Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : La nouvelle vie de Paul Sneijder – Karnaval – Versailles – Borgia – 2 temps, 3 mouvements – L’ornithologue – Ornitólogo – Sausage party – Ma’ Rosa – Kinatay – Papa ou maman 2 – Une journée particulière – Rocco – Baccalauréat – Bacalaureat – Wolf and sheep – Manille – Maynila: Sa mga kuko ng liwanag – Insiang – La jeune fille sans mains – Treasure Island – The big red one – Falstaff – À fond – La prunelle de mes yeux – Mapplethorpe: Look at the pictures – Hedi – Inhebbek Hedi
Personnes citées : Thomas Vincent – Guillaume Cyr – João Pedro Rodrigues – Marguerite Duras – David Fontaine – Conrad Vernon – Greg Tiernan – Martin Bourboulon – Ettore Scola – Thierry Demaizière – Alban Teurlai – Shahrbanoo Sadat – Lino Brocka – Ferdinand Marcos – Sébastien Laudenbach – Jacob Grimm – Wilhelm Grimm – Michel Ocelot – Orson Welles – Jean Lefebvre – Marthe Villalonga – Mark Hamill – Kim Burfield – Nicolas Benamou – Axelle Ropert – Fenton Bailey – Randy Barbato – Robert Mapplethorpe – Andy Warhol – Max Mapplethorpe – Mohamed Ben Attia
Réalisé par Thomas Vincent
Sorti en France le 8 juin 2016
De Thomas Vincent, on avait aimé son Karnaval, mais il a ensuite sombré dans le téléfilm de bas étage avec Versailles et Borgia, que Canal Plus a tenté de mettre en avant, et qui étaient purement commerciaux. Le film dont il est question ici a été tourné au Québec et à... Dubaï pour l’inutile séquence de fin (l’équipe devait en avoir assez de la neige), et n’a été vu nulle part ailleurs qu’en France.
À l’origine de ce film, un livre de Jean-Paul Dubois, romancier qu’apprécient les gens de cinéma, et qui décrit le changement d’existence d’un homme ayant été victime d’un grave accident, au cours duquel sa fille adulte est morte. Or sa famille actuelle l’intéresse de moins en moins : femme obsédée par la réussite et qui le trompe, deux fils idiots ne rêvant que de faire de belles études à Harvard afin de cotoyer les « grands de ce monde », et que cela ne gênerait pas de voir lesdites études payées avec la grosse indemnité que la société ayant installé l’ascenseur fatal devra sans doute payer en dédommagement du décès de leur demi-sœur, que du reste ils ont à peine connue. Alors, Paul, le père, se désintéressant autant de son métier – dont on ne saura pas grand-chose – que de l’univers sans âme où vivent ses proches, décide de devenir... promeneur de chiens ! Scandale.
L’évolution psychologique, très lente et qui a rebuté beaucoup de spectateurs, est parfaitement rendue, et les personnages secondaires, par contraste puisque Paul ne dit presque rien, renforcent le point de vue de cette histoire. On s’attache surtout au loueur de chiens, joué par Guillaume Cyr, acteur québécois qu’on avait vu dans un rôle minuscule de 2 temps, 3 mouvements, film qui, bizarrement, est absent de sa filmographie dans Internet Movie Database.
Réalisé par João Pedro Rodrigues
Titre original : Ornitólogo
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 8 août 2016
Sorti en France le 30 novembre 2016
Film extravagant, à la limite de l’abscons et de l’incompréhensible, mais qui fascine à chaque instant, un peu comme certains films de Marguerite Duras.
Fernando explore en kayak la campagne portugaise afin d’observer les oiseaux, ne gardant le contact avec son amie (qu’on ne verra jamais) que par son téléphone mobile. Or il fait diverses rencontres qui chaque fois tournent mal : avec deux touristes chinoises (et pas « japonaises », comme l’écrit sottement David Fontaine dans « Le Canard enchaîné »), lesquelles, voulant se rendre à Compostelle, se sont égarées, et pas qu’un peu, attendu que la frontière portugaise est à cent kilomètres au sud. Terrifiées parce qu’elles pensent que c’est le Diable qui les a perdues, elles supplient Fernando de les conduire à destination, mais il refuse ; aussi se vengent-elles en le ligotant, menaçant de le castrer au petit matin. Pendant leur sommeil, il parvient se libérer, s’enfuit, mais découvre que son kayak a été saboté. Il tombe alors sur une bacchanale nocturne de garçons masqués qui tuent un sanglier, se sauve à nouveau et rencontre un garçon sourd-muet, Jesus, qui garde des chèvres au bord d’une rivière. Ils font l’amour, mais Fernando le tue accidentellement. Et ainsi de suite.
La fin se passe en Italie, quand Fernando – devenu Antonio – et le frère jumeau de Jesus, se tenant par la main, arrivent à l’entrée de Padoue, terme d’un autre pèlerinage. Il est vrai que « saint » Antoine de Padoue est né portugais...
Réalisé par Conrad Vernon et Greg Tiernan
Sorti aux États-Unis le 14 mars 2016
Sorti en France le 30 novembre 2016
En réalité, ce film est sorti en Indonésie, mais la date n’a pas été précisée. Le défi semble avoir été d’insérer dans le dialogue le plus possible de gros mots et d’allusions sexuelles très appuyées. Dans ce film d’animation assez éloigné des productions de Pixar, tout se passe dans un supermarché, et les personnages sont des produits alimentaires sous emballage, qui pensent que les clients du magasin sont des dieux et que leur avenir se passera dans un paradis nommé « Grand Au-delà ». Mais ils vont découvrir la vérité, se révolter et, après leur victoire, se livrer à toutes les turpitudes auxquelles les humains s’adonnent quotidiennement.
Le dialogue, très travaillé, est aussi très potache, et ça n’a pas plu au « Figaro », on s’en serait douté. On sent qu’ici, il s’agit de faire pièce à la télévision, où l’on censure le moindre mot grossier, les fameux « mots de quatre lettres » ou F-words, alors que le cinéma est complètement libre sur ce point. Mission accomplie, et le public marche. Néanmoins, on doit convenir que l’histoire comporte quelques passages à vide, et qu’on souhaiterait, parfois, que ce film déjà court le soit davantage.
Mais enfin, il y en a pour tous les goûts, et le mauvais goût n’est pas un crime.
Réalisé par Brillante Mendoza
Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2016
Sorti en France le 30 novembre 2016
Mendoza a réussi presque tous ses films, à l’exception de son épouvantable Kinatay, et Ma’ Rosa fait partie des meilleurs, comme toujours très branché sur l’actualité des Philippines. Ce pays a hérité le 30 juin dernier d’un président, Rodrigo Dutertre, qui, obsédé par le souci d’éradiquer le commerce de la drogue, ce qui est louable, préconise des méthodes qui le sont moins, par exemple, conseiller aux citoyens de tuer eux-mêmes tout trafiquant pris sur le fait, et il a couvert environ quatre mille exécutions sommaires de ce type.
Le film a été tourné avant son élection, mais il montre que la police, gangrenée par la corruption, n’a pas attendu les encouragements présidentiels pour rançonner et tabasser jusqu’aux petits délinquants. Ainsi, Ma’ Rosa vend de la drogue à la sauvette, tandis que son mari Nestor est consommateur. Ils sont donc arrêtés et détenus, et Ma’ Rosa est sommée de trouver cent mille pesos pour faire libérer son mari. Ses enfants vont ainsi se démener pour trouver l’argent, dont le plus jeune, obligé de se prostituer pour en trouver une partie.
Mais la scène clé est celle où les policiers exercent leur violence sur un trafiquant et le laissent quasiment mort. À noter que presque tout est filmé en caméra portée, procédé agaçant, mais qui se justifie si on n’en abuse pas et qu’on se borne à suivre les déplacements d’un personnage.
Réalisé par Martin Bourboulon
Sorti en France (Première à Paris) le 20 novembre 2016
Sorti en France le 7 décembre 2016
Bien que ce film n’ait aucun rapport avec Une journée particulière, le chef-d’œuvre de Scola, il commence un peu de la même façon : la caméra explore en un seul plan-séquence (pas truqué, vraiment ? C’est un peu trop beau) une maison entière, avec beaucoup de fluidité dans le maniement de la steadicam, qui est vraiment l’instrument-roi du cinéma. Et toute la mise en scène, rapide et nerveuse, est à la hauteur, de même que le dialogue, précis, inventif... et vachard !
Reste que le scénario est sans aucune surprise : dès le début, on devine que les deux époux, qui se sont séparés dans le film précédent, vont se remettre ensemble. Leurs enfants y contribuent d’ailleurs, qui se sont efforcés de les dégoûter de leurs nouveaux conjoints respectifs, par les moyens les plus déloyaux. La morale bourgeoise est donc sauve, mais pas la morale tout court !
Néanmoins, le film tombe dans le cliché de la plupart des films français : dépayser une partie de l’action, et tourner la fin dans un lieu exotique et lointain. Ici, la Réunion, qui n’apporte rien à cette histoire. Cela devient horripilant de banalité.
Réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2016
Sorti en France le 30 novembre 2016
C’est entendu, Rocco Tano, plus connu sous son pseudonyme de Rocco Siffredi, est un homme sympathique, qui a su exploiter son principal intérêt dans la vie : le goût – voire l’obsession – du porno. Et la publicité du film est bien faite, de sorte que la majorité des critiques ont mordu à l’hameçon. Mais enfin...
En fait, on se fiche un peu que le personnage raconte ses souffrances physiques et son ardent désir de mettre un terme à ses activités. On admire que sa femme ne soit pas jalouse, parce que, dit-elle, et contrairement aux autres femmes, elle sait toujours où se trouve son époux et ce qu’il est en train de faire. On comprend que ce père de deux grands et beaux garçons n’ait aucune envie de voir ses fils le surprendre en train de travailler, et qu’il fasse surveiller l’entrée du plateau où il officie. Mais, en réalité, tout ce baratin ne parvient pas à dissimuler que la pornographie hétérosexuelle se réduit à peu près à ceci : les femmes qu’elle utilise sont pas traitées beaucoup mieux que des objets, et qu’en somme, elles sont dominées, en dépit de ce que proclame l’une d’elles dans l’avant-dernière séquence. Et l’on se rappelle que ce fait n’existe absolument pas dans le cinéma pornographique homosexuel, où règne une égalité absolue entre les partenaires.
Si bien qu’après un début intéressant, on finit par trouver le temps un peu long.
Réalisé par Cristian Mungiu
Titre original : Bacalaureat
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2016
Sorti en France le 7 décembre 2016
Il est assez vrai que la forme de ce film rappelle un peu celle des œuvres d’Asghar Fahradi : tout tourne autour d’un semi-drame familial, où les personnages s’empêtrent dans les mensonges chez le réalisateur iranien, dans les compromissions chez le Roumain : un engrenage presque fatal. Mais, alors que chez Fahradi, il n’y a pas vraiment de coupable, ici, presque tout le monde est coupable de quelque chose, quoique avec de bonnes intentions ; chacun veut rendre service à autrui, et ne prévoit pas qu’il va s’engluer dans un comportement immoral.
Les thèmes dans ce film abondent : une famille brisée (le père, médecin, a quitté la mère et vit avec une autre femme, qui a un enfant) ; une fille presque adulte qui doit passer son baccalauréat, diplôme dont elle a absolument besoin pour aller étudier à l’étranger, car la Roumanie est un étouffoir sinistre ; des fonctionnaires pas très scrupuleux ; un système d’échanges de « services » frisant la corruption ; la question de savoir s’il faut préserver sa propre intégrité ou la sacrifier en partie dans l’intérêt de son enfant ; une police et une justice qui font ce qu’elles peuvent, mais se heurtent à la réalité... Tout cela est parfaitement montré, vu par le personnage du père, sans jamais céder à la tentation d’en rajouter.
Mais presque tout le monde se compromet, y compris la jeune fille qui doit profiter de tout cela, puisqu’elle avoue à demi-mot, peu avant la fin, que, si elle n’a pas profité de la tricherie arrangée par son père, elle a, en revanche, attendri les examinateurs de son examen en pleurant au moment de remettre sa copie, ce qui... lui a valu quelques minutes supplémentaires pour terminer son travail ! « Je ne me suis pas mal débrouillée », dit-elle fièrement. Eh oui, tout le monde triche, sauf les deux envoyés du ministère de la Justice, qui comprennent mais restent incorruptibles.
Réalisé par Shahrbanoo Sadat
Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2016
Sorti en France le 30 novembre 2016
Filmé en extérieurs au Tajikistan, Wolf and sheep montre la vie quotidienne dans un village pauvre qui ne vit que de l’élevage des ovins. Cela commence par les préparatifs des obsèques d’un adulte, père d’un petit garçon débrouillard dont la mère va se remarier, ce qui entraînera leur départ vers une ville lointaine.
Les acteurs, amateurs, sont inconnus et absents du générique de fin, qui ne donne que les noms de leurs personnages.
Un seul véritable drame : en jouant avec une fronde dont il ne sait pas vraiment se servir, l’un des gosses éborgne un camarade. Et les adultes entament un marchandage en vue d’un dédommagement financier !
Réalisé par Lino Brocka
Titre original : Maynila: Sa mga kuko ng liwanag
Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2016
Sorti en France le 30 novembre 2016
Le titre d’origine signifie en tagalog « Manille dans les Griffes de Lumière », cette expression désignant les mirages de la grande ville.
Julio, beau garçon de 21 ans, était pêcheur, et amoureux d’une belle fille, Ligaya. Mais celle-ci est tombée sous la coupe d’une entremetteuse, qui l’a incitée à partir pour la capitale, où elle s’est prostituée, avant de devenir la maîtresse d’un Chinois, Ah Tek, dont elle a eu un enfant.
Parti à la recherche de sa dulcinée, qu’il ne parvient pas à retrouver immédiatement, Julio est devenu ouvrier surexploité dans le bâtiment, avant de se prostituer un peu, lui aussi, mais sans rester trop longtemps dans cet état. Puis il retrouve Ligaya et apprend sa mésaventure, car elle lui révèle qu’elle ne peut quitter son amant, qui lui fait peur. Hélas, elle meurt d’un accident, et Julio, qui rend le Chinois responsable de tout, le poignarde plusieurs fois avec un pic à glace. La dernière scène le montre sur le point d’être lynché par les amis du Chinois.
Il faut convenir que Lino Brocka, mort en 1991, dont tous les films s’intéressent aux pauvres de Manille, et qui avait été arrêté et détenu dans les années 70 pour son opposition au président Ferdinand Marcos, a fait beaucoup mieux, par exemple dans Insiang, ressorti récemment en France. Alors que ce film-ci, beaucoup trop long, finit par ennuyer avec l’interminable monologue de Ligaya racontant sa triste vie à son fiancé.
J’ai vu dans ce film dans une grande salle, qui ne le passe que deux fois cette semaine, et où nous n’étions que deux spectateurs ! Il y avait aussi une salle unique en banlieue, qui l’a passé aujourd’hui, une fois seulement.
Réalisé par Sébastien Laudenbach
Sorti en France (Festival de Cannes) le 12 mai 2016
Sorti en France le 14 décembre 2016
Un conte très cruel, adapté des frères Jacob et Wilhelm Grimm, tandem que je n’apprécie pas beaucoup, et traité en dessin (peu) animé : une jeune fille est vendue au diable par son père, un meunier trop pauvre, et, comme si cela ne suffisait pas, son geôlier lui coupe les deux mains ! Elle s’enfuit, rencontre un prince qui en tombe amoureux et lui offre deux mains en or. Hélas, alors qu’elle attend un enfant, il doit partir à la guerre et la laisser aux bons soins d’un jardinier. Mais un message envoyé par on ne sait quel traître fait croire au jardinier que son maître lui ordonne d’arracher les yeux du bébé et de tuer la mère. Elle se sauve alors précipitamment, avec son enfant cette fois, et parvient à survivre en sa compagnie. Mais le prince, qui a perdu la guerre, revient, retrouve sa famille, et ainsi de suite.
Les images, où ne manque même pas la scatologie, sont fabriquées à grands coups de pinceaux informes, et sont peu agréables à voir. Quand à la musique, elle est franchement mauvaise, donc elle plaît beaucoup aux bobos.
La même histoire, racontée par Michel Ocelot, aurait pu donner un film superbe. Ici, non, vraiment,c’est trop laid.
Le cinéma nous réserve parfois des rencontres curieuses, comme celle de Marthe Villalonga et de Mark Hamill dans The big red one, de Samuel Fuller, en 1980. Or, ce soir, on a pu voir à la télévision, sur Ciné+ Classic, un film britannique de 1972, Treasure Island, d’après Robert-Louis Stevenson, dans lequel Orson Welles s’en donnait à cœur joie pour interpréter Long John Silver, le pirate unijambiste, alors que le personnage de Ben Gunn était joué par... Jean Lefebvre !
Cet acteur français, qui a joué dans 147 films et téléfilms, et pas mal de pièces de théâtre, a paru ici dans un de ses rares rôles à l’étranger – bien qu’on a pu le voir la même année dans une version de Barbe-Bleue, avec Richard Burton et Raquel Welch.
Il faut noter qu’il avait existé, en 1965, une première version de Treasure Island, mais espagnole, de dix minutes, déjà avec Lefebvre, Welles et Kim Burfield, le jeune interprète de Jim Hawkins, ce qui semble étrange, puisqu’il devait alors être âgé de... cinq ans ! (Manifestement, il y a des erreurs dans les filmographies d’Internet Movie Database). Ce film n’est sorti qu’en Espagne, et c’est l’époque où Orson Welles vivait dans ce pays et y tournait Falstaff.
Réalisé par Nicolas Benamou
Sorti en France (Festival de Sarlat) le 11 novembre 2016
Sorti en France le 21 décembre 2016
Les pisse-vinaigre, nombreux, ont détesté ce film, sous prétexte que le scénario est fort mince (une famille est partie en vacances à bord d’une voiture dont le régulateur de vitesse tombe subrepticement en panne, donc le père ne peut plus ni freiner ni s’arrêter). Les gags s’accumulent et ne sont pas très subtils, mais le film n’a pas été conçu pour faire réfléchir le spectateur.
Je me suis beaucoup amusé, et j’ai fort admiré la réalisation, très acrobatique, puisque tout a été tourné dans les conditions réelles du voyage. Après tout, les films de Laurel et Hardy non plus n’incitent pas à de profondes réflexions ! Et, soit dit en passant, la satire des individus obsédés de ce qu’ils appellent bêtement « la technologie » (le mot exact est « technique ») n’est pas une entreprise vaine.
Réalisé par Axelle Ropert
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 5 août 2016
Sorti en France le 21 décembre 2016
Film sympathique, qui doit beaucoup à ses principaux interprètes masculins, les autres étant assez ratés. Il s’agit d’une supercherie : un garçon d’origine grecque, et qui réussit mal dans la musique jouée avec son frère, est agacé par sa voisine aveugle. Alors, énervé, il lui fait croire que lui aussi est aveugle. Naturellement, dès le début, on devine qu’ils vont s’aimer... à la fin.
La réalisatrice enrichit son film d’une foule de petits détails cocasses, qui tentent de rehausser le niveau, car le dialogue est plutôt basique.
Réalisé par Fenton Bailey et Randy Barbato
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) en anvier 2016
Sorti en France le 21 décembre 2016
Dès qu’on fait allusion à quelqu’un qui fait dans le scandale et la pornographie, l’adjectif sulfureux surgit comme par miracle. Donc Robert Mapplethorpe, mort du sida en 1989, à 42 ans, et dont la vie était encore plus scandaleuse que ses photographies, était sulfureux !
En fait, seuls son père, qui n’a jamais admis son homosexualité, et une poignée de sénateurs états-uniens, étaient de cet avis. Mais, dans ce documentaire sur ce photographe devenu célèbre et riche – comme Andy Warhol, son grand rival –, son frère, sa sœur, ses amis, ses amants, tous férus d’art contemporain, sont d’un autre avis.
Le film ne cache rien de ses œuvres, dont certaines ne sont pas à mettre sous tous les yeux, alors que la plus célèbre, Man in polyester suit, est parfaitement anodine. Et la dernière exposition de son travail, après sa mort, interdite ici, a triomphé là. Comme quoi, aux États-Unis, tout est possible !
On notera que, devenu célèbre, Mapplethorpe n’a pas supporté que son frère Max, mentionné nulle part, se lance à son tour dans la photographie, et l’a harcelé jusqu’à ce que le jeune frère change de nom et choisisse de signer « Maxey ». Tous modestes, les artistes...
Davantage d’informations ICI.
Le film est très bien conçu, et suit la chronologie. Mais il est mal distribué : une seule salle en France !
Réalisé par Mohamed Ben Attia
Titre original : Inhebbek Hedi
Sorti en France le 21 décembre 2016
Le titre arabe signifie « Nous aimons Hedi ». Ce qui semble vrai au début. Mais Hedi, qui a 25 ans, étouffe sous cet amour qui n’est que de la tyrannie de la part de sa mère, veuve avec deux garçons adultes, dont l’aîné, Ahmed, est parti vivre en France et ne reviendra jamais à Kairouan, en Tunisie, parce que sa mère ne supporte pas la Française qu’il a épousée et dont il a eu un enfant. D’ailleurs, cette épouse qu’on ne verra jamais a prétexté une maladie pour ne pas venir en Tunisie, pour le mariage du cadet.
Bref, la mère a tout arrangé pour le mariage de son plus jeune fils avec une jeune fille charmante mais sans ambition, qui ne souhaite que de fonder une famille et de vivre heureuse. Or, Hedi et elle se voient depuis trois ans dans la voiture du garçon, en cachette, et n’ont rien fait ensemble. Si bien qu’à la première occasion, un séjour à Mahdia où son patron l’a envoyé faire de la prospection pour les voitures Peugeot dont il est le concessionnaire (ici, une bizarrerie : Hedi séjourne dans un hôtel à cinq étoiles ; ils sont si bien payés, les vendeurs de chez Peugeot, en Tunisie ?), il prend conscience que sa mère décide tout pour lui, se rebelle, et, parce qu’il a rencontré une employée de l’hôtel toute différente de sa fiancée et veut la suivre en France, annonce qu’il ne veut plus se marier. Mais, au dernier moment, en plein aéroport, il change d’avis. Fin du film.
On remarquera que le second titre du film, Un vent de liberté, s’il fait allusion au changement récent de politique dans le pays, n’en montre aucune trace : les personnages ne font qu’en parler, très succinctement, ce qui réduit fortement la portée de cette histoire. Autre remarque : l’interprète masculin principal a reçu un prix d’interprétation au Festival de Berlin, fort peu justifié, car il est incolore et n’a qu’une courte scène où il se révolte contre sa mère et son frère, or elle dure très peu.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.