Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : The monuments men – Good night, and good luck – Eastern boys – L’homme blessé – Gerontophilia – Hustler white – Harold et Maude – Les chiens errants – Jiao you – Les enfants rouges – Visage – Vive l’amour – Salaud, on t’aime – L’étrange petit chat – Das merkwürdige Kätzchen – Les métamorphoses – Heli – Les bastardos – Sangre – My sweet Pepperland – À propos d’Elly – Babysitting – The party – La règle du jeu – Le mariage de Figaro – La grande illusion – Les clowns – Casanova – Satiricon – Une promesse – A promise – Free fall – Freier fall – Brokeback mountain – 96 heures – Avant l’aube – Othello – The tragedy of Othello: The Moor of Venice – Falstaff – Filming Othello – Last days in summer – Labor day
Personnes citées : George Clooney – Matt Damon – Cate Blanchett – Marion Cotillard – Robin Campillo – Laurent Cantet – Patrice Chéreau – Olivier Rabourdin – Kirill Emelyanov – Bruce LaBruce – Pier-Gabriel Lajoie – Ming-liang Tsai – Kang-sheng Le – Jean-Marc Lalanne – Éric Neuhoff – Bruce Willis – Arnold Schwarzenegger – Sylvester Stallone – Claude Lelouch – Johnny Hallyday – Eddy Mitchell – Ramon Zürcher – Franz Kafka – Amat Escalante – Hiner Saleem – Golshifteh Farahani – Asghar Farhadi – Philippe Lacheau – Nicolas Benamou – Blake Edwards – Jean Renoir – Julien Carette – Marcel Dalio – Paulette Dubost – Roland Toutain – François Truffaut – Pierre Étaix – Jacques Tati – Annie Fratellini – Jerry Lewis – Federico Fellini – Patrice Leconte – Claude Lelouch – Stanley Kubrick – Frédéric Chopin – Ludwig van Beethoven – Rebecca Hall – Stephan Lacant – Frédéric Schoendoerffer – Auguste Renoir – Jean Renoir – Lucien Guitry – Sacha Guitry – Pierre Schoendoerffer – Sylvie Testud – Quentin Tarentino – Orson Welles – Beatrice Welles-Smith – Jason Reitman – Gattlin Griffith – Tobey Maguire
Réalisé par George Clooney
Sorti aux États-Unis le 4 février 2014
Sorti en France le 12 mars 2014
Pour une fois, la mention « D’après une histoire vraie », qui semble devenue le certificat obligatoire depuis quelque temps, ne débouche pas sur un film ennuyeux et racoleur. Il a vraiment existé une équipe d’hommes dévoués et courageux pour se mettre à la recherche de milliers d’œuvres d’art que les nazis avaient volées dans les pays qu’ils envahissaient ; et pour certaines, qu’ils ont détruites lorsque, pour eux, les carottes étaient cuites : le décret Néron pris par Hitler prévoyait cette destruction. Et, à la question métaphysique « Cela vaut-il la peine de risquer – voire de perdre – sa vie pour sauver un livre, un tableau, une scultpture ? », George Clooney répond que oui.
On a lu ici et là des critiques fielleuses, prétendant que ce film était ennuyeux et que l’action y faisait défaut. C’est se tromper de personnes : Clooney est connu pour être un intellectuel, c’était évident dès son film Good night, and good luck, et le grief stupide que sans cesse on lui fait, de se prêter avec humour à la publicité d’une marque de café, ne tient pas debout. L’humour est du reste constant dans les dialogues du présent film, où les acteurs se balancent des plaisanteries dont on sait qu’ils sont coutumiers dans leur vie réelle (voir la dernière publicité où Clooney fait une sale blague à Matt Damon).
Je ne ferai qu’une mince critique de forme : le seul personnage féminin du film est une Française, mais on la fait interpréter par Cate Blanchett, qui ne parle pas le français. On a donc recours à des astuces pour que les rares mots qu’elle prononce dans notre langue soient vite escamotés. Hélas, elle garde néanmoins un accent à couper au couteau. Mais c’était peut-être le prix à payer pour éviter d’avoir, une fois de plus, Marion Cotillard !
Réalisé par Robin Campillo
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 8 septembre 2013
Sorti en France le 12 mars 2014
Le réalisateur Robin Campillo est connu pour avoir écrit ou monté six films de Laurent Cantet, et, avant le présent film, il avait réalisé Les revenants en 2004, un film assez remarquable. Ici, néanmoins, on ne sait pas vraiment quel parti prend le film, car il change plusieurs fois de direction.
Daniel, quinquagénaire dont on ne saura pas grand-chose, sinon qu’il n’a pas énormément d’argent et vit dans une tour proche de la Porte de Montreuil, ramasse un beau jeune homme venu d’un pays de l’Est, qui dit se prénommer Marek et qui apparemment se prostitue à la gare du Nord. Il lui fixe rendez-vous chez lui pour le lendemain soir, mais c’est toute la bande des copains de Marek qui se pointe, commence à le chahuter, et vide son appartement (ils sont venus avec une camionnette, ces délinquants ne manquent pas de moyens !). Marek, d’ailleurs, est présent.
Or, le lendemain, alors que Daniel tente de réparer un peu les dégâts causés par les voleurs et vandales, Marek revient, lui rappelle leur marché, et propose de reprendre la transaction envisagée. Ils font ce qu’ils ont à faire, et prennent rendez-vous pour un autre jour, toujours aux mêmes conditions : cinquante euros la prestation.
L’aventure va continuer, mais les personnages évoluent. Marek avoue qu’il se prénomme Rouslan, qu’il est ukrainien, Daniel se prend d’affection pour lui, l’héberge de temps en temps, lui enseigne quelques mots de français, lui fait quelques cadeaux, et le sentiment devient réciproque, au point que, lorsque l’adulte refuse désormais de coucher avec son jeune amant pour ne plus le réduire à cette condition, c’est le garçon qui en est marri. Mais, décidé à rester en France, il doit d’abord récupérer son passeport, que le chef de sa bande, un Russe nommé Boss, a gardé sous clé, à l’hôtel réquisitionné par la préfecture, où tous logent.
Cela ne se fera pas sans violence, mais la police intervient et arrête tous les garçons de l’Est, sauf Boss, qui parvient à s’échapper. L’épilogue a lieu quelques mois plus tard, devant un tribunal : Daniel a fait une demande d’adoption pour Rouslan, et leur avocate est optimiste. Le tribunal devra convenir que, si cette adoption cachait un motif sexuel, les deux auraient plutôt choisi le PACS, puisqu’ils sont majeurs. On n’en saura pas davantage.
Le film est inégal, c’est certain, mais l’absence de tout cliché dans cette histoire le rend intéressant. L’épisode du saccage de l’appartement dure un peu trop longtemps, et laisse prévoir des violences qui n’auront pas lieu ; la séquence de l’hôtel est aussi trop longue et confuse (est-il vraisemblable qu’un hôtel réquisitionné par la préfecture ne réclame pas l’identité des personnes qu’il abrite ?) ; le comportement de sa gérante est peu cohérent (elle refuse d’appeler la police et d’ouvrir la porte d’une chambre où Daniel soupçonne que son ami est séquestré, puis, un peu plus tard, elle change complètement d’avis) ; et le personnage de Boss, qui est retourné dans l’immeuble de Daniel, n’y a trouvé personne et se met à pleurer, est alors abandonné par le récit.
La principale qualité du film, outre la perfection de la séquence d’ouverture à la gare du Nord, jamais mieux filmée, même par Patrice Chéreau dans L’homme blessé, tient en ce qu’il est impossible au spectateur de prévoir ce qui va suivre, et qui surprend immanquablement. Il est d’ailleurs divisé en épisodes possédant chacun son titre, ce qui souligne bien les ruptures de ton. Eastern boys dure sans doute un peu trop, deux heures et huit minutes, et la séquence du cambriolage au début est pour beaucoup dans ce modeste grief, mais la qualité des deux interprètes compense largement : Olivier Rabourdin étonne par son calme, et le jeune Kirill Emelyanov est d’un charme qui emporte tout. Avant cela, il n’est apparu qu’en Russie, dans un film et un téléfilm.
Réalisé par Bruce LaBruce
Sorti en Italie (Venice days) le 28 août 2013
Sorti en France le 26 mars 2014
De Bruce LaBruce, je n’avais vu qu’un seul film, Hustler white, de nature à m’ôter toute envie d’en voir un autre : un homosexuel s’y faisait sodomiser par le moignon atrophié d’un amputé du pied ! Le film avait été interdit aux moins de seize ans en France ; aux moins de dix-huit ans au Royaume-Uni ; et aux États-Unis, pour les motifs suivants : sex and nudity ; violence and gore ; profanity ; alcohol/drugs/smoking ; frightening/intense scenes. Cela faisait beaucoup, et la provocation ne m’attire pas.
Mais ce réalisateur a changé son fusil d’épaule, et le présent film est très pudique, quoique le sujet reste provocant, sur un autre plan. Le héros en est Lake, un garçon de 18 ans qui, employé comme maître-nageur dans une piscine, découvre, un jour qu’il faisait du bouche-à-bouche à un vieillard ayant failli se noyer, que ce geste... l’avait fait éjaculer ! Embauché pour l’été dans la maison de retraite où sa mère travaille, il y tombe amoureux d’un homme de 82 ans, et, le jugeant plutôt mal traité, il le fait « évader » et l’emmène en voiture, depuis le Québec, en direction de Vancouver, car l’homme désirait voir l’Océan Pacifique. On découvre en cours de route que, de plus, il est jaloux. Mais le vieillard va mourir en route, ce qu’on voit venir une heure à l’avance.
Bref, comme tout le monde l’a remarqué, c’est Harold et Maude, mais sur le versant gay. Pourquoi pas ? Et si vous vous demandez s’ils ont des rapports sexuels, la réponse est oui, mais on évite la lourdeur habituelle de ce genre de scène, le qui-fait-quoi est discret, et il n’y a aucun voyeurisme. Notez que le garçon, au début, se croit hétérosexuel, et sa petite amie, Désirée, qui se voit elle-même comme une féministe révolutionnaire, le considère comme un saint. Elle n’a pas tort, et une scène le prouve : alors qu’il entre dans une chambre dont le pensionnaire est en train de s’exciter sur un magazine érotique bourré de nus féminins, il ferme la porte, se met tout nu et offre sa beauté à l’homme afin de lui fournir un spectacle plus vivant. Vous en trouverez, des aides-soignants de cette qualité !...
Le hic, c’est que le principal atout du film, voire le seul, est justement la beauté du garçon, Pier-Gabriel Lajoie, qui du moins porte bien son nom et devrait favoriser l’identité du spectateur à son personnage. Mais enfin, quoique son compagnon ne soit pas repoussant, on a du mal. Ce jeune homme n’a joué auparavant que dans un épisode d’une série télévisée qui a duré quatre ans et dure encore.
Réalisé par Ming-liang Tsai
Titre original : Jiao you
Sorti en Italie (Festival de Venice) le 4 septembre 2013
Sorti en France le 12 mars 2014
Je suis satisfait : nous ne sommes qu’au 4 avril, et j’ai déjà trouvé le film le plus con de l’année. Jusqu’alors, je pensais que ce serait Les enfants rouges, mais non, car ce film-là possède au moins un semblant de scénario, même mal raconté. Et que le jury du festival de Venise lui ait attribué son grand prix me laisse de glace, l’évidence est là, Tsai a perdu tout son talent.
Les caractéristiques du style de Tsai sont connues : longs plans-séquences avec une caméra qui bouge très peu (ce qui est reposant), dialogues rares, absence de musique, tournage dans Taipeh, la capitale de Taiwan (à une exception près, son précédent film, une commande du Louvre, Visage, filmée en France avec des vedettes françaises, et un bide noir), un personnage central déséquilibré, toujours interprété par Kang-sheng Lee, qui n’est pas acteur et n’est apparu que dans un seul film d’un autre réalisateur (en l’occurrence, une réalisatrice), actes jamais motivés, et une omniprésence de l’eau, soit visible sous forme de pluie, soit audible via des bruits de tuyauterie. Pourquoi pas ? Mais ici, ces caractéristiques sont exacerbées jusqu’à la caricature et l’exaspération du spectateur ; et Tsai nous refait le coup de la fin de Vive l’amour, quand une fille, sur un banc dans un parc, pleurait durant une bonne dizaine de minutes.
De ce festival de vide prétentieux, je ne donnerai que trois exemples.
Lee gagne (mal) sa vie en portant, immobile à un carrefour, une pancarte faisant de la publicité pour de l’immobilier. Il est filmé en compagnie d’un autre homme, en plein vent, dans le vacarme de la circulation, nul ne fait attention à eux, et ils ne parlent pas. Cette scène revient trois ou quatre fois et dure plusieurs minutes, la caméra restant vissée au sol. Lors de la dernière, elle s’approche pourtant de Lee, qui entonne un chant patriotique et se met à pleurer.
La deuxième scène est plus sybilline : Lee s’est introduit dans le réduit sordide où un père vit avec ses deux enfants. La petite fille s’est procuré au marché un chou très gros, l’a maquillé pour le faire ressembler vaguement à un personnage, et elle l’a installé à côté d’elle dans leur lit. Les enfants dorment, et le père n’est pas là. Lee entre, est fasciné par le chou maquillé, il l’embrasse, puis l’« étouffe » longuement sous un coussin. Dès qu’il estime que le chou est mort, il le déchiquète et le dévore interminablement, car le chou est réellement énorme. Et lorsque le légume est à demi-consommé, il se met à pleurer. Bis repetita placent. Cette scène dure plus de dix minutes, en plan fixe là encore, et sans dialogue.
La troisième scène montre Lee et une fille, debout, immobiles au centre d’une grande pièce en ruines. Ils ne disent rien et respirent très fort. De temps à autre, Lee boit au goulot d’une fiole minuscule, et son visage rougit de plus en plus, tandis que la fille commence à pleurer. Au bout d’une dizaine de minutes, la caméra change de point de vue et les filme de dos. Alors la fille s’en va, et Lee reste immobile encore trois ou quatre minutes, puis il se décide à sortir lui aussi, mais la caméra continue de filmer la pièce vide durant deux ou trois minutes supplémentaires, jusqu’au générique de fin.
Je ne doute pas que ce sommet du cinéma doit plaire énormément à Jean-Marc Lalanne ; peut-être moins à Éric Neuhoff. Vous sortez de là pour précipiter sur n’importe quel blockbuster avec Bruce Willis, Schwarzy ou Stallone. Ces trois-là devraient supplier Tsai de les engager pour son prochain chef-d’œuvre.
Réalisé par Claude Lelouch
Sorti en Italie (Festival de Venice) le 4 septembre 2013
Sorti en France et en Belgique le 2 avril 2014
Il arrive à Claude Lelouch, lorsqu’il ne tente pas de nous exposer sa philosophie de la vie, de faire un bon film, car il est un raconteur d’histoires né, doublé d’un bon directeur d’acteurs. Mais dans le cas présent, il a produit un film de sa pire veine sentimentale et niaise, d’une artificialité totale.
Johnny Hallyday, qui peut être bon acteur, joue ici un personnage auquel on croit peu, celui d’un photographe célèbre, donc riche, Jacques Kaminsky, lequel a eu quatre filles de plusieurs femmes différentes, et les a baptisées Printemps, Été, Automne et Hiver (ouarf !). On apprend par la suite qu’avant cela, il avait eu une autre fille à Cuba, abandonnée comme les quatre autres. Heureusement, si l’on peut dire, il a un ami médecin, interprété par Eddy Mitchell, personnage auquel on ne croit pas du tout, et qui, voulant le rapprocher de ses filles qui l’évitent, leur a fait croire que leur père était presque mourant.
Et puis, sans trop de surprise, Kaminsky meurt, on croit à un suicide, mais on apprendra peu avant la fin qu’il a été tué par trois chasseurs, furieux qu’il leur ait interdit de chasser sur sa propriété, et c’est comme un deuxième film qui commence et prolonge abusivement le premier. On s’ennuie beaucoup.
Enfin, détail irritant, les personnages ne cessent de s’embrasser sur les joues tout au long du récit, même s’ils ne se connaissent pas. Au bout de trois ou quatre cents bises, le spectateur souhaite voir de la castagne.
Réalisé par Ramon Zürcher
Titre original : Das merkwürdige Kätzchen
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2013
Sorti en France le 2 avril 2014
Qu’est-ce qui fait l’attrait d’un film ? Soit l’intérêt des personnages ; soit l’intérêt de l’histoire. Ici, rien n’est intéressant : la caméra est plantée dans un appartement berlinois, et n’en sort guère. En fait, on ne sort guère de la cuisine, où une famille nombreuse va et vient, échange des banalités, prend son petit déjeuner, puis s’en va à ses occupations, laissant seuls le chat (qui n’a rien d’étrange) et la grand-mère, dont on nous dit tout au long du film qu’elle dort, pour signifier qu’on ne doit pas faire trop de bruit. C’est tout.
Le réalisateur, qui débute, noie le vide de son film sous un baratin prétentieux, duquel il ressort qu’il a choisi Les métamorphoses, de Kafka, pour s’en inspirer, tout en concédant que le texte original « n’est qu’accessoirement perceptible » (sic).
Cela frise l’escroquerie.
Réalisé par Amat Escalante
Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2013
Sorti en France le 9 avril 2014
Heli Silva et son père sont ouvriers dans une usine qui monte des voitures. Ils vivent avec Estela, jeune sœur d’Heli, sa femme Sabrina, et leur bébé. Estela est amoureuse d’Alberto, jeune apprenti policier de 17 ans, qui a suivi un entraînement plutôt rude, voire sadique, et veut le faire payer à la hiérarchie. Aussi vole-t-il plusieurs paquets de cocaïne saisie par ses futurs collègues, et cache le tout dans la citerne des Silva. Mais les trafiquants se vengent : ils tuent le père d’Heli, enlèvent Alberto, Heli et Estela, et ils abandonnent le corps du père sur un chemin conduisant à leur tanière.
Alberto est affreusement torturé et tué, et son corps finira pendu sous un pont. Heli est seulement battu, puis libéré. Les malfrats ont gardé Estela, dont le sort n’est pas difficile à deviner. Rentré chez lui, Heli a du mal à se remettre de la mort de son père. Interrogé par la police, il ne peut fournir aucune indication permettant de retrouver ses agresseurs. Puis Estela, libérée, revient à la maison, mais elle ne parle plus, et elle est enceinte ; cependant, elle ne pourra probablement pas avorter dans ce pays très catholique, où cette opération est interdite. Elle peut néanmoins dessiner un plan qui permet de localiser l’endroit où elle a été violentée. Heli n’en dit rien à la police, se rend sur les lieux, et il étrangle le criminel. Puis, apaisé, il va retrouver sa famille.
D’Amat Escalante, j’avais vu Les bastardos en 2009, et c’est un remarquable réalisateur, rigoureux et classique. Je regrette de n’avoir pas vu Sangre, qui date de 2005, mais ce film passera peut-être à la télévision. Ce qu’il dit sur son pays, le Mexique, la violence qui y sévit et les dures conditions d’existence de sa classe ouvrière, a beaucoup de force.
Réalisé par Hiner Saleem
Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2013
Sorti en France le 9 avril 2014
Pepper Land n’est qu’un restaurant minable, dans un village à la frontière de l’Iran, de la Turquie et de l’Iraq, où revient Govend, jeune institutrice, après un congé dans sa famille, et où a été envoyé Baran, policier qui cherche surtout à échapper à l’emprise de sa marieuse de mère : il vient d’y être nommé commandant du poste de police local.
Tous deux auront les pires ennuis avec les villageois. Govend, parce que ceux-ci, des primitifs, ne veulent pas d’une femme pour faire l’école à leurs enfants (en son absence, ils ont changé la serrure de l’école pour qu’elle ne puisse pas y rentrer !) ; Baran, parce qu’il veut faire respecter la loi sans se soucier du potentat local, un certain Aziz Agha (les sous-titres transcrivent « Aga » pour se conformer à la prononciation défectueuse des Français, mais ce nom se prononce en réalité « ara »).
Après quelques péripéties violentes, et notamment une scène où ses propres frères tentent de ramener Govend chez son père, ce à quoi elle résiste malgré la menace du pistolet que brandit le plus intolérant des frères, Baran flingue Aziz et un de ses sbires et concrétise l’amour qui le lie désormais à Govend.
On a compris le thème : la résistance stupide et obstinée contre des corps étrangers à la communauté, à ce détail près que ceux qu’on dérange sont du mauvais côté de la morale, dont il est souvent question. Le réalisateur kurde avait sorti en 2011 un film intéressant, Si tu meurs je te tue, qui se déroulait à Paris, mais qui traitait de thèmes voisins. On retrouve ici ce goût de filmer parfois sur le mode comique des scènes qui ne prêtent pas à rire, comme cette pendaison ratée puis recommencée, au début du film !
J’avoue être allé voir ce film surtout pour y revoir la belle actrice iranienne Golshifteh Farahani, qui s’est exilée pour échapper à la condition féminine de son pays, et qu’on avait vue dans À propos d’Elly, l’excellent film d’Asghar Farhadi. Mais enfin, le personnage principal, c’est celui de Baran.
Réalisé par Philippe Lacheau et Nicolas Benamou
Sorti en France (Festival del’Alpe d’Huez) le 16 janvier 2014
Sorti en France et en Belgique le 16 avril 2014
Philippe Lacheau est l’un de ces rigolos de Canal Plus où, depuis plus d’une dizaine d’années, sous le sobriquet de Fifi, il participe à des émissions de second ordre. Et comme tous ses collègues, soutenu par la chaîne, il passe à la réalisation. La différence est que, cette fois, il n’est pas dénué de talent, et que son scénario est assez bien conçu... sur le thème archi-rebattu de la réception qui tourne à la folie. Certes, avec The party, de Blake Edwards, on a vu beaucoup mieux, mais nous sommes en France.
Bref, son personnage de Franck, le soir de son anniversaire – qu’il espérait fêter autrement –, est obligé, afin de ne pas mécontenter son patron dont il espère l’édition de sa bande dessinée, de garder son fils, Rémy, pour une soirée. Mais tous ses copains se sont invités, et cela tourne très mal, puisque la maison est dévastée. Autre poncif : le sale gosse qu’il a dû garder devient à la fin son meilleur ami, et le père l’embauche au lieu de le renvoyer.
Deux griefs à faire envers ce film : une scène très vulgaire, au cours de laquelle une fille très déshabillée frotte ses fesses sur le visage de Franck attaché (scène que le Grand Journal de Canal Plus a cru bon de faire rejouer en direct sur son plateau – mais on sait combien cette émission fait dans le distingué), et le fait que toute la soirée est censée être revue sur un enregistrement au caméscope, ce qui s’est beaucoup fait aux États-Unis mais encore jamais en France, et donc, l’image est striée de ces lignes horizontales propres à la vidéo, outre qu’elle gigote constamment. Mais enfin, le dialogue est assez bon, le film est court, et on n’a pas le temps de s’ennuyer. Avec un quart d’heure de plus, ce serait insupportable !
Réalisé par Jean Renoir
Sorti en France le 7 juillet 1939
Ressorti en France le 16 avril 2014
L’un des films préférés des cinéphiles, mettant face à face, comme dans Le mariage de Figaro (pièce à laquelle se réfère d’ailleurs le préambule), les maîtres et les domestiques d’un château en Sologne. On voit bien que, ce qui a intéressé Renoir, c’est de montrer la classe aisée se conduisant aussi mal que celle qui le sert, les maîtres en venant à se battre à coups de poings, puis le propriétaire des lieux transformant un assassinat en accident de chasse.
Curieusement, le film a été tourné après La grande illusion, mais sa technique n’est pas aussi bonne : beaucoup d’acteurs sont mauvais, à commencer par Jean Renoir lui-même, qui joue l’un des personnages principaux ; le son, malgré la remise à neuf de la copie, est parfois presque inaudible ; et l’image n’est pas fameuse non plus. Mais il y a les trois acteurs principaux, Julien Carette, Marcel Dalio et Paulette Dubost, tous trois présents dans plusieurs films de Renoir : eux sont excellents.
Il y a aussi, dans le rôle de l’aviateur qui vient de réaliser en avion la traversée de l’Atlantique en solitaire, un cascadeur célèbre de l’époque, Roland Toutain, plutôt mauvais acteur, bien qu’il ait fait 53 films et interprété trois fois Rouletabille..
La qualité du film, qui réside dans son scénario et ses dialogues, ne l’a pas mis à l’abri des critiques, tant professionnelle que publique, si bien que, pour tenter de rectifier le tir, Renoir a ultérieurement modifié son montage et coupé plusieurs plans, notamment dans la séquence de la chasse (l’agonie d’un lapin) ; ce n’était encore la mode d’écrire au générique de fin « Aucun animal n’a été blessé pendant le tournage de ce film », mention politiquement correcte qu’aujourd’hui on insère même dans les films où il n’y a aucun animal ! Au cas où...
La Nouvelle Vague a fait de ce film un de ses modèles, et Truffaut était très flatté que certains le surnomment « le fils de Jean Renoir ». Sic. Il n’empêche que Renoir fut un très grand réalisateur, et qu’il n’a pas d’équivalent de nos jours. Mais Duvivier et Carné le valaient bien, parfois.
Néanmoins, comment résister au plaisir de placer cette citation d’Ingmar Bergman, histoire de donner un coup de pied dans la fourmilière ? Voici : « Je pense que c’est un film extrêmement mauvais. C’est mal joué. Renoir est un réalisateur très surestimé. Il n’a fait qu’un seul bon film : La bête humaine. [... La règle du jeu] est un film irritant. Dépourvu de style. Je ne comprends pas son humour, son absence complète de sensualité. Cela dit, la scène de chasse est réussie. »
Ha ha !
J’ai plusieurs fois parlé de Pierre Étaix, ancien assistant de Jacques Tati et qui possède quelques-unes des qualités de ce maître, mais qui, devenu réalisateur à part entière, a connu moins de succès que lui. Pourtant, ses films, sauf un ou deux, étaient géniaux, comme on dit aujourd’hui. Seulement voilà, le public a largement ignoré son travail, et ne le reconnaît toujours pas, bien que presque tous ses films aient été réédités en DVD pour un coffret spécial. Si bien qu’Étaix a laissé tomber le métier pour se tourner vers le cirque (il avait épousé Annie Fratellini).
Mais les connaisseurs rendent hommage à Pierre Étaix, en particulier Jerry Lewis et Federico Fellini, parmi d’autres.
Il se trouve que Fellini a réalisé en 1970 un documentaire sur le cirque, lui aussi, intitulé Les clowns, et qu’il y avait invité Pierre Étaix. Vous en concluez sans doute qu’Étaix, reconnaissant, a dit du bien de ce film ? Pas du tout, et voici ce qu’il a déclaré : « Je déteste ce film. Je le déteste cordialement pour une raison très simple, c’est qu’il a triché avec la réalité. Il a reconstitué des personnes qui avaient existé et qui étaient d’authentiques clowns. Mais à cette nuance près qu’il ne voulait en aucun cas qu’ils soient risibles. Il voulait montrer la pauvreté des arguments. Fellini partait du principe suivant : un clown, c’était soit un alcoolique, soit un débile mental. Cette image est terrible ».
Évidemment, à choisir entre les clowns et Fellini, il n’avait pas hésité. Ce que j’ignore, c’est la date de cette déclaration : Fellini était-il toujours vivant ? Il faudrait peut-être demander à Jerry Lewis, qui vit toujours. Si oui, ce jugement l’a peut-être achevé ! Mais je pardonne à Étaix, car je le préfère à Fellini, qui a fait pas mal de navets, par exemple Casanova ou Satiricon.
Réalisé par Patrice Leconte
Titre original : A promise
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 4 septembre 2013
Sorti en France le 16 avril 2014
L’histoire se passe entièrement en Allemagne et tous les personnages sont allemands, mais les interprètes du film sont anglais, sans doute pour les raisons habituelles de rentabilité. En 1912, Friedrich, jeune homme pauvre (il a été élevé par les services sociaux mais a fait de brillantes études) est pris comme secrétaire particulier d’un industriel spécialisé dans la métallurgie, qui, très satisfait de lui, l’a invité à demeurer dans sa luxueuse maison. Et comme sa femme est largement plus jeune que lui, l’inévitable se produit : ils tombent amoureux. Une réplique du patron donne à penser qu’il avait prévu cela, du reste, et qu’il entendait fournir à sa femme ce que lui-même ne pouvait plus lui assurer, l’amour.
Puis Friedrich est envoyé au Mexique afin de diriger une filiale de la firme, et, bloqué par la guerre qui éclate à ce moment, ne revient pas en Allemagne avant 1921 ou 1923 – ce n’est pas précisé. Les deux amoureux, qui n’avaient pas encore concrétisé leur amour et s’étaient promis de le faire à son retour, sont gênés lorsqu’ils se revoient enfin : s’aiment-ils toujours, alors que l’épouse, devenue veuve, est à présent libre ? Le baiser final permet de penser que oui, mais rien n’est dit, ce que le livre ne racontait pas, la fin étant très diffférente.
Le meilleur du film est la pudeur avec laquelle cette histoire est racontée, et l’interprétation des trois acteurs principaux, qui sont parfaits (eh oui, puisqu’ils sont britanniques). Le moins bon est dans le fait que Patrice Leconte, tout comme Lelouch et naguère Kubrick, tient à tenir la caméra lui-même, et que trop de plans sont tremblotants quand ils devraient être stables. Mais c’est la maladie du moment.
J’ai noté que l’épouse de l’industriel est passionnée de musique, mais, si une fois elle fredonne en le massacrant un Nocturne de Chopin, le reste du temps, elle joue sans arrêt le deuxième mouvement de la Sonate Pathétique de Beethoven ; hélas, la seule fois qu’on la voie devant son piano, c’est ridicule, car Rebecca Hall, ne sachant visiblement pas en jouer, pose ses mains n’importe où, et le pianiste qui tout au long la double pour le son multiplie les fausses notes ! La musique est souvent la première victime, au cinéma !
Réalisé par Stephan Lacant
Titre original : Frier fall
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 8 février 2013
Sorti en France le 5 mars 2014
Si ce morne film allemand prétendait marcher sur les traces de Brokeback mountain, c’est raté ! On est à peine un peu surpris par le début (un CRS marié et en passe d’être père est séduit en un rien de temps par un collègue, mais leur intrigue est découverte, le séducteur amoureux disparaît, et celui qui reste finit malheureux parce que ses parents et sa femme ont tout découvert), puis on s’ennuie et on trouve le temps long.
Comme le réalisateur et son scénariste n’ont su inventer aucune fin digne d’intérêt, le film s’arrête sans conclure. Je ne suis sorti de ma torpeur qu’au cours de cette scène où le personnage central passe la tondeuse à gazon dans un jardin plutôt négligé où ne pousse pas le moindre brin d’heure. Ce devait être un symbole de cette histoire.
Réalisé par Frédéric Schoendoerffer
Sorti en France (Festival de Beaune) le 5 avril 2014
Sorti en France le 23 avril 2014
La seule vertu de ce film est de nous rappeler que si, parfois (rarement), le talent peut se transmettre de père en fils – à condition de changer d’activité, voir les Renoir ou les Guitry –, cela ne marche pas au cinéma : fils d’un excellent réalisateur, Pierre Schoendoerffer, qui faisait des films sérieux et beaux, son fils Frédéric est un incapable sur tous les plans.
D’abord, un bon réalisateur n’aurait jamais imposé à son acteur principal un jeu de scène idiot, inutile et voyant, comme de lui faire mâchouiller une allumette tout au long du film. Très vite, le spectateur ne voit plus que cela et cesse de s’intéresser à l’histoire. Ensuite, aucun bon réalisateur n’accepterait de tout filmer en gros plans, jusqu’à la caricature (les yeux, le nez, les mâchoires de ses acteurs), et saurait qu’on doit économiser aussi bien les gros plans que les plans généraux, afin de les utiliser à bon escient. Enfin, aucun bon réalisateur d’admettrait des images constamment instables, inconvénient résultant directement de cette manie actuelle de filmer en caméra portée. Revoyez quelques grands films classiques, jamais vous n’y verrez ce style de prise de vue, que permet aujourd’hui la légèreté des caméras – ce qui est une raison insuffisante pour les utiliser ainsi.
Et le scénario, qu’il n’a pas écrit mais a certainement supervisé ? À force de le vouloir ingénieux, on l’a fait tarabiscoté, jusqu’au ridicule. Jugez-en : un commissaire de la Brigade de Répression du Banditisme, sous la menace que des truands font peser sur sa femme (qu’il trompe, d’ailleurs, comme dans TOUS les films policiers) et sur sa fille étudiante, est obligé, via un dossier fabriqué par lesdits truands, de sortir de sa prison le patron de ces malfrats, en vue d’un complément d’enquête. La loi permet, nous dit-on, de le garder à vue quatre jours, mais c’est le commissaire qui sera gardé à vue par les bandits, et la hiérarchie policière, ne sachant rien de tout cela, ne bougera pas – sauf une de ses collègues, qui a tout compris. À la fin du film, le chef des bandits, ayant successivement abattu son propre avocat et ses quatre complices, sera flingué par... sa propre fille, qui se trouve être la maîtresse du policier.
Le but de toute cette machination : faire parler le commissaire, afin qu’il donne le nom de l’indicateur qui a dénoncé à la police l’horrible malfaiteur. Et on appréciera le retournement de situation concluant cette histoire : nul ne l’avait dénoncé, mais le policier avait entendu une conversation téléphonique du malfrat à... son petit-fils de six ans, où il s’excusait de ne pouvoir venir à sa fête d’anniversaire, parce qu’il avait « quelque chose d’important à faire » – comprenez : un hold-up. On ne nous dit pas comment la police a su où et à quelle heure le hold-up aurait lieu, petit détail pourtant indispensable pour l’arrêter...
Autre détail qui montre comme la mise en scène a été bâclée : le prisonnier est gardé enchaîné à son lit de camp, mais rien n’a été prévu – ce qui aurait été capital dans la réalité – pour qu’il puisse satisfaire ses besoins naturels : pas le moindre saut hygiénique dans les environs, rien. Quatre jours dans cette situation ? Je sais, le détail est trivial, mais quand on prétend filmer une histoire réaliste, on veille à tout. Ou alors, on filme une comédie musicale.
Et puis, Sylvie Testud ne devrait plus accepter de rôle de policier. Déjà, dans Avant l’aube, en 2011, son personnage était le seul qui trimballait son pesant de comique involontaire.
On apprend ce matin que Quentin Tarentino vient de se prendre une baffe de la part d’un tribunal devant lequel il se plaignait qu’on avait dévoilé sur Internet un de ses scénarios – ce qui, argüait-il, l’avait contraint à renoncer de le réaliser.
Le site Gawker qu’il accusait d’avoir violé son droit d’auteur avait en effet mis en ligne un lien hypertexte qui pointait vers un autre site Internet ayant publié ledit scénario, obtenu on ne sait comment (et la justice n’avait pas à se préoccuper de cette histoire de vol, puisque la plainte de Tarantinio ne portait pas là-dessus). Le tribunal a estimé que Gawker ne pouvait pas être tenu pour responsable de la « fuite », et que le lien hypertexte n’était en rien une infraction : s’il y avait un coupable dans cette affaire, ce n’était certes pas le site qui en parlait !
Bref, le nabab hollywoodien s’est trompé de cible. Si ce faux pas pouvait lui rabattre le caquet...
Réalisé par Orson Welles
Titre original : The tragedy of Othello: The Moor of Venice
Sorti en France (Festival de Cannes) le 10 mai 1952
Sorti en France le 23 avril 2014
Je ne raffole pas de la pièce de Shakespeare, qu’un esprit malicieux résumerait en une phrase : elle a perdu le mouchoir qu’il lui avait donnée, il croit qu’elle l’a donné à un amant, et il l’étrangle. Le personnage d’Othello est un imbécile et un jobard, c’est du reste ainsi que le qualifie la femme d’Iago, après le drame.
Reste que la langue de Shakespeare est superbe, comme toujours, et que la mise en scène de Welles est éblouissante, comme dans tous ses films en noir et blanc : il avait beau changer de cadreur, de décorateur et de directeur de la photo à chaque film, sa manière de filmer reste la même, jusqu’à son Falstaff. On sait qu’ensuite, il passa à la couleur et laissa tomber les grands drames shakespeariens ou les histoires policières tordues, et ce fut beaucoup moins bien.
Le film a été remis à neuf, sur la co-production de sa fille Beatrice, mais, dès avant sa sortie, beaucoup de choses avaient été refaites, en particulier les voix, puisque Roderigo et Desdémone ont été doublés après le tournage. Détail curieux, le film ayant été tourné conjointement à Venise et à Mogador (petite ville de la côte marocaine, aujourd’hui rebaptisée Essaouira et très appréciée des Français retraités), le film fut présenté au Festival de Cannes sous la nationalité marocaine ! Ce qui ne l’empêcha pas de remporter la Palme d’or en 1952. Bien des années après, Welles raconta tout cela dans son documentaire Filming Othello.
Réalisé par Jason Reitman
Titre original : Labor day
Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 30 août 1952
Sorti en France le 30 avril 2014
Il y avait longtemps que les distributeurs français ne nous avaient pas gratifiés d’un faux titre en anglais, doublant l’original, Labor day. Cette expression désigne un jour férié, le premier lundi de septembre, l’équivalent de notre Fête du Travail, où justement, là encore, on ne travaille pas ! En fait, il semble que cela corresponde aussi, et c’est le cas dans le film, du jour de la rentrée des classes.
Tout tourne autour d’une famille décomposée : Gerald a quitté sa femme Adele pour reformer une seconde famille avec sa secrétaire, dont il a eu des enfants, mais il avait eu un fils, Henry, avec Adele. Déboussolée, manquant d’amour, Adele est un peu zinzin, et Henry veille soigneusement sur elle, revoyant pourtant périodiquement son père, qui n’a pas quitté la ville. Mais voilà que Frank, prisonnier évadé, condambé pour meurtre, s’introduit chez Adele et la prend en otage, ainsi que son fils, pour une seule nuit, espère-t-il. Or il est blessé, Adele le soigne, et... il ne repart pas ; au contraire, il s’occupe de la mère et du fils, qui, du coup, se voit doté d’un père de substitution auquel il s’attache. Hélas, quatre jours plus tard, Franck va être arrêté par la police et retourner en prison pour unre vingtaine d’années, à l’issue desquelles il reviendra vers sa famille d’adoption.
L’origine romanesque de cette histoire, qui contraste avec les comédies auxquelles le réalisateur est habitué, est évidente, et même si la fin est un peu décevante, c’est si bien raconté, avec un tel classicisme (pas un académisme) qu’on y prend plaisir. Les acteurs sont épatants, y compris l’enfant, joué par Gattlin Griffith. En revanche, Tobey Maguire, qui joue à la fin le personnage d’Henry adulte, semble plaqué sur un film où il n’a rien à faire.
Une réserve, néanmoins : les flashbacks sur le motif de la condamnation de Franck quelques années plus tôt : ils ne sont pas très clairs et apparaissent inutiles.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.