Œuvres citées : Biutiful – Buried – La corde – Fenêtre sur cour – Le crime était presque parfait – Lifeboat – Phone booth – The hangover – Very bad trip – Fair game – Kill me please – Date limite – Due date – Unstoppable – Airport – Boy and bicycle – L’attaque du métro 1 2 3 – La princesse de Montpensier – La reine Margot – Rubber – No et moi – Boudu sauvé des eaux – Welcome to the Rileys – Mother and child – Red – Reds – Confidential report – Potiche – Monsters – La guerre des mondes – Ce n’est qu’un début – Quartier lointain – Le dernier tango à Paris
Personnes citées : Alejandro González Inárritu – Woody Allen – Rodrigo Cortés – Alfred Hitchcock – Joel Schumacher – Joseph L. Mankiewicz – Marguerite Duras – Chris Sparling – Doug Liman – Olias Barco – Todd Phillips – Tony Scott – Ridley Scott – Bertrand Tavernier – Marie-Magdëlaine Pioche de La Vérone, comtesse de La Fayette – Jean Cosmos – Quentin Dupieux – Zabou Breitman – Michel Simon – Jake Scott – Ridley Scott – Tony Scott – Rodrigo García – Warren Beatty – Robert Schwentke – Helen Mirren – Jean Reno – François Ozon – Jacqueline Maillan – Catherine Deneuve – Pedro Almodóvar – Nicolas Sarkozy – Gérard Depardieu – Jérémie Renier – Jean-Pierre Pozzi – Pierre Barougier – Sam Garbarski – Léo Legrand – Pascal Greggory
Réalisé par Alejandro González Inárritu
Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2010
Sorti en France le 20 octobre 2010
Je ne classe pas souvent les films dans la catégorie « À fuir », mais là, impossible de résister. Tout est laid, sordide et misérabiliste dans cette histoire d’un petit trafiquant qui agonise d’un cancer de la prostate, a des problèmes avec sa femme infidèle et ses deux enfants, et qui provoque la mort de vingt-cinq ouvriers chinois clandestins, pour avoir fourni à leur employeur des radiateurs déréglés.
Dire que, dans la même ville, Barcelone, et avec le même acteur, Woody Allen avait réalisé un film remuant et ensoleillé, raté certes, mais jamais lugubre, et surtout COURT !
Réalisé par Rodrigo Cortés
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 23 janvier 2010
Vu le dimanche 17 octobre 2010
Sorti en France le 3 novembre 2010
Voir ici la critique de ce film espagnol (tourné à Barcelone), mais parlant anglais.
Réalisé par Doug Liman
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2010
Sorti en France le 3 novembre 2010
Le film raconte de manière compliquée une histoire simple, et qui a réellement eu lieu en 2003 : Valerie Plame est un agent de la CIA, dans un service qui œuvre pour la non-prolifération des armes. Or le président Bush, qui rêve de dégommer Saddam Hussein et de faire main-basse sur le pétrole irakien, invente la désormais fameuse fable des armes de destruction massive que serait en train de fabriquer ce pays, pourtant ravagé depuis la guerre du Koweit en 1990, et bien incapable, dès lors, de posséder une quelconque industrie de guerre. En public, Bush mentionne notamment que l’Irak s’est procuré cinq cents tonnes d’uranium auprès du Niger. Mensonge, évidemment... Or le mari de madame Plame, Joseph Wilson, ancien ambassadeur en Afrique, et qui s’est vu confier une mission afin d’aller au Niger vérifier l’information, en revient avec la conviction que cette vente n’a jamais eu lieu, et il le dit dans le « New York Times ». La coterie de la Maison-Blanche riposte en faisant publier que Wilson est marié à un agent de la CIA, dont il donne l’identité – ce qu’une loi de 1982 interdit ! Ainsi grillée, Valerie perd son poste, ainsi que les missions qu’elle a en cours, et toute possibilité de protéger les agents qu’elle a en Irak. Mais Wilson refuse de se taire, se répand dans tous les journaux et toutes les émissions de télévision, et le responsable des sanctions qui ont frappé le couple est renvoyé... mais ne sera jamais jugé, puisque Bush a usé de son droit de grâce.
Ce que vous venez de lire est un résumé clair du scénario. Ce que vous verrez à l’écran est beaucoup plus obscur, parce que la mise en scène est due à Doug Liman, qui bénéficie bien à tort d’une réputation en béton, alors que ce maniaque de la caméra portée – et agitée dans tous les sens – filme littéralement avec les pieds. Par exemple, à quoi sert-il, lorsqu’un personnage hors-champ dit « J’ai soif » ou « Ça me gratte dans le dos » (je caricature), de faire un panoramique sur lui, pour revenir ensuite au sujet principal, d’où ces incessants zigzags ? À quoi cela rime-t-il de confier la caméra à un cadreur qui n’a pas la force de la tenir et tremble de tous ses membres ? Ce serait donc si compliqué, que de la poser sur un trépied ?
Et puis, toutes ces scènes inutiles ! Le film, par exemple, commence par un long et coûteux intermède en Malaisie, qui n’a aucun rapport avec l’histoire, et ne sert qu’à nous apprendre que madame Plame travaille pour la CIA, ce qui aurait pu être réglé en deux phrases de dialogue. Cette manie de « faire long » est aussi stupide que pesante...
Le film peut donc être vu, à condition d’avoir lu le résumé ci-dessus !
Réalisé par Olias Barco
Sorti en France et en Belgique le 3 novembre 2010
Le docteur Krueger dirige, dans un coin perdu et montagneux, sans doute en Suisse, une clinique dont le but est d’aider les suicidaires à faire le grand saut. Au début, on croit à un film sérieux, puis la comédie se révèle, et s’avère de plus en plus grinçante. Mais à peine a-t-on eu le temps d’en prendre conscience et de rire face à des situations de plus en plus absurdes, que le scénario s’égare et que le mécanisme se grippe, car trop, au cinéma, c’est rapidement contre-productif. De sorte que le massacre final ne se justifie plus que par le désir de déranger, et que l’on décroche, en regrettant cette erreur d’aiguillage.
Réalisé par Todd Phillips
Titre original : Due date
Sorti en Finlande (Night Visions Film Festival) le 31 octobre 2010
Sorti en France le 10 novembre 2010
Je n’avais guère aimé le précédent film de Todd Phillips, The hangover, bêtement distribué en France sous le titre bidon Very bad trip, car il était assez vulgaire. Du moins possédait-il un scénario inventif, nourri de gags souvent cocasses – quoique parfois pénibles à voir (la dent absente d’un des personnages). Mais Date limite brille surtout par le vide. On a ici un mélange de buddy movie (film de potes) et de road movie, ce qui est concevable, mais, une fois posé le postulat, d’ailleurs invraisemblable, il ne se passe plus rien que de plat et de grossier, et, à mi-parcours, faute de pouvoir inventer des situations qui fassent rire, on tombe dans la sentimentalité, qui est le défaut habituel des comédies dont les auteurs semblent vouloir s’excuser d’avoir voulu être drôles.
Réalisé par Tony Scott
Sorti aux États-Unis le 26 octobre 2010
Sorti en France, en Belgique, en Égypte et en Pologne le 10 novembre 2010
Tout est dans le titre ! On reprend le schéma de vieux films comme Airport, et on le transpose dans un train fou, chargé de matières dangereuses et qui n’a pas de conducteur. C’est tout bénéfice, car, s’il y a peu à tirer visuellement d’un avion en danger (pas de rencontres intempestives, pas de visualisation du trajet, accident hypothétique unique), un train offre une infinité de possibilités : poursuite par d’autres véhicules, interventions aériennes, heurts contre divers obstacles, trajet modifiable, possibilité aux secours de monter en marche, structure de l’engin plus intéressante, présence d’un public tout le long de la voie ferrée, transports d’objets potentiellement dangereux, etc.).
Le film, conçu pour être vu en salles et en famille, peut aussi être visionné un dimanche soir sur Télé-Poubelle, ou un après-midi sur Canal Plus. Les deux acteurs sont suffisamment charismatiques, bien que leurs rôles soient truffés de banalités (ils ont tous les deux des ennuis, l’un avec sa femme, l’autre avec ses filles, mais rassurez-vous, tout s’arrange à la fin). Si bien que le film n’a que deux défauts. D’abord, cela démarre trop vite, de sorte que l’explication de la catastrophe est bâclée : on ne sait pas trop ce qui a provoqué tout cela. Ensuite, et comme d’habitude, la musique est fracassante, tout à base de percussions, comme s’il fallait cet artifice pour soutenir l’attention du spectateur.
Le réalisateur Tony Scott est le frère de Ridley Scott. Il a débuté comme acteur dans le premier film de son frère, un court-métrage de 27 minutes, tourné en 1967, et intitulé Boy and bicycle. Juste avant le présent film, il avait réalisé L’attaque du métro 1 2 3, qui était conçu exactement sur le même schéma, et avec la même vedette ! Alors, on bégaye ?
Réalisé par Bertrand Tavernier
Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2010
Sorti en France le 3 novembre 2010
C’est heureusement un peu moins lourd que La reine Margot, de sinistre mémoire ! Le duc de Montpensier persuade le marquis de Mézières de lui accorder, pour son fils, la main de sa fille Marie. Bien que celle-ci soit amoureuse d’Henri de Guise, la mauvaise réputation de la famille Guise en général emporte l’adhésion du père, qui consent au mariage, et Marie épouse un jeune homme qu’elle n’aime pas. Surprise ! Il va se révéler – au début – droit, modeste, attentionné, et les époux finissent par s’aimer. Hélas, quelque temps plus tard, Guise revient à la charge, et Marie retombe amoureuse de lui, tandis que son mari, devenu jaloux, l’éloigne de lui-même par les scènes qu’il lui fait.
Tiré d’une courte nouvelle de madame de La Fayette, d’ailleurs écrite dans un style pénible car guindé (les rares personnages, dont on ne donne jamais le prénom, sont désignés uniquement par leur titre de noblesse), cette histoire aurait peu d’intérêt sans le contexte des guerres de religion, sans le regard d’un observateur qui a changé de camp par dégoût de la violence, et, naturellement, sans les dialogues « très écrits », comme on dit, de Jean Cosmos, un vieux routier du théâtre et du cinéma (il a 87 ans).
Les deux scènes de bataille sont très bien réalisées. On regrette qu’elles soient accompagnées par une musique trop riche en percussions, comme c’est la mode avec les blockbusters fabriqués à Hollywood. Pourtant, rien de plus français que ce film-ci.
Réalisé par Quentin Dupieux
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2010
Sorti en France le 10 novembre 2010
Pour une fois, les amateurs de clichés vont pouvoir dire sans être raillés par votre (très humble) serviteur que ce film est « déjanté », puisque le méchant de ce film d’horreur n’est ni un gros requin, ni un énorme crocodile, ni une bande de pirañhas, encore moins un dingue équipé d’une tronçonneuse, mais... un pneu ! Oui, un banal pneu de voiture, mais animé d’instincts sanguinaires, servis par le pouvoir de faire éclater à distance la tête des humains qui l’ennuient. Conformément à ce que doit être tout film fantastique, aucune explication n’est donnée, si l’on excepte la « présentation aux spectateurs » que fait le personnage du policier, lequel avance à juste titre que la plupart des points énigmatiques semés dans les scénarios des films les plus connus n’ont qu’une seule justification : No reason.
C’est évidemment, peu dissimulée sous un récit absurde, une satire du cinéma hollywoodien, hypothèse que souligne la fin : après avoir été « abattu » à coups de fusil par le policier, le méchant pneu se réincarne en tricycle d’enfants, et une foule de pneus abandonnés dans le désert californien se dirige vers Hollywood, sans doute pas dans de bonnes intentions.
Quentin Dupieux est français, il s’est fait un nom dans la musique et a réalisé deux ou trois films bizarres, dont je n’ai vu que celui-ci, entièrement tourné en extérieurs aux États-Unis. Rubber n’a coûté que cinq cent mille dollars, et il est mal distribué (27 salles pour toute la France). Son prochain film, annoncé pour cette année, doit durer... deux minutes ! Ce qui nous reposera des films interminables, à la mode en ce moment.
Réalisé par Zabou Breitman
Sorti en France le 27 octobre 2010
Lou, treize ans, est déjà en seconde et doit faire un exposé sur les sans-abris. Elle choisit une fille de 19 ans – surnommée « No », pour Nora –, rencontrée à la gare d’Austerlitz. L’interview s’avère difficile et chaotique, mais Lou s’entiche de sa nouvelle amie et l’invite à s’installer chez elle ! Évidemment, cela tourne mal. Puis No s’en va et Lou se retrouve comme auparavant.
La réalisatrice a pu s’inspirer de Boudu sauvé des eaux, où une famille bien intentionnée recueillait un clochard, qui, là aussi, en prenait à son aise, avant de disparaître. Mais Boudu était joué par Michel Simon. Ici, on a une actrice (plutôt laide et de dix ans plus âgée que son personnage) qui en fait des kilotonnes dans le style J’ai-eu-des-malheurs-mais-je-le-dissimule-sous-ma-gouaille-parigote, et qui est à gifler. De sorte que le spectateur a vite fait de ne plus éprouver que de la fatigue face à tant de cabotinage, d’autant plus que, tout en étant farcie de clichés, la situation n’est pas vraisemblable (No trouve un second logis, chez un camarade de classe de Lou, un jeune lycéen qui dispose d’un immense appartement dans un quartier bourgeois et y vit seul !).
Zabou Breitman, qui est intelligente et possède un certain talent d’actrice, fait ici un faux pas magistral.
Réalisé par Jake Scott
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 23 janvier 2010
Sorti en France le 10 novembre 2010
Le réalisateur est l’un des deux fils de Ridley Scott, qui produit le film avec Tony Scott, frère du précédent. Les Rileys du titre sont un couple de quinquagénaires, qui ont perdu dans un accident leur fille unique, à l’âge de 15 ans. Au cours d’un voyage d’affaires à la Nouvelle-Orléans, le père rencontre une jeune strip-teaseuse, un peu beaucoup prostituée, mais refuse tout contact sexuel avec elle, car elle lui rappelle sa fille. Il s’installe chez elle et tente de lui venir en aide, puis sa femme, furieuse d’être laissée pour compte, le rejoint, et se prend à son tour de sympathie pour la fille. Message de l’auteur : ont-ils trouvé une fille de remplacement ? À la fin, elle quitte la ville et va refaire sa vie ailleurs, et les Rileys n’ont pas trouvé de fille de remplacement.
La lecture de ce résumé vous fait comprendre pourquoi ce film ultra-bien-pensant est sorti au festival de Sundance, qui est La Mecque du politiquement correct. En fait, il ne brille que par les défauts qu’il n’a pas : absence de clinquant, pas d’esthétique du clip, musique passant inaperçue, acteurs jouant en demi-teinte, aucun effet de mise en scène, et surtout pas de caméra portée ni de trucages numériques.
Bref, un film reposant. Mais va-t-on voir un film uniquement pour se reposer ? Naturellement, « Le Canard enchaîné », qui a oublié de parler de Rubber, trouve le film très bien.
Réalisé par Rodrigo García
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 14 septembre 2009
Sorti en France le 17 novembre 2010
Que le réalisateur ait un père célébrissime et titulaire du Prix Nobel de Littérature n’a aucun intérêt. Plus intéressant est son film, qui traite de l’adoption aux États-Unis, et cette pratique permettant aux enfants adoptés de retrouver leurs parents d’origine – « biologiques », comme on a pris l’habitude de dire. Ici, l’enfant abandonnée à sa naissance est devenue une avocate cynique et ne cherche pas du tout à retrouver sa mère qui, enceinte à 14 ans, l’a laissée à d’autres. Naturellement, on devine tout de suite que les deux femmes vont se retrouver à la fin du film.
Le réalisateur, sans courir après l’originalité, possède au moins cette qualité de savoir, en un seul plan très court, introduire une situation nouvelle. On est loin de ce film idiot dont je parlais récemment, où le réalisateur, à coups de millions de dollars, est allé tourner une séquence entière de dix minutes en Malaisie afin de nous faire savoir que son héroïne travaillait pour la CIA !
Le film fait la part belle aux personnages féminins, toutes interprétées avec talent par de bonnes actrices. Les hommes sont nettement en retrait.
Réalisé par Robert Schwentke
Sorti aux États-Unis (Austin Fantastic Fest) le 29 septembre 2010
Sorti en France le 17 novembre 2010
Ne pas confondre ce film avec le Reds de 1981, réalisé par Warren Beatty, et qui traitait de la Révolution bolchévique de 1917 en Russie. Ici, on a une comédie réalisée aux États-Unis par un Allemand quasi-inconnu, et qui traite d’un sujet rebattu : un groupe de retraités de la CIA (le titre est un acronyme de « Retraités Extrêmement Dangereux » !) reprend du service, parce que le vice-président, qui a naguère commis un tas d’exactions au Guatemala, a entrepris de faire disparaître tous les témoins de ses crimes – un peu comme Arkadin dans Confidential report ! Ils sont donc quatre, Franck, Joe, Marvin et surtout Victoria, jouée par une Helen Mirren qui apparaît un peu tardivement pour mon goût et qui joue la « Repasseuse », clone féminin du Nettoyeur joué jadis par Jean Reno.
Ce film utilise une histoire à laquelle on ne comprend rien et dont on se fiche, simple prétexte à filmer des scènes outrancières de combats loufoques, où les trucages numériques tiennent la place principale. On le voit bien... et on s’en moque, car la dérision est constante, et les acteurs se parodient eux-mêmes. Pourquoi pas ?
Réalisé par François Ozon
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2010
Sorti en France le 10 novembre 2010
Après plusieurs échecs manifestes, Ozon retrouve le succès, pour une raison évidente : réalisateur bien plus qu’auteur, comme Lelouch, comme Spielberg, dès qu’il cesse de vouloir montrer qu’il pense et se borne à filmer une histoire qu’il n’a pas inventée, il donne libre cours à son habileté, que personne ne conteste.
Bref, en reprenant le récit d’une pièce de théâtre de boulevard jouée naguère par Jacqueline Maillan, le film multiplie les clins d’œil, comme de faire de Catherine Deneuve la directrice d’une entreprise qui fabrique des parapluies, bien que nous ne soyons pas à Cherbourg, mais dans le département du Nord. Marié à un macho qui dirige l’usine qu’elle lui a apportée en dot, elle se retrouve propulsée à la direction quand le mari macho, après avoir été séquestré par ses ouvriers, a dû être mis sur la touche. Bien entendu, elle redresse la situation et, de simple potiche, est promue femme d’affaires avisée.
Ozon donne à fond dans le féminisme, bariole ses décors et ses costumes comme chez Almodóvar, place quelques répliques pas très inattendues (le vocabulaire de Sarkozy), et fait un peu jouer la nostalgie avec le couple Depardieu-Deneuve. Il case également un pastiche du fameux poème If, de Rudyard Kipling, mais dédié aux secrétaires de direction, et qui échappe aux neuf-dixièmes du public ! S’il avait été un peu plus attentif au générique (une faute d’orthographe dans le nom de Jérémie Renier, acteur qui mérite davantage de considération) et à la grammaire (« Tu auras mis quarante ans à t’EN rappeler », dans la bouche de Catherine Deneuve, ce qui fait deux analphabètes), ce serait parfait. On ne s’ennuie pas un instant, et l’on s’amuse sans honte.
Réalisé par Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier
Sorti en France (Festival de La Rochelle) le 6 juillet 2010
Sorti en France le 17 novembre 2010
Documentaire tourné dans une classe d’école maternelle, avec des enfants entre quatre et cinq ans. L’institutrice a conçu le projet apparemment délirant de faire de la philosophie avec ses mioches... et ça fonctionne ! Ils apprennent à penser et à se poser des questions. Certains sont d’une intelligence brillante. On souhaite qu’ils la conservent, si le monde où ils vivent ne la saccage pas, comme il est probable.
Ce film, où personne ne bêtifie, démontre qu’on gagne toujours à viser haut. Même si quelques préjugés sont confortés, comme « les filles ne peuvent pas aimer les filles » ou « les adultes sont libres parce qu’ils sont adultes ».
Réalisé par Sam Garbarski
Sorti en Allemagne le 20 mai 2010
Sorti en France le 24 novembre 2010
Comment flanquer par terre un film pourtant correctement réalisé, interprété très honnêtement ? C’est très simple : choisissez une de ces histoires de voyage dans le temps, impossibles à monter, que ce soit au cinéma ou en littérature : l’auteur achoppe toujours sur le dénouement, parce que la question essentielle (comment empêcher de se produire un évènement dont on sait bien qu’il s’est produit ?) ne peut pas être résolue. Et surtout, concluez par une banalité qu’aucun scénariste n’avait eu le culot d’utiliser depuis au moins un demi-siècle : expliquez au dénouement que tout cela n’était qu’un rêve !
En résumé, Thomas, auteur quinquagénaire de bandes dessinées, se retrouve par hasard dans son village natal et en profite pour aller se recueillir sur la tombe de sa mère. Pouf ! Il passe par une faille du continuum spatio-temporel et aboutit en juin 1967, quand il avait quatorze ans, quelques jours avant le quarantième anniversaire de son père, qui avait choisi ce jour-là pour quitter sa famille et disparaître à jamais. Comme Thomas redevenu jeune a conservé tous ses souvenirs d’entre 1967 et 2010, il va tenter d’empêcher cette catastrophe, et va naturellement échouer. D’où la pirouette du dénouement.
Le jeune garçon est bien incarné par un quasi-inconnu, Léo Legrand, vu dans quelques films peu connus et deux téléfilms. Le même personnage adulte est joué par Pascal Greggory, peu présent ici. Un détail qui ne peut intéresser que les cinéphiles acharnés : à Paris, son personnage habite l’immeuble où se situait Le dernier tango à Paris !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.