Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : La dame de fer – The iron lady – Mamma Mia! – Shall we dance? – Le roi et moi – Extrêmement fort et incroyablement près – Extremely loud and incredibly close – Billy Elliot – The reader – Cheval de guerre – Hugo Cabret – Autant en emporte le vent – Martha Marcy May Marlene – 38 témoins – Indian Palace – La dame en noir – Target – Les Muppets – Sécurité rapprochée – Projet X – Wanderlust – The Artist – Voyage au centre de la Terre 2 : L’île mystérieuse – Je te promets - The Vow – Shadows – Zyzzyx Road – Project X – La folle fournée de Ferris Bueller – The hangover – Very bad trip – Harold et Maude – Harold and Maude – M.A.S.H. – Les infidèles – Eva – Eva (1962) – A.I. – Duel – Cloclo – Hunger games – Battle royale – Terraferma – Dallas – Jump Street – Elena – Le retour – Le bannissement – Perfect sense
Personnes citées : Phyllida Lloyd – Margaret Thatcher – John Edgar Hoover – Marni Nixon – Nicolas Sarkozy – Stephen Daldry – Steven Spielberg – Martin Scorsese – Georges Méliès – Sean Durkin – Lucas Belvaux – Sophie Quinton – Yvan Attal – Didier Sandre – John Penney – Katherine Heigl – Leo Grillo – Tom Sizemore – Jérôme Garcin – Quentin Tarantino – Nima Nourizadeh – Thomas Mann – Hal Ashby – Line Renaud – Bud Cort – Robert Duvall – Emmanuelle Bercot – Fred Cavayé – Alexandre Courtès – Jean Dujardin – Michel Hazanavicius – Éric Lartigau – Gilles Lellouche – Jean Dujardin – Alexandra Lamy – Kike Maíllo – Kike Maíllo Iznájar – Joseph Losey– Jeanne Moreau – Michel Ciment – Alain Riou – Danièle Heymann – Claude François – Jérémie Renier – Jérôme Garcin – Gary Ross – Donald Sutherland – Lenny Kravitz – Emanuele Crialese – Brad Pitt – George Clooney – Andrei Zviaguintsev – David MacKenzie
Réalisé par Phyllida Lloyd
Titre original : The iron lady
Sorti en Australie et en Nouvelle-Zélande le 26 décembre 2011
Sorti en France le 15 février 2012
Dû à la redoutable réalisatrice de Mamma Mia!, qui n’a rien fait d’autre, ce film lourdement hagiographique à l’égard de l’ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher a un air de déjà vu (comme disent les anglophones) qui n’est pas sans rappeler le récent film sur John Edgar Hoover : même indulgence pour un personnage plutôt antipathique, même procédé éculé du vieillard qui « se souvient » de sa jeunesse et de son ascension dans les sphères du Pouvoir, mêmes retours en arrière incessants... Il faudra qu’un jour, les gens de cinéma prennent conscience que cette forme de récit a fait son temps et commence à lasser tout le monde. C’est même une erreur de conception, selon moi, car la stricte chronologie et le suspense qui en découle – puisque le public connaît la suite, que les persnnages ignorent – en apprennent bien davantage.
Il n’y a quasiment rien d’autre à en dire, sinon relever trois bons moments, quand passe en fond sonore la chanson Shall we dance?, extraite du film Le roi et moi et chantée par Marni Nixon, et s’amuser un peu en chipotant sur des détails. Par exemple celui-ci : au cours d’un Conseil des ministres, Margaret Thatcher fait le reproche à un de ses ministres d’ignorer l’orthographe, car il a « mis deux T à comité ». Certes, certes, chez nous, ce serait gravissime, et notre président Sarkozy ne laisserait jamais passer une telle perle d’inculture. À cela près qu’en anglais, comité s’écrit committee, donc effectivement avec deux T !
Et puis, techniquement, ceci, qui trahit la paresse du montage : le film, qui est au format 2,35:1, est farci d’images d’archives tournées dans l’ancien format 1,37:1. Or elles ont été incluses dans le montage sans avoir été anamorphosées, donc, à la projection, elles sont étirées en largeur (du double !). Pourtant, la modification est facile à faire. Mais il faudrait travailler un peu...
Réalisé par Stephen Daldry
Titre original : Extremely loud and incredibly close
Sorti au Canada (Festival de Toronto) et aux États-Unis le 25 décembre 2011
Sorti en France le 29 février 2012
Stephen Daldry s’intéresse aux jeunes, et a réalisé le célèbre Billy Elliot et The reader – films réussis. Ce dernier film est partiellement raté, parce qu’il joue sur l’obsession états-unienne de l’attentat du 11 septembre 2001 (par lequel ce Britannique ne devrait guère se sentir concerné), et parce qu’il se traîne dans le dernier quart du récit et semble ne jamais devoir se terminer, enlisé qu’il est dans une suite de scènes sentimentales qui n’ajoutent plus rien à l’histoire, dès lors qu’on a eu l’explication qui devrait conclure tout cela.
Bref, Oskar a perdu son père dans l’effrondrement des tours du World Trade Center, puis, plus tard, a découvert une clé dans les affaires de celui-ci, et cru qu’elle ouvrirait un coffre contenant on ne sait quoi mais qui lui permettrait de retrouver, d’une certaine manière, le père défunt, fantasque et qu’il adorait. Oskar apparaît aussi comme une sorte de malade mental, refusant de prendre les transports en commun parce qu’on s’y fait tuer par les terroristes musulmans, et ne consentant à descendre enfin dans le métro que muni d’un masque à gaz ! Un parfait futur citoyen de ce grand pays...
Mais il finira par découvrir que la clé appartenait à un autre homme, qui, lui aussi, avait eu des problèmes avec son propre père, donc tout devrait s’arrêter là. Mais l’auteur du scénario passe alors le relais à la mère, qui ne nous a pas beaucoup intéressés jusqu’ici, et c’est comme un deuxième film qui commence, guère vraisemblable à vrai dire, et qui ne retient pas l’attention. C’est dommage, l’enfant qui interprète Oskar et la demi-douzaine d’adultes qui l’entourent sont plutôt bons, et le film, quoique trop abondant en gros plans, n’est pas mal réalisé, car Daldry a du métier.
Parfois, certains films devraient être terminés avec des ciseaux !
Lorsque j’ai rédigé ma critique du dernier film de Spielberg, je savais d’avance que ce très beau film serait assassiné par la critique, et, malheureusement, le public a suivi ses avis. Si bien qu’après deux semaines à l’UGC des Halles (le plus gros complexe de Paris avec dix-neuf salles, quoique le plus mal famé), le film est passé dans les placards à balai du sous-sol. Pourtant je connais des personnes qui, comme moi, ont été enthousiasmées...
Ces deux institutions que sont Le masque et la plume, sur France Inter, et « Le Canard enchaîné », dans les kiosques, ont utilisé le même vocabulaire : « chromo » et « film pour enfants ». Voyons cela de plus près.
Sur France Inter, on a entendu Jérôme Garcin, qui a détesté le film, lire avec délectation la lettre d’un auditeur idiot, qui critiquait entre autres les « décors de carton-pâte » du film. D’abord, Cheval de guerre, presque intégralement tourné en extérieurs (à l’exception de quelques scènes aux Twickenham Film Studios, dans le Middlesex), ne comporte aucun décor en carton-pâte ! Ensuite, je m’étonne que les critiques de cinéma ignorent encore que le carton-pâte n’est JAMAIS utilisé dans la construction de décors, parce qu’il coûte trop cher et qu’il est difficile à travailler. Tous les décors de cinéma sont faits de toile peinte, de bois et de plâtre.
Film pour enfants ? Lorsque Scorsese sort son Hugo Cabret à l’automne dernier, tout le monde reconnaît que c’est aussi un film pour enfants, mais l’ensemble de la critique clame son admiration – sans même relever que Scorsese y calomnie affreusement Georges Méliès avec l’épisode niais du carnet de croquis appartenant à l’enfant, souvenir de son père mort, et que Méliès prétend avoir brûlé (il lui restitue une poignée de cendres !). Oui, mais, comme je l’ai noté, Scorsese « a la carte » ; pas Spielberg. Sur Spielberg, les critiques sont partagés : certains le méprisent, les autres le haïssent.
Chromo ? Les dictionnaires nous apprennent que c’est une « image en couleurs de mauvaise qualité ». Je ne vois pas, dans le film de Spielberg, où se trouvent ces images de mauvaise qualité, mais j’ai une petite idée : les critiques visent sans doute l’image finale, avec les trois membres de la famille réunis sur un fond de coucher de Soleil. Ceci, donc :
Fort bien. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas qualifier de « chromo » le célébrissime et incontesté Autant en emporte le vent ? Voici l’image de fin, et dites si vous la trouvez meilleure :
Signalons que le film, sorti le 25 décembre dernier aux États-Unis, a coûté 66 millions de dollars et en a rapporté plus de 79 millions – plus de 88 millions à l’étranger –, donc il a largement couvert ses frais. Il était sorti dans 2376 salles aux États-Unis seulement, et dans 2856 en tout.
Réalisé par Sean Durkin
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 21 janvier 2011
Sorti en France le 29 février 2012
Aucune surprise : le film est bien sorti au Festival de Sundance, la plus grosse entreprise de certification pour les navets prétentieux, abscons ou franchement idiots. Ici, on a les trois !
La seule originalité de cette histoire consiste à coller quatre prénoms différents à la même fille, tous commençant par la même lettre. Génial ! Étonnez-vous, après cela, que sa personnalité se dédouble... Ce truc grossier de scénariste, dû au réalisateur qui porte les deux casquettes (comme on dit dans les journaux bien écrits), pourtant, ne suffit pas à faire un scénario. Bref, cette pauvre Martha a fait partie d’une secte, elle s’en est enfuie et se réfugie chez sa sœur et son beau-frère, qu’elle avait largués, qui ont la bonté de la recueillir, mais auxquels elle ne raconte rien de son aventure ni des souvenirs « qui la hantent » (toujours la psychanalyse de cinéma).
Après cela, souvenirs et réalité se mélangent, mais comme le spectateur a dû attendre trois quarts d’heure avant que quelque chose se passe qui éclaire un peu ces élucubrations, on ne sait plus très bien si le meurtre auquel on assiste est réel ou fantasmé. La fin « ouverte » n’élucide rien, mais ce type d’imposture plaît, c’est indéniable ; il n’y a donc pas lieu de se gêner.
Le réalisateur, après deux courts-métrages, fait ici son premier long. On ne lui en souhaite pas un deuxième.
Dire que ce film ridicule encombre les bons écrans de Paris, comme celui du Max-Linder, et que le magnifique Cheval de guerre n’y a même pas été admis !
Réalisé par Lucas Belvaux
Sorti aux Pays-Bas (Festival de Rotterdam) le 30 janvier 2012
Sorti en France et en Belgique le 14 mars 2012
Si ce film est en partie raté, ce n’est pas à cause de son sujet : Le Havre, au centre-ville ; trente-huit personnes, la nuit, ont vu ou entendu un viol suivi d’assassinat, commis en pleine rue, mais personne ne témoigne. Jusqu’à ce que l’une d’elles sorte du silence, et dès lors devienne le bouc émissaire du voisinage, parce que, si le procureur a refusé de poursuivre ces témoins (il a eu raison, le procès n’aurait eu lieu que dans les médias), une journaliste a tout publié, donc jeté la honte sur la ville.
Si ce film est en partie raté, c’est parce que le récit tourne autour d’un couple, dont l’homme est justement ce témoin repenti, et qu’on se fiche bien de leur aventure personnelle. Bonne actrice et plutôt jolie, Sophie Quinton reste fade et incarne la platitude d’un personnage médiocre. Quant à l’homme joué par Yvan Attal, censé jouer un personnage qui ne parle pas, mais qui réussit à nous ennuyer avec un interminable monologue au texte à la fois faible et grandiloquent, il n’a aucun attrait, et c’est la principale erreur de distribution, car on ne partage pas son état d’âme. Pourtant, les autres personnages sont bons, surtout Didier Sandre dans le rôle du procureur, mais on les voit trop peu.
Si ce film est en partie réussi, c’est grâce à sa réalisation : Belvaux montre très bien la laideur de la ville et de son port, ses rues vides, ses quais déserts, ses habitants pétris de lâcheté, il ne montre pas le crime, fort peu l’enquête hormis dans une très belle séquence de reconstitution des faits, et il traite effectivement son sujet, qui est un sujet moral, et grave. L’atmosphère qu’il réussit à établir traduit bien cela.
Voici les plus gros succès actuellement au Royaume-Uni, les films étant classés selon la recette de la première semaine, non indiquée ici, puisque je ne mentionne que la recette totale :
- Indian Palace : 2 semaines ; 7,07 millions de livres
- La dame en noir : 4 semaines ; 17,8 millions
- Target : 1 semaine ; 1,84 millions
- Les Muppets : 4 semaines ; 14,5 millions
- Sécurité rapprochée : 2 semaines ; 4,75 millions
- Projet X : 1 semaine ; 566 000 livres
- Wanderlust : 1 semaine ; 494 000 livres
- The Artist : 10 semaines ; 8,56 millions
- Voyage au centre de la Terre 2 : L’île mystérieuse : 10 semaines ; 6,28 millions
- Je te promets - The Vow : 4 semaines ; 5,23 millions
Il est permis de s’amuser de temps en temps. Alors, voici le plus gros insuccès mondial de toute l’histoire du cinéma. Bien entendu, c’est un film tourné aux États-Unis. Il est sorti dans une seule salle, le Highland Village Park Theater, à Dallas (Texas), le 25 février 2006, produit par les studios Regent (je doute qu’ils existent encore !). Il durait 90 minutes, était en couleurs, au format 1,85:1, appartenait au genre du thriller, était scénarisé et dirigé par John Penney – un scénariste, qui n’a réalisé qu’un seul autre film, Shadows, cinq ans plus tard –, et ses vedettes, si l’on peut dire, s’appelaient Katherine Heigl, Leo Grillo et Tom Sizemore. Il a coûté 2 millions de dollars, n’a tenu l’affiche que six jours puisqu’il a été retiré le 2 mars, et a rapporté... trente dollars, dont vingt le week-end. Son titre : Zyzzyx Road.
Pour vous instruire, voici l’affiche :
Je ne suis pas certain qu’il existe en DVD. Aussi vais-je voler à votre secours, et vous en résumer l’intrigue : un expert-comptable mal marié nommé Grant se rend à Los Angeles et rencontre Marissa, une fille légère, dans un casino de Las Vegas. Alors qu’il se trouve avec elle dans un motel, l’ex-petit ami de Marissa, un garçon violent nommé Joey, les surprend, frappe Grant à la tête, mais c’est Grant qui parvient à le tuer. Puis, toujours accompagné de Marissa, il emporte le corps pour l’enterrer dans le désert de Zyzzyx Road (une petite route qui débouche sur l’Interstate 15, à cent cinquante kilomètres au sud-ouest de Las Vegas, dans la région de San Bernardino, en Californie). Mais le lendemain matin, il s’aperçoit que le cadavre n’est plus dans le coffre de la voiture, et part avec une pelle pour tenter de le retrouver. Et lorsqu’il le trouve dans une mine abandonnée, Joey, qui apparemment n’était pas mort, révèle un secret sur Marissa, que je suis navré de ne pas connaître. D’ailleurs, Jérôme Garcin m’en aurait voulu de raconter la fin. Sinon, vous pensez bien...
Certes, cette histoire n’est pas plus stupide que celles racontées par Tarantino. C’est pourquoi il faut regretter que le film n’ait pas été présenté au Festival de Sundance, La Mecque du politiquement correct ; il y aurait été récompensé, aucun doute là-dessus.
Réalisé par Nima Nourizadeh
Titre original : Project X
Sorti en Australie, Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas le 1er mars 2012
Sorti en France et en Belgique le 14 mars 2012
Film d’un réalisateur débutant qui n’a fait que des spots de pub, dont un pour Adidas ! Et le titre a déjà été utilisé tel quel dans cinq films et un téléfilm...
Comment devenir enfin populaire, lorsque tout le monde, vos parents y compris, vous voit comme un loser ? En organisant dans la belle villa familiale une fête pour votre dix-septième anniversaire, en l’absence des parents évidemment. On a déjà tout compris, et notamment que les consignes parentales (ne pas pénétrer dans le bureau de Papa, ne pas toucher à la Mercedes de Papa, répondre au téléphone quand Papa appelle, ne pas inviter plus de quatre ou cinq copains) vont être pulvérisées. Les invitations lancées par SMS, par Internet, ou faites de vive voix, font qu’arriveront « mille cinq cents, peux-être deux mille » jeunes, bien décidés à boire, s’envoyer en l’air et se droguer. Et malgré un service d’ordre composé de deux garçons de quatorze ans dont l’un est venu avec un taser, la fête se conclura par l’intervention d’un dingue, auquel les copains organisateurs ont acheté de l’ecstazy, non sans lui voler au passage son nain de jardin ; furieux, le dingue incendie tout le quartier au lance-flammes.
Le principe, que j’appellerai « comique d’accumulation », et qui est une variante du slowburn sans la présence de la victime, n’est pas mauvais en soi, et il rappelle un peu la trame d’un film de 1986 qui repasse fréquemment à la télévision, La folle fournée de Ferris Bueller, que j’estime infiniment supérieur et un peu plus audacieux dans sa façon de tourner en dérision les adultes plutôt que les jeunes. Mais ici, l’imagination manque, puisqu’on a fait appel... aux figurants pour trouver des bêtises à inclure dans le scénario ! Il faut dire que le producteur est déjà le réalisateur de The hangover (alias Very bad trip), mauvais film très racoleur, qui a connu une première suite et va en avoir une deuxième. Le détail le plus curieux réside en ce que l’interprète du lycéen qui invite s’appelle Thomas Mann !
Réalisé par Hal Ashby
Titre original : Harold and Maude
Sorti aux États-Unis le 20 décembre 1971
Sorti en France le 23 aoû 1972
En général, c’est la télévision qui, lorsqu’un réalisateur doit sortir un nouveau film en salles, programme sur les chaînes son film précédent : la publicité est la première programmatrice. Dans le cas présent, variante curieuse, c’est une salle de cinéma qui fait la publicité de la pièce de théâtre, adaptée d’un film, qu’on joue dans la même rue, sur le trottoir d’en face. Car enfin, il n’y avait aucune autre raison d’exhumer Harold et Maude, qui, tout comme son héroïne, fait son âge ! En clair, c’est parce que le théâtre Antoine, boulevard de Strasbourg, affiche une pièce portant ce titre et que joue Line Renaud, que le cinéma Le Brady, boulevard de Strasbourg, ressort le film.
Harold a vingt ans, est obsédé par la mort, va à tous les enterrements de gens que pourtant il ne connaît pas, et mime régulièrement son suicide via des mises en scène originales et macabres, mais qui n’étonnent plus son entourage. Au point que sa mère, qui fait quelques longueurs dans leur piscine de millionnaire, n’a pas un regard pour son « cadavre » flottant à la surface, à deux mètres d’elle. Son principal souci est de marier son fils, lequel ne s’intéresse absolument pas aux filles et sabote, en effrayant les candidates, toutes les entrevues qu’elle lui prépare.
Mais Harold, au cours d’un enterrement, rencontre Maude, 80 ans, qui fréquente les mêmes cérémonies mais n’est pas du tout neurasthénique. On nous explique sur tous les tons que c’est en fait son amour de la vie qui la fait agir. Si bien que Maude et Harold se rencontrent sans arrêt, font des escapades dans des voitures qu’ils volent, se payant au passage la tête des militaires et des policiers, et enfin, deviennent amants, ce que le spectateur a un peu de mal à gober. Puis, le jour de son quatre-vingtième anniversaire, Maude se suicide.
Ce film est très daté, et son époque est celle de la fin du mouvement hippie, très libertaire et non conformiste, qui a influencé énormément d’œuvres, livres, films, pièces de théatre, chansons, avec des résultats très divers. Au passage, le réalisateur insère un bref plan de tatouage sur un avant-bras, montrant que Maude a connu les camps de concentration. Mais ce détail n’est plus utilisé ensuite et ne joue aucun rôle dans l’histoire, il sert donc un peu d’alibi, mais inutile.
Harold est joué par Bud Cort, interprète, dans M.A.S.H., du jeune infirmier que tourmentait le chirurgien Robert Duvall, et qui se vengeait en le ridiculisant.
Réalisé par Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Alexandre Courtès, Jean Dujardin, Michel Hazanavicius, Éric Lartigau, Gilles Lellouche
Sorti en France et en Belgique le 29 février 2012
On ne fait plus beaucoup de films à sketches, même pas un par an. Celui-ci a la particularité de ne pas montrer de coupure entre deux épisodes, ce qui est parfois déroutant : on quitte un acteur jouant tel personnage, et on le retrouve quelques secondes après, qui en joue un autre.
L’ouverture est très bonne, un festival de cynisme ; l’épisode entre Dujardin et Alexandra Lamy, qui dérive un peu vers le sérieux, est le moins intéressant car on voit tout venir d’avance ; celui des Infidèles Anonymes est réjouissant ; et la fin, avec les deux compères qui décident de devenir gays et de monter un numéro à Las Vegas, n’est guère dans la note. Mais enfin, le tout est distrayant.
Réalisé par Kike Maíllo
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 7 septembre 2011
Sorti en France le 21 mars 2012
Après deux courts-métrages dont il avait écrit le scénario, et une série télévisée, ce réalisateur, dont le nom complet est Kike Maíllo Iznájar, réalise en Suisse (où le film n’est pas sorti !) une histoire espagnole de science-fiction et d’anticipation, dont le titre est un peu malencontreux, puisqu’il a déjà servi pour un film très coté de Joseph Losey, avec Jeanne Moreau, en 1962.
Alex, créateur de robot, revient d’Australie après dix ans d’absence : on l’a engagé pour construire un enfant androïde, projet qu’il avait entamé avant son départ, mais qu’il avait laissé tomber, car il ne termine jamais rien. Il renoue avec son frère David et avec Lana, qu’il avait aussi abandonnée, et qui a refait sa vie avec David. Le couple a un enfant, Eva, vive, originale et intelligente, qu’il va utiliser comme modèle pour édifier la personnalité morale, intellectuelle et affective de son robot. Les neuf dixièmes du film vont s’écouler avant que l’on apprenne la vérité : Eva est en réalité un robot construit par Lana ! De plus, la fausse enfant ignore sa condition de robot, et, lorsqu’elle l’apprend par accident, elle... tue sa « mère ».
Dès lors, Alex est chargé par sa hiérarchie de détruire ce robot dangereux. Mais il ne peut pas s’y résoudre....
Le film, qui fait un peu penser au A.I. de Spielberg, serait bien meilleur s’il n’était pas encombré d’une musique sentimentale qui ne s’interrompt quasiment jamais. Et puis, vers le milieu du récit, il y a vraiment un passage à vide. L’anticipation, c’est bien difficile, tout le monde n’est pas Arthur C. Clarke ou Isaac Asimov.
Je ne fais pas mystère du peu de considération que je porte à cette émission hebdomadaire (depuis cinquante-cinq ans !), Le masque et la plume, sur France Inter ; notamment aux éditions qu’elle consacre au livre, dans laquelle les critiques font les clowns, ou au cinéma, qui réunit rarement des personnes compétentes. Il y a bien Michel Ciment, qui est le critique le plus intelligent et le plus cultivé de France, et qui ne vient pas à Radio-France avec l’intention délibérée d’assassiner les films ou de placer le détail de ses états d’âme et de ses goûts sexuels. Alain Riou, aussi, possède un esprit original quoique porté au paradoxe, et Danièle Heymann est assez sympathique, bien qu’elle se laisse influencer par ses sentiments et, mue par un enthousiasme permanent, abuse du mot « extraordinaire ». Mais je considère les autres comme des charlots incompétents. Ainsi, cette manie qu’ils ont tous de prononcer « Chpilbergue » lorsque le nom du réalisateur de Duel vient dans la conversation : pas un ne manque de tomber dans ce travers.
Mais Spielberg n’est pas la seule victime de ces gens qui semblent n’avoir jamais ouvert un journal, lu un livre, vu une pièce de théâtre ou écouté la radio. En ce moment passe le film Cloclo, biographie pas très tendre sur Claude François, et Possession, autre film, dont l’interprète est l’excellent acteur belge Jérémie Renier. Eh bien, dans l’émission diffusée dimanche dernier, pas un des participants (et j’y inclus le présentateur Jérôme Garcin) n’a été capable d’articuler correctement son nom ! Tous ont parlé de Jérémie Rénier.
Quand on a fait, de l’exégèse du cinéma, son métier, sa passion, sa raison d’être, le minimum est de connaître ceux qui font le cinéma. Je ne suis qu’un amateur, mais jamais je ne n’écrirai un nom sans m’être renseigné sur son orthographe, et même sa prononciation. Il est vrai que je ne suis pas rétribué. Oui, ce doit être cela. Tout comme, en informatique, les logiciels gratuits sont généralement meilleurs que ceux vendus pour une fortune.
Réalisé par Gary Ross
Sorti en France, Belgique, Pays-Bas et aux Philippines le 21 mars 2012
Parce que bien intentionné, ce ne sont que dithyrambes, dans la presse, à propos de ce sombre navet, œuvre d’un tâcheron qui gagnerait à rester inconnu, Gary Ross, réalisateur auparavant de deux films obscurs en 1998 et 2003. Mais justifions cette mauvaise impression.
Premier point, le titre suggère un monde où l’on meurt de faim ; mais tous les personnages présents, jeunes ou adultes, sont costauds et respirent la santé. La « faim » doit être spirituelle !
Ensuite, l’histoire relève de l’anticipation catastrophiste et moralisatrice : les États-Unis, ravagés par une guerre, se sont transformés en un empire divisé en douze districts, lesquels, chaque année depuis soixante-treize ans, sont astreints à fournir deux champions tirés au sort, un garçon et une fille entre douze et dix-huit ans, qui devront s’entretuer dans la nature ; c’est une « punition contre les peuples qui se sont rebellés », prétexte-t-on (la Syrie a fait école ?). Et il ne doit rester qu’un seul survivant ! Naturellement, la compétition est télévisée. Quel dommage que cet argument ait déjà servi pour un excellent film japonais, Battle royale, en 2000... Mais j’y reviens un peu plus bas.
Autre point, la réalisation est surtout faite de gros plans à la caméra portée, qui gigote sans cesse, passant en zigzags d’un détail à un autre, selon la mode actuelle ; or le format de l’écran est le 2,35:1, qui se prête mal aux gros plans. Pour ne rien arranger, les dialogues sont d’un nunuche qui dépasse les limites permises, et les conversations sentimentales entre jeunots qui découvrent que, peut-être, ils pourraient bien être amoureux, outre qu’elles font bâiller, occupent un temps considérable et rallongent un film déjà trop long : deux heures et vingt-deux minutes. Le style, alors ? Mais non, rien. Quand Battle royale était éblouissant d’humour noir (on envoyait les quarante élèves d’une classe de terminale s’entretuer sur une île pour passer aux jeunes l’envie de devenir délinquants), ici, le sirop dégouline.
L’interprétation ? On a couvert de fleurs la jeune vedette féminine, mais elle est fade, et son partenaire également. Le seul bon acteur de la distribution est Donald Sutherland (je fais exprès d’oublier Lenny Kravitz, dont on se demande ce qu’il vient faire là), mais il a un rôle secondaire, comme dans la plupart de ses films.
Ajoutons à cela un scénario pas très honnête, car il ne respecte pas son postulat. Comme dit plus haut, il ne doit y avoir qu’un survivant, mais les organisateurs ont appris que le garçon du district 12 est amoureux d’une fille (qui l’ignore) du même district : il y a donc là de quoi pimenter un peu la compétition, et l’on autorise en cours de compétition qu’il y ait deux vainqueurs, « à condition qu’ils appartiennent au même district ». Kolossale finesse. Mais, lorsque les deux tourtereaux ont vaincu tous leurs adversaires, les mêmes organisateurs décrètent que, décidément, ils annulent cette modification et qu’un seul doit survivre – donc les amoureux doivent s’entretuer. Mais ils refusent et annoncent qu’ils vont se suicider. La direction annule alors l’annulation, et décide de couronner les deux amoureux. Trois changements de règle en cours de route, à ce degré de foutage de gueule, le spectateur est tenté de casser les fauteuils et de mettre le feu à la salle, mais on le calme en lui montrant le couronnement... de la fille seule (rien pour le garçon, alors ?), puis leur interview lénifiante à la télé (« Je n’aurais pas pu vivre sans lui/elle »).
Après cela, eh bien, les deux amoureux, platement, rentrent chez eux par le train.
Voilà, le film est fini. Aucune chute, aucun retournement de situation, rien.
On peut aussi rester chez soi à lire un livre, savez-vous ?
Réalisé par Emanuele Crialese
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2011
Sorti en France (Festival d’Annecy) le 1er octobre 2011
Sorti en France le 14 mars 2012
Quand Filippo, 20 ans, et son grand-père, depuis leur bateau de pêche, recueillent un groupe d’immigrés clandestins venus d’Afrique et mourant de faim sur un canot de sauvetage, la police de leur petite île au large de la Sicile les accuse d’avoir « favorisé l’immigration clandestine » et leur confisque leur bateau, seul moyen de subsistance.
Plus tard, Filippo emmène une fille faire une balade nocturne en mer, et un autre groupe d’immigrés clandestins apparaît et veut grimper à bord ; cette fois, Filippo les frappe pour leur faire lâcher prise : comment avouer qu’il a volé le bateau pour faire plaisir à la fille ?
Enfin, parce qu’il veut conduire sur le continent une femme éthiopienne que sa mère a recueillie provisoirement et qui veut rejoindre son mari en Allemagne, il brise les scellés de son propre bateau et l’embarque avec ses deux enfants, sachant qu’au retour, il faudra payer pour ce délit.
Trois étapes d’une prise de conscience chez un jeune homme au départ dépolitisé. Le film est simple et beau. Il dure moins d’une heure et demie... et ne remporte aucun succès. Raisons de plus d’aller le voir.
Si, en juin, vous achetez la dernière édition du Petit Robert (ce sera sans moi), vous y trouverez une notule sur Jean Dujardin. Il entre dans ce dictionnaire, non pas à cause de son Oscar pour The artist, puisque le texte était prêt avant, mais pour l’ensemble de sa carrière.
Détail piquant, Brad Pitt y entre en même temps. Attendu que Jean a débuté (à la télé), en 1998, et au cinéma en 2002, alors que Brad a débuté au cinéma en 1987 (mais il a joué dans Dallas et dans 21 Jump Street, ce qui en fait un vétéran du métier), on voit que, pour arriver dans le Robert, mieux vaut être français !
Mais George Clooney, lui, y était déjà...
Réalisé par Andrei Zviaguintsev
Sorti en France (Festival de Cannes) le 21 mai 2011
Sorti en France le 7 mars 2012
Zviaguintsev avait connu un beau succès en 2003 avec Le retour, mais Le bannissement, en 2007, n’avait pas rameuté les foules. Son Elena sera entre les deux.
Elena et Vladimir, sexagénaires, ne sont mariés que depuis deux ans. L’un et l’autre ont eu un enfant d’une union antérieure : pour Vladimir, une fille, indépendante, hédoniste, et qui refuse toute idée de fonder une famille ; pour Vladimir, un fils, Sergueï, marié, père de deux enfants, chômeur, désargenté, que sa mère subventionne en cachette de son mari.
Or Sergueï a besoin de plus d’argent, car il veut éviter le service militaire à son propre fils de 17 ans, Sacha, et pour cela, il faut arroser les personnes bien placées. Mais Vladimir estime que chacun doit assumer la famille qu’il a fondée, et refuse de participer, d’autant plus qu’il envisage de faire, de sa fille qu’il aime beaucoup malgré le fichu caractère qu’elle affiche, sa seule héritière.
Confronté au besoin de protéger son fils et sa famille, Elena emploie les grands moyens : bien qu’elle aime son mari, elle décide... de le tuer ! Et parce qu’il vient d’avoir un infarctus et doit suivre un traitement, elle lui prépare un cocktail de médicaments dont elle force la dose, y joignant quelques comprimés de Viagra. Si bien que, le mari mort, on met son décès sur le désir du mort d’avoir voulu se stimuler.
Comme Elena a brûlé le testament de son mari et vidé son coffre-fort, ce qui reste de son héritage sera partagé en deux parts égales, l’une pour sa fille, l’autre pour sa veuve. Sergueï aura l’argent pour son fils... qui s’avère, en fait, un sale petit voyou n’ayant pas mérité tant de tracas.
Le film est réalisé très classiquement, avec abondance de longs plans fixes, une seule séquence, celle du tabassage par les voyous amis de Sacha, étant filmée en caméra portée. Néanmoins, on peut estimer que le film est trop lent : pourquoi ouvre-t-il par un plan de deux minutes sur une branche d’arbre où s’est perché un oiseau ? Pourquoi cet interminable laïus du notaire annonçant le partage de l’héritage, qui n’a rien d’original ? Pourquoi toutes les scènes s’éternisent-elles à ce point ?
Et puis, tout comptes faits, on peut trouver que l’argument de cette histoire est un peu mince.
Réalisé par David MacKenzie
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 24 janvier 2011
Sorti en France le 28 mars 2012
Film fantastique, qui n’est ni de science-fiction ni d’anticipation : une épidémie dont la cause est inconnue et le restera fait que, peu à peu, les êtres humains perdent leurs sens, l’un après l’autre. D’abord, c’est l’odorat qui disparaît ; puis le goût, et comme le personnage masculin est cuisinier, tout tourne autour de cela – un peu trop longuement à mon avis. Il y a pourtant des conséquences assez rigolotes, par exemple lorsque les critiques gastronomiques en sont réduits à parler de la couleur des aliments, de la présentation des plats et... de leur température.
Puis les choses se gâtent, et les sourds se multiplient. Les autorités les obligent à rester chez eux, on les ravitaillera sur place. Enfin, la cécité s’abat sur le monde, et l’on ne peut plus communiquer avec les autres que par le toucher.
Il n’y a pas de fin, l’histoire s’arrête là. C’est une assez belle idée, mais on doit faire des réserves sur la réalisation, qui abonde en scènes d’hystérie, d’une part, et en plans romanesques censés faire rêver le spectateur sur ce qu’il perd, d’autre part ; ainsi que sur les personnages, qui ne sont guère intéressants. Mais c’est surtout la musique qui sollicite beaucoup trop l’émotion, et gâche l’effet du film.
Naturellement, comme il est très bien-pensant, il est sorti au festival de Sundance. Classique.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.