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Œuvres citées (en italiques, autres que des films de cinéma) : L’Empereur – La marche de l’empereur – Good time – Téhéran tabou – Tehran taboo – Valse avec Bachir – The party (2017) – Qui a peur de Virginia Woolf ? – Happy end – L’atelier – Les trésors cachés des plantes – L’intelligence des arbres – Confident royal – Victoria and Abdul – Que Díos nos perdone – Taxi Sofia – Posoki – Numéro Une – Épouse-moi mon pote – Coexister – Logan lucky
Personnes citées : Luc Jacquet – Ben Safdie – Joshua Safdie – Robert Pattinson – Ali Soozandeh – Sally Potter – Blake Edwardes – Peter Sellers – Michael Haneke – Laurent Cantet – Mathieu Lucci – Stephen Frears – Judi Dench – Ali Fazal – Rodrigo Sorogoyen – Stephan Komandarev – Tonie Marshall – Tarek Boudali – Victor Hugo – Fabrice Éboué – Steven Soderbergh – Daniel Craig
Réalisé par Luc Jacquet
Sorti en France (première à Paris) le 5 février 2017
Sorti en France le 15 février 2017
Cet empereur est un manchot de l’Antarctique, et l’histoire est la suite d’un autre film intitulé La marche de l’empereur, du même réalisateur et sorti en 2004. Au centre du récit (romancé) se trouve un couple dont la femelle a pondu un œuf, qui ne doit surtout pas rester plus de quelques secondes en contact avec le sol, car le froid de la glace tuerait l’embryon. Puis les parents s’échinent à nourrir le petit en allant pêcher des poissons dans l’océan, qui est assez éloigné. Devenu grand, l’enfant va rejoindre lui-même l’océan, en compagnie des autres nouveaux-nés, et sans ses parents, qui d’ailleurs se sont séparés une fois leur mission acomplie.
Le danger est partout, et, paradoxalement, la mer est plus confortable et moins dangereuse que la banquise.
Les images sont belles, mais font froid dans le dos.
Réalisé par Ben Safdie et Joshua Safdie
Sorti en France (Festival de Cannes) le 25 mai 2017
Sorti en France le 13 septembre 2017
Ce film est affreusement mal réalisé, et les acteurs, hormis Robert Pattinson qui sert de truc publicitaire pour attirer des spectateurs, sont très mauvais – et très laids. Mais le pire est dans la façon de filmer : uniquement des gros plans de visages, pris avec une caméra portée par un cadreur qui gesticule sans raison.
Le point de départ est un hold-up dans une banque, qui évidemment tourne mal, et l’un des deux malfrats est un handicapé mental, que l’autre, son frère, va tenter de faire libérer sous caution, mais il n’a pas d’argent.
Est-ce un film « social » ? On n’en a pas l’impression. Mais la publicité nous dit que Pattinson est « tombé amoureux » de cette absurde façon de filmer. Ce doit être lui, le retardé mental...
Réalisé par Ali Soozandeh
Titre original : Tehran taboo
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2017
Sorti en France le 4 octobre 2017
Film entièrement dessiné, comme les anciens dessins animés, quoique fabriqué à partir de scènes réellement tournées par des acteurs, comme cela avait été fait pour Valse avec Bachir. Mais le thème, ici, est uniquement la sexualité des femmes en Iran, contrecarrée par toutes sortes d’interdits. Par exemple, une femme mariée ne peut rien faire si elle n’a pas la signature de son mari ! Naturellement, tous ces interdits sont contournés, et avec beaucoup d’ingéniosité, d’autant plus que les mollahs qui ont le pouvoir sont corrompus.
Réalisé par Sally Potter
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 13 février 2017
Sorti en France le 13 septembre 2017
La principale qualité de ce film est sa (courte) durée : une heure et onze minutes. Pour le reste, c’est du déjà vu, et les perfidies qu’échangent les personnages font penser, mais en moins bien, à Qui a peur de Virginia Woolf ?
Recette connue : réunir en un lieu clos un échantillon de personnages, et les faire vider leur sac. À cela près qu’en l’occurence, ils n’intéressent guère.
En outre, tout est filmé avec une caméra portée, ce qui est le meilleur moyen de tuer un film.
Et regrettons la sottise qui a présidé au choix du titre, déjà attribué à un chef-d’œure de Blake Edwardes, avec le grand Peter Sellers.
Finalement, ce film n’est à avoir que pour les acteurs, auxquels on ne peut rien reprocher.
Réalisé par Michael Haneke
Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2017
Sorti en France le 4 octobre 2017
Ce film, qui suit Amour, du même auteur, a été copieusement étrillé par la critique, et le public est réticent. Pourquoi une vision si pessimiste du genre humain ? Comme quasiment tous les films d’Haneke, celui-ci se termine par une mort violente, ici le suicide par noyade du personnage de Trintignant, qui mentionne au passage avoir étouffé sa femme sous un oreiller, ce qui était la trame d’Amour. Mais, dans le cas présent, tous les personnages sont mauvais, égoïstes, arrogants, et fournissent de l’espèce humaine une image consternante.
Alors, oui, la maîtrise de la mise en scène est totale, mais au service de quoi ?
À noter qu’au contraire d’Amour, ce Happy end, titré par un oxymore, souffre d’un nombre excessif de personnages, pas tous essentiels. Bref, on se demande pourquoi ils sont là !
Réalisé par Laurent Cantet
Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2017
Sorti en France le 11 octobre 2017
Un film intelligent et nuancé, ce qui se fait rare. De plus, il préserve le mystère de la personnalité du personnage principal, un jeune homme prénommé Antoine, joué par Mathieu Lucci, et dont on ne saura jamais s’il est d’extrême droite ou simplement en désaccord avec la société morne où il vit.
L’atelier du titre est un groupe de sept jeunes vivant à La Ciotat, ville autrefois vouée à la construction navale, aujourd’hui frappée par le chômage et la reconversion vers les bateaux de luxe. La mairie a monté un stage où ces jeunes vont tenter de suivre un atelier d’écriture piloté par une romancière connue, Olivia, qui a fort à faire pour les motiver, et n’arrive à rien avec Antoine, qui joue constamment de la provocation. Et comme il a en sa possession un pistolet avec lequel lui et ses copains s’entraînent à tirer sur des cibles improvisées, on craint à tout moment, soit de le voir tirer sur quelqu’un qui ne lui plaît pas, soit de se suicider. Il ne fera rien de tout cela, quittera le stage après que la romancière ait vainement tenté de lui faire raconter son existence, et trouvera un travail sur un cargo.
L’interprétation est parfaite.
Réalisé par Jan Roeloffs pour le premier, Julia Dordel, Guido Tölke pour le second
Sorti en Allemagne le 13 septeembre 2016 pour le premie
Sortis en France le 27 septembre 2017
C’est un peu un abus de confiance, car il ne s’agit pas d’UN film, mais de deux courts métrages, Les trésors cachés des plantes, de Jan Roeloffs, qui dure trente-cinq minutes et qui n’est nullement annoncé, et L’intelligence des arbres, de Julia Dordel et Guido Tölke, qui dure quarante-cinnq minutes. Ces deux films ne sont pas à leur place dans une salle de spectacle, et auraient pu trouver leur public dans une soirée Théma sur Arte.
À côté des images très belles de la nature, les commentaires sont un peu abscons et réservés aux passionnés, et surtout, le second film nous impose en supplément une théorie fumeuse selon laquelle les arbres communiquent entre eux. Bref, l’intention est bonne, mais le résultat est parfaitement soporifique.
Réalisé par Stephen Frears
Titre original : Victoria and Abdul
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2017
Sorti en France le 4 octobre 2017
Histoire extravagante mais ayant réellement eu lieu, d’une étrange amitié entre la reine Victoria et Abdul Karim, un jeune Indien musulman, qu’on a chargé d’apporter à la reine une médaille à l’occasion de son jubilé. Or, au lieu de se tenir à sa place et de ne jamais parler à la souveraine, ni de la regarder en face, il a ce réflexe absurde de se jeter à terre pour les baiser les pieds. Stupéfaite mais séduite par sa spontanéité, Victoria le prend en amitié en fait un de ses proches – elle n’en a pas beaucoup depuis la mort de son mari Albert.
Distrayant et amusant. Judi Dench et Ali Fazal inspirent une profonde sympathie. Les seuls personnages antipathiques sont les représentants de la Cour, qui tyrannisent la reine.
Réalisé par Rodrigo Sorogoyen
Sorti en Espagne (Festival de San Sebastián) le 18 septembre 2016
Sorti en France le 9 août 2017
On a collé artificiellement, sur cette histoire banale d’une enquête policière, un contexte politique superflu (mouvement espagnol des « indignés », et visite du pape Benoît XVI) ne jouant aucun rôle dans tout cela. En réalité, un malade mental, qui veut se venger de sa mère, viole et assassine des femmes âgées... sans jamais faire de mal à sa génétrice, qui est d’ailleurs très malade. Deux policiers enquêtent donc, dont l’un est une brute qui se fait renvoyer de la police, tandis que l’autre, dédaigné par tous parce qu’il est bègue, va se révéler meilleur policier que son ex-coéquipier.
Le fou, Andrés, va tuer le premier, Alfaro, et se faire tuer par le second, Velarde. La mise en scène serait acceptable qui elle n’était pas soutenue par une musique très agressive, et on ne voit guère qu’une scène réussie, quand Andrés, après avoir tué le policier, s’enfuit par la fenêtre en enjambant la rambarde et en sautant sur la chaussée : ce passage est filmé à la louma dans un seul plan plutôt virtuose. Mais il faut se contenter de cela. Et puis, le film est trop long : deux heures et sept minutes. C’est la mode, et elle est malvenue.
Réalisé par Stephan Komandarev
Titre original : Posoki
Sorti en France (Festival de Cannes) le 26 mai 2017
Sorti en France le 11 octobre 2017
Le titre original en bulgare signifie Directions.
Le film est un constat très pessimiste de la situation en Bulgarie, rongée par la corruption, la délinquance et la prostitution. L’une des premières scènes montre comment un chauffeur de taxi, qui a vu sa demande de prêt refusée par un banquier, lequel, de plus, double le montant du pot-de-vin réclamé par les prêteurs, en vient à tuer son interlocuteur. Le corps est trouvé, la nouvelle est publiée partout, et le public est plutôt favorable au meurtrier, qui s’est ensuite suicidé.
La suite détaille la nuit de cinq autres chauffeurs de taxi, dont une femme, qui rencontrent tous des cas extrêmes, la séquence la plus intéressante étant celle d’un chauffeur qui parvient à empêcher un pauvre homme, professeur chahuté, de se jeter du haut d’un pont.
Scénario et dialogues réussissent à capter l’attention, mais la réalisation, composée de plans séquences, est hélas faite en caméra portée, et cela s’avère plus qu’agaçant lors de l’entrevue, dans un café, entre le premier chauffeur et le banquier, où la caméra multiple les zigzags entre les deux personnages, ce qui est suprêmement répulsif. Mais le fond emporte l’adhésion.
Réalisé par Tonie Marshall
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 6 septembre 2017
Sorti en France le 11 octobre 2017
Emmanuelle Blachey va-t-elle devenir la première femme PDG d’une entreprise du CAC 40 ? Alors que tous les postes importants, partout, sont occupés par des hommes ?
Le film est un festival de magouilles, croche-pieds, trahisons, trafics d’influence, coups bas politiques et affrontements de diverses vanitées blessées, auxquels le novice ne comprend goutte, sinon que la lutte pour un poste est plus proche d’une guerre que la défense d’une candidature.
Notons au passage qu’il existe déjà des femmes à la tête de grandes entreprises cotées en Bourse, donc le film est une fiction !
Le spectateur a au moins le plaisir d’entendre Emmanelle Devos parler le chinois, et même chanter dans cette langue.
Réalisé par Tarek Boudali
Sorti en France le 25 octobre 2017
Un Marocain étudiant en architecture et qui vit en France se voit menacé d’expulsion, et profite de ce que le mariage est maintenant possible aux homosexuels pour faire un mariage blanc avec son meilleur ami français, un éternel perdant. Mais il y a deux obstacles : sa mère, restée au Maroc et qui brûle de le voir se marier avec une femme, et un inspecteur de l’immigration, qui a flairé d’autant mieux l’arnaque que lui-même est homosexuel (caché), et va le pourchasser durant des semaines – un peu comme Javert poursuivait Jean Valjean durant vingt-trois ans dans Les misérables. Mais si on permet à Victor Hugo une telle invraisemblance dans un drame, pourquoi le refuser à un cinéaste d’aujourd’hui, qui fait une comédie sans prétention ?
Cela dit, ce n’est pas mal fait du tout, et le récit avance à toute vitesse, ne lésinant pas sur les gags et situations scabreux. Petit succès à prévoir.
Réalisé par Fabrice Éboué
Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 25 août 2017
Sorti en France le 11 octobre 2017
Très difficile en France de faire une comédie qui tienne la route et sache éviter la vulgarité et les bons sentiments rhabillés en clichés – ce qui est presque pire.
Ici, un comique de scène et de télévision illustre sans trop de talent le fameux « vivre ensemble » que les hommes politiques ressassent depuis des années. Mais, justement, les trois prêtres du film (mais pourquoi donc a-t-on réservé ce terme, prêtre, au seul curé de la distribution, sans que jamais, justement, le mot curé soit prononcé ?) passent le plus grande partie de leur temps à s’opposer et à resservir tous les clichés qui font, des religions, l’activité la plus nocive de notre civilisation.
Seul le début du récit est acceptable, tant que les trois prêtres ne sont pas recrutés. Ensuite, on décroche, parce que leur succès est inexplicable.
Réalisé par Steven Soderbergh
Sorti en Israël le 7 août 2017
Sorti en France le 25 octobre 2017
Steven Soderbergh, l’un des rares cinéastes états-uniens qui déçoit rarement, avait annoncé son intention d’arrêter de faire des films, mais, par chance, il a changé d’avis et offre ici un régal d’humour et de fausse nonchalance – chez ses personnages : deux frères ayant tout raté organisent le vol de la recette d’une grande course automobile, mais ils ont besoin d’un complice spécialiste de cette activité, qui, malheureusement, est en prison. Il leur faudra donc le faire discrètement évader, accomplir leur forfait, puis le réintégrer dans la prison !
Gag : ce spécialiste du vol de haut vol est joué par Daniel Craig, méconnaissable (il a grossi et s’est fait décolorer les cheveux).
L’entreprise réussira, évidemment, et elle est menée tambour battant, au risque d’égarer le spectateur, qui a un peu de mal à comprendre ce qui se passe, car le récit est farci de nombreuses ellipses. Et les personnages eux-mêmes ne comprennent pas tout !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.