Œuvres citées : Clerks II – Clerks – Jay et Bob contre-attaquent – La guerre des étoiles – Le seigneur des anneaux – Amer béton – Tekkon kinkurîto – Azur et Asmar – Spider-Man 3 – Loin d’elle – Away from her – Mémoire d’un tueur – La faille – Fracture – Hitcher – The hitcher – Duel – Les oiseaux – Psychose – Still life – Sanxia haoren – Full metal jacket – Tout ira bien – Netto – La vie des autres – La parole donnée – Ces messieurs dames – La classe ouvrière va au paradis – La méprise – Pelle le conquérant – Mes meilleures intentions – Zodiac – Panic room – The game – Seven – Le scaphandre et le papillon – Johnny got his gun – Après lui – Ma mère – 88 minutes
Personnes citées : Kevin Smith – Miguel Arias – Sam Raimi – James Raimi – Tobey Maguire – Sarah Polley – Atom Egoyan – Anthony Hopkins – Ryan Gosling – Dave Meyers –Rutger Hauer – Sean Bean – Steven Spielberg – Dennis Weaver – Jia Zhang Ke – Robert Thalheim – Alfred Hitchcock – Orson Welles – Anselmo Duarte – Pietro Germi – Elio Petri – Alan Bridges – Bille August – Jacques Faizant – Grégory Villemin – David Fincher – Julian Schnabel – Jean-Dominique Bauby – Dalton Trumbo – Catherine Deneuve – Gaël Morel – Christophe Honoré – Catherine Deneuve – Jon Avnet – Al Pacino – Robert De Niro – Jean-Claude Brialy – Christine Siméoni – Jeanne Moreau – Jean-Pierre Léaud
Réalisé par Kevin Smith
Sorti en France (Festival de Cannes) le 26 mai 2006
Sorti aux États-Unis le 21 juillet 2006
Sorti en France le 2 mai 2007
Dix ans après Clerks, Dante et Randal reviennent. Le drugstore et le vidéo-club où ils travaillaient faute d’ambition a brûlé par la faute de Randal, et ils ont dû se reconvertir en employés de fast food. Heureusement, la patronne est sympathique, et aussi très belle, de sorte qu’elle attend un enfant de Dante... qui est fiancé à une fille que pourtant il n’aime pas.
Les deux ringards finiront par racheter leur ancien lieu de travail en vue de le retaper et d’être cette fois leurs propres patrons. L’argent leur a été prêté par Jay, l’obsédé sexuel et vendeur de drogues, et par Silent Bob – tous deux accrochés à leur mur et ne fichant rien de la journée, deux zigotos qu’on avait vus aussi dans Jay et Bob contre-attaquent, dû au même Kevin Smith, l’interprète de Silent Bob (il est à gauche sur l’affiche).
Cette deuxième partie est moins jouissive mais tout aussi j’menfoutiste que la première. Tout au plus aurait-on pu se passer de l’épisode sentimental et longuet à l’intérieur de la prison. L’essentiel est dans les conversations oiseuses et absurdes sur les mérites comparés de La guerre des étoiles et Le seigneur des anneaux, et les considérations sur le sexe et le racisme. Mais enfin, le numéro 1 était à la fois plus drôle et plus culotté.
Réalisé par Miguel Arias
Titre original : Tekkon kinkurîto
Sorti au Japon (Festival de Tokyo) le 21 octobre 2006
Sorti en France le 2 mai 2007
Le titre japonais est traduit correctement (kinkurîto dérive de concrete, qui désigne bien le béton en anglais). C’est le premier film de Miguel Arias comme réalisateur, et son film est entièrement japonais. J’oserai dire que cela se voit, tant le graphisme est laid, surtout pour les corps et les visages. C’est aussi trop long : une heure et 51 minutes, pour un dessin animé, c’est interminable.
L’histoire est celle de deux enfants des rues, surnommés Noir et Blanc. Ils luttent contre une bande de yakuzas, et ce n’est pas toujours très intelligible.
Bref, on aime ou on n’aime pas. Beaucoup de critiques ont aimé. Par charité, je ne ferai aucune comparaison avec Azur et Asmar.
Réalisé par Sam Raimi
Sorti au Japon le 16 avril 2007
Sorti en France le 1er mai 2007
Bon, d’accord, pour sa troisième apparition, Spider-Man devient momentanément méchant. Or, comme on sait, plus le méchant est intéressant, plus le film l’est aussi. Mais enfin, c’est un peu tard. D’autant plus qu’il y a trois autres méchants dans le scénario, eux aussi momentanés – ce qui, soit dit en passant, indiquerait plutôt, de la part des auteurs frères Sam et James Raimi, une panne d’inspiration.
L’histoire n’est pas franchement mauvaise, mais le récit en est un peu gâché par la surabondance des scènes spectaculaires réalisées en images de synthèses, plus tape-à-l’œil qu’imaginatives. Ne surnagent de tout cela que les brillantes séquences de l’Homme de Sable, et la combinaison noire très seyante du Spider-Man méchant : du coup, le personnage en devient sexy, alors que l’acteur Tobey Maguire est loin de l’être...
Réalisé par Sarah Polley
Titre original : Away from her
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2006
Sorti en France le 2 mai 2007
La maladie d’Alzheimer n’a été abordée au cinéma que dans un film belge, Mémoire d’un tueur, qui était en fait un film policier ; elle n’apparaissait donc que comme un élément secondaire d’un récit à visées politiques.
Lorsque, à l’instar de votre humble serviteur, on abomine les films qui tentent de vous arracher des larmes, on traîne les pieds pour aller voir une histoire de maladie incurable. Mais on se dit que c’est un film canadien, et co-produit, qui plus est, par Atom Egoyan, donc ce ne sera pas médiocre. Et, en effet, il y a une autre manière d’intéresser le spectateur qu’en lui jouant du violon (ou du violoncelle, comme fréquemment au cinéma). Il s’agit alors de filmer des comportements, dans un style qui soit le plus sec possible. Ce n’est qu’à moitié le cas ici, et on aurait pu faire mieux dans la distanciation. Néanmoins, tel qu’il est, le film est honorable. La principale originalité du scénario réside en ceci : une fois acquis que Fiona, la malade, s’est détachée de son mari pour s’attacher à un autre homme, ledit mari a eu une aventure avec l’épouse de cet homme. En somme, ils se consolent ensemble, et c’est peut-être un peu beaucoup sur le plan scénaristique. Mais bon, il fallait bien que quelque chose se passe...
Tout repose sur les acteurs, qui par chance sont excellents.
Réalisé par Gregory Hoblit
Titre original : Fracture
Sorti aux États-Unis le 11 avril 2007
Sorti en France le 9 mai 2007
Ex-Hannibal le Cannibale – jouera-t-il un jour autre chose que des personnages diaboliques ? –, Anthony Hopkins, cette fois, bouffe tout cru un jeune procureur. Métaphoriquement, rassurez-vous, car ces gens-là sont souvent indigestes, et celui du film ne fait pas exception, tant ses canines rayent... le Parquet (on n’allait pas la rater, celle-là !).
Ted Crawford, mari trompé, tire sur sa femme, qui se retrouve dans le coma ; puis il fait des aveux complets. Il est condamné d’avance, pensez-vous ? Pas du tout ! Il refuse tout avocat pour se défendre lui-même, se paie la tête du jeune procureur Willy Beachum en lui offrant de devenir son défenseur (!), puis démolit l’accusation en deux phrases, et se voit remis en liberté. Il faut dire que l’arme du crime n’a pas été retrouvée, ce qui aide...
Hélas pour lui, le procureur, ridiculisé, s’entête. Hélas pour le spectateur également, car cela nous vaut une bonne demi-heure de péripéties oiseuses, dont une histoire d’amour dont on se fiche royalement, avec une actrice qui incarne un des sommets du cliché, sorte de femme libérée très Barbara Gould, qu’on giflerait volontiers. Mais il fallait un deuxième acte et une fin morale : le proc, joué par l’excellent Ryan Gosling, retrouve l’arme et coince le meurtrier, qui a fait une belle bourde juridique. Le voilà condamné dans la scène finale.
Et à ce propos, la faille du titre français (en fait, le film s’intitule Fracture) ne serait-elle pas surtout dans le scénario ? Car enfin, comment un criminel aussi intelligent n’a-t-il pas prévu qu’en autorisant le débranchement de sa femme en coma dépassé, il transformait alors la qualification de l’accusation, de « tentative de meurtre » en « meurtre au premier degré »... autorisant ainsi un nouveau procès ? Eh oui, aux États-Unis comme en France, on ne peut être jugé deux fois pour le même motif, mais si le motif change, tout est fichu par terre...
En outre, l’acquittement du début repose sur une double substitution d’arme à feu, un peu dure à gober : il fallait vraiment que l’assassin ait une chance de pendu (je n’ose écrire « de cocu », vu le contexte) pour que l’opération se déroule sans anicroche. À quoi s’ajoute le fait que, pour que le procureur comprenne l’astuce, il aura fallu rien moins qu’un suicide, ramenant le fatidique pistolet au devant de la scène. C’est beaucoup.
Cette histoire bénéficie d’une mise en scène qui évite les tarabiscotages coutumiers, et l’on suit le récit sans peine, avec même un certain plaisir grâce aux deux acteurs masculins. Plus court, le récit serait impeccable. Et quel dommage que la morale soit sauve !
Réalisé par Dave Meyers
Titre original : The hitcher
Sorti aux États-Unis le 19 janvier 2007
Sorti en France le 9 mai 2007
Après Rutger Hauer en 1986, le nouvel hitcher (ce mot signifie « auto-stoppeur ») est incarné par Sean Bean, et ce mister Bean s’avère encore plus sadique que son prédécesseur néerlandais.
À première vue, on a un remake banal, misant à la fois sur le spectaculaire (gore, carambolages de bagnoles, explosions) et sur l’esprit du moment, qui tend à tout compliquer. Expliquons-nous : alors que, vingt ans auparavant, on mettait en présence deux personnages et une voiture, aujourd’hui, on met douze personnages et un garage entier. Et je ne doute pas que le Duel qui a fait connaître Spielberg fera un jour l’objet d’une version réactualisée, où l’automobiliste naguère incarné par Dennis Weaver voyagera dans une caravane en compagnie de sa petite famille, et qu’on verra enfin le visage du camionneur fou ; joué par Anthony Hopkins, tiens, pourquoi pas ? La structure dramatique de ce Hitcher n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Duel.
Autres références appuyées, celles en direction d’Hitchcock, dont deux films sont cités, Les oiseaux et Psychose ; sans oublier le principe très hitchcockien de l’innocent pris pour un coupable, puisqu’ici, les deux jeunes victimes sont arrêtées par la police, qui les traite comme deux assassins, sans chercher plus loin.
Le film est donc un peu en retrait de son modèle. Mais, tel quel, il n’est pas sans intérêt, avec son meurtrier suicidaire et qui répète sans cesse qu’il veut mourir.
Réalisé par Jia Zhang Ke
Titre original : Sanxia haoren
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2006
Sorti en France le 2 mai 2007
Le titre original, qui signifie « Nature morte », est bêtement traduit, si l’on peut dire, par une expression anglaise qui n’a rien à voir avec le sujet.
Film chinois (de Chine continentale) dû au même réalisateur que The World, qui m’avait laissé une impression mitigée. Ici encore, des ambitions sociales, une description minutieuse des humbles et du monde du travail, un décor inhabituel qui a autant d’importance que les personnages, voire davantage, et une morale pessimiste qui tient en peu de mots. Dans le cas présent, les grands bouleversements qui marquent l’évolution d’un pays (la construction d’un énorme barrage fait disparaître une centaine de villages) marquent aussi le caractère des êtres. Paradoxalement, on pense à Full metal jacket, qui montrait que la guerre modifiait aussi les survivants – ce dont on se doutait bien, mais le cinéma songe rarement à le dire.
Le principal intérêt est dans l’image, qui ouvre sur des perspectives immenses (ah ! cette tour qui s’effondre en arrière-plan des deux époux séparés, en train de faire le bilan de leur vie personnelle...), et dans la captation du son, très présent. On en oublierait presque de suivre l’intrigue, au demeurant très ténue.
Réalisé par Robert Thalheim
Titre original : Netto
Sorti en Allemagne (Festival Max Ophüls) le 18 janvier 2005
Sorti en France le 16 mai 2007
Titre original bizarre, Netto (« net »), pour ce film allemand tourné en vidéo. Marcel Werner, ex-citoyen de l’Allemagne de l’Est, est divorcé, son ex-femme s’est remise en ménage avec Bernd, et leur fils de quinze ans, Sebastian, supporte mal son beau-père. Il décide ainsi d’aller vivre chez son père, qu’il n’a pas vu depuis deux ans, bien qu’ils habitent tous la même ville, Berlin (le Mur a pourtant été démoli).
Marcel est un perdant. Il accumule les boulots ringards et mal payés, mais refuse de voir la réalité, multipliant ou feignant de multiplier les projets mirifiques en vue d’améliorer sa situation. Sa marotte est de devenir garde du corps d’une célébrité, et il en parle à tout le monde sans intéresser qui que ce soit. Pour ne rien arranger, il est incapable de rédiger une lettre de candidature.
Dès les retrouvailles, pas très chaleureuses, avec son rejeton, c’est celui-ci, plus réaliste, qui prend son père en charge. Le père est enfin convoqué pour un entretien d’embauche, mais cela tourne à la déroute. Pour comble, Angelica veut récupérer son fils, mais le garçon préfère vivre avec son père.
Le film appartient au genre naturaliste, et sa vision n’est pas très optimiste. Comme tel, il appartient au nouveau cinéma allemand, et on se permettra de le trouver supérieur à La vie des autres tant vanté.
Naguère, je caressais vaguement l’idée, quand cela me serait devenu possible, d’assister au festival de Cannes. J’ai vite renoncé à cette idée : cette manifestation n’est plus guère qu’une vitrine pour les chaînes de télévision, qui désormais y font la loi.
Non sans malice, « Le Figaro » s’est plu, dans son numéro du vendredi 11 mai, à rappeler quelques bides du palmarès. Pour n’en rester qu’à la Palme d’Or, la récompense suprême, elle n’est pas une garantie de succès, loin s’en faut. En voici quelques exemples.
Il y eut d’abord les oublis. Pour ne citer que le plus flagrant, Alfred Hitchcock s’est déplacé une demi-douzaine de fois pour présenter au festival son dernier film... mais n’y a jamais eu la moindre récompense (pas plus, soyons justes, qu’il n’a eu le moindre Oscar à Hollywood). Lorsqu’on se souvient qu’Orson Welles l’a qualifié de « plus grand réalisateur du monde », c’est piquant.
Mais certains films couronnés n’y ont pas gagné grand-chose ! En 1962, La parole donnée, d’Anselmo Duarte, n’a eu que 200 000 entrées lors de son exploitation en salles. En 1966, Ces messieurs dames, de Pietro Germi, en récolta encore moins : 178 000 spectateurs. Il avait d’ailleurs été sifflé à Cannes. À peine mieux, un autre film italien, La classe ouvrière va au paradis, d’Elio Petri (1972), abondamment cité dans la presse parce que très politique, n’attira que 183 000 spectateurs. L’année suivante, La méprise, d’Alan Bridges, en eut à peine davantage, 198 000, et ne laissa aucun souvenir. Mais le record fut sans doute atteint par Bille August, réalisateur danois qui avait déjà eu la Palme d’Or en 1988 pour Pelle le conquérant (moyennement apprécié avec 621 000 entrées) : en 1992, avec Mes meilleures intentions, il n’atteignit même pas les 100 000 entrées !
Réalisé par David Fincher
Sorti au Canada le 2 mars 2007
Sorti en France le 17 mai 2007
Le tueur en série surnommé sans trop de raison « Zodiac » eut une carrière assez courte, à partir de 1969, et les meurtres qu’il commit dans les environs de San Francisco n’atteignirent jamais l’horreur de celui dont fut victime le Dahlia Noir à Los Angeles. Mais ces meurtres restèrent eux aussi impunis, et le suspect le plus probable, un certain Allen, fut disculpé par les tests sur l’ADN.
Ce film raconte l’enquête, qui s’enlisa, au point que la police finit par abandonner. Seul s’obstina... un dessinateur de presse qui n’avait rien à voir avec les recherches. Un peu comme si, au « Figaro » – je cite évidemment mon journal favori –, Jacques Faizant s’était acharné à tenter d’élucider le mystère de l’assassinat du petit Grégory !
Pour son quatorzième film, David Fincher change de style et abandonne les effets tape-à-l’œil qui avaient gâché Panic room et The game. Et, s’il s’intéresse pour la seconde fois à un tueur en série, après Seven, c’est avec une sobriété inhabituelle chez lui.
Le résultat ? Ni un chef-d’œuvre, ni un navet comme les deux qu’on cite plus haut. Mais un bon film, qui n’ennuie jamais en dépit de sa longueur, deux heures et trente-six minutes, ce qui est peut-être excessif. Le mérite de l’intérêt qu’on y prend est à mettre au crédit des acteurs, tous excellents et dont aucun ne tire la couverture à lui.
Réalisé par Julian Schnabel
Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2007
Sorti en France le 23 mai 2007
Au début, on a un peu peur : tout le film va-t-il être construit en caméra subjective ? Verra-t-on le récit entier par l’œil unique (la paupière figée de l’autre a été recousue pour assurer l’humidification de la cornée) du malheureux Jean-Dominique Bauby, totalement paralysé ? Puis la mise en scène s’aère de plus en plus, et le film échappe à son postulat de départ.
Il a existé un précédent : Johnny got his gun, de Dalton Trumbo, en 1971, racontait une histoire encore plus cruelle, celle d’un soldat de la Première Guerre Mondiale, privé de ses quatre membres, de son visage, de la vue, de la parole, de tout, absolument tout, à l’exception de son cerveau. C’était poignant, d’autant plus qu’il s’agissait d’un jeune homme de vingt ans, et que l’identification au héros, pour le spectateur, était totale. Ici, ce n’est pas le cas, le personnage central est un intello, rédacteur en chef d’un grand magazine féminin, très à son aise, écrivain, bref, pas l’homme de la rue.
On va voir ce film parce qu’on aurait honte de ne pas le voir, et il se révèle moins pénible que prévu, en dépit de sa longueur.
Réalisé par Gaël Morel
Sorti en France (Festival de Cannes) le 21 mai 2007
Sorti en France le 23 mai 2007
Le film doit tout à Catherine Deneuve. Pas uniquement parce qu’elle ne quitte presque jamais l’écran, mais surtout parce que, sans sa présence, le financement n’aurait jamais été assuré. Pour son quatrième film, Gaël Morel s’éloigne de son habituel univers homosexuel, qui confinait les trois premiers aux salles spécialisées – à Paris, le MK2 Beaubourg, seule salle du troisième arrondissement, à la limite nord-ouest du Marais. Ce qui lui garantissait de solides insuccès.
Mathieu mort dans un accident de voiture, sa mère Camille, paradoxalement, s’attache à son ami Franck, qui conduisait le véhicule, et en fait un fils de remplacement. Bientôt, cela tourne au harcèlement, et malgré l’hostilité des parents du garçon et une mesure d’éloignement prise par un juge, elle s’obstine.
L’inconvénient avec un tel postulat de départ, c’est que l’histoire n’a aucun élément pour avancer. Elle piétine donc au bout d’une demi-heure, et se termine sur ce que les critiques professionnels appellent « une fin ouverte » – ils adorent ça –, et que les spectateurs ordinaires qualifient de « fin en queue de poisson » – ils n’aiment guère ça. Autre inconvénient, on craint à tout moment que les deux personnages principaux finissent par coucher ensemble, ce qu’ils ne font pas. Il faut dire que le co-scénariste est le navrant Christophe Honoré, et que ce thème épate-bourgeois le tente depuis le ridicule Ma mère...
Réalisé par Jon Avnet
Sorti en Israël le 2 mars 2007
Sorti en France le 30 mai 2007
On va voir ça comme on va voir le dernier film avec Catherine Deneuve, par curiosité : dans le cas présent, pour savoir ce que devient Al Pacino, qui tourne très peu. Eh bien, il aurait mieux fait de ne pas jouer dans ce film non plus. L’époque est vraiment à la chute des vedettes, voyez plutôt Robert De Niro.
Pour ne rien arranger, 88 minutes apparaît comme un plaidoyer pour la peine de mort, avec son criminel au physique de nazi, qui attend son exécution, obtient un sursis de quelques heures, et auquel le héros, justement joué par Pacino, souhaite une bonne mort, ou quelque chose dans ce goût-là.
L’histoire est difficile à suivre, avec un bataillon de filles que l’on confond et des coups de téléphone incessants. Les scénarios basés sur l’usage du téléphone, ça commence à bien faire. Et si on passait à un autre gadget ? Tenez, le GPS, par exemple...
Ils sont toujours aussi brillants, à France Inter, la radio qui collectionne les bourdes. Pour marquer la mort, cette nuit, de Jean-Claude Brialy, on a fait venir au micro la critique intérimaire de cinéma, Christine Siméoni, qui a réussi à dénicher une « scène marquante » avec Brialy dans Les quatre cents coups ! À se demander si elle a vu le film.
La scène en question : une femme apparaît dans la rue (Jeanne Moreau, méconnaissable, et qu’on ne reverra plus par la suite), elle cherche un chien. Jean-Pierre Léaud veut l’aider. Mais Brialy (méconnaissable, et qu’on ne reverra plus par la suite), qui veut la draguer, dit à Léaud de ficher le camp. Le tout dure moins de trois secondes, et ni Moreau ni Brialy ne sont au générique.
Inoubliable, non ?
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.