Œuvres : Chambord – Inséparables – Au nom de la terre – Alice et le maire – L’angle mort – Pour Sama – For Sama – Hors normes – XY Chelsea – Retour à Zombiland – Zombieland: double tap – Zombieland
Personnes citées : Laurent Charbonnier – Georges Pompidou – Valéry Giscard d’Estaing – Charles De Gaulle – Varante Soudjian – Nicolas Pariser – Patrick-Mario Bernard – Pierre Trividic – Waad al-Kateab – Edward Watts –Eric Toledano – Olivier Nakache – Tim Travers Hawkins – Chelsea Bradley Manning – Barack Obama – Julian Assange – Ruben Fleischer
Réalisé par Laurent Charbonnier
Sorti en France le 2 octobre 2019
L’affiche est parlante : le château est relégué à l’arrière-plan, très loin, et le premier plan est occupé par des animaux. Façon de nous rappeler que le film a été produit en partie par la Fédération des chasseurs, avec le concours de la région. Bref, c’est un documentaire publicitaire, ce qu’on peut trouver déplacé, et d’autant plus que le château lui-même est très peu montré. Ce que l’on voit ? En permanence, envahissant le film, des cerfs, des sangliers, et des tas d’oiseaux. Les rares êtres humains, représentés autrement qu’en dessins fixes ou animés, n’apparaissent que dans la séquence finale : touristes, et ouvriers travaillant à la réfection des lieux, très abîmés.
Et la politique ? On ne cite que Pompidou et Giscard, qui ont été chasseurs, mais pas un mot sur les autres présidents, même pas De Gaulle, jamais nommé ni montré. En revanche, on martèle constamment que les chasseurs contribuent à la protection de la nature et des animaux qui y vivent !
Bref, inutile d’aller voir ce film.
Réalisé par Varante Soudjian
Sorti en France le 4 septembre 2019
Troisième long métrage (il en a sorti deux cette année) de ce réalisateur quasiment inconnu, qui a fait surtout de la télévision.
C’est en réalité une comédie sur des ringards, avec des acteurs inconnus eux aussi. Rien n’y est vraisemblable, mais on s’amuse.
Soit dit en passant, j’étais le seul spectateur dans la salle. Il faut croire que ce réalisateur n’attire personne, et que son film ne fera pas une longue carrière, bien qu’il en soit à un mois d’exclusivité.
Réalisé par Édouard Bergeon
Sorti en France (à Marmande) le 4 juillet 2019
Pierre a vécu aux États-Unis, avant de regagner la France et l’exploitation familiale, entreprise d’élevage de moutons tenue alors par son père. Mais, avec les années, il s’est endetté, a tenté de se lancer dans un élevage d’agneaux, puis de poulets, avant qu’un incendie accidentel détruise ses installations. Il sombre dans la dépression, reste au lit toute la fournée, se met à fumer, puis est hospitalisé. Lorsqu’il est rendu à la vie normale, il meurt, sans doute d’un empoisonnement.
Le réalisateur rend un hommage à son père décédé en 1999, qui a été paysan lui aussi. Le film conclut en mentionnant qu’aujourd’hui, en France, un agriculteur se suicide chaque jour. On comprend pourquoi. Le film, qui est le premier long-métrage de fiction de son auteur, sans tenir aucun discours, se borne à montrer la réalité, cruelle et pitoyable.
Réalisé par Nicolas Pariser
Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2019
Sorti en France le 2 octobre 2019
Le film, très sage, permet d’observer les mœurs politiques au sein d’une grande et trop luxueuse mairie socialiste de province, Lyon. Alice, jeune femme qui a passé beaucoup de temps à faire des études, principalement de philosophie, est engagée au service du maire qui... n’a plus d’idées. Or elle a du mal à comprendre ce qu’on veut d’elle. Et, très vite, elle se fait beaucoup d’ennemis !
Mais le maire se satisfait de ce qu’elle produit, et vise plus haut, l’Élysée. Inutile de dire qu’il n’y arrivera pas, et il finit par démissionner de la politique.
Pénétrer par ce biais les arcanes de la politique, qui restent incompréhensibles, est intéressant, mais le film est davantage une curiosité qu’autre chose. Néanmoins, c’est très bien filmé. Un peu trop bien, car j’ai relevé un truc de scénariste : l’un des dialogues entre les deux personnages principaux se déroule avec, comme fond sonore, joué au piano, Le clair de Lune de Debussy. Or ce dialogue se termine exactement au moment où la musique change de thème, après la mesure 24. Difficile de croire à autre chose qu’un truc de scénariste !
Réalisé par Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic
Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2019
Sorti en France le 16 octobre 2019
Alors même qu’il est encore un bébé, Dominick disparaît aux yeux de sa mère : il est devenu invisible. Adulte, il a pris conscience de cet état, mais comme cela ne lui rapporte rien, et que tout tourne mal, il tente de le dissimuler. Et les autres invisibles ont tendance à se suicider. Finalement, le film ne raconte rien d’intéressant.
Réalisé par Waad al-Kateab et Edward Watts
Titre original : For Sama
Sorti aux États-Unis (Festival South by Southwest Film) le 11 mars 2019
Sorti en France le 9 octobre 2019
La coréalisatrice Waad al-Kateab, qui est journaliste et qui vivait dans la ville d’Alep, en Syrie, que Bachar El Assad avait entrepris de détruire car elle n’y comptait que des opposants, a refusé, de même que son mari médecin, de fuir. La naissance de leur premier enfant n’a rien modifié à cette résolution. Et Waad al-Kateab avait décidé de tout filmer, tantôt avec son téléphone mobile, tantôt avec un camescope (tout de même, plusieurs vues aériennes ont visiblement été faites avec un drone !).
Évidemment, les horreurs se multiplient avec la complicité très active des Russes. Il faut attendre la fin du film pour que les protagonistes acceptent de quitter la ville.
La vision de ce film est assez pénible, mais utile. Les enfants d’Alep n’ont jamais connu autre chose que la guerre, avec ses bombardements, et ses morts, souvent très proches d’eux.
Réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache
Sorti en France (Festival de Cannes) le 25 mai 2019
Sorti en France le 23 octobre 2019
Ce film très réussi, au contraire de ce qu’ont écrit de rares critiques professionnels qui n’aiment rien (Les Inrockuptibles et Les Cahiers du cinéma) et veulent y voir un désir d’instrumentaliser un handicap comme faire-valoir invisible d’acteurs surpuissants (sic) et de distribuer des câlins à tout le monde(re-sic), atteint au contraire pleinement son but : fustiger les pouvoirs publics, qui se désintéressent des autistes et de ceux qui sacrifient leur existence pour s’occuper d’eux. Tout cela est fort bien dit dans la tirade de Vincent Cassel, peu avant la fin, qui fait remarquer aux officiels que l’argent fait défaut, comme dans tous les ministères chargés de la Santé, et leur fait observer qu’ils feraient mieux de prendre eux-mêmes en charge les quarante jeunes gens déboussolés dont s’occupent lui-même et son copain joué par Réda Kateb. Car enfin, prendre en charge des autistes qui, à tout instant, remettent en question le peu qu’on a réussi à leur inculquer afin de leur éviter de tomber dans le pire, ce n’est pas une sinécure. Et le régime que les dirigeants français sont parvenus à imposer aux Français en se fichant de tout, et de ceux qu’ils ne voient jamais car ils ne veulent pas les voir, ce régime conduit à la faillite humanitaire. Là comme ailleurs, cette catastrophe, nous y allons tout droit...
Réalisé par Tim Travers Hawkins
Sorti en France (Festival de Cannes) le 25 mai 2019
Sorti en France le 30 octobre 2019
Sorti dans seulement onze villes françaises, dont deux salles à Paris, ce film, qu’il faut voir, a commencé modestement sa carrière ce matin à Paris, car nous n’étions que trois spectateurs dans la salle. Son titre ? C’est le pseudonyme utilisé sur Twitter par l’ex-soldat Bradley Manning, aujourd’hui rebaptisé Chelsea après son changement de sexe opéré en prison.
En effet, en 2010, sous la présidence d’Obama, Bradley Manning, soldat de vingt-deux ans basé au Moyen-Orient et analyste militaire, est jeté en prison pour avoir comuniqué à Wikileaks, réseau créé par Julian Assange – emprisonné aussi –, réseau destiné à faire connaître au monde entier les exactions du gouvernement des États-Unis, des milliers de documents, dont de nombreuses vidéos, qui montrent comment l’armée états-unienne tue ses ennemis en Irak et en Afghanistan, et comment son gouvernement espionne ses alliés. Ce Prix Nobel de la Paix par anticipation qu’est Obama attendra la fin de sa double présidence avant de gracier ce soldat, qui avait été condamné à... trente-cinq ans de prison pour avoir dit la vérité (et, officiellement, avoir mis en danger la vie de ses compatriotes).
Durant sa détention, Manning a changé de sexe, et il est libéré alors qu’il est devenu une femme militante. Mais, lorsque Assange est arrêté à Londres, l’administration de Trump renvoie Manning en prison !
Cela ne suffit sans doute pas, puisque l’ex-soldat est piégé et assiste en invité à une réunion de l’extrême-droite aux États-Unis. On a compris, ses ennuis ne finiront jamais.
Le film ne dure qu’une heure et demie, et il suffit à décrire le parcours d’un citoyen honnête et courageux, écrasé par l’administration d’un pays qui se vante d’être le champion de la liberté.
Réalisé par Ruben Fleischer
Titre original : Zombieland: double tap
Sorti à Taiwan le 9 octobre 2019
Sorti en France le 30 octobre 2019
Ce film reprend, dix ans plus tard, Zombieland, avec les mêmes vedettes et le même réalisateur. Or je n’ai pas vu ce premier film, donc je ne peux pas faire de comparaison. Mais les spectateurs qui se sont exprimés sur le sujet pensent que cette suite n’a pas grand intérêt !
Le principe est, à partir d’un genre – le film d’horreur –, d’en donner une version humoristique. Il est certain que cet humour est plutôt lourdingue, que les gags ne reculent devant rien, et que le scénario ne respecte rien, pas même la Maison-Blanche, mais le palais présidentiel en a vu d’autre, puisque dans 2012, cet édifice était écrasé par un porte-avions !
Cela dit, la recherche du chaos va loin, et le spectateur n’a pas le loisir de souffler. En prime, les zombies ont changé et plus difficiles à repousser, même s’ils sont toujours aussi repoussants !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.