Œuvres : Le fils – Made in China – Together alone – Face à la nuit – Le voyou – Joel, une enfance en Patagonie – Au bout des doigts – Premier de la classe – L’ospite – Persona non grata – Le roi lion (2019) – Acusada – Crawl – Mirrors – Yves – Toy story 4 – Rêves de jeunesse
Personnes citées : Alexander Abaturov – Julien Abraham – Frédéric Chau – P. J. Castellaneta – Wi-ding Ho – Claude Lelouch – Quentin Tarantino – Carlos Sorín – Ludovic Bernard – Lambert Wilson – Stéphane Ben Lahcene – Duccio Chiarini – Elsa Morante – La isola di Arturo – L’île d’Arturo – Gonzalo Tobal – Alexandre Aja – Benoît Forgeard – Josh Cooley – Alain Raoust
Réalisé par Alexander Abaturov
Titre original : Syn
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 28 février 2018
Sorti en France le 29 mai 2019
Dans ce film très court (une heure et onze minutes), le réalisateur raconte la mort de son cousin Dima, enrôlé dans une unité spéciale des forces russes, les Spetsnaz, où l’on enseigne aux jeunes recrues, apparemment toutes volontaires, à déifier littéralement leur image de combattants. La vie y est plutôt pénible, mais on ne sent aucune révolte chez ces jeunes, heureux de partir à la guerre « pour tuer », dira l’un d’eux. Leur préparation, assez dure, vise une seule conclusion : obtenir le droit de porter le bérêt rouge, emblème du corps auquel ils rêvent d’appartenir.
Le film ne prend parti à aucun moment, sans doute pour éviter les ennuis qui guettent toute contestation dans ce pays de rêve qu’est la Russie. Mais Dima, dont on apprend à connaître la famille, écrasée de chagrin (leur enfant est mort d’une balle dans la tête), est également pleuré par ses camarades, dont aucun ne remet en question leur mission et leurs conditions d’existence.
On devrait être ému, mais la seule séquence qui peut toucher le spectateur est celle montrant qu’un sculpteur a fabriqué en argile une statue de la victime, qui n’avait que vingt-deux ans. Il faut néanmoins se souvenir que le film n’a pu être réalisé que grâce à la famille du défunt, qui a fait intervenir ses amis, car l’armée russe voyait ce tournage d’un mauvais œil !
Réalisé par Julien Abraham
Sorti en France le 26 juin 2019
Modestement, le film ne tente pas de paraître autre chose que ce qu’il est : une gentille comédie, ciblant les préjugés à propos de la communauté asiatique en France. L’acteur principal, Frédéric Chau, lui-même franco-asiatique, a collaboré au scénario, et tous les acteurs sont bons.
La mauvaise humeur des critiques professionnels n’y fera rien, le film se voit sans aucune arrière-pensée, militante ou autre.
Réalisé par P. J. Castellaneta
Sorti en France le 17 mars 1993
Ressorti en France le 26 juin 2019
Le réalisateur quasiment inconnu, après un court métrage en 1986, en noir et blanc, suivi de deux longs métrages (dont le présent film, également en noir et blanc), n’a sorti ensuite qu’un film en couleurs, tout cela sur le thème de l’homosexualité.
Ici, on ne verra que deux acteurs, dans une chambre, la nuit, et qui discutent de leur rapport récent, et qui échangent leurs points de vue sur leur récente liaison d’une nuit, sans préservatif, ce que regrette l’un des deux, alors que son compagnon d’un soir se dit marié et père d’un enfant.
Rien ne se passe, et ils se séparent à la fin, se disant amis, sans qu’on puisse savoir s’ils vont le rester.
Ce n’est pas inintéressant, loin de là, mais le film restera confidentiel, car rien de spectaculaire ne retient l’attention. Nous n’étions que deux spectateurs dans la salle.
Réalisé par Wi-ding Ho
Titre original : Xing Fu Cheng Shi
Autre titre : Cities of last things
Sorti en France le 18 juillet 2019
Ce film, censé se passer à Taiwan mais dont une partie a été filmée en Corée du Sud, réutilise une fois de plus le vieux truc du récit en trois parties, racontées dans le désordre. Claude Lelouch, dans son film Le voyou, sorti en 1970, l’utilisait déjà, et Tarantino l’a d’ailleurs repris dans son dernier navet. Autant dire que cette histoire ne retient guère l’attention. Mais, rusé comme on le devine, le réalisateur se doute bien que le spectateur ne marchera pas si facilement, aussi réserve-t-il pour la dernière partie la séquence la plus intéressante, où un garçon de 17 ans, arrêté par la police pour vol de scooter, est confronté à une femme de la génération suivante, qui le questionne en dépit de ses réticences à parler, et finit par lui faire comprendre qu’elle est sa mère, laquelle l’a très tôt abandonné aux soins de sa propre mère à elle. Et c’est lorsque le garçon l’appelle enfin « Maman ! » qu’elle est abattue par un tueur.
Réalisé par Carlos Sorín
Titre original : Joel
Sorti en Argentine le 7 juin 2018
Sorti en France le 10 juillet 2019
L’adoption, vue de très loin, car on ne fournit pas ce qu’en a pensé l’enfant, d’ailleurs assez mal joué par le petit acteur. On a un peu trop forcé sur le scénario, puisque la communauté de cette petite ville, éloignée de la capitale, ne semble peuplée que de parents hostiles au nouvel arrivant, vite accusé d’avoir été un délinquant et un drogué. Tout cela, parce que l’enfant adopté est trop âgé (il a neuf ans, ce qui est inhabituel chez un gosse adopté). À tel point que les parents adoptifs acceptent de le retirer de l’école et de l’envoyer dans un autre établissement, rural et plus modeste, sans qu’on sache ce qui se passera ensuite ! Que ce soit adapté d’un évènement réel n’arrange rien.
Réalisé par Ludovic Bernard
Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 24 août 2018
Sorti en France le 26 décembre 2018
Le directeur artistique du Conservatoire National de Musique de Paris repère à la gare du Nord un garçon qui joue très bien au piano la Deuxième Rhapsodie Hongroise de Liszt, mais qui, poursuivi par des policiers pour un cambriolage effectué par ses camarades, écopera de travaux d’intérêt général s’il refuse la main tendue de cet homme important, lequel lui offre de suivre des cours gratuits dans son Conservatoire. Tout cela va se terminer par un triomphe du garçon à la Salle Gaveau, puis par un concert à New York.
Le film, bourré d’invraisemblances et de clichés, ne présente aucune surprise, et les bons acteurs qui l’interprètent n’y peuvent rien.
Pour l’anecdote, la publicité nous apprend que Lambert Wilson, qui joue le directeur du Conservatoire, joue lui-même du piano. Il eût mieux fait de prendre aussi des cours de français, cela lui aurait évité de dire « Vous vous rappelez DE ça ? » au pianiste amateur !
Apparemment, le film, trop lisse, n’a remporté aucun succès.
Réalisé par Stéphane Ben Lahcene
Sorti en France le 10 juillet 2019
Premier film de cinéma pour un réalisateur de télévision. C’est assez drôle, gentillet, cela ne casse pas des briques, et les acteurs semblent s’amuser. Le public, peut-être un peu moins, mais le résultat n’est pas déshonorant. Et les décors sont très soignés, car ils n’embellissent rien. Bref, on a vu bien pire !
Réalisé par Duccio Chiarini
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 9 août 2018
Sorti en France le 10 juillet 2019
Le titre italien signifie « L’hôte » ou « L’invité ». En effet, le personnage principal, Guido, doit quitter son logement parce que sa petite amie ne le supporte plus et ne croit plus à leur couple. Il va donc tenter de se loger chez ses parents ou chez des amis, toujours sur un canapé. Par ailleurs, il avait des ambitions littéraires, mais ne parvient pas à finir le roman qu’il a commencé. Quant à sa carrière de professeur de littérature, il semble incapable de la remplir : donnant une causerie en public, il ne parvient pas à intéresser son public, et les spectateurs partent les uns après les autres, jusqu’à ce que lui même abandonne. Tentant de remplir un poste d’enseignant, il est tout aussi incapable de communiquer avec ses élèves, se contente de faire lire un poème à une élève, ou de tenter un cours qui tienne debout à propos de La isola di Arturo (en français, L’île d’Arturo), fameux roman d’Elsa Morante.
Bref, Guido prend conscience que sa vie n’a aucun intérêt, elle aussi. L’ennui est que ce film sur la crise de la quarantaine n’est pas beaucoup plus palpitant, et déçoit.
Réalisé par Roshdy Zem
Sorti en France le 17 juillet 2019
Ce remake d’un film brésilien n’est sorti dans aucun autre pays que la France, et il a peu de chances d’améliorer sa diffusion, car son scénario est à peu près incompréhensible. On comprend que deux amis d’enfance se sont associés dans une entreprise de construction, avec 30 % de parts chacun, les 40 % restant la propriété de la fille d’un autre ami décédé. Et qu’un type bizarre, à la limite de l’illégalité, veut entrer dans leur combine, tout en mettant la fille dans son lit. Les absurdités se multiplient, comme cette scène où il fait venir dans leur bureau un rappeur qu’il qualifie de « génie », et dont ne sait ce qu’il deviendra ensuite. Mais les deux amis se brouillent, au point que l’un veut tuer l’autre en l’écrasant avec sa voiture, mais le chauffard est blessé, et l’amateur de rap l’expédie dans l’autre monde en l’étouffant avec une serviette.
Non seulement tout est laid dans cette histoire, mais on ne comprend strictement rien aux différentes péripéties de ce drame ; et, de toute façon, on s’en fiche. Quand vient le générique de fin, toute la salle se vide sans attendre. Dommage pour les acteurs, mais pourquoi ont-ils accepté de jouer dans ce film ? Et puis, pourquoi tant de gros plans de visage ?
Réalisé par Jon Favreau
Titre original : The lion king
Sorti aux États-Unis le 9 juillet 2019
Sorti en France le 17 juillet 2019
Comme je n’ai jamais vu la version de 1994, qui était un dessin animé, je ne peux pas faire la comparaison avec cette version en images de synthèse, qui, techniquement, est absolument parfaite. Il n’empêche que l’histoire reste dans le style gnan-gnan des films produits par l’usine Disney, et qu’on s’ennuie un peu, car tout est sans surprise. Mais les spectateurs de la première version, qui ont gardé un souvenir ébloui de ce dessin animé, se sont déchaînés contre ce remake, jugé sacrilège !
Quant au réalisateur, c’est la seconde réalisation faite par lui au service de Disney, après sa version de Le livre de la jungle fait en motion capture en 2016, pas vu non plus, ni dans la première version, ni dans la seconde.
Je n’ai pas non plus été séduit par les voix, qui ont été faites par des vedettes de la chanson, lesquelles ne m’ont jamais non plus intéressé.
Bref, bravo pour le travail de recherches et la technique. Mais seulement cela.
Réalisé par Gonzalo Tobal
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2018
Sorti en France le 10 juillet 2019
Le principal défaut de ce film de procès argentin, c’est qu’il ne révèle pas qui a tué Marisa au cours d’une « partie » très arrosée. Certes, son amie Dolores est plus que soupçonnée, puisqu’on l’a incarcérée durant deux ans, mais l’enquête piétine et oublie de se soucier d’un détail important : à qui appartenait le sang trouvé sur les vêtements de la prétendue meurtrière, puisqu’il n’est ni à celle-ci, ni à sa victime présumée ! Finalement, le verdict du tribunal est l’acquittement au bénéfice du doute. Deux fausses pistes juste avant la fin : un long plan-séquence à la steadicam, montrant le petit ami de Dolores entrant dans la villa de la famille depuis la rue et le suivant à travers toute la maison (est-ce lui le coupable ?), puis un plan aérien pris par un drone, affichant Dolores à la fenêtre de sa chambre, puis s’envolant au-dessus de la ville (est-ce elle la coupable ?). Fort bien, mais à quoi servent vraiment ces deux plans ?
Un détail intéressant : la méthode de l’avocat, enseignant à sa cliente la manière de répondre durant un interrogatoire du tribunal. C’est cynique, quoique pas très nouveau. En revanche, la sempiternelle question de la culpabilité des réseaux sociaux, une fois de plus traitée comme un thème inévitable, commence à lasser, car elle revient sans cesse et partout.
Réalisé par Benoît Forgeard
Sorti en France (Festival de Cannes) le 23 mai 2019
Sorti en France le 26 juin 2019
Rions : les spectateurs qui ont détesté ce film de monstres, dans le goût de Jurassic Park, se sont évertués à chercher... la petite bête ! Et l’un d’eux est allé jusqu’à écrire que les alligators du film étaient « cartons pâte » ! Or, même pour construire des décors, plus personne n’utilise le carton pâte dans le monde du cinéma, parce qu’il met un temps fou à sécher, coûte cher, et... qu’il est inutilisable pour fabriquer des personnages animés.
En réalité, Alexandre Aja, qui fait ses films dans le cadre hollywoodien (mais, dans le cas présent, Crawl a été tourné en Serbie) tout en étant français, réussit haut la main la plupart de ses réalisations, en assumant son goût pour les films d’horreur. Ici, on se régale, car ces situations extrêmes et pas du tout vraisemblables relèvent de l’humour noir. Il est donc vain de chercher la crédibilité de la situation. Admirons plutôt l’abondance et la sophistication des trucages, ainsi que l’atmosphère soutenue durant toute la durée du film (la pluie ne cesse jamais, et les alligators sont vraiment terrifiants).
Certes, Aja a parfois fait mieux, par exemple avec Mirrors, en 2008.
Réalisé par Benoît Forgeard
Sorti en France (Festival de Cannes) le 23 mai 2019
Sorti en France le 26 juin 2019
Dire qu’un spectateur (mécontent) a comparé cette chose à 2001 ! Il n’y a rien à sauver dans cette misérable bouse, consternante de bêtise, où les acteurs se déshonorent. Que vient faire là-dedans la belle et talentueuse Doria Tillier ? Ses deux partenaires, dont la beauté n’est pas le principal attrait, n’ont donc absolument rien à faire ici.
Et puis, tenter de nous faire croire que le rap est un art, non, merci ! Même pour concourir à l’Eurovision, c’est encore trop mauvais.
On s’ennuie à mourir. Et même pas de rire.
Réalisé par Josh Cooley
Sorti aux États-Unis le 11 juin 2019
Sorti en France le 26 juin 2019
C’est un peu dommage, Andy a grandi, il est parti à l’université, au volant de sa voiture, et on ne le verra plus, alors qu’on l’aimait bien... Naturellement, il manque à ses anciens jouets, puisque le dogme de ces histoires, c’est qu’un enfant appartient à ses jouets plutôt que l’inverse.
Pour le reste, le scénario est un peu en plan, et le fait d’avoir inventé un nouveau jouet pour sa petite sœur d’Andy – qui est un peu nunuche –, composé d’une cuillère en plastique, avec deux moitiés de bâtonnet en guise de pieds, ne conduit pas très loin. Mais la technique imparable de Pixar ne cesse de s’améliorer, et là, c’est parfait.
Réalisé par Alain Raoust
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2019
Sorti en France le 31 juillet 2019
Le film fournit dès son titre le thème qu’il va tenter d’illustrer : le désenchantement des jeunes d’aujourd’hui, qui ne peuvent en rien atteindre ce à quoi ils ont toujours aspiré – sous réserve qu’ils aient aspiré à quelque chose, ce qui n’est pas toujours le cas. En somme, cela se veut un film politique...
L’ennui est que les deux auteurs du scénario courent trente-six lièvres à la fois, et peuplent leur petit univers de personnages qui apparaissent et disparaissent arbitrairement, et ne font rien le temps de leur présence à l’écran. L’exemple typique est donné par cette fille horripilante, qui ne cesse de hurler, de proférer des grossièretés, d’insulter tout le monde, de se plaindre qu’elle va rater une convocation à une émission débile de télévision, avant d’entonner une chanson, d’une jolie voix mais dans une langue que nous ne comprenons pas. Puis elle disparaît, et... revient bien plus tard, sans aucune raison. Il y a aussi un vieux cycliste, qu’interprète Jacques Bonnaffé, tombé dans la dèche et que ses anciens condisciples ne connaissent plus.
Le tout se déroule dans une déchetterie, un lieu perdu, symbole un peu lourdingue des rêves non aboutis, où le personnage principal, une fille calme, a obtenu un travail de vacances, et retrouve un garçon qu’elle a connu autrefois, le genre de péripétie qui traîne partout et qui ne mène à rien, comme le film entier.
Tout cela est vide et rate son but.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.