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Œuvres citées : Le sens de la fête – The party – The secret man – Mark Felt: The man who brought down the White House – Les hommes du président – Frost/Nixon – Mise à mort du cerf sacré – The killing of a sacred deer – The lobster – Carré 35 – Geostorm – 2012 – San Andreas – Jalouse – Tatie Danielle – Au revoir là-haut – Le créateur – Paths of glory – Les sentiers de la gloire – The shining – La mélodie – The foreigner – Diane a les épaules – Vive l’amour – Happy birthdead – Happy death day – M – Le brio
Personnes citées : Éric Toledano – Olivier Nakache – Blake Edwards – Peter Landesman – Alan Pakula – Ron Howard – Yorgos Lanthimos – Bernard Herrmann – Éric Caravaca – Dean Devlin – Roland Emmerich – David Foenkinos – Stéphane Foenkinos – Albert Dupontel – Rachid Hami – Martin Campbell – Fabien Gorgeart – Christopher Landon – Sara Forestier – Abdellatif Kechiche – Fritz Lang – Yvan Attal – Daniel Auteuil – Bertrand Périer – Camélia Jordana – Eddy Moniot
Réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache
Sorti en France (première à Paris) le 5 juillet 2017
Sorti en France le 4 octobre 2017
Je n’avais pas aimé les précédents films du tandem Toledano-Nakache, mais là, il y a du progrès : la base est celle de The party, de Blake Edwards, quoique à l’occation d’un mariage chez les riches. Et donc, tout gravite autour de l’équipe chargée d’organiser le repas du mariage. Bien entendu, tout tourne mal. La vedette est Jean-Pierre Bacri en meneur de jeu, sarcastique et caractériel, entouré qu’il est de ringards et d’incapables.
À vrai dire, on rit peu, et c’est légèrement trop long, mais la fin est une apothéose d’absurdité. La réalisation est très fluide et mobile, et ne sent pas le théâtre, en dépit de l’unité de lieu et de temps.
Réalisé par Peter Landesman
Titre original : Mark Felt: The man who brought down the White House
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 6 septembre 2017
Sorti en France le 1er novembre 2017
Film qui, peut-être, intéressera les citoyens des États-Unis, quoique la démission de Nixon remonte à 1975, mais bien peu attrayant, vu de l’étranger. En effet, c’est une œuvre inutile – surtout après cet autre film bien plus ancien (1976), Les hommes du président, d’Alan Pakula – car l’interprète principal n’exprime rien, et les péripéties relatées restent assez obscures. Plus grave, le film ne donne pas le véritable motif de l’éjection de Nixon. Or il est inexact que le président dut démissionner pour avoir espionné le Parti Démocrate, car la majorité des États-Uniens s’en fichaient. Ce qui est impardonnable, à leurs yeux, c’est que Nixon a menti en jurant n’avoir pas fait enregistrer tout ce qui se disait dans son bureau ! Eh oui, aux États-Unis, on ne pardonne pas les fautes morales ! Mais le film Frost/Nixon de Ron Howard était bien plus attrayant.
Le Mark Felt du titre, aujourd’hui décédé (en 2008), était le second du patron J. Edgar Hoover, qui a régné sur le FBI durant un demi-siècle, et dont les présidents successifs n’ont jamais pu se défaire, car il avait des dossiers sur tout le monde et faisait chanter ceux qui pouvaient lui nuire. Surnommé à juste titre « Le plus grand ripou d’Amérique », mêmes les frères Kennedy, qu’il haïssait et qui le lui rendaient bien, n’ont pu faire fonctionner le siège éjectable. Le pays n’a été débarrassé de lui que parce qu’il est mort, tout simplement. Mais cette mort n’a pas pu faire obtenir à Felt le poste qu’il convoitait, le numéro 1 de cette hiérarchie. Aussi a-t-il pris sa revanche en déballant tout à la presse, sous le sceau du secret – d’où le titre du film. Et c’est Felt qui avait été surnommé « Deep throat », en référence à un film porno de l’époque – « Gorge profonde » pour le public français.
Réalisé par Yorgos Lanthimos
Titre original : The killing of a sacred deer
Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2017
Sorti en France le 1er novembre 2017
Sachant que la majorité des critiques français ont descendu en flammes ce film au titre prétentieux (pour une fois, Le masque et la plume a porté un jugement qui tient), et que beaucoup de spectateurs ont fait chorus, j’ai voulu vérifier le bien-fondé de leur opinion, poussé par une curiosité (malsaine) qui m’a permis de constater qu’en effet, ce film était le comble de la stupidité, et, une fois de plus, que le prix du scénario – décerné cette année à Cannes – n’avait aucun sens.
Bref, Martin, un garçon de seize ans (mais l’interprète en a vingt-cinq, et ça se voit), a perdu son père, mort sur la table d’opération parce que le chirurgien qui l’opérait avait bu. Résolu de se venger en tuant au moins un membre de la famille du chirurgien, il s’introduit dans la famille de ce dernier, devient envahissant, puis, par on ne sait quel moyen, il rend malades ses deux enfants et les amène au bord de la tombe. Le chirurgien ne sauvera sa famille qu’en tuant lui-même son fils, séquence grandiloquente ahurissante de bêtise... comme tout le reste du film.
Jusqu’à la bande sonore qui caricature la situation : elle n’est faite que de grincements et de bruits d’explosion. Dire qu’un critique ayant pignon sur rue y a retrouvé le talent de Bernard Herrmann !
Du même réalisateur, j’avais déjà noté avec The lobster sa tendance à tourner des scénarios ridicules. Là, ça empire...
Réalisé par Éric Caravaca
Sorti en France (Festival de Cannes) le 21 mai 2017
Sorti en France le 1er novembre 2017
Le Carré 35 est une section du cimetière chrétien, dans le cimetière du quartier Ben M’Sik, en banlieue est de Casablanca. C’est là que Christine, le premier enfant de la famille Caravaca, morte à trois ans, a été enterrée. Caravaca, né après ce décès ainsi que son frère, veut savoir pourquoi ses parents ne lui ont jamais parlé de cette sœur, et pourquoi il n’existe aucun souvenir d’elle (photos, films et autres), puisque la mère a tout détruit !
On saura tout à la fin que l’enfant était trisomique, et que sa mère a voulu cacher cette vérité. Mais, ô surprise, Caravaca retrouve, dans la maison du quartier de l’Oasis que sa famille habitait et qui appartient aujourd’hui à une Marocaine ayant travaillé pour elle, quelques souvenirs, dont une photo représentant la tombe avant sa dégradation. Étrangement, la petite fille n’a pas l’aspect d’un enfant trisomique. Le mystère est à peine éclairci.
Le film est beau, clair, mais laisse une impression de malaise, surtout en raison de l’obsession de la mère. Dans le genre documentaire, il est tout à fait original.
Réalisé par Dean Devlin
Sorti en France (Festival de Cannes) le 21 mai 2017
Sorti en France le 1er novembre 2017
Le réalisateur a été le scénariste de Roland Emmerich, auteur de films-catastrophes hollywoodiens, qui s’amusent à montrer la destruction des grandes villes états-uniennes, généralement New York ou Los Angeles, avec parfois une incursion dans d’autres pays sans importance comme l’Inde ou... la France. Et lorsque Washington est touchée, cela ne rate jamais, la Maison-Blanche est détruite ! Ici, c’est un peu plus universel, puisque sont également touchés Rio, Paris ou Orlando.
Le thème : tous les pays du monde se sont associés pour contrôler le climat et prévenir les catastrophes, grâce à un réseau de satellites chargés de détruire la source des tempêtes, mais bien sûr, tout cela se dérègle, sinon il n’y aurait pas de film. Le dispositif était-il mal conçu ? Non, on apprend que le vice-président des États-Unis voulait ramener le monde à son état de 1945, en détruisant tous les pays autres que le sien. Heureusement, quelques héros veillent...
C’est plus spectaculaire que 2012 ou San Andreas, même si on a un peu de mal à suivre les péripéties, dont au fond on se fiche. Le film est très bruyant, la musique est abominable comme toujours, mais, en compensation, les destructions sont beaucoup plus copieuses que d’ordinaire. Bref, on s’amuse, ce qui devient rare au cinéma.
À noter que le héros est joué par Jim Sturgess, un beau garçon que je ne connaissais pas encore.
Réalisé par David Foenkinos et Stéphane Foenkinos
Sorti en France (Festival d’Angoulême) le 26 août 2017
Sorti en France le 8 novembre 2017
On se régale, à se demander ce que cette femme foncièrement méchante, assez proche du personnage central de Tatie Danielle, va bien pouvoir inventer pour vexer son entourage. Néanmoins, lorsqu’elle empoisonne (involontairement) sa fille, allergique aux cacahuètes, avec de l’huile d’arachide versée dans sa salade, on se dit que le scénario sollicite un peu trop la bonne volonté du spectateur.
Mais le film a la vertu de ne pas s’étirer en longueur.
Réalisé par Albert Dupontel
Sorti en France (à Saint-Lô) le 27 juillet 2017
Sorti en France le 25 octobre 2017
Des sept films de Dupontel, je n’avais apprécié (un peu) que Le créateur, mais pas du tout les autres. Or, ici, à partir d’un roman de Pierre Lemaître ayant gagné le Prix Goncourt en 2013, il tire un inattendu chef-d’œuvre, brillant, compliqué, et anarchiste, comme toujours chez lui. Il est vrai que la corruption des prétendues élites n’a jamais cessé, surtout en ce moment.
On savait déjà que Dupontel était plutôt casseur d’assiettes, et il illustre ce point de vue en tapant à coups rédoublés sur les officiels, pendant et après la Première guerre mondiale, le pire étant le personnage joué par Laurent Laffitte, qui est une parfaite ordure sans le moindre scrupule, mais sera puni par où il a pêché. Mais la distribution est dominée par Nahuel Pérez Biscayart, acteur et réalisateur argentin, peu connu mais qui sera une vedette très vite.
Par ailleurs, ce film ridiculise Kubrick, ses Paths of glory (en français, Les sentiers de la gloire), avec ses soldats français braillant des “Yes sir” et ses tranchées rectilignes et aussi propres que les couloirs de l’Hôtel Overlook dans The shining. Avec beaucoup moins d’argent, soit cinq millions d’euros, Dupontel a réussi une mise en scène grandiose, que certains pisse-vinaigre de la critique ont jugée un peu trop soignée !
Je n’ai relevé qu’une seule bévue, dans le dialogue, lorsqu’un personnage s’extasie sur « la technologie allemande ». Je ne crois pas qu’à l’issue de la guerre de 14-18, on confondait déjà technique et technologie...
Pour le reste, l’identification du spectateur aux deux héros de cette histoire fonctionne parfaitement, et le film ne semble pas trop long.
Réalisé par Rachid Hami
Sorti en Italie (Festival de Venise)le 2 septembre 2017
Sorti en France le 8 novembre 2017
Film au schéma classique, mille fois utilisé : un professeur débarque dans une classe de sixième « difficile » et s’oppose à tous les élèves, qui ont tendance à le chahuter. Mais il finit par gagner leur respect.
La principale – et la seule – originalité consiste en ce que ledit professeur est musicien de profession : il est violoniste, et il tombe dans une classe dont les élèves apprennent le violon. Naturellement, l’élève le plus hostile va devenir son plus fidèle soutien, comme toujours dans ce type de film.
L’acteur principal et quelques-uns des enfants ont appris à placer leurs doigts pour sembler jouer du violon. Mais la fin flanque tout par terre, car tous parviennent à une telle perfection lors du concert final à la Philharmonie, qu’il est impossible d’y croire, surtout par le fait qu’ils étaient partis de rien, alors que le violon est l’instrument le plus difficile à maîtriser.
Réalisé par Martin Campbell
Sorti en Chine (à Pékin) le 24 septembre 2017
Sorti en France le 8 novembre 2017
Adapté d’un roman anglais, le film est dominé par ses deux vedettes, Pierce Brosnan et Jackie Chan, le second voulant obtenir du premier les noms des terroristes qui ont commis l’attentat à la bombe dans lequel a péri sa fille.
Très divertissant, malgré la violence des affrontements.
Réalisé par Fabien Gorgeart
Sorti en France (Cadillac et Rennes) le 8 novembre 2017
Sorti en France le 15 novembre 2017
Le scénario tiendrait au dos d’un timbre-poste : Diane porte un enfant pour le bénéfice de deux amis homosexuels. Mais elle tombe amoureuse d’un troisième homme. Va-t-elle changer d’avis et vouloir garder le bébé ? Non, finalement, elle s’en fiche.
Dans ce film qui tente d’illustrer une « grande » question sociale, aucun des quatre personnages n’a le moindre intérêt. Outre cela, Clothilde Hesme est crispante, car elle surjoue toutes ses scènes, qui de surcroît sont trop longues (celle de l’accouchement, notamment, et celle des pleurs dans la voiture, qui rappelle fâcheusement la séquence finale de Vive l’amour).
Et puis, il y a cette scène incompréhensible : Diane a mis l’enfant au monde, mais, dans la scène qui suit, elle est enceinte, puis elle ne l’est plus à l’épilogue ! Fantasme ?
Réalisé par Sara Forestier
Titre original : Happy death day
Sorti en Israël (Festival d’Haïfa) le 7 otobre 2017
Sorti en France le 15 novembre 2017
Pour une fois, le titre choisi pour l’exploitation en France n’est pas stupide. Et le film lui-même bénéficie d’un scénario ingénieux et d’une bonne réalisation, qui se renouvelle constamment. Le personnage féminin central est une fille assez antipathique, qui revit jour après jour la même journée, comme dans Un jour sans fin (la ressemblance est assumée, puisque ce film ancien est cité textuellement par le garçon de l’histoire, alors que la fille n’en a jamais entendu parler !).
C’est à la fois drôle et attendrissant, surtout, à cause du jeu varié de l’actrice principale, Jessica Rode, et du charmant garçon qui protège l’héroïne, joué par Israel Broussard.
Réalisé par Sara Forestier
Sorti en Israël (Festival d’Haïfa) le 7 otobre 2017
Sorti en France le 15 novembre 2017
Je ne résiste pas à l’envie de reproduire ici l’avis d’un cinéphile un peu plus curieux que la moyenne, et qui montre comment on peut truquer les avis (prétendus) des spectateurs : « À 22 heures, le 15 novembre, jour de sortie du film, il y a 13 critiques écrites, dont 9 profils (Xavier G. ; Jerome D. ; Juliette M ; Theo M ; Barbara C. ; Henry B. ; Alizée K. ; Lulu B. ; Juliette G.) qui lui mettent la note de 5/5. Avouez que c’est généreux ! Mais quand on pousse la recherche un peu plus, on se rend compte que tous ces profils ont mis cette même note de 5/5 aux mêmes films : à savoir En attendant les hirondelles, Un beau soleil intérieur, De toutes mes forces, Pris de court, Lumière - l’aventure continue, Tout de suite maintenant, Good time, Le prix du succès, et tant d’autres. Étrange, non ? Or, qu’ont en commun tous ces films ? Attention le tour de magie... Eh bien, c’est le même distributeur : Ad Vitam. Voilà donc un distributeur qui, plutôt que faire le pari de la qualité d’un film et d’une bonne exposition, passe son temps à balancer des fausses critiques avec des profils récurents (Et pas un ou deux en douce, non, plus des 2/3 des critiques spectateurs), pour faire artificiellement monter la moyenne. Bravo Ad Vitam, ça c’est du bon boulot ! »
Ce film m’a ennuyé à mourir, et on reconnaît immédiatement l’héritage de Sara Forestier, disciple du sinistre Kechiche : abondance de gros plans inutiles, caméra qui bouge sans arrêt, tous les tics du cinéma des incompétents d’aujourd’hui.
Et puis, cette idée sotte d’avoir attribué, à ce film sur un double handicap social (bégaiement et illettrisme) le titre du meilleur film de Fritz Lang !
Réalisé par Yvan Attal
Sorti en France (Première à Paris) le 17 novembre 2017
Sorti en France et en Belgique le 22 novembre 2017
Dans la presse, seul « L’Express » s’est rendu compte que ce scénario démarquait À voix haute, sorti au début de l’année. C’était pourtant flagrant, avec une transposition des lieux (Assas, pépinière de fachos, remplaçant Saint-Denis), et les personnages de la réalité remplacés par des personnages très fictionnels et laissant deviner la fin ultra-conventionnelle, Daniel Auteuil en professeur un peu raciste jouant le rôle de l’avocat Bertrand Périer, et Camélia Jordana gagnant la finale du concours d’éloquence comme Eddy Moniot, qu’on se permettra de préférer, et qui avait triomphé en 2015. Hélas, le sujet intéressant, l’éloquence, n’est traité que de façon sommaire et caricaturale.
Cela dit, c’est joué très correctement et filmé classiquement. Mais ce film n’aura qu’une durée de vie qu’on pressent assez courte, pour cause de, comme on dit dans le récit, panurgisme – tare qu’on a voulu fustiger mais qu’on a largement illustrée ici.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.