JPM - Films vus - Notules -  Septembre 2015

Notules - Septembre 2015

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : La vanité – Les grandes ondes (à l’ouest) – La mouetteInsoumisCorboLa volante – The shining – No escapeScum – If... – Natür therapyMot naturenAu plus près du soleilLe tout nouveau testamentLes chansons que mes frères m’ont apprisesSongs my brothers taught meThe living – Whiplash – Le prodigePawn sacrificeMargueriteThe programPrémonitionsSolacePremiers crus – Requiem pour une tueuse – Le premier jour du reste de ta vie – Boomerang – Psychose – La vie en grandUn début prometteur

Personnes citées : Lionel Baier – Anton Tchékov – Christophe Ali – Nicolas Bonilauri – Nathalie Baye   Malik Zidi – Alfred Hitchcock – John Erick Dowdle – Léo Grasset – Alan Clarke – Lindsay Anderson – Ole Giæver – Yves Angelo – Zacharie Chasseriaud – Jaco van Dormael – Yolande Moreau – Benoît Poelvoorde – Catherine Deneuve – Chloé Zhao – Jack Bryan – Edward Zwick – Robert James Fischer – Boris Spassky – Tobey Maguire – Xavier Giannoli – Stephen Frears – Lance Armstrong – Guillaume Canet – David Walsh – Floyd Landis – Afonso Poyart – Colin Farell – Jérôme Le Maire – Jérôme le Gris – Rémi Bezançon – François Favrat – Mélanie Laurent – Mathieu Vadepied – Emma Luchini – Fabrice Luchini – Zacharie Chasseriaud – Martin Scorsese – Leonardo DiCaprio.

La vanité

Mercredi 2 septembre 2015

Réalisé par Lionel Baier

Sorti en France (Festival de Cannes) le 8 mai 2015

Sorti en France le 2 septembre 2015

J’aime beaucoup les films de Lionel Baier, esprit original et qui traite de sujet auxquels ses confrères ne pensent jamais. Le précédent était Les grandes ondes (à l’ouest), qui a eu en France un joli succès.

Ici, le thème n’est pas d’une folle drôlerie : David Miller est un architecte sexagénaire qui, atteint d’un cancer et n’ayant pas adressé la parole à son fils depuis des années, a décidé d’utiliser la loi suisse – nous sommes à Lausanne – pour se faire euthanasier par la déléguée, du moins le croit-il, d’une association spécialisée. Or la loi exige qu’un témoin soit présent, et comme il a choisi de sauter le pas dans un motel de banlieue, lui et son accompagnatrice ne trouvent, dans la chambre voisine, qu’un jeune prostitué russe, Tréplev (prénom qui vient de La mouette, pièce de Tchékov), qui exerce ici son art. Mais enfin, tout ne se passera pas comme prévu, et chacun des trois personnages va découvrir chez les deux autres une humanité qu’il ne s’attendait pas à trouver dans ce lieu et ces circonstances.

Ce n’est PAS une comédie, comme ont écrit sottement quelques critiques, certains moments sont assez émouvants, et quelques-uns sont fantasmés. Ce qui compte, c’est que l’auteur du film est en constant renouvellement, et que son film, plutôt court, captive d’un bout à l’autre.

Signalons que le titre ne se réfère pas à un défaut moral, mais à un tableau montrant en trompe-l’œil une déformation optique utilisée autrefois par certains peintres.

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Insoumis

Mercredi 2 septembre 2015

Réalisé par Mathieu Denis

Titre original : Corbo

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 4 septembre 2014

Sorti en France (avant-première à Bobigny) le 25 août 2015

Sorti en France le 2 septembre 2015

Vu le 29 juillet. La critique est ICI.

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La volante

Jeudi 3 septembre 2015

Réalisé par Christophe Ali et Nicolas Bonilauri

Sorti en France le 2 septembre 2015

Elle a du talent et n’est pas sotte, Nathalie Baye. Comment alors n’a-t-elle pas compris, à la lecture du scénario, que cette histoire de vengeance était à la fois banale, cent fois rabâchée, mais surtout truffée d’invraisemblances psychologiques ?

Le fils de Marie-France a été tué accidentellement dans un accident de voiture. Neuf ans plus tard (!), elle entend se venger de cet homme, Thomas, en lui prenant son fils Léo, né juste après l’accident. Elle se fait engager comme sa secrétaire et envahit son existence, jusqu’à donner des conseils musicaux à son fils qui apprend la clarinette, à veiller sur son habillement, et à... séduire son père, qu’elle finit par épouser ! Mais, à ce stade, le spectateur a déjà décroché.

La fin est grotesque : Marie-France tue successivement l’ex-femme de Thomas, puis son père, et cela se termine par un échange de coups de couteau entre elle et l’homme qu’elle hait. Elle le tue, et, malgré sa propre blessure, oblige Léo à monter en voiture en sa compagnie, s’enfuit en conduisant à tombeau ouvert, et a enfin un accident qui referme la boucle. Dire que certains, dont l’acteur principal Malik Zidi, ont comparé le film à ceux d’Hitchcock ! Et les deux réalisateurs ont collé, dans l’appartement de Thomas, un papier peint reproduisant la moquette de l’hôtel dans The shining... Mais qui, dans le public, s’en aperçoit ?

Seule l’interprétation des deux acteurs principaux sauve un peu le film du naufrage.

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No escape

Vendredi 4 septembre 2015

Réalisé par John Erick Dowdle

Sorti au Canada, aux Philippines et aux États-Unis le 26 août 2015

Sorti en France le 2 septembre 2015

Jack travaille pour une compagnie états-unienne spécialisée dans le traitement des eaux, et sa firme lui attribue un poste en Asie (le film a été tourné en Thaïlande, mais le pays n’est jamais nommé ; en fait, on prétend qu’il est limitrophe du Vietnam... ce que la Thaïlande n’est pas ! Le Vietnam ne voisine qu’avec le Cambodge, le Laos et la Chine). Jack part avec sa femme et ses filles, inconscient que son employeur utilise le même procédé que naguère les banques employaient avec le système des surprimes : prêter de l’argent à des malheureux qui, ne pouvant plus rembourser, se faisaient alors saisir leurs biens. Les bonnes vieilles méthodes, pourquoi ne pas les réutiliser ?

Si bien qu’à peine débarqué, la famille expatriée tombe en pleine révolte populaire, et que, puisque la photo de Jack a été publiée, il est l’une des cibles des révoltés, résolus à lui faire la peau.

Le film est très animé, comporte des séquences spectaculaires très bien réalisées, et les multiples coups de feux qu’on y entend, pour une fois, sont tels que dans la réalité – détail qui ne se produit jamais au cinéma, où les détonations sont généralement étouffées.

Détail extra-cinématographique : le tournage s’est fait pour une bonne part à Chiang Mai, grande ville au nord du pays, où réside un jeune scientifique, Léo Grasset, pour lequel j’ai beaucoup de considération.

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Scum

Lundi 7 septembre 2015

Réalisé par Alan Clarke

Sorti au Canada (Festival de Toronto) 12 septembre 1979

Sorti en France le 19 mars 1980

Était-il bien nécessaire de ressortir ce film de 1979 sur les centres de détention britanniques pour mineurs – ils ont depuis été supprimés –, film qui fut d’abord un téléfilm non diffusé, avant d’être refait pour atténuer un peu la violence qu’il montre ? Nous n’étions que trois spectateurs dans la plus grande salle du MK2 Beaucourg, et le film ne vaut pas plus, car il accumule les clichés déjà vus cent fois ailleurs (violence entre jeunes détenus, dûreté des surveillants et des dirigeants, punitions tombant sous n’importe quel prétexte, jusqu’à ce viol du plus faible par trois de ses compagnons, vu mais pas dénoncé par l’un des surveillants : on devine d’avance que la victime va se suicider, et cela survient en effet. Il ne manque à ce catalogue que la traditionnelle scène de douche !)

Nous sommes très loin de ce chef-d’œuvre qu’était If..., de Lindsay Anderson, qui explorait bien davantage de thèmes, avec beaucoup plus d’imagination, et culminait dans une séquence de révolte à la limite du fantastique.

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Natür therapy

Jeudi 10 septembre 2015

Réalisé par Ole Giæver

Titre original : Mot naturen

Sorti au Canada (Festival de Toronto) 9 septembre 2014

Sorti en France le 9 septembre 2015

D’où sort ce titre ridicule, un nom en allemand suivi d’un nom en anglais, alors que le film est norvégien ? Les distributeurs français feraient mieux d’imiter leurs confrères belges, qui conservent le titre d’origine, ou québécois, qui traduisent tout en français.

Cela étant, et en sus d’une affiche racoleuse, le film n’a pas le moindre intérêt : Martin, joué par le réalisateur, s’ennuie avec sa femme et son enfant, et passe son week-end en une morne randonnée, où, en commentaire off incessant, il évoque son père avec lequel il n’a aucun rapport depuis des lustres ; se masturbe derrière un arbre et se fait surprendre par un chasseur, qui se retire pour ne pas le déranger ; et a un début d’aventure avec une fille qui se jette dans ses bras, mais qu’il ne parvient pas à satisfaire, si bien... qu’il se re-masturbe sur une vidéo logée dans son téléphone mobile.

On s’ennuie, et ce n’est pas peu dire, en écoutant toutes ces platitudes. D’autant plus que les paysages, que certains ont trouvé splendides, sont d’une grande banalité.

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Au plus près du soleil

Vendredi 11 septembre 2015

Réalisé par Yves Angelo

Sorti en France le 9 septembre 2015

Réalisé par un ancien directeur de la photo, également co-scénariste, c’est l’histoire très tordue d’une vengeance qui tourne mal, car tout le monde, à la fin, est victime, y compris celle qui s’est vengée – sauf le jeune homme qui a été à la fois le déclencheur involontaire et l’enjeu de ladite vengeance.

Sophie, juge d’instruction, instruit une affaire d’abus de faiblesse : Juliette aurait dépouillé son amant, dont la famille a porté plainte. Or Juliette a mis au monde un garçon quand elle avait quatorze ans, elle l’a abandonné, et il a été... adopté par Juliette et son mari Olivier, un avocat, sans que les détails de ses origines leur soient connus. Sophie, très peu impartiale, éprouve pour Juliette une telle antipathie qu’elle l’envoie en prison, mais Olivier, qui a confronté les dates de naissance, comprend que leur fils Léo est le fils de Juliette ! Normalement, comme son mari le lui conseille, Sophie devrait se dessaisir de l’affaire, mais elle n’en fait rien. Tension entre les époux. Et lorsque Juliette, vite sortie de prison, est libérée, Olivier s’efforce de lui venir en aide, mais uniquement sur le plan financier. Or Juliette veut se venger de Sophie, et cette vengeance va consister à coucher avec le fils de Sophie, sans savoir qu’il s’agit de son propre fils ! L’inceste est rare, dans le cinéma français, et, à vrai dire, coucher avec le fils d’une femme qu’on déteste, il y a des vengeances plus cruelles.

L’épilogue montre que tout le monde a menti, puis perdu. Sophie fait des excuses, et Juliette s’en va. Seul Léo, parfaitement innocent, va continuer d’ignorer tout.

Cette histoire est sarcastique, mais artificielle, et on a peine à croire à certaines scènes. Mais surtout, ce qui cloche, c’est la réalisation, qui est désastreuse : toute en gros plans si rapprochés que les visages ne tiennent pas dans le cadre, elle fait zigzaguer la caméra sans aucune nécessité, comme le veut la mode, or c’est vite fatigant et contre-productif. Et puis, lorsqu’on voit Juliette et Léo danser ensemble – et interminablement – avant que la fille emmène le garçon dans sa propre chambre, il n’y a aucune surprise : on sentait venir cette scène depuis un quart d’heure...

Les quatre acteurs sont parfaits. Mais, alors que le personnage de Léo est au centre de l’action, pourquoi donne-t-on si peu à faire à son interprète Zacharie Chasseriaud, jeune acteur très beau et talentueux, qu’on voit à peine et dont la bande annonce ne mentionne même pas le nom ? Le film est déséquilibré.

Un détail : il n’y a eu aucune musique composée pour le film. En fait, on ne le remarque pas !

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Le tout nouveau testament

Lundi 14 septembre 2015

Réalisé par Jaco van Dormael

Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2015

Sorti en France le 2 septembre 2015

Ce film dans lequel le nom de Dieu rime avec odieux a subi un déluge de critiques négatives, pas toutes imméritées il faut bien le dire : trop long, pas drôle, décors sinistres, acteurs mauvais (la petite fille) ou sous-employés (cette pauvre Yolande Moreau, mille fois meilleure dans ses autres films), péripéties boiteuses, abus des trucages numériques, tout y est.

Pourtant, cela aurait pu être drôle, et je me suis souvent amusé, tant que Poelvoorde était à l’écran. Mais c’est le genre de film qui devrait être terminé avec des ciseaux : en coupant ce qui est en trop, par exemple tout ce qui concerne Catherine Deneuve qui se met en ménage avec un gorille, car c’est stupide et n’a aucun rapport avec les lubies de la religion chrétienne. Seul le dialogue satirique fait parfois sourire, et Benoît Poelvoorde est parfait là-dedans.

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Les chansons que mes frères m’ont apprises

Mardi 15 septembre 2015

Réalisé par Chloé Zhao

Titre original : Songs my brothers taught me

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 27 janvier 2015

Sorti en France le 2 septembre 2015

Avant même d’avoir cherché plus loin, on devine que ce film a été sélectionné pour le festival de Sundance, tant il est politiquement correct, c’est-à-dire ennuyeux !

Johnny Winters est un jeune Indien qui vit avec sa famille dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud – un endroit où tous les habitants sont parents. Il a donc une petite sœur de treize ans et un ou deux demi-frères, dont un est en prison. Le père vient de mourir, la mère passe son temps à l’église, et Johnny, qui a terminé ses études au lycée, veut quitter le bled en compagnie de sa petite amie, à bord de sa camionnette, pour aller à Los Angeles. Mais il ne le fera pas. D’abord, parce que des voyous, auxquels il faisait concurrence en vendant de l’alcool, brûlent son véhicule, ensuite parce que ce départ l’obligerait à quitter sa petite sœur, à laquelle il est très attaché : comment quitter le seul endroit qu’on connaisse ? Donc il reste et se fait embaucher dans un garage, où travaille déjà un de ses demi-frères. Fin du film.

Tout cela est assez triste et désenchanté, et il n’y a ni action, ni décor sur quoi poser les yeux, tant la région est morne.

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The living

Mardi 15 septembre 2015

Réalisé par Jack Bryan

Sorti aux États-Unis le 26 juin 2014

Pas sorti en France

The living

Ce film sans fioritures, au scénario épuré, n’est pas sorti en France, on se demande pourquoi.

Ayant trop bu, Teddy a battu sa femme Molly, qui s’est réfugiée chez sa mère Angela. Celle-ci lui interdit de retourner auprès de son mari, pourtant repentant. Molly, qui aime toujours Teddy, se laisserait bien attendrir, mais son frère Gordon, trop lâche pour tuer son beau-frère, paye Howard, un tueur, pour faire le travail à sa place. Howard tue Teddy, mais Molly s’interpose, et il la tue aussi. Le lendemain, Gordon va tuer Howard, et l’existence continue.

Les acteurs, presque inconnus – sauf l’interprète d’Howard, qui jouait dans Whiplash – et pas très attrayants, sont bons, et la réalisation, œuvre de l’auteur du scénario, un trentenaire qui en est à son deuxième film, est parfaite. Le film dure moins d’une heure et demie.

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Le prodige

Jeudi 17 septembre 2015

Réalisé par Edward Zwick

Titre original : Pawn sacrifice

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2014

Sorti en France le 16 septembre 2015

Le titre original désigne le sacrifice d’un pion, pièce a priori mineure, par un joueur d’échecs, qui tente ainsi d’améliorer sa position. Ici, il s’agit de Robert James Fischer, dit « Bobby Fischer », un fou génial, qui toute sa vie ne s’intéressa qu’aux échecs, se montrait paranoïaque et prodigieusement maniaque, haïssait les communistes et les Juifs (alors qu’il était d’origine juive !) et tenait à battre les joueurs russes, dont Boris Spassky, à une époque, celle de la Guerre Froide, où méfiance et haines réciproques attisaient les tensions entre les États-Unis et la défunte URSS.

Le film met mal à l’aise, car le seul personnage est Fischer lui-même, alors que les autres sont assez délaissés par le scénario. Spassky, en particulier, fait à peine de la figuration, alors que cet homme était beaucoup plus intéressant. Mais Tobey Maguire, la vedette du film et l’un des producteurs, et qui a sans doute voulu se débarrasser du personnage de Spider-Man – qu’il a joué trois fois – en donnant dans le sérieux, ne quitte jamais l’écran, et l’on finit par se lasser de ne voir que ses folies obsessionnelles. Il est vrai que filmer la vie d’un fou n’est jamais simple.

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Marguerite

Vendredi 18 septembre 2015

Réalisé par Xavier Giannoli

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2015

Sorti en France le 16 septembre 2015

La critique de cet excellent film est ICI.

The program

Lundi 21 septembre 2015

Réalisé par Stephen Frears

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 13 septembre 2015

Sorti en France le 16 septembre 2015

L’histoire d’un bon coureur cycliste que l’ambition de gagner a transformé en pur salaud. Tombé entre les mains d’un médecin italien pas trop scrupuleux (curieusement joué par Guillaume Canet), Lance Armstrong finit par accepter les pires méthodes, se transforme en dictateur et en maître-chanteur, nie toutes les accusations pourtant fondées, mais tombe de son piédestal à la fin, doit tout avouer, et perdre le titre de gagnant des sept Tours de France qu’il a remportés en trichant.

Ainsi, pour empêcher la publication du livre que le journaliste irlandais David Walsh a écrit contre lui, il fait publier sous son nom un autre livre, mais chez le même éditeur que son adversaire : du coup, il peut argüer du conflit d’intérêt. Autre épisode : il avait fait engager dans son équipe un jeune coureur débutant et doué, Floyd Landis, qui ne tarda pas à découvrir que son patron, qui vivait comme un nabab alors que ses camarades étaient traités en soutiers, revendait leurs vélos pour avoir l’argent nécessaire à l’achat de ses drogues ! Écœuré, Landis se plaignit à leur manager, qui lui montra la porte. Hélas, Landis, ayant gagné un Tour de France, est « contrôlé positif » et se retrouve au chômage, mais, lorsqu’il demande à Armstrong de le réengager, celui-ci lui rétorque que, s’était fait prendre, il est désormais grillé – alors que lui, Armstrong, n’a jamais été pris sur le fait.

Pourtant, l’enquête que Walsh menait sur lui, malgré les procès que le champion lui intentait ainsi qu’à son journal, le « Sunday Times », finit par payer, et une ancienne kinésithérapeute de l’équipe témoigne contre Armstrong. Du coup, les langues se délient, la justice réagit enfin, traduit le coureur devant une commission ad hoc, et il doit tout avouer à la télévision. Il perd tous ses titres.

Le film est tiré du livre de Walsh, et Stephen Frears le réalise avec sa maîtrise habituelle. Même si on n’aime pas le sport, le récit, qui dépasse ce cadre, est passionnant.

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Prémonitions

Mardi 22 septembre 2015

Réalisé par Afonso Poyart

Titre original : Solace

Sorti en Turquie le 24 avril 2015

Sorti en France le 9 septembre 2015

Le titre français ne décrit pas le film, puisque une prémonition (qui n’existe pas plus que le destin, autre lubie uniquement littéraire) désigne la connaissance préalable et irrationnelle d’un évènement de l’avenir. Or le titre d’origine signifie « Réconfort ». En effet, l’idée paradoxale du scénario est que le tueur en série que le FBI recherche est un assassin gentil : il ne tue – en douceur – que des personnes gravement malades, promises à une mort naturelle horrible qu’il pressent car il est médium, et il leur épargne donc quelques semaines ou quelques mois de calvaire. Mieux : il rend parfois service à leur famille ! Ainsi, cet inspecteur qui enquête sur lui est atteint d’un cancer qui le tuera dans une dizaine de semaines, et si on le laisse mourir de mort naturelle, sa famille ne touchera aucune indemnité ; mais, mort en service, cet accident de travail permet d’indemniser sa veuve et de permettre à son fils de faire des études ! Un raisonnement qu’il est difficile de contrer, en théorie.

Hélas, ce thème quasiment philosophique est gâché par une réalisation tapageuse, truffée de plans rapides dans le style clip, aggravée par une abondance de gros plans pris à la caméra portée, pour céder à la mode, et alourdie par une poursuite de voitures totalement hors sujet. Mais les quatre acteurs sont bons, y compris Colin Farell, qui joue le tueur et n’arrive que très tardivement.

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Premiers crus

Jeudi 24 septembre 2015

Réalisé par Jérôme Le Maire

Sorti en Turquie le 24 avril 2015

Sorti en France le 23 septembre 2015

Deuxième film de ce réalisateur, qui avait tourné le premier, Requiem pour une tueuse, en 2011, sous le nom de Jérôme Le Gris. Et ce film, quoique produit par Télé Poubelle, semble avoir été conçu pour être diffusé le samedi soir par France 3, dans le cadre de ses soirées consacrées à la province. Je confesse n’être allé le voir que pour les acteurs, ce qui m’arrive rarement, mais pas pour le thème, car le vin ne m’intéresse en rien.

Il faut avouer que, plus on avance dans l’histoire, moins on s’y intéresse, tant elle est bourrée de clichés, opposant Paris à la province, la France aux États-Unis, la France aux Japonais, le bourgogne au bordeaux, les nouvelles méthodes aux traditions, les jeunes aux vieux, et ainsi de suite. À aucun moment, le scénario ne parvient à nous surprendre, et seule la photographie, contrairement à la musique banale, parvient à retenir un peu l’attention.

Et puis, cette incohérence majeure du jeune voulant rénover l’entreprise familiale en la modernisant, et qui, admirons l’innovation, décide de stocker le vin dans... des amphores, et de fouler le raisin avec les pieds, comme il y a un siècle et plus. Tout cela est passablement stupide.

Un détail : l’un des trois trois coscénaristes est Rémi Bezançon, qui avait réalisé Le premier jour du reste de ta vie, très réussi. Un grand bond en arrière !

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Boomerang

Vendredi 25 septembre 2015

Réalisé par François Favrat

Sorti en France (Festival du film francophone d’Angoulême) le 26 août 2015

Sorti en France le 23 septembre 2015

Un quadragénaire, dont la mère est morte noyée trente ans plus tôt sur le passage reliant au continent l’île de Noirmoutier (peu réaliste, cette île est reliée au continent par un pont... depuis 1971 !), découvre que ladite mère avait eu une liaison homosexuelle, et que sa propre grand-mère paternelle, qu’il vénérait, a indirectement provoqué l’accident. C’est donc un de ces drames familiaux que le cinéma français affectionne, et que le film raconte sans trop se presser.

Le scénario adapte un livre d’une romancière à succès, les acteurs sont bons même si la pauvre Mélanie Laurent joue une vraie panouille – un rôle très secondaire, dans le jargon du métier. Mais le réalisateur a grand tort de prétendre s’inspirer d’Hitchcock et de Psychose, comparaison aussi prétentieuse que saugrenue, car il n’y a rien d’hitchcockien dans cette histoire. Mais la plupart des cinéastes, qui devraient se contenter de filmer, ont la manie de parler trop.

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La vie en grand

Mardi 29 septembre 2015

Réalisé par Mathieu Vadepied

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2015

Sorti en France le 16 septembre 2015

On a couvert ce film de fleurs, sous prétexte que l’enfant qui a le rôle principal est bon. On oublie que ce genre de rôle est très facile à jouer quand on a l’âge du personnage, ce qu’on peut vérifier dans la plupart des films comportant des collégiens ou des lycéens, joués par des acteurs qui sont eux-mêmes lycéens ou collégiens. Et le public se laisse si aisément duper...

Scénario banal, mille fois vu (cité de banlieue, lycéens qui vendent de la drogue,parents séparés, difficultés scolaires, petits ou gros trafics impossibles à réprimer), à ce détail près, vraiment grotesque, que l’énorme quantité de haschich, une bonne dizaine de kilos, fournie en une seule fois à un tandem de simples collégiens chargés de la revendre, et les sommes faramineuses qu’ils en retirent, rendent ce trafic ridiculement invraisemblable.

Bref, on a voulu bien faire, mais les bonnes intentions ne suffisent pas, et le film, qui ne ménage aucune surprise, devient rapidement assez ennuyeux.

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Un début prometteur

Mercredi 30 septembre 2015

Réalisé par Emma Luchini

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2015

Sorti en France le 30 septembre 2015

Le film ne déçoit pas, et ne met pas en avant Fabrice Luchini, qui est le père de la réalisatrice. C’est, fort bien conçue même si la deuxième partie de l’histoire s’essoufle un peu, l’histoire de deux frères très différents, et qui vont aimer la même femme. Martin a trente-cinq ans, il est amer, pessimiste, ne croit plus à rien et cite sans arrêt des auteurs qui confortent son peu d’intérêt pour la vie. Gabriel a seize ans, il déborde d’optimisme, et tombe amoureux, au premier regard, d’une fille en âge d’être sa mère – qu’il n’a jamais connue car elle est morte en le mettant au monde.

On devine assez vite que la fille va aimer les deux garçons, mais qu’elle ne va pas rester. En effet, elle part à l’avant-dernière scène, mais, au petit matin, Gabriel croise le regard d’une autre fille, et part en souriant : on comprend qu’il vient de croiser le deuxième grand amour de sa vie !

Il est faux, comme le prétend la publicité, que Martin « va tenter de dégoûter de l’amour », son jeune frère, car il ne fait rien de tel. Mission impossible, à vrai dire, tant Gabriel est confiant et positif. Le personnage est joué par Zacharie Chasseriaud, qu’on voit pour la première fois avec les cheveux courts, et qui illumine le film par sa présence constante. La réalisatrice a compris que tout tournait autour de lui. On espère que ce jeune acteur, qui avait dix-neuf ans au moment du tournage, ne tombera jamais entre les mains d’un mauvais réalisateur, qui le détruira comme Scorsese a détruit DiCaprio.

 

*

 

Rions avec les sottises de la pub : le site Allociné, qui bourre ses articles avec des potins généralement recopiés sur ceux d’Internet Movie Database, écrit ceci sur Zacharie Chasseriaud : « La découverte de Zacharie Chasseriaud : un acteur encore peu connu du grand public même s’il compte déjà dix longs-métrages à son actif. [...] Un début prometteur est donc un titre de film qui correspond bien à Zacharie Chasseriaud ». Ben voyons ! Il joue depuis dix ans, quand il avait neuf ans, et il a trente-deux films et téléfilms à son actif. On connaît des débutants qui, « découverts » depuis moins longtemps, ne promettent pas autant.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés

Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.