JPM - Films vus - Notules -  Décembre 2018

Notules - Décembre 2018

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres : La permissionAraghe SardHard eightSydneyMowgli : la légende de la jungleAstérix - Le secret de la potion magique – Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre – Frères de sangLa terra dell’abbastanzaRémi sans famille – La mante – Wildlife - Une saison ardenteWidlifeThe happy princeLe gendre de ma vieUne affaire de familleManbiki kazokuUn violent désir de bonheurMonsieurSir

Personnes citées : Soheil Beiraghi – Asghar Fahradi – Jean-François Julliard – Paul Thomas Anderson – Alexandre Astier – Louis Clichy – René Gosciny – Albert Uderzo – Alain Chabat – Damiano D’Innocenzo – Fabio D’Innocenzo – Antoine Blossier – Daniel Auteuil – Maleaume Paquin – Carole Bouquet – Hector Malot – Paul Dano – Rupert Everett – François Desagnat – Hirokazu Kore-eda – Clément Schneider – Rohena Gera

La permission

Lundi 3 décembre 2018

Réalisé par Soheil Beiraghi

Titre original : Araghe Sard

Sorti en Iran (Fajr Film Festival) le 3 février 2018

Sorti en France le 28 novembre 2018

Premier film vu en France de Soheil Beiraghi, mais il en avait fait un autre, Me, en 2016, jamais sorti chez nous. On a très justement comparé cette histoire aux films (un peu plus intéressants) d’Asghar Fahradi – lire en fin d’article –, mais le thème est aussi critique de la société patriarcale de Téhéran.

Affublé d’un titre original plutôt bizarre qui signifie « Sueur froide » (sic, rien à voir avec Hitchcock !), ce film, bien interprété mais assez mineur, raconte une fois de plus une histoire presque vraie, puisque la mésaventure de l’héroïne est bel et bien arrivée à plusieurs joueuses de football iraniennes, empêchées de sortir de leur pays pour disputer à l’étranger une compétition sportive, parce que, mariées, elle n’avaient pas reçu de leur époux une autorisation de quitter le territoire, même pour quelques jours. Ici, pour comble, Afrooz est la capitaine de son équipe et elle est très connue. Hélas pour elle, son mari, qui présente une émission populaire à la télévision, est aussi connu qu’elle, et, bel homme mais jaloux comme un ayatollah, il ne voit pas d’un bon œil que son épouse s’éloigne de lui, alors qu’ils sont déjà séparés !

Après quelques épisodes pas très bien agencés et dont la logique nous échappe partiellement, Afrooz trouvera un moyen d’échapper aux griffes de son mari, en téléphonant en direct à l’émission qu’il est en train d’animer, pour exposer ses griefs, et donc, le ridiculiser : il n’a d’autre ressource que d’interrompre le programme en prétextant un incident technique. On devine qu’Afrooz va pouvoir se rendre en Malaisie où a lieu une compétition internationale de football, où son équipe, très expérimentée, est assurée de gagner la coupe.

 

*

L’un des critiques préposés aux comptes-rendus cinématographiques du « Canard enchaîné », Jean-François Julliard, se ridiculise lui aussi en massacrant le nom d’Asghar Fahradi, sans doute pas assez connu, et en l’écrivant « Ashgar Faradi ». Ce prénom ne contient aucun son CH dans son écriture en caractères arabes, et le H de son patronyme a disparu. Tout cela est très français, et, chez nous, on semble allergique aux langues étrangères.

En bref : à voir.Haut de la page

Hard eight

Mercredi 5 décembre 018

Réalisé par Paul Thomas Anderson

Titre original : Sydney

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 20 janvier 1996

Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 1996

Ressorti en France (sous un autre titre) le 21 novembre 2018

Ce film était passé à la télévision française en 1996, et je l’avais vu et enregistré sur une cassette VHS. Il ressort sous un autre titre, mais, en dépit de sa qualité, il est dédaigné par le public et les critiques de profession. J’y ai pris le même plaisir que lors de sa sortie, et l’on est longtemps intrigué par la sollicitude de ce vieil homme bien mis en faveur d’un homme jeune et fauché, auquel il enseigne comment gagner de l’argent dans les casinos de Reno. On ne comprendra que peu avant la fin : il veut compenser le fait d’avoir naguère tué le père de ce garçon.

Les quatre acteurs sont impeccables. Et le réalisateur, bourré de talent, restera au même niveau durant plusieurs années, avant de gâcher sa carrière avec des films médiocres.

En bref : reprise. À voir.Haut de la page

Mowgli : la légende de la jungle

Samedi 8 décembre 2018

Réalisé par Andy Serkis

Titre original : Mowgli

Sorti en Inde (à Mumbai) le 25 novembre 2018

Sorti en France (sur Internet uniquement) le 7 décembre 2018

Le film se verra-t-il en salles ? On n’en sait rien. Pour le moment, il ne passe que sur Netflix, qui est une chaîne payante de télévision. Quoi qu’il en soit, je l’ai vu, et il appelle quelques remarques.

La première est que le réalisateur, Andy Serkis, doit en avoir assez d’interpréter des animaux (plus le capitaine Haddock) via le procédé informatique de la performance capture. Il se réserve toutefois un rôle, celui de Baloo, en parallèle avec de grandes vedettes comme Christian Bale, Benedict Cumberbatch ou Cate Blanchett, tous confinés dans un rôle sonore, puisque jamais on ne les voit.

Le livre de Rudyard Kipling est à la base de l’histoire, celle-ci étant heureusement loin des niaiseries de la version disneyenne, qui dépeignait la jungle comme une sorte de paradis où tout le monde était heureux. Ici, Mowgli est joué par Rohan Chand, jeune Indien né à New York. Le film a été tourné en Afrique du Sud, et, sans surprise, comporte d’innombrables trucages numériques, d’ailleurs aussi bien faits que ceux de Life of Pi.

 

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En France, deux versions sont accessibles : la version anglaise, dans laquelle tous les personnages, humains ou animaux, parlent anglais, et l’on dispose de sous-titres français, qu’on peut désactiver. Avec cette version, malheureusement, le moindre évènement est commenté par la voix de Cate Blanchett, mais son commentaire n’est PAS sous-titré, ce qui doit agacer prodigieusement les spectateurs qui ne sont pas bilingues (elle lit jusqu’au générique de fin, citant tous les acteurs principaux et les dirigeants de la réalisation !). Ou alors, on peut choisir la version doublée en français, avec ou sans sous-titres, mais alors, la voix de Cate Blanchett disparaît complètement, au point qu’on se demande à quoi elle sert dans l’autre version. 

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Astérix - Le secret de la potion magique

Mardi 11 décembre 2018

Réalisé par Alexandre Astier et Louis Clichy

Sorti en France le 5 décembre 2018

Pour une fois, tous les critiques français ont été élogieux, même ceux qui, habituellement, descendent en flammes les films.

Celui-ci n’est pas né d’un album de Goscinny et Uderzo, et le scénario est entièrement original, conçu par Alexandre Astier, dont le talent d’auteur est reconnu. Tout au plus peut-on regretter que les personnages principaux et les Romains soient si peu présents. Franchement, j’avais préféré la version d’Alain Chabat, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, en 2002, qui n’était pas un dessin animé. Les acteurs s’en donnaient à cœur joie !

En bref : à voir.Haut de la page

Frères de sang

Jeudi 13 décembre 2018

Réalisé par Damiano D’Innocenzo et Fabio D’Innocenzo

Titre original : La terra dell’abbastanza

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 17 février 2018

Sorti en France le 14 novembre 2018

Deux amis, Manolo et Mirko, roulent la nuit en voiture. Mais ils renversent un piéton et prennent la fuite. Plus tard, ils apprennent que l’homme était un mouchard qui travaillait pour la mafia locale, laquelle, par conséquent, doit leur en être reconnaissante. Ils se font connaître d’elle, sont engagés comme tueurs, et commettent quelques crimes, sans le moindre regret. Mais leurs nouveaux patrons les trouvent encombrants et les font abattre.

Cette histoire est à la fois déprimante et sordide, et les personnages ne sont pas du tout attachants. On avait déjà vu ce point de vue avec Dogman, mais ici, c’est pire.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Rémi sans famille

Mardi 18 décembre 2018

Réalisé par Antoine Blossier

Sorti en France (à Montpellier) le 30 septembre 2018

Sorti en France le 12 décembre 2018

Ce mélodrame semble avoir été conçu pour sortir à l’époque de Noël. De ce point de vue, c’est donc réussi. Les acteurs sont parfaits, surtout Daniel Auteuil et le jeune interprète de Rémi, le très joli Maleaume Paquin, qui n’est du reste pas un débutant, puisqu’il a fait partie du chœur d’enfants de l’Opéra de Paris, et joué l’année dernière dans La mante, un téléfilm assez réussi lui aussi, où Carole Bouquet interprétait une criminelle.

Le film, réalisé avec soin, n’est pourtant pas sans reproches : l’aspect très noir du roman d’Hector Malot a été soigneusement gommé, et la musique est envahissante, soixante-douze minutes sur les cent cinq que dure le film. Mais les décors naturels sont très beaux. Et puis, on nous a longuement seriné que l’enfant chantait beaucoup alors qu’il n’a qu’une scène où il le fait, et sans paroles...

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Wildlife - Une saison ardente

Mercredi 19 décembre 2018

Réalisé par Paul Dano

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 20 janvier 2018

Sorti en France le 19 décembre 2018

Jerry Brinson, que son patron, directeur d’un terrain de golf, trouve trop aimable avec les clients, se fait virer. Ne trouvant pas d’autre emploi, Jerry s’engage dans la troupe de pompiers bénévoles qui combattent un gigantesque incendie de forêt dans la région. Sa femme, Jeanette, n’approuve pas, prend un emploi et le trompe avec un homme riche et âgé, Warren Miller. Leur fils, Joe, âgé de quatorze ans, a tout compris, mais c’est un ange et il ne dit rien.

Lorsque l’incendie a pris fin, Jerry revient au foyer conjugal, mais Jeannette lui annonce qu’elle le quitte. Furieux, Jerry va mettre le feu à la maison de Miller. Mais ce dernier ne porte pas plainte. Néanmoins, Jeanette s’en va vivre dans une autre ville, tandis que Jerry, qui a trouvé un nouveau travail mieux payé, déménage dans une maison plus confortable, où Jeanette vient leur rendre visite mais ne s’attarde pas.

Le réalisateur est l’acteur Paul Dano, qui fait ici son premier film, tout en pudeur et retenue. Un exemple : Joe, invité avec sa mère chez Miller, découvre un préservatif non utilisé dans la chambre de l’homme. Plus tard, alors que Miller est venu rendre visite à sa mère, on voit très fugitivement et de loin l’étui d’un préservatif utilisé sur la table de nuit de Jeanette. Rien n’est appuyé, le spectateur est libre de voir ou de ne pas voir.

En bref : à voir.Haut de la page

The happy prince

Vendredi 21 décembre 2018

Réalisé par Rupert Everett

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 21 janvier 2018

Sorti en France le 19 décembre 2018

L’inconvénient, avec les acteurs qui s’identifient excessivement au personnage dont ils se sentent trop proches, c’est que le ridicule les guette. Ici, l’acteur-réalisateur Rupert Everett joue à être Oscar Wilde, mais il en fait beaucoup trop, allant jusqu’à oublier qu’il s’agissait d’un écrivain, au point de ne jamais le montrer en train d’écrire, et de ne le représenter que du point de vue de son homosexualité. Certes, l’acteur ne risque jamais d’aller en prison pour ce motif, ce qui est arrivé à Wilde, mais le résultat est là : le film est excessif et ennuyeux, et les seconds rôles, tenus par des comédiens connus et relativement estimés, en sont réduits à des silhouettes impuissantes.

Le public ne le suit pas, et le film rate son but.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Le gendre de ma vie

Lundi 24 décembre 2018

Réalisé par François Desagnat

Sorti en France le 19 décembre 2018

Petite comédie à la française, comme on en produit vingt par an, et qui n’est sorti dans aucun autre pays. Ce genre de production ne semble être fabriqué que pour pouvoir faire venir des vedettes dans les émissions de radio ou de télévision, où on les complimente sans grande originalité, alors qu’elles n’apportent rien, ni à leurs auteurs, ni à leurs interprètes, et encore moins au public, qui se lasse au bout d’une ou deux semaines. Ces œuvrettes se rattraperont à la télévision, avant de disparaître de nos souvenirs sans laisser aucun regret.

Ici, il est question d’un homme qui n’a eu que trois filles et regrette de n’avoir eu aucun fils. Alors, il tente de se rattraper sur ses futurs éventuels gendres, et se mêle de tout, y compris la vie privée de ses filles. Le truc est de faire rire à 95 % et d’émouvoir pour le reste, mais nous avons l’habitude de ce genre de cocktail, inspiré de ce qui se fait aux États-Unis. Ne reste plus qu’à fournir une vague teinture française. Mais nous avons des spécialistes.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Une affaire de famille

Mercredi 26 décembre 2018

Réalisé par Hirokazu Kore-eda

Titre original : Manbiki kazoku

Sorti en France (Festival de Cannes) le 13 mai 2018

Sorti en France le 12 décembre 2018

Pas d’une véritable famille, à vrai dire, car les personnages de cette histoire ne sont liés par aucun lien familial : les « parents » ne sont pas mariés, leurs enfants ne sont pas leurs enfants et ne portent pas leurs vrais prénoms, tous vivent surtout de la retraite que perçoit la grand-mère, etc. En réalité, ils vivent aussi et surtout de vol à l’étalage sans jamais s’être fait prendre dans les magasins. Mais, revenant d’une telle razzia, le père et son pseudo-fils ramènent chez eux – un logement qui est un vrai caravansérail –, une petite fille dont les parents se sont querellés sans trop se soucier d’elle. L’enfant se trouve bien dans sa nouvelle famille, et son grand frère d’adoption, qui a une douzaine d’années et trouve tout cela normal, s’occupe bien d’elle, et tout le monde est heureux, jusqu’à la mort de la grand-mère, défunte au cours d’une nuit. L’enquête policière qui suit – car on a enterré la vieille dame dans le jardin pour éviter les formalités et ne pas perdre le bénéfice de sa retraite, va révéler tous ces détails, et c’est la prétendue mère qui finit en prison, alors que le faux père, laissé en liberté, sera en charge du faux fils.

Finalement, s’étant écarté de son thème habituel, la famille traditionnelle, Kore-eda déroute avec cette fable, et convainc moins qu’avec ses précédents films. Et on reste assez perplexe lorsqu’il reçoit au Festival de Cannes une récompense, la Palme d’Or, un peu trop flatteuse. Le film n’est pas foncièrement mauvais, mais le public se demande où il a voulu en venir avec cette fable qui ne dit pas son nom parce que trop réaliste.

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Un violent désir de bonheur

Vendredi 28 décembre 2019

Réalisé par Clément Schneider

Sorti en France (Festival de Cannes) le 13 mai 2018

Sorti en France le 26 décembre 2018

Film court, modeste, et... très mal distribué : une seule salle dans toute la France, pour le moment ! Pourtant il est plutôt intéressant, car il raconte comment la Révolution française a eu des répercussions dans le petit peuple, et ici, particulièrement, dans un couvent de moines, où une cohorte de révolutionnaires vient s’installer de force. Or ces soldats sont accueillis par le discours d’un jeune moine, Gabriel, qui, en toute simplicité, leur fait honte par sa modération. Si bien qu’ils le prennent en amitié, au point de l’admettre parmi eux et de l’inviter à les suivre lorsqu’ils partiront. Mais Gabriel, qui a décidé de s’appeler désormais François, ne les suit pas, car il s’est attaché à leur mascotte, une jeune Noire, Marianne. Qui lui fera connaître l’amour ! De quoi faire aimer la Révolution.

Le public ne s’y est pas trompé, j’ai vu le film dans une salle comptant beaucoup plus de spectateurs que les autres jours.

En bref : à voir.Haut de la page

Monsieur

Lundi 31 décembre 2018

Réalisé par Rohena Gera

Titre original : Sir

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2018

Sorti en France le 26 décembre 2018

Film dû à une réalisatrice indienne, dont toute l’équipe technique est française, et qui a un titre anglais, sans doute pour éviter une bévue qui finalement s’est produite, puisque le résultat a reçu un titre français qui est le même que celui d’un autre film français sorti en même temps (sur Jean d’Ormesson) !

Ratna, villageoise pauvre, veuve à dix-neuf ans, est devenue, à Mumbai (anciennement Bombay), la servante d’un jeune homme riche, bon et prévenant, qui la traite bien, mais à qui elle ose à peine dire qu’elle est obligée de chercher un autre travail pour arrondir ses fins de mois. Or il est amoureux d’elle, le lui dit après bien des hésitations, mais elle ne peut accepter cette situation puisque, née pauvre, elle sait ce que tout le monde dira : qu’elle aura intrigué pour devenir la maîtresse de son patron. Se sentant humiliée, elle finit par quitter cet emploi et en trouve un autre. Enfin libre de tout soupçon, lorsqu’il l’appelle par téléphone, elle ne l’appelle plus « Sir », comme auparavant, mais Ashwin, son véritable prénom.

Tout est exprimé avec la plus grande retenue, et les deux interprètes sont parfaits. Le thème de cette histoire est la persistance des discriminations, héritage du système indien des castes, théoriquement aboli mais qui existe toujours en Inde.

En bref : à voir.Haut de la page

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.