Œuvres citées : Interview – Ratatouille – La fille coupée en deux – La fiancée errante – Time – Shi gan – Vertigo – Così fan tutte – Le fils de l’épicier – Naissance des pieuvres – Caramel – Sukkar banat – La maison – Paranoïak – Disturbia – Fenêtre sur cour – The illusionist – Quand Chuck rencontre Larry – I now pronounce you Chuck and Larry – Certains l’aiment chaud – La bataille du siècle – Sicko
Personnes citées : Theo van Gogh – Vincent van Gogh – Patrick Poivre d’Arvor – Fidel Castro – Steve Buscemi – Sienna Miller – Brad Bird – Claude Chabrol – Benoît Magimel – Ana Katz – Ki-duk Kim – Didier Porte – Éric Guirado – Nicolas Cazalé – Liliane Rovère – Daniel Duval – Céline Sciamma – Nadine Labaki – Manuel Poirier – Sergí Lopez – Bérénice Béjo – Daniel John Caruso – Jzessica Biel – Alfred Hitchcock – Dennis Dugan – Stan Laurel – Oliver Hardy
Réalisé par Steve Buscemi
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 20 janvier 2007
Sorti en France (Festival de Cannes) le 16 mai 2007
Sorti en France le 1er août 2007
Cela ressemble à une pièce de théâtre, puisque, hormis le prologue dans un restaurant, tout se passe dans l’immense salon d’un appartement branché, entre deux personnages seulement. En fait, c’est le remake d’un film réalisé en 2003 par Theo van Gogh, descendant du peintre, cinéaste assassiné par un islamiste marocain.
Pierre, journaliste politique newyorkais, est rétrogradé par son rédacteur en chef pour cause de bidonnages répétés. Ce n’est pas en France qu’on verrait cela, et PPD s’est très bien remis de son interview bidon avec Fidel Castro ! Le voilà donc (Pierre, pas PPD) obligé d’interviewer une jeune actrice, Katya, qui n’a fait que des films de série B et des téléfilms. Il n’a évidemment aucune considération pour cette représentante d’un genre inférieur, mais l’interview, dans le loft de la jeune femme, ne va pas se terminer comme il l’espérait. Croyant partir avec son journal intime, qu’il lui a volé et dont il compte exploiter les détails croustillants, il a dérobé en fait un scénario de série télévisée qu’elle a écrit ! Et, de son côté, elle a enregistré le récit de ses bidonnages à lui et menace de s’en servir. Qui est le perdant ?
C’est un peu moins jouissif et beaucoup moins nouveau que l’on espérait, mais néanmoins assez bien fichu. Simplement, se dégage l’impression d’avoir déjà vu cela, y compris si on n’a pas visionné l’original. Les deux acteurs, Steve Buscemi, également réalisateur, et Sienna Miller, très à l’aise, sont parfaits.
Réalisé par Brad Bird
Sorti aux États-Unis le 22 juin 2007
Sorti en France le 1er août 2007
Pixar étant devenu synonyme de perfection technique, on ne va pas discuter cet aspect : désormais, on peut tout faire en images de synthèse. Très bien.
Et si on s’occupait un peu des scénarios, à présent ? Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de faire incarner « le meilleur cuisinier de France » par un rat d’égoût. En fait, tout est laid chez les personnages du film, et les gags ne sont pas follement drôles non plus.
Reste la méchanceté du dialogue : « Excusez-nous d’être grossiers, mais nous sommes français », dit l’héroïne. Eh oui, on le sait bien, que tout le raffinement du monde a trouvé refuge aux États-Unis !
Réalisé par Claude Chabrol
Sorti en France le 8 août 2007
Encore une histoire sur la pourriture de la bourgeoisie, telle que Chabrol en ressasse depuis presque cinquante ans. Benoît Magimel, ridiculement coiffé, ridiculement habillé – détails qui détournent votre attention et vous empêchent presque de suivre l’histoire –, surjoue les mauvaises manières d’un fils de famille oisif, mais ne convainc pas quand il doit sembler souffrir. C’est que, tout simplement, il n’est pas fait pour cela. Le film paraît terriblement long et vide, et toutes les péripéties surviennent comme on s’y attend. À la fin, parce que Chabrol, comme toujours, ne sait pas comment terminer son film, il place une séquence de magie sur une fille qu’un magicien va couper en deux, histoire de justifier le titre, lequel veut pourtant dire tout autre chose (une femme partagée entre deux hommes), et c’est de la paraphrase primaire.
Je maintiens in extenso ce que j’écris depuis des années : Chabrol, le meilleur technicien de France, est incapable de mettre sur pied un bon scénario. Que celui-ci soit adapté de faits réels quoique anciens, et déjà portés à l’écran, ne justifie pas la paresse du réalisateur et de sa co-scénariste : leur histoire est inintéressante, voilà tout.
Réalisé par Ana Katz
Titre original : Una novia errante
Sorti en France (Festival de Cannes) le 25 mai 2007
Sorti en Argentine le 7 juin 2007
Sorti en France le 8 août 2007
Film argentin. Elle prend le car avec son fiancé pour aller passer quatre jours au bord de la mer, dans un hôtel où ils ont réservé. C’est la nuit, ils se disputent, et lorsqu’elle descend du car, il ne la suit pas. Surprise, elle se retrouve seule. Lui, on ne le verra plus, on l’entendra seulement au téléphone, parfois.
Elle s’habitue plus ou moins bien, et tente de vivre ces quelques jours avec les gens du coin, surtout ceux de l’hôtel, qui par chance sont sympathiques.
Mais enfin, cette histoire ne va pas loin, et elle respire le narcissisme, puisque la réalisatrice est aussi l’interprète et qu’on ne voit qu’elle. On croirait visionner un film français.
Réalisé par Ki-duk Kim
Titre original : Shi gan
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2006
Sorti en Corée du Sud le 10 août 2006
Sorti en France le 8 août 2007
Est-il possible qu’un distributeur français attribue à un film un titre aussi passe-partout ? Il doit bien exister deux cents films qui comprennent le mot time dans leur titre...
Tout au long du film, les personnages s’excusent, ne cessant de répéter qu’ils sont désolés. Cela m’a rappelé la blague de mon copain Didier Porte : peut-on être à la fois riche et de gauche ? Oui, à condition d’être désolé.
Vous me voyez donc désolé d’affirmer que ce film coréen, que certains ont trouvé « romantique » (ils ignorent visiblement le sens de ce mot) m’a semblé plutôt désolant. En tout cas, glacé, sans aucun souffle, aucune fougue, aucun sentiment communicable au spectateur.
L’histoire ? Un critique y a vu un hommage à Vertigo, mais pas un de ses confrères n’a fait allusion à Così fan tutte, l’opéra de Mozart, or c’est une anecdote identique, quoique réduite à un seul couple au lieu de deux, et traitée en drame plutôt qu’en fantaisie : maladivement jalouse, une fille disparaît de sa propre volonté, se fait refaire le visage, et revient séduire son amant. Comme il succombe sans savoir que c’est elle, la voilà... jalouse d’elle-même, on l’aurait parié. Lorsqu’elle lui révèle la vérité, il se venge en disparaissant à son tour pour se faire refaire le visage, et lui fait savoir qu’il n’est plus le même. Elle va désormais passer son temps à le chercher dans tous les hommes qu’elle croise.
Cette idée de vengeance est intéressante, mais traitée platement, et ce qui devait intéresser le spectateur finit par l’ennuyer, tant les péripéties sont prévisibles.
Réalisé par Éric Guirado
Sorti en France (Festival de Cabourg) le 15 juin 2007
Sorti en France le 15 août 2007
Troisième long-métrage d’Éric Guirado (sur France Inter, toujours bien renseignés, ils ont dit « deuxième »), après quelques courts et un documentaire. Antoine, joué par le beau et ténébreux Nicolas Cazalé, velléitaire et qui ne garde jamais longtemps un emploi, doit reprendre à la campagne l’épicerie ambulante de son père hospitalisé. Il est aussi bourru mais moins bon commerçant que son paternel, mais, par chance, une copine l’a suivi, la lumineuse Claire.
C’est bourré de personnages pittoresques et sympathiques, et le film l’est autant. Il bénéficie en outre d’un scénario plus subtil qu’il semble, et qui évite la lourdeur. Un exemple : Antoine rencontre quotidiennement un vieillard, Clément, ancien éleveur veuf, qui vit seul avec ses poules et le paye avec des œufs. Il lui rend de petits services. Un jour, Clément lui demande s’il a « bien rentré les moutons », or le vieillard n’a plus de moutons depuis longtemps. Un scénariste lourdingue aurait fait tout un développement sur le drame de la perte de la mémoire chez les vieillards ; ici, Antoine tique, puis se reprend et répond que « c’est fait ».
Les paysages de la Drôme sont beaux, les interprètes excellents. Mention spéciale à Liliane Rovère, dans le rôle de Lucienne, fabuleuse emmmerdeuse, qui se ferait découper en rondelles plutôt que de paraître gentille. Tout au plus fera-t-on une légère réserve sur ce père, joué par Daniel Duval, trop malade pour continuer son commerce ; en fait, il est si fringant qu’on croirait qu’il vient de gagner à Roland-Garros.
Réalisé par Céline Sciamma
Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2007
Sorti en France le 15 août 2007
Comme c’est un film de femme, il ne met en scène que des filles, les garçons étant réduits au rôle de comparses pas très malins. Mais il faut vraiment s’intéresser aux états d’âme des petites jeunes filles de quatorze-quinze ans pour tenir jusqu’au bout. Sinon, très vite, on sombre dans la torpeur.
Réalisé par Nadine Labaki
Titre original : Sukkar banat
Sorti en France (Festival de Cannes) le 20 mai 2007
Sorti au Liban le 9 août 2007
Sorti en France le 15 août 2007
Hormis le goût bien connu des populations en pays arabes pour tout ce qui est sucré – nourriture ou chansons –, il paraît que le caramel sert aussi aux opérations d’épilation, à la place de la cire chaude. Renseignement capital...
Tout tourne autour d’un salon de coiffure à Beyrouth, dans un Liban d’où la guerre et ses traces ont été gommées. Film de femme, où l’on voit surtout des femmes. L’ennui, c’est que les personnages et leurs existences respectives ont fort peu d’intérêt, du moins pour ce qu’on en voit ici. On en retient surtout que la police, omniprésente, se mêle de tout, y compris de la vie privée de tout un chacun. Mais enfin, la dénonciation de cette inquisition quotidienne, qui d’ailleurs épargne les riches, et que connaissent tous ceux qui ont vécu dans ces pays, n’est pas vraiment virulente, il semble plutôt que ce soit accepté comme inévitable.
Réalisé par Manuel Poirier
Sorti en France le 22 août 2007
Un titre banal pour un film qui, et c’est bien la première fois avec Manuel Poirier, se révèle presque banal aussi. Un homme se prend d’intérêt pour une maison à vendre à la campagne. Le prix est bas, mais il s’agit d’un montant de départ pour une vente aux enchères. Bientôt, il fait la connaissance des filles du propriétaire qui, décédé avec des dettes qu’elles ne peuvent payer, leur a laissé la maison de leur enfance, qu’ainsi elles sont forcées de vendre. Il devient l’amant de l’une des deux.
Sergí Lopez et Bérénice Béjo font ce qu’ils peuvent, mais un je ne sais quoi laisse le spectateur en retrait. C’est honorable, c’est loin d’être passionnant.
Réalisé par Daniel John Caruso
Titre original : Disturbia
Sorti aux États-Unis le 4 avril 2007
Sorti en France le 15 août 2007
Il y avait longtemps qu’on n’avait pas eu un Titre À La Con : aucune paranoïa dans cette histoire, et le film s’intitule en réalité Disturbia. C’est un peu Fenêtre sur cour, mais qui déboucherait sur un film d’horreur assez classique.
Pour avoir frappé un de ses professeurs, un garçon de dix-sept ans et demi est condamné à porter à la cheville un bracelet électronique qui le dissuade de sortir. Certes, c’est très pratique pour faire venir la police quand on a besoin d’elle, ce qui va lui arriver deux fois au cours du récit. Mais enfin, finie la liberté ! C’est ainsi que, réduit, pour s’occuper, à observer ses voisins, il va soupçonner de meurtre un certain Turner, qui habite en face, et qui d’ailleurs drague sa mère. Il sera aidé dans l’élucidation de l’affaire par un copain asiatique plutôt ahuri, et par sa jolie voisine, jouée par Jessica Biel, déjà vue l’année dernière dans le très raté The illusionist.
Mais alors que le film d’Hitchcock, très intellectualisé, se nourrissait de variations sur le mariage, Disturbia se contente de l’anecdote et mise presque tout sur les scènes d’action de la fin, de sorte que le début traîne un peu.
Tous les procédés du film d’horreur sont employés, mais, pour une fois, plutôt à bon escient et sans trop d’excès. Néanmoins, le scénario manque un peu de rigueur. Ainsi, la première séquence du film montre le jeune garçon avouant à son père qu’il va lui-même être père et emménager avec sa petite amie. Mais, un an plus tard, on découvre qu’il n’avait alors que seize ans et demi, et il n’est plus question, ni de la fille ni du bébé qui logiquement aurait dû naître entre-temps. Par conséquent, à quoi rimait cette conversation ?
Réalisé par Dennis Dugan
Titre original : I now pronounce you Chuck and Larry
Sorti aux États-Unis le 12 juillet 2007
Sorti en France le 29 août 2007
Il est fréquent que les films hollywoodiens récents et traitant de l’homosexualité cherchent à faire oublier le côté sexiste et homophobe des films d’autrefois. Moyennant quoi, on a généralement droit à un discours final qui donne dans le genre bien-pensant. À l’occasion, c’est aussi une scène comme celle-ci, qu’on a pu voir il y a quelques années : un garçon a été maltraité pour son homosexualité, mais, à la fin, ses camarades de classe prennent sa défense et se solidarisent en se déclarant tous homosexuels. C’est trop attendrissant, comment résister ?
Ce type de scène est raillé dans le présent film : hétéros et sapeurs-pompiers de New York, Chuck et Larry, pour sauver la retraite du second – ne me demandez pas plus de détails, c’est incompréhensible – ont feints d’être gays, et se sont même mariés au Canada, mais l’Administration considère qu’il y a eu tentative d’escroquerie et les fait passer devant une commission d’enquête ; tous leurs collègues pompiers se déclarent alors complices... mais le juge fourre toute la brigade en prison ! Une grande première dans le genre politiquement incorrect.
La presse semble avoir détesté ce film, lui reprochant des gags lourdingues. La question n’est pas là, on peut recenser une kyrielle de films très estimés, qui fourmillent néanmoins de gags lourdingues. Vous trouvez que Certains l’aiment chaud ou La bataille du siècle (Laurel et Hardy – la plus gigantesque bataille de tartes à la crème de l’histoire du cinéma, trois mille tartes utilisées), c’est très fin ? Ce qui compte, c’est que le scénario n’est pas si bête que ça, que le dialogue est souvent drôle, et qu’on s’amuse franchement. Mais enfin, ce n’est pas non plus le chef-d’œuvre de l’année.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.