Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Téléphone arabe – Ish lelo selolari – Man without a cellular phone – My soul to take – Rebelle – Brave – L’apprenti sorcier – La Luna – 360 – Blindness – Reigen – La ronde – Indigènes – Voie rapide – My best men – A few best men – Priscilla, folle du désert – Easy virtue – Un mariage de rêve – Very bad trip – The hangover – Grease – 80 jours – 80 Egunean – La servante (1960) – Comme un homme – La corde – L’âge bête – Les diaboliques – Vertigo – Terminator – Total recall – Inception – The dark knight rises – Memento – The dark knight – Empire du Soleil – Annalisa – Il paese delle spose infelici – Délice Paloma – Top gun – Les duellistes – Hold-up – Insomnia (1997) – Insomnia (2002) – Veillée d’armes – Madame Solario – Gene Kelly – Terri – L’homme qui n’a pas d’étoile – The man without a star – Guerre et paix – Broken – Shame – Associés contre le crime... – The case of the missing lady
Personnes citées : Sameh Zoabi – Wes Craven – Max Thieriot – Denzel Whitaker – Forest Whitaker – Mark Andrews – Brenda Chapman – Paul Dukas – Fernando Meirelles – Arthur Schnitzler – Max Ophüls – Oscar Strauss – Jamel Debbouze – Christophe Sahr – Johan Libéreau – Stephan Elliott – Alfred Hitchcock – Olivia Newton-Jones – Xavier Samuel – Laura Brent – Kris Marshall – Kevin Bishop – Tim Draxl – Jon Garaño – José Mari Goenaga – Ki-young Kim – Martin Scorsese – Safy Nebbou – Charles Berling – Émile Berling – Pierre Boileau – Thomas Narcejac – Henri-Georges Clouzot – Alfred Hitchcock – Simone Signoret – Paul Meurisse – Charles Vanel – Pierre Larquey – Michel Serrault – Noël Roquevert – Georges Chamarat – Robert Dalban – Jean Lefebvre – Yves-Marie Maurin – Georges Poujouly – Johnny Hallyday – Christopher Nolan – James Cameron – Henri Verneuil – Heath Ledger – Jack Nicholson – Christian Bale – Steven Spielberg – Pippo Mezzapesa – Arcangelo Corelli – Tony Scott – Ridley Scott – Tom Cruise – Steven Spielberg – Erik Skjoldbjaerg – Marcel Ophüls – Laurent Cantet – René Féret – Luchino Visconti – Frédéric Chopin – Marie Féret – Claude Chabrol – Gene Kelly – Alain Masson – Azazel Jacobs – Michael C. Reilly – Bridger Zadina – Michel Ciment – King Vidor – Kirk Douglas – Rufus Norris – Pascal Thomas – Agatha Christie – Clémence de Biéville – Nathalie Lafaurie – Catherine Frot
Réalisé par Sameh Zoabi
Titre original : Ish lelo selolari (et titre international : Man without a cellular phone)
Sorti en Israël en septembre 2010
Sorti en France le 25 juillet 2012
Ce film d’un débutant arabe israélien de 37 ans, tourné dans son village, et qui n’a été présenté que dans des pays arabes et au festival de Montpellier, est un monument d’insignifiance apparente sur un fond grave, mais comme c’est assez joyeusement mené, on lui pardonnera son scénario peu fourni et un peu brouillon. Tout est dans le titre original : au sein d’un village arabe englobé dans le territoire d’Israël, la commune a laissé installer au milieu des champs une antenne destinée à relayer les ondes pour téléphones mobiles. Les gens du coin les plus âgés craignent que ces ondes empêchent les oliviers de pousser et causent le cancer. Parmi eux, un jeune homme quelque peu cancre et guère porté sur la politique, Jawdat, est perpétuellement accroché à son gadget qui lui sert essentiellement à appeler des filles, mais n’en rate pas moins toutes ses tentatives, pourtant louables, puisqu’il drague aussi bien les musulmanes que les juives ou les chrétiennes... Bref, les vieux sont contre le téléphone, et les jeunes sont pour – opposition un peu schématique. On pense à ce qu’un Italien aurait fait de ce sujet à la grande époque de la comédie italienne. Oui, mais alors, il n’y avait pas de téléphone cellulaire !
Politiquement, c’est très correct : le film a été produit à la fois par la France, Israël, l’Autorité Palestinienne, la Belgique et le Qatar.
Réalisé par Wes Craven
Sorti au Kazakhstan et en Russie le 7 octobre 2010
Sorti en France le 1er août 2012
Un film du maître de l’horreur Wes Craven, qui ne sort qu’avec un retard de deux ans, dans une seule salle à Paris (en version originale, en 3D, à raison de seulement trois séances par jour) et une seule en banlieue (en version doublée et en 3D également) ? Pour les distributeurs, bravo ! Et aussi bravo pour l’absence de version en 2D, qui élimine bon nombre de spectateurs. J’ai dû me débrouiller autrement pour le voir. Tentative d’explication : aux États-Unis, le film, qui n’a tenu que quatre semaines, a rapporté 21 millions de dollars alors qu’il en avait coûté 25 !
C’est l’histoire d’un tueur en série, dont on pense qu’il est mort la nuit où sa femme accouchait de leur second enfant. Or, cette même nuit, ce sont sept enfants qui sont nés. S’est-il réincarné dans l’un des sept, y compris son propre fils, lequel ignore qui était son père et va devoir affronter le fait que le tueur semble être revenu seize ans plus tard ?
Assez peu gore, la réalisation est nourrie d’une foule de détails qui enrichissent cette histoire, traitée de manière horrifique mais pas racoleuse. La description des sept jeunes, notamment, est aussi efficace qu’originale. Le personnage principal est joué par Max Thieriot, qui est très bien. Signalons que le seul garçon noir, Jerome, est joué par Denzel Whitaker, qui n’est pas, comme on le croit souvent, le fils de Forest Whitaker !
Réalisé par Mark Andrews et Brenda Chapman
Titre original : Brave
Sorti en Israël en septembre 2010
Sorti en France le 1er août 2012
Merida, princesse de sang royal en Écosse, ne veut pas de son « destin » (ce mot agaçant revient sans arrêt dans le dialogue). Bien sûr, elle ne veut pas non plus choisir son fiancé parmi les quatre princes idiots et laids que sa mère envisage pour elle. Ayant usé de la sorcellerie et transformé involontairement en ourse la malheureuse – qui ne faisait que son travail de reine –, puis après l’avoir traitée de « monstre », elle crée une pagaille innommable, enfin se repend, et tout rentre dans l’ordre après une séquence passablement agitée.
Chez Pixar, on est très fier de sa technique, mais elle est mise, de film en film, au service d’histoires peuplées de personnages de plus en plus laids. Ici, on est vite lassé du physique de l’héroïne, et de sa masse de cheveux rouges, trop longs et que le peigne n’a jamais touchés.
La séquence de la sorcière offre une référence à L’apprenti sorcier de Paul Dukas (le balai magique), et présente le seul gag qui fasse rire : la boîte vocale de la sorcière, qui a dû s’absenter pour quelques mois.
Le film a coûté la bagatelle de 210 millions de dollars, mais, à ce jour, il en a rapporté 341 324 000. Quant à la réalisatrice qui devait le piloter, elle a été virée en octobre 2010 (pour « discordances artistiques »), tout en conservant son nom au générique, car elle avait initié le projet.
Il est précédé d’un court métrage charmant, La Luna, l’histoire de deux employés qui, accompagnés de leur fils et petit-fils, vont balayer la surface de la Lune où se sont accumulées des étoiles tombées dessus et qui font désordre. À la fin, toutes les étoiles repoussées sur le bord, on ne voit plus depuis la Terre qu’un croissant doré. C’est joli et poétique.
Rions : sur un site fréquenté par les homosexuels, une rédactrice a cru déceler que la princesse rebelle du film refusait son « destin » parce que, probablement, elle était lesbienne ! Ben oui, pour se révolter contre ses parents, il faut être homosexuel, forcément. Bien entendu, il n’y a pas un mot, pas une action dans le film, qui accrédite cette ineptie. Mais, comme dans une auberge espagnole, sur ce genre de site, on apporte ce qu’on espère trouver.
Réalisé par Fernando Meirelles
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 9 septembre 2011
Sorti en France le 25 juillet 2012
De Fernando Meirelles, j’avais apprécié Blindness, tiré il est vrai du roman d’un auteur nobélisé. Le nombre 360, quant à lui, s’il exprime des degrés, évoque un tour complet. C’est ce que suggère le titre, confirmé par le dossier de presse, qui rappelle que le scénariste s’est inspiré de la pièce Reigen, d’Arthur Schnitzler. D’ailleurs, une scène du film montre deux personnages faisant en voiture le tour du Ring, célèbre avenue circulaire de Vienne, or Schnitzler est natif de cette ville. Il y eut aussi le film La ronde, de Max Ophüls, qui a illustré ce concept : A rencontre B, B rencontre C, et ainsi de suite, I rencontre J, et J... rencontre A, ce qui boucle la boucle. Thème inusable au cinéma, car il autorise toutes les variations, il suffit de changer les personnages.
Cela dit, et en dépit d’une réalisation classique et qui ne démérite pas, le film n’est pas à la hauteur du film d’Ophüls, lequel tenait par son style (et aussi sa musique, d’Oscar Strauss). Avec 360, l’histoire ne suit pas le canevas linéaire, part dans toutes les directions, les personnages reviennent au lieu de disparaître définitivement – sauf le premier, qui doit revenir à la fin –, et donc le scénario ôte son sens au principe de base. Ne reste que les histoires ; or tous les personnages, non seulement sont inégalement intéressants, mais ne restent pas, pour certains, assez longtemps à l’écran pour nous accrocher un peu (je pense à ce photographe brésilien, qui passe en coup de vent et ne sert qu’à introduire dans la chaîne l’épouse qu’il trompe).
Autre inconvénient, Jamel Debbouze est aussi crédible en dentiste des beaux quartiers qu’il l’était en lanceur de grenades dans Indigènes ! Il faut dire que son personnage ne tient pas une seconde : musulman et amoureux de son assistante, il préfère la licencier pour ne pas succomber à la tentation d’un adultère, puisqu’elle est mariée. C’est vrai, ça, n’oublions surtout pas qu’une femme appartient à son mari ! Et qu’un époux musulman peut, lui, « licencier » son épouse, simplement en prononçant trois fois la formule « Je te répudie » – mais qu’elle ne le peut pas.
Je sais, rien à voir avec le film. Mais il y a des détails que vos journaux ne vous diront jamais.
Réalisé par Christophe Sahr
Sorti en Belgique (Festival de Namur) le 2 octobre 2011
Sorti en France le 8 août 2012
Alex, âgé de 25 ans, vit avec Rachel, et ils ont une petite fille de deux ans. Mais Alex ne sait pas exprimer ses sentiments, et met toute sa passion dans sa voiture – une grosse et puissante voiture, dont on se demande comment il a pu la payer, puisque tous deux sont de petits employés dans un supermarché. Mais sans cela, il n’y aurait pas de film...
Un soir, alors qu’il roulait trop vite, comme d’habitude, sur une voie rapide, il renverse et tue un jeune homme. Il prend la fuite, fait réparer les dégâts matériels par un copain auquel il avoue la vérité, mais ne dit rien à sa compagne. Néanmoins, le remords le ronge, et il s’arrange pour connaître la mère de sa victime. Comme il revient la voir sans aucune raison, elle devine qu’il est l’auteur de l’accident, lui révèle qu’il n’a rien à se reprocher car son fils s’est jeté sous la première voiture venue afin de se suicider, et là, cliché, se place la scène de trop : ils se caressent amoureusement et sont à deux doigts de coucher ensemble !
Puis Rachel tente de quitter Alex parce qu’elle ne supporte plus ses sautes d’humeur, il essaie d’envoyer dans le décor son copain mécanicien et sa voiture, endommage une fois de plus la sienne, et se trouve à deux doigts de se suicider lui aussi. Mais une réconciliation avec Rachel semble pointer, et le film s’arrête là.
Johan Libéreau est le principal attrait de cette histoire, construite à partir d’une bonne idée, mais gâchée par une réalisation qui a les défauts habituels propres aux cinéastes débutants : la manie de la caméra portée qui filme de (trop) près le moindre mouvement des acteurs, sans aucune raison dramatique – du genre : il ouvre la porte d’un frigo, la caméra se penche pour montrer le contenu du frigo. Passionnant. Collez là-dessus des conversations insipides à base de « Génial ! » et de « Super ! », sonorisez avec du rap en fond sonore, et vous avez un film qui partait bien, mais gâché à l’arrivée.
Réalisé par Stephan Elliott
Titre original : A few best men
Sorti aux États-Unis (Festival de Mill Valley) le 14 octobre 2011
Sorti en France le 8 août 2012
Comment A few best men devient-il My best men pour la distribution en France, ne cherchez pas à comprendre. Hypothèse : les Français ne connaissent pas le mot few. Mais savent-ils, au moins, qu’un best man est un garçon d’honneur dans un mariage ? Et les critiques professionels (qui ont tous écrit la même chose), que Stephan Elliott n’a pas seulement réalisé Priscilla, folle du désert, mais a également fait un remake très réussi d’un film d’Hitchcock, Easy virtue, sorti en 2008 sous le titre français Un mariage de rêve ? Tous, encore, à propos du présent film, ont évoqué le faux Very bad trip, qui s’intitulait en fait The hangover – personne, absolument personne, n’a dénoncé les titres bidons, faussement anglais, des films distribués en France –, et ont estimé qu’il était meilleur que le film d’Elliott, ce qui est un peu exagéré.
Passons.
David est un jeune Londonien très beau et très gentil, qui a rencontré la fille de ses rêves en vacances sur l’île de Tuvalu. De retour en Angleterre, il annonce la catastrophe, son prochain mariage, à ses trois meilleurs amis, lesquels insistent pour en être les témoins. Problème : la cérémonie se passera chez la mariée, en Australie.
Tout le monde a compris que ce sera une série de calamités, provoquées par les trois zigotos. Ce n’est pas racontable – trop compliqué, trop scatologique –, mais tout s’arrange in extremis, comme prévu.
J’avoue n’avoir pas fait la fine bouche, comme d’autres aux sphincters trop serrés (tous les sphincters). Les acteurs en font des tonnes, comme c’est prévu sur leur contrat. Olivia Newton-Jones, peu vue depuis Grease, s’amuse beaucoup à « casser son image », comme on dit chez les communicants du Boulevard Saint-Germain. Xavier Samuel et Laura Brent sont adorables (et non pas « fades », ainsi qu’il faut dire pour exprimer sa mauvaise humeur), et les trois copains catastrophiques, Kris Marshall, Kevin Bishop et Tim Draxl, sont très drôles. Quant aux paysages australiens, on en redemande.
Réalisé par Jon Garaño et José Mari Goenaga
Titre original : 80 Egunean
Sorti en Espagne (Festival de San Sebastián) le 23 avril 2010
Sorti en France le 13 juin 2012
Dû à deux réalisateurs faisant leur premier long métrage de fiction, c’est aussi le premier film que je vois, parlant basque ! Il se déroule à Donostia – nom basque de San Sebastián, une belle ville que je connais bien et où j’ai travaillé. Axun, 70 ans, y vit avec son mari Juan Mari (justement !), qui n’est guère capable de se débrouiller sans elle. Leur fille réside aux États-Unis, et l’ancien compagnon de cette fille, Mikel, est hospitalisé à la suite d’un accident. Axun le connaît à peine, mais va lui rendre visite à l’hôpital, où le blessé reste inconscient – il va d’ailleurs mourir peu avant la fin du film. Dans la même chambre que Mikel, un autre malade est veillé par sa sœur, Maïté, qui se trouve être une amie d’enfance d’Axun, perdue de vue depuis... cinquante ans !
Comme leur jeunesse se déroulait sous la dictature de Franco, elle n’ont jamais osé céder à leur attirance mutuelle. Axun, plus tard, s’est mariée, tandis que Maïté a vécu avec plusieurs femmes, en cachette évidemment.
Le film conte comment elles sont à deux doigts de renouer vraiment, mais Axun est devenue passablement puritaine et conformiste, et lorsque son mari, qui trouve bizarres ses fréquents séjours à l’hôpital, croit qu’elle le trompe avec un homme, il fait un éclat, et Axun préfère tout arrêter.
Les deux femmes se reverront bien plus tard (au 974e jour, dit un titre sibyllin), après la mort de l’époux encombrant, mais n’iront pas plus loin.
Le film est honorablement conçu et réalisé, et ne tombe jamais dans le militantisme balourd qu’on aurait pu craindre. Et puis, pour une fois qu’on ne montre pas au cinéma les problèmes de « cœur » des trentenaires... Il ne passionne pas vraiment, néanmoins, n’a obtenu qu’un succès relatif, mais a été vu dans près de cent festivals, où on l’a primé abondamment !
Réalisé par Ki-young Kim
Titre original : Hanyo
Sorti en Corée du Sud le 3 novembre 1960
Ressorti au Japon le 20 octobre 2008
Sorti en France le 15 août 2012
D’abord, une petite parenthèse : tous les journaux, comme d’habitude, répètent stérilement ce que dit le dossier de presse, que la World Cinema Foundation de Martin Scorsese s’est occupée de faire restaurer (par la firme coréenne HFR) ce film qui date de... 1960. Il avait du temps à perdre, Scorsese, car c’est un film assez ridicule, du point de vue occidental, puisque les sensibilités européennes sont aux antipodes, c’est le cas de le dire, des goûts asiatiques. Et puis, les acteurs sont médiocres, celui qui interprète le professeur de piano ne sait visiblement pas en jouer, et le son est souvent mal synchronisé avec les paroles et les gestes. Exemple : une fille tape successivement trois fois la même note sur le piano, mais on n’en entend que deux ! Ce type de bévue est facile à corriger sur la piste sonore (je l’ai déjà fait), mais ici, les « restaurateurs » ne se sont pas donné ce mal. Martin, tu ne tiens pas tes troupes !
On rapporte aussi que le film n’a jamais été vu en France. Mille regrets, mais je l’ai vu le 25 septembre 2010 – enregistré sur un DVD fabriqué par moi, dans la version sous-titrée en anglais, en japonais et en français. Il était sorti au Japon le 20 octobre 2008, dans cette version précisément. Le distributeur français a donc attendu quatre ans de plus. Il s’agissait bien de la version restaurée, comme en attestent les cartons d’entrée, où le nom de Scorsese figure en effet.
Enfin, il y a ce très mauvais critique, Xavier Leherpeur, qui, sur France Inter, a prétendu que le distributeur français du film, la société Carlota, avait fait « un travail magnifique » de rénovation du film. Comme dit plus haut, la rénovation a été faite par les Coréens, et personne d’autre ! Toujours bien renseignés, les journalistes français.
La restauration, d’ailleurs, n’a pas été tout à fait complète, car certaines scènes sont perdues. On s’en aperçoit à la quarante-quatrième minute, où l’on a utilisé comme rustine une copie en mauvais état : les coupures, quoique courtes, sont nombreuses sur deux ou trois minutes. De même à la cinquante-quatrième minute, mais moins longtemps.
Sur le film lui-même, qui fait dans le thème « L’adultère, c’est mal, et vous serez puni si vous y succombez », je vous renvoie à ce que j’en avais écrit, ICI. Pas un mot à changer. Certes, les critiques vont couvrir le film de fleurs, ce qui ne garantira pas son succès. J’avais préféré le remake, qui, lui, a été assassiné par les mêmes critiques, alors qu’il moralisait beaucoup moins, et même pas du tout. En tout cas, la construction de cette première mouture est curieuse, puisque le couple qui commente au début un fait divers lu dans le journal joue ensuite les rôles du couple dont il parle. À la fin, quand tous les personnages principaux sont morts, ce couple revient, et le mari énonce la morale de l’histoire dont je parlais plus haut. C’est un peu dur à gober.
Réalisé par Safy Nebbou
Sorti en France (Festival des Champs-Élysées) le 10 juin 2012
Sorti en France et en Belgique le 15 août 2012
Charles Berling doit être très fier que son fils Émile, âgé de 21 ans et qui a quelques bons films à son actif, soit la vedette de celui-ci, quand lui-même n’a que le deuxième rôle. Mais cela ne suffit pas, et disons-le, Émile, mal dirigé, incarnant un personnage incohérent, ne convainc pas.
Bref, Louis Verdier, censé avoir seize ans (on voit bien qu’il en a davantage), être en première et très doué pour les études, fils du proviseur de son lycée, est l’ami de Grégoire Delcourt, un cancre assez violent pour avoir menacé d’un couteau le méchant professeur d’anglais, une jeune femme, Camille – donc il est à deux doigts d’être renvoyé. Greg et Louis, par vengeance – alors que Louis n’a aucun motif, puisqu’il n’est pas élève de ce professeur –, enlèvent la malheureuse, avec l’intention de la séquestrer, puis de la délivrer vingt-quatre heures plus tard, nuitamment et en plein bois. Mais, le moment venu, Greg se ravise et décide de prolonger d’un jour ou deux le supplice de la pauvre femme, au grand dam de Louis, lequel, néanmoins, sous l’emprise de son aîné comme dans La corde, accepte. Mais Greg meurt dans un accident ! Dès lors, Louis, sans la relâcher – ce qui reste incompréhensible –, va s’occuper de la prisonnière, la nourrit, lui fournit chauffage et moyens de se laver, fait un peu le voyeur, etc., jusqu’à ce qu’elle s’évade. Alors, il l’abat d’un coup de revolver, arme dont on se demande pourquoi son père en possédait une, les proviseurs de lycée étant rarement dans la nécessité de porter une arme. Elle est hospitalisée, et Louis va en prison. Scène ambigüe, Louis et son père se sourient au moment de la séparation.
Si le début est plausible, le scénario sombre quand Louis est seul face à la prisonnière, car son comportement n’a plus aucune base solide. On tente vainement de le justifier en nous apprenant qu’il est perturbé parce que sa mère est morte dans un accident de voiture dont son père est responsable, mais c’est un peu mince. Les gens indulgents avancent que le film est adapté d’un roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, L’âge bête, et que Clouzot et Hitchcock ont aussi utilisé ces auteurs. Ce qui ne justifie rien ! Clouzot, pour Les diaboliques, avait gommé les criantes invraisemblances du sujet en misant tout sur des acteurs exceptionnels, Simone Signoret, Paul Meurisse, Charles Vanel, Pierre Larquey, Michel Serrault, Noël Roquevert, Georges Chamarat, Robert Dalban, Jean Lefebvre, et même quelques enfants très doués, Yves-Marie Maurin, Georges Poujouly, et... Johnny Hallyday en figurant de douze ans ! Quant à Hitchcock, il avait carrément fait réécrire l’histoire sans même lire le roman, en en modifiant la fin, ce qui lui avait valu un procès des deux auteurs, procès qu’ils ont gagné, avec cette conséquence que Vertigo a été interdit en France pendant plus de vingt ans.
Si bien qu’on ne sait plus comment classer ce film, et encore moins comment le défendre. Aussi n’essaierai-je pas.
(En outre, je suis un adversaire des éoliennes, et je vois mal pourquoi il y en a tant dans ce film)
Avant-hier sur France Inter, l’émission Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert, diffusée de onze heures à midi, s’intéressait aux blockbusters, ces films annoncés à grand fracas publicitaire, qui occupent des centaines de salles chez nous (des milliers aux États-Unis), et dont on veut nous faire avaler qu’ils sont « cultes » avant même qu’un seul spectateur les ait vus.
D’abord, je précise que je n’aime pas le ton employé par les deux animateurs et leurs invités, tous « d’un snob à vous recroqueviller la cravate dans le sens de la largeur », comme avait écrit naguère un critique de cinéma qui avait du style. Ce snobisme consiste avant tout à détester ce que la majorité aime, à aimer ce qu’elle déteste, et à manier constamment le paradoxe. Par exemple, les films de Stallone ou de Schwarzenegger (Terminator ou Total recall) sont sublimes, rions ! et ceux de Christopher Nolan relèvent de la bouse la plus épaisse.
Et pourtant, à l’écoute des dernières minutes de cette émission, je jubilais, car les trois compères du jour ont descendu en flammes Inception, que j’avais haï du plus profond de mes tripes – ce qui m’incite aujourd’hui à traîner les pieds pour aller voir The dark knight rises. Car, de la discussion qui reprenait quelques-uns des arguments que j’avais utilisés pour dire mon dégoût de ce premier film, il ressortait que, contrairement à James Cameron qui est canadien, ne travaille pas à Hollywood et s’ingénie à fourguer à ses admirateurs naïfs de grands films de gauche, Nolan, bien que britannique, est un pur produit du système hollywoodien, en respecte les canons publicitaires et de marketing, et surtout, s’emploie en permanence à ancrer dans la tête du public que LUI est un intellectuel et que ses films font penser. J’avais notamment écrit qu’Inception évitait au public « toute occasion de réfléchir en l’écrasant littéralement sous les scènes d’action à base de trucages spectaculaires », et que « ce festival de masturbation intellectuelle [évoquait] la profondeur comme le ferait un tire-bouchon ». Dans Memento, Nolan utilisait déjà ce procédé, écrire un scénario incompréhensible mais que le spectateur doit feindre d’avoir compris s’il ne veut pas passer pour un fieffé imbécile. Et il m’est arrivé, ayant déclaré que je n’aimais pas Inception, de m’entendre rétorquer que c’était parce que je n’y avais rien compris !
Il y a quelques années, Henri Verneuil, invité au Tribunal des flagrants délires, avait eu ce propos : « Contrairement aux Français, les cinéastes des États-Unis ne se soucient pas de paraître intelligents ». Sous-entendu, ils se soucient davantage de bien raconter leurs histoires. Pas bête, Verneuil, même s’il faisait d’assez mauvais films. Eh bien, aux États-Unis, ils ont à présent un cinéaste qui meurt d’envie de paraître intelligent ! Et qui réussit, puisqu’il est, à présent, mondialement adulé.
Au fond, de Nolan, seul The dark knight tient la route, mais c’est surtout grâce à l’interprétation éblouissante du très pince-sans-rire Heath Ledger, dont il n’existe plus l’équivalent nulle part et qui, dans le même rôle du Joker, avait écrasé Jack Nicholson, pourtant pas banal lui non plus. Chacun a remarqué que le pauvre Christian Bale était plutôt transparent dans le rôle de Batman. Il n’est pourtant pas le pire acteur du cinéma mondial : dirigé par Spielberg, qui s’y connaît en direction d’enfants, il était magnifique, à douze-treize ans, dans son premier rôle d’Empire du Soleil.
Réalisé par Pippo Mezzapesa
Titre original : Il paese delle spose infelici
Sorti en Italie le 11 novembre 2011
Sorti en France le 1er août 2012
Le distributeur français est bien aimable d’avoir simplifié le titre selon l’ingénieuse méthode consistant à utiliser le nom du personnage central. Mon Dieu, où vont-ils chercher tout ça ? Mais c’est que « Le pays des épouses malheureuses » est un titre trop intellectuel pour le public de cheu nous...
Cela dit, il y a quelque chose qui ne va pas, dans ce film. Certainement l’impression d’avoir vu cela mille fois, et en mieux. De sorte que ce film de 82 minutes, on en souhaite vite la fin. Je ne prends même pas la peine d’en donner un résumé (le pitch, comme disent les grands professionnels des médias), car vous seriez mort d’ennui avant la fin du paragraphe, pourtant court, nécessairement.
La fille est bien jolie (elle était Paloma dans l’excellent Délice Paloma, en 2007) ; les deux garçons, dont l’un est bizarrement affublé du surnom de Veleno (« poison »), apparaissent plutôt transparents ; et l’intrigue tient au dos d’un ticket de bus. Je me suis seulement demandé ce que la Sonate pour violon de Corelli venait faire là pour musiquer l’ultime séquence. Néanmoins, si on n’a vu aucun film italien dans l’année, on peut se laisser tenter.
On apprend ce matin le suicide de Tony Scott : il a sauté d’un pont, et a laissé une lettre confirmant son intention de mourir.
Tony Scott était le frère moins connu de Ridley Scott, assez mauvais réalisateur, mais qui est une vedette du métier, on se demande pourquoi. La petite notoriété de Tony venait surtout de Top gun, film d’acrobaties aériennes assez réussi, et qui a fait la célébrité de Tom Cruise. Ce qu’on sait moins, c’est que Tony Scott a débuté comme acteur dans le premier film de son frère, un court métrage (voir ICI). Ce petit film est présent sur le DVD du premier long métrage de Ridley Scott Les duellistes, sa seule réussite artistique. Il y jouait un lycéen qui fait l’école buissonnière pendant une journée. Le film est en noir et blanc et n’a pas un énorme intérêt. C’est ce qu’on réalise quand on débute : on tourne sans le sou avec les membres de sa famille. Mais enfin, tout le monde ne devient pas Spielberg.
Réalisé par Erik Skjoldbjaerg
Titre original : Nokas
Sorti en Norvège le 1er novembre 2010
Sorti en France le 15 août 2012
Encore un film basé sur des faits réels, mais cette fois, c’est vrai ! Le plus retentissant et le plus juteux hold-up commis en Norvège, qui a eu lieu le 5 avril 2004 à Stavanger, dans la banque Nokas, est reconstitué ici, sur les lieux de l’action. Onze hommes ont réussi à voler 57 millions de couronnes norvégiennes, l’équivalent de huit millions d’euros – on n’a retrouvé que six millions –, et ont abattu un policier. S’ils ont eu tant de difficultés alors que, parfaitement préparés, ils s’attendaient à faire le coup en quelques minutes, c’est, d’une part, à cause d’une vitre particulièrement difficile à briser (c’est le thème de l’affiche, et un peu le clou du film !), et, d’autre part, parce que la police avait eu vent que quelque chose se tramait, et qu’elle était prête elle aussi à intervenir.
Le film, réalisé avec une caméra portée, sans vedette (vous avez déjà entendu parler d’une vedette norvégienne ?) et sans musique sauf pendant les récapitulatifs de fin, adopte le style du reportage et brille par son authenticité. Comme dit plus haut, on a tourné sur les lieux réels, et jusque dans l’appartement des véritables cambrioleurs, dont on espère qu’ils ont touché un petit quelque chose pour les indemniser. Le seul point qui ne corresponde pas à la réalité est la durée du film : le braquage a été fait en vingt minutes, mais il dure plus d’une heure à l’écran, car il fallait détailler plusieurs actions se déroulant en même temps.
Petit détail amusant : la Norvège est un pays paisible, et, entre 1994 et 2004, la police n’y a tiré que... 79 balles. Dont 48 pendant le braquage ici décrit !... De quoi flanquer la diarrhée verte aux habitants de Chicago, New York, Los Angeles... ou Marseille.
Le réalisateur possède un autre titre de gloire : il est l’auteur du film Insomnia, sorti en 1997, et dont Christopher Nolan a fait un remake cinq ans plus tard. Et donner des idées à Nolan, quel honneur !
Sur France Inter, chaque jour ouvrable et jusqu’à vendredi 24, à midi moins dix, Marcel Ophüls raconte en une dizaine de minutes sa vie personnelle et professionnelle. Or la médiocrité du personnage se révèle de plus en plus, à tel point qu’aujourd’hui, je le tiens pour un crétin authentique.
Outre le fait qu’il a flingué à deux reprises Simone Veil pour des raisons futiles, il a révélé ce jour avoir viré Laurent Cantet, qui avait été son assistant sur le film Veillée d’armes, un reportage sur la guerre à Sarajevo. Laurent Cantet s’est révélé comme un grand réalisateur, qui ne filme pas pour ne rien dire, et sa Palme d’or à Cannes pour Entre les murs n’était pas volée ; or, à Cannes, c’est très rare de mériter le prix le plus prestigieux. Mais quelle faute majeure avait-il commise, pour se faire renvoyer brutalement par Marcel Ophüls ? Vous allez voir l’étendue de son crime.
Chargé de réserver les chambres d’hôtel pour l’équipe du tournage, il avait obtenu pour Ophüls, son patron, une chambre donnant sur la gare – alors que Sa Majesté aurait voulu une chambre donnant sur la mer ! Abominable, n’est-ce pas ? Du temps d’Henri IV, on l’aurait écartelé, pas moins, cet ignoble Cantet. Être mis au chômage, c’était le minimum.
Lorsque Cantet a été couronné à Cannes, Ophüls lui a téléphoné pour le féliciter, et il paraît que Cantet a été très froid. Non ? Sans blague ? Quel sale caractère, ce Cantet !
Réalisé par René Féret
Sorti en France le 22 août 2012
Il paraît que René Féret conseille d’oublier Visconti quand on visionne son film. En effet, c’est plus prudent ! Jamais on n’a autant regretté la mort du maître italien, car ce scénario pervers, que Féret a tiré d’un roman (voir ci-dessous), avait tout pour lui plaire, et l’inceste, il en a déjà parlé.
La mère de Nelly et Eugène, veuve, a épousé un sale type, qui a fait du gringue à sa belle-fille. Or le frère de ladite, qui en est amoureux (on sent venir à des kilomètres leur scène de coucherie), a tiré sur le beau-père, sans toutefois réussir à le tuer. La famille a étouffé l’affaire, envoyé le garçon au Chili, et la fille a épousé un homme riche, dont elle a divorcé ensuite. Pas très argentée, elle séjourne au bord du Lac de Côme, dans l’espoir de séduire un homme riche, or les pigeons éventuels ne manquent pas. Mais son frère revient, complètement fauché. Les deux se révèlent comme des êtres malfaisants, qui sèment le malheur autour d’eux. Et, en effet, un aristocrate russe et violent se suicide...
La réalisation, en caméra portée, truffée de plans trop rapprochés – ce qui est une hérésie dans un film en costumes et décors somptueux –, est farcie d’erreurs de scénario, de dialogue et de mise en scène. En voici un florilège.
Un personnage joue au piano la Septième Valse de Chopin... mais la musique commence avant que ses mains s’approchent du clavier. Donc le réalisateur ne sait pas faire un mixage. Le personnage du frère dit à sa sœur « Tu te rappelles DE moi », horrible faute de syntaxe que nul ne commettrait dans ce milieu riche et bien éduqué. Ce qui est pittoresque, puisque, quelques minutes plus tard, sa sœur le complimente par un « Tu parlais si bien quand tu était petit, tout le monde admirait tes belles phrases ». Sic. Puis Eugène affirme qu’en fréquentant la haute société de l’hôtel où ils résident tous, il « risque de se remettre à flot ». C’est donc un risque ? Féret ne connaît pas le français. Le même frère mentionne le pistolet dont il s’est servi pour tirer sur le beau-père, mais on voit l’arme à deux reprises, et c’est un revolver. Donc Féret ignore tout des armes. Plus tard, on présente Eugène à un couple assis, et la femme... se lève ! Par conséquent, Féret ne connaît pas les bonnes manières. C’était donc le moins fait pour réaliser un film se déroulant dans la haute société. Visconti était comte, lui, et fils d’un duc...
J’arrête. On comprend pourquoi les chaînes de télévision et le Centre national du Cinéma lui ont refusé toute avance pour faire son film. D’autant plus que, pour la quatrième fois, Féret en fabrique un pour donner un rôle à sa fille Marie... qui n’a jamais joué avec un autre réalisateur. Le népotisme, Chabrol n’en avait pas le monopole. À ce propos, on a du mal à croire que ce personnage de Nelly, avec son physique, disons, euh, moyen, séduise les hommes – au contraire de Cyril Descours, qui joue le frère, et qui est beaucoup plus attrayant.
René Féret signe le scénario, mais son histoire est tirée d’un roman anglais portant le même titre, publié en 1956 sans nom d’auteur, et qui a connu un immense succès – un peu parce qu’on l’avait attribué, à tort, à Winston Churchill ! En fait, l’auteur était une femme, une grande bourgeoise, Gladys Huntington, née à Philadelphie en 1887 et qui a beaucoup vécu en Europe. Elle s’est suicidée en 1959.
Aujourd’hui, 23 août 2012, c’est le centième anniversaire de la naissance de Gene Kelly. Vous avez entendu quelqu’un évoquer cet évènement ?
Non, évidemment.
Je serai donc le seul. Et je vous invite à lire la seule biographie de Gene en français. Elle s’intitule simplement Gene Kelly, et elle est due à un universitaire très bien renseigné, Alain Masson. À lire absolument.
Réalisé par Azazel Jacobs
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 22 janvier 2011
Sorti en France le 8 août 2012
Le film n’a pas grand succès, pour deux raisons : il déroute par la lenteur de certaines scènes, comme la première que l’on voit entre Terri et le proviseur, et il rebute par la conception de certaines autres, y compris sur le plan du comportement des personnages – encore le proviseur Fitzgerald, excellent Michael C. Reilly, mais très improbable chef d’un établissement scolaire !
Bref, Terri est un lycéen obèse, et qui, sans parents, vit avec son oncle, lequel n’a pas toute sa tête. Au lycée, bien entendu, on le raille, et son proviseur tente de l’épauler par des entretiens hebdomadaires (et donc, l’exempte de cours au même moment !), qu’il dispense aussi à deux ou trois autres élèves encore plus tordus. Le plus bizarre est Chad, très jeune garçon sarcastique, cynique, et qui a la manie de... s’arracher les cheveux. Il y a aussi Heather, une fille qui a eu la faiblesse de laisser un camarade masculin lui mettre un doigt dans, euh... ce que vous imaginez, et cela, durant un cours ! Le garçon a été renvoyé, mais Terri est intervenu pour affimer qu’Heather n’était pas consentante, ce qui n’est qu’à moitié vrai, et lui a sauvé la mise. Tous deux deviennent amis, mais Chad s’immisce dans ce couple très chaste.
Si le film est à voir, c’est malgré les restrictions ci-dessus, puisque rien n’y est normalisé : nous sommes loin du cinéma formaté qui a cours un peu partout. On n’est pas surpris qu’il soit d’abord sorti au festival de Sundance.
À l’exception de Michael C. Reilly, les acteurs sont inconnus, sauf Bridger Zadina, l’interprète de Chad, qui a dix-huit ans et a fait beaucoup de télévision. Il n’est pas dénué de talent.
Dimanche soir, sur France Inter. Le masque et la plume n’ayant pas mis au sommaire The dark knight rises, de Christopher Nolan, quand le film est sorti le mois dernier, les auditeurs ont protesté. Seul Michel Ciment a vu le film (sans doute parce qu’il n’y a pas eu de présentation à la presse, et parce qu’il habite près de la meilleure salle qui le passe, le Max-Linder ! À quoi tiennent les choses...), et donne son opinion : il ne participe pas à la folie collective qui a placé ce réalisateur sur un piédestal, et avoue n’avoir rien compris à Inception !
Du coup, je me sens moins seul. Lorsque j’avais proclamé avoir détesté ce film, on m’avait fait la même objection face à ce blasphème : c’était parce que je n’avais rien compris, évidemment ! Ben voyons, je débute, mon quotient intellectuel est inférieur à la pointure de mes souliers, et je ne connais rien au cinéma. De plus, comme naguère m’avait écrit une faiseuse de sous-titres, furieuse que je l’aie égratignée, je suis inculte et ne lis que « Voici ».
Un mot en passant sur la concience professionnelle des critiques de cinéma : on pourrait croire que ces gens AIMENT le cinéma. Or, des quatre critiques de l’émission citée plus haut, un seul s’est dérangé pour aller voir The dark knight rises, parce qu’il eût fallu aller le voir en salle, et que ces messieurs-dames ne se dérangent que si on les invite. À ma connaissance, seul Alain Riou, qui ne participait pas à l’émission ce soir-là, va toujours voir les films en salles, mais les autres sont trop grands seigneurs pour aller se mêler au vulgum pecus.
Réalisé par King Vidor
Titre original : The man without a star
Sorti aux États-Unis le 24 mars 1955
Sorti en France le 19 octobre 1955
Le maître King Vidor n’a eu que quatre semaines pour réaliser ce western, car la vedette Kirk Douglas avait un autre engagement ensuite, et, en outre, lui-même a dû abandonner le tournage pour aller tourner Guerre et paix ! Si bien qu’une scène capitale, où le bétail s’emballe, a été réalisée par une autre équipe...
L’histoire est classique : Dempsey, un éternel errant, sauve la vie d’un jeune homme qui allait être pendu pour un meurtre dont il est innocent. Il s’attache à lui et fait un peu son éducation d’homme, mais on devine que certaines circonstances vont les séparer provisoirement, avant qu’ils se réconcilient peu avant la fin. Tout cela sur fond d’ambitions diverses, où s’opposent une femme arriviste et deux groupes d’éleveurs.
Aucune surprise, et le film est court. Mais on peut le voir sans déplaisir. À noter deux exploits de Kirk Douglas : il chante en s’accompagnant au banjo, et surtout, il fait un numéro de jonglerie spectaculaire avec son revolver, scène qui a sans doute dû lui demander des semaines de répétition !
Réalisé par Rufus Norris
Sorti en France (Festival de Cannes) le 17 mai 2012
Sorti en France le 22 août 2012
Ridicule ! Soixante-cinq films ou téléfilms portent ce titre...
Embarrassant : comme pour Shame, j’ai détesté ce film, n’aimant ni les personnages, ni ce qui leur arrive, ni l’ambiance misérabiliste qui baigne tout le récit. Or je ne peux pas non plus prétendre que le scénario est mauvais : il est ramifié, pas simple, mais il est solide et pas inintéressant. Je ne peux non plus affimer que les acteurs sont mauvais ; au contraire, ils sont excellents. Et, last but not least, impossible de dire que la mise en scène est mauvaise, elle est irréprochable.
Il s’agit donc d’un rejet qui m’est tout à fait personnel, et je ne reverrai Broken en aucun cas. Mais après tout, je n’incite personne à me suivre. Si j’avais voulu être impartial en toutes circonstances, je n’aurais pas écrit sur le cinéma, qui est soumis à l’appréciation passionnée de ses spectateurs.
C’est pourquoi le verdict sera mi-chèvre mi-chou : « À fuir » pour moi, « À voir » pour autrui.
Réalisé par Pascal Thomas
Sorti en France le 22 août 2012
Le dossier de presse a beau prétendre que le film est tiré d’une nouvelle d’Agatha Christie, The case of the missing lady, c’est une imposture : on n’a conservé que le TITRE d’un recueil de nouvelles, et, franchement, je ne crois pas que Dame Agatha ait jamais écrit une histoire aussi idiote que de cette course au procédé de rajeunissement, partiellement basé sur l’astrologie, et qui permet de ramener instantanément un vieillard à l’état de bébé, ou inversement ! Il serait temps que Pascal Thomas cesse de tirer sur la ficelle et d’exploiter le seul nom d’une romancière qu’il n’a jamais connue !
Cela dit, s’il se contentait de dire que le scénario est seulement de lui, de Clémence de Biéville et de Nathalie Lafaurie, cela passerait, puisque le film est manifestement une parodie. Mais la majorité des spectateurs font la moue, car le film est assez languissant, n’a aucun rythme, et, encore une fois, l’histoire est stupide. Seuls les décors naturels de la Suisse retiennent l’attention.
Et puis, le réalisateur ferait bien de soigner un peu ses dialogues. Ainsi, Catherine Frot donne plusieurs fois du « Mon général » à un général, ce qui est incongru dans la réalité (elle n’est pas sous ses ordres !).
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.