Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : La isla mínima – True detective – Les chaises musicales – Le nom des gens – Inception – The dark knight rises – Interstellar – Ted 2 – Ted – Jurassic Park – Absolutely anything – La face cachée de Margo – Paper towns – Mission : impossible - Rogue nation – L’homme qui en savait trop – Les nuits blanches du facteur – Belye nochi pochtalona Alekseya Tryapitsyna – L’enfance d’Ivan – Coup de chaud – La niña de fuego – Tout sur ma mère – Vacation – American Ultra – Project X – Les secrets des autres – The grief of others – In the family
Personnes citées : Alberto Rodriguez – Marie Belhomme – Isabelle Carré – Michel Leclerc – Christopher Nolan – Orson Welles – Jean Renoir – Alfred Hitchcock – Steven Spielberg – Claude Lelouch – Seth MacFarlane – Terry Jones – Léonard de Vinci – Herbert George Wells – Terry Gilliam – John Cleese – Eric Idle – Michael Palin – Christopher McQuarrie – Tom Cruise – Andrey Konchalovskiy – Aleksey Tryapitsyn – Andreï Tarkosvki – Raphaël Jacoulot – Carlos Vermut – Pedro Almódovar – John Francis Daley – Jonathan M. Goldstein – Nima Nourizadeh – Jesse Eisenberg – Patrick Wang – Joe Wright
Réalisé par Alberto Rodriguez
Sorti en Espagne (Festival de Donostia) le 15 septembre 2014
Sorti en France le 15 juillet 2015
L’Espagne en 1980. Franco est mort depuis cinq ans, et le refrain à la mode est « Nous sommes un pays démocratique, à présent ». Il n’empêche que l’un des deux policiers envoyés dans un trou perdu, en Andalousie, afin d’enquêter sur la disparition de deux jeunes filles – dont on ne tarde pas à retrouver les corps, mutilés, elles ont en outre été violées –, se montre particulièrement violent envers les suspects qu’il interroge. Et l’on apprendra au dénouement qu’il a naguère tué une manifestante et torturé plus de cent personnes. Or son acolyte, lorsque la vérité s’impose à lui, fait semblant de ne rien savoir...
On a un peu de mal à suivre l’histoire, qui rappelle d’ailleurs un peu trop ce feuilleton télévisé à succès de l’année dernière, True detective : le procédé est le même, deux policiers que tout oppose, sinon il n’y aurait pas de film, des meurtres horribles, les gens du coin tous plus ou moins louches, rien de nouveau. Mais enfin, l’histoire est assez prenante, et on n’oublie pas d’y inclure les fausses pistes indispensables à tout scénario policier.
Certaines images de paysage, prises à la verticale et de très haut, sont surprenantes. Je me suis demandé où on avait placé la caméra.
Réalisé par Marie Belhomme
Sorti en France (Festival de Cabourg) le 13 juin 2015
Sorti en France le 29 juillet 2015
Encore un premier film. Les conséquences comiques d’un accident provoqué par Perrine, musicienne « presque » professionnelle et surtout gaffeuse, qui gagne assez mal sa vie. Or, voulant se racheter auprès de l’homme qu’elle a involontairement envoyé dans le coma, elle le visite chaque jour à l’hôpital et cherche à tout connaître de sa vie, jusqu’à s’introduire dans son appartement et s’occuper de son jeune fils. Pour ne rien arranger, et c’est un truc de scénario qui a beaucoup servi, elle en tombe amoureuse, et ce sera réciproque quand enfin il sortira du coma.
On passe sur les multiples invraisemblances de cette histoire, car l’essentiel est ailleurs : dans la fantaisie permanente, nourrie par une Isabelle Carré qui est parfaite dans le rôle, car elle a joué souvent ce type de personnage. Et comme le film est court, on n’a pas le temps de se dire que trop, c’est trop. Signalons en passant que le co-scénariste est Michel Leclerc, qui en 2010 avait si bien réussi Le nom des gens.
J’avais détesté Inception, vu il y a cinq ans. Aujourd’hui, j’ai voulu vérifier si ma première impression était ou non la bonne, et j’ai donc revu le film. Eh bien non, pas de rachat possible, il m’a paru toujours aussi mauvais, tant par son contenu antiscientifique que par sa réalisation tapageuse et ne visant qu’à l’effet. Au passage, je précise que parler de « science-fiction » pour cette histoire, c’est un abus de langage, car il n’y a aucune trace de science dans ce fatras. C’est tout au plus un film fantastique, reposant sur l’hypothèse que plusieurs personnes peuvent partager leurs rêves et même programmer ces partages, mais tarabiscoté au-delà du raisonnable, et ne visant qu’un seul but : montrer combien son scénariste-réalisateur, Christopher Nolan, est imaginatif et intelligent.
Or, effet boomerang, le film ne possède qu’une seule vertu, mais capitale, nous faire aimer la simplicité autant que la clarté des bons réalisateurs, de Welles à Renoir en passant par Hitchcock. Et même Spielberg et Lelouch, tant décriés par la critique, se révèlent en comparaison beaucoup plus estimables et moins charlatans !
Du reste, avec ses deux films suivants, The dark knight rises et Interstellar, Nolan confirme qu’il nous avait dupés. Il trouve beaucoup d’argent pour faire ses films car le public l’adore, il a de la technique, mais il n’a pas grand-chose à dire.
Réalisé par Seth MacFarlane
Sorti en Autriche, Australie, Azerbaijan, Bosnie-Herzegovine, Allemagne, Croatie, Israel, Italie, Corée du Sud, Macédoine, Russie, Serbie, Ukraine, à Hong Kong, au Kazakhstan, au Portugal le 25 juin 2015
Sorti en France le 5 août 2015
Dans le premier Ted, le jeune John avait grandi avec son ours en peluche, Ted, qui est resté son meilleur ami jusqu’à l’âge adulte. Mais l’ours, doté de vie, avait tous les défauts du monde : grossier, buveur, adepte de toutes les drogues, un vrai pervers. Or Ted est tombé amoureux d’une femme, l’épouse, John assiste au mariage, mais les époux ne peuvent évidemment pas avoir d’enfant. John va se dévouer pour fournir, euh... la matière première, mais d’autres obstacles se présentent. D’abord, Ted est convoité par la firme Hasbro, qui fabrique des jouets, avec l’intention de le dupliquer en milliers d’exemplaires, sous réserve de percer le secret de sa vie ; ensuite, Ted n’a pas d’existence légale comme être vivant, donc il n’a aucun droit.
Tout s’arrangera, naturellement...
Le gag que j’ai préféré parmi des centaines d’autres est musical : Ted, John et les deux filles dont ils sont amoureux tombent sur un champ où est cultivée clandestinement une grande quantité de marijuana, la caméra s’envole dans un mouvement de grue, et retentit la musique de... Jurassic Park !
Tout est très vulgaire, mais sain, et on s’amuse. Beaucoup d’acteurs invités font dans l’autodérision.
Réalisé par Terry Jones
Sorti en France, en Islande et aux 2015 Philippines le 12 août 2015
On sait que les États-Unis, croyant naïvement pouvoir entrer en contact avec de présumés extraterrestres, ont envoyé dans l’espace une plaque où sont notamment gravés un dessin de Léonard de Vinci et l’image d’un couple nu. À ce jour, les extraterrestres n’ont pas accusé réception. Quand on vous dit que la Poste marche mal... Or le film suppose au contraire que le message a été reçu par le Conseil Extragalactique, cinq aliens surpuissants (et curieusement dotés de prénoms féminins) qui, sachant déjà tout sur la nocivité des Terriens, se sont bien marrés, et envisagent plutôt de détruire la Terre et ses habitants. Néanmoins, ils décident de donner à l’espèce humaine une dernière chance : si un homme, sélectionné par eux, parvient à tenir dix jours en ne cherchant à faire que le bien grâce aux superpouvoirs qu’ils vont lui attribuer, la Terre sera épargnée ! C’était une idée d’Herbert George Wells.
Et cela tombe sur Neil Clarke, professeur de lycée, écrivain raté, vainement épris de sa voisine du dessous, qui vit seul avec son chien et n’est pas très bien vu par son proviseur. Il n’est pas averti des pouvoirs qui lui échoient, mais en prend conscience assez vite, et, comme il est très maladroit, il s’en sert à tort et à travers. Premier gag énorme : il souhaite la destruction de la classe de cancres, la C10, où il enseigne, et tous ses élèves sont aussitôt tués. Pris de remords, il fait le vœu que tous les morts ressuscitent, mais il s’est mal exprimé, et ce sont TOUS les morts de la planète entière qui sortent de leurs tombes !
De catastrophes en catastrophes, il repasse ses pouvoirs... à son chien, lequel souhaite que ce soit le Conseil extragalactique qui soit détruit, ce qui advient en effet.
Terry Jones est le metteur en scène des films de cinéma interprétés par les Monty Python, dont il fait partie. Lui-même et ses amis font les voix des aliens. On a donc un film des Monty Python, mais à la sauce numérique (trucages concoctés par une société cent pour cent chinoise). C’est assez drôle, mais il y a peut-être un peu trop de tout dans ce film assez brouillon. Qui ne sortira au Royaume-Uni qu’après-demain.
Réalisé par Jake Schreier
Titre original : Paper towns
Sorti en Colombie, Tchéquie et Russie le 18 juin 2015
Sorti en France le 12 août 2015
Quentin et Margo, camarades d’enfance, se sont un peu éloignés durant quelques années, lorsque Margo vient surprendre Quentin en pleine nuit, afin qu’il l’aide à punir son petit ami infidèle, ainsi qu’une de ses amies qu’elle pense l’avoir trahie (en quoi elle se trompe, et l’amie en question est aussi charmante que loyale).
Puis Margo disparaît, alors que Quentin prend conscience qu’il est amoureux d’elle. Avec ses deux meilleurs amis, il part à sa recherche, persuadé qu’avec son esprit compliqué, Margo n’aura pu partir que pour de ces villes fantômes, les paper towns, que les cartographes officiels placent sur leurs cartes afin de déceler les plagiaires ! Il la retrouvera en effet, mais pour s’entendre dire qu’elle ne l’aime pas et ne reviendra jamais, chez eux, à Orlando. Les deux copains, eux, plus chanceux, trouvent l’amour avant le retour.
C’est donc un film assez romanesque, mais plein de fantaisie pour compenser cet aspect. On y prend un plaisir certain.
Réalisé par Christopher McQuarrie
Sorti en Autriche le 23 juillet 2015le 18 juin 2015
Sorti en France le 12 août 2015
En dépit de quelques critiques favorables, le film est très inférieur à l’opus précédent, où l’on voyait Tom Cruise escalader par l’extérieur la façade d’un gratte-ciel, dans un émirat du Golfe. Ici, les séquences spectaculaires sont l’attentat contre un homme politique étranger durant un opéra, ce qui n’a rien d’original puisque cela a été fait avec L’homme qui en savait trop, quelques scènes de poursuite prétendument tournées à Marrakech, et un épilogue assez marrant où les bons ont emprisonné le méchant dans une cage de verre incassable et l’y asphyxient comme dans les chambres à gaz de jadis.
Les acteurs sont peu charismatiques, mis à part Simon Pegg, vu partout en ce moment.
Réalisé par Andrey Konchalovskiy
Titre original : Belye nochi pochtalona Alekseya Tryapitsyna
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2014
Sorti en France le 15 juillet 2015
Le titre est correctement traduit du russe, qui néanmoins nomme le facteur, personnage réel du nom d’Aleksey Tryapitsyn, également celui de son interprète. On a en réalité une tranche de vie, un documentaire romancé sur une région russe éloignée de tout, sauf d’une base de lancement de fusées (on en verra une décoller en arrière-plan, derrière deux personnages qui ne se retournent même pas pour la regarder). Et comme l’endroit est lacustre, le facteur, seul lien entre des villageois épars, se déplace en barque, jusqu’au jour où un inconnu lui vole son moteur. Hormis cela et le décès d’une femme âgée, il ne se passe rien, et les images, de qualité, ne comblent guère le vide de ce film. Néanmoins, Andrey Konchalovskiy, bien que partisan de Poutine, « a la carte », il est donc impossible de le contester ! Mais on lui pardonne, car il a été le co-scénariste de L’enfance d’Ivan, chef-d’œuvre et premier film d’Andreï Tarkosvki.
Réalisé par Raphaël Jacoulot
Sorti en France le 12 août 2015
Seuls le titre et le fait que ces villageois se plaignent de la sécheresse et installent une pompe afin d’irriguer leurs cultures indiquent qu’il s’agit d’un été prétendu torride, mais le réalisateur ne parvient pas à nous faire ressentir cette chaleur exceptionnelle. En fait, il s’agit surtout de bisbilles opposant les habitants à un garçon pas très futé, qui a la manie de chaparder de petits objets et d’écouter trop fort, dans sa voiture, de la musique qui semble jouée à coups de marteaux (bien qu’elle ne soit pas de Mahler). Il est vrai que ce garçon va jusqu’à tenter de violer... une dame âgée, et qu’on le soupçonne, sans doute à tort, d’avoir voulu en faire autant avec une jolie jeune fille. Bref, on finit par le retrouver mort, et les gendarmes enquêtent.
Ce film est bancal, car, parti d’une relation sur la psychologie villageoise, il débouche sur une investigation sans le moindre intérêt, que les diverses ellipses et manipulations de la temporalité, totalement inutiles, n’arrangent pas.
Reste donc une distribution épatante, et cette sorte de soulagement bien exprimé que ressentent, à sa disparition, les gens qui n’aimaient pas la victime. En somme, c’est l’histoire rarement filmée d’un bouc émissaire.
Réalisé par Carlos Vermut
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 7 septembre 2014
Sorti en France le 12 août 2015
Il paraît qu’Almódovar a chaudement recommandé le film, dont le titre est celui d’une chanson sans aucun rapport avec l’histoire. Or cette histoire est beaucoup plus perverse et sophistiquée que les petites sottises qu’Almódovar, cinéaste très démonétisé après des débuts en fanfare, produit depuis Tout sur ma mère, en 1999. Impossible de même en faire le résumé. Néanmoins, on peut noter que la réalisation, très classique, s’appuie sur un dialogue intelligent, ce qui tend à devenir rarissime, illustrant ce fait que la société espagnole n’a pas encore résolu son conflit traditionnel entre raison et sentiments, conflit que symbolise très bien la corrida !
Réalisé par John Francis Daley et Jonathan M. Goldstein
Sorti au Canada, aux États-Unis et à Taiwan le 29 juillet 2015
Sorti en France le 19 août 2015
Sur le thème très rebattu des vacances calamiteuses, l’accumulation sans surprises d’une longue suite de catastrophes qui s’abattent sur une famille de ploucs dont le père a eu la mauvaise idée de traverser la moitié des États-Unis pour aller revoir un parc d’attraction en Californie. C’est gras et à la limite du graveleux, mais comme, d’une part, le public le sait par avance, et que, d’autre part, l’intention des deux auteurs qui font là leur premier film est avant tout satirique, on peut se moquer des personnages sans aucun remords.
Réalisé par Nima Nourizadeh
Sorti en France le 19 août 2015
Cocorico, ce film est d’abord sorti en France, avant tous les autres pays. Pas de chance, c’est une niaiserie, accumulant les scènes de violence très bruyantes et les péripéties stupides. C’est grand dommage pour Jesse Eisenberg, acteur sympathique et compétent.
Il y joue un agent « dormant » de la CIA. Ce mythe du film d’espionnage met en scène un personnage qui a été recruté par cette centrale, puis on lui a fait perdre tout souvenir de son recrutement. Le moment venu, quand on aura besoin de lui faire commettre une saloperie, on lui envoie un code qui « le réveille ». Or, ici, Mike Howell désire quitter la ville où il habite, et la CIA veut l’abattre. Mais il y a conflit à la tête de la direction, et deux huiles s’affrontent autour de sa personne, qui n’y comprend évidemment rien.
Un seul gag porte, donnant la recette pour tuer un adversaire qui n’est pas visible : lancer en l’air une poêle à frire, et tirer sur la poêle. En ricochant, la balle atteint sa cible !
Le réalisateur avait à son actif un film comique bien meilleur, Project X, une histoire de fête à domicile organisée par des jeunes, et qui dégénérait. Dans le présent film, on ne rit absolument jamais.
Réalisé par Patrick Wang
Titre original : The grief of others
Sorti aux États-Unis le 15 mars 2015
Sorti en France le 26 août 2015
Patrick Wang suivrait-il, mais en plus rapide, la trajectoire de Joe Wright, qui avait commencé avec deux films remarquables, puis a commis un film médiocre, avant de terminer par un navet, inspiré par son désir de donner la vedette à une petite actrice qu’il avait fait débuter et dont il s’était entiché ? Wang, lui, a commencé avec In the family, chef-d’œuvre que les distributeurs avaient dédaigné mais auquel le public a rendu hommage, or le voilà qui réalise un film sans grand intérêt, toujours avec la famille au centre de l’histoire, totalement dépourvu d’émotion, et dont aucun personnage ne parvient à nous intéresser : deux époux ont perdu leur bébé, et leur chagrin se répercute sur leurs deux enfants, une fille de dix ans, adepte de l’école buissonnière, et un garçon de treize, qui est obèse. Déjà, la barque est lourdement chargée. Or, pour ne rien arranger, le père avait eu une fille d’une première union, elle a dix-sept ans, est enceinte et rejoint la famille, avec l’intention d’avorter. À cela s’ajoute un garçon de dix-neuf ans, étranger à ce groupe, plutôt artiste, et qui est le seul personnage parvenant à nous intéresser un peu.
Le film, composé de plans assez statiques, se termine de façon assez sotte, par une longue scène dans une cuisine vide, à quoi se superpose peu à peu une autre scène d’extérieur de la famille batifolant plus ou moins dans une prairie, dans un silence complet. Les critiques se sont extasiés sur cette bizarrerie, ainsi que sur le fait que le film a été tourné avec de la pellicule 16 millimètres, qui n’est plus du tout utilisée et n’a aucune incidence décelable sur la qualité de l’image.
Le titre est mal traduit, car il signifie plutôt « Le chagrin des autres ». Mais on sait comme les distributeurs français sont pointilleux sur le respect dû aux œuvres originales !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.