JPM - Films vus - Notules -  Mai 2011

Notules - Mai 2011

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Coup d’éclatJe veux seulement que vous m’aimiezIch will doch nur, dass ihr mich liebtHH, Hitler à Hollywood – Barry Lyndon – Opération Lune – 2001: A space odyssey – Le diable au corps – Où va la nuit – Séraphine – L’étrangèreDie FremdeTomboy – Ma vie en rose – La solitude des nombres premiersLa solitudine dei numeri primi Sweeney Todd – Citizen Kane – Taxi driver – Les oiseaux – Psychose – Les rêves dansants, sur les pas de Pina BauschTanzträumeKontakthofDétective Dee : Le mystère de la flamme fantômeDi renjie zhi tongtian diguo – Samson et Dalila – De l’eau pour les éléphantsWater for elephants – Sous le plus grand chapiteau du monde – L’aigle de la neuvième légionThe eagle – Gladiator – Billy Elliot – Hallam Foe – Un prophète – Le gamin au véloMystères de LisbonneMistérios de LisboaMinuit à ParisMidnight in Paris – L’ange exterminateur – Les moissons du ciel – La défense LincolnThe Lincoln lawyer – Témoin à charge – La conquêteLe complexe du castorThe beaverPina

Personnes citées : José Alcala – Catherine Frot – Rainer Werner Fassbinder – Frédéric Sojcher – Micheline Presle – Hans Meyer – Stanley Kubrick – William Karel – Buzz Aldrin – Alexander Haig – Henry Kissinger – Vernon Walters – Christiane Kubrick – Maria de Medeiros – Martin Provost – Yolande Moreau – Édith Scob – Feo Aladag – Céline Sciamma – Alain Berliner – Saverio Costanzo – Paolo Giordano – Isabelle Rossellini – Charles Aznavour – François Truffaut – Alfred Hitchcock – Bertrand de Saint Vincent – Valérie Saportas – Stephen Sondheim – Bernard Herrmann – Olivier Delcroix – Janet Leigh – Anne Linsel – Rainer Hoffmann – Pina Bausch – Josephine Ann Endicott – Bénédicte Billet – Tsui Hark – Terrence Malick – Howard Hawks – Bouddha – Francis Lawrence – Cecil B. DeMille – Rudyard Kipling – Kevin Macdonald – Jamie Bell – Tahar Rahim – Jean-Pierre Dardenne – Luc Dardenne – Raoul Ruiz – Woody Allen – Luis Buñuel – Gertrude Stein – Salvador Dali – Ernest Hemingway – F. Scott Fitzgerald – Pablo Picasso – Man Ray – Cole Porter – Henri de Toulouse-Lautrec – Paul Gauguin – Edgar Degas – Juan Belmonte – Kathy Bates – Carla Bruni – Terrence Malick – Brad Furman – Ryan Phillippe – Billy Wilder – Agatha Christie – Nicolas Sarkozy – Xavier Durringer – Dominique de Villepin – Jacques Chirac – Bernard Le Coq – Dominique Besnehard – Ségolène Royal – Pierre Charon – Jodie Foster – Wim Wenders

Coup d’éclat

Lundi 2 mai 2011

Réalisé par José Alcala

Sorti en France (Festival d’Alès) le 25 mars 2011

Sorti en France le 27 avril 2011

Titre un peu abusif, car l’héroïne de cette histoire, une inspectrice de police de Sète (maintenant, on les appelle « capitaine », histoire de singer les lubies nées outre-Atlantique), se contente, un peu contre la volonté de son commissaire qui préfèrerait la voir faire du chiffre, de poursuivre une enquête effectivement sans grand intérêt : une jeune prostituée d’Europe de l’Est s’est suicidée, et il s’avère que ses souteneurs, étrangement nombreux, armés comme la Wehrmacht, veulent s’emparer de son fils, un très jeune enfant, et on ne saura jamais pourquoi.

N’étaient les aperçus sur un monde ouvrier en débâcle et un univers policier peu efficace, on ne s’intéresserait guère à cette histoire, qui ne tient que grâce à son interprète Catherine Frot. Et les péripéties qui constituent l’armature du récit finissent par devenir soporifiques, tant elles apparaissent gratuites.

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Je veux seulement que vous m’aimiez

Mardi 3 mai 2011

Réalisé par Rainer Werner Fassbinder

Titre original : Ich will doch nur, dass ihr mich liebt

Sorti en Allemagne de l’Ouest le 23 mars 1976

Sorti en France (Festival d’Alès) le 26 mars 2011, et en salles le 20 avril 2011

Comme Fassbinder est mort en 1982, qu’il faisait un cinéma classique et que, surtout, ce cinéaste « avait la carte » (je ne dis pas qu’il était mauvais, mais il avait des hauts et des bas, et il est convenu de ne voir que ses réussites), il est quasiment obligatoire de dire le plus grand bien de son film, quoi qu’on en pense. Les critiques ne s’en sont donc pas privés, glosant à perte de vue sur son fameux « refus de la psychologie » et le fait qu’il ne prenne jamais parti sur le comportement de son personnage. Ils ne voient pas, les niais, qu’à d’autres réalisateurs, ils reprochent exactement le contraire : le fait de ne livrer, comme ils disent, « aucun point de vue » sur la situation.

La vérité est que son sujet social, très bien réalisé (les cadrages, notamment, sont impeccables, et les jeux de miroir abondent), est si lent qu’il semble parfois faire du sur-place. Le récit, qui est un seul flash-back entrecoupé parfois de retours en arrière dans le retour en arrière, raconte l’histoire lamentable d’un garçon trop gentil que ses parents ont mal aimé, victime de lui-même et de son besoin de faire plaisir. Marié, il part à Munich faire son métier de maçon, et s’endette très vite, et surtout très bêtement : moins il a d’argent devant lui, plus il fait de cadeaux à sa femme (on le voit sans arrêt lui acheter des fleurs). Il s’enferre sans remède, et, à la fin, complètement fauché, incapable de demander de l’argent à son père qui en regorge, il perd les pédales et tue sans aucune raison ni aucun profit un cafetier plutôt amical. Il se retrouve ainsi en prison, où une romancière vient l’interviewer pour tirer un livre de son histoire.

Il s’agit en fait d’un téléfilm, d’où le fait qu’il sorte avec... trente-cinq ans de retard ! Son mérite, outre le propos qui tient du réquisitoire contre la sécheresse d’une société ultra-matérialiste, est de montrer combien le cinéma classique est supérieur à celui qu’on fait aujourd’hui, où tout est dans le visuel, et surtout dans l’épate. L’esthétique clip, si l’on peut parler d’esthétique, n’était pas encore à la mode.

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HH, Hitler à Hollywood

Jeudi 5 mai 2011

Réalisé par Frédéric Sojcher

Sorti en République Tchèque le 7 juillet 2010

Sorti en France (Festival d’Alès) le 26 mars 2011

Sorti en France le 4 mai 2011

Si vous allez voir ce film très divertissant, mieux vaut peut-être savoir par avance qu’il s’agit d’un canular – ce que les anglophones appellent un mockumentary ! Je l’ai compris dès les premières images, parce que le faux disparu, Luis Aramchek, réalisateur du « film préféré de Micheline Presle », est en fait incarné, sur les vieilles photos qu’on en voit, par un acteur, Hans Meyer, assez peu connu... mais que je connaissais néanmoins, pour l’avoir vu notamment dans Barry Lyndon, film de Kubrick tout de même ! Cela m’a rappelé un téléfilm de William Karel, Opération Lune, qui « prouvait » que la NASA n’avait jamais envoyé ses astronautes sur la Lune, et que le reportage qu’on en avait vu à la télévision en juillet 1969 était en réalité un petit film tourné à Londres, pendant le tournage de 2001 et avec la complicité de Kubrick himself, lequel, en échange, avait pu lui emprunter le fameux objectif Zeiss ouvert à f/0,7 qui devait lui servir pour les scènes éclairées à la bougie dans le Barry Lyndon cité plus haut ! Des personnalités célèbres, parmi lesquelles Buzz Aldrin, Alexander Haig, Henry Kissinger, le général Vernon Walters, et jusqu’à Christiane Kubrick, venaient « témoigner » malgré elles, montage aidant et pour notre plus grand plaisir.

Ici, l’actrice-réalisatrice Maria de Medeiros est censée préparer un documentaire sur la carrière de Micheline Presle, qui lui révèle que le film qu’elle a préféré s’intitulait « Je ne vous aime pas » (il n’existe pas ; en fait, c’est une réplique dans Le diable au corps), dont le jeune réalisateur, Luis Aramchek, a dû disparaître à cause du nazisme, laissant son film non distribué ; film également disparu, et que Maria de Medeiros va chercher partout, à Venise, à Londres, à Berlin, à Cannes, finissant par se heurter à la CIA, puis retrouvant le cinéaste disparu à Malte, dans les ruines d’un complexe cinématographique qu’il avait voulu créer, et que les méchants envoyés d’Hollywood font sauter à la dernière scène !

Les témoignages de cinéastes pendant le générique de fin confirment ce qu’on avait compris : que tout cela est un pamphlet contre Hollywood, qui a tué le vrai cinéma en ne créant plus que des films inutiles (ou bourrés de détails inutiles), ce que je dénonce sans arrêt ici depuis des années. En particulier, combien de films qui durent deux heures et demie, quand ils pourraient être réduits de moitié si on en supprimait le tape-à-l’œil destiné aux bafreurs de popcorn ? Non pas que tous ces films sont mauvais, mais ils ne servent à rien d’autre qu’à encombrer les écrans, privant de salles de meilleurs films qui en crèvent parce que le public, n’ayant plus le choix, ignore leur existence.

Le réalisateur, cinéaste belge, avait sorti en même temps un documentaire de 55 minutes sur Micheline Presle. Je n’ai que deux critiques contre le présent film. D’une part, il est ralenti par une séquence de réception mondaine où une poignée de célébrités viennent donner leur avis sur le cinéma ; d’autre part, presque toutes les scènes sont filmées dans des couleurs très affadies, à la limite du noir et blanc, et seule Maria de Medeiros, qui ne porte que des toilettes très bariolées, apparaît dans des couleurs vives. À quoi rime ce procédé photographique ? À illustrer la notion d’inutilité ?

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Où va la nuit

Vendredi 7 mai 2011

Réalisé par Martin Provost

Sorti en France le 4 mai 2011

Martin Provost ne retrouvera pas avec ce film le succès qu’il a remporté avec Séraphine, où Yolande Moreau était déjà remarquable ; et cela, parce que, en dépit d’un début séduisant, tout se gâte par la suite.

Rose vit dans une ferme du sud de la Belgique, et elle est mariée avec une brute qui la bat et qui a fait fuir leur fils quand il a découvert que le garçon de seize ans était homosexuel. En outre, elle a perdu un premier enfant qui s’est noyé à l’âge de trois ans. Sa brute de mari a aussi tué accidentellement une jeune fille, de nuit, au volant de sa voiture, et a fait quelques mois de prison. Si bien que Rose, lassée, s’inspire de cet accident, et elle écrase volontairement son mari, au même endroit, avec leur voiture. La police enquête, mais Rose n’attend pas et va se réfugier à Bruxelles, chez son fils.

Cependant, deux faits vont enrayer la machine : d’une part, le policier chargé de l’enquête l’a suivie, et, bien qu’ayant compris qu’elle était la meurtrière, il ne peut que l’assurer de sa sympathie et l’avertir qu’il lui est impossible de bloquer l’enquête ; d’autre part, un journaliste, ami du fils, lui arrache une confession complète (alors que Rose ne parle quasiment jamais !) et l’enregistre. Affolée, Rose s’enfuit et va se réfugier dans une  pension de famille, dont la tenancière tente de l’aider à quitter le pays, mais la police est là, au départ du bateau, et Rose ira en prison.

Racontée ainsi, l’histoire est acceptable et aurait pu donner lieu à un bon film. Hélas, les détails du scénario ne collent pas. Le journaliste a un comportement caricatural. Le personnage du fils est incohérent : il reproche violemment à sa mère d’avoir tué son père, que pourtant il haïssait, mais aux obsèques duquel on l’a vu sangloter. Le dialoguiste tente de se raccrocher aux branches en casant une phrase disant qu’il aurait voulu tuer lui-même son géniteur et que sa mère lui a coupé l’herbe sous le pied, mais cette « explication » est farfelue et ne tient pas, puisqu’il refusait de voir le père depuis neuf ans. Enfin, l’aide que sa logeuse accorde à Rose – en piétinant la légalité, puisqu’elle ne dénonce pas une meurtrière et va jusqu’à lui prêter sa carte d’identité pour passer la frontière – est inexplicable, sachant que les deux femmes ne se connaissent que depuis la veille !

La réalisation est bonne, Édith Scob et Yolande Moreau sont épatantes, mais je fais des réserves sur les autres acteurs et sur leurs personnages.

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L’étrangère

Mercredi 11 mai 2011

Réalisé par Feo Aladag

Titre original : Die Fremde

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 13 février 2010

Sorti en France le 20 avril 2011

Ce film a fait un bide magistral aux États-Unis. Chez nous, il n’a pas soulevé les foules, et je crois comprendre pourquoi.

Umay, jeune femme turque née en Allemagne, où vit toujours sa famille aisée, habite Istanbul avec son mari Kemal. Mais celui-ci est violent et la bat. Elle prend alors l’avion avec son jeune fils Cem, pour retourner à Berlin, mais ses parents – son père et son frère aîné surtout – jugent sa conduite déshonorante. Sa mère ne dit pas grand-chose, ses jeunes frère et sœur sont plutôt de son côté, mais la pression sociale va les faire changer de comportement. Umay se décide à chercher du travail et à vivre seule dans un foyer, avec son enfant. Mais sa sœur est obligée de se marier pour cause de grossesse, et Umay est chassée de la réception par ses deux seuls alliés. Puis son mari arrive de Turquie et tente d’enlever l’enfant, mais il échoue et la police s’en mêle. Surcroît de « déshonneur ». On pourrait penser que la jeune femme, qui a rencontré un Allemand gentil désireux de l’épouser, va enfin connaître le calme lorsque son père gravement malade veut bien lui pardonner, mais ses deux frères héritent des préjugés familiaux : le plus jeune esquisse le geste de la tuer avec un pistolet, prend la fuite au dernier moment, et c’est le frère aîné qui, voulant la poignarder, surine l’enfant, de jour et en pleine rue ! Le film s’arrête là.

Vous avez compris, la coupe déborde, et cette fin inutilement tragique flanque par terre un film déjà trop long. Le défaut des films actuels n’est pas dans leur réalisation, généralement très correcte, mais dans leur scénario, inutilement démonstratif, et qui accumule les épisodes superflus, voire encombrants. Il n’y a pas que les entreprises qui devraient dégraisser leur personnel, les cinéastes devraient aussi songer à dégraisser leurs films !

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Tomboy

Jeudi 12 mai 2011

Réalisé par Céline Sciamma

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 11 février 2011

Sorti en France le 20 avril 2011

Un grand bravo pour l’originalité du titre ! Entre 1912 et 2011, il a été utilisé... douze fois ! Notons que, sans beaucoup de raison, le film a été primé au Festival de Berlin : il a reçu un Teddy Award, prix qui ne récompense que les films relevant du genre gay et lesbien – ce qui laisse un peu perplexe...

Les parents de Laure et Jeanne viennent de déménager. La mère est enceinte. C’est l’époque des grandes vacances, sans quoi cette histoire ne pourrait avoir lieu. En effet, on ne sait pourquoi, Laure, qui a dix ans, se fait passer pour un garçon auprès des copains qu’elle se fait dans le voisinage. Puis la supercherie est découverte, et... il ne se passe rien. Fin du film.

Le récit avance très lentement, et ce film pourtant court (1 heure et 24 minutes) semble faire du sur-place. La révélation pour les autres personnages, qui n’en est pas une pour le spectateur – puisque la scène du bain, qui arrive au bout de dix minutes, lui a donné très vite la clé de l’histoire –, a lieu un quart d’heure avant la fin. Tout le reste est en petites touches insignifiantes, et il faut être un passionné des « problèmes » d’identité pour s’y intéresser. Mais les enfants sont bien dirigés.

Je me permets d’être surpris que nul, dans la presse, n’ait évoqué un film au sujet quasiment identique, et beaucoup plus réussi, sorti en 1997. Il s’agissait de Ma vie en rose, du réalisateur belge Alain Berliner, où le héros était un garçon, Ludovic, lequel s’habillait en fille. Là, déjà, les parents n’en faisaient pas un drame, mais l’évènement scandalisait le voisinage, donc l’histoire avait une vraie portée sociale, complètement absente de Tomboy. Qui, de ce fait, n’a guère de portée du tout.

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La solitude des nombres premiers

Vendredi 13 mai 2011

Réalisé par Saverio Costanzo

Titre original : La solitudine dei numeri primi

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 9 septembre 2010

Sorti en France le 4 mai 2011

Adapté d’un roman italien de Paolo Giordano qui, dit-on, a eu un énorme succès dans son pays, le film reprend, en les simplifiant, la quasi-totalité des péripéties, mais en abandonnant l’ordre chronologique strict du livre, en vue de rapprocher, par des fréquents retours en arrière, des évènements que le réalisateur et l’auteur du roman ont jugé plus dramatique de faire se cotoyer. C’est un point de vue. On a éliminé quelques détails scatologiques et rendu les deux personnages un peu moins malsaints (l’anorexie de la fille n’est évoquée que de très loin), et on a un peu étoffé le personnage de la mère du garçon pour donner quelque chose à faire à la seule vedette, Isabella Rossellini.

Le sujet est l’inadaptation à l’existence de deux êtres qui ont connu un drame dans leur enfance : Alice a été accidentée au ski, et elle en est restée boiteuse, tandis que Mattia, garçon qui s’avère un génie des mathématiques, a causé la disparition mystérieuse de sa sœur jumelle et débile mentale (« Le Canard enchaîné », toujours aussi pointu, parle d’un « petit frère » !), laissée une demi-heure dans un parc et qu’on n’a jamais retrouvée.

La mise en scène est imaginative, surtout au début, mais les personnages sont peu attirants, et l’on a du mal à leur porter beaucoup d’intérêt. Les scénaristes ont ajouté une scène finale qui laisse entendre que leur histoire commune va se terminer bien et qu’ils vont s’aimer, ce que le livre ne faisait pas.

Une inexplicable bizarrerie : on justifie très maladroitement le titre en faisant discourir sur les nombres premiers jumeaux une jeune femme, montée sur le podium, pendant la réception donnée pour son mariage ; or ce n’est guère le genre de propos entendu habituellement dans ces circonstances, et, avant cela, ce personnage n’a jamais manifesté le moindre goût pour les mathématiques...

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Critiques ignares

Samedi 14 mai 2011

Naturellement, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme chante mon ami Charles, et dans lequel les critiques de cinéma connaissaient les films dont ils parlaient. Je n’admire pas particulièrement François Truffaut comme cinéaste, mais lorsqu’il a entrepris d’interviewer Hitchcock, il a vu ou revu auparavant la totalité des films du maître. Or tout ça est bien fini, et les journaux sont remplis d’articles bourrés d’erreurs, laissant à croire que les critiques de cinéma ne vont jamais au cinéma !

Tenez, prenez par exemple « Le Figaro ». Non seulement ce journal, qui autrefois s’abstenait de massacrer la langue française mais aujourd’hui fait comme tout le monde (j’y ai trouvé dans le numéro du mercredi 11 mai, sous la signature du critique d’art Bertrand de Saint Vincent, un verbe « bruisser » qui n’a jamais existé, sauf dans le dictionnaire des cancres, le Robert !), non seulement, disais-je, ce journal de la bourgeoisie semble désormais écrit par des rappeurs, mais ses critiques d’art ignorent tout du cinéma.

Ainsi, rendant compte dans le même numéro, en page 37, de la comédie musicale Sweeney Todd qui se joue actuellement au Châtelet, Valérie Saportas écrit que son compositeur Stephen Sondheim a voulu y rendre un hommage à Bernard Herrmann, son confrère et auteur de musique de films universellement connu et admiré – à juste titre : il a commencé avec Citizen Kane et a fini avec Taxi driver, des références ! Or la chère Valérie, à qui on ne demandait rien et surtout pas ça, se croit obligée de préciser qu’Herrmann a composé la musique des films d’Alfred Hitchcock, et cite Les oiseaux. Hypothèse la plus probable : elle a consulté la fiche de Bernard Herrmann, et a trouvé Les oiseaux dans sa filmographie. Mais elle a oublié de voir ce film, totalement confidentiel comme on le sait, puisqu’il ne passe guère plus d’une fois par mois à la télévision !

Chers admirateurs de Bernard Herrmann, faites comme moi : installez-vous sur votre canapé, placez dans votre lecteur le DVD de ce film, et visionnez Les oiseaux pour y déguster la musique d’Herrmann. Hélas, déception, au bout de deux heures, vous n’y aurez pas entendu la moindre note de musique, puisqu’il n’y en a pas dans ce film – c’est même l’une de ses particularités ! Certes, Bernard Herrmann a participé à la conception de la bande sonore, mais il s’est contenté de superviser le travail sur le son électronique, des cris d’oiseaux justement, travail réalisé dans une firme de Berlin.

Ce n’est pas tout. « Le Figaroscope » de la même semaine, en sa page 16 et sous la signature d’un certain Olivier Delcroix, explique, croit-il, que si Hitchcock a demandé qu’à la projection de son film Psychose, on ne laisse pas entrer les spectateurs en retard (exigence qui n’a jamais été satisfaite, car elle est illégale, et Hitchcock ne disait cela que par plaisanterie, car il aimait répandre des bobards à l’usage des journalistes), c’est parce que sa vedette Janet Leigh était tuée « sous la douche après vingt minutes seulement ». Encore une ânerie. Sur le film, la dernière image de Janet Leigh, allongée au fond de la baignoire, est numérotée 70 553, ce qui, à raison de vingt-quatre images par seconde, la place à la fin de la quarante-neuvième minute, donc peu avant le milieu du film.

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Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch

Samedi 14 mai 2011

Réalisé par Anne Linsel et Rainer Hoffmann

Titre original : Tanzträume

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 21 février 2010

Sorti en France le 13 octobre 2010

Ce film est une merveille. Pina Bausch, en 2008, c’est-à-dire quelques mois avant sa mort, avait décidé de reprendre un de ses spectacles, Kontakthof, mais de le faire danser, à Wuppertal, par des jeunes gens entre quatorze et dix-huit ans, donc totalement novices et sachant à peine qui elle était et ce qu’était la danse : à cet âge, hormis le hip-hop (« une danse d’homme », avoue l’un des garçons), on ne connaît pas grand-chose à cet art. Elle en fait donc recruter une cinquantaine, et deux groupes seront formés pour jouer deux jours différents, et entraînés par ses deux collaboratrices, Josephine Ann Endicott et Bénédicte Billet. Elle-même, du reste, n’apparaît dans le film qu’assez tard, pour choisir qui dansera quoi et donner ses directives.

 

Pina Bausch 

Le film est extrêmement touchant, et tous ces jeunes, qui pour la plupart ne se connaissaient pas, finissent par devenir amis, constituer une troupe, perdre leurs inhibitions, et, eux qui n’étaient venus souvent que par curiosité, se prennent de passion pour ce qu’ils font ensemble.

 

Pina, Jo et Bénédicte

 

Tout cela est délicieux, et on ne regrette qu’une chose : ne pas assister au spectacle lui-même, et entier. Peut-être a-t-il été filmé et sortira-t-il un jour.

Soit dit en passant, il ne s’agit nullement de danse classique : des amateurs n’auraient abouti à rien. Je ne dénigre pas, mais c’est autre chose.

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Détective Dee : Le mystère de la flamme fantôme

Lundi 16 mai 2011

Réalisé par Tsui Hark

Titre original : Di renjie zhi tongtian diguo

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 6 septembre 2010

Sorti en France le 20 avril 2011

Méfiez-vous des films dont les agents de publicité (et les gogos, mais ils ont souvent le même vocabulaire) vous disent qu’ils sont « d’une beauté stupéfiante », ou, mieux encore, « d’une beauté à couper le souffle ». Le plus souvent, c’est leur bêtise qui est suffocante. On ne va pas tarder à vous ressortir les mêmes fadaises à propos du petit dernier de Terrence Malick, lequel sort précisément ce soir, à Cannes et dans toutes les grandes villes, à partir de 20 heures.

Mais il faut l’admettre : tout comme les Africains n’aiment que les films de kung-fu, et les Indiens, que les opérettes qui durent trois heures, avec un héros moustachu et grassouillet et une jeune première glapissant d’une voix stridente, les Chinois du continent apprécient surtout ces films où des ahuris se battent... en l’air, à coups de sabres, de fouets ou d’un tas d’objets coupants et pointus. Il paraît que Tsui Hark est LE grand maître de ce genre-là, tant mieux pour lui. Certes, il sait placer et déplacer sa caméra, mais je me permets de préférer les films de Taiwan, qui restent à hauteur d’homme, comme on le disait naguère des films d’Howard Hawks.

En fait, le meilleur est dans ces décors gigantesques, évidemment réalisés à grands coups de numérique, mais non sans imagination. Lorsque, dès le début, on voit cette immense statue de Bouddha, on SAIT bien qu’elle n’est là que pour s’écrouler à la fin, comme celle de Dagon dans Samson et Dalila, et c’est cela qu’on attend. Le malheur, c’est qu’il faut subir auparavant presque deux heures d’innombrables combats, dont un qui oppose le héros à... des cerfs, et, en prime, un autre, de kung-fu, qui se fait à cheval, mais hélas ne dure pas.

L’histoire : en 690, la régente Wu Ze Tian veut se faire couronner impératrice, d’où l’érection de la statue qui doit commémorer ce jour, mais un méchant caché dans l’ombre veut se venger d’elle, car elle a, naguère, fait couper la main à cet opposant. Il a donc prévu de saboter un pilier pour que le monument, en s’écroulant, tombe sur le palais et tue tout le monde ! En attendant ce grand moment de divertissement, il élimine tous ceux qui lui font obstacle grâce à des cloportes bourrés de phosphore (!), qui font prendre feu tous ceux qu’ils ont touchés. Mais la future impératice fait enquêter sur les meurtres ayant déjà  eu lieu, et rappelle pour cela le célèbre juge et enquêteur Dee, qu’elle a aussi fait exiler. Naturellement, il va tout comprendre de la machination, découvrir le coupable qui est son ancien ami, et, en guise de récompense, va devenir le conseiller de l’impératrice et la guider sur la voie du Bien et du Beau.

J’avoue avoir un peu dormi durant les scènes d’action, mais on peut faire autre chose. Par exemple aller aux toilettes.

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De l’eau pour les éléphants

Mardi 17 mai 2011

Réalisé par Francis Lawrence

Titre original : Water for elephants

Sorti en Norvège, Suède et Turquie le 15 avril 2011

Sorti en France le 4 mai 2011

Un peu calqué sur le film de Cecil B. DeMille Sous le plus grand chapiteau du monde, à cette différence près que le cirque où tout se déroule est dirigé par un fou sanglant, qui a trouvé une solution radicale à ses problèmes de gestion du personnel : lorsque ses employés, las de n’être pas payés, commencent à s’agiter, il les fait jeter hors du train. En marche. Cela finira mal, puisqu’ils finissent par se révolter, libérant les fauves pendant une représentation...

Le principal défaut de ce film romanesque est justement l’histoire d’amour entre le héros, un étudiant vétérinaire, et la femme du patron : là, on s’ennuie vraiment. Mais tout se termine bien pour eux, après quelques péripéties violentes.

Quant aux éléphants, il n’y en a qu’un, une éléphante, qui a la particularité de ne consentir à travailler que si on lui parle en polonais ! Mais on ne découvre cette particularité que tardivement, après que le directeur du cirque l’ait violemment battue à coups de crochet, cet instrument pointu servant à stimuler ces animaux, et dont les auteurs du film ne semblent pas savoir que cela s’appelle un ankus. Ils n’ont pas dû lire Kipling.

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L’aigle de la neuvième légion

Vendredi 20 mai 2011

Réalisé par Kevin Macdonald

Titre original : The eagle

Sorti au Kazakhstan le 9 février 2011

Sorti en France le 4 mai 2011

Il faudrait peut-être cesser de baptiser « péplum » tout film qui se passe à l’époque de l’Empire romain ; à ce sujet, relire ce que j’écrivais jadis à propos de Gladiator.

L’aigle du titre n’est pas un oiseau, c’est l’emblème de la neuvième légion romaine, à une époque où les drapeaux n’existaient pas. Or cette légion, guerroyant au nord de l’Angleterre, a disparu : cinq mille hommes volatilisés ! Inévitablement, son chef a perdu l’honneur, et c’est cet honneur que, vingt ans, plus tard, son fils, Marcus Aquila, veut redorer en retrouvant les combattants égarés, ou au moins leur emblème. Il va ainsi franchir le mur d’Adrien, qui était censé tracer les limites du monde civilisé, et aller faire ses recherches en Écosse, accompagné d’un esclave du pays, qui hait les Romains !

Lorsque enfin il rencontre une tribu à laquelle son esclave appartient et qu’il tombe entre les mains de ces guerriers fanatiques, c’est l’esclave qui lui sauve la vie... en se prétendant son maître ! Et voilà les rôles inversés, ce qui est la partie du scénario la plus intéressante, mais qu’hélas on n’a pas suffisamment développée, car la situation, bientôt, se retourne à nouveau...

Le film, assez lugubre, fait la part belle aux combats plutôt sanglants, mais on a compris dès le début que le centurion et son esclave vont devenir amis. Esca, l’esclave écossais, est joué par Jamie Bell, qui fut la vedette de Billy Elliot et de Hallam Foe. Bon acteur. Remarqué aussi, dans un rôle minuscule, Tahar Rahim, qui était la vedette d’Un prophète. Un rôle alimentaire ?

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Le cinéma numérique

Samedi 22 mai 2011

Il y aura toujours des passéistes pour râler contre le progrès, quoi qu’il arrive. Ainsi, lorsque le disque compact (autrement dit, le CD) est apparu au début des années 1980, il s’est immédiatement trouvé des nostalgiques des disques en vinyle, qui se sont plaint que les nouveaux CDs avaient un son « métallique » et désagréable (sic !). On voit mal d’où viendrait ce son, et le fait qu’on échappait enfin aux rayures, aux poussières et à l’usure de leurs chers vinyles ne semblait pas les convaincre.

J’en ai connu d’autres qui, férus de photographie, ont trouvé tous les défauts possibles à la photo numérique et aux appareils permettant d’en faire. Eux étaient sans doute nostalgiques de la chambre noire et des produits chimiques, mais ce sont les mêmes qui vitupèrent contre la pollution.

Bien entendu, on ne va pas tarder à entendre toutes sortes de critiques contre le cinéma numérique. Pour ma part, je ne lui trouve que des avantages, parmi lesquels mon seul point de vue de spectateur me fait voir ceux-ci : plus de projections floues, plus d’images décadrées (si le projectionniste a bien voulu vérifier le cadrage AVANT la séance !), son impeccable, souplesse dans la gestion des sous-titres. Quant aux propriétaires de salles, ils apprécient de ne plus payer le transport de films pesant trente kilos ; et les projectionnistes, de ne plus avoir à monter à la suite des bobines de pellicule d’une durée maximale de vingt minutes pour les faire tenir d’un seul bloc sur les bobines géantes de leurs projecteurs, et de devoir le séparer ensuite, quand l’exploitation dans leur salle est terminée ! Un travail aussi pénible qu’ennuyeux.

Si le sujet vous intéresse, vous pourrez lire une étude assez complète dans la page que Wikipedia consacre à ce sujet.

J’ajoute qu’en un an, le nombre de salles numériques en Europe a été multiplié par 2,21. Fin 2010, on en comptait 10 346.

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Le gamin au vélo

Lundi 23 mai 2011

Réalisé par Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne

Sorti en France et en Belgique le 18 mai 2011

Un titre qui s’impose, puisque l’enfant ne quitte presque jamais l’écran, et que son vélo est le point de départ de l’histoire : Cyril, à 12 ans, cherche à retrouver son trop jeune père (il semble n’avoir pas de mère) qui, faute de moyens financiers, ne peut plus s’occuper de lui et l’a placé « provisoirement » dans un foyer – mais ce provisoire est du genre définitif. L’enfant rencontre une brave fille, une coiffeuse, Samantha, qui s’occupe de lui et finit par lui tenir lieu de famille d’accueil. Mais le gosse fait des bêtises et sous-estime l’affection de Samantha. Pourtant, les évènements, dont un gros ennui avec la police, vont lui ouvrir les yeux. Il ne renouera sans doute jamais avec son père, mais il gagne une mère de remplacement.

Comme d’habitude, les frères Dardenne s’abstiennent de jouer du violon et n’expliquent pas le comportement de leurs personnages ; on leur en sait gré. Bien sûr, le gosse est un sale gosse, mais il n’est pas mauvais et sans doute tournera bien.

Le film est sans musique, à l’exception d’un court extrait de Beethoven, qui revient trois fois à titre de ponctuation, puis pour le générique de fin. Là encore, soupir de soulagement : enfin un film où rien n’est souligné.

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Mystères de Lisbonne

Lundi 24 mai 2011

Réalisé par Raoul Ruiz

Titre original : Mistérios de Lisboa

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 12 septembre 2010

Sorti en France le 20 octobre 2010

Vu avec sept mois de retard, en version française, et en vidéo, parce qu’un film qui dure quatre heures et 32 minutes ne peut pas être vu en salle par un être humain normal.

Très embrouillée, structurée par de nombreux retours en arrière, peuplée de nombreux personnages vus à différents âges et dont plusieurs changent d’identité, voire d’interprète, cette histoire mériterait, pour être vraiment comprise, d’être vue plusieurs fois... mais allez donc revoir un film aussi long !

Il est dommage que l’intrigue soit aussi obscure, car ces multiples aventures du dix-neuvième siècle, se déroulant surtout au Portugal mais aussi en France et un peu en Italie et au Brésil, valent d’être suivies. Mais le dénouement incite à se demander si la raison domine le récit, puisque la dernière scène montre que le narrateur, qu’on a vu enfant au début du film, meurt quand il est, justement, encore enfant, alors qu’on l’a vu adulte sur un quart du récit ! Tout le film ne serait donc qu’un rêve d’avant sa mort ? Un mystère de plus !

Cette solide réserve mise à part, la réalisation est somptueuse, par les décors, les costumes, les éclairages et les mouvements amples et souples de la caméra, au point que, souvent, on pense à Visconti. C’est follement romanesque, et nous sommes très loin de la vulgarité qui poisse la plupart des films actuels.

*

Il existe une version longue de ce film, pour la télévision, et dont la presse nous a dit qu’elle donnait une autre vision de cette histoire : six parties d’une heure chacune en moyenne. Arte, coproductrice du film, l’a diffusée cette semaine, les jeudi 19 et vendredi 20. Malheureusement, et je ne me lasserai jamais de l’écrire, Arte est une chaîne de merde : non seulement elle laisse son logo à l’écran durant toute la durée du film, mais elle n’a jamais été capable d’afficher correctement des sous-titres. On a, soit un sous-titre absent ou apparaissant au milieu d’une réplique, dont on a raté par conséquent le début de la traduction, soit un sous-titre « gelé » à l’écran, qui persiste de longues secondes durant, alors que le dialogue a continué sans que les répliques suivantes soient traduites. C’est lamentable d’amateurisme, et, à ma connaissance, c’est la seule chaîne de télévision qui soit dans ce cas. Or les dialogues de cette histoire sont loin d’être sans importance...

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Minuit à Paris

Mercredi 25 mai 2011

Réalisé par Woody Allen

Titre original : Midnight in Paris

Sorti en France le 11 mai 2011

La critique est ICI.

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Sauve qui peut la foule !

Mercredi 25 mai 2011

Dès le premier film que j’ai vu de lui, Les moissons du ciel, dont je ne garde pas le moindre souvenir, j’ai tenu Terrence Malick pour un emmerdeur de première, et ses films suivants ont renforcé cette opinion. Comme quoi, je ne subis aucune influence, et la quasi-unanimité à crier au génie me laisse de glace.

Son dernier film est sorti le lundi 16 mai, à Cannes et dans le reste de la France, et il a été palmedorisé dans ce Festival. Soit dit en passant, il ne sortira aux États-Unis qu’après-demain. J’ai attendu hier pour m’en soucier (un peu), et suis allé au Max-Linder, ma salle favorite, pour faire mon devoir, bien qu’en traînant les pieds. Mais, parvenu devant la caisse, j’ai vu, agglutinée devant l’entrée, presque une dizaine de spectateurs, et j’avoue que cette foule m’a fait reculer. J’ai donc changé de quartier et suis allé revoir le film de Fassbinder, qui, au moins, ne bassinait pas son public avec son « sens de la Nature » et ses images « stupéfiantes de beauté » – une prétention qui m’a toujours irrité au plus haut point.

Je vais donc patienter, sans toutefois ronger mon frein, et j’irai voir le film le dernier jour de son passage dans le cinéma en question. C’est ce que j’ai fait pour ce navet chinois, Détective Dee, et j’étais quasiment seul dans la salle (560 places).

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La défense Lincoln

Jeudi 26 mai 2011

Réalisé par Brad Furman

Titre original : The Lincoln lawyer

Sorti aux États-Unis le 10 mars 2011

Sorti en France le 25 mai 2011

À Los Angeles, Mick Haller est un avocat du genre sans scrupules. Appelé à défendre un jeune homme riche, beau (c’est Ryan Phillippe) et bien sous tous rapports, que l’on accuse d’avoir agressé une prostituée, mais qu’il croit innocent, il ne tarde pas à apprendre qu’en fait, son client, non seulement est bien coupable (et cela rappelle Témoin à charge, fameux film de Billy Wilder d’après Agatha Christie), mais a tué naguère une autre prostituée pour laquelle un innocent, qu’il défendait sans croire à son innocence, a été condamné, parce que lui, Haller, l’a poussé à plaider coupable – système de défense propre aux États-Unis, que Sarkozy a vainement tenté d’imposer en France, et dans lequel la sentence est moins sévère, puisque l’accusé fait perdre moins de temps et d’argent à la justice... Devenu avocat d’un criminel, Haller ne peut légalement le dénoncer. Il ne lui reste plus qu’à le faire acquitter de l’agression, puis, libéré de ses obligations professionnelles, à le dénoncer pour le précédent crime !

Toutes les tares de la justice des États-Unis sont montrées, sans oublier l’avidité des avocats, lesquels ne reculent devant rien pour faire du fric. Mais enfin, on le savait depuis longtemps. À quand une dénonciation similaire du système français, pas beaucoup plus reluisant non plus ?

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La conquête

Vendredi 27 mai 2011

Réalisé par Xavier Durringer

Sorti en France et en Belgique le 18 mai 2011

Le film ne traite pas du tout des idées politiques de Sarkozy et de ses adversaires à droite – aucun homme politique, en dehors de l’UMP, n’apparaît ni n’est simplement nommé. Des idées, il y a d’ailleurs lieu de supposer qu’ils n’en ont aucune, et le récit se concentre sur l’accession de Sarkozy à la présidence. Il n’est jamais question ni des sujets qui intéressent les citoyens (chômage, sécurité physique et sociale), ni des valeurs morales ou de l’avenir du pays : tout s’arrête au soir de l’élection, après la soirée au Fouquet’s. Bref, si l’on a suivi les évènements, on n’apprend rien, on se contente de rigoler aux vacheries que se balancent Villepin, Chirac et Sarkozy lui-même (Bernard Le Coq en Chirac est excellent). Si bien que tout cela ressemble à un best-of du Zapping ou des Guignols de Canal Plus. Notons, par exemple, que si l’épisode de Cécilia et Richard Attias, montrés en photo sur la couverture de « Paris-Match », est bien évoqué, on ne mentionne pas du tout que le directeur de ce journal a été licencié sur intervention du mari ulcéré ! Étrange oubli...

On rigole aussi pour autre chose : Dominique Besnehard, qui fut le conseiller de Ségolène Royal avant de se brouiller avec elle, joue un conseiller de Sarkozy, Pierre Charon, actuellement conseiller de Carlita, et que le candidat charge de tenir le rôle de madame Royal pendant la répétition de l’affrontement télévisé qui devait opposer les deux finalistes du second tour.

Mais encore une fois, le film ne montre rien de sérieux. Il est purement divertissant.

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Le complexe du castor

Lundi 30 mai 2011

Réalisé par Jodie Foster

Titre original : The beaver

Sorti aux États-Unis (Festival South by Southwest) le 16 mars 2011

Sorti en France le 25 mai 2011

On estime Jodie Foster pour son intelligence et sa culture, mais sa troisième réalisation est un échec, car les trois personnages principaux de son histoire, Walter, son fils Porter et la présumée petite amie de celui-ci, Norah, ne parviennent pas à nous faire partager leur douleur psychique, surtout le premier : le mal-être serait-il incommunicable ? Très vite, le spectateur tombe dans l’indifférence. Et l’excès de l’épisode très artificiel précédant l’épilogue, Walter s’amputant du bras droit parce qu’il « ne peut pas » se débarrasser de sa marionnette et de sa personnalité envahissante (on voit mal en quoi), décourage nos derniers efforts.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Pina

Mardi 30 mai 2011

Réalisé par Wim Wenders

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 13 février 2011

Sorti en France le 6 avril 2011

Le deuxième en date des films actuellement à l’affiche et consacrés à Pina Bausch. Je n’avais pu le voir avant qu’un cinéma se décide à le programmer en version normale, sans imposer aux spectateurs le port de lunettes.

Ce film montre ce que ne montrait pas Tanzträume, c’est-à-dire des extraits de spectacles montés par Pina Bausch – parfois un peu trop longuement à mon goût. Avouons que je préférais le premier, parce qu’on assistait au travail de préparation d’un spectacle, le célèbre Kontakthof (que Pina Bausch a produit deux autres fois au moins, l’une avec des danseurs adultes, l’autre avec des personnes de plus de 65 ans), et qu’il est toujours passionnant de voir comment les choses sont fabriquées. Pour dire cela autrement, Pina sera davantage apprécié par les amateurs de danse, alors que Tanzträume satisfera plutôt ceux qui s’intéressent à l’âme humaine.

En bref : à voir.Haut de la page

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.