JPM - Films vus - Notules -  Février 2015

Notules - Février 2015

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Snow therapyForce majeureToute première foisLa belle vie – Vie sauvage – Secret d’ÉtatKill the messengerSix feet underDexter2 temps, 3 mouvementsNuits blanches sur la jetéeNuits blanches – Les grandes ondes (à l’ouest) – Cours sans te retournerLauf Junge laufMon filsDancing Arabs – Les citronniers – Le voyage du directeur des ressources humaines – Papa ou maman – Le prénom – El secreto de sus ojos – Dans ses yeux – Foxcatcher – Magic Mike – Whiplash – I originsBons à rienBuoni a nulla – Le déjeuner du 15 août – Gianni et les femmes – Gomorra – American sniper – J. Edgar – Full metal jacket – Les merveillesLe meraviglieLa nuit au musée : le secret des pharaonsNight at the museum 3: secret of the tomb – Jurassic park – Downton AbbeyRelativité – Inception – Une merveilleuse histoire du temps – A brief history of timeBirdman – L’arche russe – Profession reporter – La corde – Whiplash – Réalité – Rubber – Citizenfour

 

Personnes citées : Ruben Östlund – Noémie Saglio – Maxime Govare – Jean Denizot – Cédric Kahn – Zacharie Chasseriaud – Mathieu Kassovitz – Michael Cuesta – Nicolas Sarkozy – Roger Jon Ellory – Gary Webb – John Kerry – Christophe Cousin – Paul Vecchiali – Fédor Dostoievski – Luchino Visconti – Éric Rohmer – Pepe Danquart – Stéphane Moucha – Uri Orlev – Eran Riklis – Martin Bourboulon – Guillaume Clicquot de Mentque – Matthieu Delaporte – Alexandre de La Patellière – Bennett Miller – Channing Tatum – John du Pont – Mark Schultz – David Schultz – Mike Cahill – Gianni Di Gregorio – Clint Eastwood – J. Edgar Hoover – Chris Kyle – Eddie Ray Routh – Stanley Kubrick – Alice Rohrwacher – Shaun Levy – Robin Williams – Mickey Rooney – Ava Gardner – Dan Stevens – Maurits Cornelis Escher – Christopher Nolan – Stephen Hawking – Alejandro González Iñárritu – Aleksandr Sokurov – Michelangelo Antonioni – Alfred Hitchcock – Quentin Dupieux – Alain Chabat – Les Marx Brothers – Laura Poitras – Edward Snowden

 

Snow therapy

Lundi 2 février 2015

Réalisé par Ruben Östlund

Titre original : Force majeure

Sorti en Belgique le 10 décembre 2014

Sorti en France le 31 décembre 2014

Pourquoi ce film suédois portant un titre français a-t-il été affublé, par le distributeur, d’un titre anglais, qui, de plus, n’a aucun rapport avec le sujet ?

Un acte de lâcheté commis par un père alors qu’une avalanche semblait menacer le restaurant où il déjeunait avec sa femme et ses deux jeunes enfants – il s’est mis à l’abri sans songer à s’occuper d’eux – va peu à peu grignoter sa réputation auprès de tout son entourage, y compris deux couples amis.

Le film est très bien conçu et remarquablement réalisé, sur le mode bergmanien mais sans la sinistrose du maître suédois, bien que le sujet soit assez démoralisant. Presque tout est filmé en plans fixes, et l’on ne remarque guère que deux ou trois panoramiques, et un curieux plan à la caméra subjective (fixé sur le casque de l’homme qui marche dans la neige en ne regardant que le sol). Presque pas de musique, sinon des ponctuations très courtes en fin de séquences, par la musique de Vivaldi, et une scène sonorisée par une horrible musique de boîte de nuit. Il y a aussi cet épilogue saugrenu, sans rapport avec ce que le récit a rapporté : à la fin du séjour des touristes dans l’hôtel, ils partent en autocar, mais le chauffeur conduit si mal sur cette route en lacets, que tous descendent et continuent la route à pied. Allégé de cet épisode inutile qui constitue une scorie inexplicable, le film serait parfait. Mais, tel quel, il passionne néanmoins, car, au-delà de l’anecdote, il s’inspire d’une étude ayant démontré que, dans une situation de danger, les hommes ont tendance à fuir alors que les femmes cherchent plutôt à protéger les personnes de leur entourage. Mais enfin, on n’est plus ici dans le domaine du cinéma...

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Toute première fois

Mardi 3 février 2015

Réalisé par Noémie Saglio et Maxime Govare

Sorti en France (Festival de l’Alpe d’Huez) le 15 janvier 2015

Sorti en France le 28 janvier 2015

Un garçon de trente-quatre ans passe la nuit avec une jolie Suédoise et en tombe amoureux. Or c’était sa première fois avec une fille, puisqu’il s’apprête à épouser le garçon avec lequel il vit depuis dix ans.

Les clichés habituels sur l’homosexualité sont retournés, et c’est le mariage et la famille « normaux » qui sont ridiculisés. L’histoire est très sommaire, basée sur le fait que le garçon en question n’ose avouer à personne qu’il a changé de bord (« un coming out à l’envers », comme dit un personnage), et tient surtout par les dialogues, plutôt drôles, et des acteurs épatants.

Néanmoins, on se serait bien passés de la séquence tournée en Laponie, dans laquelle le héros, pour montrer à la fille qu’il l’aime vraiment, se baigne dans l’eau glacée, où elle le rejoint pour un baiser qui ne fait vraiment pas envie !

C’est une bluette, mais agréable à suivre. Et un pari gagné, puisque le spectateur est déçu de voir Jérémie devenir hétérosexuel !

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La belle vie

Mercredi 4 février 2015

Réalisé par Jean Denizot

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 28 août 2013

Sorti en France le 9 avril 2014

Ce premier long-métrage est adapté de la même histoire vraie qui a inspiré Vie sauvage, de Cédric Kahn, sorti le 29 octobre suivant, celle de ce père en révolte contre la société de consommation, et qui, s’étant séparé de sa femme, avait emmené avec lui ses deux fils encore enfants, et les avait gardé dans la clandestinité pendant dix ans, avant que, lassés de cette vie, ils décident de le quitter et de retourner à une existence plus proche de celle des garçons de leur âge.

Les deux traitements sont différents, puisque Kahn avait pris le récit au moment où les deux garçons étaient encore enfants, ce qui avait nécesssité un changement d’interprètes en cours de récit. Denizot, lui, les prend d’emblée quand ils ont respectivement seize et dix-huit ans, élimine très vite l’aîné, qui décide d’aller rejoindre sa mère à Orléans, et montre relativement peu leur père. Bref, tout le film se concentre sur le plus jeune, Sylvain, ses hésitations, ses tentations, et sa bonté fondamentale. Ce personnage est parfaitement servi par un interprète aussi talentueux que beau, presque constamment présent à l’écran, Zacharie Chasseriaud, qu’on avait vu dans Les géants, où il était déjà un des trois garçons partis vivre seuls à l’aventure.

Il faut reconnaître que ce film est bien meilleur que Vie sauvage, que d’ailleurs sa vedette, Mathieu Kassovitz, n’avait guère apprécié.

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Secret d’État

Jeudi 5 février 2015

Réalisé par Michael Cuesta

Titre original : Kill the messenger

Sorti aux États-Unis (Starz Denver Film Festival) le 28 septembre 2014

Sorti en France le 26 novembre 2014

Le cinéma fait aux États-Unis, trop souvent médiocre, a au moins cette supériorité sur le cinéma français : il ose remettre en question le pouvoir politique. Chez nous, on se contente de bluettes sur l’ascension de Sarkozy, au mieux...

L’affaire racontée par Michael Cuesta – réalisateur estimable qui a surtout bâti sa réputation sur des séries télévisées comme Six feet under ou Dexter –, est tout à fait vraie : la CIA, soucieuse d’empêcher l’éclosion de régimes « communistes » sur le continent américain, s’efforçait de soutenir le mouvement rebelle Contra, au Nicaragua. Mais, pour cela, elle avait besoin de beaucoup d’argent, et se fournissait donc, dans ce même pays, en cocaïne, dont elle introduisait des quantités phénoménales aux États-Unis, afin de l’écouler sur place : pour éradiquer le communisme à l’étranger, empoisonnons nos compatriotes ! Ce thème a d’ailleurs été utilisé dans un de ses romans par le grand romancier britannique Roger Jon Ellory, et cette vérité, dévoilée par un journaliste honnête, Gary Webb, a été confirmée par John Kerry en personne – il apparaît dans le film.

Inutile de dire que Webb, sali avec acharnement, a été contraint à la démission, n’a plus travaillé ensuite comme journaliste, a publié deux livres sur l’affaire, et a mal fini : on l’a retrouvé mort, tué de deux balles dans la tête, en 2004. Suicide, a-t-on prétendu de manière classique, ce que suggère le titre original du film. Chez nous, on a connu quelques « suicidés » célèbres, également.

Le film est un peu austère, mais toute vérité est bonne à dire, et il la dit.

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2 temps, 3 mouvements

Vendredi 6 février 2014

Réalisé par Christophe Cousin

Sorti au Canada en 2014

Sorti aux États-Unis (Rhode Island International Film Festival) le 9 août 2014

Sorti en France le 28 janvier 2015

Victor, qui a quinze ans et a perdu son père l’année précédente, vient d’émigrer au Québec avec sa mère Adèle. Mais il travaille assez mal au lycée et multiplie les retards. Un jour, il voit un élève de sa classe, François, tomber du toit et se tuer, ce qui semble bien être un suicide. Il fera ensuite connaissance avec le meilleur camarade du suicidé, qui lui avouera que lui et François avaient projeté de mourir ensemble, mais lui en a été empêché.

Par ailleurs, Victor supporte mal de voir sa mère fréquenter d’autres hommes, néanmoins lui-même a une aventure sexuelle avec une fille de sa classe. Il finit par se rapprocher de sa mère, et le film ne va pas plus loin.

On ne sait trop où va ce scénario, qui montre essentiellement le mal-être d’un garçon déraciné par l’exil (et par un complexe d’Œdipe). Le film semble n’avoir emballé ni les distributeurs (au bout d’une semaine d’exploitation, trois salles à Paris le diffusent, une seule plusieurs jours de suite avec plusieurs séances quotidiennes), ni les spectateurs, puisque nous n’étions que deux dans celle où j’ai pu le voir.

Quant au réalisateur, aussi scénariste et qui fait là son premier long-métrage, on soupçonne qu’il est surtout fasciné par son interprète Zacharie Chasseriaud, puisque la caméra, portée uniquement, ne le quitte à aucun moment.

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Nuits blanches sur la jetée

Lundi 9 février 2015

Réalisé par Paul Vecchiali

Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 14 août 2014

Sorti en France le 28 janvier 2015

Fédor est un jeune instituteur qui a pris une année sabbatique. La nuit, il se promène sur la jetée du port de Sainte Maxime, et confie à un homme âgé qu’il aime « faire le mal », ce qui semble difficile à croire. Plus tard, il intervient pour tirer d’affaire une jeune femme, Natacha, agressée par le même homme (joué par le réalisateur). Les quatre nuits qui suivent se passeront en conversations entre Fédor et Natacha, principalement au sujet de l’homme que Natacha prétend aimer, et on se doute bien qu’eux-mêmes finiront par s’aimer.

C’est très littéraire, car adapté d’une nouvelle de Dostoievski, Nuits blanches – déjà filmée par Visconti sous son titre d’origine –, mais avec une vision très différente, et sans le soleil et la jeunesse qui imprègnent les films d’Éric Rohmer ; en fait, presque tout se passe la nuit, dans ce décor pas folichon, de temps en temps éclairé par un phare tout proche. Néanmoins, les dialogues sont si soignés, contrairement à ce que l’on subit d’ordinaire, que ce film est presque une bouffée d’air frais.

Je ne ferai de réserve que sur une inutile et assez ridicule scène de danse, qui tente maladroitement de faire écho à celle que Visconti avait filmée dans un décor de café. Ce doit être une mode, car il y avait déjà ce type de scorie dans Les grandes ondes (à l’ouest) !

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Cours sans te retourner

Jeudi 12 février 2015

Réalisé par Pepe Danquart

Titre original : Lauf Junge lauf

Sorti en Allemagne (Festival de Cottbus) le 5 novembre 2013

Sorti en France le 24 décembre 2014

Film allemand, tourné en Pologne et en Allemagne, du genre tire-larmes, et dans lequel seule la musique est bonne : elle est de Stéphane Moucha, très bon musicien français avec lequel j’ai un lien d’ailleurs distant. C’est encore une de ces fausses « histoires vraies », en fait adaptée d’un roman d’Uri Orlev, et jouée par deux jumeaux dans le rôle principal.

On serait bien passé de voir que l’enfant perd son bras droit lors d’un accident, ce qui a obligé la post-production à lui fabriquer un moignon en numérique, d’ailleurs disproportionné. Le scénario exagère les faits, et l’on passe son temps à se demander pourquoi autant de soldats nazis courent après ce garçon, qui se contente de se cacher, auquel, de plus, ils n’ont rien à reprocher, hormis le fait d’être juif. Elle n’avait rien de plus important à faire, l’armée allemande, entre 1942 et 1945 ?

Et puis, en deux ans et demi, le garçon ne change pas du tout physiquement !

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Mon fils

Vendredi 13 février 2015

Réalisé par Eran Riklis

Titre original : Dancing Arabs

Sorti en Israël (Festival de Jérusalem) le 10 juillet 2014

Sorti en France le 11 février 2015

L’origine de cette histoire est ouvertement littéraire, et l’auteur des deux romans dont elle est tirée est aussi le scénariste du film, Sayed Kashua, un journaliste, écrivain, israélien, arabe et musulman, qui écrit en hébreu, et qui a émigré aux États-Unis. Le film est donc largement autobiographique, mais la fin, assez surprenante, probablement imaginaire, est plutôt démonstratrice.

Iyad, garçon arabe très doué, est admis dans un lycée prestigieux, à Jérusalem, où il n’y a que des élèves juifs. Il est un peu chahuté, doit s’habituer à l’hébreu (les Arabes ont du mal à prononcer le son P, ils disent « Falstine » pour désigner la Palestine), mais finalement tout se passe bien, il se fait un ami juif très handicapé, Jonathan, et connaît l’amour réciproque avec une camarade, Naomi. Mais les parents de Naomi, qui voient d’un œil très hostile cette liaison, interdisent à Naomi de retourner au lycée, si bien qu’Iyad abandonne les études pour lui permettre de revenir.

Mais l’état de Jonathan s’aggrave, il devient grabataire et ne peut plus parler. Sur l’invitation d’Edna, la mère de son ami, il s’installe chez eux, mais Jonathan meurt. Iyad, alors, le fait inhumer sous sa propre identité, Iyad Barhoum, dans le cimetière musulman – ce pour quoi je parlais plus haut d’histoire littéraire.

Le film est bien fait, moyennement bien interprété (le personnage d’Iyad est bien joué, celui de son père, très mal), et réalisé avec soin par Eran Riklis, cinéaste israélien qui avait fait Les citronniers, film passable, et Le voyage du directeur des ressources humaines, complètement raté. Riklis est un cinéaste un peu surévalué, en raison de ses motivations estimables : tenter de réconcilier les Arabes et les Juifs sur le territoire d’Israël. Mais enfin, TOUS les cinéastes israéliens ont le même point de vue. Et lui est souvent un peu lourdingue, comme le montre l’épilogue de son film : pour être admis, un Arabe doit se faire passer pour un Juif !

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Papa ou maman

Lundi 16 février 2015

Réalisé par Martin Bourboulon

Sorti en France le 4 février 2015

Mariés depuis quinze ans, et pourvus de trois enfants désagréables comme tous les enfants, Florence et Vincent ont décidé de divorcer tout en restant amis. Projet : vivre dans deux maisons voisines, pour ne pas « traumatiser » les gosses. Mais voilà : Florence, chef de chantier, est mutée à Copenhague, tandis que Vincent, qui ne rêve que d’humanitaire, voit acceptée sa demande de partir pour Haïti. Qui devra se charger des boulets ?

Aucun n’en a envie. Aussi, chacun va-t-il s’efforcer de se faire prendre en grippe par les trois gêneurs, afin qu’ils décident d’aller vivre avec l’autre ! Dès lors, c’est la guerre : maman assaisonne les pâtes avec du détergent, papa traîne sa progéniture à une césarienne, et ce n’est qu’un début, qui fait voler en éclats le désir de rester amis, comme on dit toujours.

Après Le prénom, et sur une idée de Guillaume Clicquot de Mentque, les auteurs à succès Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière ont écrit ce scénario a priori séduisant, réalisé par un metteur en scène de télévision qui débute au cinéma. Mais ils en ont trop fait, et cela finit par devenir suprêmement lourd, en dépit d’une durée raisonnable d’une heure vingt-cinq seulement. Les enfants n’ont aucun attrait, et ne sont pas à la hauteur des adultes.

Et puis, cela tourne à la comédie sentimentale, comme toujours...

*

Le film commence par le plan-séquence d’une poursuite dans un bâtiment d’une cité universitaire, pris à la steadicam, qui semble éblouissant de virtuosité. Mais, à la réflexion, ce doit être un faux plan-séquence, et les différents plans filmés séparément ont été assemblés en masquant les transitions grâce à des panoramiques filés très rapides, et pas mal de numérique. C’était trop beau, un peu comme, en 2010, dans le film argentin El secreto de sus ojos (en français, Dans ses yeux), pour la scène dans le stade, qui commence... depuis le ciel !

 

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Foxcatcher

Mardi 17 février 2015

Réalisé par Bennett Miller

Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2014

Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 29 août 2014

Sorti en France le 21 janvier 2015

S’inspirer d’une « histoire vraie », pour un sujet de film, semble être devenu la principale motivation des cinéastes, surtout aux États-Unis, mais pas uniquement. Encore faudrait-il la raconter de manière intéressante, et ce n’est pas le cas ici. Le seul motif de voir ce film semble être les trois acteurs, et surtout Channing Tatum, aussi crédible en lutteur olympique qu’il l’était en strip-teaseur en 2012 dans Magic Mike – et il a fait huit autres films depuis, sans compter les téléfilms et les doublages de voix ! Mais, en France, et parce qu’il est beau garçon, on ne le prend pas au sérieux.

L’histoire ? Un milliardaire, John du Pont, dédaignant les chevaux dont est entichée sa mère, est passionné par la lutte et veut mener une équipe de son cru, la Team Foxcatcher, à la victoire pour les Jeux Olympiques de 1988, à Séoul. Il recrute Mark Schultz, déjà médaille d’or et qui est entraîné par son frère David, également champion. Or, pour asseoir sa possession sur son poulain, il s’efforce d’écarter ce frère, qui l’étouffe, prétend-il. Mais, un peu plus tard, il recrute le pestiféré pour en faire son entraîneur, et renvoie Mark.

La fin est difficilement compréhensible : John abat David de trois coups de revolver. Il mourra en prison en 2010, et Mark devient entraîneur à son tour. On comprend très bien que John est cinglé, pourri par l’argent de sa mère qui méprise sa passion, et qu’il veut posséder les champions qu’il est incapable d’égaler. Mais enfin, on peut s’étonner que les critiques ayant pignon sur rue ont porté Foxcatcher aux nues, et, pour certains, traîné Whiplash dans la boue ! Je suis d’un avis diamétralement opposé.

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I origins

Mercredi 18 février 2015

Réalisé par Mike Cahill

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 18 janvier 2014

Sorti en France le 24 septembre 2014

Le film, à la fois, fascine par son côté mystérieux, et agace par son obsession en faveur du triomphe du religieux sur le rationnel, et de la numérologie (le nombre 11 revient sans cesse, y compris dans le titre, puisque les lettres I et O se combinent pour former l’expression littérale IOII, qui évoque le nombre binaire 1011, autre écriture de 11). On ne s’étonne donc pas qu’il ait été présenté au Festival de Sundance !

Ian Gray, scientifique peu porté sur le surnaturel, travaille sur les méthodes d’identification des individus par leur iris. Il tombe amoureux d’une fille, Sofi, portée sur le surnaturel, mais elle meurt dans un accident horrible : elle est coupée en deux par la chute d’un ascenseur !

Sept ans plus tard, il s’est marié avec son assistante, qui met au monde un garçon prénommé Tobias. Mais, à la clinique, on craint que Tobias devienne autiste, et on lui fait passer des tests. On découvre alors que son instinct le pousse vers des choix esthétiques qui le rattachent à un homme mort avant sa naissance. Réincarnation ? Outre cela, dans l’immense base de données des identifications par l’iris, une jeune fille de Delhi a été identifiée avec les mêmes yeux que Sofi.

Ian, part en Inde, retrouve la petite fille après bien des recherches, lui fait passer des tests, et doit convenir qu’elle est loin d’être la réincarnation de Sofi. Mais, au moment de quitter leur hôtel, il découvre qu’elle possède la terreur des ascenseurs ! Fin du film.

Ce fatras pseudo-scientifique, qui tente de montrer que les croyances religieuses ne contredisent pas la science, est servi par un scénario qui ménage le mystère, et soutenu par des acteurs efficaces. Il n’ennuie donc à aucun moment. Mais, pour prendre le film au sérieux, il faut y mettre beaucoup de bonne volonté... ou de naïveté. Car, en somme, la rationalité est la perdante de cette histoire.

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Bons à rien

Jeudi 19 février 2015

Réalisé par Gianni Di Gregorio

Titre original : Buoni a nulla

Sorti en Italie le 23 octobre 2014

Sorti en France le 18 février 2015

De Gianni Di Gregorio (dont c’est aujourd’hui le soixante-sixième anniversaire), on avait vu et relativement apprécié Le déjeuner du 15 août et Gianni et les femmes, mais on ne doit pas oublier qu’il a aussi écrit le scénario du célèbre Gomorra. Cette comédie est donc la troisième où il a le rôle principal, qu’il s’est imaginé. Dans le premier, il était surtout victime de sa mère, écrasée par les dettes, et dans le deuxième, comme l’indiquait le titre, il traitait de sa vie sentimentale. Ici, il se voit comme un type trop timide pour oser quoi que ce soit ; par exemple, il n’ose pas traverser une rue sur le passage pour piétons, car les voitures passent sans s’arrêter ! Or voilà qu’à quelques mois de la retraite, il est victime d’une nouvelle loi, qui repousse de trois ans la date à laquelle il aurait pu enfin se reposer, et sa société, basée à Rome où il vit, l’envoie dans un autre poste en banlieue. Pour ne rien dire de ses enfants, qui convoitent son vaste appartement romain.

On devine que Gianni va se révolter, et même apprendre à son nouveau collègue de bureau, encore plus timoré que lui, à ruer dans les brancards, mais avec des résultats divers...

Le film est un peu désordonné, mais très sympathique, comme souvent avec les films italiens. Il fait passer un excellent moment, sans être inoubliable.

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American sniper

Vendredi 20 février 2015

Réalisé par Clint Eastwood

Sorti aux États-Unis (AFI Fest) le 11 novembre 2014

Sorti en France le 18 février 2015

Je n’aurais pas cru écrire un jour, d’un film de Clint Eastwood, qu’il était inutile de se déranger pour le voir, mais c’est un fait, American sniper est un mauvais film !

Bien sûr, on ne devrait pas juger un film sur l’idéologie qu’il défend, car la critique de film ne doit pas être de nature politique : c’est la manière de raconter une histoire qui compte avant tout. Mais enfin, le choix d’un scénario n’est pas indifférent, et celui-ci est particulièrement médiocre. On croirait qu’Eastwood a voulu rééditer son J. Edgar, qui racontait à sa façon la vie d’un personnage – très contestable – ayant beaucoup compté dans l’histoire des États-Unis. Mais, si J. Edgar Hoover avait de multiples facettes, dont certaines odieuses, Chris Kyle, lui, est un personnage inintéressant, et va le demeurer jusqu’à sa fin, que nous ne verrons pas (après avoir écrit en collaboration son autobiographie, il a été tué de six balles par un ancien de sa propre guerre, Eddie Ray Routh, âgé de seulement vingt-cinq ans, atteint bien sûr de troubles mentaux, et jugé depuis le 11 de ce mois à Stephenville, au Texas).

Kyle, élevé à la dure par un père rigoriste (Bible, fusil, famille) et qui n’ambitionnait que de devenir cowboy, s’engage dans l’armée pour combattre les ennemis de son pays, pense-t-il. Jamais ne lui vient l’idée que ce sont les États-Unis qui sont les agresseurs, et que leurs soldats sont sacrifiés par des escrocs et des menteurs qui ne songent qu’à leurs intérêts personnels : ambition, argent, pouvoir. Et comme Kyle est très bon tireur, il devient chez les Irakiens « le diable de Ramadi », et chez ses compatriotes, « La Légende » des tireurs d’élite : on lui attribue cent soixante ennemis abattus, parfois même deux cents, dont quarante à la seule bataille de Fallujah, non pas face à face, mais de loin, au fusil à lunettes, femmes et enfants compris. En Irak, il fera quatre séjours, et ruinera sa vie personnelle, car il s’est marié et a eu des enfants, qu’il voit rarement, au hasard de ses permissions. Jamais il ne regrettera rien de son action, ni de s’être à aucun moment posé de questions.

Le fait que la guerre, et surtout cette forme de guerre, change aussi ceux qui y survivent, est certes évoqué, mais banalement, et Kubrick a fait beaucoup mieux avec son Full metal jacket, sans appuyer avec ces scènes de famille qu’on apprécie tant aux États-Unis, puisque lui, qui s’abstenait de jouer du violon, n’en montre aucune.

Il faut dire qu’Eastwood a réalisé là un film de commande, y a mis tout son savoir-faire, et ce navet est son plus gros succès financier à ce jour aux États-Unis. Mais ni lui ni son héros ne se sont interrogés sur leur conception du patriotisme ou de la défense de leur pays. Au demeurant, son film, comme toujours trop long, est très ennuyeux.

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Les merveilles

Lundi 23 février 2015

Réalisé par Alice Rohrwacher

Titre original : Le meraviglie

Sorti en Italie le 22 mai 2014

Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2014

Sorti en France le 11 février 2015

Wolfgang, un Allemand, élève des abeilles au bord de la mer, en Italie, avec sa femme et ses quatre filles. Il est plutôt ombrageux et tient à garder sa famille à l’écart de la ville. Or on lui confie un pré-délinquant de quatorze ans, Martin, qui plaît beaucoup à l’une des filles, Gelsomina, douze ans, qui est la vraie responsable de tout le monde, mais ce Martin ne dira jamais un mot et refuse qu’on le touche. Et puis, une équipe de télévision, venue tourner dans les environs une annonce pour un jeu-concours, le Village des merveilles, intéresse assez la même fille pour qu’elle y inscrive sa famille à l’insu du père, mais la famille ne gagnera pas. Et, pour ne rien arranger, les règlements de sécurité mettent en danger l’entreprise familiale.

C’est en somme une tranche de vie dénonçant le modernisme, découpée dans un milieu pittoresque, pouvant être vue, mais n’intéressant pas au-delà de ce niveau. Sans doute parce qu’aucun personnage n’a le moindre attrait, sauf peut-être le seul garçon du film, qui néanmoins n’a pas eu beaucoup d’efforts à fournir pour jouer son rôle. Quant à Monica Bellucci, elle achève sa carrière sans grande gloire.

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La nuit au musée : le secret des pharaons

Mardi 24 février 2015

Réalisé par Shaun Levy

Titre original : Night at the museum 3: secret of the tomb

Sorti en Égypte, en Jamaïqte et à Tribidad et Tobago le 17 décembre 2014

Sorti en France le 4 février 2015

Troisième et probablement dernière mouture de la série, puisque Robin Williams est mort – le film lui est dédié. Encore plus spectaculaire que les précédentes, et construite sur de l’agitation perpétuelle, cette production semble n’avoir d’autre but que de montrer ce qu’on peut faire avec des images de synthèse, mais en beaucoup moins bien que pour les films pionniers comme Jurassic park.

De la vedette comme s’il en pleuvait, et un revirement de dernière minute, puisque les personnages du Musée d’histoire naturelle de New York émigrent tous au British Museum, à Londres par conséquent. Ils y mettront un peu d’animation, sachant que le principe est toujours le même : les personnages exposés se réveillent la nuit et font n’importe quoi. Ça ne mange pas de pain.

Autre défunt du film : Mickey Rooney, qui en dépit de sa petite taille et de sa laideur, avait été le mari entre autres, d’Ava Gardner ! Il avait 93 ans. Quant au rôle de cet imbécile de Lancelot, il est tenu par un ancien acteur de Downton Abbey, Dan Stevens, dont le départ volontaire à la fin de la troisième saison a été un rude coup pour cette excellente série britannique. Bien la peine de quitter une production britannique de prestige pour aller tenter sa chance à Hollywood, et se retrouver finalement dans un tournage à Londres, avec un personnage où on ne le reconnaît même pas !

J’avoue n’avoir été captivé que par la scène où certains personnages se battent dans un décor impossible, imaginé par M.C. Escher dans son œuvre Relativité. À ma connaissance, Escher n’avait été utilisé au cinéma que dans scène d’Inception, le navet de Christopher Nolan, et c’était le seul passage intéressant, quoique trop court. Ici, c’est beaucoup plus long, et on ne s’en plaint pas.

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Critique à retardement

Mercredi 25 février 2015

« Le Canard enchaîné », qui publie en sa page 6 des critiques sur les films qui sortent le jour de sa parution, est parvenu à faire aussi bien que France Inter, du point de vue de la fraîcheur des nouvelles qu’il annonce. En effet, cette semaine, il sort la critique du film Une merveilleuse histoire du temps (mauvaise traduction du titre original, qui était aussi celui du livre de son personnage central Stephen Hawking, A brief history of time (« Une BRÈVE histoire du temps »). En effet, ce film est sorti il y a... cinq semaines, le 21 janvier, et j’en ai fait l’objet de ma notule du 27 janvier.

« Le Canard » devrait prendre ses informations dans les présentes pages, il serait plus à jour !

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Birdman

Mercredi 26 février 2015

Réalisé par Alejandro González Iñárritu

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 27 août 2014

Sorti en France le 25 février 2015

Le film le plus prétentieux qu’on ait vu depuis le sinistre Inception, de Christopher Nolan. Jusque là, je n’avais pas beaucoup d’estime pour Iñárritu, surtout à cause de ses scénarios mal fichus. Mais ici, c’est la réalisation qui pêche, et sérieusement. Le plus drôle, c’est que, une heure avant d’assister à la première séance, j’avais entendu sur France Inter une péronelle affirmer gravement que, pour une fois, ce réalisateur laissait un peu de côté ses coquetteries affectées, or c’est tout le contraire : tout le film révèle son souci de faire les pieds au mur, et de clamer « Voyez ce que je sais faire avec ma caméra ! ». Moyennant quoi, et comme pour concurrencer les confrères en cinéma s’étant illustré dans le plan-séquence, il tente visiblement de faire mieux qu’Aleksandr Sokurov, qui, avec L’arche russe, avait réussi un plan-continu (et pas truqué) de 93 minutes : alors qu’ici, on a 119 minutes de faux plan continu, par lequel bien des spectateurs se sont laissés éblouir, alors que le numérique permet aujourd’hui tous les trucages assurant des transitions invisibles.

Ainsi, ce faux plan en continu qui commence au crépuscule sur la terrasse du théâtre Saint-James, visant une tour voisine, montre l’aube commençant, puis descend dans la rue, la traverse, et passe à travers les barreaux d’une fenêtre pour entrer dans la pièce où se trouve le personnage principal. Mais on a vu cela, et sans aucun trucage numérique, avec Profession reporter, d’Antonioni, en... 1975, où ce n’était pas plus utile, du reste.

Mais réfléchissons-y : à quoi sert un plan-séquence suggérant que le temps du récit coïncide avec le temps de l’histoire, ou, en d’autres termes, de vouloir suggérer que tous ces évènements se sont passés en deux heures ? Puisque, d’une part, on montre qu’une nuit entière s’est écoulée entre le début et la fin – donc le postulat est impossible –, et que, d’autre part, cet artifice ne débouche sur rien ? Ce qui était plausible et justifiable dans La corde d’Alfred Hitchcock, où le crime, la réception qui suivait, puis la révélation finale, pouvaient parfaitement tenir en quatre-vingt minutes au prix de quelques contractions invisibles du temps, devient ici radicalement hors de question. On pouvait donc s’en tenir à une narration sans chichis.

En réalité, ce qui sert de prétexte à ces démonstrations vaines, c’est une simple illustration du fameux paradoxe du comédien, pour laquelle on fait s’agiter deux personnages antagonistes et qui se détestent – comme il est de rigueur dans ce métier –, deux acteurs dont l’un s’est fait naguère un nom dans des bouses spectatulaires pour djeunz (c’est le Birdman du titre, un de ces super-héros à la noix envahissants), et l’autre, qui prétend atteindre à la vérité sur scène – il avait dû suivre les cours de l’Actor’s studio –, en foi de quoi il exige, en scène, de boire du vrai gin et de copuler réellement avec sa partenaire devant huit cents spectateurs.

On a compris, mais ce n’était pas la manière la plus simple et la plus sincère d’en parler. L’exhibitionnisme, ça se voit, et ça ne paie pas.

Avec cela, une musique abominable, à la batterie uniquement. Allez plutôt voir et revoir Whiplash !

*

Post-scriptum : dans Le masque et la plume du 8 mars sur France Inter, les critiques Sophie Avon et Pierre Murat ont dit, la première, qu’Iñárritu « se regardait faire des claquettes » et qu’elle n’en pouvait plus de ce narcissisme et de cette lourdeur, et le second, que ce Mexicain, « un peu trop hollywoodisé », ne faisait pas mieux que ses prédécesseurs ayant abordé un sujet identique, le spectacle et ceux qui le font.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Réalité

Jeudi 26 février 2015

Réalisé par Quentin Dupieux

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 27 août 2014

Sorti en France le 18 février 2015

Après deux navets réalisés par deux metteurs en scène surcotés dont un seul est bon habituellement – mais là, Eastwood a manqué son coup –, quel plaisir de rire avec un film plein d’idées loufoques, et réalisé à la perfection : cadrages, profondeur de champ, mouvements de caméras assez rares au contraire du festival d’agitation de Birdman, tout est soigné, tout fonctionne. Je ne ferai de réserve que sur l’accompagnement musical, une simple série de quelques notes qui reviennent huit fois, à chaque scène de rêve, ce qui s’avère très rapidement agaçant. Dupieux avait un peu loupé son film précédent, mais il se rattrape ici, avec une histoire totalement irracontable, dont le potentiel comique ne flanche jamais.

Disons simplement qu’Alain Chabat, en cadreur français employé dans une émission de cuisine sur une chaîne de télévision de Los Angeles, meurt d’envie de réaliser un film d’horreur au scénario stupide (tous les téléviseurs de la planète veulent détruire le genre humain, tout comme, dans Rubber, on avait déjà un tueur en série qui était... un vieux pneu). Mais le producteur pressenti, joué par un Jonathan Lambert qui ne fait rien pour sembler crédible, s’il est enchanté par ce synopsis, exige que l’apprenti-réalisateur lui fournisse... un bon gémissement des victimes, qui puisse lui rapporter un Oscar !

On saute du réel au rêve, puis au rêve dans le rêve dans le rêve, bien mieux que dans Inception, et tous les personnages se comportent comme s’ils s’étaient échappés d’un asile de fous.

Pour ne pas rire à ce déferlement d’absurdités calculées, il faut vraiment être coincé ou suicidaire. Les Marx Brothers auraient beaucoup aimé.

NB : le film est assez court, et l’UGC des Halles a programmé... neuf séances dans la journée, dans une seule salle. Ce n’est plus de la programmation, c’est de l’abattage !

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Citizenfour

Vu le samedi 28 février 2015 - Sortie le 4 mars 2015

Réalisé par Laura Poitras

Sorti aux États-Unis (Festival de New York) le 10 octobre 2014

Sortira en France le 4 mars 2015

Pourquoi ce film sort-il si tardivement en France ? En tout cas j’ai réussi à me le procurer avant sa sortie...

Il s’agit d’un documentaire fait par la documentariste américaine Laura Poitras, qu’Edward Snowden avait contactée en décembre 2012 par courrier électronique sous le pseudonyme qui constitue le titre du film. Après une longue série d’échanges – cryptés – par ce biais, ils se sont rencontrés à Hong Kong, en compagnie de Glenn Greenwald, journaliste à « The Guardian », à Londres, pour une série d’interviews. D’autres rencontres ont eu lieu, à Berlin, Bruxelles, Rio de Janeiro et Moscou, où Snowden a reçu l’asile politique. Il s’y trouve toujours, alors que le gouvernement d’Obama cherche à mettre la main sur lui, et l’envoyer aux galères (métaphoriquement, car c’est plutôt ce gouvernement qui rame).

Bref, l’espionnage du monde entier par les États-Unis a été révélé au monde entier, et le Prix Nobel de la Paix n’en sort pas grandi, c’est le moins qu’on puisse dire ! Mais la réalisatrice aussi est surveillée, après un précédent film sur la guerre en Irak. À part cela, les États-Unis sont un pays démocratique, champion de la liberté.

En tout cas, le film a reçu l’Oscar du meilleur documentaire. On espère que les responsables ont envoyé un DVD à la Maison-Blanche, pour la très involontaire participation d’Obama à sa genèse. Et du coup, Oliver Stone va filmer la biographie de Snowden, avec Joseph Gordon-Levitt en vedette. Ces gens de cinéma ne respectent rien, pas même les lauréats du Prix Nobel de la Paix.

Bizarrerie inexplicable : pourquoi la réalisatrice se croit-elle obligée de révéler que Glenn Greenwald est homosexuel en le montrant embrasser son petit ami en plein aéroport et l’appeler « Mon chéri » ? C’est parfaitement saugrenu et hors sujet.

En bref : à voir.Haut de la page

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés

Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.