Œuvres citées (en italique, autres que des films) : Collateral – Le carton – La Tour Montparnasse infernale – Eternal sunshine of the spotless mind – Dans la peau de John Malkovich – Human nature – Brodeuses – Arsène Lupin – L’enquête corse – Pédale dure – Nicholas Nickleby – Queer as folk – Genesis – The assassination of Richard Nixon
Personnes citées : Michael Mann – Tom Cruise – Jamie Foxx – Charles Nemes – Jean-Pierre Bacri – Agnès Jaoui – Sébastien Fechner – Clément Michel – Charles Nemes – Éric Judor – Ramzy Bédia – Fred Testot – Omar Sy – Charlie Kaufman – Michel Gondry – Maurice Leblanc – Gaston Leroux – Romain Duris – Jean-Paul Belmondo – Jean-Luc Godard – Pétilllon – Gabriel Aghion – Douglas McGrath – Charles Dickens – Charlie Hunnam – Claude Nuridsany et Marie Pérennou – Niels Mueller – Richard Nixon – Sean Penn
Réalisé par Michael Mann
Sorti à Hong-Kong et aux Philippines le 5 août 2004
Sorti en France le 29 novembre 2004
Bon film policier, bien meilleur que la moyenne, où l’on ne s’ennuie pas un instant, une rareté dans le genre, par conséquent. Les rebondissements, nombreux et bien imaginés, font passer l’invraisemblance du propos. Jamie Foxx, en chauffeur de taxi, est très bien, et même Tom Cruise n’est pas aussi mauvais que d’habitude.
Réalisé par Charles Nemes
Sorti en France le 6 octobre 2004
Enfin une comédie qui fait rire et ne fait que ça ! C’est-à-dire, qui évite la pseudo-étude de mœurs à la Bacri-Jaoui. L’avalanche de catastrophes – crédibles – qui pleuvent sur la tête du triste héros ayant oublié la date de son déménagement et forcé de s’en sortir avant la fin de l’après-midi, « aidé » par une bande de copains qui sont tous des bras-cassés, plaide en faveur de l’imagination des scénaristes Sébastien Fechner et Clément Michel. Comble de bonheur, tous les acteurs sont sympathiques.
Si Charles Nemes avait magistralement loupé La Tour Montparnasse infernale, c’était pour deux raisons : d’une part, on misait sur les trucages numériques, et, d’autre part, l’intrigue tournait autour de deux vedettes de la télévision, Éric et Ramzy, qui étaient loin de posséder la carrure nécessaire. Ici, on a encore un tandem de comiques de télé, Fred Testot et Omar Sy (Omar et Fred, donc), mais ils n’ont que des rôles secondaires. Et les trucages numériques sont absents ou peu visibles.
De plus, et comme dans les bons films, les événements ne se produisent pas simplement parce que le scénariste omnipotent en a décidé ainsi, mais parce que la logique des caractères les provoque : tel gag survient parce que X est un étourdi, tel autre parce que Y est un dragueur, tel autre parce que madame Z est acariâtre, et ainsi de suite.
Réalisé par Michel Gondry
Sorti aux États-Unis le 19 mars 2004
Sorti en France le 6 octobre 2004
Quand Charlie Kaufman, scénariste à succès (Dans la peau de John Malkovich) rencontre Michel Gondry, réalisateur d’un navet (Human nature), la confrontation donne ceci : une idée intéressante qui débouche sur un film raté.
Clementine et Joel se sont aimés, puis la première s’est mise à trouver le second boring (« ennuyeux », mais les sous-titres, il fallait s’y attendre, lui font dire « chiant », selon le catéchisme actuel de la vulgarité à tout crin). Elle fait effacer de son cerveau tout souvenir de son compagnon. Lorsqu’il l’apprend, Joel en fait autant. Plus tard, ils se rencontrent de nouveau, s’aiment de nouveau, jusqu’à ce que, on l’aurait parié, le hasard révèle à chacun ce que l’autre a fait. Leur liaison-bis, avec cette nouvelle donne, résistera-t-elle mieux que la précédente ? La vérité sera-t-elle plus efficace que l’illusion ? Fin ouverte, comme on dit.
La mode a imposé ici le truc habituel, raconter tout cela dans le désordre. On appelle ça « bouleverser la temporalité », mais ce vocabulaire prétentieux pour rédacteur de dépliant publicitaire ne masque pas la triste réalité : très vite, le spectateur y perd son latin, et le soleil éternel du titre si follement simple ne l’éclaire pas.
Réalisé par Éléonore Faucher
Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2004
Sorti en France le 13 octobre 2004
Enceinte, une fille veut accoucher puis abandonner son enfant. En attendant, passionnée de broderie, elle se fait embaucher par une spécialiste de cet artisanat.
Avec un peu plus d’attention portée à la broderie et moins aux péripéties sentimentales, le film intéresserait davantage. Et l’on voit venir longtemps à l’avance le dénouement : l’enfant ne sera pas abandonné. Et puis, hélas, il y a la musique, sans imagination, répétitive, crispante et prétentieuse dans le genre qui veut faire sérieux. Mais c’est un travers courant du cinéma français.
Réalisé par Jean-Paul Salomé
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 17 septembre 2004
Sorti en France le 13 octobre 2004
Maurice Leblanc, auteur des aventures d’Arsène Lupin, n’était pas un maître de la littérature, et son talent est celui d’un simple feuilletonniste, que le cinéma, plutôt à court de sujets, tente de remettre à la mode – après Gaston Leroux, qui le surpassait de loin. Arsène Lupin, personnage inspiré d’un hors-la-loi bien réel, valait surtout par son pacifisme, ses idées d’extrême gauche et son élégance. Supprimez l’élégance, que reste-t-il ? Dans ce film assez sanglant, Romain Duris se balade en smoking dans le grand monde, mais avec une barbe de deux jours. Un peu fâcheux. Un réalisateur consciencieux ne peut-il exiger de son interprète qu’il se conforme aux exigences que réclame son personnage ?
Pas très élégant non plus, mais sur le plan moral cette fois, d’avoir plagié une phrase du dialogue de Belmondo dans un film de Godard (la scène où Lupin compte jusqu’à dix).
En fait, il s’agit d’un film pour djeunz. Témoin le rôle joué par la savate, ce sport de combat français, destiné à satisfaire leur goût pour les scènes de castagne (dites « arts martiaux », ce sera plus in), quasi-obligatoires depuis cette stupidité qu’était Le pacte des loups.
À part cela, un excès de trucages numériques, bien que, dans les interviews, le réalisateur nie cette évidence. En prime, une musique lourde, sans imagination, médiocre, vaguement démarquée de celle de Batman, et qui ne cesse presque jamais. Un monument d’ennui, finalement.
Réalisé par Alain Berbérian
Sorti en France et en Belgique le 6 octobre 2004
Question : pourquoi « Le Canard enchaîné » du 6 octobre 2004 classe-t-il cette pellicule très moyenne parmi les films à voir ? Serait-ce parce que le journal y est cité favorablement, ou parce que l’auteur de l’histoire, le dessinateur Pétillon, travaille au « Canard » ?
Réalisé par Gabriel Aghion
Sorti en France le 20 octobre 2004
Quand bien même vous auriez des références et du vocabulaire, vous ne trouveriez, pour qualifier Pédale dure, que ceci : c’est une connerie. Le réalisateur Gabriel Aghion a beau être homosexuel et vivre dans le Marais, son film vous rendrait allergique au quartier, non moins qu’à ceux qui le peuplent.
Réalisé par Douglas McGrath
Sorti aux États-Unis le 27 décembre 2002
Sorti en France le 20 octobre 2004
Réalisé d’après Dickens, un mélodrame parfaitement assumé, avec ses bons et ses méchants, sans l’ironie ou la dérision de rigueur, qui auraient plombé le récit en France. Certains ont voulu y voir un défaut, en objectant par exemple que le héros est un blondinet fade (c’est Charlie Hunnam, très différent de son personnage de Nathan dans la version britannique de Queer as folk) ; c’est oublier que la loi du genre exige que les personnages soient sans nuances.
Réalisation et acteurs sont excellents.
Réalisé par Claude Nuridsany et Marie Pérennou
Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2004
Sorti en France le 20 octobre 2004
Les images constituent autant d’exploits. Mais les auteurs ont voulu trop bien faire, et rajouté un commentaire dit par un conteur africain. Or, d’une part, son texte, du niveau Tout-est-dans-tout-et-réciproquement, n’est pas sans évoquer les pontifiantes âneries proférées à longueur d’année par le dalaï-lama ; et d’autre part, le conteur en question apparaît sans cesse à l’image pour intervenir dans la mise en scène par des gestes théâtraux, censés relancer l’action, mais qui frisent le ridicule. De plus, ces réapparitions intempestives cassent l’émotion procurée par les images, qui se suffisaient à elles-mêmes.
Pour ne rien arranger, la musique, composée dans le style baraque foraine, est parfaitement incongrue.
Réalisé par Niels Mueller
Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2004
Sorti en France le 27 octobre 2004
Samuel a horreur du mensonge. Pas de chance, il est vendeur. Incapable de réformer le monde où il vit, il tente du moins de changer de situation, ce qui, un comble, le pousse à tenter une escroquerie au détriment de son propre frère. Pris la main dans le sac, il veut alors éliminer l’archétype du mensonge, Richard Nixon, président des États-Unis. Évidemment, le projet rate aussi.
C’est le portrait réussi d’un pauvre type, pas du tout fait pour la vie occidentale. Sean Penn y est excellent. Une réserve : le récit, plutôt flasque, n’est pas à la hauteur du portrait. On n’échappe pas non plus au cliché récurrent de l’homme qui a des ennuis avec son ex-femme, poncif présent dans la plupart des films et téléfilms d’outre-Atlantique.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.