Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : À perdre la raison – The dark knight rises – Urgences – The dark knight – Inception – Jason Bourne : l’héritage – The Bourne legacy – Premium rush – Spider-Man – Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal – La guerre des mondes (2005) – Panic room – Jurassic Park – Mission : Impossible – Wrong – Rubber – French connection – L’exorciste – Killer Joe – Le cinéma selon Hitchcock – Du vent dans mes mollets – Mobile home – Moi, député – The campaign – The artist – Superstar – Quand j’étais chanteur – À l’origine – Avatar – Network – La Vierge, les coptes et moi... – 1984 – Expendables 2: Unité spéciale – The expendables 2 – Cherchez Hortense – Magic Mike – Bubble – Ocean’s eleven – Alyah – The tree of life – The we and the I – Gebo et l’ombre – Killer Joe – Bugs
Personnes citées : Joachim Lafosse – Christopher Nolan – Heath Ledger – Joseph Gordon-Levitt –Jérôme Garcin – Pierre Bouteiller – Michel Ciment – Alain Riou – David Koepp – Steven Spielberg – Quentin Dupieux – William Friedkin – Jeanne Moreau – Alfred Hitchcock – François Truffaut – Carine Tardieu – François Pirot – Jay Roach – Xavier Giannoli – François Cluzet – Kad Merad – Roberto Benigni – Woody Allen – James Cameron – Sidney Lumet – Claude Lelouch – Namir Abdel Messeeh – Siham Abdel Messeeh – Simon West – René Féret – Sylvester Stallone – Alfred Hitchcock – Taylor Lautner – Tony Gilroy – Dan Gilroy – Robert Ludlum – Eric Van Lustbader – Matt Damon – Edward Norton – Pascal Bonitzer – Claude Rich – Masahiro Kashiwagi – Jean-Pierre Bacri – Steven Soderbergh – Channing Tatum – Elie Wajeman – Michel Gondry – Alex Barrios – Manoel de Oliveira – Yasujirô Ozu – William Friedkin – Tracy Letts – Agnès Jaoui
Réalisé par Joachim Lafosse
Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2012
Sorti en Belgique le 30 mai 2012
Sorti en France le 22 août 2012
Film important. La critique est ICI.
Réalisé par Christopher Nolan
Sorti aux États-Unis le 16 juillet 2012
Sorti en France le 25 juillet 2012
Des trois films de Nolan sur Batman, c’est le moins bon... et le plus long, deux heures quarante ! Une (petite) surprise cependant : Gotham-City a été métamorphosée, car on n’y reconnaît rien. Explication : les deux précédents épisodes ont été tournés à Chicago, ville facilement reconnaissable (pendant quinze ans, on l’a vue dans Urgences, impossible de ne pas reconnaître ses multiples ponts, plus de vingt-cinq, quoique moins qu’à Paris). Les habitants du coin se sont-ils rebiffés, à force de subir les cascades, poursuites, entraves à la circulation, explosions diverses causés par les tournages ? Bref, Nolan a réalisé son film à Londres, en Écosse, à Los Angeles, à Pittsburgh, à New York et à Jodhpur, mais pas du tout à Chicago, et le film y perd en unité de lieu. Et puis, il y a beaucoup plus de trucages numériques. Ainsi, les méchants, cette fois, saccagent un stade, et l’on voit bien que les dégâts ont été faits sur ordinateur. Or, quand le Joker, dans The dark knight, faisait sauter un hôpital, séquence jouissive, il s’agissait d’un bâtiment réellement construit – pour les besoins du film, mais réel. Seules les vitres avaient été faites en numérique, car... elles avaient été volées dans la nuit précédant le tournage !
Aucune émotion non plus, sauf au moment où Alfred démissionne et quitte le château de son maître. Et la séquence longuette où la vie des habitants de Gotham est menacée n’a pas la tension de celle de deux bateaux dans le film précédent. Si, par rapport au désastreux Inception, le scénario est plus clair, le film, toujours aussi prétentieux dans la conception de son auteur, un cinéaste qui pense, fabriqué pour être vu dans les salles Imax (il n’y en a que quatre ou cinq en France, dont aucune à Paris), est conçu pour fracasser les oreilles des spectateurs, car toutes les scènes d’action baignent dans le vacarme des percussions – procédé qui apparaît de plus en plus comme artificiel et purement mécanique. Le sachant par avance, j’ai traîné les pieds pour n’aller le voir que le dernier jour de son passage au Max-Linder, le meilleur cinéma de Paris. Je ne prétends pas que le film est mauvais, mais, comparé au précédent, c’est une déception. Il est vrai qu’Heath Ledger n’est plus là, et le méchant du film, Bane, ne fait pas peur et ne possède aucun attrait...
Peu avant la fin, on apprend que le jeune policier qu’on a connu sous le nom de Blake, et qui est interprété par l’excellent Joseph Gordon-Levitt, se prénomme en fait Robin. On s’étonnait de n’avoir jamais vu ce personnage, qui est essentiel dans la saga de Batman. Mais il arrive trop tard, il n’y aura pas de quatrième épisode.
Voici le message que j’ai envoyé à Jérôme Garcin, médiocre animateur de l’émission Le masque et la plume, et qui chaque dimanche soir nous fait regretter Pierre Bouteiller :
– Lors de votre dernière émission sur le cinéma, nous avons appris que trois sur quatre de vos critiques ne se sont pas dérangés pour aller voir The dark knight rises. Parce que vous n’aviez pas mis ce film au programme ? Parce qu’ils n’ont pas été INVITÉS en projection de presse ? Honneur à Michel Ciment, qui n’a pas invoqué ce prétexte. Aucun des trois, en tout cas, en un mois, n’a eu l’idée d’aller voir le film en salle, comme l’a sans doute fait Alain Riou... C’est drôle. On pensait que les critiques de cinéma aimaient le cinéma ! De toute façon, je ne dois pas être le seul à estimer que cette attitude est minable. (NB : je ne plaide pas pour le film lui-même, mais pour la conscience professionnelle que devrait manifester tout homme qui aime son métier. Un métier de privilégié, soit dit en passant)
Réalisé par David Koepp
Sorti aux États-Unis le 16 juillet 2012
Sorti en France le 5 septembre 2012
Jubilatoire ! Du pur cinéma d’action, sans alibi moral ni leçon d’humanisme, comme nous les infligent trois films sur quatre.
Évidemment, le scénario-prétexte ne casse pas des briques : une jeune Chinoise de New York fait livrer par coursier un ticket de consigne, permettant de récupérer une somme d’argent destinée à un passeur, lequel doit faire venir de Chine l’enfant qu’elle a dû y laisser. Mais un policier de cinéma, donc pourri, essaie de mettre la main sur l’enveloppe. Heureusement, il y a le gentil coursier, Wilee, spécialiste du vélo sans pignon et sans freins, qui va sauver la situation. Soit dit en passant, le personnage est interprété par Joseph Gordon-Levitt, qui possède un sympathique visage assez juvénile, et qu’il vaut mieux voir ici que dans les films de Christopher Nolan, où on ne lui donne strictement rien à faire.
Le plaisir du film vient de ce que les courses à vélo dans les rues de Manhattan, plutôt acrobatiques, ne doivent rien aux habituels trucages numériques, puisqu’il n’y en a pas ! Tout est réel – avec l’aide, tout de même, de cinq cascadeurs, mais l’acteur a néanmoins été blessé au bras – et rien n’a été tourné en studio. Or le résultat est spectaculaire.
Le réalisateur est surtout connu comme scénariste : à son actif, Spider-Man, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, La guerre des mondes (version de Spielberg), Panic room, Jurassic Park ou Mission : Impossible. Mais il se révèle aussi bon que Spielberg pour les scènes d’action.
Réalisé par Quentin Dupieux
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 21 janvier 2012
Sorti en France le 5 septembre 2012
Bien dans la lignée de Rubber, qui était l’odyssée d’un vieux pneu tueur en série, ce film suit la logique de la cuite : un chien enlevé par un psychologue altruiste, qui désire, via ce manque, rendre à son maître l’amour, un peu estompé par l’habitude, qu’il lui portait ; un jardinier français, chargé de remplacer un sapin par un palmier, qui acquiesce à tout et qu’on enterre vivant ; une employée d’un vendeur de pizzas, qui tombe amoureuse d’un client par téléphone, devient enceinte et accouche d’un garçon de dix ans, le tout en une journée ; un policier irascible qui refuse de prendre un autobus dont le chauffeur ne lui plaît pas ; un détective dont le bureau est l’arrière-salle d’une pharmacie et qui reconstitue en vidéo l’enlèvement du chien à partir de ses excréments (ceux du chien !) ; un employé congédié mais qui s’obstine à venir au bureau chaque jour ; un peintre énigmatique, qui repeint les voitures de gens ne lui ayant rien demandé ; un radio-réveil dont l’affichage numérique, après « 7:59 », marque « 7:60 » ; le bureau d’une agence où tombe sans cesse une pluie diluvienne, ce qui n’empêche pas les employés de lécher le rabat d’une enveloppe pour la clore. Et cent autres bizarreries.
Quentin Dupieux, Français travaillant à Hollywood, a, comme de coutume, écrit le scénario, tenu la caméra, fait le montage et co-écrit la musique. La réalisation, qu’on pourrait croire bâclée, est au contraire impeccablement léchée – comme l’enveloppe. Et le spectateur de ce film bref s’amuse beaucoup plus qu’aux aventures de Batman !
Friedkin, ancien mari de Jeanne Moreau, vient d’avoir 77 ans, et il tourne toujours. Discrètement, à vrai dire, et, sur trente-cinq films recensés, il y en a treize qui ont -été faits pour la télévision, ce qui n’est pas forcément considéré comme le sommet d’une carrière quand on a connu le succès au cinéma. En fait, de lui, les journaleux ne savent citer que French connection et L’exorciste, qui datent respectivement de 1971 et 1973. Depuis, pratiquement rien de bon.
Or il vient de réaliser Killer Joe, sorti cette semaine à Paris, que je n’ai pas encore vu, mais qui a été présenté à Deauville. À cette occasion, Friedkin a fait une déclaration iconoclaste, que je m’empresse d’approuver. Il a clamé que les écoles de cinéma ne servent à rien, et que, si on est étudiant en cinéma, mieux vaut tout laisser tomber et aller voir l’intégrale des films d’Hitchcock !
Ma foi, c’est bien ce que j’ai fait sans attendre le conseil, à quoi j’ajoute ceci : complétez votre formation en lisant le meilleur cours de cinéma qui ait jamais existé : Le cinéma selon Hitchcock, texte de l’interview d’Hitchcock par François Truffaut. Ces entretiens, enregistrés pendant une cinquantaine d’heures, se sont étalés sur plusieurs années, et permettent d’examiner la méthode du maître, exposée par lui, dans l’ordre chronologique, sur la totalité de son œuvre. C’est unique. Après cela, vous en saurez autant que les pseudo-critiques de France Inter (et de Canal Plus, mais ce sont souvent les mêmes !).
Réalisé par Carine Tardieu
Sorti en France (Festival des Champs-Élysées) le 8 juin 2012
Sorti en France et en Belgique le 22 août 2012
La réalisatrice-scénariste, qui s’est inspirée d’un roman, ne recule pas devant la démagogie, qui se traduit de trois manières, très différentes.
Première manifestation de démagogie, faire proférer d’horribles grossièretés à deux petites filles de neuf ans. Mauvais goût, ce qui serait pardonnable, mais, surtout fausse audace. D’autant moins supportable que ces deux enfants jouent faux.
Seconde manifestation de démagogie, ultra-courante : le film est une comédie, mais les auteurs de comédie ne savent pas se contenter de faire rire, ils se croient invariablement obligés d’ajouter une séquence d’émotion, comme pour s’excuser d’avoir voulu distraire le public. Ici, peu avant la fin, et sans aucune raison, le scénario fait mourir la petite camarade de classe Valérie, et d’une appendicite !
Troisième manifestation de démagogie, il y a de l’obscénité à multiplier les allusions à Auschwitz (nom qu’on écorche sans cesse, c’est si drôle), encore de l’émotion artificiellement plaquée dans une histoire d’enfants élevées par des parents inaptes.
Dommage, les acteurs adultes sont bons, mais ils auraient dû lire l’histoire avant de s’engager.
Réalisé par François Pirot
Sorti en Belgique le 22 août 2012
Sorti en France le 29 août 2012
Un premier long métrage, une tranche de vie, celle de deux copains belges qui rêvent de partir, sans trop savoir où. Simon ne supporte plus la petite vie tranquille de ses parents retraités, qui rêvent pour lui d’une existence semblable à la leur, alors que lui se croit un musicien d’avenir ; Julien, lui, a longtemps veillé sur son père, qui a été très malade, et aspire à respirer un peu, mais ailleurs.
Quoique désargentés, ils achètent un mobile home un peu trop luxueux, mais tombent immédiatement en panne ; il faut trouver de l’argent, en faisant un travail aussi exténuant que débile... à deux pas de chez eux.
Finalement, Julien abandonne parce que son père a besoin d’être surveillé, et Simon part seul. Ira-t-il très loin ? On en doute. Les deux sont sympathiques, mais idiots, comme Topaze, et rêvent d’un avenir qu’ils n’ont aucune chance de connaître.
Tout repose sur les acteurs principaux, qui ne sont pas belges mais français. Le réalisateur, lui, a été scénariste pour Joachim Lafosse, et c’est une sérieuse référence.
Réalisé par Jay Roach
Titre original : The campaign
Sorti aux États-Unis (Festival de Traverse City) le 4 août 2012
Sortira en France le 29 août 2012
Le titre français démarque le leit-motiv de François Hollande pendant sa campagne électorale, « Moi, président de la République », et n’existe donc qu’à usage interne. Le titre original indique le thème, une campagne électorale aux États-Unis pour un simple siège de député au Congrès : le député sortant a fait une gaffe de nature sexuelle, qui le déconsidère, et ses soutiens, deux industriels totalement pourris, envisagent de lui lancer dans les pattes un concurrent moins voyant, mais candide, plutôt ringard et inexpérimenté. Le film montre donc la campagne avec ses multiples croche-pieds que les deux adversaires vont multiplier. Ainsi, l’un est accusé d’avoir écrit un texte communiste à l’âge de huit ans, l’autre d’avoir successivement boxé un bébé, puis le chien qui jouait dans The artist !
La fin est hélas gâchée par l’inévitable épilogue moralisateur : le plus pourri des deux candidats est élu, mais, honteux, il laisse la place à l’autre, qui s’est montré plus honnête. Sic.
Néanmoins, la satire de la politique électorale aux États-Unis (et de la bêtise des électeurs, auxquels il suffit de lancer les mots Amérique, Jésus et liberté pour qu’ils tombent dans tous les panneaux) est suffisamment virulente pour qu’on s’amuse beaucoup. Bref, le film affecte de ne pas se prendre au sérieux, mais il l’est néanmoins, par la bande.
Réalisé par Xavier Giannoli
Sortira en France et en Belgique le 29 août 2012
De l’aventure du triste héros de cette histoire, le personnage du réalisateur de télé dit ceci, dans la dernière partie du film : « C’était divertissant, mais un peu long vers la fin ». On ne saurait mieux résumer l’impression que laisse Superstar ! Car enfin, si le début intéresse et intrigue, on constate que l’intrigue s’essouffle et que le scénario semble avoir été prolongé artificiellement : l’homme « banal » que le public a tant adulé devient détesté de tous ; puis il écrit un livre qui va peut-être le rendre célèbre... On cesse d’y croire bien avant cet épilogue.
Reste le meilleur : la célébrité de Martin s’amplifie parce qu’il refuse d’être célèbre, ce qui est plus intéressant que le reste de l’histoire (la trahison dont il fait l’objet de la part des gens de télé est particulièrement niaise). Nous sommes bien dans la fable, avec sa morale ; à savoir, qu’on ne se sort de cette situation qu’en cessant de fuir et en affrontant la réalité – pas la télé-réalité. Certes, cela ne vole pas très haut, et les séquences de télévision en direct ne sont guère crédibles, car, le direct n’existe presque plus à la télévision, et, en outre, on perd de vue le véritable sujet, dont je parlais ci-dessus. Et puis, vraiment, l’histoire d’amour du personnage avec la journaliste apparaît plaquée sur cette histoire, et l’alourdit inutilement. Quelle mouche a piqué le réalisateur, pour qu’il dilue son propos avec des ajouts dénués de sens ?
J’avoue n’être allé voir le film que parce que son auteur avait fait auparavant deux films plus réussis, Quand j’étais chanteur, et surtout À l’origine, où le personnage de François Cluzet, déjà, se faisait passer pour un autre, quoique volontairement. Mais enfin, Kad Merad est très bien, même si on l’oblige à se comporter sans arrêt en pleurnichard, et joue pour une fois un rôle qui lui va comme un gant. Hasard, ce qui lui arrive est aussi la mésaventure du personnage de Roberto Benigni dans le dernier film de Woody Allen, tourné six mois après, mais que Woody a traité en farce.
Et si on s’intéressait un peu aux plagiats discrets, peut-être inconcients ? Il y a, bien sûr, cette référence sans doute ironique au « Je te vois » d’Avatar, qui reprend jusqu’à la police de caractères du film de Cameron. Mais il y a aussi ce cri de rage poussé par Martin sur un plateau de télévision et que les téléspectateurs imitent ensuite dans la vie : cet épisode vient tout droit du Network de Sidney Lumet (1976). Il y en a deux autres, cherchez-les si vous voyez le film !
Les films sortent le mercredi matin. Afin que les journaux puissent en rendre compte au jour dit, les articles qui en parlent doivent être rédigés à l’avance : c’est l’intérêt des producteurs et distributeurs autant que celui des journaux. Donc les critiques de cinéma doivent voir les films avant le public. Pour cela, surtout si le film n’a été présenté dans aucun festival, on organise des projections de presse, qui ont lieu un ou deux mois avant la sortie, parfois encore plus tôt (il m’est arrivé de voir un film en août quand il devait sortir en novembre).
Ces projections ont lieu presque toujours dans de petites salles spécialisées, où le public n’a pas accès, situées près des Champs-Élysées, comme celle de Claude Lelouch, voire à Neuilly (UGC ou Warner). Ce sont des salles très confortables et luxueuses, d’une trentaine de places, trop petites pour réunir tous les critiques de Paris, et donc on doit faire plusieurs projections, à des heures diverses, afin de contenter tout le monde. Cela se fait sur invitations, soit nominatives, soit adressées aux divers journaux, qui dès lors envoient un journaliste volontaire – puisque certains journaux ont plusieurs critiques de cinéma.
En prévision de la séance, outre le film, qui n’est précédé d’aucune publicité, d’aucune bande-annonce, le distributeur a fait préparer un dossier de presse, sorte d’opuscule en couleurs sur papier glacé qui peut compter plusieurs dizaines de pages quelquefois, et qui contient tous les renseignements que le critique pourra utiliser afin de rédiger son article sans avoir à chercher ce dont il a besoin. Autrement dit, on lui mâche le travail. J’en ai gardé tout une collection, et j’ai le regret d’écrire que la plupart des critiques recopient ce que dit ce dossier, afin de paraître bien renseignés ! Donc ne vous demandez plus comment ils savent tout ça...
Il arrive que le producteur ou le distributeur refuse de faire des projections de presse ; généralement, parce que son précédent bébé a été éreinté par ces sales critiques, et qu’il entend les punir. On sait que Luc Besson, par exemple, a cessé de montrer ses films à la presse, puisque, de toute façon, le public ira les voir, journaux ou pas. C’est pourquoi les articles, s’il y en a, ne sortiront qu’un jour plus tard dans le cas des journaux quotidiens, une semaine plus tard dans les hebdomadaires. Ou alors... pas du tout, car la punition est réciproque : beaucoup de critiques, en représailles, s’abstiennent de parler du film quand on ne les a pas invités ! Certes, avec leur carte de presse, ils pourraient aller le voir gratuitement, mais, vexés comme des poux, ils boudent. Remontez de quelques rubriques dans la présente page, et relisez l’additif qui suit mon aperçu de The dark knight rises.
Réalisé par Namir Abdel Messeeh
Sorti au Qatar (Festival de Doha) le 27 octobre 2011
Sorti en France le 29 août 2012
Namir Abdel Messeeh (dont le nom arabe, sauf erreur, signifie « serviteur du Messie » !) aurait aussi bien fait d’intituler son film « La Vierge, les coptes, ma mère et moi... », car sa mère Siham est vraiment un numéro. Égyptienne de religion copte, donc chrétienne, émigrée à Paris où elle devient comptable à l’ambassade de Qatar, elle a un peu honte de sa famille pauvre restée en Égypte, et refuse ainsi que son fils, qui veut faire un documentaire sur place, y filme ses oncles, tantes et cousins, pas assez dégrossis selon elle. Lui, au contraire, est plutôt fier de ses origines. Or il tient à son enquête sur de prétendues apparitions de la mère de Jésus...
Sur place, il va de déception en déception. Les musulmans refusent de témoigner, et disent qu’ils n’ont rien vu, les coptes prétendent tous avoir vu, ou plutôt, connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a tout vu. Ajoutez à cela les tracasseries administratives, l’indétermination chronique du réalisateur, et bien sûr le manque d’argent et son producteur qui l’engueule au téléphone. De guerre lasse, il se résout à reconstituer une apparition, avec les habitants du village comme acteurs, et... sa mère, qui a fini par accepter d’être la productrice du film, et même d’y faire, c’est le cas de le dire, une apparition !
C’est très drôle, Namir, dont c’est le premier long métrage, et qui est furieusement sympathique, ne se donne pas le beau rôle, et on s’amuse autant que les habitants du village qui jouent les figurants en se marrant intensément.
Aïe ! J’ai rédigé cette notule sans avoir écouté Le masque et la plume dans son édition du 9 septembre. Or j’ai téléchargé cette émission postérieurement, et je m’aperçois que ma remarque sur le titre que le film aurait pu porter, « La Vierge, les coptes, ma mère et moi... », avait été faite par Xavier Leherpeur. Du coup, j’ai l’air d’un plagiaire !
Que faire ? Corriger mon texte a posteriori, comme on corrigeait les archives des journaux dans 1984 ? Je pourrais, mais cette petite tricherie me répugne. Donc je laisse les choses en l’état. Et tant pis si on me montre du doigt dans la rue et si les enfants me jettent des pierres.
Réalisé par Simon West
Titre original : The expendables 2
Sorti en Espagne le 8 août 2012
Sorti en France le 22 août 2012
Les films d’action n’ont pas lieu d’être dédaignés, encore moins méprisés. Réaliser un film de ce type demande énormément de travail, au stade de la préparation, du tournage et du montage. On est très loin des petits films conceptuels faits en France avec trois acteurs trentenaires qui nous bassinent en pérorant au bistrot ou dans un salon bourgeois sur leurs problèmes sentimentaux.
Bref, avec The expendables 2, on a une pléthore de vedettes qui savent se moquer d’elles-mêmes, des dialogues souvent brillants, des scènes d’action spectaculaires dont l’intérêt visuel ne faiblit jamais, et, de la part de tout ce monde, une conscience professionnelle inconnue chez nous (voir le dernier film de René Féret, déjà traité ici).
Peu importe le thème du film (l’équipe dirigée par Stallone est à la recherche d’un entrepôt de plutonium abandonné par les Russes et qui risque de tomber dans de mauvaises mains), on s’amuse beaucoup, et ce n’est pas déshonorant. Après tout, la plupart des films d’Hitchcock sont construits sur ce désir de distraire le spectateur sans lui inspirer la honte de s’être diverti. Et, si j’ose dire, le dernier Batman de monsieur Nolan est beaucoup moins satisfaisant, de ce point de vue-là !
Personnellement je ne regrette qu’une chose : la curiosité qu’aurait constitué le projet initial de confier à Taylor Lautner le rôle de Billy the Kid (c’est un homonyme du célèbre gangster), qui meurt au début du film. Mais il était sans doute trop jeune.
Réalisé par Tony Gilroy
Titre original : The Bourne legacy
Sorti aux États-Unis le 30 juillet 2012
Sorti en France le 19 septembre 2012
Ce quatrième épisode n’a plus rien de commun avec les trois précédents, tirés d’un roman de Robert Ludlum. Je signale que Ludlum n’a écrit que trois épisodes (il a une excuse, il est mort en 2001 !), or un autre auteur, Eric Van Lustbader, a pris la relève et en a écrit sept de plus.
Ici, tout a été conçu par le réalisateur et son frère Dan. L’interprète des films précédents, Matt Damon a retiré ses billes, et cela ôte tout intérêt au film, qui n’a qu’une vedette, Edward Norton, dans un rôle secondaire, et se traîne de façon morne, puisqu’il faut attendre les dix dernières minutes pour voir le clou habituel de ce genre de production : une course-poursuite dans les rues d’une ville ; ici, Manille, l’une des cités les plus moches de la planète.
Inutile de raconter ne serait-ce qu’un résumé du scénario, tout cela est insipide et décevant. Un film de trop...
Réalisé par Pascal Bonitzer
Sorti en Espagne le 8 août 2012
Sorti en France le 5 septembre 2012
Peu importe que le sujet soit assez improbable, et que Damien, ce professeur de civilisation chinoise, qui vit avec une femme metteur en scène de théâtre (et leur jeune fils Noé, plutôt pittoresque), ait raté lamentablement le sauvetage d’une serbo-croate monténégrine sans papiers qui craint l’expulsion. Ce qui compte, c’est l’étrangeté quotidienne des rapports entre les personnages. La palme va à ce père joué par Claude Rich, haut personnage (il est au Conseil d’État) qui n’a de temps pour rien, et surtout pas pour son fils qu’il méprise on ne sait pourquoi : au lieu d’écouter sa requête, il préfère draguer un serveur japonais, joué par Masahiro Kashiwagi – dont on doit reconnaître qu’il vaut bien ça –, lequel finira dans le lit du fils en question !
Rien n’est sérieux, et le dénouement ne tient pas debout, mais le film est construit pour servir les acteurs, et remplit bien cette fonction. Et puis, pour une fois, il ne s’agit pas des problèmes de cœur d’une bande de trentenaires.
Seul cliché : la barbe de cinq jours de Bacri.
(Signalons que l’Hortense du titre n’est pas un prénom féminin. C’est le patronyme de cet homme très influent qui était censé rendre à Damien le service demandé, et qui s’est dérobé quand cela ne l’a plus intéressé)
Réalisé par Steven Soderbergh
Sorti en Géorgie et en Russie le 28 juin 2012
Sorti en France le 15 août 2012
Toujours là où on ne l’attend pas, Soderbergh, capable du plus sérieux (Bubble) comme du plus déconnant (Ocean’s eleven et les suites). Ici, il mixte les deux, avec un film sur le strip-tease masculin plutôt sympathique, virant au grave sur la fin.
Bref, Mike a trente ans, il est foncièrement gentil, exerce le métier de couvreur le jour, rêve de fonder une entreprise de meubles design, et fait du strip-tease la nuit, devant un public exclusivement féminin et déchaîné, dans le cabaret de son copain Dallas. Puis il rencontre un jeunot, Adam, vite surnommé « le Kid », qu’il prend en amitié et fait entrer dans le métier. Or Adam a une sœur...
Rien d’inattendu, au fond, et les scènes de déshabillage, plutôt bien jouées, dont l’atmosphère fait vrai, tiennent une grande partie du récit, inspiré de l’existence réelle de la vedette du film, Channing Tatum.
Comme souvent, Soderbergh a réalisé, filmé, monté le film... en prenant des pseudonymes, puisque les encombrants syndicats hollywoodiens ne permettent pas de cumuler plusieurs fonctions. Ils sont sans doute affiliés au Parti Socialiste français.
Réalisé par Elie Wajeman
Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2012
Sorti en France le 19 septembre 2012
Non, ce n’est pas un film israélien, et seule une courte séquence, à la fin, se passe à Tel-Aviv. En fait, on ne quitte Paris que cinq minutes avant. Alex, qui vit de la vente sauvage du haschich, passe donc d’un appartement miteux parisien à un autre appartement miteux en Israël, parce qu’on lui a offert un travail dans une crêperie du pays. Entre-temps, on n’aura vu, ou plutôt subi, que la vision de gens qui parlent, et même le terme qui constitue le titre n’est pas défini (c’est le retour en Israël pour un Juif qui vivait ailleurs).
Disons que le film est fait selon la mode du moment, tout en gros plans pris à la caméra portée, qui zigzague inutilement d’un détail à un autre (exemple : quelqu’un monte dans un autobus et remet à un autre passager la monnaie pour payer son ticket, or la caméra suit tout le trajet de la monnaie à travers le bus). À cela, on devine que le réalisateur fait son premier long métrage, et qu’il ne connaît rien au métier de cinéaste. Si bien que le film, qui ne dure qu’une heure et demie, paraît deux fois plus long.
Signalons la scène la plus ridicule vue depuis les dinosaures de The tree of life : deux personnages dessinent le schéma de leurs amours sur une nappe en papier de restaurant. C’est prétentieux, faussement original, et bête.
Réalisé par Michel Gondry
Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2012
Sorti en France le 12 septembre 2012
Tourné à New York (dans le Bronx), mais pas encore sorti aux États-Unis.
Des lycéens, après le dernier cours de l’année scolaire, rentrent chez eux en bus – un véhicule dont on ne sortira presque jamais. Bien sûr, peu à peu, le bus se vide de ses occupants, alors que la nuit tombe. La première heure est donc un festival de blagues douteuses, parfois cruelles, et le spectateur se dit qu’il perd son temps à regarder et surtout entendre des choses sans intérêt. Le ton ne devient grave et le film ne devient intéressant que lors d’une dispute entre deux garçons homosexuels, et que le plus dur se met à pleurer. Hélas, on ne comprend rien à l’objet de leur dispute...
Ne restent plus à la fin qu’une fille qui a été plutôt chahutée par un garçon du genre crétin, Michael, lequel précisément est encore dans le bus, et aussi Alex, un garçon qui ne parle jamais, et qui a passé tout son temps à lire une bande dessinée, un casque sur les oreilles. N’ayant personne à qui parler, Michael le provoque, mais ne tarde pas à comprendre qu’Alex le dépasse de beaucoup en intelligence et en profondeur d’esprit. Il se ravise, et, en copain, lui fait des avances amicales, mais l’autre l’envoie bouler : « De toute l’année, tu ne m’as jamais adressé la parole, et là, après cinq minutes de conversation, je deviens ton meilleur ami et tu veux partir en vacances avec moi ? Dégage, tu ne m’intéresses pas ! ».
Tous les personnages, très jeunes et joués par des amateurs, sont désignés par le prénom de leur interprète. Ainsi, Alex est Alex Barrios, un cascadeur, d’ailleurs très beau. Quant à la conductrice du bus, c’est dans la vie une véritable conductrice !
Je vois deux anomalies dans ce scénario (très écrit, bien qu’il semble improvisé). D’une part, d’un point de vue factuel, et comme l’histoire est filmée en temps réel, ce bus met bien longtemps, plus d’une heure quarante, pour accomplir son trajet. Quel autobus urbain roule si longuement sans avoir terminé son circuit ? D’autre part, et d’un point de vue psychologique, ces lycéens, qui en sont à leur dernier jour de classe, ont donc pris ce bus tous les jours depuis des mois ; comment donc admettre que les deux garçons qui ont le trajet le plus long et sont les derniers à descendre ne se sont jamais parlé et ne se connaissent pas ?
Réalisé par Manoel de Oliveira
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2012
Sorti en France le 26 septembre 2012
Est-ce parce que le réalisateur aura bientôt 104 ans (on l’a dit partout) qu’il ne filme que des vieillards et que sa mise en scène est aussi fatiguée ? Elle a consisté, en tout et pour tout, à poser la caméra devant les acteurs placés à bonne distance, et à les laisser parler interminablement. Aucun travelling, aucun panoramique, aucun changement de cadre, tout est vu à la même distance, et le cadreur ni le monteur n’ont craint le surmenage. Je sais bien qu’Ozu faisait la même chose, du moins avait-il une histoire à raconter qui ne fût pas QUE sinistre !
Bref, Dorothea et son mari Gebo, qui est comptable, sont pauvres, et ont eu le malheur d’avoir un fils, João, qui est en prison pour vol. Vit avec eux la femme du fils, et tous sont malheureux. Puis le fils sort de prison, et vole l’argent que son père gardait en vue de le remettre à l’entreprise où il travaille. Plutôt que de révéler à sa femme que son fils bien-aimé a commis ce forfait, le père s’accuse. Fin de l’histoire.
Cette immobilité de la caméra ne fait qu’accentuer le côté théâtral du récit, car c’est bien une pièce (de Raul Brandão), quoique plutôt raccourcie. Or c’est du mauvais théâtre, c’est-à-dire qui ennuie. Pour ne rien arranger, l’actrice portugaise qui joue la belle-fille, afin de montrer le chagrin de son personnage, renifle toutes les cinq secondes, et c’est horripilant, d’autant plus que, dans la séquence de fin, elle accentue le rythme et renifle cette fois toutes les secondes. Quant au fils, il est interprété par un acteur portugais plutôt mauvais. On s’étonne d’ailleurs, au générique de fin, qu’il y ait eu tournage en France et au Portugal ; deux pays pour un décor unique ?
Ne reste de cette triste entreprise que les images, impeccables. En somme, le directeur de la photo a fait tout le travail, mais une fois pour toutes, après avoir réglé les éclairages. De Manoel de Oliveira, je n’avais vu jusqu’ici qu’un seul film, passablement incompréhensible. Désormais, la coupe est pleine, et je ne me dérangerai plus pour ce réalisateur.
(Prédiction : Le masque et la plume, je le parie, va nous faire entendre les habituels cris d’admiration des critiques à l’égard de ce cinéaste)
Réalisé par William Friedkin
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 8 septembre 2011
Sorti en France le 5 septembre 2012
Si le thème du type endetté pour avoir voulu vendre de la drogue n’existait pas, la moitié au moins des films d’action disparaîtraient. Ici, c’est Chris, un garçon de 22 ans, qui doit six mille dollars à son fournisseur, lequel, évidemment, menace de lui faire son affaire. Mais alors, pourquoi ne pas faire assassiner... sa mère, qui a une assurance-décès de cinquante mille dollars (et pas une « assurance-vie », comme s’obstinent à écrire sans y rien connaître les plumitifs qui rédigent les résumés de scénarios pour la presse) ? Justement, cette mère indigne a quitté leur père, lui-même et sa jeune sœur Dottie pour aller vivre avec Rex (qu’on ne verra jamais).
Bref, Chris engage un policier véreux qui joue les tueurs à gages à ses moments perdus, mais, comme il faut payer vingt-cinq mille dollars d’avance et qu’évidemment Chris ne les a pas, c’est la jeune sœur qui servira de caution. Or ce processus repose en fait sur une arnaque montée par Rex, qui a trouvé ce moyen pour se débarrasser de sa femme et empocher le pognon.
Cette histoire, très cynique et qui constitue un festival d’humour noir, est filmée imperturbablement par le vétéran Friedkin, qui semble s’être beaucoup amusé à écraniser cette pièce de théâtre, et à ne lui donner aucun dénouement. Néanmoins, je me permettrai de noter que la séquence de fin traîne beaucoup en longueur, et qu’on est à deux doigts, en tant que spectateur, à estimer que le film gagnerait à être raccourci de dix bonnes minutes.
Le scénariste et auteur de la pièce, Tracy Letts, avait déjà écrit le scénario de Bugs, précédent film de Friedkin, et que j’avais trouvé atrocement raté – opinion que peu de gens ont partagée. Soyons juste, Killer Joe est impeccablement réalisé, or ce n’est plus très courant, alors que partout l’amateurisme envahit les écrans.
On apprend aujourd’hui que le Centre national du Cinéma vient de se faire rogner ses crédits par le gouvernement, et d’une manière assez classique : on lui en ponctionne une partie pour affecter cet argent ailleurs. Le gouvernement compte récupérer entre cent et cent trente millions d’euros. Rappelons que le CNC se finance au moyen d’une taxe de 11 % prélevée sur tous les tickets de cinéma vendus en France, que le film soit français ou étranger. En somme, les étrangers, à leur corps défendant, participent au financement d’un organisme français.
Naturellement, les défenseurs de la fameuse « exception française » poussent des hurlements, mais, pour une fois, je serai du côté du gouvernement, car le CNC ne sert pas à grand-chose, et l’exception française dont se sont gargarisés tous les ministres de la Culture depuis Jack Lang n’est en fait qu’une coûteuse imbécillité. Et, pour une fois (bis), je m’appuie sur le témoignage d’un technicien du CNC, qui raconte les faits suivants :
« Je travaille dans le cinéma comme technicien. Et le CNC est dirigé par des personnes qui accordent les aides à leurs copains ; une femme membre d’une commission de distribution d’aide a même récemment donné une aide à sa propre boîte de production. Bref, le CNC est une mafia qui ne finance que des films intello-bobo faits pour la rive gauche parisienne. Sur 220 films produits en France chaque année, plus de 180 reçoivent les aides du CNC, et, au bout du compte, seulement 10 films français par an rentrent dans leurs frais et font du bénéfice. Cherchez l’erreur.
» Donc, comment font certains pour vivre ? Je prends l’exemple du couple Bacri-Jaoui : ils obtiennent toutes les aides du CNC, se versent un salaire chacun comme scénariste, plus un comme comédien, plus un comme réalisatrice pour elle, donc un tiers du budget rien que pour eux. Outre cela, ce sont des salaires d’intermittents du spectacle ; donc, quand ils ne travaillent pas, ils continuent pendant dix mois à toucher le maximum de l’Unedic (soit 5700 euros net par mois). Et si, pendant ces dix mois, ils travaillent, alors c’est reporté ! Il leur est ainsi possible de vivre bien, pendant des années, en ne travaillant que quelques mois par an. Dans ce dernier cas, une fois qu’ils ont fait leur film, et qu’il sort, si par miracle le film marche et fait des bénéfices, alors tant mieux pour eux ; et si c’est un échec, ce n’est pas grave, ils se sont payés par avance (et savent que leurs amis du CNC financeront le prochain).
» Alors oui, je suis partisan de ponctionner même 50 % des recettes du CNC. Peut-être fera-t-on moins de films, mais de qualité, et que le public ira voir. »
C’est ce que j’écris ici depuis des années, notamment le 26 décembre 2003 ! Plusieurs fois, j’ai rapporté qu’il est indifférent aux auteurs, réalisateurs et producteurs qu’un film ait ou non du succès, car ils se sont payés par anticipation, avec l’argent du CNC – notre argent, pris dans la poche des spectateurs. Mais cette fois, le témoignage vient de l’intérieur.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.