Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Maggie a un plan – Maggie’s plan – Monuments men – Théo et Hugo dans le même bateau – L’inconnu du lac – A war – Krigen – Ouragan sur le “Caine” – Borgen – Tout pour être heureux – Vendeur – Un homme à la hauteur – Corazón de León – Dieu, ma mère et moi – El apóstata – Café society – Vicky Cristina Barcelona – La visita – Mustang – La résurrection du Christ – Risen – Money monster – Eva ne dort pas – Eva no duerme – Boulevard – Dalton Trumbo – Trumbo – Spartacus – Orange mécanique – Vacances romaines – Johnny got his gun – Extinction – La compagnie des glaces – Criminal - Un espion dans la tête – Criminal – Braqueurs – Elle – Basic instinct – Élève libre
Personnes citées : Rebecca Miller – Woody Allen – Ethan Hawks – Jean Dujardin – George Clooney – Olivier Ducastel – Jacques Martineau – Tobias Lindholm – Cyril Gelblat – Sylvain Desclous – Laurent Tirard – Virginie Éfira – Jean Dujardin – César Donboy – Federico Veiroj – Steven Spielberg – Jean-Luc Godard – Mauricio López Fernández – Deniz Gamze Ergüven – Kevin Reynolds – Jodie Foster – Pablo Aguero – Dito Montiel – Robin Williams – Roberto Aguire – Jay Roach – Stanley Kubrick – Malcolm McDowell – Kirk Douglas – Dalton Trumbo – Christopher Trumbo – Richard Nixon – John Wayne – Ronald Reagan – Hedda Hooper –Sam Wood – Joseph McCarthy – Humphrey Bogart – Lauren Bacall – Edward G. Robinson – Gene Kelly – Miguel Ángel Vivas – George Romero – Georges-Jean Arnaud – Ariel Vromen – Julien Leclercq – Paul Verhoeven – Isabelle Huppert – Jonas Bloquet – Joachim Lafosse – Judith Magre
Réalisé par Rebecca Miller
Titre original : Maggie’s plan
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 12 septembre 2015
Sorti en France le 27 avril 2016
Le style hérité de Woody Allen apparaît dans le lieu de l’histoire, New York ; le milieu social, les intellos ; et le thème principal, l’inconstance sentimentale. Il y a aussi la meilleure réplique du film : « Quitte ton mari, comme les gens normaux ! ».
Hélas, le film est trop long, et finit par ennuyer. Il eût fallu couper toute l’introduction superflue sur l’insémination artificielle, et le personnage du barbu donneur de sperme est vraiment inutile, car il ne joue aucun rôle dans la suite de l’histoire.
Pourtant le résumé pouvait séduire : une fille épouse une homme déjà marié, père de deux enfants, et ils ont ensemble un troisième enfant. Mais elle regrette son mariage, et tente de rendre à sa première femme le mari qu’elle n’aime plus. On voit trop rarement cela au cinéma !
On est un peu navré de voir Ethan Hawks, pour la première fois dirigé par une femme, s’égarer dans un rôle aussi ingrat.
Déjà, j’aimais bien Jean Dujardin. Mais là, je vais mettre sa statue dans mon salon, car il vient de faire sur France Inter quelques révélations qui décapent.
D’abord, il n’est pas copain avec George Clooney. Ils ont fait ensemble un film et quelques spots publicitaires pour du café, échangé aussi quelques messages électroniques, mais c’est tout.
Ensuite, il parle mal l’anglais (« Je n’y arrive pas »), déteste cela, et n’a aucune envie de faire carrière aux États-Unis. Au contraire de la plupart des acteurs français, qui ne rêvent que de ça. Et s’il a tourné dans Monuments men, qui, soit dit en passant, n’a pas été réalisé aux États-Unis, mais en Angleterre et à Berlin, c’est parce que son réalisateur George Clooney est le seul États-Unien dont il comprend la diction !
Pour le reste, il ne veut travailler qu’en France.
Bravo !
Réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 15 février 2016
Sorti en France le 27 avril 2016
Pour la première fois, ce couple de cinéastes plutôt talentueux rate un film, donnant en même temps dans la tendance à montrer des images de nu intégral totalement inutiles – et racoleuses, compte tenu du public visé –, puisque les deux acteurs, dans un club gay, font chacun, dans la séquence d’ouverture, une fellation non simulée.
La suite est une longue pérégrination nocturne dans Paris, et cela commence à l’Hôpital Saint-Louis, car, des deux, celui qui est actif et séronégatif laisse échapper qu’il n’a pas mis de préservatif, alors que son partenaire est séropositif sous trithérapie, quoique sa charge virale reste indétectable. Rappelons qu’aucun traitement ne peut vous débarrasser du virus du sida, que vous garderez votre vie entière. Il y a donc un risque de contagion, faible mais qui provoque une querelle, bien que les deux garçons soient effectivement tombés amoureux. S’ensuit une longue séquence où l’on apprend tout sur le traitement médical à suivre, séquence qui tourne au documentaire.
Après cela, interminable errance autour du canal Saint-Martin à la recherche d’un endroit où trouver quelque chose à manger, puis un saut chez l’un des deux protagonistes, avec une nouvelle scène de nu intégral, agrémentée d’un dialogue nunuche sur les attributs virils de celui qui s’est laissé dénuder, et le tout s’achève sur une bluette sans le moindre intérêt sur ce que sera leur avenir à deux.
Ce film est une vraie déception, qui montre à quoi on aboutit quand on ne sait pas ce qu’on veut, et qu’on fait de la retape afin de rameuter les homosexuels.
Les deux acteurs, débutants, jouent plutôt à côté. On est très loin de L’inconnu du lac.
Réalisé par Tobias Lindholm
Titre original : Krigen
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2015
Sortira en France le 1er juin 2016
Ce film danois utilise le canevas ayant servi pour Ouragan sur le “Caine” : une première partie en forme de film de guerre, assez violente (bruits de bombardements très forts, à faire trembler toute la salle de projection), et une seconde partie consacrée à un procès.
Claus Michael Pedersen commande une compagnie danoise luttant contre les taliban en Afghanistan (on n’écrit pas « Talibans », puisque ce mot, sans majuscule ni S final, est déjà un pluriel). Mais, alors qu’il cherche à faire rapatrier l’un de ses hommes gravement blessé, son unité est attaquée, et, pour permettre à l’hélicoptère de secours d’atterrir, il riposte en faisant bombarder un certain Secteur 6 d’où semble venir l’attaque. Or une maison se trouvait dans la zone, et onze civils, dont huit enfants, sont tués. Prévenu, l’état-major le rapatrie au Danemark, et il est traduit devant un tribunal.
Exceptionnellement, les scènes de guerre n’ont pas été réalisées au Maroc, comme on le fait habituellement, mais en Turquie, et une partie de la figuration est composée de militaires danois authentiques. Et, parmi les acteurs, on reconnaît au moins trois comédiens de la célèbre série Borgen.
À l’épilogue, Pedersen est acquitté. Ouf !
Réalisé par Bill Condon
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 8 février 2015
Sorti en France (Festival de Deauville) le 10 septembre 2015
Sorti en France le 4 mai 2016
La critique est ICI.
Réalisé par Cyril Gelblat
Sorti en France le 13 avril 2016
Film d’une fadeur extrême, dû à son scénariste qui fait là son deuxième long métrage, et on ne lui en souhaite pas d’autre. Encore une comédie sentimentalo-mélancolique sur les problèmes familiaux des trentenaires-quadragénaires, alignant tous les clichés du petit milieu bobo parisien.
Manu Payet, mauvais acteur, n’est en outre pas regardable, avec sa barbe de six jours. Seule Aure Atika et les deux petites filles s’avèrent capables de soutenir un peu l’intérêt pour ce pensum.
Réalisé par Sylvain Desclous
Sorti en France le 4 mai 2016
On va voir ce film pour les deux acteurs Gilbert Melki et Pio Marmaï, qui sont ce qu’on trouve de mieux en France, mais le scénario et la réalisation déçoivent un peu.
Le scénario : tout ce à quoi on s’attend dès le début arrive. On devine par avance que ce fils, pas doué pour devenir vendeur, va devenir un as de ce type d’escroquerie, et que son père, au contraire, réputé au départ, va déchoir. Et le retournement final reste très improbable.
La réalisation : toute en gros plans pris à la caméra portée, et sans aucune invention, elle vous laisse sur votre faim. Alors, bien sûr, les personnages existent – sauf celui distribué à cette pauvre Sara Giraudeau en prostituée occasionnelle, qui disparaît du film à mi-parcours, et qui n’a aucune utilité dans le récit. Et, comme d’habitude, on lui impose une scène de nu totalement inutile !
Réalisé par Laurent Tirard
Sorti aux États-Unis le 25 avril 2016
Sorti en France et en Suisse le 4 mai 2016
Remake, ou plutôt copie exacte, d’un film argentin de 2013 jamais sorti en France, Corazón de León, dont le titre était un jeu de mots : à la fois Cœur de Lion et le cœur de Léon. Ouarf !
On va voir ce film pour les deux estimables acteurs, Virginie Éfira et Jean Dujardin, mais assez peu pour le réalisateur Laurent Tirard, qui est plutôt inégal. On est aussi curieux de voir la vedette masculine en lilliputien (pas en nain), et il faut convenir que les trucages sont indécelables. Astuce de metteur en scène : ce personnage se fait attendre assez longtemps avant d’apparaître à l’écran, comme c’est souvent la règle au théâtre, où la vedette n’est jamais présente au lever de rideau.
Deux petites réserves : on met assez longtemps avant de comprendre que Benjy, joué par César Donboy, est le fils d’Alexandre alors qu’on avait pu croire que c’était son jeune frère, et les scènes d’attendrissement de la fin relèvent de l’alibi fréquent : s’excuser d’avoir fait rire !
Réalisé par Federico Veiroj
Titre original : El apóstata
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2015
Sorti en France le 4 mai 2016
L’affiche de ce film uruguayen mais tourné à Madrid n’a aucun rapport avec l’histoire, sinon symbolique. On ne sait d’ailleurs pas vraiment si l’histoire se passe en Uruguay ou en Espagne, car le dialogue parle d’une « république laïque », mais aussi d’un « roi ». Tout le film, en fait, balance entre le fantasme et la réalité, c’est du reste son principal défaut, qui empêche d’y adhérer tout à fait.
Mais le point de départ est sympathique : Gonzalo, étudiant en philosophie un peu attardé, estime que, né dans une famille chrétienne, il a été injustement traité, car on ne lui a pas demandé son avis avant de le baptiser ! « À moi non plus », rétorque son évêque. Toujours est-il que Gonzalo veut apostasier, c’est-à-dire quitter sa religion, alors que, pas très cohérent, il trouve l’athéisme vulgaire ! Bref, au lieu de ne rien faire de particulier, il fait une demande officielle afin qu’on efface des registres paroissiaux toute trace de son baptême, et comme le clergé traîne les pieds (on lui réclame un certificat de baptême alors que l’Église, évidemment, possède déjà ce document), il intente un procès. Que bien entendu il va perdre, puisque les registres paroissiaux sont des documents écrits à la main et ne peuvent pas être corrigés, au contraire d’une base de données informatique.
L’épilogue est prévisible dès le début : Gonzalo s’arrange pour mettre la main sur le registre où figure la mention de son baptême, et en arrache la page... Fin radicale du film.
Le récit est encombré de scènes saugrenues, relevant du fantasme, et qui n’apportent rien. Et donc, le film pèche par le scénario, pas par la réalisation, qui est correcte.
Réalisé par Woody Allen
Sorti en France et en Suisse le 11 mai 2016
Je ne prédis pas un gros succès public à ce film, que pourtant la critique a aimé. Certes, il recèle tous les ingrédients de la comédie sentimentale, avec quelques péripéties annexes (le frère gangster qui finira sur la chaise électrique), et sa réalisation (décors, costumes, photographie, cadrages, mouvements de caméras, musique nostalgique) est à la hauteur de ce que Woody Allen produit une fois par an, mais enfin... on ne rit jamais. Tout au plus sourit-on à quelques répliques, comme celles-ci : « Les Juifs auraient dû inclure la vie après la mort, ils auraient eu davantage de clients », ou « Mon fils était un assassin, le voilà devenu chrétien, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? » .
C’est donc, racontée en voix off par le réalisateur lui-même, l’histoire d’un jeune New-Yorkais qui fuit le magasin de son père, part pour Hollywood, se fait engager par son oncle qui y est agent pour le cinéma, et finit par réussir comme patron de clubs de nuit. Il se marie avec une fille qui lui rappelle sa première petite amie, qu’il ne parvient pas à oublier, mais qui s’est mariée avec l’oncle, or elle ne veut pas le quitter. Il n’y a pas de fin.
Cela dit, je pense que Woody Allen est, avec Spielberg, le dernier grand réalisateur des États-Unis, et je ne partage pas du tout l’agacement de certains critiques, lassé de voir Woody sortir un film chaque année, pas toujours du même niveau d’ailleurs (je pense au consternant Vicky Cristina Barcelona). Mais où est le mal ? Il est arrivé à Jean-Luc Godard d’en sortir jusqu’à... sept dans la même année (en 1967) !
Le film ouvre ce soir le Festival de Cannes, sans participer à la compétition, dont Woody a horreur, dit-il.
Réalisé par Mauricio López Fernández
Sorti au Chili le 18 décembre 2014
Sorti en France le 11 mai 2016
On comprend très bien que ce jeune réalisateur chilien, sous prétexte de porter à l’écran ses souvenirs d’enfance et les histoires que sa grand-mère lui racontait, entend aussi militer pour la condition féminine au Chili, qui n’est pas florissante. Pour cela, il ne montre d’un seul homme vivant, le père, et... le cadavre du grand-père, qui vient de mourir et qu’on enterre à la fin.
Mais enfin, il faudrait aussi songer au spectateur, et définir ses personnages, dont on saisit mal les rapports, voire l’identité. Finalement, l’ennui suinte.
Réalisé par Deniz Gamze Ergüven
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2015
Sorti en France le 17 juin 2015
Encore un film féministe, mais bien meilleur que La visita. Dans un village de Turquie, cinq jeunes sœurs disent adieu à leur professeur, une jeune femme qu’elles aiment beaucoup, mais qui part s’installer à Istanbul. Elles jouent aussi très innocemment avec des garçons de leur collège, mais la famille voit cela d’un mauvais œil et hâte les préparatifs pour les marier avec des fiancés choisis par les parents. En attendant, on les boucle. Mais elles regimbent, et l’une d’elles se suicide. Alors, les quatre autres s’évadent et, afin de retrouver leur professeur, partent à leur tour pour Istanbul, dans la camionnette d’un livreur ami.
Avec beaucoup de retard, je n’ai pu voir ce film qu’en version doublée en français, et médiocrement (dialogue et voix). Mais les jeunes interprètes sont épatantes, et le scénario, malgré quelques excès, tient la route.
Réalisé par Kevin Reynolds
Titre original : Risen
Sorti au Canada et aux États-Unis le 19 février 2016
Sorti en France le 4 mai 2016
À Paris, cinq salles seulement projettent ce film espagnol (tourné à Malte et en Espagne, mais parlant anglais), que les distributeurs ont boudé, pas parce que, comme l’a écrit un imbécile (un professeur de collège, en plus !), « nous sommes en France, pays qui combat les religions », que « la laïcité n’a pas apporté grand-chose de bien au peuple », et que, « quand un athée commence à croire au Christ, là, c’est la catastrophe pour le pouvoir en place, [...] d’où la nécessité, pour ce pouvoir, de limiter la diffusion du film », comme si le pouvoir politique gérait la distribution des films – mais parce que Risen collectionne pas mal de défauts, ne compensant cela que par de rares qualités.
Mais commençons par les qualités : le style n’est pas sulpicien, il ne parle jamais de Jésus mais de Yeshua, pas de Dieu mais de Yahweh, et il ne commet pas la bourde commune de montrer les clous de la crucifixion enfoncés dans les paumes de la main du supplicié, mais dans ses poignets, conformément aux exigences de l’anatomie.
En revanche, il multiplie les erreurs : prétendre que Tibère va faire prochainement un voyage en Palestine ; nommer Marie de Magdala « Marie-Madeleine », alors que ce prénom est totalement absent de la Bible, et reprendre la sottise qu’elle aurait été une prostituée, alors que c’était en fait une femme riche (et généreuse) ; montrer Ponce Pilate acharné à faire crucifier Jésus, alors qu’il ne l’a envoyé à la mort que pour avoir la paix avec le Sanhédrin, et qu’il a reconnu n’avoir rien à lui reprocher ; et surtout, faire de la résurrection de Jésus et de ses divers miracles des faits authentiques !
Mais l’histoire, très romanesque, est bien conçue : Jésus crucifié, Pilate ordonne qu’on veille sur son corps, afin d’éviter que ses partisans l’enlèvent pour pouvoir répandre le bruit de sa résurrection, et lorsque Jésus disparaît du tombeau, il délègue un tribun, Clavius, pour retrouver ledit corps, y compris parmi les cadavres des suppliciés récents. Mais Clavius... retrouve Jésus bien vivant, et devient un converti. Dès lors, il rejoint le groupe des apôtres.
Le film est bien réalisé, distrayant, il n’est pas à prendre au sérieux, mais cette histoire a tant servi qu’un regard nouveau n’est pas superflu.
Réalisé par Jodie Foster
Sorti en France, en Italie, au Portugal, aux Pays-Bas et à Hong Kong le 12 mai 2016
Jodie Foster, comme réalisatrice, a peu brillé jusqu’ici, mais, cette fois, elle a bénéficié d’une histoire brillante, due à trois scénaristes.
Lee Gates anime à la télévision une émission assez tapageuse sur la Bourse, et prodigue des conseils surtout motivés par le souci de faire de l’audience. Or il a conseillé d’investir dans une grosse société, dont le cours de l’action s’est effondré. Si bien qu’un très modeste spéculateur, Kyle, livreur de 24 ans, a perdu tout l’argent de son couple, 80 000 dollars. Et Kyle, qui veut qu’on lui explique et qu’on le rembourse, s’introduit dans le studio au moment où Lee fait son émission, et, sous la menace d’une arme à feu et d’un gilet explosif, le prend en otage.
On apprendra par la suite que l’écroulement de la valeur de l’action avait été provoqué par le PDG de la firme, en vue d’une opération tordue en Afrique du Sud. Mais Kyle, qui a pu obtenir de parler à l’escroc à Wall Street et réussir à le confondre, est tué, alors que Lee avait fini par prendre son parti.
Le personnage de Kyle, le preneur d’otage, est joué par Jack O’Connell, qui est excellent. Le spectateur s’identifie presque à lui, et ne s’ennuie pas une seule seconde.
Réalisé par Pablo Aguero
Titre original : Eva no duerme
Sorti en France, en Italie, au Portugal, aux Pays-Bas et à Hong Kong le 12 mai 2016
On risque fort de s’ennuyer si on connaît mal ou pas du tout l’histoire de l’Argentine ! Femme du dictateur Perón, sa femme Eva Perón meurt en 1952, à 33 ans. Or elle était à la fois idolâtrée d’une partie de la population (elle avait été l’initiatrice du droit de vote accordé aux femmes) et détestée d’une autre partie. Les nouveaux dirigeants, péronistes, se chargent de faire embaumer son corps, mais d’autres, qui leur succèdent, veulent au contraire effacer jusqu’à son souvenir. Cela dura un quart de siècle, avec un crochet par le Vatican, où le corps est demeuré quelques années, puis un retour au pays suivi d’un enterrement sous une dalle de béton, avant une nouvelle disparition !
Réalisé par Dito Montiel
Sorti aux États-Unis le 10 juillet 2015
Sorti en France le 18 mai 2016
On sait que ce film a été le dernier tourné par Robin Williams avant son suicide en août 2014. Mais, si le film est bon, le public le boudera, car l’acteur n’a pas ici un rôle comique. Il incarne au contraire un personnage fade et terne, Nolan, un employé de banque satisfait de ce qu’il a, n’éprouve aucune ambition, et a toujours caché à sa famille et à sa femme qu’il état homosexuel. Même la promotion que sa banque lui offre ne l’intéresse que peu. Jusqu’au soir où, en voiture, il manque de renverser un jeune homme, lequel, à ses excuses, propose qu’on lui fasse faire « un tour en voiture » : c’était un prostitué. Nolan accepte la proposition, mais refuse tout rapport sexuel, et insiste pour payer au garçon le tarif demandé. Et l’épisode va se reproduire maintes fois, car il vient de trouver un nouveau but dans sa vie : aimer quelqu’un... à qui les sentiments restent indifférents. Jusqu’à ce que sa femme découvre la vérité et le quitte.
L’interprétation tout en creux de Robin Williams ne fait pas oublier le grand acteur qu’il a été, et ce film, bien réalisé, n’est pas indigne de lui. Mais son partenaire Roberto Aguire n’est pas moins crédible.
Réalisé par Jay Roach
Titre original : Trumbo
Sorti aux États-Unis le 10 juillet 2015
Sorti en France le 18 mai 2016
Histoire de rire sainement, j’ai lu quelques commentaires de spectateurs, et l’un d’eux écrit ceci : « On nous parle de Spartacus pour continuer à faire croire que Kubrick était un maniaque tyrannique, ça ne dit rien sur la relation qu’il avait avec Douglas ». Or Kubrick était bel et bien un tyran maniaque, il a failli faire perdre la vue à Malcolm McDowell pour Orange mécanique, et Kirk Douglas, vedette et producteur qui l’avait engagé afin de remplacer le réalisateur prévu au départ et n’a pas réussi à lui faire admettre sa vision du personnage de l’esclave révolté (il voulait en faire un symbole du peuple juif persécuté), a bien dit de Kubrick que c’était « un génie, mais aussi un sale con ».
Pour en revenir à Dalton Trumbo, qui fut un des meilleurs scénaristes d’Hollywood, très bien payé mais communiste depuis 1943, il fut condamné à de la prison ferme pour ses idées, et fut frappé d’interdiction d’exercer son métier par la sinistre Commission des activités antiaméricaines (sic). Les années suivantes, il fut ainsi contraint d’écrire sous divers pseudonymes, pour un salaire réduit, ce qui ne l’empêcha pas de décrocher un Oscar pour Vacances romaines, avant d’en recevoir un second, mais sous son nom cette fois, pour Exodus. Ne pas oublier non plus son pamphlet contre la guerre, le roman Johnny got his gun, qu’on doit absolument lire, et son seul film comme réalisateur. Notez que le présent film adapte une pièce écrite par Christopher, le fils de Trumbo, mort en 2011, qui apparaît plusieurs fois dans le récit, joué par quatre acteurs différents.
Le récit montre une belle galerie de salauds, persécuteurs de tout ce qui était à gauche : Richard Nixon, John Wayne, Ronald Reagan, la commère Hedda Hooper, Sam Wood (dont le testament prescrivait que son testament stipulait que sa fille serait déshéritée si elle s’inscrivait au Parti Communiste), en oubliant Joseph McCarthy, et pas mal de bons : Humphrey Bogart et Lauren Bacall, Edward G. Robinson, Kirk Douglas (on a oublié Gene Kelly).
Réalisé par Miguel Ángel Vivas
Sorti aux États-Unis le 31 juillet 2015
Sorti en France le 2 mars 2016
Cette co-production hispano-roumaine n’est qu’un démarquage du thème des morts-vivants inventé par George Romero, avec un peu moins de gore, mais un cadre beaucoup plus soigné, puisque tout se passe dans un paysage enneigé (on a tourné dans les Pyrénées).
Bref, dans un futur proche où le monde est entré dans une nouvelle ère glaciaire (tiens ? Où est passé le célèbre réchauffement climatique ?), les zombies, qui ne craignent pas le froid, à l’instar des Roux de Georges-Jean Arnaud dans La compagnie des glaces, font la chasse aux humains normaux. Deux hommes, Jack et Patrick, amoureux de la même femme qui est morte mais qui a laissé une fille à Jack, se sont réfugiés dans un hameau, mais s’ignorent. Et ils y vivent depuis neuf ans, sans qu’on sache comment ils se sont nourris entre-temps. Mais un zombie les a repérés. Ils parviennent à le tuer, puis tout s’arrange, parce que le Soleil réapparaît !
Scénario faiblard, donc, et prélude pénible à voir, mais beau décor.
Réalisé par Ariel Vromen
Titre original : Criminal
Sorti en Israël le 7 avril 2016
Sorti en France le 4 mai 2016
Tourné au Royaume-Uni, ce film illustre un scénario de science-fiction basé sur une idée aussi audacieuse qu’invraisemblable : un jeune hacker qui a pris comme pseudonyme « Le Hollandais » a réussi à pénétrer dans le système militaire des États-Unis pour y modifier un programme de lancement de missiles – ce qui menace évidemment la paix du monde, comme dans TOUS les films d’espionnage. Donc la CIA est à ses trousses, et, pour le localiser, elle doit faire parler un agent des services secrets anglais, elle le torture, mais il meurt sans avoir dénoncé le refuge du hacker. Heureusement, un scientifique se fait fort de transférer dans le cerveau d’un vivant le contenu du cerveau de l’homme mort ! Néanmoins et bizarrement, on choisit comme récepteur un criminel endurci, Jerico, qui n’éprouve aucun sentiment, qui s’évade durant son transfert hors du pénitencier, et va désormais multiplier les meurtres de tous ceux qui le gênent. Mais rassurons-nous, il va devenir gentil parce qu’il a rencontré la veuve et la petite fille de l’agent torturé par la CIA, et qu’il faut bien une fin optimiste pour conclure les films d’action.
Cette idée, intelligemment adaptée, aurait pu donner un film acceptable, mais hélas, la réalisation a tout misé sur les scènes de violence, qui, du coup, annihilent tout le potentiel du projet initial. Cette bévue est très fréquente dans les films d’action, parce qu’il faut donner au public son content de sadisme, les producteurs étant persuadés que les spectateurs n’apprécient que le spectaculaire le plus grossier.
Réalisé par Julien Leclercq
Sorti en Corée du Sud (Festival de Busan) le 7 octobre 2015
Sorti en France le 4 mai 2016
Quatre spécialistes du hold-up à grand spectacle (ils utilisent de si gros moyens qu’on si demande si des malfrats ont jamais été si loin) se sont fait un ennemi dans une autre bande, qui a perdu un de ses membres. Cette autre bande exige une compensation : détourner le butin d’un rival transporteur de drogue. Bien entendu, cela va tourner très mal.
Le scénario mêle un peu trop les histoires personnelles des protagonistes avec leurs affaires « professionnelles », dont le cours finit par en être modifié. Mais enfin, pourquoi pas ? Et la plupart de séquences d’action sont bien réalisées.
J’avoue n’être allé voir le film que pour l’acteur principal, Sami Bouajila.
Réalisé par Paul Verhoeven
Sorti en France (Festival de Cannes) le 21 mai 2015
Sorti en France le 25 mai 2016
Paul Verhoeven a 77 ans et n’avait rien réalisé depuis dix ans, sinon un Steekspel en 2012 aux Pays-Bas, jamais sorti chez nous, mais, pour son premier film français, il en est encore à filmer ses fantasmes de collégien, et le résultat est à la fois grotesque (le public, attiré par des critiques mystérieusement favorables, ricane constamment) et invraisemblable. Isabelle Huppert, délaissant pour une fois ses traditionnelles fautes de français, a accepté de proférer des bordées de grossièretés, mais n’en fait pas plus que d’habitude. Je n’ai jamais vraiment apprécié Isabelle Huppert, et quand je vais voir un film où elle joue, ce n’est pas pour elle, mais pour d’autres raisons.
On ne sait trop si cette succession de viols est réelle ou imaginée par le personnage, et, dans ce dernier cas, si Verhoeven ne laisse pas entendre qu’elle rêve d’être violée, hypothèse qui devrait beaucoup plaire aux mouvements féministes... Toujours est-il que ce film est aussi niais que vulgaire, lourdingue et ridicule : se souvenir de Basic instinct, que les critiques citent sans cesse à son propos, et qui était un navet racoleur. Mais c’est toujours la même chose avec Verhoeven, il ne filme que de mauvais scénarios.
Au chapitre des curiosités, Jonas Bloquet a débuté en 2008 dans Élève libre, film de l’excellent Joachim Lafosse, et Judith Magre, qui va sur ses 90 ans, joue une vieillarde nymphomane.
Les scènes de viol sont furieuses, et il n’y a rien d’autre.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.