Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Regression – Abre los ojos – Mar adentro – Les autres – Agora – Jésus de Montréal – L’image manquante – Shoah – Le fils de Saul – Saul fia – Paranormal activity 5 - Ghost dimension – Paranormal activity: The ghost dimension – Infini – Notre petite sœur – Umimachi Diary – Francofonia, le Louvre sous l’Occupation – Francofonia – L’arche russe – Le bonheur – Le Caravage – Cheval de guerre – Ange et Gabrielle – El club – No – L’hermine – Borgen – L’étage du dessous – Un etaj eai jos – Je suis un soldat – The lobster – Fahrenheit 451 – La peau de Bax – Schneider vs. Bax – Ixcanul
Personnes citées : Alejandro Amenábar – Lothaire Bluteau – Rithy Panh – Pol Pot – László Nemes – Gregory Plotkin – Shane Abbess – Matt Damon – Hirokazu Koreeda – Alexandr Sokurov – Agnès Varda – Claude Beausoleil – Jean Rabier – Jean-Claude Drouot – Wolfgang Mozart – Alain Cavalier – Bartabas – Michelangelo Merisi da Caravaggio – Steven Spielberg – Anne Giafferi – Patrick Bruel – Pablo Larraín – Christian Vincent – Fabrice Luchini – Sidse Babett Knudsen – Radu Muntean – Laurent Larivière – Yorgos Lanthimos – Alex Van Warmerdam – Jayro Bustamante
Réalisé par Alejandro Amenábar
Sorti en Espagne (Festival de San-Sebastián) le 18 septembre 2015
Sorti en France le 28 octobre 2015
Enquête, menée en 1990 dans le Minnesota, sur une affaire mêlant le satanisme et la pédophilie familiale : une jeune fille, Angela, accuse son père John, qui avoue mais dit ne se souvenir de rien. Pour comble, Ray, le frère aîné d’Angela, en fait autant. Un policier cherche à connaître la vérité, aidé par un psychologue. Mais l’accusation était bidon, la fille avait tout inventé !
Bizarre film, qui débute comme une enquête classique, puis tourne par instant au film d’horreur, quand le policier, qui a conservé une Bible que la jeune fille lui a donnée, puis un chapelet offert par un prêtre croyant au diable, commence à faire des cauchemars.
Je ne suis pas vraiment admiratif d’Amenábar, qui avait réalisé deux assez bons films avec Abre los ojos et Mar adentro, mais avait magistralement loupé Les autres et Agora, une fois tombé dans le système du cinéma hollywoodien. Ici, le film est acceptable, bien que le coup de théâtre final, procédé quasiment obligatoire, reste un peu dur à gober.
Détail curieux que personne sans doute ne relèvera : le personnage du prêtre est interprété par Lothaire Bluteau, bon acteur québécois qui avait été la vedette de Jésus de Montréal.
Réalisé par Rithy Panh
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2013
Sorti en France le 21 octobre 2015
Présenté dans trois festivals en France il y a deux ans et demi, ce film n’est sorti finalement que le mois dernier ! Il n’a donc aucun intérêt ? Bien au contraire.
Né en avril 1964 au Cambodge où il a passé son enfance, Rithy Panh a connu les horreurs de la dictature instaurée par les Khmers rouges, qui n’avaient pas grand-chose à envier aux nazis ni aux maoïstes et aux staliniens, dont ils avaient conservé les méthodes. Cette dictature dura de 1975 à 1979, sous la férule de Pol Pot, qui vida les villes par haine de la classe intellectuelle, et transforma les Cambodgiens en esclaves, au nom de la dictature du prolétariat. Rithy Panh a récupéré des images d’archives (en mauvais état), et les complète par des reconstitutions, à partir de figurines qu’il a fabriquées en argile.
Ce film doit être vu, car il est poignant. C’est un peu l’équivalent de Shoah, avec la même pudeur, car il ne montre aucune atrocité, il se borne à en parler, et la parole est plus forte.
Réalisé par László Nemes
Titre original : Saul fia
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2015
Sorti en France le 4 novembre 2015
Encore un film sur les atrocités de la dictature ; ici, celle des nazis. La critique est publiée dans la page de l’année 2015.
Réalisé par Gregory Plotkin
Titre original : Paranormal activity: The ghost dimension
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2015
Sorti en France le 21 octobre 2015
Sorti un peu partout, en France d’abord, mais pas aux États-Unis. En tout cas, c’est la dégringolade, et ce navet ne vaut pas un clou. On use et on abuse de tous les procédés complètement usés du film d’horreur : brusques surgissements d’éléments horrifiques dans le cadre, chocs violents sur la bande sonore, surimpressions de l’image, et autres trucs basiques, dépassés depuis deux décennies au moins. L’intelligence et la subtilité sont les premières victimes.
En outre, comme tout est censé filmé par les caméscopes que baladent partout les personnages, on se demande comment une femme affolée par les fantômes qui peuplent la maison peut encore songer à filmer ce qu’elle voit, au lieu de s’enfuir. La rigueur et l’honnêteté des premiers épisodes, surtout les 1 et 3, sont oubliés.
Quant au scénario, il tiendrait au dos d’un ticket de bus. En fait, on a visiblement tourné pour la 3D, mais le film est désormais projeté en 2D, car le résultat devait être trop indigent. La seule bonne nouvelle (annoncée) est que ce film sera le dernier de la série.
Réalisé par Shane Abbess
Sorti en Belgique (Festival de Bruxelles) le 11 avril 2015
Jamais sorti en France
Ce film d’un obscur réalisateur australien, qui n’avait fait auparavant qu’un seul long-métrage, ne brille pas par la clarté. Heureusement, les cartons du début posent le décor : au 23e siècle, la téléportation des êtres vivants et des objets vers des univers lointains existe par transfert de leurs données numériques (?), ce qui permet d’exploiter les mines se trouvant sur d’autres planètes. Mais une catastrophe biologique s’est produite sur l’une d’elles, il ne reste qu’un survivant, Whit Carmichael, et la Terre envoie une expédition pour le récupérer. L’idée est que cette expédition ne prendra que quelques minutes terrestres, mais plusieurs heures là où elle doit se rendre.
Malheureusement, sur place, tout va mal, les militaires envoyés passent leur temps à se battre et s’entretuer, or on ne comprend pas pourquoi. Heureusement, ils reviennent tous à bon port sans paraître n’avoir rien subi de fâcheux, et Carmichael retrouve sa femme qui attend un bébé.
En somme, sur un scénario co-écrit par le réalisateur, c’est un peu la version fauchée de Seul sur Mars. Mais on n’avait pas les moyens d’embaucher Matt Damon !
Réalisé par Hirokazu Koreeda
Titre original : Umimachi diary
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2015
Sorti en France le 28 octobre 2015
Assez absurdement, le titre du générique de début apparaît rédigé à moitié en japonais, à moitié en anglais. Et, ce dont quelques spectateurs se sont plaint, le film est beaucoup trop long !
Naguère, un père de trois filles a quitté sa femme, à Kamakura, pour aller vivre à Sapporo avec sa maîtresse, dont il a eu une quatrième fille. Et lorsqu’il meurt, ses trois filles légitimes, qui ont bien grandi, se rendent par devoir à ses obsèques et font la connaissance de leur demi-sœur, jolie jeune fille de quatorze ans, réservée, qui les séduit assez pour qu’elles l’invitent à venir s’installer chez elles – leur mère est partie elle aussi.
C’est à peu près tout, il n’y a guère de conflits, les quatre filles ont une vie normale, jusqu’à ce que l’aînée se voit proposer, par l’homme qu’elle aime, de le suivre à Boston où il compte s’installer. Or il est marié. L’aînée de l’homme adultère va-t-elle reproduire la situation créée naguère par son père ?
Tout cela est très raffiné, posé, joli, charmant, gracieux, japonais à ne plus en pouvoir, et... totalement féminin. Manque juste, à cette tranche de vie, un peu d’action. Reste surtout le souvenir de ce tunnel qu’un camarade de classe fait connaître à la jeune fille : il est composé des branches fleuries d’une allée de cerisiers. Nous n’avons pas l’équivalent chez nous. C’est sans doute ce qui a plu à la critique, laquelle en a beaucoup fait dans l’éloge. Un peu trop ?
Réalisé par Alexandr Sokurov
Titre original : Francofonia
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2015
Sorti en France le 11 novembre 2015
Beaucoup de critiques ont fait la moue, jugeant ce film brouillon. Et, en effet, on se serait bien passé des errances de Napoléon et de Marianne dans les couloirs du Louvre, car, d’une part, ces deux personnages sont largement hors sujet (ah, cet « empereur » s’attribuant le mérite de la richesse du Louvre !), et, d’autre part, ils sont très mal joués. De plus, ces scènes ne sont pas les seules qui auraient mérités d’être supprimées, car la digression est fatale au cinéma.
Cela dit, on sait que Sokurov est très attaché au passé et aux musées, comme il l’a prouvé avec son extraordinaire film, L’arche russe, entièrement tourné dans le Musée de l’Ermitage de Saint-Petersbourg, et en un seul plan de 93 minutes, exploit technique sans précédent. Il a donc, pour montrer son amour de la France et de sa devise Liberté, Égalité, Fraternité, décidé de faire du Louvre l’incarnation des trois mots magiques – un peu oubliés aujourd’hui de nos gouvernants.
C’est pourquoi, dans des séquences reconstituées et jouées par des acteurs, il rend hommage à deux hommes d’exception : Jacques Jaujard, directeur du Louvre, qui, la Deuxième guerre mondiale s’annonçant, a mis préalablement à l’abri un grand nombre des œuvres de ce musée – sauf beaucoup de sculptures, qui étaient intransportables –, et le représentant de l’Allemagne à Paris, le comte Franz Wolff-Metternich, nommé responsable de la protection des œuvres d’art en France, et qui s’est souvent opposé à leur transfert en Allemagne. Ce qui lui a valu, après la guerre, de recevoir la Légion d’Honneur de la part de notre gouvernement reconnaissant.
Réalisé par Agnès Varda
Sorti en France le 10 février 1965
Ressorti en France le 11 novembre 2015
François travaille dans la menuiserie de son frère Paul. Il a connu Thérèse durant son service militaire, ils se sont mariés et ont eu deux enfants. Ils sont heureux. Pas très riches, ils passent leurs dimanches à la campagne et y font régulièrement un pique-nique en famille. Jusque là, leur bonheur est filmé avec somptuosité par la caméra d’Agnès Varda, ou plutôt de Claude Beausoleil, un nom prédestiné, et de Jean Rabier. Mais, alors qu’on commence à être lassé de tant de mièvrerie, on apprend que François est tombé amoureux de la postière Émilie. François ne lui cache pas qu’il aimera toujours sa femme, mais que ce nouveau bonheur s’ajoute à celui qu’il connaissait déjà et n’ôte rien ni à l’une ni à l’autre.
Mais il fait l’erreur de faire la même révélation à Thérèse, qui, après un moment d’adaptation, assure qu’elle prend très bien la nouvelle. Mais, lorsque François émerge de sa sieste, Thérèse n’est plus là, et on la retrouve noyée dans la rivière toute proche. Suicide ? Ce n’est pas dit, mais on s’en doute.
Après quelques mois, François se met en ménage avec Émilie, et ils sont heureux avec les enfants de Thérèse. La preuve : ils portent tous les deux le même pull-over !
Cette histoire assez cruelle est racontée sur un ton idyllique, plutôt paradoxal. Jean-Claude Drouot joue avec sa femme et ses deux vrais enfants. La musique de Mozart est omniprésente, il y en a même un peu trop, et cela, c’est un cliché !
Réalisé par Alain Cavalier
Sorti en France le 10 février 1965
Sorti en France le 28 octobre 2015
L’affiche dissipe toute possibilité de confusion chez le spectateur : le film ne parlera pas du grand peintre italien, mais d’un cheval qui a été baptisé du même nom. Et comme Alain Cavalier, cinéaste âgé qui bénéficie d’une flatteuse réputation, fait des films souvent intéressants (pas toujours), on s’attend, au minimum, à être intéressé, à voir au moins un beau cheval, de belles images, et, pour les amateurs d’équitation, les détails d’une technique intelligente servant à le dresser. Et cela, d’autant plus que les critiques se sont extasiés. Mais non, rien. Le cheval est assez laid, on ne voit strictement rien des méthodes de dressage, tout au plus est-on admis à voir comment on le nettoie et comment, parfois, on le soigne.
Avec cela, les séquences, très répétitives, sont mal filmées, sans commentaire, et Bartabas, le dresseur, n’articule que quelques mots qui ne nous apprennent absolument rien de son propre travail.
Un vrai ratage. Revoyez plutôt Cheval de guerre, le film de Spielberg.
Réalisé par Anne Giafferi
Sorti en France le 11 novembre 2015
Ange, quadragénaire célibataire, dirige un florissant cabinet d’architecte. Et lorsque Gabrielle, mère célibataire de son âge, débarque dans son bureau pour le sommer de remettre dans le droit chemin son fils Simon, qui a mis enceinte sa fille Claire, il ne peut que nier : il n’a jamais eu de fils !
Comme nous sommes dans le domaine de la comédie de boulevard, on devine dès le début (orageux, elle le gifle à deux reprises) que ces deux-là vont s’aimer, et... c’est le point faible de l’histoire, car ce cliché a énormement servi. Du coup, l’affrontement tourne un peu à l’eau de rose. Au fond, cela se résume à la découverte des joies (?) de la paternité par les deux hommes du récit, et on n’y croit qu’à moitié.
Par chance, le scénario est servi par trois bons acteurs, et on ne s’ennuie guère. Mais pourquoi la réalisatrice a-t-elle toléré que Patrick Bruel, tout au long du film, arbore cette barbe de quatre jours, qui fait crade ? Il est beaucoup mieux sans.
Réalisé par Pablo Larraín
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 9 février 2015
Sorti en France le 18 novembre 2015
La critique s’est extasiée devant ce film, parce qu’il tape sur l’Église catholique chilienne. Bonne idée, mais il eût fallu le faire plus clairement, ce qui est très loin d’être le cas – sans doute parce que le scénario a été rédigé au jour le jour et que les acteurs ne savaient pas à l’avance ce qu’ils auraient à dire et à faire – et sans s’égarer dans des épisodes annexes comme cette extermination des chiens du village, ou ce renoncement à sa mission d’étouffement par ce psycholoque jésuite que la hiérarchie a envoyé dans cette maison de retraite du littoral, où ont été cachés une demi-douzaine de curés retirés du circuit pour cause de pédophilie – mission décidée lorsque l’un de ces prêtres s’est suicidé après une accusation publique d’une ancienne victime. Devenue adulte, ladite victime, qui était d’ailleurs plus que consentante, finit par être admise à son tour dans la maison de retraite !
Pour ne rien arranger, le réalisateur sollicite beaucoup le public, en musiquant son film par un accompagnement lugubre, aux cordes, surtout au violoncelle, comme dans ces films français où l’on plaque sur les images ce genre de musique, pour bien montrer que c’est du sérieux. Et les images de ce film-ci, aux couleurs très sales, sont presque hideuses.
Le même réalisateur était l’auteur de No, qui avait remporté un succès excessif, et dont, déjà, les images étaient de mauvaise qualité... volontairement. Ici, seul le projet est intéressant, pas le résultat.
Réalisé par Christian Vincent
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 6 septembre 2015
Sorti en France le 18 novembre 2015
Fabrice Luchini, sans du tout cabotiner comme il le fait perpétuellement, joue le président de la cour d’assises de Saint-Omer, guère aimé de son entourage professionnel, et qui a la condamnation facile. Dans ce film, il dirige le procès d’un homme jeune, dont l’enfant de sept mois a été retrouvé mort, le crâne défoncé par on ne sait quoi : une porte, une chaussure de son père ? Celui-ci s’est rendu à la police mais s’obstine à nier le meurtre. A-t-il voulu protéger sa femme, qui, si elle était incarcérée, accoucherait en prison de leur deuxième enfant ? La vérité ne sera jamais établie, faute de témoins.
On suit le procès pas à pas, qui se termine par un acquittement au bénéfice du doute. Mais l’important est dans les scènes en dehors du tribunal, car, dans le jury, le président a retrouvé une femme qu’il a naguère aimée, un médecin danois qui l’avait soigné lors d’un accident. Ce personnage est joué par la grande actrice Sidse Babett Knudsen, qui était le Premier ministre dans le feuilleton danois Borgen, aussi belle que talentueuse. En fait, elle domine la distribution, son partenaire y compris. Mais le film est parfaitement conçu et maîtrisé.
Relevé, dans le dialogue de ce film, une réplique dite par Luchini : « Tu te rappelles DE la robe que tu portais ? ». Le réalisateur, auteur du scénario et du dialogue, est un cinéaste expérimenté, et Luchini passe pour très cultivé. Aucun n’a donc pensé à corriger cette faute de français ?
Réalisé par Radu Muntean
Titre original : Un etaj eai jos
Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2015
Sorti en France le 11 novembre 2015
Moins que le portrait de la très bureaucratique société roumaine, ce que certains ont cru voir dans ce film, c’est surtout celui d’un homme comme les autres, qui craint avant tout d’avoir des ennuis. Témoin auditif d’une dispute qui a tourné en meurtre, et soupçonnant le voisin responsable, il se tait. Plus tard, ledit voisin, qui s’avère assez sympathique et serviable, se rapproche de la famille du témoin, rencontre son jeune fils, sa femme, sa mère, et s’adresse à lui pour faciliter une opération administrative. Puis, brusquement, le meurtrier présumé devient agressif et lui demande pourquoi il n’a rien dit à la police : tourment de conscience ? Les deux hommes se battent, on les sépare, et fin du film.
Cette histoire intéresse d’abord par ses côtés mystérieux, puis devient frustrante quand on voit sur quoi elle débouche : absence de dénouement et de point de vue. Il est faux que le spectateur s’identifie à cet homme (très actif dans sa vie professionnelle, mais ne prenant aucune responsabilité dans sa vie de citoyen), ce qu’aurait, dit-on, désiré le réalisateur. De sorte qu’en ce sens, le film ne va nulle part et n’aboutit à rien.
Réalisé par Laurent Larivière
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2015
Sorti en France le 18 novembre 2015
Titre un peu saugrenu, que rien ne justifie, car c’est la remise à flot provisoire d’une trentenaire, Sandrine, très bien jouée par Louise Bourgoin, et qui est engagée par son oncle, un éleveur de chiens sans scrupules. Au début, elle s’adapte à ce curieux travail et gagne de l’argent en escroquant un peu. Mais les choses se gâtent, sinon il n’y aurait pas de film, elle découvre un trafic illicite de chiens importés des pays de l’Est, se brouille avec on oncle, sabote le chenil et se fait attaquer par un des chiens qu’elle a libéré.
Le réalisateur débute dans le long-métrage, et filme très bien. Une courte scène, au début, le prouve : Sandrine est dans un café donnant sur une place peuplée de passants, entourée de beaucoup de clients, il y a du bruit et de la musique. Puis, peu à peu, le bruit décroît, la musique disparaît, tous les clients du café s’en vont, la place se vide, et Sandrine reste seule à l’écran, dans un grand silence. Leçon de mise en scène comprise comme l’organisation des éléments d’une séquence. Il est rare qu’un débutant fasse si bien.
Réalisé par Yorgos Lanthimos
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2015
Sorti en France le 28 octobre 2015
J’ai parcouru quelques critiques de ce film, et n’en ai trouvé aucune remarquant que le schéma de ce scénario est calqué sur celui de Fahrenheit 451, film de François Truffaut d’après Ray Bradbury ! Une société futuriste a établi une règle absurde, l’interdiction du célibat, et les opposants à cette société se sont réfugiés dans les bois et adoptent un comportement contraire et pas moins invraisemblable, l’interdiction de l’amour. La petite touche supplémentaire réside en ce que les deux camps appliquent des sanctions extrêmement violentes à ceux qui ne marchent pas droit.
Ce point de départ, qui en vaut un autre, est ensuite illustré par une accumulation de détails et de péripéties ridicules, faisant que le spectateur, d’abord intéressé par les séquences d’exposition, finit par se lasser de tant d’absurdités, d’autant plus que le film les aligne sans aucune logique et sur une durée tout à fait excessive.
Réalisé par Alex Van Warmerdam
Titre original : Schneider vs. Bax
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2015
Sorti en France le 28 novembre 2015
Schneider, heureusement marié et bon père de famille, est aussi tueur à gages, alors que sa femme le croit technicien dans on ne sait trop quelle spécialité. Si bien que, le matin de son anniversaire, son patron l’envoie tuer un romancier, Bax, qui habite en pleine campagne au milieu d’un marais. Il sera rentré à temps pour la petite fête d’anniversaire. Hélas, Schneider ne sait pas que Bax a aussi la mission de le tuer, lui, Schneider.
Ce point de départ était ingénieux, et, bien traité, aurait pu donner matière à un film bourré d’humour noir. Hélas, il n’y en a aucune trace, et le réalisateur, qui est aussi le scénariste, a pris son histoire au sérieux et multiplie les personnages inutiles (que vient faire ce jeune garçon aveugle, qui n’apparaît sur l’écran que pour boire un verre d’eau dans une salle de bain et disparaît ensuite complètement ?), au lieu de se concentrer sur l’essentiel.
Si bien que le film ne trouve pas le style qui aurait convenu, et finit par ennuyer. Seul le début, qui intrigue un peu, retient l’attention.
Réalisé par Jayro Bustamante
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 7 février 2015
Sorti en France le 25 novembre 2015
Le titre, qui se prononce « ichcanoul », signifie volcan dans le dialecte maya, celui d’une population qui occupait jadis le royaume Kaqchikel et peuple le sud-est du Mexique, plus Belize et le Guatemala et les parties ouest du Honduras et du Salvador.
Là, une famille de paysan, qui ne parle pas la langue officielle du pays, l’espagnol, vit de la cueillette du café, sur les flancs d’un volcan. Leur fille, María, a dix-sept ans et les parents la fiancent à Ignacio, plein de qualités mais plus âgé – mariage arrangé donc, ce qui est courant au Guatemala. Il doit avoir lieu quand Ignacio reviendra de la ville où l’appelle son travail. Or, en attendant, María se laisse séduire par Pepe, un ouvrier plus jeune, qui compte émigrer aux États-Unis et n’a aucune intention de s’encombrer d’elle une fois parti. Évidemment, après une seule coucherie (il lui a dit que la première fois, il n’y avait aucun risque !), elle est enceinte. Mais elle est mordue par un serpent, et, à l’hôpital, on lui dit que son bébé est mort... sans lui faire voir le corps. On comprendra plus tard qu’en réalité, le bébé a survécu et a été vendu à des étrangers.
Ce film est le premier long-métrage de son réalisateur, et il rappelle furieusement les thèmes du cinéma néo-réaliste qui avait cours en talie... il y a soixante-dix ans. Il est estimable, austère et bien réalisé.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.