Œuvres citées (entre parenthèses, autre que des films) : Burt Munro – The world’s fastest Indian – Nip Tuck – Separate lies – Enfermés dehors – Le créateur – Jean-Philippe – 16 blocks – Wassup rockers – Ken Park – Les brigades du Tigre – Inside man - L’homme de l’intérieur – Un après-midi de chien – Frères d’exil – Brudermord – Mayrig – L’âge de glace 2 – Ice age 2 : The meltdown – Fratricide – Oliver ! – OSS 117 : Le Caire, nid d’espions – The secret life of words – La vida secreta de las palabras – Horribilis – Slither – La nuit des morts-vivants – The great ecstasy of Robert Carmichael – Orange mécanique – Les 120 jours de Sodome – Saving private Ryan – Il faut sauver le soldat Ryan
Personnes citées : Anthony Hopkins – Roger Donaldson – Julian Fellowes – Emily Watson – Albert Dupontel – Fabrice Luchini – Louis-Ferdinand Céline – Christophe Turpin – Caroline Cellier – Richard Donner – Bruce Willis – Larry Clark – Jérôme Cornuau – Spike Lee – Jodie Foster – Christophe Gans – Yilmaz Arslan – Henri Verneuil – Carlos Saldanha – Michel Hazanavicius – Jean Bruce – Jean-François Halain – Ian Fleming – Oussama Ben Laden – Jean Dujardin – Jean Gabin – Alain Delon – Tim Robbins – James Gunn – Thomas Clay – Stanley Kubrick
Réalisé par Roger Donaldson
Titre original : The world’s fastest Indian
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 10 septembre 2005
Sorti en France le 22 mars 2006
Ce Titre À La Con s’explique sans doute par le fait qu’il était trop compliqué de traduire The world’s fastest Indian, cet Indien rapide n’étant pas un Peau-Rouge, mais une marque de moto. En tout cas, si l’on m’avait prédit que je m’intéresserais un jour à un film qui parle de ces engins, j’aurais nié farouchement !
Anthony Hopkins joue Burt Munro, un Néo-Zélandais sexagénaire et passionné de record de vitesse à moto. Son ambition : s’attaquer au record mondial à l’occasion d’une course qui doit avoir lieu aux États-Unis. Évidemment, et malgré les multiples obstacles et les quolibets, il y parvient. Quant au film, qui ne montre que des bons sentiments, il parvient pourtant à échapper tout à la fois à l’ennui, au ridicule, au dénouement larmoyant (Burt gagne, il ne meurt pas de sa maladie de cœur, et il va continuer de gagner dans les années suivantes) et à la fatigue sur le spectateur, qu’on pouvait craindre en raison de la durée, deux heures et sept minutes. C’est d’autant plus surprenant que le réalisateur, Roger Donaldson, n’est qu’un bon faiseur, sans plus.
On ne se lassera pas de le répéter : dans un sous-titre ou lors d’un doublage, mieux vaut traduire littéralement, mot à mot, le texte d’un dialogue, plutôt que de faire le malin ou de vouloir étaler sa culture en interprétant ledit dialogue. On évite ainsi l’effet boomerang.
Dans l’épisode de Nip Tuck diffusé ce soir sur Paris Première, une jeune fille demandait à son frère aîné : « Tu crois que Marie a couché avec Dieu ? », sous-entendu, pour concevoir Jésus. Et le garçon répondait en rigolant qu’elle avait dû s’envoyer en l’air avec Joseph avant le mariage, et inventer ensuite cette histoire de virgin birth – de naissance virginale, donc. Mais les sous-titres lui faisaient dire « cette histoire d’Immaculée Conception ».
Patatras ! Pour avoir voulu mettre en avant ses connaissances théologiques, notre ami sous-titreur s’est lamentablement planté. N’importe quel gosse ayant fréquenté le catéchisme sait en effet que l’Immaculée Conception ne concerne en rien la naissance de Jésus, mais celle de Marie elle-même. Selon ce dogme, Marie fut en effet le seul être humain à naître sans le péché originel que nous devons à notre mère Ève, péché que les chrétiens doivent effacer par le baptême. C’est donc la conception de Marie qui fut sans tache, en prévision de l’importance du fils qui lui était destiné. Jésus en personne, tout « fils de Dieu » qu’on l’a dit, n’en fut pas exempt, selon la Bible, puisqu’il a dû être baptisé !
Réalisé par Julian Fellowes
Sorti aux États-Unis le 16 septembre 2005
Sorti en France le 29 mars 2006
Pour une fois, un film britannique pas très intéressant. Un avocat renommé vit à la campagne avec sa femme. Ils n’ont pas d’enfant. Or son épouse le trompe avec un voisin. Plus grave, au volant de la voiture de son amant, elle a provoqué un accident mortel et ne s’est pas dénoncée. L’une après l’autre, toutes ces révélations tombent sur le cher maître et vont détruire son foyer. Les époux se séparent, la femme va vivre avec l’amant, qui attrape opportunément un cancer et en meurt. La scène finale, qui suit l’enterrement, laisse pressentir que le ménage va se rabibocher.
Si les acteurs, et surtout l’excellente Emily Watson, n’étaient pas là pour sauver le film, c’est lui qu’on inhumerait. Merci, docteur Watson !
Réalisé par Albert Dupontel
Sorti en France et en Belgique le 5 avril 2006
L’habit fait le moine. C’est ce que semble dire ce film d’Albert Dupontel. Au début du moins : un policier se suicide ; avant de se jeter dans le fleuve, il se déshabille ; un clochard, Dupontel donc, a vu la scène et se présente au commissariat pour en rendre compte et rapporter les affaires du mort, mais on ne le croit pas et on le met dehors ; il endosse alors la tenue du flic et se comporte dès lors en policier, mais du genre qui veut porter secours aux malchanceux et aux miséreux (ce que suggère le pluriel du titre). Un avatar de Boudu, en moins méchant.
Malheureusement, cette teinture sociale du projet est gâchée par une agitation lassante, une bande sonore tonitruante, des couleurs gerbantes et une technique envahissante, tout à fait déplacée, qui noie (aussi) le scénario, déjà pénalisé par le n’importe quoi. On ne sait plus ce que veut raconter le film, et l’ennui emporte tout.
Si je ne classe pas le film dans la catégorie « À fuir », c’est uniquement à cause de la personnalité de son réalisateur, dont les bonnes intentions ne peuvent être mises en doute. Mais on ne retrouve pas l’auteur qu’avait révélé Le créateur.
Réalisé par Laurent Tuel
Sorti en France et en Belgique le 5 avril 2006
Fabrice Luchini est un bon comédien, mais chez qui, depuis une quinzaine d’années, la vanité a tout emporté. Certes, il y a de la concurrence dans la profession, mais lui l’exerce de manière originale : elle consiste à occuper toute la place, comme un gaz dans un récipient vide. Luchini est ainsi devenu, tout à la fois, la béquille et la terreur des animateurs de radio-télés, qui l’invitent parce qu’il « fait de l’audience », mais doivent se résigner à voir leur émission partir à vau-l’eau, le comédien s’emparant alors des rênes pour ne plus les lâcher. Être invité dans une émission en même temps que Luchini, c’est perdre tout espoir d’être vu ou entendu, il n’y en a plus que pour lui. Mais comment couper le sifflet à une vedette qui exploite sans vergogne l’alibi de la culture et case d’interminables tirades farcies de citations littéraires ? Comment interrompre une quasi-gloire nationale, un ambassadeur de la poésie française ? Récemment, Luchini passait sur Canal Plus dans une émission consacrée au cinéma, et l’animatrice l’avait prié de bien vouloir s’abstenir de toute citation. Il promit tout ce qu’on voulut... et tint trois minutes, avant de placer un extrait de l’inévitable Louis-Ferdinand Céline, son auteur favori.
C’est donc malgré Luchini qu’on va voir Jean-Philippe. Heureusement, les critiques existent pour empêcher le boycott !
Le film est bon, parce qu’il bénéficie d’un scénario ingénieux et très travaillé – dû à Christophe Turpin, un quasi-débutant, auteur seulement d’un court métrage avant celui-ci : Fabrice, parce qu’il fait du tapage nocturne, se prend un marron en pleine poire, ce qui lui vaut quelques pépins. La suite sera délectable, parfois émouvante. La mise en scène est soignée, notamment dans la séquence finale du Stade de France. Et la chute, en supplément, échappe à la banalité, avec un retournement de situation fort savoureux.
C’est plaisir de retrouver Caroline Cellier, qui décidément ne semble jamais devoir vieillir, malgré ses soixante et un ans.
Réalisé par Richard Donner
Sorti aux Philippines le 1er mars 2006
Sorti en France le 5 avril 2006
Bruce Willis n’est pas un acteur que je fréquente volontiers. Il interprète ici un policier fatigué (comme dans tous les films ; jamais on ne voit au cinéma un flic fringant) chargé d’escorter au tribunal un jeune témoin, qu’évidemment tout le monde va essayer d’éliminer avant qu’il atteigne sa destination. Colossale originalité, ce sont les propres collègues de notre flic qui lui mettent des bâtons dans les roues. Des policiers ripoux, on n’avait jamais vu ça au cinéma, pas vrai ? Mais Bruce Willis est le plus fort, comme d’habitude.
À part ces platitudes, on a un bon film d’action, et le tournage, plutôt réaliste, semble avoir été fait dans de vraies rues.
Réalisé par Larry Clark
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 12 septembre 2005
Sorti en France le 5 avril 2006
La première séquence porte la marque de Larry Clark, sous la forme d’une longue interview du personnage principal, Jonathan Velasquez, joli garçon de quatorze ans, torse nu, et qui, tout en se grattant compulsivement la tête et la poitrine, parle de lui et de ses frères et copains hispaniques, de leurs manies, de leurs caractéristiques physiques et de leur désir de sexe. Plus tard, on les voit tous se lever et se préparer pour une journée de skate-board, leur passion. Au passage, un flashback sur un assassinat d’un jeune Hispanique par de jeunes Noirs. Idée sous-jacente, il n’y a pas de solidarité entre les pauvres, aux États-Unis, et le fameux melting pot connaît des ratés.
Puis les sept jeunes, entre treize et seize ans, ont l’idée fâcheuse d’aller pratiquer leur sport favori à Beverly Hills, le quartier des milliardaires de Los Angeles, où résident les vedettes de cinéma. Ils se font aussitôt alpaguer par un policier, sans plus de raison que leur présence incongrue hors de leur ghetto. D’abord effrayés, ils finissent par le ridiculiser puis prendre la fuite, mais l’un des leurs, menotté, n’ira pas plus loin. La suite les montre dans une riche villa où deux filles les ont invités, mais bientôt forcés de prendre derechef la fuite, parce qu’ils se sont chicornés avec les petits copains des filles. Parvenus dans une autre villa, cela tourne encore plus mal, et l’un d’eux se fait flinguer – puisque c’est légal, dans ce beau pays que nous admirons tant, de buter les intrus. Le maître des lieux est un cinéaste connu, de sorte que la police étouffe le coup. Et nos cinq rescapés quittent le quartier en douce, avec la complicité des femmes de ménages, toutes hispaniques.
On le voit, le propos est solidement manichéen, mais pas invraisemblable, compte tenu de ce que sont les États-Unis. Si bien que le film a davantage de crédibilité que le sinistre et complaisant Ken Park dont le réalisateur nous avait gratifiés en octobre 2003.
Réalisé par Jérôme Cornuau
Sorti en France (Festival de Valenciennes) le 18 mars 2006
Sorti en France le 12 avril 2006
Après Jean-Philippe, encore un bon film français. Mêmes caractéristiques, un bon scénario et une réalisation sans esbrouffe, au service dudit scénario, pas au service des manies ou de la vanité du réalisateur. C’est si simple à concevoir qu’on s’étonne que tant de films soient mauvais.
L’histoire, dans laquelle il serait vain de chercher la moindre vérité historique, reprend un feuilleton télévisé à succès, datant de 1974, et que la chaîne Télé Monte Carlo repasse en ce moment, ce qui est une bonne occasion de comparer les méthodes et les moyens. On a donc un récit à multiples rebondissements, qui commence avec la bande à Bonnot, continue avec l’emprunt russe, et se termine avec la Triple Entente et les prémices de la Première Guerre Mondiale. Espionnage, corruption, assassinats, fusillades, tout y est pour donner une suite de séquences spectaculaires, mais jamais gratuites. Je recommande le siège de la maison de campagne, vu comme un spectacle que les gens du monde et les invités mondains viennent contempler à la jumelle.
Les acteurs font bien leur métier, en vrais professionnels. Le réalisateur est Jérôme Cornuau, et n’a rien fait de valable avant cela. C’est d’autant plus méritoire.
Réalisé par Spike Lee
Titre original : Inside man
Sorti aux Pays-Bas le 16 mars 2006
Sorti en France le 12 avril 2006
Pas plus que l’acteur Bruce Willis, je ne fréquente le réalisateur Spike Lee, qui exaspère par son racisme, lequel passe à bon compte, auprès des gogos, pour du militantisme : on ne voit pas en quoi le racisme anti-Blancs est plus excusable que le racisme anti-Noirs, et supposer qu’il sert de compensation ou admettre qu’il serve d’exutoire est une idée imbécile. Cela étant, la rumeur a rapporté que Spike Lee a mis de l’eau dans son vin et réalisé un film purement commercial qui ne prêche pas la haine. Or c’est parfaitement exact, pour une fois !
Un groupe de gangsters (quoique la suite montre que ce n’est pas si simple) attaque une banque. Mais, à la fin du film, il s’avère qu’ils n’ont pas pris l’argent, seulement une poignée de diamants (des types parfaitement désintéressés, donc) et n’ont brutalisé personne. Détail original, ils ont fait revêtir aux otages la même tenue qu’ils portent, ce qui a fait dire à un critique un peu niais de France Inter que ce détail signifiait la confusion du Mal et du Bien. Mais non, ballot ! C’est un truc de scénariste qui permet aux bandits de simuler l’exécution d’un otage, l’un des leurs jouant le rôle de la victime. Rien de plus.
Ce qui corse cette histoire mille fois vue et bien mieux ailleurs, par exemple dans Un après-midi de chien, c’est que la banque est présidée par un bienfaiteur patenté de l’humanité, qui, en fait, soixante ans plus tôt, a bâti sa fortune en collaborant avec les nazis, et en dépouillant un peu ses amis juifs. Hélas, le scénariste s’emmêle les pieds, car rien n’explique que ledit banquier ait pu conserver soixante ans durant les diamants volés ainsi qu’un document compromettant à l’intérieur du coffre 392 qu’il loue dans sa propre banque : il était plus simple de brûler le document et de vendre les diamants ! Oui, mais alors, on n’aurait pas eu besoin de Jodie Foster en négociatrice chargée de proposer aux voleurs une indemnité de deux millions de dollars s’ils consentaient à ne pas ouvrir ledit coffre ; encore une bévue de scénariste, puisque le procédé ne pouvait qu’attirer leur attention sur ce qu’ils ne devaient pas voir... Le célèbre effet Streisand !
On en revient toujours là : soignez vos scénarios, messieurs.
Réalisé par Yilmaz Arslan
Titre original : Brudermord
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) en août 2005
Sorti en France le 12 avril 2006
Aux États-Unis, le film s’intitule Fratricide. Encore un bon scénario, nous vivons une période faste. Mais rassurez-vous, le film de Christophe Gans, tourné d’après un jeu vidéo, arrive dans huit jours, donc tout va revenir à la normale...
Le réalisateur kurde Yilmaz Arslan est né en Turquie, mais son film est coproduit en France, en Allemagne et au Luxembourg (où certaines scènes semblent avoir été tournées : on peut lire des inscriptions en français dans les rues, et l’un des personnages écoute une radio de langue française dans sa chambre d’hôtel). En Turquie, cela passerait mal. Les personnages principaux sont en effet trois Kurdes installés en Allemagne, et victimes de sévices de la part d’immigrés turcs. Semo, trente ans, est devenu proxénète, et il est assez violent. Il a fait venir en Allemagne son frère Azad, vingt ans, qui est son contraire exact ; honnête, scrupuleux, bon, épris de justice, Azad prend sous sa protection Ibrahim, petit garçon de dix ans qui, pratiquement sans famille, est arrivé clandestinement dans le pays ; il l’engage comme associé dans son travail de barbier à la sauvette, qu’il exerce uniquement, faute de boutique, dans des toilettes publiques. Mais une dispute avec des Turcs, voyous bagarreurs, entraîne la mort d’un des agresseurs, avec son chapelet de vengeance : Azad se voit briser les doigts, et Ibrahim est violé.
Cet engrenage conduira le pauvre Azad, cet ange de bonté, à égorger son principal tourmenteur, avant de mourir d’une balle dans le dos, dans l’autocar qui l’emmène loin de l’Allemagne, avec son protégé ainsi que la jeune fille qui s’est éprise de lui.
L’histoire est assez dure, filmée sans prendre de gants, et montre que la Turquie, je l’écris sans fioritures, n’a rien à faire dans l’Union Européenne. Hier soir, justement, la chaîne de télévision Paris Première passait le film autobiographique d’Henri Verneuil, Mayrig, où, cette fois, ce sont les Arméniens qui sont les victimes – génocide nié avec persistance par les candidats à l’admission dans la Communauté Européenne.
Quant au film lui-même, tout au plus fera-t-on quelques réserves sur certains détails. Ainsi, comment croire qu’un voyou turc peut s’introduire dans une prison allemande pour y assassiner un détenu et lui dérober une partie de ses viscères ?
Réalisé par Carlos Saldanha
Titre original : Ice age 2 : The meltdown
Sorti en Uruguay le 1er mars 2005
Sorti en France le 5 avril 2006
Je n’avais pas vu le numéro 1, mais ce n’est pas trop gênant. Le petit groupe d’animaux qui y était présenté doit faire face, cette fois, à la fonte des glaces. Tout se passe bien, en fin de compte, et le mammouth, tant charrié par ses copains qui le prennent pour le dernier survivant de son espèce, trouve d’autres congénères... et l’amour !
On a inséré dans le film une chanson, Food, glorious food, extraite de la comédie musicale Oliver !, mais avec d’autres paroles. C’est un bon moment.
Le tout est très sympathique.
Réalisé par Michel Hazanavicius
Sorti en France (Festival de Cognac) le 6 avril 2006
Sorti en France le 19 avril 2006
Lacune de ma culture, je n’ai lu aucun des romans policiers du Français Jean Bruce. Par conséquent, j’ignore si le côté parodique du film existait déjà dans ses livres. Et, au fond, c’est sans importance. À condition de prendre ce film pour ce qu’il est, de la déconne sympathique, due à Jean-François Halain, un ancien auteur des Guignols et actuellement auteur chez les allumés de Groland, on y trouvera ce qu’on cherche, et rien de plus. En tout cas, ne croyez pas ce qu’on affirme : que c’est une parodie de James Bond. L’agent 007 créé par Ian Fleming était intelligent, ce que n’est pas Hubert Bonisseur de la Bath, une synthèse de la beauferie. La parodie est plutôt celle des services secrets français (voir du côté du « Rainbow Warrior ») ou yankees (voir les brillants agents de la CIA qui n’ont pas vu venir Ben Laden et ses boys). Ne croyez pas non plus que c’est une critique du racisme, rien de tout cela n’est sérieux.
Jean Dujardin est très bon, et le scénario ne lui laisse pas le loisir de chômer ! Ce n’est ni Gabin ni Delon, qui, sur la fin de leur carrière, n’étaient plus que deux marmottes.
Réalisé par Isabel Coixet
Titre original : La vida secreta de las palabras
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 1er septembre 2005
Sorti en France le 19 avril 2006
Le titre n’est en anglais que parce que les acteurs parlent l’anglais ; en fait, le film est espagnol. Hanna, qui a connu la guerre des Balkans et a été torturée, s’est réfugiée au Danemark. Elle travaille dans une usine, mais son patron l’envoie d’office en vacances, car ses camarades de travail et le syndicat ne l’aiment pas : elle ne parle presque jamais. Déjà, ce n’est pas très crédible ; dans le monde de l’entreprise, ce sont les patrons qu’on récompense pour leurs échecs ou insuffisances. Bref, Hanna trouve un emploi d’infirmière sur une plate-forme pétrolière où ne vivent que sept hommes, son malade, brûlé dans un accident et momentanément aveugle, leur patron, quelques ouvriers, plus un cuisinier sympathique.
Vous avez compris qu’une histoire d’amour va lier l’infirmière et son malade. Mais à sens unique, car elle refuse tout attachement. On comprendra aussi, mais après une attente interminable, que ce refus de vivre est dû au traumatisme de la guerre.
Encore un film qu’on voudrait pouvoir aimer. Hélas, c’est ennuyeux, presque lugubre, n’était la présence de Tim Robbins. Je crains fort que la critique lui ait décerné beaucoup d’éloges sur ses intentions surtout. Dès le générique, on est averti : des lettres forment des mots à connotation humaniste, amour, enfant, etc., avant de se fondre et de faire apparaître les noms des interprètes et des techniciens. C’est agaçant, et d’une prétention...
Réalisé par James Gunn
Titre original : Slither
Sorti aux États-Unis le 31 mars 2006
Sorti en France le 19 avril 2006
C’est peut-être la première fois qu’on traduit un titre anglais, Slither, verbe qui signifie ramper ou glisser, par un mot latin – popularisé naguère, il est vrai, par la reine d’Angleterre herself ! Ce qui rampe, ici, ce sont d’horribles larves rouges, qui envahissent l’univers humain (en fait, un petit village) et les transforment en monstres assez répugnants, il faut le reconnaître. On a donc un film très gore et peu ragoûtant, dont le principe lorgne fortement du côté de La nuit des morts-vivants.
L’introduction est simple : un cours de biologie nous apprend que, si l’Homme n’est sur Terre que depuis deux millions d’années, le cafard, lui, a survécu durant 350 millions d’années. Par conséquent, c’est lui le mieux adapté, ce que le film s’efforce de démontrer, mais pas de façon très convaincante, avouons-le.
J’avoue aussi ne pas avoir très bien compris pourquoi ce film avait eu de si bonnes critiques. Peut-être pour la nostalgie des films du genre, à condition d’être né avant 1980. Comme la plupart des films d’horreur, il est farci d’intentions morales, mais cela ne va pas très loin.
Réalisé par Thomas Clay
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2005
Sorti en France le 26 avril 2006
Thomas Clay, Britannique de 36 ans, signe son premier film, dont il est le co-auteur. Les réactions ont été très diverses, du cri de dégoût à l’admiration excessive. Si bien que le film peut difficilement être vu sans idée préconçue : on attend non sans appréhension la séquence finale, cause de tout ce cirque, puisque présentée comme un sommet de l’horreur.
En fait, non. Les faits sont horribles, mais on a vu pire, y compris au cinéma ; et surtout, ils ne sont pas présentés avec cette complaisance que les voyeurs espèrent. Mais évoquer Kubrick et le viol qui commence Orange mécanique, non !
De quoi s’agit-il ? De trois jeunes crétins d’une bourgade côtière, en Grande-Bretagne. Deux vont encore au lycée, le troisième trafique, surtout de la drogue. Tous en consomment, bien entendu. Le personnage central est Robert, garçon falot, à première vue assez gentil et introverti. Il joue du violoncelle et vit seul avec sa mère, qui préfère le piano. Apparemment, il est vierge et se contente provisoirement, aux toilettes, de la lecture active de Sade. Mais un soir, après un concert de l’harmonie locale où il a joué du violoncelle, il laisse sa mère rentrer seule et déclare qu’il va « fêter ça » avec ses deux copains ; en fait, ils vont agresser, pour les dépouiller, un couple de bourgeois. La femme est violée successivement par les trois garçons, et Robert, qui perd la tête et a trop lu Les 120 jours de Sodome, continue le viol à l’aide d’une bouteille, puis d’une dent d’espadon (!), pendant que son copain poignarde le mari de six coups de couteau. Cela fait, ils s’en vont sans trop se soucier de ce qu’ils laissent derrière eux.
Tout ces détails sont filmés de loin, sans complaisance, et en plans séquences qui donnent à penser que le réalisateur est très loin de pratiquer l’esthétique de clip vidéo en vigueur chez la quasi-totalité de ses confrères qui font dans le cinéma coup de poing. La musique, elle non plus, ne flatte pas les goûts d’un public rendu sourd par les bandes sonores habituelles, puisque c’est surtout de la musique classique. La confusion avec Kubrick vient sans doute de là. Et aussi, de la froideur du point de vue, il faut en convenir pour s’en féliciter : si le personnage central joue du violoncelle, le réalisateur, lui, ne joue pas du violon.
Le film n’est pas entièrement satisfaisant, essentiellement parce que tout cela a déjà été vu, mais son auteur fera mieux. Il sait au moins placer sa caméra et la faire bouger, soit dit sans condescendance aucune.
Ne perdons pas les bonnes habitudes, et signalons un nouvel exploit de nos amis les sous-titreurs : au lycée, un professeur commente quelques films célèbres, dont il a écrit les noms au tableau ; lorsqu’il cite Saving private Ryan, les sous-titres lui font nommer un film qui n’est pas le bon, alors que le premier plouc venu a reconnu Il faut sauver le soldat Ryan.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.