Œuvres citées : Tehilim – La disparue de Deauville – I don’t want to sleep alone – Hei yan quan – Vive l’amour – La marche de l’empereur – L’étrange incident – The ow-bow incident – A star is born – Shrek le troisième – Shrek the third – 37,2° le matin – À l’intérieur – El cielo dividido – El camino de san Diego – Bombon, el perro – Ocean’s thirteen – Ocean’s twelve – Persepolis – Autant en emporte le vent – Rebecca – Spellbound – La maison du docteur Edwardes – Notorious – Les enchaînés – The Paradine case – Le procès Paradine – La mort aux trousses
Personnes citées : Raphaël Nadjari – Sophie Marceau – Christophe Lambert – Robert Hossein – Marie-Christine Barrault – Tsai Ming-liang – Jean-Paul Grousset – Lee Kang-sheng – François Truffaut – Jean-Pierre Léaud – Luc Jacquet – Walt Disney – Alfred Hitchcock – Jean-Jacques Bernard – Fred Astaire – Ginger Rogers – William Wellman – Henry Fonda – Dana Andrews – Anthony Quinn – Chris Miller – Raman Hui – Béatrice Dalle – Julián Hernández – Jean de La Fontaine – Claude Lelouch – Carlos Sorín – Diego Maradona – Pie XII – Brigitte Bardot – Carlos Sorin – Ignacio Benítez – Steven Soderbergh – Danielle Darrieux – Mohammed Reza Pahlavi – Ruhollah Khomeiny – Pierre Desproges – Marjane Satrapi – Cecil B. DeMille – David O. Selznick – Alfred Hitchcock – Cary Grant – Eva Marie-Saint
Réalisé par Raphaël Nadjari
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2007
Sorti en France le 30 mai 2007
Petit film fauché, tourné à Jérusalem. À la suite d’un accident de la circulation, un père de famille disparaît complètement et ne sera pas retrouvé. Son fils aîné, Menahem, 17 ans, cherche à comprendre, et surtout à ne pas perdre pied, entre une mère excédée par la sympathie envahissante et inefficace de sa belle-famille très religieuse, et un petit frère qui n’apprécie pas beaucoup son autorité d’aîné.
C’est sympathique, mais austère, et, il faut en convenir, assez ennuyeux à la longue. Le jeune héros, en effet, ne voit aucune autre solution, pour retrouver son père, que le recours à la religion, notamment à la prière, et se met à distribuer aux passants, dans la rue, des appels à prier... accompagnés d’un pourboire qu’il espère incitatif. Le reste de la famille n’est pas moins branché sur le divin, ce qui nous vaut une discussion sur ce que doivent faire un aveugle ou un naufragé en vue de prier Dieu, faute de distinguer la direction du Temple de Jérusalem ! Il ne vient pas à ces braves gens l’idée que si leur Dieu existe et se trouve partout, comme ils le proclament, alors, peu importe de quel côté on se tourne pour s’adresser à lui...
Or, sur cet aspect, le film n’est guère critique. Cela donne un récit dont le point de vue est unique, et par conséquent partial.
Réalisé par Sophie Marceau
Sorti en France le 23 mai 2007
Pour bien rater un film, imitez Sophie Marceau, la recette est simple : prenez un scénario tarabiscoté, obscur et soporifique venu des années soixante, engagez les pires acteurs que vous puissiez trouver, en l’occurrence Christophe Lambert et Robert Hossein, et filmez dans un cadre branché mais que vous oubliez de montrer.
Même Marie-Christine Barrault est mauvaise.
Spectateurs, choisissez donc une salle où les fauteuils sont assez confortables pour que vous puissiez y dormir à l’aise.
Réalisé par Ming-liang Tsai
Titre original : Hei yan quan
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 20 mai 2007
Sorti en France le 6 juin 2007
Titre sybillin, puisque, en chinois, le croirait-on ?, il signifie « Œil au beurre noir » ! Ming-liang Tsai, outre donc ce côté farceur, est un cinéaste qui aime prendre son temps. « Et le nôtre ! », ajouterait perfidement Jean-Paul Grousset, du « Canard enchaîné ».
Blague à part, voilà un auteur fidèle à son style : caméra immobile, presque toujours ; dialogues rares et purement fonctionnels, les sentiments n’étant jamais exprimés que via l’image et les situations, jamais par la parole. En outre, les décors sont actuels, et les personnages aussi, ce qui nous repose de ces héros qui se battent (en l’air) à coups de sabre, dans les films pour festivals. L’acteur favori du réalisateur, Lee Kang-sheng (Chinois et Japonais placent le patronyme avant le prénom, et nous dirions plutôt Kang-sheng Lee), est présent pour la onzième fois, sauf erreur ou omission, ce qui laisse loin derrière François Truffaut employant cinq fois Jean-Pierre Léaud pour jouer Antoine Doinel ! Et cette fois, il joue deux rôles, celui d’un sans-logis, et celui d’un malade paralysé.
En fait, la situation est la même que dans Vive l’amour, le meilleur film du réalisateur : un garçon pris entre une fille et un autre garçon. Mais le contexte est méconnaissable, dans une Malaisie totalement polluée (lorsqu’un couple veut copuler, ils n’y parviennent pas tant ils ne cessent de tousser), et désespérément sinistre. De grâce, vite un retour à Taïwan !
Le meilleur est dans les scènes où l’un des hommes, qui ont recueilli dans la rue un étranger mal en point, le soigne et le lave, patiemment, avec une sollicitude qui confine à l’amour. Mais son patient est inconscient la plupart du temps, et il ne sera payé de retour, sans que ce soit exprimé vraiment, que dans le plan de fin, long et très surprenant.
Réalisé par Luc Jacquet
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 22 janvier 2005
Sorti en France le 26 janvier 2005
Avec deux ans de retard, je découvre ce film à la télévision. Il paraît que c’est un chef-d’œuvre du genre documentaire, et on lui a flanqué un Oscar aux États-Unis. Bien fait ! Mais nous avons su également que les distributeurs de là-bas ont supprimé le commentaire. Pas bêtes...
On s’est beaucoup moqué de Disney, naguère, pour ses pseudo-documentaires animaliers, qui se distinguaient par leur balourdise anthropomorphique. Eh bien, La marche de l’empereur est de ce tonneau-là, grandiloquence en supplément. Il faudrait citer certaines perles de la version française, tant c’est désopilant de prétention.
Avec cela, une musique de boîte de nuit totalement déplacée, et une mention stupide au générique de fin, attribuant la co-paternité du scénario... aux oiseaux qu’on a filmés. Hitchcock aurait dû y penser.
Restent les images. Coup de chapeau, donc, aux caméramen qui durant des mois, en Terre Adélie, se sont gelé... les doigts.
Ce soir, l’excellent Jean-Jacques Bernard, qui présente les films sur la chaîne du satellite Ciné Cinémas Classic, fait un peu de publicité sur un coffret de DVD qui vient d’être mis en vente, et qui rassemble les films avec Fred Astaire et Ginger Rogers.
Et il conclut son petit speech par ceci : « Un coffret comme ça, c’est beaucoup mieux que la Bible ! »
Bravo !
Réalisé par William Wellman
Titre original : The ow-bow incident
Sorti aux États-Unis le 21 mai 1943
Sorti en France en 1948
Reprise d’un western de 1943, dû à William Wellman, réalisateur dont le nom n’est pas sur toutes les lèvres, et c’est dommage : il a tout de même réalisé en 1937 la première version de A star is born, et son histoire a servi pour la deuxième version, en 1954. Le film réunit Henry Fonda dans un rôle pas vraiment reluisant, Dana Andrews et Anthony Quinn en victimes, et Jane Darwell, qui fut l’extraordinaire mère dans Les raisins de la colère.
L’histoire est un peu celle de Douze hommes en colère (avec encore Henry Fonda), mais qui se terminerait mal : par la pendaison de trois innocents ! Un citoyen d’une petite ville est assassiné, son bétail est volé. En l’absence du shériff, un comité de vengeurs se forme sous la direction d’un officier sudiste, et met la main sur trois suspects que tout accuse. Va-t-on leur faire un procès, ou les pendre immédiatement ? Vote. Sept justes demandent un procès, mais la majorité en faveur de l’exécution est écrasante, et les trois suspects sont pendus. Or le shériff revient, révèle que la victime n’était pas morte, et que les vrais assassins ont été arrêtés par lui. Trop tard !
Tout est dit en une heure et quart. On peut retenir une belle scène, au cours de laquelle le fils de l’officier, que son père tient pour une mauviette et qui a refusé de participer à l’exécution, met enfin de côté sa lâcheté et invective son père, lui clamant son mépris. Le père se suicide ; entendant la détonation de l’arme, le fils lève les yeux au ciel, et sourit. Il fallait oser, dans un pays qui a le culte de la famille... Belle réplique aussi d’Anthony Quinn, un émigré mexicain taciturne, dont tout le monde croyait qu’il ne parlait pas l’anglais : « Je parle dix langues, et je sais me taire dans toutes ! »
Jamais je ne le fais, mais, par exception, je donne le nom de la salle parisienne qui passe le film, car la projection est excellente : pour une fois, le cadrage est respecté. Il s’agit de la Filmothèque du Quartier Latin, à Paris. Carte UGC valable, ce qui ne gâte rien.
Réalisé par Chris Miller et Raman Hui
Titre original : Shrek the third
Sorti aux États-Unis le 6 mai 2007
Sorti en France le 13 juin 2007
Dès le premier sous-titre, une bêtise : on y parle d’un prince Charmant « sublissime ». Où diable ont-ils péché ce mot ? Dans un journal de France Inter, où se bousculent les analphabètes ? L’ont-ils emprunté à une shampouineuse ou à une caissière de supermarché ? Si l’on veut fabriquer un superlatif avec sublime, c’est sublimissime qui s’impose. Plus tard, le dialogue « I love you. – Me too » est traduit par « Je t’aime. – Moi non plus », blague au goût gainsbourien, mais qui trahit l’esprit du dialogue.
On l’a compris : les traducteurs font les malins, en faisant de la surenchère sur les dialoguistes d’origine, qui déjà ont eu la main lourde.
Cela mis à part, la technique, encore meilleure que lors des deux précédents épisodes, n’est au service de... rien. L’histoire est ennuyeuse, et l’on ne rit jamais. Il serait temps d’arrêter les frais.
Je ne suis pas fou de Béatrice Dalle. Ni de sa bouche d’ogresse, ni de ses films (aucun bon, dans le lot, et surtout pas le fameux 37,2° le matin). Mais elle possède un franc-parler rafraîchissant, et il ne faut pas trop compter sur elle pour débiter les platitudes traditionnelles, telles que « Le tournage s’est très bien passé, l’ambiance était formidable, et Tartempion est un réalisateur merveilleux, qui ADORE les acteurs ». En fait, elle a plutôt la charmante habitude de dénigrer les navets dans lesquels elle a eu la faiblesse de tourner ! Et elle a tenu récemment des propos qui me démangeaient depuis pas mal de temps.
Ainsi, le mensuel publicitaire des cinémas UGC, « Illimité », en général davantage porté sur le maniement de la brosse à reluire, rapporte sa déclaration sur les acteurs : « J’entends tellement souvent les comédiens se plaindre, dire qu’ils se mettent en danger. Il y a des gens qui font des métiers dangereux, vraiment dangereux. Quand on est acteur, on est bien traité ; je suis une princesse sur les tournages, je ne vois pas où est le danger. C’est indécent de se plaindre ».
C’est dit, j’irai voir au moins UN de ses films. Mais pas le dernier, À l’intérieur : le courage me manque.
Réalisé par Julián Hernández
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 14 février 2006
Sorti au Mexique (Festival de Guadalajara) le 25 mars 2006
Sorti en France le 16 mai 2007
Le générique de fin annonce fièrement que ce qu’on vient de voir est « un film authentiquement mexicain ». Selon moi, mieux aurait valu tenter de l’attribuer à un pays hostile au Mexique ! On a l’impression que le réalisateur a filmé des kilomètres de rushes, qu’il a voulu tout garder, et qu’il les a ensuite assemblés au hasard, ou par l’intermédiaire d’un ordinateur détraqué, comme le fit Lars von Trier pour son dernier navet.
Le scénario ? Deux garçons lycéens, Jonas et Gerardo, s’aiment et se le prouvent sans arrêt. Mais, à force de les voir échanger des sourires niais, sans jamais prononcer un mot, et procéder à certaines activités annexes mais mal représentées (souvent, ces deux idiots gardent leur slip !), le spectateur en vient à souhaiter que la machine à générer du bonheur se grippe un tantinet. Cela ne tarde pas trop : comme dans la fable de La Fontaine, deux coqs vivaient en paix, puis un poulet survint. Mais à partir de là, on ne comprend plus rien : pourquoi, sur deux heures et vingt minutes, les ex-tourtereaux se quittent-ils, pour se retrouver, se repousser, se sourire, se caresser, se repousser derechef, sans aucune logique, ni sur le plan des évènements, ni sur celui de l’avancée des sentiments ? À la mièvrerie a succédé l’obscurité, donc la prétention. Pour ne rien arranger, le troisième larron n’est pas très attrayant, donc l’attirance qu’il exerce sur les deux garçons, tantôt l’un, tantôt l’autre, reste un mystère. Que ne s’envoient-ils en l’air à trois, ce serait plus simple !
Le tout est musiqué avec du violoncelle et du clavecin, comme dans les pires films français. Avec cela, une utilisation voyante de la caméra, qui tourne autour des personnages comme dans un film de Lelouch, et une voix off qui commente tout dans un style voulu poétique mais s’avérant ridicule. Répétons-le sans nous lasser, qui veut faire l’ange fait la bête.
Cette œuvre inoubliable, sortie chez nous le 16 mai, a été présentée dans un tas de festivals, car elle a visiblement été fabriquée pour cela. Mais le public gay que l’on visait ne s’est pas bousculé.
Réalisé par Carlos Sorín
Sorti en Argentine le 14 septembre 2006
Sorti en Espagne le 24 novembre 2006
Sorti en France le 13 juin 2007
C’est « san Diego », avec une minuscule, car il ne s’agit pas d’un patelin nommé San Diego, mais d’un saint ou considéré comme tel dans son pays, Diego Maradona, footballeur. Et, après un navet mexicain, un sympathique petit film argentin.
Tati Benítez est un jeune chômeur, fan absolu, comme ils disent sur France Inter, du joueur de foot en question. Employé à un petit boulot, ramasser du bois dans la forêt pour un artisan qui fabrique des bibelots, il découvre une souche qui lui semble représenter le visage de Maradona. Aussitôt, il dégrossit un peu l’objet, puis entreprend d’apporter la « statue » ainsi obtenue à son idole, qui vient d’être hospitalisée à Buenos Ayres. Obstacle, Tati est fauché, et la capitale est loin.
On a donc un de ces redoutables road movies, qui montrent récuremment un personnage allant d’un point à un autre, faisant des rencontres et connaissant des aventures diverses. Parfois, il s’agit d’aller se faire recevoir par un personnage célèbre, et il y eut, voici une cinquantaine d’années, les tribulations d’un gosse qui voulait rencontrer le pape Pie XII (il y parvenait, mais on ne voyait pas le pape), ou, plus tard, dans les années soixante, un autre gosse qui voulait renconter Brigitte Bardot (il y parvenait, et l’on voyait Bardot, plus accessible certainement que le pape).
Le principal intérêt du film est dans la personnalité du jeune homme, qui est la bonté et la naïveté incarnées, et dans le fait que le récit reste d’un optimisme inattendu et ne cherche pas à le ridiculiser. Ainsi, à aucun moment, Tati ne se fait rembarrer ni arnaquer, et même les vigiles qui gardent la propriété où Maradona s’est réfugié à la sortie de la clinique ne sont ni des brutes ni des escrocs : Tati parvient à leur remettre sa statue, ils la prennent et l’emportent gentiment dans la maison. On ne sait si Maradona l’a réceptionnée avant de s’envoler en hélicoptère vers une autre destination, mais ce n’est pas exclu. Et Tati est heureux ! Nous aussi.
Carlos Sorín fait des films à part, dans lesquels il s’intéresse au petit peuple. Je n’avais pas aimé Bombon, el perro, film sur un chien hideux, mais celui-ci est réussi. Il doit beaucoup à son interprète, Ignacio Benítez, qui possède un visage d’ange.
Réalisé par Steven Soderbergh
Titre original : Ocean’s 13
Sorti en France (Festival de Cannes) le 24 mai 2007
Sorti en France le 20 juin 2007
Après le désastreux Ocean’s twelve, conçu et réalisé à la paresseuse, la bande de potes redresse un peu la barre – pas beaucoup. On ne comprend pas grand-chose à l’histoire ; les vedettes, toutes masculines cette fois, sont si nombreuses qu’aucune ne reste longtemps à l’écran, et n’ont du reste rien à faire ; les auteurs ne lésinent ni sur les invraisemblances ni sur les gadgets tape-à-l’œil. Mais peu importe, ils se sont tous bien amusés, le public n’a qu’à tenter d’en faire autant.
Le meilleur est dans l’étalage de mauvais goût, obligatoire puisque nous sommes à Las Vegas.
Réalisé par Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi
Sorti en France (Festival de Cannes) le 23 mai 2007
Sorti en France le 27 juin 2007
Les deux dialoguistes se sont bien divertis à faire dire un maximum de grossièretés à Danielle Darrieux (90 ans), qui double la grand-mère : con, couille, bite, etc. Mais la pire est celle-ci : « Tu t’rappelles DE c’que j’t’ai dit ? ». Honte à toi, D.D., on n’aurait jamais cru que tu tomberais si bas !
Le film est un dessin animé presque entièrement en noir et blanc, à l’exception inexpliquée de quelques scènes d’aéroport. Le meilleur est dans le récit de l’histoire iranienne. Le pire est dans ce constat : alors que l’ex-shah, Mohammed Reza Pahlavi, qui n’est plus là depuis vingt-huit ans, est non seulement nommé, mais aussi montré, et les tortures de sa police politique, la Savak, abondamment décrites, on ne montre ni ne nomme ses sinistres successeurs encore sur place, les multiples mollahs et ayatollahs, à commencer par le premier en date, Khomeiny ; on ne s’en prend qu’aux tourmenteurs anonymes. Le spectateur aimerait comprendre pourquoi cette différence de traitement. Et puis, dénoncer depuis Paris le régime de Téhéran, cette audace aurait bien fait rire Pierre Desproges, qui raillait les téméraires osant dénoncer Pinochet « à moins de dix mille kilomètres de Santiago » ! Bref, Persepolis est un pétard mouillé.
Pour ne rien arranger, il faut avouer que la personnalité de l’auteur Marjane Satrapi, à l’origine du film via sa bande dessinée, n’apparaît pas comme très captivante, et son histoire plutôt banale, voire totalement dénuée d’intérêt.
À ces réserves près, le film est visible, sans plus. Je crois que les jurés qui ont récompensé ce film au dernier Festival de Cannes ont surtout cédé à la tentation de la bien-pensance.
Non, il ne s’agit pas d’un film ! Vous avez dû remarquer l’absence du petit logo en forme d’écran à gauche du titre de cette notule...
Aux États-Unis, cela fait très chic d’avoir un second prénom, et de n’écrire que son initiale. Ainsi, vous connaissez certainement Cecil B. DeMille, même si vous ignorez ce que signifiait ce « B » (les mauvaises langues prétendent que c’était l’initiale de billet, mais en fait, c’était Blount). C’est tellement chic que certains, qui n’ont qu’un prénom, s’inventent une initiale bidon. Ce fut le cas de Selznick.
David Selznick fut le célébrissime producteur d’Autant en emporte le vent, et n’avait qu’un seul prénom, ce qui le navrait. Il décida, devenu illustre, d’insérer au milieu de son nom l’initiale « O », et devint David O. Selznick, sans que quiconque s’interroge sur cette génération spontanée. On sait aussi que Selznick, en 1939, engagea Hitchcock, le plus grand des cinéastes britanniques, et que les deux hommes firent ensemble quatre films : Rebecca, Spellbound (en français, La maison du docteur Edwardes), Notorious (en français, Les enchaînés) et The Paradine case (en français, Le procès Paradine). Mais il est notoire que les choses ne se sont pas très bien passées entre les deux hommes : Selznick trouvait Hitchcock trop lent, trop peu soucieux du public, et ce dernier estimait son producteur trop interventionniste (euphémisme). Si bien qu’ils se séparèrent sans regrets, dès que leur contrat fut arrivé à son terme.
Bien entendu, Hitchcock connaissait le détail du faux prénom de Selznick, et il ne manquait pas de malice. Or j’ai la quasi-certitude, sans en avoir eu confirmation, qu’il s’en est souvenu lorsqu’il réalisa La mort aux trousses. Le personnage central de ce film, joué par Cary Grant, s’appelle Roger O. Thornhill. Et lorsque Eva Marie-Saint lui demande ce que signifie ce « O », il répond en haussant les épaules : « Rien ! » (c’est encore plus vachard dans la version française, où on lui fait dire « Zéro ! »).
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.