Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : La folle histoire de Max et de Léon – Tamara – L’odyssée – Le client – Forushande – Snowden – Citizenfour – La sociale – Les animaux fantastiques – Fantastic beasts and where to find them – Black death – Premier contact – Arrival – Le petit locataire – Les têtes de l’emploi – Bienvenue chez les Ch’tis – Sully – American sniper
Personnes citées : Jonathan Barré – Vincent Bolloré – Pierre Carlet de Marivaux – Georges Feydeau – Alexandre Castagnetti – Steven Spielberg – Peter Jackson – Hergé – Rayane Bensetti – Jérôme Salle – Jacques-Yves Cousteau – Philippe Cousteau – Asghar Farhadi – Shahab Hosseini – Taraneh Alidoosti Oliver Stone – Edward Snowden – Laura Poitras – Joseph Gordon-Levitt – Gilles Perret – Denis Villeneuve – Nadège Loiseau – Alexandre Charlot – Franck Magnier – Clint Eastwood
Réalisé par Jonathan Barré
Sorti en France (Festival d’Festival du Film Francophone d’Angoulêmede Cannes) le 27 août
Sorti en France le 1er novembre 2016
Ce film, qui n’a été vu qu’en France et aujourd’hui en Suisse (pays où, apparemment, la fête de la Toussaint n’a pas servi à avancer d’un jour la sortie nationale des films), est dû à un tandem de rigolos de la télévision – celle de Bolloré – et d’Internet, comme on en trouve de plus en plus. Ceux-là sont parmi les pires, puisque tout se résume à des blagues sexistes et à des distributions de baffes mêlées à des scènes de chutes lourdingues. En comparaison, tous les groupes de comiques les ayant précédés et qu’ils citent en référence semblent des émules de Marivaux et de Feydeau.
C’est lassant de bêtise, il n’y a rien à en dire, et la présence de leurs copains de la télé n’arrange rien.
Réalisé par Alexandre Castagnetti
Sorti en France (Festival du Film Francophone d’Angoulême) 25 août 2016
Sorti en France le 26 octobre 2016
Les films adaptés d’une bande dessinée sont rarement réussis, sauf celui de Spielberg et Jackson d’après Hergé. Le plus souvent, ils oscillent entre la niaiserie et la démagogie. Celui-ci ne déroge pas à cette règle : à quinze ans, Tamara est une lycéenne obèse, et son visage passable ne parvient pas à la rendre séduisante aux yeux des garçons. Lassée par ses échecs, elle lance un défi à sa seule copine : le premier garçon qui entrera dans la classe sera pour la copine, et le second, pour elle ! Pas de chance, la copine tombe sur un homosexuel, et la voilà vouée aux séances de cinéma, seule distraction de l’élu, alors que le second, Diego, est le plus beau garçon du lycée, partout convoité.
Ce point de départ ne pouvait être traité que si Diego finissait par tomber amoureux de Tamara, ce qui arrrive en effet. L’ennui c’est que ce thème irréaliste a été utilisé maintes fois au cinéma, et que le film n’apporte rien de neuf. On se contente de plaquer là-dessus quelques péripéties annexes, à base de malentendus successifs. Le thème du harcèlement par Internet, qui fait l’actualité en ce mois de novembre, est à peine effleuré.
L’interprète féminine, une débutante, se révèle assez bonne actrice. Le garçon, Rayane Bensetti, est attrayant, et a joué dans plusieurs films et téléfilms mineurs. Pas certain pourtant qu’il atteigne la gloire avec ce rôle trop formaté.
Réalisé par Jérôme Salle
Sorti en France (Festival du Film Francophone d’Angoulême) 23 août 2016
Sorti en France le 12 octobre 2016
Film ennuyeux et vide, mais qui ne dévoile que très peu des côtés antipathiques du personnage de Jacques-Yves Cousteau, trop longtemps « personnage préféré des Français » (sic). On se contente de rapporter qu’il trompait sa femme, laquelle ne quittait jamais le bateau qu’elle avait élu comme domicile permanent. Quand lui, au contraire, parcourait le monde pour trouver de l’argent, tout en se mettant constamment en avant, et alors que son cynisme à l’égard de la faune marine dépassait de beaucoup ce que le film montre. Quant à sa cruauté envers les animaux et la pollution des mers dont il se rendait coupable, elle est réduite à une courte scène où l’on voit son cuisinier jeter à la mer ce qui a servi à préparer les repas, épluchures de légumes et vieux emballages, la désapprobation de cette conduite étant réduite à un regard de son fils Philippe, lequel, alors qu’il termine sa cigarette, renonce à jeter le mégot à la mer et l’écrase sur le bord du bateau. Ridicule !
La fameuse séquence en Antarctique sur laquelle on a basé la publicité du film, elle, est réduite à peu de choses et ne dure guère.
Bref, beaucoup de tapage pour rien. Où il faut inclure la musique, excessivement présente et abominable de platitude.
On devine que les aspects négatifs de cette biographie romancée ont été inspirés par le livre de son fils Jean-Michel, que Cousteau méprisait, car il le tenait pour un incapable et lui avait reproché son échec dans la direction de l’attraction, le Parc de Loisirs Cousteau, que le patriarche lui avait confié au Forum des Halles, là où se trouvent aujourd’hui les cinémas UGC – qui passent ce film. Alors même que la Mairie de Paris ne lui faisait payer aucun loyer, le Parc avait dû fermer ses portes, faute de public. Son père tenait Jean-Michel pour incapable de faire de l’argent, et avait ainsi commenté le bide retentissant : « Ce n’est pas l’échec du Parc, c’est celui de mon fils ». Quant à prendre la succession du défunt à la tête de ses affaires maritimes, Jean-Michel n’avait rien à espérer, son père avait pris ses dispositions. « J’y ai mis mon veto absolu. Mon fils est charmant, [...] mais il n’est pas capable. [...] Ce n’est pas parce qu’un gosse est né de votre sperme (sic) qu’il a les qualités pour vous remplacer », avait-il déclaré le 20 août 1993 au « Nouvel Économiste ».
Charmant.
Réalisé par Asghar Farhadi
Titre original : Forushande
Sorti en France (Festival de Cannes) le 21 mai 2016
Sorti en France le 9 novembre
La critique est ICI.
Réalisé par Oliver Stone
Sorti aux États-Unis le 21 juillet 2016
Sorti en France le 2 novembre
Ce film a été devancé dans l’actualité par le documentaire de Laura Poitras Citizenfour, sorti en France le 4 mars 2015, et dont j’ai fait l’éloge cinq jours avant sa sortie. Or on a beaucoup dit que le film d’Oliver Stone était donc inutile, ce qui n’est pas le cas, puisqu’il raconte toute l’histoire d’Edward Snowden et de sa petite amie, dont on ignorait le rôle, et ne se borne pas à des interviews du principal intéressé !
Par conséquent, c’est tout aussi passionnant, et souvent surprenant, car on découvre un Snowden plutôt de droite, qui s’engage dans l’armée parce qu’il croit sincèrement que « les États-Unis sont le plus grand pays du monde », avant de découvrir toutes les saloperies commises par son indigne patrie, espionnage et viols répétés de la Constitution compris.
Joseph Gordon-Levitt joue le personnage de Snowden, et il est excellent, mais le vrai Snowden apparaît en personne dans la séquence de fin.
Réalisé par Gilles Perret
Sorti en France le 9 novembre
Film passionnant, qui raconte comment la Sécurité sociale, dont bénéficient soixante-six millions de citoyens, a réellement été instaurée en France (pas par De Gaulle, comme on le croit trop souvent, ni par Pierre Laroque, qui n’était que le haut fonctionnaire chargé par son ministre de rédiger les textes qui la fondaient, en 1945). Ce ministre était communiste, ancien ouvrier, et s’appelait Ambroise Croizat – dont le nom reste quasiment ignoré. Sa modeste maison, en province, a été laissée à l’abandon par les gouvernements français, n’est plus habitable et tombe en ruines. Croizat, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, avait pris une ordonnance le 4 octobre 1945, visant à la mettre en place et à organiser administrativement son fonctionnement.
La distribution de ce film, qui rencontre un grand succès auprès du seul public ayant eu vent de son existence, a été honteusement sacrifiée, puisqu’il ne passe à Paris que dans deux salles. Il n’a pas le style des films bêtement militant, et ne dure pas des heures, mais seulement 84 minutes.
Réalisé par David Yates
Titre original : Fantastic beasts and where to find them
Sorti en France, Belgique, Égypte, Indonésie, Corée du Sud, au Kazakhstan, en Lettonie et en Suède le 16 novembre 2016
Un effroyable navet, farci de trucages numériques, peuplé d’animaux hideux, et basé sur une histoire idiote, fort propre à crétiniser tous les gosses qui vont s’y précipiter. Avec ça, un vacarme permanent et cette musique sirupeuse qui noie tous les “blockbusters”...
On a honte pour cet excellent acteur qu’est Eddie Redmayne. Espérons qu’il a été bien payé (c’est d’ailleurs certain, mais après un Oscar, il aurait pu choisir mieux). Il serait préférable de le voir dans Black death... si seulement ce film était sorti en France ailleurs qu’au seul Festival de Dinard !
Un détail qui précise les intentions de ce film uniquement commercial : on a francisé les articles de journaux qui ponctuent le récit, et jusqu’au nom des personnages dans les sous-titres. Si bien que Newt Scamander devient Norbert Dragonneau ! Et les spectateurs sont menacés de quatre autres films du même tonneau. Au secours !
Réalisé par Denis Villeneuve
Titre original : Arrival
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 1er septembre 2016
Sortira en France le 7 décembre 2016
On peut toujours compter sur Denis Villeneuve pour faire des films ennuyeux ou sinistres, et j’avais détesté les deux que j’ai vus, Incendies en 2011 et Sicario en 2015. Je ne change pas d’avis avec cet Arrival, et c’est un véritable exploit que de rendre aussi morne un film d’anticipation, après Le jour où la Terre s’arrêta (celui de Robert Wise, en 1951) et Rencontres du troisième type, puisque le sujet est le même : la visite sur Terre des extraterrestres. Le personnage principal est une linguiste, que l’armée charge de déchiffrer les mystérieux messages affichés par les visiteurs, qui ressemblent un peu à ceux que Spielberg avait introduit dans sa version très ratée de La guerre des mondes, des poulpes gigantesques à sept tentacules ne s’exprimant que par des pictogrammes en fumée noire qui se condensent sur une surface plane en y laissant des dessins plus compliqués que les hiéroglyphes des anciens Égyptiens. Mais elle va y parvenir, bien entendu.
À cela, on mêle des retours en arrière, montrant que la dame est séparée de son mari et qu’elle élève toute seule sa petite fille, mais, rassurez-vous, elle va trouver l’Amour avec un collègue, et les extraterrestres, qui ne sont pas méchants, s’en vont à la fin, comme toujours.
À noter que le baratin publicitaire habituel est encore une fois mis à contribution pour appâter le public : que l’actrice principale hésitait à faire une pause dans sa carrière, mais que ce scénario s’est « imposé comme une évidence » et qu’elle n’avait plus le choix, « il fallait [qu’elle] fasse ce film » – on a lu cela dix mille fois, sans la moindre variante. Elle eût été mieux inspirée de s’en tenir à la pause dans sa carrière. Le seul acteur intéressant est Forest Whitaker, qui joue un colonel, mais il a fait bien mieux auparavant.
Réalisé par Nadège Loiseau
Sorti en France (Festival du Film Francophone d’Angoulême) le 28 août 2016
Sorti en France le 16 novembre 2016
À 49 ans, Nicole a déjà eu deux enfants aujourd’hui adultes, et la voilà enceinte alors qu’elle croyait approcher de la ménopause. Le bébé qui s’annonce va donc mettre la pagaille dans une famille qui n’avait pas besoin de cela. Nicole tente par deux fois d’avorter, la première fois en France, la seconde en Hollande, mais elle renonce chaque fois, et finit par accoucher... sur le quai du port de Toulon.
Pour une fois, les personnages d’une comédie sont bien conçus, les dialogues ne déraillent pas, et le film est réalisé très correctement. On évite aussi la traditionnelle scène d’attendrissement qui pollue la pluart des comédies, puisque les auteurs, en général, ont honte de faire rire.
Réalisé par Alexandre Charlot et Franck Magnier
Sorti en France le 16 novembre 2016
On va voir ce film, non pas tant à cause des acteurs (sauf peut-être Elsa Zylberstein, qui est ici talentueuse), que pour les deux auteurs et réalisateurs, qui, s’ils avaient écrit le ridicule Bienvenue chez les Ch’tis, ont néanmoins participé à l’écriture des Guignols de Canal Plus, à une époque très lointaine.
Les têtes de l’emploi, d’abord écrit comme une succession de sketches, a donc été étoffé, et les personnages ont été construits, afin de servir l’idée de départ : qu’une agence de Pôle Emploi s’est montrée si efficace que la région ne compte plus aucun chômeur, et donc, sa hiérarchie... ferme l’agence, dont les employés sont ainsi voués au chômage ! Ils vont évidemment tenter une parade en tâchant de ruiner une grosse entreprise qui s’apprête à s’installer dans les environs.
L’idée de traiter un drame en farce n’est pas neuve, elle a même été beaucoup utilisée, puisque l’essence du comique est de faire rire de ce qui n’est pas drôle. C’est assez amusant, mais à moitié réussi néanmoins. Et le film, en fin de compte, ne laisse aucun souvenir.
Réalisé par Clint Eastwood
Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 2 septembre 2016
Sorti en France le 30 novembre 2016
En janvier 2009, un Airbus A320 décolle de l’aéroport de La Guardia, à New York, mais, peu après, il est heurté par un vol d’oiseau, et le choc endommage à ce point les deux moteurs qu’ils cessent de fonctionner. Revenir à l’aéroport ou se poser sur un autre ? Impossible, l’avion, en perte de vitesse, n’ira pas jusque là, estiment le commandant de bord et son copilote. Ne reste comme recours que d’amerrir sur le fleuve Hudson, prouesse qui n’a jamais été réalisée sans morts d’homme. Mais la manœuvre réussit et, des 155 personnes à bord, aucune n’est tuée.
Néanmoins, la décision du commandant de bord est remise en question par la commission d’enquête travaillant pour la compagie aérienne, qui fait réaliser des simulations concluant à une faute du pilote : il aurait pu atterrir, estiment les experts. Mais la suite l’innocentera, et Sully, le commandant de bord, est reconnu comme un héros.
Eastwood fait un film court, contrairement à son habitude, et s’en tient aux faits plutôt que de déveloper une thèse, tournant le dos à son haïssable American sniper. Mais son montage, qui mêle les époques, est inutilement compliqué, manque de rythme, et le film n’a pas beaucoup de matière pour soutenir l’intérêt de son récit, d’autant plus que les faits sont connus et que le dénouement est sans surprise. Heureusement, on évite (un peu) le sentimentalisme propre aux films états-uniens, et les acteurs restent sobres.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.