Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Elvis & Nixon – Another country – Le monde de Dory – Finding Dory – Empire du Soleil – Wall-E – Piper – Pauvres millionnaires – Il poveri milionari – Genius – L’économie du couple – Florence Foster Jenkins – Marguerite – La flûte enchantée – The big bang theory – Parasol – C’est quoi cette famille ?! – Neuilly sa mère – Moka – Entre ses mains – Le boucher – Que la bête meure – Elle s’appelait Sarah – Les revenants – Stefan Zweig, adieu l’Europe – Vor der Morgenröte – Le beau Danube bleu – Instinct de survie – The shallows – Orphan – Esther – House of wax – La maison de cire – Buried – Hors contrôle – Mike and Dave need wedding dates – Au nom de ma fille – Agents presque secrets – Central Intelligence – Iqbal, l’enfant qui n’avait pas peur – Les mille et une mains – Hotel Singapura – In the room
Personnes citées : Liza Johnson – Richard Nixon – Elvis Presley – Cary Elwes – Andrew Stanton – Angus MacLane – Jean-Luc Godard – Luc Besson – François Truffaut – Jean-Pierre Melville – Robert Bresson – Jean-Pierre Jeunet – Jean Renoir – Georges Méliès – Louis Malle – Jacques Tati – Henri-Georges Clouzot – Michel Gondry – Jean Cocteau – Éric Rohmer – Alain Resnais – Claude Chabrol – Mathieu Kassovitz – Jacques Audiard – Jean-Jacques Annaud – Max Ophüls – François Ozon – Costa-Gavras – Abdellatif Kechiche – Agnès Varda – Claude Lelouch – Alice Guy – Marcel Carné – Jacques Demy – Jacques Becker – René Clément – Louis Feuillade – Bertrand Tavernier – Claude Berri – Philippe de Broca – René Clair – Dino Risi – Jean Girault – Louis de Funès – Michael Grandage – Thomas Wolfe – Maxwell Perkins – Joachim Lafosse – Mazarine Pingeot – Stephen Frears – Xavier Giannoli – Simon Helberg – Tallulah Bankhead – Cole Porter – Valéry Rosier – Gabriel Julien-Laferrière – Frédéric Mermoud – Claude Chabrol – Manu Solo – Pierre Desproges – Frédéric Chopin – Édouard Branly – Michel Petrucciani – Tatiana de Rosnay – Alfred Hitchcock – Robin Campillo – Emmanuelle Devos – Nathalie Baye – Maria Schrader – Stefan Zweig – Pierre Desproges – Jaume Collet-Serra – Steven Spielberg – Ryan Reynolds – Jake Szymanski – Vincent Garenq – Kalinka Bamberski – André Bamberski – Dieter Krombach – Charles De Gaulle – Antoine Argoud – Daniel Auteuil – Michel Fuzellier – Babak Payami – Eric Khoo
Réalisé par Liza Johnson
Sorti en Grèce (Festival du film francophone) le 13 avril 2016
Sorti en France le 20 juillet 2016
Si la rencontre entre Nixon et Presley a bien eu lieu en 1970 (une photo à la fin en témoigne), on ne sait pas du tout ce qu’ils se sont dit (pour une fois, cette canaille de Nixon ne faisait pas enregistrer ses conversations !). Donc, libre aux trois scénaristes – dont le très beau Cary Elwes, qui avait débuté comme acteur dans Another country – d’écrire une histoire invraisemblable, Elvis Presley insistant pour être reçu par le président Nixon afin d’être engagé au FBI et d’y lutter contre la drogue ! Nixon refuse d’abord de le recevoir, mais se laisse convaincre... par sa fille, et, finalement, ces deux hommes très à droite sont enchantés d’eux-mêmes et de l’entrevue.
On sourit du saugrenu des péripéties, tout en regrettant que les deux acteurs, quoique bons, surtout Kevin Spacey en Nixon, ressemblent si peu à leurs personnages que c’en est ridicule. A-t-on fait exprès ?
Le film, très court, ne raconte rien, tous comptes faits. Mais comme il n’a aucune ambition, cela passe.
Réalisé par Andrew Stanton et Angus MacLane
Titre original : Finding Dory
Sorti en Grèce (Festival du film francophone) le 13 avril 2016
Sorti en France le 22 juin 2016
De grands noms au générique de fin, mais un scénario sans grande invention et qui n’avance pas, sauf dans la séquence de course poursuite (un camion conduit par... un poulpe).
Dory, bien que de couleur bleue, possède une mémoire de poisson rouge, quoique cette légende de la mémoire déficiente des poissons ne repose sur rien. Toujours est-il que Dory, séparée de ses parents dès le début comme Jim dans Empire du Soleil, va passer le reste du film à les rechercher. Et, comme nous sommes chez Disney, elle les retrouve à la fin, comme prévu. A-t-on déjà vu un film dans lequel un enfant perdu ne retrouve pas ses parents ?
Techniquement, c’est superbe. Mais on ne retrouve pas le réalisateur de Wall-E, et il faut avouer que cela traîne un peu, si bien qu’on s’ennuie passablement. Se faire acheter par Disney n’a pas réussi à Pixar !
Il faut noter que, comme d’habitude, le court-métrage, Piper, prévu pour précéder le film, n’a pas été programmé, bien que le long-métrage soit, euh... court. C’est tellement plus gratifiant, pour le spectateur, de se taper un quart d’heure de pub pour se mettre en appétit !
Je suis tombé aujourd’hui sur un classement des meilleurs réalisateurs français, que le site réputé Inter Movie Database affiche, et j’ai éclaté d’un rire qui a dû s’entendre depuis Hollywood.
Voici, sans aucun commentaire de ma part, le palmarès tel que l’ont établi les amateurs, dont je soupçonne, vu leur flair et leur culture, qu’ils vivent aux États-Unis. Sur 710 votes, avec le nombre de voix recueillies, on trouve ceci :
1. Jean-Luc Godard : 127
2. Luc Besson : 125
3. François Truffaut : 124
4. Jean-Pierre Melville : 44
5. Robert Bresson : 37
6. Jean-Pierre Jeunet : 36
7. Jean Renoir : 29
8. Georges Méliès : 29
9. Louis Malle : 24
10. Jacques Tati : 24
11. Henri-Georges Clouzot : 16
12. Michel Gondry : 16
13. Jean Cocteau : 14
14. Éric Rohmer : 12
15. Alain Resnais : 10
16. Claude Chabrol : 9
17. Mathieu Kassovitz : 9
18. Jacques Audiard : 9
19. Jean-Jacques Annaud :
20. Max Ophüls : 5
21. François Ozon : 5
22. Costa-Gavras : 5
23. Abdellatif Kechiche : 4
24. Agnès Varda : 4
25. Claude Lelouch : 4
26. Alice Guy : 3
27. Marcel Carné : 2
28. Jacques Demy : 2
29. Jacques Becker : 1
30. René Clément : 1
31. Louis Feuillade : 1
32. Bertrand Tavernier : 1
33. Claude Berri : 1
34. Philippe de Broca : 0
35. René Clair : 0
Je n’ai vu aucun film d’Alice Guy, bien qu’entre 1897 et 1920 elle en ait réalisé... 433, mais, dans sa tombe, elle doit hurler sa joie d’être classée avant Marcel Carné, Jacques Demy, Jacques Becker, René Clément, Bertrand Tavernier ou René Clair. La cultutre et la vox populi, il n’y a que ça de vrai.
Réalisé par Dino Risi
Titre original : Il poveri milionari
Sorti en Italie le 2 mai 1959
Sorti en France le 3 août 2016
Pauvre film, plutôt ! Et qu’on aurait dû laisser sur l’étagère où il dormait depuis sa sortie en 1959. Cela commence assez bien, avec ces deux couples romains qui partent en voyage de noces à Florence, dont les deux époux ratent leur train, puis tout le monde, après une série de quiproquos, se retrouve à Rome. Mais la suite tombe très bas, c’est encore moins finaud qu’un film de Jean Girault avec Louis de Funès, et les trois scénaristes, flemmards comme il n’est pas permis, se soucient des détails comme de leur premier brouillon. Ainsi, lorsque la mère appelle au téléphone (à fil, vu l’époque) son fils qu’elle croit à Florence, le téléphone sonne dans l’appartement de Rome !
Jusqu’aux acteurs, qui jouent mal. Interpréter des idiots, ce devait être trop difficile...
Réalisé par Michael Grandage
Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 16 février 2016
Sorti en France le 27 juillet 2016
Ce film sur la passion de la littérature en manque singulièrement, de passion. Certes, le contraste entre l’écrivain Thomas Wolfe et son éditeur Maxwell Perkins est bien exprimé par les deux acteurs, bien que l’un en fasse trop et l’autre pas assez, mais l’histoire est très lente à démarrer, et l’on ne découvre la véritable personnalité d’un écrivain égoïste, égocentriste et ingrat, que bien après le milieu du film. Et ses regrets de dernière minute, sous la forme d’une letttre posthume, n’émeuvent pas.
Finalement, on se demande vers quoi tend ce film. Il n’est pas franchement raté, mais on l’oubliera vite.
Réalisé par Joachim Lafosse
Sorti en France (Festival de Cannes) le 13 mai 2016
Sorti en France le 10 août 2016
C’est bien la première fois que je suis déçu par un film de Joachim Lafosse, et même, que je m’y ennuie. L’inconvénient de se reposer sur un scénario co-écrit par Mazarine Pingeot, parasite social qui ferait mieux de se faire oublier, après avoir vécu sur les finances publiques au temps où son père, cette pure canaille, régnait sur le pays.
Bref, Boris et Marie se sont rencontrés en 2000, ont eu deux filles, se sont lassés l’un de l’autre et ont décidé de se séparer quinze ans plus tard. Reste la question financière : Marie est la propriétaire de leur logement, acquis avec l’argent de ses parents, alors que Boris, qui ne possède rien, a fait de ses mains tous les travaux qui ont valu à la maison une plus-value dont il voudrait avoir sa part. Elle offre le tiers, il veut la moitié. Ce désaccord va se traduire tout au long du film par des querelles lassantes, surtout par la faute de Marie, qui ne veut rien lâcher.
Après une fausse réconciliation qu’on voit venir de loin, l’histoire se conclut par le verdict du juge, en voix off, qui lit sa sentence : les biens seront partagés en deux. Fin du film.
On a constamment une impression de déjà vu, d’autant plus que le réalisateur a déjà traité des thèmes semblables, et bien mieux.
Réalisé par Stephen Frears
Sorti au Royaume-Uni (Festival de Belfast) le 23 avril 2016
Sorti en France le 13 juillet 2016
Bien que Stephen Frears soit un très bon réalisateur (pas du tout scénariste, d’ailleurs), son film souffre beaucoup d’être sorti après Marguerite, vu dix mois auparavant, plus sophistiqué, plus riche en personnages intéressants, plus imaginatif. Ici, on raconte donc très classiquement l’histoire de celle qui avait inspiré le film de Xavier Giannoli, et tous les personnages sont réels. Mais le talent des acteurs, et surtout de Simon Helberg, qui joue le jeune pianiste classique ayant accepté d’accompagner cette héritière new-yorkaise dépourvue de voix mais qui ne rêvait que de devenir chanteuse lyrique (un seul air est commun aux deux films, celui de la Reine de la Nuit dans La flûte enchantée), sauve l’entreprise.
Une seule scène procure un peu d’émotion, lorsque la pseudo-chanteuse, qui a loué pour le soir du 25 octobre 1944 le Carnegie Hall, salle de 2800 places, avec mille soldats comme invités et pas mal de célébrités (Tallulah Bankhead et Cole Porter étaient présents), est sifflée dès les premières notes par un public stupéfait et qui la chambre, mais sa spectatrice la moins favorable au départ, une fille légère, se lève, prend vigoureusement sa défense et la fait acclamer. Si bien que le disque enregistré à titre privé par son compagnon, et qui a été piraté, devient l’une des ventes les plus dévastatrices de l’époque.
Un mot sur le personnage réel du jeune pianiste (l’acteur Simon Helberg, par ailleurs l’une des vedettes de la série The big bang theory, joue réellement du piano), qui riait de sa patronne au début mais devient son admirateur le plus fidèle, il a, en dépit de ses hésitations, vraiment compromis sa carrière en acceptant de jouer sur la scène du Carnegie Hall. Ses scènes sont les meilleures de ce film un peu décevant.
Réalisé par Valéry Rosier
Sorti en Espagne (Festival de San Sebastian) le 23 septembre 2015
Sorti en France le 10 août 2016
Ce film belge tout simple a la vertu de vous dégoûter des vacances dans les lieux « touristiques », qui sont, en réalité, des enfers de solitude et de vulgarité. Ici, cela se passe dans une localité hideuse de Majorque, aux Baléares, où trois personnes pas très heureuses sont venues chercher l’impossible. Alfie, un Anglais d’une vingtaine d’années, probablement vierge, encombré de ses médiocres parents qui accumulent les selfies et qui sert de partenaire de ping-pong à son père, parvient à s’échapper, et tombe entre les pattes de quelques voyous qui jouent les copains mais ne s’intéressent qu’à son argent. Il finira plumé et tabassé. Annie, une obèse septuagénaire belge, part retrouver un homme rencontré sur Internet, qui la laisse froidement tomber après une nuit qu’on imagine surtout fantasmée. Et Péré, un Espagnol qui conduit morosement un petit train faisant visiter les lieux aux touristes, leur fait croire un jour que le véhicule est tombé en panne, afin d’emmener sa petite fille, qu’il élève seul, visiter un parc d’attraction, mais ce jour-là, le parc est fermé !
Le film fait beaucoup penser à la série télévisée belge Strip-tease, mais ce n’est pas un reportage, car il est entièrement scénarisé, avec beaucoup de sensibilité, en dépit de la cruauté des situations.
Réalisé par Gabriel Julien-Laferrière
Sorti en France (Festival de Cannes) le 15 mai 2016
Sorti en France le 10 août 2016
À l’origine, une bonne idée légèrement satirique sur les familles recomposées, qui ont d’abord été des familles décomposées : sept enfants, nés de huit parents différents, et qui sont las de changer sans cesse de domicile au gré des périodes de garde (et des voyages professionnels ou sentimentaux) de leurs géniteurs, décident de s’installer tous ensemble dans le grand appartement de leur grand-mère et de n’en plus bouger ; les parents devront se déplacer pour les voir !
On s’attend un peu à un fantastique désordre, puisqu’ils vivent seuls, mais non, car le cliché du cinéma sentimental à tout prix exige que ces gosses se révèlent plus raisonnables que leurs parents. Malheureusement, le film devient vite un peu trop sucré, et seul le premier tiers du récit est attachant. Ensuite, cela devient répétitif, d’autant plus qu’on a chargé la barque et imaginé d’autres aventures sentimentales, vécues par les enfants et par la grand-mère. Bref, il y en a trop.
Le cinéaste avait réussi Neuilly sa mère. Là, il y est presque, mais pas tout à fait.
Réalisé par Frédéric Mermoud
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 4 août 2016
Sorti en France le 17 août 2016
Il n’a décidément pas de chance, Claude Chabrol : chaque fois qu’il réalise un bon film, un plagiaire lui pique son scénario, et sans lui rendre aucun hommage aux génériques ! Il ne peut rien dire, il repose au Père-Lachaise, près de Manu Solo, de Pierre Desproges, de Frédéric Chopin, d’Édouard Branly et de Michel Petrucciani. Précédemment, il y avait eu Entre ses mains, qui pompait 95 % de son meilleur film Le boucher ; ici, on détourne sans trop d’adresse la moitié au moins de Que la bête meure. Que sera le troisième épisode ?
Le titre est d’ailleurs ridicule, il fait allusion à la couleur de la voiture qui a tué le garçon. C’est tout ce qu’elle sait écrire, Tatiana de Rosnay ?! Ah non, elle avait aussi écrit un autre navet, Elle s’appelait Sarah. Un auteur à suivre, mais de loin. Le dénouement n’est pas moins ridicule : la mère, qui voulait tuer le meurtrier de son fils et a fait pour cela l’acquisition d’un pistolet (mais pourquoi couche-t-elle avec le petit voyou qui le lui a vendu ?), finit par envoyer cinq balles, non pas sur le type, mais sur la Mercedes qu’elle lui a achetée, avant de le laisser partir ?
Le metteur en scène, qui prétend s’être inspiré d’Alfred Hitchcock, et on voit mal en quoi, a réalisé plusieurs épisodes de ce feuilleton ringard, Les revenants – qui DÉJÀ plagiait un film tourné en 2004 par Robin Campillo, ça devient une habitude ? –, feuilleton commandé par Canal Plus, et que le public semble avoir boudé, non sans raisons.
Pourquoi ne pas coller à ce film l’étiquette infamante « Inutile de se déranger » ? À cause d’Emmanuelle Devos, toute en nuances et qui exprime parfaitement l’état d’âme d’une mère dans sa situation. À côté d’elle, la pauvre Nathalie Baye n’a rien à faire, que de jouer le faire-valoir de sa partenaire.
Réalisé par Maria Schrader
Titre original : Vor der Morgenröte
Sorti en Allemagne le 2 juin 2016
Sorti en France le 17 août 2016
Le titre original signifie « Avant l’aube ». Cela précisé, ce film suit la règle non écrite mais toujours suivie, selon laquelle, lorsque le cinéma montre un écrivain, on ne le voit JAMAIS écrire. Vous verrez donc Zweig donner une interview, participer à des dîners et à des réceptions, voyager sur le continent américain, partager sa vie entre son ancienne femme et sa nouvelle – une jeunette –, admirer le jardin d’un ami, recevoir un chien en cadeau, se laisser photographier, écouter un orphéon jouer de manière abominable Le beau Danube bleu, mais écrire, non, en aucun cas !
Ce film est donc une atroce déception, mais on peut aller le voir pour les vingt premières minutes, où l’écrivain donne une opinion, une seule, sur sa conception d’intellectuel exilé : il ne condamnera jamais le nazisme qui sévit dans son pays, abandonné à jamais, parce que ce serait trop facile de prendre la pose à des milliers de kilomètres du danger, quand, de surcroît, on est soi-même protégé par une réputation de célébrité intouchable. En cela, il annonçait la raillerie de Pierre Desproges, qui se moquait de ces matadores, capables de fustiger le régime de Pinochet « à dix mille kilomètres de Santiago ». Et puis, il y a cette scène curieuse, où l’orateur, discourant face à une assemblée d’intellectuels, rend hommage aux écrivains et savants allemands en exil et les fait applaudir. Zweig est dans l’assistance et applaudit aussi, mais... son nom était dans la liste !
Et puis, la réalisatrice n’explique pas le suicide de Zweig ; elle montre en un long plan fixe et dans un miroir la chambre où gît son corps, et c’est tout. On croit avoir compris qu’il s’agissait de montrer que l’écrivain s’ennuyait en exil, mais l’ennui est contagieux, de toute évidence, et frappe aussi les spectateurs...
Les images sont très belles et donnent envie d’aller mourir au Brésil, or le pays a été reconstitué en Afrique !
Les interprètes sont inconnus.
Réalisé par Jaume Collet-Serra
Titre original : The shallows
Sorti aux États-Unis le 21 juin 2016
Sorti en France le 17 août 2016
Jaume Collet-Serra est capable du pire (Orphan, en français, Esther) comme du meilleur (House of wax, en français, La maison de cire). Ici, c’est du bon : scénario efficace, pas trop caricatural malgré une exagération sur les instincts du requin (en quelques heures, celui du film tue un homme et en dévore deux autres !), et réalisation qui colle à l’action, après un démarrage un peu lent.
Évidemment, le requin, aussi terrifiant que celui de Spielberg et aussi long à faire son apparition, a été fabriqué par ordinateur, chance que Spielberg, à son époque, n’avait pas eue, ce qui lui avait valu les pires ennuis de la part de ses trois requins mécaniques. Il est d’ailleurs très réaliste. Et comme la fille de l’histoire est coincée sur un rocher sans pouvoir regagner la côte, on pense à Buried, dont le héros Ryan Reynolds, par un heureux hasard, est le mari de l’actrice.
Mais pas de panique, elle arrive à tuer l’énorme monstre ! Au cinéma, les requins n’ont jamais aucune chance.
Réalisé par Jake Szymanski
Titre original : Mike and Dave need wedding dates
Sorti en Australie, Bosnie-Herzégovine, Hongrie, Israël, Russie, Slovénie et Ukraine le 7 juillet 2016
Sorti en France le 17 août 2016
Le titre, lourdement explicatif, n’a été modifié qu’en France, mais le film n’en a pas été amélioré pour autant : deux frères fêtards (filles, alcool, drogue) sont sommés de venir au mariage de leur sœur accompagnés par deux filles convenables, or ils n’en connaissent aucune de ce style ! Naturellement, ils vont se pointer avec deux filles légères qu’ils ont recrutées sur Internet, et vont tout gâcher.
On voit rarement un film aussi lourd et vulgaire, et j’ai fini par m’endormir devant l’écran. Naturellement, puisque les spectateurs marchent, on leur fait comme d’habitude le coup de l’histoire vraie...
Réalisé par Vincent Garenq
Sorti en Allemagne en 2016
Sorti en France le 16 mars 2016
On peut légitimement être agacé par cette série de films basés sur la recherche de la justice (et les carences de la Justice avec un J majuscule). Néanmoins, je ne crois pas que cela tourne au procédé, et ici, c’est sobre.
Bref, Kalinka, fille d’André Bamberski, décède en 1982, chez son beau-père allemand, le docteur Krombach. Et l’autopsie, obligatoire en cas de transfert d’un corps à l’étranger, révèle des détails suspects, dont le père induit que sa fille a été assassinée après un viol commis par ledit beau-père. Mais il ne parvient pas à faire extrader le coupable, car aucun pays n’extrade ses ressortissants.
Le combat du père pour amener Krombach en France va durer... vingt-sept ans, et il y parvient en le faisant enlever en Allemagne, tout comme De Gaulle avait fait enlever à Munich le colonel Argoud !
Finalement, Krombach sera jugé et condamné à quinze ans de réclusion, mais pas pour assassinat, car un doute subsiste. Quant au père, il écope, pour enlèvement, d’un an avec sursis.
Le film est sans doute un peu terne, mais clair. Il réussit à montrer un personnage que rien ne peut dévier de sa résolution, et Daniel Auteuil s’en sort très bien.
Réalisé par Vincent Garenq
Titre original : Central Intelligence
Sorti aux États-Unis le 10 juin 2016
Sorti en France le 24 août 2016
Une histoire de revanche à retardement (vingt ans, tout de même !). Un lycéen obèse, humilié le dernier jour de l’année scolaire par un groupe de jeunes crétins, devient un malabar agent de la CIA, et sauve le monde (libre, bien sûr) avec l’aide involontaire de l’ancienne vedette du lycée, devenu un humble comptable déprimé d’avoir raté sa vie, et qu’il a enrôlé à titre de « meilleur ami ».
Cela se veut drôle, c’est seulement inepte. Les acteurs s’amusent beaucoup ; le spectateur, moins.
Réalisé par Michel Fuzellier et Babak Payami
Sorti en Italie (Festival de Rome) en octobre 2015
Sorti en France le 24 août 2016
Encore de ces sempiternels films « inspirés d’une histoire vraie », cette fois, celle d’Iqbal Masih, qui avait été esclave au Pakistan et a été assassiné en 1995, à Lahore, à l’âge de douze ans, comme le dit le carton de fin, histoire dont on a d’abord fait un roman. Il avait été libéré à l’âge de dix ans, mais devenu militant, il gênait trop les rapaces du travail des enfants.
Ici, c’est un peu Oliver Twist qui serait tombé, non entre les mains de Fagin, mais des Thénardier, lesquels le séquestrent et, parce qu’on a découvert son goût pour le dessin, le forcent à travailler, en compagnie d’autres enfants, dans leur manufacture de tapis d’Orient – comme dans Les mille et une mains, film marocain de 1973, totalement inconnu et qui a connu un insuccès noir, mais là, c’était une petite fille qui trimait (j’ai rencontré l’un de ses interprètes français, un acteur amateur qui fournissait aux écoles du mobilier pour leurs classes). Donc le sujet a déjà été traité, quarante-trois ans auparavant, et plutôt mieux à mon avis.
Le film a fait verser des flots de larmes attendries, encore faut-il noter qu’il est assez mal réalisé, que les images sont sommaires et animées piètrement, et que le seul dessin produit par Iqbal est plutôt laid. En outre, le discours exalté de la fin manque à ce point d’originalité qu’on croit que le film vient des États-Unis, alors qu’il est franco-italien. Le co-dialoguiste a déclaré qu’il avait voulu « éliminer toute trace de dialogue apitoyé ou moralisateur, tout discours pompeux ». Raté ! Les bonnes intentions, dont je ne doute pas, ne suffisent guère.
Bref, je ne dénigre pas le personnage réel, mais le film, qui n’est ni beau ni émouvant, et ne réserve aucune surprise.
Réalisé par Eric Khoo
Titre original : In the room
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 15 septembre 2015
Sorti en France le 24 août 2016
Le titre anglais est plus clair : tout se passe dans la chambre 27 d’un hôtel et dans le couloir qui y donne accès. Là, à différentes époques, un groupe de musicien puis des couples se succèdent, et il faut longtemps avant de comprendre que le personnage qu’on y voit mourir revient sous la forme d’un fantôme qui aide les personnages suivants, tous empêtrés dans des « problèmes de couple » dont la presse indulgente a voulu voir qu’ils étaient causés par l’austérité du régime politique. En réalité, tout cela est très intello et sans grand intérêt. Le cinéaste affime « J’ai toujours été fasciné par les chambres d’hôtel et ce qu’il peut bien se passer derrière leurs portes ». Le public est moins fasciné, car il ne s’y passe rien de notable, et que la plupart des scènes sont étirées au-delà du raisonnable. Par exemple, lorsque le garçon « qui veut rester vierge » (sic) contemple la fille endormie, on devine une bonne minute à l’avance qu’il va lui retrousser sa robe et en profiter. Bref, ça traîne sans nécessité. Si seulement quelques personnages montraient un peu d’originalité...
L’image de fin montre que l’hôtel, en ruines, a été remplacé par un gratte-ciel moderne. Et alors ? Manque plus qu’un carton affichant « Message de l’auteur ».
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.