Œuvres : Tremblements – Tremblores – Duelles – Dumbo – Dumbo l’éléphant volant – Versus – Les crevettes pailletées – Le grand bain – Lourdes – Hard paint – Tinta Bruta – Cœurs ennemis – The aftermath – Memories of murder – Snowpiercer – Okja – Parasite – Sibyl – Venise n’est pas en Italie
Personnes citées : Jayro Bustamante – Olivier Masset-Depasse – Alfred Hitchcock – Tim Burton – Jérémy Duvall – Steven Spielberg – François Valla – Cédric Le Gallo – Maxime Govare – Thierry Demaizière – Alban Teurlai – Filipe Matzembacher – Marcio Reolon – Abdellatif Kechich – Michel Ciment – Joon-ho Bong – Justine Triet – Gaspard Ulliel – Niels Schneider –Virginie Éfira – Lorenzo Lefèbvre – Ivan Calbérac – Helie Thonnat – Benoît Poelvoorde
Réalisé par Jayro Bustamante
Titre original : Tremblores
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 8 février 2019
Sorti en France le 1er mai 2019
Contrairement à ce que publie « Le Canard enchaîné » sorti cette semaine, ce film n’est certes pas supérieur à Boy erased, sorti le mois dernier, plus détaillé, interprété par de meilleurs acteurs, et pourvu d’un dénouement moins elliptique. Ici, nous sommes à Guatemala City, et Pablo, un quadragénaire de la « bonne société », avocat, marié, père de deux enfants, vivant au sein d’une famille de bigots, a aussi un amant – plutôt laid – d’un milieu tout différent. Or sa famille apprend cette liaison, et ne peut supporter le « déshonneur ». Illico, on le flanque à la porte, avec interdiction de revoir ses enfants, et son patron le licencie !
La suite montre comment, bien qu’il soit mis au ban des gens de son milieu, on parvient, après l’avoir bien culpabilisé, à lui imposer un pseudo-traitement afin de le « guérir » de son homosexualité : sport, massages, discours religieux et tout le... tremblement.
Si bien que Pablo rompt avec son ami, réintègre le cocon familial, et se déclare guéri.
On ne sait trop où veut en venir l’auteur du film, qui, s’il semble condamner l’homophobie, montre en fin de compte qu’elle a gagné ! Ce qui est exact : l’immense majorité des Guatemaltèques est catholique et homophobe.
Réalisé par Olivier Masset-Depasse
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 2 septembre 2018
Sorti en France le 1er mai 2019
Au départ, deux familles, voisines et amies, chacune avec un enfant, un garçon. Mais le plus âgé des deux a un accident et y laisse la vie. La mère du survivant pense que son amie lui en veut ne n’avoir pas pu secourir à temps la petite victime, mais non, l’amie se disculpe, et tout rentre dans l’ordre... sinon que le père du garçon défunt supporte très mal ce deuil.
Mais, peu à peu, la mère du gosse mort se révèle comme une personnalité trouble, elle tue son mari (elle maquille en suicide cette mort), puis les deux parents de l’enfant resté vivant. Elle demande alors à un juge de pouvoir adopter le petit garçon, et le juge accepte la proposition.
En résumé, on a remplacé un enfant mort par un autre, en éliminant au passage tous les obstacles.
Cette histoire, très tirée par les cheveux et bourrée d’invraisemblances, est, au surplus, réalisée maladroitement. Quant à la référence à Hitchcock, tentée par le réalisateur, elle est ridicule, car rien n’évoque ici le talent du grand cinéaste.
Réalisé par Tim Burton
Sorti aux États-Unis le 11 mars 2019
Sorti en France le 18 mars 2019
Je n’avais vu qu’une seule fois, en 1995, le précédent Dumbo, un dessin animé pourvu en France du titre Dumbo l’éléphant volant, et déjà produit par l’usine à films de Disney. Il avait alors été réalisé par cinq metteurs en scène, et n’avait rien de spécial. Cette dernière version est due à Tim Burton, qui en a profité pour faire un bon film, avatar qui ne lui était pas arrivé depuis des lustres, avec ces navets qu’étaient Dark Shadows et Miss Peregrine et les enfants particuliers.
Le film mêle les prises de vue réelles, avec des acteurs connus, et les images de synthèse, si bien faites qu’on ne voit pas ce qui les différencie. Au passage, il fustige les hommes d’affaires qui ne voient dans les numéros de cirque que l’occasion de se remplir les poches, ce qui est pittoresque lorsqu’on pense que cette histoire est encore produite par Disney. Mais, cette fois, on n’exagère pas les bons sentiments, les bons sont réellement bons, les méchants sont punis et ne se repentent pas, et Tim Burton reste dans sa spécialité : s’intéresser avant tout aux personnages hors normes, ce qu’il fait de mieux . Que demander de plus ? Si, peut-être : réduire un peu la musique, qui ne cesse pas une seconde !
Aujourd’hui sort en salles le premier film d’un cinéaste débutant, François Valla, qui précédemment n’avait réalisé que trois courts métrages. Ce long-métrage s’intitule Versus, et « Le Canard enchaîné » en parle, pour le classer parmi les films à voir. Je n’ai pas encore vu Versus, mais ce sera pour demain si Dieu me prête vie.
Il se trouve que le critique du « Canard », dont j’ai testé l’immense ignorance de l’univers cinématographique, cite quatre acteurs du film, mais oublie de nommer le principal interprète, qui n’est pourtant ni un mauvais acteur ni un acteur débutant, Jérémy Duvall, dont j’ai parlé en 2011, ICI et LÀ. Outre le cinéma, Jérémy (ou Jérémie), qui a aujourd’hui vingt-cinq ans, a joué au théâtre, et, à partir de ses dix-sept ans, a réalisé cinq courts-métrages entre 2010 et 2016. Spielberg n’est donc pas le seul cinéaste précoce.
Cerise sur le gâteau, il est d’une beauté remarquable. Le voici, tel qu’il était en 2013, au Festival de La Rochelle.
Réalisé par François Valla
Sorti en France le 8 mai 2019
Manque d’argent (tout est filmé de nuit, en extérieurs anonymes) ? Scénario écrit par des amateurs (ils sont quatre, dont le réalisateur, qui, après trois courts métrages, fait ici son premier long métrage) ? Toujours est-il qu’on peut résumer cette histoire en une phrase : Achille s’est fait tabasser par quatre voyous dans un bus, il se venge en tuant un autre voyou, plus deux filles, et sa tante qui l’avait accueilli chez elle.
La seule qualité de ce film raté, c’est qu’il est court : une heure et vingt minutes. On peut penser (et espérer) que le réalisateur n’en fera pas d’autres.
Réalisé par Cédric Le Gallo et Maxime Govare
Sorti en France (Festival de L’Alpe d’Huez) le 19 janvier 2019
Sorti en France et en Belgique le 8 mai 2019
Le film est très supérieur à celui l’a précédé dans le genre du film de sport, où l’on sait dès le début que l’équipe qui a tout pour perdre va gagner à la fin. Réalisé sans vedettes, contrairement à son concurrent Le grand bain, qui n’exprimait pas grand-chose de neuf, on a ici une histoire qui ne se vante pas, selon la mode actuelle, d’être tirée d’évènements réels – alors que ce serait le cas –, et sait faire rire avec ce qui, ailleurs, aurait pu être un festival de clichés, puisque le point de départ est cette sanction frappant un champion un peu sur la fin de carrière, et qui [aurait ?] tenu des propos homophobes, ce pour quoi la fédération de water-polo le sanctionne en l’obligeant à être l’entraîneur d’une équipe exclusivement composée de sportifs homosexuels ! Ce qui correspond à la réalité, puisque les Gay games existent depuis des années.
Les caractères sont très bien dessinés, et l’aspect comique du film ne souffre pas de l’épilogue, puisque la mort d’un des personnages, atteint d’un cancer des os, donne lieu à une cérémonie funéraire qui, en pleine église, tourne à la chorégraphie très gay, sans que quiconque puisse s’en plaindre, pas même le curé ou les parents du défunt.
Réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai
Sorti en France le 8 mai 2019
Ce tout premier film sur les malades se pressant dans la ville de Lourdes et sur le commerce florissant qui y a établi ses quartiers se borne à montrer les premiers intéressés, les malades justement, qui viennent à Lourdes, parfois plusieurs années de suite, dans l’espoir de guérir de leurs infirmités. Mais il est précédé par un carton indiquant que, si 7000 médecins ont témoigné de « guérisons inexplicables », en revanche, l’Église catholique n’a recensé que... soixante-dix « miracles ».
À noter que, face à cet enthousiasme manifesté par les déshérités de la vie au sujet de la prétendue « vierge » Marie et de ses pouvoirs célestes, jamais mis en doute, le spectateur impartial en conclut que la foi, à Lourdes, est une belle affaire !
C’est peut-être pour éviter ce genre de conclusion que les deux réalisateurs ne montrent que des gens dévoués envers les malades, mais ne montrent à aucun moment comment on les dupe. À l’exception d’une seule incursion très rapide dans un magasin de souvenirs pieux, où l’on ne détaille même pas les diverses marchandises qui y sont vendues – et pas soldées !
Bref, on ne saura rien de l’envers du décor et de l’avidité des commerçants, voire des religieux qui y règnent en maîtres et y font régner une discipline totale.
Le film n’est sorti dans aucun autre pays que la France.
Réalisé par Filipe Matzembacher et Marcio Reolon
Titre original : Tinta Bruta
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 18 février 2018
Sorti en France le 15 mai 2019
Film brésilien, qui traite de l’homosexualité chez les jeunes hommes désargentés. Pedro a été renvoyé de l’université, et vit seul avec sa sœur dans un immeuble peu folichon de Porto Alegre. Sans aucun métier, il pratique une forme désincarnée de prostitution, en se peignant le corps et en se filmant, moyennant finances, devant la webcam de son ordinateur. Jusqu’au jour où il découvre qu’un inconnu, Leo, lui a piqué son moyen d’expression.
Il parvient à le rencontrer, et, désormais, ils font à deux le même spectacle. Mais Leo a reçu une proposition pour aller poursuivre ses études à Berlin, et les deux garçons, devenus amants, doivent se séparer.
Les scènes de nu intégral sont assez discrètes, et les deux garçons ne sont pas antipathiques. Le film est assez romanesque, mais rencontre peu de succès.
Réalisé par James Kent
Titre original : The aftermath
Sorti au Royaume-Uni (Festival de Glasgow) le 26 février 2018
Sorti en France le 1er mai 2019
La Deuxième guerre mondiale est terminée, et les Alliés occupent l’Allemagne. Lewis, un colonel anglais, est envoyé à Hambourg pour y superviser la reconstruction de la ville, et sa hiérarchie le loge dans une luxueuse demeure, dont l’ancien propriétaire, Lubert, un ancien architecte talentueux et qui n’a jamais été nazi, doit lui laisser la disposition des lieux. Or la femme de Lewis, Rachael, tombe amoureuse de Lubert. Lewis comprend, et, heureusement, il est muté ailleurs. Rachael, qui avait envisagé de le quitter, change d’avis et part avec lui.
Le scénario dépeint subtilement les rapports entre les personnages, et la réalisation, précise et minutieuse, nous rappelle que les cinéastes anglais sont les maîtres de cet art. Malheureusement, le film a déplu au public, qui n’a voulu y voir qu’une romance un peu fade.
Pour une fois, la retransmission du Festival de Cannes, avancée d’un jour par rapport aux habitudes, a modifié la qualité du palmarès, puisque, de lamentable, il était cette année d’une tout autre nature. En effet, on a pu noter quelques changements bienvenus.
D’abord, aucun film envoyé par les États-Unis n’a reçu la moindre récompense. Quand on sait à quel niveau est tombé le cinéma venu du « pays de la liberté », on ne peut que se réjouir.
Ensuite, tous les mauvais réalisateurs reçus habituellement à Cannes comme des génies du cinéma sont repartis bredouilles : les Dolan, les Kechiche, les Tarantino, les Almodóvar, les Mallik, les Tarantino. Attendu que je les ai tous étrillés comme ils le méritaient, et depuis des années, c’est une satisfaction personnelle.
Enfin, UN critique a osé dire au micro que Kechiche, qui continue à produire des films de plus en plus longs et de plus en plus dénués d’intérêt, avait cette fois dépassé les bornes de la bassesse, en filmant la suite, en plus long, de ses deux films précédents, et en truffant son film d’une longue séquence de porno (cette fois, un cunni lingus de quatorze minutes). Il serait temps qu’on ose dire que Kechiche n’a aucun talent, et ne filme que ses obsessions de malade mental. Ce critique, c’était Michel Ciment, et je bois à sa santé (mentale elle aussi).
Bref, presque tous les réalisateurs récompensés venaient d’ailleurs, notamment de la Corée du Sud, avec le film de Joon-ho Bong, qui avait séduit le public avec Memories of murder, Snowpiercer et Okja. Son film Parasite, qui n’a que l’inconvénient de durer deux heures et douze minutes, sortira chez nous le 5 juin.
Réalisé par Justine Triet
Sorti en France le 24 mai 2019
Rien ne va, dans ce film : un scénario saugrenu multipliant les invraisemblances (une psychanalyste voulant lâcher son métier pour devenir écrivain, mais qui se laisse persuader de continuer le traitement avec une de ses patientes, et la rejoint dans l’île-volcan de Stromboli où a lieu le tournage ; une réalisatrice qui, mécontente de l’incapacité de ses acteurs à jouer convenablement une scène située sur un bateau, et qui plonge dans la mer pour regagner l’île, laquelle se trouve à deux bons kilomètres, abandonnant la réalisation à la psy), un dialogue burlesque, truffé de mots à la mode (c’est super, c’est cool, bosser, etc), plusieurs scènes de copulation totalement inutiles, et on en passe ; et des acteurs surfaits (Gaspard Ulliel, Niels Schneider) qui jouent mal – même Virginie Éfira, et dont un seul, Lorenzo Lefèbvre, est agréable à regarder. La longueur du film et le fait que le dénouement logique n’entraîne pas la fin du film, beaucoup trop long, tout cela donne un résultat à fuir sans hésitation.
Réalisé par Ivan Calbérac
Sorti en Belgique le 16 mai 2019
Sorti en France le 29 mai 2019
Assez unanimement, les critiques de profession ont boudé ce film, bien à tort : un jeune garçon tombe amoureux d’une musicienne de son âge, qui, harpiste jouant dans l’orchestre de son père, l’invite à son prochain concert... à Venise. Or le garçon, Émile, joué par l’excellent Helie Thonnat, appartient à une famille fauchée. Pour ne rien arranger, ses parents, très typiques dans le style baba cool, décident de l’y emmener à bord de leur caravane, ce qui le consterne. Mais, trop gentil, il n’ose pas leur dire de lui ficher la paix.
Le voyage, très mouvementé, aura lieu, le concert aussi, mais le père de la jeune fille, seul personnage antipathique, le vire de chez lui. Et, dès le lendemain, lui et sa fille ont quitté Venise pour Londres. Fin de l’aventure.
Cette comédie dans laquelle presque tout le monde est gentil tranche un peu sur la production habituelle des films familiaux, volontiers sarcastiques. Et on échappe au canevas habituel, les problèmes de cœur des trentenaires plutôt friqués. Ici, le personnage principal a quatorze ans, et il est plutôt timide. On en oublie un peu les pitreries lourdingues de Benoît Poelvoorde.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.