Œuvres citées (en italique, autres que des films) : I, robot – I, Asimov – Minority report – Fahrenheit 9/11 – L’armoire volante – Nos amis les flics
Personnes citées : Alex Proyas – Steven Spielberg – Isaac Asimov – Carlo Rim – Fernandel – Pauline Carton – Bob Swaim – Daniel Auteuil – George W. Bush – François Mitterrand – Roger-Patrice Pelat – Pierre Bérégovoy – Jean-Christophe Mitterrand – Alain Boublil – César – Charles De Gaulle – Anne De Gaulle – Georges Pompidou
Réalisé par Alex Proyas
Sorti en Thaïlande le 15 juillet 2004
Sorti en France le 28 juillet 2004
Si jamais vous souffrez de diabète, un régime à base de légumes est très recommandé. Permettez-moi de vous conseiller avant tout le navet. Ça tombe bien, en ce moment, on joue I, robot dans les meilleurs cinémas. Ce film calque son titre sur celui de l’autobiographie de l’auteur de l’histoire, I, Asimov, et présente l’avantage d’avoir été réalisé PAR un robot, qui s’est entièrement reposé sur les trucages par ordinateur.
Esthétiquement, ça rappelle en permanence Minority report, avec cette dominante du bleu gris-vert qu’on admire depuis des années dans les pubs pour les lames de rasoir. Plus moche que ce film, franchement, je ne vois pas. L’histoire, elle, est beaucoup moins compliquée que celle du film de Spielberg, mais n’a aucune importance, puisque le public veut seulement voir des acrobaties et de la castagne, et il est servi, surtout à la fin. Je doute que le cher Isaac Asimov aurait reconnu son enfant. Il n’y a même pas d’histoire d’amour. Comment voulez-vous passer ça sur TF1 le dimanche soir ?
J’ai revu Fahrenheit 9/11 ce matin. Un petit détail m’avait échappé à la première vision : il y a une séquence où des recruteurs de l’armée cherchent des jeunes dans la ville de Flint, pour leur proposer de s’engager afin d’aller défendre la liberté en Irak. Ils tombent sur un apprenti rappeur, lui font miroiter qu’un chanteur de rap, très connu dans son immeuble, est chez les Marines, et concluent, selon les sous-titres : « Un musicien doit savoir gérer son argent, surtout s’il gagne des millions de francs ». En 2004, nos amis sous-titreurs ignorent encore que le franc n’existe plus qu’en Suisse et en Afrique...
Réalisé par Carlo Rim
Sorti en France en 1948
Vu à la télé L’armoire volante, avec Fernandel. Scénario médiocre et laborieux, du type Mais-tout-cela-n’était-qu’un-rêve. Pourtant, de bonnes répliques, comme celle-ci, dans la bouche de Pauline Carton : « Un ministre qui tient ses promesses, mais c’est un parjure ! ».
Réalisé par Bob Swaim
Sorti en France (Festival de Saint-Malo) le 18 juin 2004
Sorti en France le 4 août 2004
Évitez ce film, il est vraiment nul. Aurait PU être drôle, mais ne l’est que très peu. La fin, comme d’habitude : fusillade générale, la routine, quoi... Daniel Auteuil devait avoir un arriéré d’impôts (j’ai payé les miens hier).
[À un ami, qui n’aimant pas Fahrenheit 9/11, était néanmoins allé le revoir :]
Bravo d’aller revoir un film que tu n’aimes pas, et par honnêteté intellectuelle. Mais, comme j’ai aussi revu le film, je peux rectifier un détail. Je ne pense pas qu’il y soit dit que les Saoudiens investissent chaque année 7 milliards de dollars aux États-Unis, mais que le montant actuel de leurs avoirs dans les banques et les entreprises des États-Unis représente 7 % des fonds placés. D’autre part, il n’est pas prétendu que tout cet argent tombe dans la poche de la famille Bush, mais que, s’il était retiré du circuit par ses possesseurs, l’économie des États-Unis s’en trouverait mal, ce qui est parfaitement exact. Il y a donc possibilité de chantage de la part des Saoudiens.
(Au fait, si vous avez été attentifs, vous avez pu admirer cette exécution capitale publique à Ryad : un condamné décapité au sabre, avec la tête qui roule par terre. Qu’est-ce qu’un pays qui se prétend civilisé, comme les États-Unis, fabrique avec ces gens-là ?)
Ce qui est tombé dans la poche de Bush fils, indirectement et par l’intermédiaire de ce camarade de l’armée, devenu employé des Saoudiens, et dont le nom a été censuré par la Maison-Blanche dans un rapport officiel, ce sont les fonds qui ont soutenu les entreprises que Bush fils a dirigées et menées à la faillite, comme cette exploitation de puits de pétrole au Texas. Ces sommes ne se montent pas à 7 milliards de dollars (montant qui n’a plus aucune signification en tant que fortune personnelle), mais ces petits cadeaux, d’une part, sont anormaux – et il est légitime de se demander quelle a été la contrepartie de la part des Bush père et fils –, et, d’autre part, restent considérables et très supérieurs au salaire de 400 000 dollars d’un président des États-Unis.
Il y a eu en France une affaire analogue concernant Mitterrand : la presse a découvert que, jusque après son élection à la présidence, il avait continué à recevoir des émoluments, en tant que « conseiller », de la part de son ami Roger-Patrice Pelat, milliardaire et qui a bénéficié de faveurs extraordinaires qui auraient pu valoir un procès à Bérégovoy, ministre des Finances, si la France était un pays normal et non une république bananière. Le fils Mitterrand, Jean-Christophe, le fameux Papamadit, recevait aussi des subsides de l’ami en question. Inculpé pour délit d’initié dans une affaire où l’on n’a condamné que des sous-fifres (dont un certain Boublil, du cabinet de Bérégovoy), Pelat, que tous les employés de l’Élysée appelaient « le vice-président », est mort juste avant d’être incarcéré. Mitterrand est resté intouchable, parce qu’on le savait mourant.
Ce que je veux dire en rappelant ça, c’est qu’il est tout à fait normal et sain de se demander publiquement pourquoi un chef d’État (ou un ministre, ou un chargé d’affaires à la présidence) reçoit de l’argent de la part d’une personne ou d’un organisme privé. Ce n’est pas une « impolitesse » ni un crime de lèse-majesté, de la part d’un citoyen ordinaire, que de poser ces questions. Et de la part d’un journaliste, ce devrait être un devoir ! En toute logique, dès qu’un homme entre dans une fonction publique, il ne devrait plus, sous peine d’être soupçonné de corruption ou de favoritisme, recevoir quelque argent de qui que ce soit, à l’exception de son salaire de fonctionnaire, ministre, Premier ministre ou président. On disait bien, à Rome que la femme de César devait être insoupçonnable. Pourquoi pas César lui-même ?
Je rappelle au passage que De Gaulle, que je déteste pour sa politique mais dont je dois reconnaître l’intégrité, lorsqu’il était à l’Élysée, payait son électricité (il y avait deux compteurs EDF, un pour les appartements privés et un pour les bureaux et pièces officielles !). Lorsqu’il organisait une fois par mois un dîner pour sa famille, il payait le repas de sa poche. Il ne touchait même pas les droits d’auteur de ses livres, qui allaient à la Fondation Anne De Gaulle (du nom de sa fille handicapée). Il ne vivait que de sa retraite de général. Quand il est parti de la présidence, il a refusé de toucher une retraite de président, et il a refusé aussi le cadeau d’un appartement que la République voulait lui offrir, rue de la Comète. Pompidou également était honnête, il n’était que locataire de l’appartement parisien où il est mort et où vit toujours sa veuve, 24 quai de Béthune, dans l’Île-Saint-Louis.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.