JPM - Films vus - Notules -  Avril 2015

Notules - Avril 2015

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Indian palace - Suite royale – The second best exotic marigold hotel – Indian palace – Paddington – Sam – Shaun le moutonShaun the sheep movie – Chicken run – Shaun of the dead – Suite française – Les oiseaux – San Francisco 1985Histoire de JudasJamais de la vieJackJackEn équilibre – Pour ton anniversaire – La tourneuse de pages – Enfant 44Child 44KolymaAgent 6Taxi TéhéranUne belle finStill lifeLes contes d’HoffmannThe tales of HoffmannColonel BlimpLes fées du RhinBonté divineSvečenikova djecaCapriceGood kill – Bienvenue à Gattaca – Simone – Lord of war – Alias – American sniper – Broadway therapy – She’s funny that way – What’s up, doc? – The last picture show – Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existenceEn duva satt på en gren och funderade på tillvaronLe labyrinthe du silenceIm Labyrinth des Schweigens – Das Leben der Anderen – La vie des autres

Personnes citées : John Madden – Maggie Smith – Richard Gere – Paul King – Mark Wahlberg – Nicole Kidman – Michael Bond – Mark Burton – Richard Starzak – Saul Dibb – Jessica Tandy – Chris Mason Johnson – Rabah Ameur-Zaïmeche – Claude Chabrol – René Féret – Gérald Messadié – Pierre Jolivet – Olivier Gourmet – Edward Berger – Michel Ciment – Alphonse Daudet – Luc Dardenne – Jean-Pierre Dardenne – Denis Dercourt – Cécile de France – Daniel Espinosa – Tom Rob Smith – Joseph Staline – Vladimir Illitch Oulianov Lénine – Charles Dance – Vincent Cassel – Phillip Seymour Hoffman – Gary Oldman – Jafar Panahi – Uberto Pasolini – Michael Powell – Emeric Pressburger – Orson Welles – Ernst Theodor Amadeus Hoffmann – Jacques Offenbach – Jules Barbier – Vinko Bresan – Mate Matisic – Emmanuel Mouret – Pierre Carlet de Marivaux – Éric Rohmer – Andrew Niccol – Clint Eastwood – Peter Bogdanovich – Jennifer Aniston – Cybill Shepherd – Roy Andersson – Giulio Ricciarelli – Josef Mengele – Thomas Gnielka

Indian palace - Suite royale

Mercredi 1er avril 2015

Réalisé par John Madden

Titre original : The second best exotic marigold hotel

Sorti en Australie, Irlande, Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni le 26 février 2015

Sorti en France le 1er avril 2015

C’est la suite du film sorti en France sous le titre Indian palace, diffusé il y a quelques mois à la télévision. Toujours tourné principalement à Jaipur (et aussi, un peu, en Espagne et en Angleterre), le film reprend les mêmes interprètes britanniques, donc les meilleurs acteurs du monde, auxquels on a joint Richard Gere dans un rôle secondaire, et qui fait quelque peu tache.

Toujours aussi optimiste, exubérant et sympathique, le jeune Sonny s’efforce de diriger un très vieil hôtel passablement en ruines, sous la férule lointaine de sa terrible mère, avec l’aide d’une Anglaise misanthrope, qu’incarne si bien Maggie Smith, et sous l’œil amical d’un groupe de vieillards britanniques qui sont tombés sous son charme. Au point que l’hôtel croule sous l’afflux des clients et que Sonny cherche du financement pour acquérir un second hôtel !

On a le même chassé-croisé d’histoires d’amour, avec, en apothéose, la cérémonie grandiose du mariage de Sonny avec sa bien-aimée Sunaina, aussi délurée mais plus réaliste.

C’est drôle, émouvant, cacophonique et... quelque peu agité. Peut-être un tantinet trop sentimental, mais le détail passe inaperçu. On souhaiterait presque aller s’installer à Jaipur ! Et puis, faire un film optimiste sur le sujet de la retraite – et de la mort qui se profile à l’horizon – sans jamais attrister le public, ce n’est pas banal.

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Paddington

Jeudi 2 avril 2015

Réalisé par Paul King

Sorti au Royaume-Uni le 23 novembre 2014

Sorti en France le 3 décembre 2014

Film spécialement conçu pour enseigner aux enfants les valeurs à la mode : tolérance, acceptation de l’autre, etc. Ici, l’autre est un petit ours, mais pas du genre de l’ours en peluche, mal élevé, buveur et drogué, qui tenait compagnie à Mark Wahlberg dans Sam ! Celui-ci est au contraire bien convenable.

Bref, un explorateur britannique a rencontré au Pérou une famille d’ours, dont il est devenu l’ami, et l’a invitée à lui rendre visite à Londres. Mais, comme il a refusé de ramener un spécimen pour l’empailler et l’exposer à la Société de géographie, il est exclu de l’illustre assemblée. Bien plus tard, sa fille, ulcérée, que joue Nicole Kidman, tient à combler ce vide, et, justement, l’héritier de la famille ourse débarque à Londres, à la gare de Paddington – d’où le surnom que lui attribue la famille Brown, des gens très gentils, mais dont le père estime, au contraire de sa femme et de ses enfants, qu’un ours n’est pas à sa place sous son toit. Il changera d’avis, et Paddington finira par devenir ce dont il rêvait : un membre de la famille. Quant à la méchante, elle termine en prison.

Tout cela est interprété par des acteurs réels, auxquels on a joint une créature en images de synthèse très bien réalisée. La publicité nous assure que cette histoire est tirée d’une série de contes, rédigés à partir de 1958 par Michael Bond. Il y en eut une trentaine, traduits en quarante langues et vendus à trente-cinq millions d’exemplaires. Un premier pas vers la saga d’Harry Potter, qui devait le rejoindre plus tard dans le cœur des enfants britanniques. Mais la statue de l’ours a été érigée dans la gare en question. Pas celle du petit sorcier !

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Shaun le mouton

Lundi 6 avril 2015

Réalisé par Mark Burton et Richard Starzak

Titre original : Shaun the sheep movie

Sorti au Royaume-Uni le 23 novembre 2014

Sorti en France le 1er avril 2015

Le cinéma d’animation a beaucoup progressé, depuis les dessins animés de Walt Disney. Aujourd’hui, on a le choix entre les images de synthèse, où la firme Pixar est la meilleure, et les images en plastique à modeler, comme naguère Chicken run. Il faut dire que, esthétiquement, ces films sont beaucoup plus satisfaisants. Des deux réalisateurs de Shaun, qu’il ne faut pas confondre avec Shaun of the dead (film d’horreur comique), Mark Burton est le plus expérimenté, alors que Starzak en est à son troisième film seulement. Mais peu importe, leur Shaun, qui n’a pas un seul mot de dialogue, est épatant, et convient aux enfants comme aux adultes.

Le scénario est délirant, puisqu’il montre un groupe de moutons qui, par suite des circonstances, découvrent la Grande Ville, laquelle ressemble assez à Paris (beaucoup d’inscriptions sont en français, mais certaines ont échappé à la traduction). Les références cinématographiques ainsi que les gags pleuvent par centaines. Je conseille celui où les moutons parviennent à endormir les humains à distance, en jouant à... saute-moutons : compter des moutons, cela endort, chacun sait cela !

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Suite française

Mardi 7 avril 2015

Réalisé par Saul Dibb

Sorti aux États-Unis le 5 novembre 2014

Sorti en France le 1er avril 2015

Comment peut-on encore fabriquer une telle aberration ? Un film pourvu d’un titre français, dont l’histoire se passe sous l’Occupation en France (quoique tourné en Belgique), mais dont tous les personnages, gens du peuple, curé, vicomte, et... occupants allemands, parlent l’anglais – sauf, de temps à autre, un Allemand qui parle en allemand, pour faire saisir aux spectateurs que ses interlocuteurs ne le comprennent pas !

Avec cela, tous les clichés : le bel officier allemand, qui a évidemment un nom à particule, dont une femme française va tomber amoureuse, et qui, bien entendu, joue du piano et compose de la musique ; la belle-mère rigoriste dont le fils est au front et qui rudoie sa belle-fille qu’elle méprise (Kristin Scott Thomas s’est fait la tête de Jessica Tandy, qui jouait la mère dans Les oiseaux) ; la femme française qui trompe son mari infirme avec un Allemand ; le commandant nazi qui fait exécuter le maire en représailles  ; etc.

Le prétexte classique, c’est que cela vient d’une histoire vraie, publiée dans un livre qui a eu du succès. Mais enfin, avec ce type d’histoire, on a fait mille fois mieux. Là, c’est l’ennui qui lutte avec le ridicule. Mais ce sont les deux qui gagnent.

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San Francisco 1985

Jeudi 9 avril 2015

Réalisé par Chris Mason Johnson

Titre original : Test

Sorti aux États-Unis (Festival de Seattle) le 7 juin 2013

Sorti en France le 1er avril 2015

Le titre original et le titre français suffisent presque à révéler le contenu du film : le test est celui du sida, auquel les homosexuels, et tout particulièrement ceux de San Francisco puisqu’ils abondent dans cette ville, devront s’habituer. Le personnage central est Frankie, un jeune danseur, qui fait office de doublure dans une troupe de danse moderne de la ville. Nous faisons la connaissance de ses amis, Todd, avec lequel il va vivre une aventure qui prendra fin lorsque celui-ci, se découvrant séropositif, décide d’aller vivre ailleurs ; Tyler, un hétérosexuel qui est son colocataire, mais déménage pour s’en aller vivre avec une fille ; son copain, Bill, qui le raille sans arrêt et avec lequel il finira par coucher ; et quelques autres.

On s’interroge un peu sur l’utilité de ce film, qui arrive avec trente ans de retard, et n’a d’autre intérêt, au fond, que les scènes de danse. L’impression de déjà vu domine.

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Histoire de Judas

Vendredi 10 avril 2014

Réalisé par Rabah Ameur-Zaïmeche

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 6 février 2015

Sorti en France le 8 avril 2015

La critique, en pompant allègrement le dossier de presse, a couvert ce film de fleurs, sous le prétexte que tous les personnages du film (juifs, sauf les Romains) sont joués par des Arabes, dont l’envahissant réalisateur, qui, non content d’interpréter Judas, a comme d’habitude engagé tous les membres mâles de sa famille : parmi les acteurs et l’équipe technique, j’en ai compté jusqu’à sept. Enfoncés, Chabrol et René Féret !

Si ce n’était que cela, on rigolerait, puis on passerait au film suivant. Mais il y a plus grave, car ce film, qui prétend réhabiliter Judas (la belle affaire, des tas d’écrivains, comme Gérald Messadié, s’en sont occupé depuis longtemps, et l’Évangile de Judas a été découvert et passe pour anthentique), se borne à citer quelques anecdotes ultra-connues comme l’épisode de la femme adultère, le parfum répandu sur la tête de Jésus par Marie de Magdala – que l’on ne nomme jamais, par chance on échappe à la bourde consistant à l’appeler « Marie-Madeleine », prénom ne figurant nulle part dans le Nouveau Testament –,  et surtout, surtout ! escamote complètement le Sanhédrin, cette assemblée des prêtres du Temple de Jérusalem, qui est la seule responsable, selon les textes, de la mort de Jésus. À la place, on charge le personnage de Ponce Pilate, mais ce personnage, le seul qui soit historique, est montré de manière ridicule. C’est lui seul qui réclame la mort de Jésus, et pour cela, loin de le faire comparaître, il va à sa rencontre et entame, avec lui et en privé, une discussion sur leurs santés respectives (le futur crucifié lui conseille de faire des promenades !). Pas de flagellation, pas de couronne d’épines, pas de reniement de la part de Céphas-Simon-Pierre, pas de crucifixion, pas de résurrection, mais la vision fugitive de la pancarte clouée sur la croix ridiculement petite par les Romains, avec le nom du crucifié écrit à la manière française – en latin, on eût écrit IESU, pas JESUS.

Et puis, le scandale fait par Jésus au Temple n’a plus pour objet le trafic de monnaie établi par les changeurs, mais le fait que les animaux destinés au sacrifice, poules et pigeons, soient en cage ; et donc, le futur Sauveur et ses disciples, en bons écologistes défenseurs des animaux, détruisent longuement toutes les cages et « libèrent » les volatiles ! Quant à Barabbas, pour des raisons qui m’échappent, il devient Carabbas, et ce n’est plus un voleur, mais une sorte d’inoffensif idiot du village.

Mais le pire, pour les chrétiens, s’il en reste, c’est le sens donné au propos de Jésus adressé à Judas dans l’Évangile de Jean : « Ce que tu as à faire, fais-le vite ». Il ne s’agit plus d’aller le dénoncer aux Romains, mais de... casser la gueule à un jeune scribe qui racontait les faits et gestes de Jésus ! Judas va le rosser, puis il brûle ses écrits, rédigés, ne riez pas, sur des feuilles de papier parfaitement normalisées, en caractères bien réguliers, comme sortant d’une imprimante de bureau. Rappelons que le papier est resté cantonné à la Chine et au Japon jusqu’au huitième siècle après la naissance présumée de Jésus...

Voyez ce film, mais pour son comique involontaire, et peut-être pour les paysages du nord saharien. Pas pour la vision de Jérusalem, réduite à quelques ruines ; encore moins pour le « message » de Jésus, tombé aux oubliettes.

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Jamais de la vie

Lundi 13 avril 2015

Réalisé par Pierre Jolivet

Sorti en Belgique (Festival international du film d’amour [sic] de Mons) le 21 février 2015

Sorti en France le 8 avril 2015

Naguère, Pierre Jolivet faisait des films de gauche, avec une préférence pour l’aspect social, évidemment. Aujourd’hui, avec les mêmes préoccupations, il change de style et tombe dans le lugubre et l’ennuyeux. Sans Olivier Gourmet, qui peut tout jouer avec crédibilité, on classerait le film parmi ceux pour lesquels il n’est pas strictement nécessaire de se déplacer !

Bref, à cinquante-deux ans et pour avoir trop joué les syndicalistes à portevoix, Franck, resté au chômage pendant dix ans, est devenu gardien de nuit dans un hypermarché de la banlieue parisienne. Il vit seul, bricole et s’ennuie. Alors, il s’emberlificote dans une histoire de pillage des distributeurs de billets de banque, et ça tourne mal, sans quoi il n’y aurait pas de film.

Le récit est surtout constitué de scènes n’ayant rien d’autre à signifier que le récurrent « Tout va mal partout », c’est très pessimiste, aucun personnage n’a la moindre chance de s’en sortir, ni le beau rôle. Et la scène la plus ridicule est celle dont le réalisateur et son interprète sont le plus fiers : lorsque Franck, seul, la nuit, pousse un hurlement baptisé ici « cri primal ».

Faut-il continuer à voir les films, simplement pour ce qu’ils ont l’intention de dire ?

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Jack

Mardi 14 avril 2015

Réalisé par Edward Berger

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 7 février 2014

Sorti en France le 8 avril 2015

Quel est donc l’imbécile qui a prétendu naguère sur France Inter que l’Allemagne ne nous envoyait jamais de bons films ? Oh pardon, je viens de dire du mal de Michel Ciment. Pourvu que Le masque et la plume, où il a sorti cette perle et dont il est l’un des piliers les plus respectés, ne l’apprenne jamais !

Ce Jack n’a rien à voir avec le roman d’Alphonse Daudet, c’est un petit Allemand malheureusement né d’une mère irresponsable, qui va d’un amant à l’autre (lui et son petit frère Manuel sont de deux pères différents), une jeune femme bête au point de ne pas fermer sa porte lorsqu’elle est en train de copuler avec un godelureau dans la chambre voisine, et qui trouve naturel, lorsqu’il les dérange parce qu’il a soif, de l’accompagner à la cuisine... toute nue. Jack fait tout à la maison, ménage, cuisine, et prend soin bien sûr de Manuel, puisque leur mère ne s’occupe pas d’eux. Hélas, un sale jour, Manuel s’ébouillante dans la salle de bains, et les services sociaux, estimant que Jack n’a pas assez surveillé son frère, le placent dans un foyer. Là, les choses se passent mal, car il se fait un ennemi, Danilo, qui le prend pour souffre-douleur. Si bien que, le jour où Danilo essaie de le noyer, il l’assomme avec une grosse branche et s’enfuit pour retourner, croit-il, chez sa mère. Or elle est absente, seul Manuel est là, laissé à l’abandon.

Les deux ou trois jours suivants, et alors que Jack a laissé à leur domicile plusieurs messages écrits, les deux garçons cherchent leur mère dans Berlin. Elle finit par revenir au domicile familial, pas étonnée du tout qu’on l’ait cherchée, et trouvant tout cela naturel. Mais Jack s’aperçoit qu’elle n’a même pas lu les messages qu’il lui avait laissés. Alors, au milieu de la nuit, les yeux enfin décillés, il réveille son frère et retourne avec lui au foyer d’où il s’était enfui : tout vaut mieux qu’une mère de ce calibre.

L’intérêt de ce récit ne baisse jamais, et l’interprète de Jack, constamment présent à l’écran, est parfait. On a beaucoup comparé ce film à ceux des frères Dardenne, et c’est justifié. Le réalisateur est un Suisse qui, après six films au cinéma, n’a fait ensuite que de la télévision à partir de 2001. Jack est son retour au cinéma.

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En équilibre

Mercredi 15 avril 2015

Réalisé par Denis Dercourt

Sorti en France le 15 avril 2015

Denis Dercourt était présent ce matin aux Halles, à la première projection de son film. Discours très sobre, conclu par un « Si vous n’aimez pas mon film, n’en parlez pas ! ».

Désolé, Denis, je vais en parler, d’abord pour regretter qu’il soit moins bon que ton précédent, Pour ton anniversaire, tourné en Allemangne et en allemand, et qui était une histoire de vengeance à retardement. Ici, cela commence plutôt bien, par une histoire sur les magouilles des assurances, qui usent de tous les procédés pour ne PAS indemniser leurs assurés, ou le moins possible. Un cascadeur, victime d’un accident professionnel, devenu paraplégique et n’ayant plus les moyens de gagner sa vie, est donc roulé par ces aigrefins, et l’agente qui s’occupait de lui prend son parti et se fait virer. Hélas, à mi-parcours, le film s’enlise dans une histoire d’amour invraisemblable, puis se termine par un formidable cliché : ayant vu que son ex-client infirme a surmonté son handicap et entamé une nouvelle carrière, elle-même, qui avait abandonné le piano huit ans plus tôt, se remet à l’étude et se montre capable de jouer en public une étude de Liszt réputée très difficile ! C’est parfaitement impossible, et l’on vérifie une fois de plus que Dercourt, hanté par la musique, n’est pas hanté par le souci de rédiger un scénario qui ne soit pas ridicule : souvenez-nous des invraisemblances de La tourneuse de pages !

Le film, de toute évidence, veut « porter un message » : réalisez vos rêves, en dépit de tous les obstacles. On ne peut pas vraiment crier à l’originalité, et le thème a été traité cent fois et en mieux. Mais les acteurs sont très bien, et Cécile de France, nous dit-on, s’est beaucoup entraînée pour sembler jouer réellement du piano. On aimerait simplement savoir quel pianiste l’a doublée pour le son, puisque, à l’image, elle joue toujours le même très court passage.

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Enfant 44

Jeudi 16 avril 2015

Réalisé par Daniel Espinosa

Titre original : Child 44

Sorti en France et en Belgique le 15 avril 2015

Lorsque j’ai lu ce livre, paru en 2009, j’ai immédiatement craint qu’on en fasse un film ! Mes craintes n’étaient vaines, on en a fait un film... Le roman est dû à un Britannique qui ne manque pas de talent, Tom Rob Smith, et qui en a écrit deux autres, Kolyma étant la suite, et Agent 6, je l’ignore puisque je ne l’ai pas lu. Mais, de toute évidence, l’intrigue était trop touffue pour pouvoir être portée à l’écran. Et donc, le film s’écrase de façon lamentable.

Leo Demidov ne s’appelle pas ainsi, il a reçu en 1933 ce nom d’emprunt, donné par un officier qui l’a trouvé, mourant de faim dans un bois : c’est l’une des victimes collatérales de la famine organisée par Staline (et sur un projet de Lénine, autre fossoyeur du peuple russe) afin de contraindre les paysans à quitter leur terre pour se reconvertir en prolétaires. Résultat : trois millions de morts ! Vingt ans plus tard, Leo est devenu un agent de la police secrète d’Union soviétique, malheureusement pour lui doté de sentiments humains. Or, enquêtant sur un enfant dont le cadavre gisait sur une voie ferrée, il se trouve contraint de déclarer officiellement que c’est un accident, alors que, de toute évidence, le gosse a été tué par un violeur. Mais, selon la doctrine décidée par Staline, le meurtre ne peut pas exister en URSS, qui était le paradis que vous savez !

On devine la suite : Leo ne se soumet pas, et fait l’enquête, en compagnie de sa femme Raïssa, enquête révélant que ce meurtre n’a pas été le seul, il en recense quarante-quatre, tous commis par le même détraqué (mais le véritable assassin dont le roman s’inspirait avait fait cinquante-deux victimes). La fin du film montre que, ayant bouclé l’affaire et envoyé l’assassin dans un monde sans doute meilleur que celui où sévit le régime des Soviets, Leo se voit offrir un poste de dirigeant à Moscou : il va pouvoir faire les enquêtes policières comme il l’entend.

Hélas, le film résultant de tout cela est un effroyable et interminable gloubi-boulga où l’on trouve, pêle-mêle, de la politique, un tueur en série, un sale traître qui veut se venger, des déportations, des dénonciations, des assassinats, des décors sinistres, un combat dans la boue, et une happy end à laquelle on croit difficilement (pauvre Charles Dance, qui joue là sa seule scène, très courte, où il promeut le héros). Comme le film parle anglais, Vincent Cassel, qui remplace Phillip Seymour Hoffman, décédé trop tôt pour se ridiculiser dans cette galère, joue dans cette langue mais avec l’accent russe, et Gary Oldman joue un général gentil.

Le film, tourné en République thèque, a coûté cinquante millions de dollars. Peu probable qu’il couvre ses frais, et que son réalisateur, suédois malgré son nom, fasse une grande carrière.

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Taxi Téhéran

Vendredi 17 avril 2015

Réalisé par Jafar Panahi

Titre original : Taxi

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 6 février 2014

Sorti en France le 15 avril 2015

La critique est ICI.

Une belle fin

Lundi 20 avril 2015

Réalisé par Uberto Pasolini

Titre original : Still life

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 6 février 2014

Sorti en France le 15 avril 2015

Employé depuis vingt-deux ans (il en a quarante-quatre) dans un service municipal proche de Londres qui a pour fonction de faire inhumer ou incinérer les défunts sans famille ni proches connus, John May se voit licencier : sa hiérarchie le trouve « trop lent », et elle estime qu’en organisant des enterrements plutôt que des crémations, il coûte trop cher à la collectivité. Lui-même sans amis et sans amour, comme ses « clients », il ne proteste pas, mais demande à régler le dernier cas dont il s’occupe.

Or ce mort de soixante-et-un ans, William Stoke, apparemment abandonné, ne semble pas très recommandable. Père au moins deux fois – de deux filles –, il ne s’est jamais occupé de ce qu’il laissait derrière lui, et a fait de la prison pour quelques délits, probablement des bagarres. Devenu clochard sur la fin, seuls se souviennent de lui quelques compagnons de cette vie-là, connus autrefois, lors de la guerre des Malouines qu’ils ont faite ensemble.

John va s’affairer à retrouver les lambeaux de sa famille, puis à lui organiser des funérailles plus que convenable : cercueil de luxe, achat d’une concession dans un charmant cimetière, et invitations à ceux qui se souviennent du mort, dont une poignée d’anciens militaires. Mais, ayant tout réglé, John est victime d’un accident mortel, et sera enterré le même jour que ce William Stoke, et dans le même cimetière, mais en fosse commune. Seuls viendront autour de sa tombe les fantômes de tous ceux dont il a été le seul à se soucier.

Pour une fois, les deux titres, l’anglais et le français, sont aussi pertinents l’un que l’autre. La belle fin est celle qu’auront connue le mort inconnu et le modeste employé, inhumés dans un beau cimetière et entourés de ceux qui les auront connus, et la vie tranquille est évidemment, à la fois, celle de l’employé paisible, et celle qu’ils auront dans l’autre monde – à supposer qu’il existe !

La réalisation, très pudique et parfaitement maîtrisée par son statisme même, illustre admirablement la solitude des personnes qui vieillissent seules et des employés modestes mais un peu maniaques, méprisés par leur hiérarchie.

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Les contes d’Hoffmann

Lundi 20 avril 2015

Réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : The tales of Hoffmann

Sorti aux États-Unis le 4 avril 1951

Sorti en France le 22 juin 1951

Ressorti en France le 1er avril 2015

Ne pas se fier à Orson Welles, qui, aussi menteur que langue de vipère, dit pis que pendre des deux cinéastes, surtout de Powell : il a détesté Colonel Blimp, leur chef-d’œuvre ! Il est vrai qu’il dit énormément de mal de tout le monde...

Hoffmann avait commencé la publication de ses contes en 1816, puis il a sorti une nouvelle série de 1819 à 1823 – donc certains sont posthumes –, et j’en ai lu quelques-uns. Ils relevaient du romantisme fantastique, avec un goût prononcé pour la satire et la caricature. Ils ont intéressé Jacques Offenbach, qui a voulu en faire un opéra, avec la complicité de son auteur Jules Barbier. Ce fut à la fois son œuvre ultime, en 1881, et son seul opéra (avec Les fées du Rhin, en 1864).

Porté à l’écran par le célèbre tandem connu sous le pseudonyme The Archers, le film n’a rien d’un opéra pour l’apparence, et n’a du reste pas été filmé sur une scène de théâtre, mais dans un immense studio insonorisé, avec des danseurs célébres dont seuls deux savaient chanter : le tournage a donc été réalisé en playback, ce qui, techniquement, et du fait que les réalisateurs n’avaient pas à se soucier des problèmes liés à la vitesse d’enregistrerment du son, a permis des trucages impossibles à faire autrement. Leur attention a donc pu se reporter sur les composants visuels essentiellement : décors, costumes, maquillages, chorégraphie, et interprétation très stylisée. Pour tout cela, on a sélectionné les meilleurs. La caméra est très mobile, le réalisme est laissé de côté, et l’on a clairement une féerie.

Il faut avouer que le film, qui dépasse les deux heures dans la version ressortie récemment, peut sembler assez ennuyeux si l’on n’est pas passionné par la musique. Et que, surtout, Offenbach a fait beaucoup mieux ! Mais enfin, c’est une curiosité historique.

En bref : reprise. À voir.Haut de la page

Bonté divine

Mardi 21 avril 2015

Réalisé par Vinko Bresan

Titre original : Svečenikova djeca

Sorti en Croatie le 3 janvier 2013

Sorti en France le 1er avril 2015

Rebaptisé ainsi pour ne pas « choquer » les bigots, le film s’intitule en fait « Les enfants du prêtre »... Tout se passe sur une petite île de Croatie, où un jeune prêtre catholique, estimant que la natalité du coin est faible, s’acocquine avec le pharmacien et le kiosquier de la localité pour saboter tous les préservatifs vendus sur place. Et parce que les naissances se multiplient alors, les touristes en mal de paternité affluent. Naturellement, les trois acolytes n’ont pas une seule minute songé qu’ils favorisaient la propagation du sida.

La pièce du coscénariste Mate Matisic a eu un gros succès, nous dit-on, dans son pays d’origine, bien que rédigée sur un ton plus sérieux. Le film est très correctement réalisé, bien interprété, il joue beaucoup sur la satire, le burlesque et la cocasserie, mais les deux auteurs ne peuvent s’empêcher de terminer sur un drame, et le récit se met à boiter. Du reste, il y a trop de tout, on peine à suivre, et le résultat en paraît trop long.

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Caprice

Mercredi 22 avril 2015

Réalisé par Emmanuel Mouret

Sorti en Belgique (Festival de Mons) le 27 février 2015

Sorti en France le 22 avril 2015

Dans la presse, il semble quasiment impossible de ne pas comparer Emmanuel Mouret à Marivaux, mais Marivaux ne faisait pas de cinéma. En revanche, Éric Rohmer, si ; et Mouret est très comparable à ce cinéaste, par son goût à produire par son talent des textes bien écrits – à une exception près, que je signale en fin de cet article –, et par la rigueur de sa mise en scène. En général, les critiques français n’aiment pas Mouret, qu’ils estiment mauvais interprète, parce qu’ils confondent l’acteur avec les personnages qu’il incarne, lesquels sont souvent timides et maladroits, comme ici. Et puis, autre bourde, la plupart des journaux parlent qu’un trio amoureux, oubliant le quatrième personnage, Thomas, le directeur de l’école et ami de Clément : on a donc bel et bien un quatuor. Mais laissons là ces sots.

Dès la première scène, les caractères sont définis : sur un banc public, Clément et son fils, qui a dix ans, lisent chacun leur livre. Mais Clément, se souvenant de ce que les enfants sont censés être, tente de détourner l’enfant de cette occupation, et lui propose un jeu ou une séance de cnéma. Mais le gosse ne veut rien de tout cela, il ne veut que lire. Cela m’a rappelé bien des choses... Bref, Clément aime le théâtre, y va souvent, tombe amoureux de son actrice préférée, Alicia, mais une fille, Caprice, qui voit les mêmes pièces, s’entiche de lui et le harponne, lui avouant qu’elle l’aime. Or, devenu l’amant de son actrice, Clément ne veut pas faire d’infidélité à celle-ci. Ce à quoi Caprice répond : « Ne sois pas égoïste, sois infidèle » (à l’autre, évidemment). Il est un peu dommage que cette phrase figure dans la bande-annonce, si bien que tout le monde l’a citée, or c’est la réplique qui résume toute l’histoire.

Les acteurs sont parfaits, et le public s’amuse sans honte.

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On regrette, dans un dialogue si bien écrit, une malencontreuse faute de grammaire, lorsque Caprice parle dans une lettre des « idées qu’elle s’est permise » de mettre sur le papier. L’accord du participe passé permis avec le sujet je n’a pas lieu d’être, c’est le fait d’écrire qui est permis, et pas l’auteur féminin de la lettre !

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Good kill

Vendredi 24 avril 2015

Réalisé par Andrew Niccol

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2014

Sorti en France le 22 avril 2015

Le titre est cette expression employée lorsqu’on tire sur une cible vivante et qu’on réussit à la tuer. Tout à fait approprié au film !

Andrew Niccol, également scénariste, fait assez peu de films, mais beaucoup marquent les mémoires : Bienvenue à Gattaca en 1997, Simone en 2002, Lord of war en 2005. Ici, le sujet est la guerre initiée par les États-Unis pour conduire, en Afghanistan, une guerre qui épargne leurs propres soldats : on tue donc les terroristes afghans par l’intermédiaire de drones – des avions sans aviateurs, pilotés à distance depuis une base militaire, située, dans le cas présent, près de Las Vegas : on a ainsi l’occasion de faire une comparaison entre le milieu factice et tape-à-l’œil de cette ville consacrée au jeu, et l’aspect factice de ce genre de guerre.

Disons tout de suite que l’artifice traditionnel du scénario, consistant à exposer les ennuis du personnage principal avec sa femme, frustrée de ne jamais le voir puisque son travail l’absorbe, est certes un peu agaçant puisque c’est un cliché incessamment ressassé dans TOUS les films, y compris en France, que cet artifice, donc, peut être tenu pour négligeable, car on ne s’y intéresse pas une seconde. En fait, tout tourne autour du personnage joué par Ethan Hawke, un acteur qui ne fait pas n’importe quoi, et qui est ici un aviateur ayant réellement combatu sur le terrain, mais qu’on a ensuite affecté à ce nouveau poste : tuer des terroristes qu’il ne voit que via des écrans d’ordinateur, et filmés, on le suppose, par satellite (un peu trop bien filmés, car enfin, cette caméra qui peut se fixer sur n’importe quel point en faisant les mouvements appropriés, presque comme dans un studio, pour donner davantage de détails depuis une altitude de trois mille mètres, c’est un peu dur à avaler, et on se croirait dans ce feuilleton idiot qu’était Alias). Bref, le major Tommy Egan, toute la journée, combat sans risque depuis son poste de surveillance, et reçoit des ordres directement par téléphone, depuis la CIA, qui décide de qui doit mourir. Et si des non-combattants civils, des femmes et des enfants sont tués parce qu’ils se trouvaient là, ce ne sont que des « dégâts collatéraux » tout à fait fortuits. Après tout, argüe la propagande officielle, les terroristes savent ce qu’ils font, et que des innocents se trouvent là, près d’eux et aussi exposés.

Egan finit par se soustraire à son « devoir », en prétendant que la communication téléphonique avec la CIA, momentanément, a été coupée ; mais comme tout est enregistré, son chef ne le croit pas et, en dépit de la sympathie qu’il a pour lui, il doit le sacquer. La dernière scène montre le héros partant à Reno pour rejoindre sa femme, qui entre-temps l’a quitté en embarquant leurs enfants. Mais auparavant, il se sera offert une satisfaction : tuer à distance un violeur compulsif qu’il avait repéré – scène qu’on voit venir dès le début.

Il est évident que ce film, dont l’esprit est à l’opposé de l’American sniper d’Eastwood (puisque, ici, on remet tout en question, par exemple via cette réplique d’un personnage féminin, qui demande si c’est ainsi qu’on obtient le Prix Nobel de la Paix), déplaît à beaucoup de Yankees, puisque leur nationalisme, chevillé au corps, les incite à croire qu’on protège New York en tuant des gens en Afghanistan – ce qui est, rappelons-le, la doctrine officielle depuis Bush, et qu’Obama n’a jamais modifiée. Mais la vérité dérange toujours ! Notamment celle-ci : que chaque fois qu’on élimine ainsi un ennemi, on en génère dix autres, et que cette guerre n’aura jamais de fin.

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Broadway therapy

Lundi 27 avril 2015

Réalisé par Peter Bogdanovich

Titre original : She’s funny that way

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 29 août 2014

Sorti en France le 22 avril 2015

Le retour des Titres À La Con, puisque l’original n’a rien à voir avec celui qu’on utilise en France, et qui signifie « elle est drôle comme ça ».

Arnold, metteur en scène de théâtre, marié, père de deux enfants, est à la fois romantique et amateur de prostituées, dont il loue les services au hasard de ses déplacements. Puis il leur offre une grosse somme pour qu’elles changent de métier. Ainsi, lorsqu’il rencontre Isabella, qui préfère se faire appeler Izzy, il trouve en elle l’interprète de la pièce qu’il met en scène, et où elle doit jouer... une prostituée.

On voit combien tout cela est crédible. L’histoire, très embrouillée, relève du genre Je-me-chatouille-pour-me-faire-rire – disons « loufoque », pour être aimable –, et le film reste très inférieur à l’un de ceux qu’il avait réalisé à ses débuts, What’s up, doc? L’ennui, c’est que son interprète principal n’a aucun charisme, et que l’on confond les personnages féminins. Jennifer Aniston, qui est méconnaissable, joue une psy de cinéma, c’est-à-dire plus folle que ses patients. Classique.

Notons que Bogdanovich, qui est surtout critique de cinéma, reprend Cybill Shepherd, l’interprète de son film le plus connu et le meilleur, The last picture show, dont il était à l’époque, en 1971, follement amoureux, très jolie mais qui n’a jamais passé pour une grande actrice.

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Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence

Mercredi 29 avril 2015

Réalisé par Roy Andersson

Titre original : En duva satt på en gren och funderade på tillvaron

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 2 septembre 2014

Sorti en France le 29 avril 2015

Après un moyen-métrage en 1969, Andersson a réalisé cinq longs-métrages, dont celui-ci. Tous, sauf le premier, en 1970, qui était une histoire d’amour entre deux très jeunes gens, et le deuxième, un drame trop long, sans but apparent et très laid, que je n’ai pas vu et qui a été très mal accueilli au point de compromettre sa carrière, sont empreints d’un pessimisme sarcastique dont il ne se départit plus depuis. Hélas, cette fois, son style ne parvient pas à nous arracher le moindre sourire, contrairement à ses deux précédents films, et il faut reconnaître que cette quarantaine de plans fixes, tous dans le même style visuel (décors lugubres, dialogues rares, comportements absurdes des personnages, éclairage plat, profondeur de champ totale), finit par engendrer ce qui ressemble bien à de l’ennui.

Tout au plus remarque-t-on que ses personnages sont, une fois de plus, des gens qui tentent de vendre quelque chose et n’y parviennent guère. Presque tout a été filmé en studio, le Studio 24, appartenant au réalisateur, à Stockholm.

L’absurde ne paie pas toujours, hélas.

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Le labyrinthe du silence

Jeudi 30 avril 2015

Réalisé par Giulio Ricciarelli

Titre original : Im Labyrinth des Schweigens

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 6 septembre 2014

Sorti en France le 29 avril 2015

On a tout compris dans les cinq premières minutes, car tout tient dans cette remarque pas très objective : jusqu’en 1945, tous les Allemands étaient nazis ; après, ils étaient tous contre Hitler. Et si l’on voulait chercher la petite bête, on mentionnerait que cette histoire, en partie vraie, a été fortement romancée, et que le jeune procureur du film est en fait un condensé d’un procureur général réel et de trois procureurs qui lui furent adjoints et se sont activés à rechercher les anciens nazis. Outre cela, non seulement le scénario contient des trucs pas très surprenants (le procureur découvre que son père, qui l’a élevé dans la recherche du bien, a été nazi !), ce personnage semble obsédé par un seul nazi, le sinistre docteur Josef Mengele, au point de délaisser la chasse aux autres criminels. En vain, d’ailleurs, puisque Mengele, d’abord réfugié en Argentine puis au Paraguay, ne fut jamais retrouvé, et finit par mourir au Brésil, d’une noyade accidentelle en 1979.

Je dois à la vérité de dire que, si le film est moins bidon que Das Leben der Anderen (en français, La vie des autres), autre film allemand sorti en 2006 et qu’on a couvert de fleurs alors que c’était une imposture (impossible de croire à cette histoire d’un ancien policier de la Stasi, en Allemagne de l’Est, qui « se repentait » et se mettait à protéger les suspects qu’on l’avait chargé de surveiller), il est également dénué de toute émotion, sauf durant la séquence où le procureur et son ami journaliste Thomas Gnielka, qui a existé, se rendent à Auschwitz. Difficile aussi de croire que TOUS les Allemands d’après-guerre n’avaient jamais entendu parler d’Auschwitz !

À ces détails près, le film est intéressant, bien joué, bien réalisé, et mérite son succès. Mais ne vient-il pas cinquante ans trop tard ?

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.