel et lui communique son rapport. Parfois, cela ne se passe pas très bien ; ainsi, pour cet hôtel italien où un serveur s’était montré condescendant avec un couple de jeunes mariés qui, visiblement peu familiers des palaces, avaient demandé avec quoi on faisait la sauce hollandaise !

Sont ainsi visités par elle (et par le spectateur), entre autres, l’Hôtel Adlon de Berlin (sinistre, déprimant), la Mamounia de Marrakech (vulgaire, luxe tapageur), et le Crillon de Paris (parfait). On regrette que l’Excelsior de Rome n’ait pas été sur la liste.

Cela dit, Irène vit seule, et lorsqu’elle rentre chez elle, c’est de surgelés qu’elle doit se contenter pour ses repas. Et puis, elle n’a de temps pour rien, alors que sa sœur, mariée avec un musicien d’orchestre et mère de deux filles, a du temps pour tout le monde, et ne manque pas de le lui faire remarquer. Il y a aussi son ancien amant, qui va être père sans l’avoir voulu, avec une fille qui ne veut pas l’épouser – mais on devine qu’ils vont néanmoins se mettre ensemble. Et c’est le décès subit d’une anthropologue rencontrée à Berlin qui lui fait prendre conscience du vide de sa vie : et si elle venait à mourir, elle aussi, loin de tout ?

Le film est agréable à voir, et il est court. Je dois pourtant signaler une grossière erreur sur le site d’Internet Movie Database, reprise bêtement par Allociné : au Maroc, c’est à Marrakech que se trouve son hôtel (sans doute la Mamounia, et l’on reconnaît la Koutoubia toute proche, aussi bien que la place Jemâa el-Fna), et non pas à Casablanca !

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Rude journée pour la reine

Mardi 29 juillet 2014

Réalisé par René Allio

Sorti en France le 6 décembre 1973

Ressorti en France le 9 juillet 2014

(Il n’y a pas d’erreur de ma part : on n’a fait qu’une seule affiche pour les deux films de René Allio ressortis ce mois-ci ! Donc, aucune image particulière pour le présent film)

Encore une histoire mettant en scène une dame âgée, mais cette fois, c’est une femme de ménage qui fantasme sur ce qu’aurait pu être son existence : reine, femme de président, ou impliquée dans une affaire policière. Sa vraie vie n’est pas reluisante : mari veilleur de nuit dans un supermarché, fils en prison, belle-mère acariâtre (jouée par Orane Demazis). À l’écran, le réel et l’imaginaire, les situations et les dialogues se mêlent, et c’est parfois cocasse ; par exemple, quand le père, en souverain austro-hongrois, reproche à son fils en prince héritier d’être un raté parce qu’il a échoué à son C.A.P. !

Mais on est surpris que ce film court, une heure et demie, semble au contraire si long et ne pas devoir se terminer. C’est qu’Allio et ses cinq (!) co-scénaristes ont accumulé les péripéties qui s’embrouillent à plaisir. Si bien que cela finit par vous taper sur les nerfs, et qu’on regrette la belle simplicité de La vieille dame indigne. On comprend fort bien que les auteurs ont voulu nous montrer que les humbles et les gens de la haute société ont des problèmes voisins, mais c’est à la fois faux et tiré par les cheveux dans la transposition. Le film est donc à voir uniquement pour son intérêt historique, Allio, avec ses neuf longs métrages, n’étant pas n’importe qui.

À noter une séquence aussi courte qu’inutile avec Gérard Depardieu, entièrement nu comme d’habitude, et déjà grassouillet.

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Palma Real Motel

Mercredi 30 juillet 2014

Réalisé par Aarón Fernandez Lesur

Titre original : Las horas muertas

Sorti en Suisse (Festival de Zürich) le 27 septembre 2013

Sorti en France le 23 juillet 2014

Également distribué sous le titre Les heures creuses. Une tranche de vie sur le littoral mexicain. Sebastián, qui va sur ses dix-huit ans, doit remplacer durant quelques jours son oncle qui possède un petit motel où des couples viennent louer une chambre pour une heure ou deux. On ne reverra pas l’oncle, qui doit finalement subir une opération, et Sebastián est obligé de se débrouiller seul, puisque la femme de chambre habituelle a aussi fait faux bond. Il fait tout, mais il s’ennuie, jusqu’au jour où l’une de ces jeunes femmes, Miranda, dont l’amant n’est pas venu au rendez-vous, sympathise avec lui, l’invite à aller se distraire dans un dancing, s’enivre, et il doit la ramener au motel. Le lendemain, elle revient s’excuser, et ce qu’on prévoyait dès le début arrive, l’amant négligent est remplacé par le gentil jeune homme, qui ne manque pas d’attrait.

Mais lorsqu’elle revient pour le voir, elle se méprend : il est en train de donner des instructions à une nouvelle et jolie femme de chambre, elle croit qu’il l’a oubliée, et s’en va ! Rien d’autre, mais ce film de cent minutes semble plus court que Rude journée pour la reine, qui en dure dix de moins.

Du même réalisateur, j’avais vu le premier film, Pièces détachées, et il m’avait semblé très doué. Cela se confirme ici.

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Mister Babadook

Jeudi 31 juillet 2014

Réalisé par Jennifer Kent

Titre original : The Babadook

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 17 janvier 2014

Sorti en France le 30 juillet 2014

Habituellement, je n’aime pas les films d’horreur, hormis The shining, car ils manquent un peu de trop de subtilité, et cherchent surtout à vous faire sursauter via les moyens les plus grossiers. Celui-ci échappe largement à ce schéma, montre assez peu d’images horribles, et mise surtout sur la bande sonore et sur l’hypothèse que tout cela n’est qu’un ensemble de fantasmes.

Sept ans auparavant, Amelia a perdu son mari dans un accident survenu alors qu’il la conduisait à la maternité, où elle accoucha de leur fils, donc orphelin dès la naissance. Mais Samuel s’est entiché d’un livre d’horreur, trouvé on ne sait où, intitulé The Babadook, mettant en scène un monstre assez horrible, tout noir et anguleux, très expressionniste allemand, et à l’existence duquel il croit : les contes gnangnans que tente de lui lire sa mère, il n’en veut pas ! En outre, il est assez violent et se passionne pour les tours agressifs, allant même jusqu’à fabriquer une arbalète qui lance des fléchettes – dont il se servira.

Du coup, sa mère, qui l’estime déséquilibré mais refuse (au début) de le croire dangereux, a de plus en plus de mal à supporter son comportement. Peu à peu, elle perd la tête, a des hallucinations, elle lui fait avaler des calmants, et voilà bientôt deux déséquilibrés dans la maison. Pour ne rien arranger, n’est-ce pas le fantôme de son mari qui se manifeste à elle ?

La réalisatrice a d’abord fait un court-métrage, Monstre, sorti en 2005 et qui durait dix minutes, sur ce thème. Ce type de répétition est de plus en plus courant au cinéma. Il est regrettable que ces courts-métrages soient si rarement projetés dans les salles, lesquelles, en France, n’ont QUE l’obligation d’afficher le titre du court-métrage censé être au programme, mais pas celle de le projeter ! Admirable Centre National du Cinéma, qui édicte des règles et se montre incapable de les faire respecter. Résultat : les courts-métrages ne sont vus que dans les festivals...

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Dernière mise à jour de cette page le samedi 12 septembre 2020.