Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Angèle et Tony – Le discours d’un roi – The king’s speech – Zardoz – Un chic type – Une nuit à l’opéra – Le trouvère – Very cold trip – Napapiirin sankarit – Lappland Odyssé – Titanic – The hangover – No strings attached – Sex friends – Rien à déclarer – Bienvenue chez les Ch’tis – Black Swan – All that jazz – Le lac des cygnes – Pi – The wrestler – Requiem for a dream – Chorus line –Sex friends – No strings attached –Les femmes du sixième étage – Doce cascabeles – Sanctum – Titanic – Avatar – Kokoda – Les petits mouchoirs – Largo Winch (tome 2) – Vive la bombe ! – Tournée – Jewish connection – Holy rollers
Personnes citées : Alix Delaporte – Tom Hooper – Hans Petter Moland – Stellan Skarsgård – Sam Wood – Groucho Marx – Chico Marx – Harpo Marx – Dome Karukoski – Ashton Kutcher – Natalie Portman – Georges Feydeau – Dany Boon – Darren Aronofsky – Bob Fosse – Alexis Trégarot – Piotr Ilitch Tchaikovksy – Roman Polanski – Natalie Portman – Richard Attenborough – Alfred Hitchcock – Georges Feydeau – Patrick Poivre d’Arvor – David Fontaine – Ashton Kutcher – Philippe Le Guay – Fabrice Luchini – Sandrine Kiberlain – Carmen Maura – James Cameron – Alister Grierson – Guillaume Canet – Jean Dujardin – Jérôme Salle – Gilbert Melki – Olivier Barthélémy – Nicolas Vaude – Laurent Terzieff – Sharon Stone – Robert Harris – Pawel Edelman – Albrecht Konrad – Dinah Collin – Mathieu Amalric – Elisabeth II – Fritz Lang – Ernst Lubitsch – Josef von Sternberg – Jean Renoir – Luis Buñuel – Jean-Claude Carrière – Kevin Asch
Réalisé par Alix Delaporte
Sorti en France (Festival de Deauville) le 12 septembre 2010
Sorti en France le 26 janvier 2011
L’histoire d’une femme qui remonte lentement à la surface, après un séjour en prison. Par petites annonces, elle rencontre un brave type, un pêcheur, qui est tout son contraire : généreux, pudique, foncièrement bon... et il refuse de coucher avec elle, bien qu’il l’héberge dans la maison où il vit avec sa mère, évidemment hostile à la jeune femme.
Peu à peu, les distances s’amenuisent, les obstacles s’effacent, et Angèle finit par épouser Tony, qui a gagné, en prime, la confiance du petit garçon qu’elle avait dû confier à ses grands-parents et qui ne voulait plus lui parler.
Le film est à l’image de Tony, calme et plein de pudeur. Le monde des pêcheurs de Normandie est bien décrit et inspire la sympathie. Les acteurs sont peu connus mais expérimentés.
Réalisé par Tom Hooper
Titre original : The king’s speech
Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 6 septembre 2010
Sorti en France le 2 février 2011
Voir la critique ICI. Le film n’est pas franchement mauvais, mais le qualifier de « chef-d’œuvre » comme beaucoup l’ont fait, c’est montrer qu’on ne comprend rien au cinéma ! À voir, oui, mais uniquement pour les deux acteurs principaux.
Réalisé par Hans Petter Moland
Titre original : En ganske snill mann
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 15 février 2010
Sorti en France le 2 février 2011
Ulrik appartenait à une bande de mafieux, et allait de temps en temps en prison. Lors d’un séjour aux frais de l’État (et au frais tout court), l’un de ses complices a couché avec sa femme. À la sortie, il l’a tué, mais le frère de la victime l’a dénoncé, et il est retourné en prison pour douze ans. Quand il sort, il est décidé à oublier toute cette histoire et à se ranger : il trouve un travail dans un garage et renoue avec son fils, dont la femme attend un bébé. Mais son ancien chef de bande exige qu’il se venge, pour la réputation du gang. Il refuse et annonce qu’il préfèrerait le tuer, lui !
Mais la réhabilitation se passe mal, le patron de son garage le licencie parce qu’il a cédé aux avances de la secrétaire, et la femme de son fils refuse que leur enfant à naître soit élevé près d’un ancien gangster. Il n’a dès lors plus rien d’autre à faire que d’accepter la vengeance qu’il a refusée. Pourtant, au dernier moment, il recule... et tue son patron mafieux, qui finira dans une vieille voiture compressée. Procédé que je recommande, car qui diable irait faire l’autopsie d’une bagnole césarisée ? Puis tout s’arrange, car sa belle-fille, qui a accouché en catastrophe dans la même voiture, l’accepte enfin comme beau-père, et le Soleil revient.
Le scénario est fignolé, l’acteur principal, Stellan Skarsgård, très connu, est bon et fait une carrière internationale, et je ne vois guère que la séquence de l’accouchement qui semble un tantinet ridicule et téléphonée. En revanche, le film – et sa photographie, toute en tons froids sauf dans le dernier plan (« Le printemps revient ») – ne donne pas envie d’aller visiter la Norvège : on n’y voit que des endroits tristes, voire sordides ou sinistres.
Réalisé par Sam Wood
Titre original : A night at the opera
Sorti aux États-Unis le 8 novembre 1935
Sorti en France le 22 mai 1936
Peu importe l’histoire de ces deux amoureux qui vont être amenés à remplacer la distribution originale d’un opéra, Le trouvère. Ce qui compte, c’est la panique semée par les frères Marx, les dialogues impertinents, voire mufles, de Groucho, et les numéros musicaux de Chico et Harpo, le meilleur étant celui du premier, qui parvient à faire rire avec seulement les gestes cocasses de ses doigts sur le clavier du piano. Dans un autre film, il s’aidait d’une pomme pour jouer de cet instrument !
En revanche, on peut trouver longuette la scène où ces deux derniers discutent d’un contrat, scène farcie de jeux de mots intraduisibles, comme souvent, et dont beaucoup de répliques n’ont pas été sous-titrées.
Visuellement, le comique des Marx se manifeste dans deux scènes : celle de la cabine de bateau, déjà encombrée par une énorme malle, et qui se remplit peu à peu de personnages incongrus (à la fin, ils doivent être une quinzaine), et la séquence à l’opéra, qui tourne peu à peu à la pagaille.
Réalisé par Dome Karukoski
Titre original : Napapiirin sankarit
Sorti en Finlande le 15 octobre 2010
Sorti en France le 9 février 2011
J’ai déjà noté, le 31 décembre dernier, que ce titre était bidon, et que ce film portait un titre original en finnois, qui signifie « Héros du cercle polaire arctique », et un autre en suédois, Lappland Odyssé, qui signifie « Odyssée en Laponie ».
Il s’agit donc d’une comédie finlandaise, qui présente l’inconvénient de ne pas faire rire – un trait dont je pensais que les Français avaient l’exclusivité. Bref, Janne (c’est un garçon) est à la fois chômeur et glandeur, ce qui lui laisse peu de chances de réussir dans la vie. Or la fille avec laquelle il vit depuis neuf ans veut voir Titanic à la télévision, mais ils n’ont pas de décodeur. Pour qu’il en achète un, elle lui remet cinquante euros, qu’il va dilapider au bistrot avec ses deux copains, aussi bras cassés que lui. S’ensuit alors un road movie dans la neige, à la recherche d’argent et d’une boutique qui vende l’objet convoité. Selon la tendance actuelle, dont The hangover avait donné un exemple, le scénariste accumule les épisodes absurdes et gratuits, tout en ménageant une fin heureuse tout aussi absurde : un riche étranger vient livrer à Janne – en hélicoptère ! – un décodeur tout neuf.
On ne compte que deux idées de mise en scène, une dissertation bien illustrée sur un arbre où les désespérés, qui semblent nombreux en Finlande, ont coutume de se pendre, et, à la fin, Janne entreprenant de couper l’arbre – symbole.
La photographie, très bonne, révèle un pays où la lumière est étrange. Lorsqu’il commence à faire nuit à trois heures de l’après-midi, on peut se sentir sur une autre planète. Mais tout de même, à voir le nombre de personnages qui se baladent à l’extérieur en bras de chemise, en caleçon, torse nu, voire sans le moindre vêtement, on se dit qu’il doit faire très chaud en Finlande !
Dans notre série à rallonge « Donnons à des films parlant anglais un titre en anglais, mais bidon et fabriqué avec les seuls mots que les Français comprennent », et dont vous trouverez un exemple ci-dessus, voici le prochain. Il s’agit d’une comédie qui sort la semaine prochaine, avec Ashton Kutcher et Natalie Portman, No strings attached – ce qu’un distributeur un peu spirituel et connaisseur de Feydeau, peut-être, aurait traduit par « Pas de fil à la patte ». On l’a finement rebaptisée Sex friends, ce qui est de l’anglais de cuisine.
Comme dirait « Le Canard enchaîné », le concours continue.
Réalisé par Dany Boon
Sorti en France (première à Angers) le 15 décembre 2010
Sorti en France le 2 février 2011
Les deux premiers longs-métrages de Dany Boon nous avaient révélé à quel point il était mauvais scénariste. Cela se vérifie encore, avec cette histoire qui ne sert que de prétexte à une kyrielle de gags foireux et de plaisanteries xénophobes, sous le prétexte, justement, de fustiger la xénophobie. Quand on sait que les adversaires qui se haïssent, dans le cas présent, sont... les Belges et les Français, on mesure à quel point la satire est virulente !
Quelques bons acteurs se déshonorent dans cette pantalonnade, à laquelle ne manque même pas l’effet comique (?) de la drogue insérée dans le rectum d’un personnage et du chien chasseur de drogue qui la renifle au bon endroit. Et puis, lorsque, vers la fin, la fille se lance dans une déclaration anti-raciste, les violons se mettent à jouer...
Le film, que j’ai vu dans une salle remplie au dixième seulement, n’aura pas le succès de Bienvenue chez les Ch’tis, ce qui nous évitera de nous poser des questions sur ce qui plaît au public, parfois déconcertant.
Réalisé par Darren Aronofsky
Sorti en Italie (Festival de Venise) le 1er septembre 2010
Sorti en France le 9 février 2011
La saison du navet commence tôt. Nous sommes à la mi-février, or on a déjà trouvé le film le plus con de l’année. Certes, quand j’écris une chose pareille, je me pose toujours la question de savoir si je n’exagère pas un peu. Mais, en l’occurrence, je suis totalement rassuré : sur France Inter, Alexis Trégarot a proclamé que le film était formidable et qu’il fallait absolument le voir. Par conséquent, il n’y a plus aucun doute.
L’histoire ? Un chorégraphe évidemment génial, exigeant et un peu sadique – comme le sont tous les artistes décrits par le cinéma, voir All that jazz de Bob Fosse – monte à New York sa version du ballet de Tchaikovksy, Le lac des cygnes. Après avoir viré la vieille vedette, il engagerait bien une jeune très douée, Nina, pour le rôle du Cygne Blanc, mais il la trouve trop pure, trop vierge, pour celui du Cygne Noir, or la même danseuse doit jouer les deux. Lui ayant dit cela et annoncé qu’il prendrait quelqu’un d’autre, il l’embrasse de force ; aussitôt elle le mord, cette réaction le séduit, et il lui donne le rôle. On voit comme tout cela est sérieux. Mais la ballerine chanceuse, déjà encombrée d’une mère qui l’étouffe, a aussi une bonne copine qui voudrait bien lui souffler son rôle. Aussi éprouve-t-elle un tas de fantasmes, elle se gratte jusqu’au sang, se blesse plus ou moins volontairement, et, le soir de la première, imagine qu’elle a tuée la bonne copine pendant l’entracte ; du coup, tombée du côté obscur de la force, elle danse magnifiquement le rôle du méchant Cygne Noir, et remporte un triomphe. Mais, dans la scène finale du saut de la falaise (en fait, elle se laisse tomber sur un matelas), elle se tue. Est-ce encore un fantasme, ou la réalité ? On ne le saura pas, car le film se termine à ce moment. Fin ouverte, comme disent les critiques braillant leur enthousiasme.
Darren Aronofsky en est à son cinquième long métrage, et la plupart de ses films précédents sont mauvais, bien que la majorité des critiques et du public le tienne pour un petit génie. Pi était raté, The wrestler ne tenait que par son interprète, et Requiem for a dream avait exactement les mêmes défauts que Black swan, qui traite en film de terreur une histoire de fille frigide hantée par des fantasmes. Bref, Aronofsky fait son Polanski, en pire. Outre cela, c’est un maniaque du gros plan et de la caméra portée, ce qui rend son style pénible et ses films à peine regardables. Même les plans fixes dans lequels les personnages ne bougent pas sont filmés avec une caméra qui tremblote : on n’a jamais pensé à la poser sur quelque chose ?
Alors, oui, Natalie Portman danse bien, mais le spectateur n’a rien d’autre à se mettre sous la dent, pas même les scènes de danse, précisément. Aronofsky aurait dû revoir ce que faisait Richard Attenborough dans Chorus line !
Tiens ! Dans son numéro sorti aujourd’hui, à la rubrique cinématographique de sa page 6, « Le Canard enchaîné » reprend ce que j’écrivais ici, trois notules plus haut, le samedi 12. À propos de Sex friends, dont le véritable titre est No strings attached, j’avais noté qu’on pouvait traduire cette expression en s’inspirant de Feydeau. Et la traduction proposée par cet honorable volatile est EXACTEMENT celle que j’avais donnée.
Je suis très flatté. Mais si les journaux nationaux se mettent à me plagier, je sens que je vais proposer mes services à PPD.
Soit dit en passant, l’auteur de l’articulet, David Fontaine, tout en dénonçant la vulgarité du film, en commet une lui-même, et de taille. Du couple hétérosexuel du film, il écrit : « Celle qui tombera amoureuse la première aura une tapette ». Très élégant, et la vedette masculine, Ashton Kutcher, serait ravi(e) de lire ça.
Réalisé par Philippe Le Guay
Sorti en France le 16 février 2011
Attention, gros sabots ! Ce film est tellement conformiste dans la bien-pensance de gauche qu’il donne envie d’aller tout droit s’inscrire à la section de l’UMP la plus proche. Toutes ces filles du petit peuple espagnol sont des anges, tous les bourgeois français sont de gros ploucs à l’esprit épais (l’une des femmes riches croit qu’une obligation, en bourse, ça signifie qu’on est obligé de faire telle chose), les épouses sont des mégères ricanantes, et jusque aux deux enfants du couple Luchini-Kiberlain qui sont d’horribles tarés antipathiques.
Quant à Luchini, courtier en bourse tombé amoureux de sa bonne espagnole, on peine à croire qu’il aille faire la fête dans une loge de concierge avec les domestiques de son immeuble, qu’il soit ravi d’être expulsé par sa femme du domicile conjugal, qu’il intègre si allègrement une chambre de bonne du sixième étage (vacante, bien sûr, par le plus grand des hasards), qu’il se mette à l’étude de l’espagnol, et qu’il apprenne à chanter Doce cascabeles.
Le film n’est à voir que pour la demi-douzaine d’actrices espagnoles, dont la chère Carmen Maura.
Qu’est-ce donc qui incite les critiques à prétendre que Sandrine Kiberlain est une bonne actrice ? Elle a une scène où elle prend son petit déjeuner au lit, et où elle se met à lire le journal du matin. Le journal est encore plié, comme on l’a acheté au kiosque, et la moitié supérieure est vue par le spectateur, qui peut en lire les titres (« On vote aujourd’hui en Algérie, etc. »). Par conséquent, l’actrice qui nous fait face n’a dans son champ de vision que la moitié inférieure, qui est nécessairement à l’envers. En dépit de cela, elle repère imperturbablement une nouvelle de ce bas de page, comme si tout était normal. Il s’ensuit que ni l’interprète ni son réalisateur n’ont vu que ce jeu de scène était absurde !
Mais peut-être que, chez les bourgeois, on sait tout naturellement lire les journaux à l’envers !
En ce moment, on peut voir un peu partout des affiches pour Sanctum, qui ne sortira en France que demain. Sur ces affiches, on peut lire textuellement : « De James Cameron, producteur exécutif et créateur de Titanic et Avatar ».
Ben voyons...
En réalité, le réalisateur de ce film s’appelle Alister Grierson, et c’est un parfait inconnu. Avant Sanctum, il n’a réalisé que quatre courts-métrages et un long, en 2006, Kokoda, dont je ne sais rien et qui n’est sorti qu’en Australie, aux États-Unis et en Argentine – vaste diffusion qui est un gage certain de qualité. James Cameron n’est que l’un des cinq producteurs de Sanctum, ce qui justifie sans doute qu’on mentionne son seul nom sur les affiches.
La course à l’escroquerie continue, puisque les gogos se laissent rouler.
Réalisé par Guillaume Canet
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2010
Sorti en France le 20 octobre 2010
Vu plusieurs mois après sa sortie, et en vidéo, parce qu’un film de Guillaume Canet, qui dure au surplus deux heures vingt-cinq, c’est insupportable en salle.
Le film commence par un plan-séquence : on suit Jean Dujardin sortant d’une boîte de nuit, montant sur un scooter et roulant dans les rues, jusqu’à ce qu’un camion le renverse. Passé cela, vous pouvez quitter la salle, car le film est terminé.
Certes, il reste encore deux heures vingt, mais de vide. Un groupe d’amis – ils sont six ou huit – avec leurs compagnes et leurs enfants, vont passer deux semaines de vacances dans la maison du plus friqué d’entre eux, qui en outre est complètement paranoïaque. Pour ne pas annuler leur séjour en restant plutôt auprès de leur copain Dujardin hospitalisé, ils ont dû se chercher des prétextes vaseux. Le film est alors parti pour deux heures de péripéties plus ou moins comiques, tournant toutes autour du thème favori des cinéastes français : les états d’âme des bobos trentenaires. Et comme il faut bien équilibrer le ton général de la comédie et punir cette bande d’égoïstes sans intérêt, à la fin, on fait mourir leur ami sur son lit d’hôpital, après quelques retours en arrière permettant de montrer l’acteur qui ne pouvait avoir sa place dans ces divers épisodes. Ensuite, viennent les discours larmoyants autour du cercueil, comme ce serait la règle aux États-Unis.
Guillaume Canet confirme ce qu’on sait depuis son premier film : qu’il est l’un des pires réalisateurs de France. En foi de quoi, son film a remporté un énorme succès. Normal, car les spectateurs ne voient que ce qu’ils prennent pour ces fameuses « performances d’acteurs » dont on leur parle sans cesse, et qui ne sont que cabotinage.
Réalisé par Jérôme Salle
Sorti en France et en Belgique le 16 février 2011
On peut être un peu frustré, parce que, sitôt achevée la séquence d’ouverture, l’histoire connaît ensuite un passage à vide d’environ trois quarts d’heure, où aucune scène d’action ne vient combler les attentes du public. Ensuite, cela repart, et le plaisir revient.
Quelques changements. D’abord, le personnage de Freddy, qui meurt dès le début, est confié à un autre acteur, et Gilbert Melki est passé à la trappe. L’ami de Largo, le sympathique rigolo Simon, apparaît enfin, et les lecteurs de la bande dessinée, qui avaient mal pris son absence dans le premier épisode, seront satisfaits, car Olivier Barthélémy est très bien (il jouait dans l’excellent téléfilm Vive la bombe !). Et puis, on a quelque peu étoffé le rôle de Nicolas Vaude, qui joue le majordome ultra-british, Gauthier, d’une impassibilité désopilante, obligé de crapahuter dans toute l’Asie du Sud-Est pour rendre service à son maître. Enfin, on n’aura plus l’occasion de voir Laurent Terzieff tenter d’étrangler Sharon Stone, puisque c’était son dernier rôle.
Le film, bien que français, ne prend pas le public pour une bande de demeurés : il est aussi spectaculaire – et soigné – que s’il avait été réalisé avec tous les moyens d’Hollywood.
Pardon pour ce mot de taulards, mais, si je semble ainsi un peu vulgaire, Polanski l’a dit avant moi, en parlant hier soir de son film « terminé en taule ». C’était lors de la cérémonie des Césars, où son dernier film a été jugé comme la meilleure réalisation.
On croyait que les Césars récompensait le cinéma français. J’ai donc vérifié la fiche technique du film. Scénaristes : Polanski lui-même et Robert Harris, d’après son roman – Harris, né à Nottingham, est anglais. Le directeur de la photo, Pawel Edelman, est polonais. Le producteur, Albrecht Konrad, est allemand. Les trois décorateurs, si j’en crois leurs noms, sont allemands et anglais. La costumière, Dinah Collin, est anglaise. Parmi les cinquante-quatre acteurs, pas un seul n’est français, et on n’y parle qu’anglais (en fait, le film a été produit par Polanski via sa société R.P. Productions, par la chaîne de télé France 2, par la firme allemande Elfte Babelsberg et par la britannique Film Runteam III Limited).
Les jurés ont par conséquent donné un prix de consolation à un réalisateur, dont le film n’a par ailleurs aucun intérêt, pour compenser le fait qu’il ait séjourné durant quelques mois dans une prison suisse avant d’être assigné à résidence dans son luxueux domicile d’une ville à la mode.
En revanche, le film français le plus original de l’année écoulée, Tournée, n’a rien eu. Mathieu Amalric aurait dû violer une mineure.
Quelle peut être la nationalité d’un film ? Les bonnes gens (traduisez : les gens qui ne réfléchissent pas) diraient spontanément qu’il prend la nationalité de son réalisateur. Or on débouche ainsi sur une absurdité !
Voyez par exemple Alfred Hitchcock : il est né à Londres et n’a jamais renoncé à sa nationalité britannique (il a même été fait Sir par la reine), or on n’a jamais prétendu que ses films d’après 1940, date à laquelle il s’est installé définitivement à Hollywood, étaient des films anglais. De même, quand Fritz Lang a fui le nazisme et qu’il a émigré aux États-Unis, il n’a plus fait de films « allemands », pas plus que Lubitsch ; et Sternberg, installé à Hollywood à partir de 1930, n’y faisait pas de films autrichiens. Notre Jean Renoir, qui a réalisé huit films aux États-Unis entre 1943 et 1951, n’y tournait pas des films français !
Je pourrais multiplier les exemples, et m’appuyer sur Luis Buñuel, né en Espagne, ayant travaillé en France, puis émigré définitivement au Mexique, et qui, pour ses quatre derniers films, venait en France les réaliser avec des acteurs français, sur des scénarios d’un Français, Jean-Claude Carrière : faisait-il alors des films espagnols ?
En fait, il est convenu depuis longtemps qu’un film prend la nationalité de la société qui l’a produit. Ce n’est pas très rigoureux, mais on n’a rien trouvé d’autre : une œuvre « appartient » à celui qui l’a fait fabriquer.
Il s’ensuit que le film de Polanski récompensé hier soir n’est pas un film français, quand bien même son réalisateur, né à Paris mais qui a fait l’essentiel de son œuvre à Hollywood (avant de s’enfuir en Europe après son célèbre viol – par sodomie – d’une mineure qu’il avait droguée), possède la nationalité française. Il est français parce qu’aucun autre pays n’a voulu s’encombrer de ce délinquant.
Réalisé par Kevin Asch
Titre original : Holy rollers
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 25 janvier 2010
Sorti en France et en Belgique le 16 février 2011
Encore un Titre À La Con en anglais de cuisine : les Français connaissent le mot connection (en français, connexion), et se doutent vaguement de ce que signifie Jewish. En revanche, l’expression holy rollers qui constitue le titre original, ils ne la connaissent pas. Elle désigne, de façon familière et péjorative, un membre d’un groupe évangélique (chrétien, donc) qui exprime avec excès sa ferveur religieuse.
Pas de chrétiens ici, mais un jeune Juif de vingt ans, Sam, naïf et bourré de religion, qui, désavoué par la famille de la fille qu’il devait épouser (mariage arrangé par les parents) parce qu’il est trop pauvre, tombe dans le trafic d’ecstasy entre Amsterdam et New York où il vit. Peu à peu, il perd sa naïveté, coupe ses papillotes, met au rancart son chapeau noir à larges bords, et devient recruteur de jeunes passeurs. Mais l’un d’entre eux se fait arrêter à la douane et déballe tout. Un carton de fin nous apprend que Sam a fait quelques mois de prison puis est devenu indic pour dénoncer le même trafic.
Il est quasi-impossible de s’identifier au personnage, à moins d’être soi-même un Juif pratiquant, et l’histoire laisse indifférent. Sa seule originalité réside dans ce passage d’un bord à l’autre, mais est-ce très original ?
Si encore on nous montrait mieux Amsterdam !
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.