Œuvres : Chanson douce – It must be Heaven – Sympathie pour le diable – Les envoûtés – Lola vers la mer – Noureev – The lighthouse – Après la nuit – Monstri. – Le jeune Ahmed
Personnes citées : Lucie Borleteau – Guillaume de Fontenay – Pascal Bonitzer – Laurent Micheli – Stanley Kubrick – Ralph Fiennes – Rudolf Noureev – Oleg Ivenko – Pierre Lacotte – Raphaël Personnaz – André Malraux – Eva Saint – Adèle Exarchopoulos – Robert Eggers – Willem Dafoe – Robert Pattinson – Jean-Pierre Dardenne – Luc Dardenne – Idir Ben Addi
Réalisé par Lucis Borleteau
Sorti en France (Paris et Montpellier) le 3 octobre 2019
Sorti en France le 27 novembre 2019
Le film commence en douceur, quand une femme d’âge mûr se fait engager par un jeune ménage avec deux enfants, chacun des deux parents étant trop occupé pour consacrer tout son temps à ses gosses : la mère est avocate, le père semble composer de la musique, qu’on n’entendra d’ailleurs jamais.
Hélas, la gardienne d’enfants, qui paraissait tout à fait normale et dévouée, se révèle peu à peu complètement folle, quoique trop atachée aux enfants qu’elle a la mission de garder. Et là, le scénario s’égare dans des excès inexpliqués.
Le tout se termine par le meurtre des enfants et le suicide de la gardienne. On regrette que Karin Viard se soit elle-même égarée dans cette entreprise, au point d’apparaître plusieurs fois toute nue, racolage sans aucune justification.
Réalisé par Elia Suleiman
Sorti en France (Festival de Cannes) le 24 mai 2019
Sorti en France le 4 décembre 2019
Le réalisateur palestinien, sans jamais prononcer un seul mot, mais constamment présent à l’écran, apparaît dans une multitude de scènes assez courtes, sans lien entre elles, et largement incompréhensibles. On sourit parfois, on rit rarement, car le comportement des nombreux personnages épisodiques ne correspond à rien de plausible.
Théoriquement, il a voulu faire un film sur la Palestine, ce qui a provoqué l’admiration de tous les critiques de gauche, mais sur le mode cocasse et absurde. Il fait sa pseudo-démonstration au cours d’un long voyage qui, de Nazareth, le conduit à Paris, puis à New York, avant le retour en Palestine. La morale de cette pseudo-histoire, c’est qu’on n’est nulle part chez soi dès qu’on quitte le lieu natal.
En dépit des bonnes intentions, on finit par trouver le temps long.
Réalisé par Guillaume de Fontenay
Sorti au Canada (Cinemania Film Festival) le 11 novembre 2019
Sorti en France le 27 novembre 2019
Ce film estimable n’a eu aucun succès, sans doute parce qu’il ne caresse pas le public dans le sens du poil. Il faut dire que le personnage de Paul Marchand, journaliste de guerre, n’est pas très attirant, et qu’il dit à tout le monde ses quatre vérités. Par exemple, lorsqu’il engueule les journalistes qui parlent plus d’eux-mêmes que du conflit à Sarajevo. On est loin de BHL !
Marchand, qui avait perdu un bras à cette époque, s’est suicidé. Impossible après cela de le trouver antipathique, même si l’acteur qui l’incarne, d’ailleurs très bien, ne cherche jamais à plaire.
Réalisé par Pascal Bonitzer
Sorti au Canada (Cinemania Film Festival) le 11 novembre 2019
Sorti en France le 11 décembre 2019
Deux « artistes » croient aux fantômes, mais ne parviennent pas à nous faire partager leurs sentiments. Et Bonitzer joue la recette habituelle : insérer sans aucune raison trois scènes de nus, qui relèvent de la bouffonnerie. Pour faire intello, on emprunte une musique utilisée par Kubrick, totalement saugrenue dans ce contexte, et Nicolas Maury, une fois de plus, joue un homosexuel. Il est vrai que, pour avoir l’air artiste, c’est indispensable !
Réalisé par Laurent Micheli
Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 21 août 2019
Sorti en France le 11 décembre 2019
Alors que sa mère vient de mourir, Lionel, âgé de dix-huit ans et qui souffre de n’être qu’un garçon alors qu’il se sent fille, se fait appeler Lola. Or son père ne le (la) comprend pas et a refusé de la (le) revoir alors qu’il lui a interdit sa porte. Lionel-Lola prend des hormones afin de changer de sexe, et va être opéré(e) prochainement. Mais le garçon-fille revient dans sa famille pour les funérailles de sa mère, et a volé l’urne contenant les cendres de la défunte afin de les jeter à la mer.
On pense beaucoup à un autre film vu cette année, Girl, bien plus réussi et qui devait tout à son interprète, un garçon autrement talentueux et bien plus convaincant en fille. Benoît Magimel, qui joue le père et va changer de comportement peu avant la fin, est le seul qui surnage. Au contraire, la jeune actrice qui joue Lola n’est guère convaincante, et la réconciliation précédant de peu la fin est peu crédible, puisque ce personnage change totalement de conviction et de comportement.
Réalisé par Ralph Fiennes
Titre original : The white crow
Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 21 août 2019
Sorti en France le 19 juin 2019
Le personnage du grand danseur Rudolf Noureev est incarné par un véritable danseur, un Ukrainien, Oleg Ivenko. Si on passe sur les retours en arrière décrivant (mal) l’enfance de Rudolf, né dans un train mais ayant grandi dans un village, on constate combien la vie devait être pénible pour un artiste constamment tenu en laisse par la police de son pays.
Au cours d’une tournée en Europe et qui commençait à Paris, Noureev se fait quelques amis, dont le danseur Pierre Lacotte, que joue Raphaël Personnaz, et la belle-fille d’André Malraux, Eva Saint (jouée par Adèle Exarchopoulos), le jeune danseur est vite fasciné par la vie parisienne. Mais il ne supporte pas les règles du KGB, qui lui imposent constamment des surveillants placés là pour l’empêcher de s’enfuir, en restant à Paris, ce qu’il parviendra pourtant à faire, avec l’aide de ces mêmes amis.
Le public et les critiques professionnels ont en général rejeté le film, qui ne méritait pas un tel traitement de défaveur. Je l’ai, moi, trouvé passionnant, bien que vu en version doublée. La scène finale est très bien conçue, montrant comment le danseur a pu échapper aux policiers soviétiques, avec l’aide efficace de la police française de l’aéroport.
Le danseur qui joue son rôle et apparaît ici pour la première fois au cinéma est un régal de talent. Mais le scénario reste très discret sur l’homosexualité de Noureev, et préfère le montrer ayant des aventures avec au moins deux femmes. Mais pourquoi donc ?
Signalons que cette « évasion » a eu lieu en 1961, et que Noureev n’est retourné en Russie qu’en 1989, afin de revoir sa mère mourante. Lui-même, atteint du sida, est mort en 1993, à l’âge de 55 ans.
Réalisé par Robert Eggers
Sorti en France (Festival de Cannes) le 19 mai 2019
Sorti en France le 18 décembre 2019
Un film fantastique mais qui ne fait appel à aucun surnaturel, c’est déjà original. Outre cela, il est en noir et blanc, et au format carré – mais vraiment carré, non en 1:1,37, format que les critiques nuls en mathématiques appellent aussi « carré », à tort.
Il n’y a que deux personnages, Willem Dafoe et Robert Pattinson, qui en font des tonnes, ce qui, à la longue, peut sembler pénible. Et rien n’est dit clairement, même si, très vite, on comprend que ces deux personnages, peu à peu, hantés de fantasmes, deviennent fous (de solitude ?) et vont s’entretuer.
Le son est très agressif et rappelle parfois certains passages de Kubrick.
Le film est certes à voir, mais il ne procure aucun plaisir au spectateur. En somme, c’est une curiosité, très maîtrisée, mais qui ne ralliera que peu de spectateurs.
Réalisé par Marius Olteanu
Titre original : Monstri.
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 9 février 2019
Sorti en France le 18 décembre 2019
Ce film épouvantablement mauvais ne plaira qu’aux snobs, qui n’aiment que les films ennuyeux, classés dans la catégorie de l’épate-bourgeois. D’une part, les deux-tiers de cette chose sont filmés au format 1:1, tout comme The lighthouse, sorti cette semaine. D’autre part, il est d’une lenteur désespérante : les acteurs commencent une phrase à Noël et la finissent à Pâques.
Le propos : comme toujours, les problèmes du couple. Ici, Dana et Andrei, qui ne s’aiment plus, sont des quadragénaires mariés, sans enfant, et le mari est homosexuel, cherchant sur Grindr des partenaires d’un soir. Les deux premières parties sont donc filmées dans un écran carré, tout à fait rebutant – le spectateur se sent agressé –, et la dernière hésite entre le 16:9 avant de revenir au 1:1, qui... revient finalement au format 16:9. À quoi joue donc le réalisateur, qui fait ici son premier long-métrage ?
Mais les films roumains sont fort à la mode, même prétentieux et alambiqués !
Réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne.
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2019
Sorti en France et en Belgique 22 mai 2019
Film austère, sans musique, et supporté uniquement par un jeune acteur qui jamais ne quitte l’écran. C’est la description des dégradations opérées sur un jeune esprit par la religion musulmane, et qui le pousse à vouloir tuer une femme qui ne lui veut que du bien.
Bref, un fanatique qui ne croit personne, hormis l’imam qui l’a fanatisé, alors même qu’autour de lui, tout le monde tente vainement de le ramener à la raison.
On est constamment mal à l’aise, et le film, qu’on croyait pouvoir obtenir une troisième Palme d’Or, à Cannes, est reparti bredouille : le public n’a visiblement pas marché, et cela se comprend.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.