JPM - Films vus - Notules -  Septembre 2014

Notules - Septembre 2014

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées : L’étang tragique – The river – La splendeur des Ambersons – Princes et princesses – Contes de la nuit – Siddharth – Boys like us – HippocrateMacbeth – Hamlet – Le roi Lear – Citizen Kane – World war ZLes recettes du bonheurThe hundred-foot journeyL’institutriceHaganenet – Le policier – PrideCutter’s way – Autant en emporte le vent – AccidentUn homme très recherchéA most wanted man – La taupe – 9 mois ferme – Le fabuleux destin d’Amélie Poulain – Bon rétablissement !Un été à QuchiShu jia zuo yeLa liste de mes enviesLeviathan – Le retour

Personnes citées : Jean Renoir – Anne Baxter – Orson Welles – Michel Ocelot – Richie Mehta – Patric Chiha – Thomas Lilti – Vincent Lacoste – Orson Welles – Laurence Olivier – Vivien Leigh – Jacques Ibert – Bernard Herrmann – Christopher Welles – Marion Cotillard – Marc Forster – Brad Pitt – George A. Romero – Lasse Hallström – Charlotte Le Bon – Helen Mirren – Manish Dayal – Nadav Lapid – Matthew Warchus – Mark Ashton – Margaret Thatcher – Bill Nighy – Andrew Scott – Ivan Passer – Margaret Mitchell – Joseoh Losey – Harold Pinter – Nicholas Mosley – Michael York – Jacqueline Sassard – Delphine Seyrig – Anton Corbijn – Philip Seymour Hoffman – Robert DeNiro – Leonardo DiCaprio – Grigoriy Dobrygin – John Le Carré – Albert Dupontel – Jean-Pierre Jeunet – Robert Bresson – Jean Becker – Fred Testot – Swann Arlaud – Gaspard Ulliel – Tso-chi Chang – Didier Le Pêcheur – Grégoire Delacourt – Marc Lavoine – Andreï Zviaguintsev – Leonid Brejnev – Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine – Mikhaïl Gorbatchev – Boris Eltsine

L’étang tragique

Lundi 1er septembre 2014
L'étang tragique

Réalisé par Jean Renoir

Titre original : Swamp water

Sorti aux États-Unis le 23 octobre 1941

Sorti en France le 23 avril 1948

Ressorti en France le 20 août 2014

Ce film est l’un des six que Renoir tourna aux États-Unis, où il s’était exilé volontairement pendant la guerre, et où il ne brilla guère (même The river, très coté, est en fait partiellement raté). Mais c’est une banale histoire d’amour et de réhabilitation d’un homme injustement accusé, qui s’est dissimulé durant des années dans un marais. Le héros qui va accomplir l’œuvre de réhabilitation est un jeune chasseur de peaux (et pas « de primes », comme l’affirme sottement le site Allociné), qui s’entend mal avec son père et tombe amoureux de la fille du fugitif. Outre son interprétation sans reproches et ses prises de vues – très belles –, le principal intérêt de ce film qui n’en a guère plus, c’est qu’il a été tourné en extérieurs, dans les marais dont parle le scénario.

Anne Baxter, à dix-huit ans, faisait là son quatrième film. L’année suivante, Orson Welles en faisait l’une des vedettes de La splendeur des Ambersons, qui avait une tout autre importance !

En bref : reprise. À voir à la rigueur.Haut de la page

Princes et princesses

Mercredi 3 septembre 2014

Réalisé par Michel Ocelot

Sorti en France le 26 janvier 2000

Ressorti en France le 3 septembre 2014

Ce joli film d’animation dû à Michel Ocelot précède ses Contes de la nuit, et se compose de six contes, courts et plutôt non conformistes, naissant tous dans un vieux cinéma où deux jeunes gens, garçon et fille, et un projectionniste âgé, imaginent le film qu’ils aimeraient voir en ombres chinoises, et dont les deux jeunes seraient les héros devenus prince et princesse. Le style est le même et procure un plaisir identique. Ces contes ont pour titres La princesse des diamants, Le garcon des figues, La sorcière, Le manteau de la vieille dame, La reine cruelle et Prince et princesse. Il s’agit d’une reprise, puisque le film est déjà sorti en 2000.

En bref : reprise. À voir.Haut de la page

Siddharth

Jeudi 4 septembre 2014

Réalisé par Richie Mehta

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 7 septembre 2013

Sorti en France le 27 août 2014

En Inde, bien que le travail des enfants soit illégal, il est courant que les familles pauvres doivent se résoudre à mettre leurs gosses au travail. C’est le cas de la famille Saini, qui a envoyé son garçon de douze ans travailler dans un atelier de réparation automobile au Pendjab. Mais, à la date où il devait revenir dans sa famille, il n’est pas là. Au téléphone, son employeur, qui, soit dit en passant, est une brute cynique, affirme que l’enfant s’est sauvé deux semaines plus tôt. Mais le père, Mahendra, un simple réparateur de fermetures à glissière qui travaille dans la rue, et qui s’est rendu sur place, apprend, du camarade de chambre de son fils, que celui-ci est parti sans emporter ses affaires. Donc il lui est arrivé quelque chose, il a probablement été enlevé pour servir à un trafic d’organes ou à la prostitution. Dès qu’il peut réunir un peu d’argent, le père va vainement chercher son fils, partout où on lui donne à penser qu’il pourrait être, mais en vain : il ne le retrouvera nulle part.

Le film, entièrement tourné dans les rues, rappelle les films néoréalistes tel qu’en produisait l’Italie au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Il est sans tendresse pour la réalité sociale du pays, mais ne tombe pas dans la noirceur caricaturale et complaisante, puisque les personnages compatissants, qui aident le père dans sa recherche, ne manquent pas.

Le seul défaut du film semble être sa musique : presque constamment de style symphonique occidental, sauf avant le générique de fin, elle ne colle pas à l’atmosphère de l’Inde. Mais c’est un détail. L’interprétation, elle, est irréprochable.

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Boys like us

Vendredi 5 septembre 2014

Réalisé par Patric Chiha

Sorti en France le 3 septembre 2014

Le titre en anglais fait simplement référence à une chanson, due au groupe qui a composé la bande sonore.

Ce film français n’est sorti qu’en France, et je ne lui prédis pas une carrière internationale, car cette pseudo-comédie qui ne fait jamais rire est assez sommaire, dépourvue d’intérêt, et les trois personnages sont terriblement peu attirants. Au début, Rudolph, un Autrichien homosexuel installé à Paris depuis longtemps, est abandonné par son ami, et perd ainsi son logement. Il décide de retourner en Autriche, mais, curieusement, ses deux seuls amis français, homosexuels également, décident de prendre quelques jours de congé pour l’accompagner, alors qu’ils ignorent tout de l’Autriche et de la vie en montagne. Inutile de dire qu’ils iront tous les trois de déceptions en déconvenues, passant même par une brouille générale, qui ne s’arrange qu’à la dernière scène, à l’aéroport, où la chanteuse Nina Hagen, une « icône gay », leur apparaît, dans une scène qui est un non-sens assez ridicule. Pour comble, alors que tout tourne autour des sentiments, une seule scène procure un peu d’émotion, celle où l’un des deux Français tente de draguer un joli lycéen, vierge et gay mais timide, au bord d’un lac : le garçon n’est pas attiré par lui, et, après quelques questions sur les débuts dans l’homosexualité et l’enfer de la vie dans un village autrichien, il le plante là.

En réalité, seule la critique du calme apparent de l’Autriche (« Comme c’est calme ! », s’extasie un personnage ; à quoi un autre répond que « Dans Shining aussi ! »), et de la manie autrichienne de mettre partout des interdictions, porte un peu. Mais cela ne va pas loin.

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Hippocrate

Mercredi 10 septembre 2014

Réalisé par Thomas Lilti

Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2014

Sorti en France et en Belgique le 3 septembre 2014

Benjamin, à 23 ans, est interne dans un hôpital parisien, dans le service que dirige son père. Parmi le personnel, le plus proche et le plus sérieux est Abderrazzak, un médecin algérien qui est qualifié « FFI » (faisant fonction d’interne, réservé aux étrangers), mais plus âgé, plus sage et plus expérimenté. Or l’hôpital, comme tous les hôpitaux de France, est dans la dèche, le matériel manque, ou se trouve en panne, ce qui va provoquer un premier incident : de garde la nuit, Benjamin est appelé auprès d’un malade alcoolique, et n’a pas la possibilité de lui faire un électrocardiogramme, car l’appareil ne fonctionne pas. Il ne décèle donc pas la gravité du cas, et le malade meurt. Mais son père le couvre en prétendant qu’il a en sa possession le relevé d’ECG, et la veuve du malade doit s’en contenter.

Malheureusement, un autre incident va provoquer le drame : une femme de 88 ans, qui a exprimé sa volonté de refuser tout acharnement thérapeutique ainsi que la pose d’une sonde pour l’alimenter, a une syncope en pleine nuit, elle est emmenée en réanimation, et Benjamin commet l’erreur fatale : conseillé par Abderrazzak, et avec l’accord de la famille, il pousse l’infirmière à interrompre la réanimation, et la malade meurt tout naturellement. Mais le chef de service de la réanimation se plaint qu’on a outrepassé son action, ce qui est un viol du règlement, et Benjamin ainsi qu’Abderrazzak sont convoqués en conseil de discipline. Benjamin s’en tire avec un blâme, mais Abderrazzak, parce qu’il a de l’expérience et sans doute aussi parce qu’il est étranger, perd son poste.

L’injustice morale dont son camarade a été victime incite Benjamin à révéler sa négligence à la veuve du premier malade, laquelle va ainsi porter plainte, puis il est renversé par une voiture et se retrouve comme malade dans son propre hôpital. Du coup, tout le personnel se met en grève et tombe sur le dos du directeur administratif, qui argüe de son impuissance : il a un budget qui n’est pas extensible.

La fin ne conclut pas, car il ne s’agit pas d’une comédie avec épilogue heureux, et l’essentiel a été exposé : la grande misère du système médical français. C’est frappant et fort bien expliqué, via un scénario imparable.

Les acteurs sont au-dessus de tout éloge, et le récit est d’une grande vérité. Première vedette du film, Vincent Lacoste, jusqu’ici voué au rôle de jeune homme débile, est tout à fait crédible. Quant au réalisateur, il est médecin, donc on peut croire à ce qu’il raconte. Du reste, chacun peut le vérifier dans la vie réelle.

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Macbeth

Vendredi 12 septembre 2014

Réalisé par Orson Welles

Sorti en Italie (Festival de Venise) en 1948

Sorti en France le 23 juin 1950

Ressorti en France le 10 septembre 2014

La pièce de Shakespeare est assez connue pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rappeler l’histoire sanglante, où Macbeth, vassal du roi d’Écosse, ayant cru à une prophétie énoncée par trois sorcières (comme dans Le roi Lear !) et poussé par sa femme, assassine son roi pour lui prendre son trône, puis élimine les témoins. Inévitablement, cela tournera très mal pour le couple assassin.

Le film, tourné sans vedettes hormis Welles lui-même et le très jeune Roddy McDowall, qui avait vingt ans et a fait une très belle carrière, n’a pas coûté cher, mais a fait un bide, tant auprès des critiques que du public. Mais c’était presque une tradition, avec Orson Welles ! Welles a interprété trois personnages de Shakespeare, à savoir Macbeth, Othello et Falstaff.

Quelques particularités intéressantes : le film devait être présenté au Festival de Cannes, mais son auteur l’a retiré, il craignait la comparaison avec Hamlet, le film de son rival shakespearien Laurence Olivier, qui triompha au Festival de Venise et remporta quatre Oscars l’année suivante à Hollywood (d’autant plus que les deux hommes ne s’appréciaient pas, et qu’Olivier avait refusé que sa femme Vivien Leigh joue Lady Macbeth pour Welles !) ; la musique est due à un Français, Jacques Ibert, parce que Bernard Herrmann a refusé la commande (alors qu’il avait composé celle de Citizen Kane) ; les dialogues sont dits en playback pour simplifier le tournage ; et le fils de Macduff est joué par Christopher Welles : c’est bien un nom de garçon, mais il s’agit... d’une fille, l’une des trois de Welles, qui désirait un garçon, et a donc donné à cette fille non prévue le prénom masculin qu’il avait choisi par avance.

Hélas, on nous menace d’une nouvelle adaptation de la pièce, avec... Marion Cotillard. Mais au moins, en Lady Macbeth, elle saura mourir !

En bref : reprise. À voir absolument.Haut de la page

World war Z

Samedi 13 septembre 2014

Réalisé par Marc Forster

Sorti au Royaume-Uni le 2 juin 2013

Sorti en France le 3 juillet 2013

J’avais raté ce film, et l’ai donc vu avec plus d’un an de retard à la télévision, sur Canal Plus. Or le film vaut d’être vu.

Sachant que le Z du titre désigne les zombies, autrement dit les fameux morts-vivants inventés par Romero, on s’attend à un film d’horreur passablement gore, ce qui n’étonne plus personne. Or il ne contient aucune scène horrifique, et rien de répugnant ne surgit dans ce film d’action très réussi, où les séquences de grand spectacle constituent une sorte de sommet du genre : je vous recommande les pyramides humaines qui servent aux zombies à escalader les murs gigantesques construits à Jérusalem pour endiguer le flot des intrus de toutes sortes ! C’est spectaculaire et grandiose (en fait, on a tourné à Malte).

Le scénario est très soigné, et d’une ingéniosité inhabituelle, quant à la méthode que les humains vont employer pour obliger les zombies à les éviter, selon le raisonnement suivant : les morts-vivants veulent mordre les vivants pour leur transmettre leur virus (qui les transformera à leur tour en zombies), donc leurs victimes doivent être saines. Il suffit donc d’être malade pour éviter d’être leur proie ! Et c’est ainsi que Brad Pitt, qui est à la fois vedette et producteur du film, s’inocule le typhus pour traverser l’endroit où les méchants se sont accumulés, et aller chercher le remède au virus qui se trouve de l’autre côté du centre de recherches médicales ! Bien sûr, après, il faut soigner son typhus, mais ce n’est qu’une simple formalité. Et cette trouvaille originale : pour se débarrasser des zombies qui se sont introduits dans un avion entre Israël et le Pays de Galles, Brad Pitt balance une grenade. Évidemment, seuls ces malfaisants sont aspirés à l’extérieur !

Finalement, c’est assez pince-sans-rire, et le spectateur ne s’ennuie pas une seconde. Deux suites sont annoncées, pour cette année et l’année prochaine. Cette fois, on ne les ratera pas.

En bref : à voir.Haut de la page

Les recettes du bonheur

Lundi 15 septembre 2014

Réalisé par Lasse Hallström

Titre original : The hundred-foot journey

Sorti au Royaume-Uni le 2 juin 2013

Sorti en France le 10 septembre 2014

Pourquoi ce titre anglais bizarre ? Parce que c’est le résumé du parcours décisif accompli par Hassan Kadam, qui a traversé un espace de trente mètres pour passer, du restaurant de son père, à celui de sa rivale, Mrs Mallory. C’est l’histoire d’une réussite inattendue, comme le cinéma en produit à la pelle, mais pas dans le monde du sport pour une fois, puisqu’il est question de gastronomie : la famille indienne Kadam vient de Mumbaï, qu’elle a quitté quand son restaurant a été incendié par des excités politiques ; après avoir tenté sa chance en Angleterre, à quoi elle a renoncé parce que « les légumes n’y ont pas d’âme », elle se retrouve dans le Midi de la France, à Saint-Antonin-Noble-Val, au bord de l’Aveyron, et y installe un restaurant indien, mais juste en face d’un restaurant classique, tenu par une Anglaise, qui a déjà une étoile dans le guide Michelin ! Mauvais départ.

Rassurez-vous, après quelques péripéties dont un nouvel incendie allumé par d’autres excités du style « La France aux Français », Hassan, qui est un cuisinier de génie, sera engagé comme chef par la rivale, et lui fera gagner sa deuxième étoile. Du coup, il connaît la célébrité et se trouve appelé à Paris, où il devient le chef d’un restaurant réputé, au sommet du Centre Pompidou. Mais la nostalgie de sa famille et l’amour de la fille qui l’a remplacé le ramèneront dans son village d’adoption, et tout finira bien.

Selon moi, cette dernière partie aurait pu être supprimée sans dommages, car elle prolonge et alourdit inutilement le film, et lui donne un goût mièvre. Et puis, le gros point faible du film, c’est l’interprète de la fille, Charlotte Le Bon, ni belle ni talentueuse, et qui est bien loin d’égaler ses partenaires, Helen Mirren et le très beau Manish Dayal.

Sourions un peu : à un certain moment, un personnage dit de Mrs Mallory qu’elle « se prend pour une reine ». Il aurait pu dire « pour DEUX reines », puisque Helen Mirren a interprété au cinéma Elisabeth Ire et Elisabeth II ! Si bien que, dans le rôle d’une patronne de restaurant, elle apparaît un peu sous-employée.

En bref : à voir.Haut de la page

L’institutrice

Mercredi 17 septembre 2014

Réalisé par Nadav Lapid

Titre original : Haganenet

Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 1914

Sorti en France le 10 septembre 2014

Le résumé du film, qui a traîné partout, nous dit qu’une institutrice (d’école maternelle) « décèle chez un enfant de cinq ans un don prodigieux pour la poésie » et que « subjuguée [...], elle décide de prendre soin de son talent, envers et contre tous ». On oublie simplement que cette femme est complètement folle, et que, lorsque le père de l’enfant lui interdit de s’occuper de son fils, elle l’enlève et s’enfuit avec lui au Sinaï !

Avant cela, on l’aura entendue dénoncer la nourrice du gosse, qui s’est servie des poésies de l’enfant pour passer des auditions comme comédienne, mais elle-même s’est attribué la paternité d’un poème du même, qu’elle a récité en conseil des professeurs. Plus tard, elle exhibe l’enfant dans un spectacle de poésie, et un spectateur bombarde le petit avec... des bonbons, mais, dans l’heure suivante, on la voit, très excitée, danser avec cet homme dans un bar. Enfin, lorsque le petit Yoav l’enferme dans la salle de bains de l’hôtel et téléphone à la police, c’est elle qui lui donne les indications – qu’il ne connaît pas –  pour que les policiers puissent le retrouver. Où est la logique des caractères, dans ce navet pénible ?

Le réalisateur, qui fait là son deuxième film, prétend que lui-même écrivait des poèmes du même niveau à l’âge de... quatre ans et demi. Chapeau bas, un génie. Avec cela, une longue dissertation sur les Séfarades et les Ashkénazes, tenue sur une plage, tombe dans cette histoire comme un cheveu sur la soupe. Dommage, son premier film, Le policier, tenait la route. Là, c’est le désastre, pimenté par deux scèunes de nu absolument saugrenues, surtout dans un tel contexte. Beaucoup de spectateurs ont trouvé le film « malsain ». C’est lui faire trop d’honneur, il n’est que ridicule.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Pride

Jeudi 18 septembre 2014

Réalisé par Matthew Warchus

Sorti en France (Festival de Cannes) le 23 mai 1914

Sorti en France le 17 septembre 2014

Un film euphorisant, peut-être un peu trop, mais les cartons précédant le générique de fin rappellent que la suite n’a pas été rose, et que l’un des personnages principaux, le jeune Mark Ashton, activiste communiste et homosexuel, est mort du sida deux ans après la Gaypride qui conclut le film. Le mouvement gay et lesbien qu’il avait contribué à créer s’était permis, en 1984, de soutenir les mineurs en grève, l’un des plus gros scandales déclenchés par Margaret Thatcher, grève qui dura plus d’un an. À cette occasion, les homosexuels britanniques collectèrent des fonds pour aider les mineurs, ce qui n’allait pas de soi, puisque le syndicat des mineurs, largement homophobe, était hostile à ce type de soutien. Mais, juste retour des choses, lors de la Gaypride de l’année suivante, ce sont les mineurs qui ont soutenu les gays.

Les personnages, parfois joués par des acteurs connus comme Bill Nighy et Andrew Scott, sont très bien caractérisés. On retient le rôle du jeune Joe Cooper, qui s’est retrouvé sans l’avoir voulu au milieu d’une manifestation des gays en faveur des mineurs, et s’est intégré au groupe sans que nul lui demande jamais s’il était était gay (il l’était, mais on l’apprendra beaucoup plus tard) ni comment il s’appelait !

On rit, on est ému, et on prend parti contre les réacs, dont la famille de Joe, et contre Margaret Thatcher, naturellement.

Cutter’s way

En bref : à voir.Haut de la page
Vendredi 19 septembre 2014

Réalisé par Ivan Passer

Sorti aux États-Unis le 20 mars 1981

Sorti en France le 10 février 1982

Ressorti en France le 25 juin 2014

Curieux film, une tentative de chantage qui rate. Richard Bone trouve dans une poubelle le cadavre d’une jeune fille, et pense avoir vu l’assassin, un homme riche et puissant nommé Cord. Il raconte l’histoire à son ami Alex, un infirme (il est revenu de la guerre du Vietnam, ayant perdu, du côté gauche, une jambe, un bras et un œil). Les deux hommes, passablement fauchés, décident de faire chanter Cord, mais celui-ci n’est pas impressionné. À la fin, Alex, qui est visiblement déboussolé, provoque un accident où il va trouver la mort, et Richard abat froidement Cord, qui vient d’avouer.

On reste perplexe devant cette histoire dont on ne sait où elle va. Il semble que les détails pittoresques aient été rajoutés pour corser un peu le film, mais ce n’est guère convaincant jusqu’à la séquence finale.

*

Une curiosité, qui échappe sans doute aux spectateurs : une fille, à propos de je ne sais plus trop quoi, dit à Bone “Frankly my dear, I don’t give a damn”. On reconnaît la dernière réplique lancée par Rhett Butler à Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent, et qui figure aussi dans le roman de Margaret Mitchell. Or la seconde partie de la phrase signifie « Je m’en fous complètement », mais ce vocabulaire – le mot damn, précisément – avait été prohibé aux États-Unis par le code de production de la Motion Picture Association, ratifié le 31 mars 1930. Par chance, le 1er novembre 1939, la MPA autorisa les mots hell et damn sous certaines conditions assez strictes mais respectées par le film, qui, non censuré, sortit tel quel dans la ville d’Atlanta le 15 décembre 1939. Hélas, en France, les traducteurs et sous-titreurs ne devaient pas être au courant, puisqu’ils traduisirent par « C’est le cadet de mes soucis », et cette ineptie a été reprise dans le présent film !

Comme quoi, en France, on peut être encore plus puritain qu’aux États-Unis.

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Accident

Lundi 22 septembre 2014

Réalisé par Joseph Losey

Sorti au Royaume-Uni le 6 février 1967

Sorti en France le 7 juin 1967

Ressorti en France le 18 avril 2007

Adaptation cinématographique par Harold Pinter (qui joue un petit rôle dans le film) d’un roman de Nicholas Mosley (qui joue un petit rôle dans le film), le récit est un long flash-back racontant tout ce qui s’est passé avant l’accident de voiture qui ouvre l’histoire, et où trouve la mort un étudiant aristocrate, William, alors qu’il se rendait chez Stephen, son professeur. Sa fiancée, Anna, aristocrate autrichienne, n’a rien.

Le film est porté aux nues par la critique, mais j’avoue qu’il déçoit, car on commence à être fatigué des non-dits de Pinter (le truc consistant à parler de choses insignifiantes pour faire penser à des sujets plus importants, et qui fonctionne beaucoup mieux au théâtre, me semble-t-il). En réalité, tous ces personnages sont singulièrement dépourvus d’humanité, et seul un personnage intéresse, celui qui trouve la mort, à la fois simple et joyeux, naïf et intelligent, et qui est incarné par un acteur au nez de boxeur possédant un charme fou, Michael York. À l’opposé, Jacqueline Sassard, qui joue Anna, n’est pas très bonne, et elle a d’ailleurs arrêté sa carrière l’année suivante.

L’une des séquences est particulièrement agaçante et gratuite, celle des retrouvailles de Stephen avec son ancien flirt, joué par Delphine Seyrig, et dans laquelle on fait parler les deux protagonistes en voix off, alors que tous deux sont présents à l’image. C’est snob et artificiel. Mais Losey a toujours eu la carte, donc il est mal vu de faire la moindre réserve sur ce réalisateur !

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Un homme très recherché

Mercredi 24 septembre 2014

Réalisé par Anton Corbijn

Titre original : A most wanted man

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 19 janvier 2014

Sorti en France le 17 septembre 2014

Impossible de rater le dernier film de Philip Seymour Hoffman, mort le 2 février de cette année, le meilleur acteur des États-Unis depuis la mort de River Phoenix et la déchéance de Robert DeNiro et de Leonardo DiCaprio ! De sorte qu’il ne reste plus personne...

À Hambourg vit un financier qui subventionne le terrorisme islamique, et les services secrets états-uniens et allemands cherchent à le coincer. L’occasion se présente quand un jeune homme, Issa Karpov, tchétchène de père russe, joué par l’excellent quoique inconnu (chez nous) Grigoriy Dobrygin, arrive dans la ville pour tenter de récupérer l’argent de son père. Pas pour lui, mais pour le distribuer à des ONG charitables. Cause : son père a violé sa mère, qui avait quinze ans et qui est morte en le mettant au monde. Donc cet argent est sale et doit servir à quelque chose de sain. De plus, il a fait de la prison en Russie et en Turquie, et porte des traces de torture. Mais dit-il la vérité ?

Comme toutes les histoires imaginées par John Le Carré, celle-ci n’est pas simple – quoique moins obscure que La taupe –, et on peut s’attendre à un coup de théâtre final. Donc on est intéressé, mais il y a eu mieux, chez cet auteur, qui transpose ici ses habituels affrontements Est-Ouest dans le domaine plus actuel du terrorisme islamique. Les acteurs sont très bons, la mise en scène passable, mais le défaut du film est récurrent : les personnages sont allemands, or tout le monde parle anglais !

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9 mois ferme

Mercredi 24 septembre 2014

Réalisé par Albert Dupontel

Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 25 août 2013

Sorti en France le 16 octobre 2013

J’avais refusé d’assister à la présentation de presse du film, il y a un an, car je n’attends plus rien de Dupontel. Je n’étais pas davantage allé voir en salle son petit dernier. Mais comme il passait à la télévision sur Canal Plus et qu’il n’y avait rien d’autre à voir ce soir-là, je me suis résolu à le regarder ; néanmoins, mon opinion n’a pas varié !

Dupontel pêche sur deux plans : les scénarios et la mise en scène. Ce qui fait beaucoup. Un scénario de Dupontel, c’est une accumulation de péripéties très improbables, avec un maximum d’agitation. Une mise en scène de Dupontel, c’est tout ce qu’on juge excessif chez Jean-Pierre Jeunet, mais décuplé : ce souci constant de faire les pieds au mur, de montrer qu’on est un as de l’inventivité visuelle, un recordman du Je-vous-en-mets-plein-la-vue, à grand renfort d’objets cassés, de personnages qui tombent, d’explosions, d’incendies et autres accessoires du film d’action, mais appliqués à des histoires qui n’en ont nul besoin et que cela dessert plutôt. En comparaison des films de Dupontel, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ressemble à un film de Robert Bresson.

Mais on a échappé au pire : une seconde version du même film, mais réalisée en anglais. Pas si sots, les Britanniques ont dit non !

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Bon rétablissement !

Jeudi 25 septembre 2014

Réalisé par Jean Becker

Sorti en France (Festival Champs-Élysées) le 16 juin 2014

Sorti en France le 17 septembre 2014

Habituellement, je n’apprécie qu’à moitié les films de Jean Becker, le chantre de la vie idyllique à la campagne, mais ici, il abandonne cet univers et se cantonne presque entièrement dans une chambre d’hôpital, où Pierre séjourne après un accident resté mystérieux. Pourtant, nous sommes loin d’Hippocrate, car il s’agit en l’occurrence d’une comédie de caractères.

Tous les acteurs sont bons, y compris ceux qui interprètent des personnages agaçants qu’on n’aimerait pas rencontrer dans la vie. Deux personnages plus émouvants que les autres dominent : un inspecteur de police qu’on devine un peu solitaire, joué par Fred Testot, et surtout le jeune prostitué Camille, joué par un acteur dont nul ne connaît le nom bien qu’il ait joué dans plus de cinquante films et téléfilms, Swann Arlaud. Talentueux sans être franchement beau, il nous repose de l’envahissant Gaspard Ulliel !

Comble de bonheur, le film est court : 81 minutes. Aujourd’hui, c’est une vertu cardinale.

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Un été à Quchi

Vendredi 26 septembre 2014

Réalisé par Tso-chi Chang

Titre original : Shu jia zuo ye

Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 16 août 2013

Sorti en France le 24 septembre 2014

Au bord du divorce, les parents de Bao, qui a une douzaine d’années, l’éloignent en l’envoyant chez son grand-père, qui est veuf et vit à la campagne. À l’école locale, il apprend une autre façon de vivre et de s’amuser, laisse un peu de côté sa tablette et ses jeux vidéo, se fait aussi des amis, dont une petite fille surnommée « Ours », et un garçon, Mingchuan, qui va hélas mourir d’un accident.

Ce film taïwanais, assez naïf, oppose ainsi les citadins et les gens de la campagne, mais sans caricature, avec au contraire une leçon d’humanité qui est donnée à cet enfant, au départ plutôt distant mais qui ne tarde pas à s’humaniser. La nature est très présente, les enfants également, et la mise en scène est parfaitement soignée. Cependant, rien de très nouveau.

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La liste de mes envies

Lundi 29 septembre 2014

Réalisé par Didier Le Pêcheur

Sorti en France le 28 mai 2014

Le film est sorti, en France seulement, le 28 mai, je le vois donc avec un peu de retard, par simple curiosité, après avoir lu le livre de Grégoire Delacourt dont il est tiré : une modeste mercière d’Arras, marié avec un homme qu’elle aime et mère de deux grands enfants, se laisse persuader par ses deux meilleures copines de prendre un billet de loterie, et... elle gagne dix-huit millions d’euros ! Mais elle cache cette bonne fortune à tout le monde et dissimule le chèque qu’on lui a remis, car elle craint, à juste titre, de perdre la vie modeste à laquelle elle tient. Malheureusement, son mari découvre le chèque et, indigné qu’elle n’ait pas tenté d’améliorer leur existence, part avec l’argent. Lorsqu’il revient, tout repentant, elle lui ferme sa porte au nez, et refait sa vie avec un autre homme, riche, attrayant et généreux, sans seulement l’aimer.

Le réalisateur, d’ailleurs plutôt bon, a débuté au cinéma, mais n’y a fait que trois films avant celui-ci, et travaille surtout, avec succès, à la télévision. Les acteurs sont bons, bien que Marc Lavoine, qui joue un rôle assez négatif, semble avoir décu ses admiratrices !

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Leviathan

Mardi 30 septembre 2014

Réalisé par Andreï Zviaguintsev

Sorti en France (Festival de Cannes) le 23 mai 2014

Sorti en France le 24 septembre 2014

Le film n’est pas sorti en Russie ! Pas étonnant, on y voit une courte scène où les photos de Brejnev, de Lénine et de Gorbatchev servent de cible à des types qui s’amusent au tirer dessus au fusil. L’un d’eux mentionne aussi Eltsine, mais remarque qu’il « n’était pas au niveau »...

Il s’agit d’une sombre histoire de corruption et d’abus de pouvoir : Kolia possède un petit terrain au bord de la Mer de Barents, et y a construit sa maison et un petit atelier de réparations mécaniques. Il vit là, avec sa deuxième femme Lilia, et Roma, son fils d’un premier mariage (il est veuf), âgé d’une quinzaine d’années et qui n’aime guère sa belle-mère. Mais le maire de la ville, prétextant la nécessité de construire à cet emplacement une station de télécommunications, a fait voter l’expulsion de la famille et la démolition de sa maison. Quant à l’indemnité que l’expert officiel a évaluée, elle est dérisoire, et Kolia réclame cinq fois plus. Il se fait assister par un ancien copain de l’armée, avocat à Moscou, très compétent et qui fait un peu de chantage au maire, mais ce dernier, qui a feint de renoncer, le fait tabasser par ses sbires, et le tribunal déboute Kolia. Dans une séquence spectaculaire filmée depuis l’intérieur de la maison, celle-ci est démolie.

Cette histoire serait tout à fait acceptable, si son auteur n’avait pas cru plaquer là-dessus une histoire d’adultère entre la femme de Kolia et l’avocat : le mari les surprend, et, plus tard, Lilia est trouvée morte. Le tribunal condamne Kolia à quinze ans de réclusion criminelle, bien qu’il n’ait pas reconnu le crime.

Le titre du film est un peu saugrenu. D’abord, parce que peu de choses rattachent cette histoire au monstre de la Bible, sinon, peut-être, le squelette d’un cétacé échoué sur le rivage. Ensuite, parce que les films et téléfilms portant le même titre abondent, comme ce navet sur la pêche dont j’ai déjà parlé il y a treize mois, ICI. Quant au réalisateur, on le connaissait pour un film, Le retour, dont il n’y avait que du bien à dire, tant il était à la fois hors normes et réalisé avec un soin devenu rare et un louable laconisme, déjà sensible dans le film que je viens de citer.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.