Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Sœur Sourire – La pilule d’or – Citizen Kane – Bienvenue chez les Ch’tis – Jo – Le clan des Siciliens – La gifle – La boum – La grande vadrouille – Incognito – Good morning England – Good morning Vietnam – Quatre mariages et un enterrement – Love Actually – Un mariage de rêve – Easy virtue – Priscilla, reine du désert – Un autre homme – Le sens de la vie pour 9,99 $ – 99 F – Toute l’histoire de mes échecs sexuels – La soif du mal – Touch of evil – Millénium – Män som hatar kvinnor – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes – Anges et démons – Da Vinci code – Chut, chut, chère Charlotte – Anti-Christ – Breaking the waves – Rupture – Heureux anniversaire – Le soupirant – J’écris dans l’espace – Yoyo – Tant qu’on a la santé – Le grand amour – Pays de cocagne – Les dents de la mer – Looking for Éric
Personnes citées : Jeannine Deckers – Cécile de France – Bernard Achour – Peter Fondu – Arthur – Mathilde Seigner – Louis de Funès – Bénabar – Frank Dubosc – Pierre Palmade – Grichka Bogdanoff – Igor Bogdanoff – Patrick Pelloux – Richard Curtis – Stephan Elliott – Terence Stamp – Noel Coward – Alfred Hitchcock – Ben Barnes – Jessica Biel – Kristin Scott Thomas – Lionel Baier – Robin Harsch – Tatia Rosenthal – Gérard Depardieu – Catherine Deneuve – Orson Welles – Charlton Heston – Janet Leigh – Marlene Dietrich – Stieg Larsson – Ron Howard – Dan Brown – Tom Hanks – Ewan McGregor – Michel-Ange – Gianlorenzo Bernini – Robert Aldrich – Bette Davis – Olivia de Havilland – Joseph Cotten – Charlotte Gainsbourg – Lars von Trier – Pierre Étaix – Charles Chaplin – Federico Fellini – Jerry Lewis – Jacques Tati – Jean-Claude Carrière – Steven Spielberg
Réalisé par Stijn Coninx
Sorti en France le 29 avril 2009
Ne pas se laisser abuser par le titre, qui évoque la niaiserie d’une chanson envahissante, alors que le film est l’histoire d’une révolte contre les conventions. Jeannine Deckers était tout sauf gnangnan, mais elle accumulait les erreurs, ce qui a tourné au tragique. En porte-à-faux avec ses parents, de médiocres commerçants belges, elle ne rêvait que de devenir missionnaire en Afrique, tout en cultivant son goût pour le dessin et la musique pop ! Sa première erreur fut de ne fuir sa famille que pour entrer dans une famille bien pire, l’Église. Lorsque, perpétuellement en rébellion contre la règle, elle obtint qu’on lui rende sa guitare et qu’un hasard fit d’elle une vedette, cela ne dura pas, puisqu’elle rompit avec son couvent... mais perdit du coup le droit d’utiliser son nom d’artiste. Et lorsqu’elle s’avisa de chanter la contraception avec sa chanson La pilule d’or, cela lui valut l’hostilité du clergé, qui eut du mal à l’avaler, cette pilule. Dès lors, de saintes pressions s’exercèrent sur les directeurs de salles, sabotant son unique tournée au Québec – province très catholique. Redevenue inconnue, ruinée, elle sombra. Suicide.
L’histoire n’est pas banale, et l’actrice qui incarne la religieuse, Cécile de France, est très bien. Seul le réalisateur a été jugé comme manquant un peu d’audace. Le film atténue notamment, ou passe sous silence, certaines manœuvres de la hiérarchie catholique, et aurait gagné à être plus virulent. Mais le générique de fin annonce qu’il est seulement « inspiré » de la véritable vie de Jeannine Deckers. Encore le clergé à ménager ?
On aime à se replonger de temps à autre dans les ouvrages savants, comme le canard publicitaire d’UGC, « Illimité », rédigé en quasi-totalité par Bernard Achour, l’ex-Peter Fondu de la radio parisienne Ouï-FM (licencié le 3 avril dernier par Arthur, nouveau propriétaire), et qui avait déjà vendu son talent et ses dents acérées à ce journal, où il fait depuis la seule bouillie qu’il peut désormais avaler.
Le cher Bernard fait notamment des interviews, et le journal s’ouvre toujours sur un questionnaire dit « décalé » – histoire de caser moi aussi un cliché. Autrement dit, de mois en mois, les questions sont les mêmes. Ce mois-ci, régal, l’interviewée est Mathilde Seigner, célèbre intellectuelle, qui se glorifie beaucoup de son franc-parler.
Échantillons.
Le classique qu’elle n’a jamais vu : Citizen Kane. « Il ne m’a jamais attirée ». Le mauvais film qu’elle aime : Bienvenue chez les Ch’tis. Celui qu’elle pense être la seule à aimer : Jo, avec Louis de Funès. Celui qu’elle aimerait faire découvrir « au monde entier » : Le clan des Siciliens. Celui qu’elle pourrait « regarder tous les jours » : La gifle. Celui qui dévoile un aspect essentiel de sa personnalité : La boum. Celui qu’elle emporterait sur une île déserte : La grande vadrouille.
Enfin, à propos de son dernier film, elle fustige les « one-man-shows d’acteurs issus du spectacle ». Des acteurs issus du spectacle, ce doit être très rare !
Réalisé par Éric Lavaine
Sorti en France et en Belgique le 29 avril 2009
L’idée de départ prend ingénieusement le contrepied de ces films où le personnage central cherche à devenir célèbre : ici, on a une célébrité qui veut cacher sa notoriété. Malheureusement, le développement n’est pas constamment à la hauteur des attentes, et bien des gags sont lourds ou franchement ratés.
Lucas, qui aime la chanson, jouait dans un groupe de rock, mais le groupe n’a pas réussi, et l’un des quatre, Thomas, est mort dans un accident – du moins on le croit. Quelques années plus tard, Lucas est simple contrôleur d’autobus à la RATP, et il héberge (depuis dix ans !) un copain, Francis, mime raté, bon enfant mais envahissant. Puis Lucas trouve un cahier contenant des chansons, qu’il croit être l’œuvre de son copain mort, Thomas. Il se les approprie, et la chance fait qu’il a enfin du succès et devient vedette sous le pseudo de « Luka ». Mais, alors qu’il doit passer à l’Olympia dans trois jours, Thomas, qui n’était pas mort mais exilé en Inde, réapparaît... pour trois jours ! Honteux, Lucas veut lui cacher sa célébrité pour ce court délai, qui lui paraît bien long. Après un certain nombre de péripéries plus ou moins burlesques, on apprend que les chansons empruntées n’étaient pas de Thomas, mais de Sébastien, un autre copain, vraiment mort, lui. Et ses parents, des gens simples, font cadeau à Lucas d’une vingtaine de cahiers contenant d’autres chansons inédites ; de quoi alimenter une carrière entière !
Le rôle principal est tenu par le chanteur Bénabar, constamment présent, et qui est très bon. La surprise vient de Frank Dubosc, qui n’est pas mauvais non plus. Mais le scénario connaît des hauts et des bas, et l’épisode où Lucas entraîne Thomas à la campagne pour lui cacher que, dans Paris, des affiches le montrent partout, n’est pas crédible et sombre dans l’ennui. Comme par hasard, Dubosc est absent de l’épisode, mais l’ennui ne vient pas de là, il vient du quiproquo très forcé par lequel les deux hommes sont alors pris pour un couple par des paparazzi. Pour s’en débarrasser, Lucas les lance sur une autre piste : Pierre Palmade filerait le parfait amour à Saint-Paul-de-Vence avec les frères Bogdanoff !
Un figurant célèbre que le public ne remarque pas : dans le rôle très bref d’un infirmier, le célèbre docteur Patrick Pelloux, ex-urgentiste à l’Hôpital Saint-Antoine. Exceptionnellement, il ne dit pas un mot.
Titre original : The boat that rocked
Réalisé par Richard Curtis
Sorti au Royaume-Uni le 1er avril 2009
Sorti en France le 6 mai 2009
Le titre « français » en anglais, un peu balourd, n’est là que par référence à Good morning Vietnam, puisqu’il s’agit aussi d’un film sur la radio. Le titre original est plus malin, car il joue sur deux sens du mot rock, le genre musical d’une part, et le verbe tanguer d’autre part, ce qui s’applique très bien à un bateau. En clair, « le bateau qui tanguait » ou « le bateau qui diffusait du rock » !
Ce film de Richard Curtis, scénariste de Quatre mariages et un enterrement et réalisateur de Love Actually, devrait intéresser tous les Français, en un temps où un gouvernement d’adorateurs du fric ne trouve rien de plus important à faire que de harceler les pirates sur Internet. Ici, il s’agit d’une autre sorte de piraterie, celle qui s’opposait à l’interdiction des ondes radios – interdiction que nous avons bien connue en France, et pour la violation de laquelle un certain François Mitterrand avait récolté une inculpation... restée sans suite puisqu’il fut élu peu après à la présidence de la République ! Mais dans le cas du film, nous sommes en Grande-Bretagne, où le gouvernement dut faire face à des radios pirates émettant en pleine mer, hors des eaux territoriales, donc difficiles à poursuivre. Et le film nous fait assister au baroud d’honneur d’un de ces bateaux, qui abrite Radio Rock, radio pirate imaginaire mais fortement inspirée de Radio Caroline, qui émettait en 1966.
Voir la critique longue.
Titre original : Easy virtue
Réalisé par Stephan Elliott
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 8 septembre 2008
Sorti en France le 6 mai 2009
Le réalisateur (australien) est surtout connu pour Priscilla, reine du désert, sorti en 1994 – un excellent film, dans lequel Terence Stamp jouait un travesti homosexuel. Ici, il adapte une pièce de Noel Coward, célèbre dramaturge et acteur britannique, pièce déjà portée à l’écran par Alfred Hitchcock en 1927 – et c’était une étrange idée que d’adapter pour le cinéma muet une pièce de théâtre. Hitchcock s’était surtout intéressé à l’aspect tragique de la vie de Larita, son héroïne, alors que le film d’Elliott conserve presque jusqu’à la fin son côté comédie vacharde. Il s’agit de l’irruption d’un corps étranger au sein d’une famille britannique en apparence riche et convenable, en l’espèce d’une belle-fille étrangère et supposée de mœurs légères (easy virtue signifie en anglais « de petite vertu »), mais il va s’avérer que rien n’est vrai. La fin est du genre immoral, puisque la belle-fille abandonne son jeune mari (le beau et sympathique Ben Barnes) pour partir avec le père de celui-ci !
Le dialogue pétille de mots d’esprit avec lesquels chacun flingue son adversaire de l’instant. Jessica Biel et Kristin Scott Thomas se déchirent à belles dents, et le film a la bonne idée d’être court : 93 minutes. Que demander de plus ?
Réalisé par Lionel Baier
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 9 août 2008
Sorti en France le 6 mai 2009
François Robin, diplômé de l’université (en étude du vieux français), décroche une place dans un petit journal local de la Vallée de Joux, dans le canton de Vaud, en Suisse. Son travail : écrire des échos sur les petits évènements du coin. En prime, on lui demande de rédiger chaque semaine quelques mots gentils sur le film que programme le cinéma local, afin de « donner envie aux gens d’aller le voir ». Comme il n’a aucune idée sur les films et aucun goût sur quoi que ce soit, il recopie les critiques d’un magazine de cinéma, « Travelling » (il a bien existé une revue de ce nom en Suisse dans les années 70, et la maquette correspond... mais le film se passe aujourd’hui et la revue est censée paraître en France). Hélas, toutes ses critiques sont défavorables, et déplaisent à la directrice de la salle de cinéma, qui lui interdit les projections de presse où elle l’invitait. Mais il s’entête et va voir désormais les films à Lausanne, où il fait la connaissance d’une critique plus professionnelle, Rosa, qui le fait inviter dans une émission de radio où il ne parvient pas à dire autre chose que « Ce film était intéressant » ! À la fin, son plagiat est découvert, et il est renvoyé, mais Rosa lui trouve un travail dans le journal de son père, beaucoup plus important.
On ne sait pas trop ce qu’a voulu faire Lionel Baier, l’auteur et réalisateur. Ce qui est certain, c’est que son scénario n’est pas très solide. Ainsi, lorsque François déçoit par ses critiques négatives, son rédacteur en chef n’a plus aucune raison de lui laisser cette rubrique ; pourquoi, dans ce cas, continue-t-elle de paraître ? On peut aussi se demander comment la propriétaire d’un cinéma dans un village peut donner chaque semaine une projection de presse pour le film du moment : dans un tel endroit, combien de journalistes peut-elle y inviter ? Pas plus vraisemblable, cette invitation à la Radio Suisse Romande d’un inconnu qui n’a nulle part fait ses preuves et auquel on tend un micro dans une émission assez intellectuelle. Hé, les Suisses ! Avec moi, c’est quand vous voulez, et je peux sortir plus de quatre mots devant un micro.
Ce côté imparfait d’un scénario inconsistant que le réalisateur filme du reste sans trop insister est compensé par la qualité des dialogues, bourrés de piques sur les cinéastes et les critiques, et par la solidité des personnages (Robin Harsch, l’acteur principal, constamment à l’écran, est très sympathique), que mettent en valeur deux ou trois scènes assez amusantes. Ainsi, le film, en noir et blanc, n’est pas désagréable ; il rappelle fortement ceux de la Nouvelle Vague, dont on parle d’ailleurs beaucoup, et auquel il semble rendre un hommage tardif et un peu sarcastique. Mais enfin, il est destiné à un public très restreint, et une seule salle le projette à Paris.
Titre original : $9.99
Réalisé par Tatia Rosenthal
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 4 septembre 2008
Sorti en France le 29 avril 2009
Les distributeurs français ont sans doute craint que ce crétin de public confonde le film avec notre 99 F, ils ont donc casé dans ce titre montypythonesque une allusion à un épisode de cette histoire, où le jeune Dave Peck, chômeur plein de bonne volonté et qui se pose les bonnes questions, achète un livre pour apprendre la vie, son père désabusé et son dragueur de frère étant bien incapables de remplir cette fonction.
Presque tous les personnages habitent le même immeuble, qui doit être situé à Londres, puisque l’on entend plusieurs fois le carillon de Big Ben. Le seul qui n’habite pas sur place, mais va se faire héberger par un vieillard qui d’ailleurs l’assassinera, est un sans-abri avec des ailes d’ange, qui a une drôle de façon de faire la manche. Il y a aussi ce mannequin-vedette qui a de curieuses exigences envers ses amants. Ou ce père déjà cité, que sa femme a quitté, qui vit avec ses deux grands fils, et perdra sa neurasthénie en apprenant à sauter comme les dauphins. Plus quelques autres, dont un magicien couvert de dettes ou un étudiant qui héberge contre son gré trois Lilliputiens fêtards. Et le plus émouvant, ce petit garçon qui remplissait consciencieusement son cochon-tirelire pour s’offrir un jouet idiot, mais qui, lorsque la tirelire fut pleine, refusa de la casser, car il s’est mis à préférer le cochon (qui souriait tout le temps) au jouet convoité.
J’ai failli oublier de vous dire qu’aucun acteur n’a ruiné le bugdet du film : tous les personnages sont fabriqués en pâte à modeler. Mais la fabrication est si minutieuse et sophistiquée que le film a dû coûter encore plus cher que si Depardieu et Catherine Deneuve étaient au générique !
La réalisatrice est israélienne, et elle n’a fait avant ce film que deux courts-métrages, dont l’un d’animation également.
Titre original : The complete history of my sexual failures
Réalisé par Chris Waitt
Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 19 janvier 2008
Sorti en France le 6 mai 2009
Premier long métrage d’un réalisateur qui n’a fait jusqu’ici que deux courts-métrages et quatre téléfilms, dont trois courts.
Le plus surprenant est que la plupart des critiques et journalistes chargés de rendre compte de ce genre de films croient (ou feignent de croire, ce qui est plus grave) à l’authencité de ce qu’on leur montre à l’écran. Or l’histoire est à ce point scénarisée, fabriquée avec un dosage si apparent, que l’imposture n’est pas loin. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des productions dont l’auteur se prend lui-même pour sujet de son film : le bidonnage est quasi-général. Certes, il y a Michael Moore, qui bidonne aussi, mais lui, du moins, le fait ouvertement, ne cachant pas ses intentions polémiques et satiriques, et surtout, il ne se prend pas pour le sujet de ses films – même s’il se montre beaucoup.
Reste qu’on rit de temps à autre, notamment lors de la séquence où le triste héros de cette histoire d’échecs a recours à une prostituée spécialisée dans l’humiliation de ses clients. Mais comment oublier qu’un caméraman était présent ? Et le générique de fin, avec la liste interminable des individus et des sociétés ayant participé à sa réalisation, dément l’hypothèse d’un petit documentaire tourné en amateur. Autre indice d’inauthenticité, on annonce qu’on va tourner un remake à Hollywood. Depuis quand fait-on le remake d’un documentaire ?
Les marchands de soupe, pardon... les éditeurs de DVD ont encore frappé. Cette fois, ils s’en sont pris à Orson Welles.
On sait que, pour satisfaire les gogos ayant acquis un écran de télévision au format 16/9 et qui ont horreur de voir des bandes noires sur les côtés, il n’y a que deux solutions : soit adopter un zoom qui va écraser l’image dans le sens de la hauteur et faire de tous les personnages des obèses, soit couper le haut et le bas de l’image. C’est cette pseudo-solution que le commerce a élue, et la quasi-totalité des films un peu anciens sont victimes de ces amputations.
Ainsi, je suis tombé à la FNAC sur le film d’Orson Welles, La soif du mal (en anglais, Touch of evil), œuvre puissamment originale, avec Charlton Heston, Janet Leigh, Marlene Dietrich et Welles lui-même, et qui date de 1958. La jacquette du DVD annonce textuellement : « Le film en version inédite, telle qu’Orson Welles l’avait voulue ». Inédite, on veut bien le croire, mais telle que Welles l’avait voulu, c’est un pur mensonge, car jamais Welles n’a utilisé les écrans larges, et la fiche du film sur Internet Movie Database précise que le format original du film était 1,37/1, à peu près le format de la télévision qui est de 1,33/1, et qu’il a été tourné avec des lentilles « sphériques », c’est-à-dire ne faisant pas l’anamorphose (laquelle étire les images en largeur). Or une discrète mention de la jacquette annonce que le format de ce DVD est de 1,85/1. Autrement dit, on a coupé l’image en haut et en bas pour ne garder que ce qui « tient » sur les écrans à la mode. Le calcul est facile à faire, il ne reste que... 74 % de l’image d’origine !
Titre original : Män som hatar kvinnor
Réalisé par Niels Arden Oplev
Sorti en Suède et au Danemark le 27 février 2009
Sorti en France le 13 mai 2009
Le titre suédois signifie « Les hommes qui détestent les femmes », ce qui est aussi le titre, légèrement différent en français, du livre dont le film est tiré. La seule référence à « Millennium », avec cette orthographe, est le titre du magazine dans lequel travaille le journaliste qui va faire l’enquête, puisque cette histoire porte sur la recherche d’une jeune fille disparue depuis quarante ans, et aboutit sur beaucoup plus que cela : une famille riche et puissante, dont trois des quatre fils avaient des sympathies nazies, et dont le pire, Gottfried, avait violé sa propre fille (celle qui a disparu) et initié son fils de seize ans, Martin, au crime en série sur des jeunes filles juives. Autant dire qu’on est loin du divertissement à voir en famille, d’autant plus que deux personnages féminins, la disparue et l’enquêtrice punk, également violée par son père, se sont vengées en tuant les violeurs, la première en le noyant, la seconde en le faisant brûler vif ! Et le dernier assassin vivant, Martin donc, brûle lui aussi dans sa voiture après un accident.
Une remarque bien dans la note, la famille de l’auteur du livre, qui est mort, a refusé de faire bénéficier sa compagne de toute espèce d’héritage, et a tenté de l’expulser de leur domicile commun ! On devine où Stieg Larsson avait puisé son inspiration...
L’ennui, avec les histoires aussi compliquées que celle-ci, c’est qu’au cinéma, on perd facilement le fil, et que le personnage auquel on devrait s’intéresser puisqu’il est l’assassin passe plutôt inaperçu ; alors que dans un livre, on peut facilement s’y retrouver en revenant en arrière. Si bien que la première moitié est passablement obscure. Mais la fin rétablit l’équilibre.
Je fais néanmoins de sérieuses réserves sur l’interprète féminine, saluée par toute la presse, mais qui, somme toute, n’offre au spectateur qu’une fille perpétuellement maussade avec des tatouages et des anneaux dans le nez, dont l’essentiel du jeu dramatique consiste à garder le regard fixe en tirant compulsivement sur sa cigarette. On échappe certes aux clichés des canons de la beauté hollywodienne, mais l’excès en sens inverse n’est pas vraiment attirant.
Et comme tout cela n’est pas vraiment folichon, détendons-nous avec les faiseurs de sous-titres. Celui de ce film nous régale avec cette réplique d’un personnage : « Mes preuves se sont avérées fausses » (sic). Ces indécrottables tâcherons ne nous décevront jamais !
Et puis, on espère que la firme Apple, à laquelle on fait une publicité outrancière (les personnages ne cessent d’utiliser des Mac Book Pro), a versé une grosse somme à la production.
Titre original : Angels & demons
Réalisé par Ron Howard
Sorti au Japon le 7 mai 2009
Sorti en France le 13 mai 2009
L’auteur du livre, Dan Brown, a dû s’inspirer de la politique française, puisque son histoire est celle d’un homme de pouvoir qui, pour inciter un certain groupe d’individus à bien voter, imagine de répandre la peur avec une menace bidon. Bien entendu, vos journaux habituels ne vous présentent pas la chose ainsi, ils en font des tonnes sur la secte un peu mythique des Illuminati... qui ne joue aucun rôle dans cette affaire, sinon celui d’un faux-nez !
Cela posé, le récit est si bien ficelé que, jusqu’à la fin, le public, s’il n’a pas lu le roman, se leurre complètement sur l’identité du véritable méchant. C’est très ingénieux. Quant au spectacle, on est à Guignol.
La vraie vedette, plus que Tom Hanks ou Ewan McGregor, est Rome – surtout la Rome du Vatican, magnifiquement et fastueusement reconstituée en studio. Peu avant la fin, le méchant (qui est cru le bon) s’empare de la bombe qui devait faire sauter le Vatican et une partie de Rome, l’emporte dans un hélicoptère qui stationnait sur la Place Saint-Pierre, monte le plus haut possible avec l’hélico (j’aurais dû voir ce film la veille, c’était l’Ascension !), puis saute en parachute et retombe sur la Place, cependant que l’hélico explose et que ses débris tombent sur la coupole de Michel-Ange, traversent la voûte et saccagent le baldaquin de Saint-Pierre dû au Bernin – ce qui est grand dommage, convenez-en.
Le film est très supérieur au Da Vinci code, et on s’amuse énormément, tout en se demandant si c’est du second degré.
Non, je ne fais pas ici le compte-rendu du film de Robert Aldrich (en 1964, avec Bette Davis, Olivia de Havilland et Joseph Cotten). Je vise plutôt l’interminable hommage qu’hier soir Charlotte Gainsbourg a rendu à... tout le monde, y compris son père, sa mère, ses frères-z-et-ses sœurs, ou quasiment, sans oublier Lars von Trier, l’épouvantable réalisateur danois, qui l’a employée dans son dernier film – l’un des très rares à n’avoir récolté que des sifflets au Festival de Cannes. Nul n’a compris comment le jury a été assez fou pour récompenser, à travers elle qui a décroché le Prix d’Interprétation féminine, le navrant Anti-Christ, que je ne verrai pas.
Bref, Charlotte Gainsbourg a perdu hier une magnifique occasion de se taire.
Dès la vision, en novembre 1998, du premier film que j’ai vu de lui, Breaking the waves, et alors que tout le monde l’encensait, j’ai su que Lars von Trier était un fruit sec, un type sinistre et un incapable. Pour mettre une touche de dogmatisme à ce statut, ce réalisateur fut l’inventeur d’une charte qu’il n’appliqua jamais, justement baptisée Dogma, et dont j’ai déjà parlé – elle est tombée dans l’oubli.
Aujourd’hui, convaincus par la suite édifiante de sa filmographie, la plupart des critiques sont plutôt d’accord avec mon point de vue initial, quoique avec quelques années de retard. Il saute désormais aux yeux de presque de tout le monde que ce réalisateur était surtout un imposteur et un malade mental. Qui d’autre pourrait montrer en gros plan une excision faite au sécateur ?
À Cannes, où il donnait une conférence de presse, l’individu a déclaré que son film lui était inspiré par Dieu, et que lui-même était « le plus grand metteur en scène du monde ». Et on a pu lire, au générique de fin de son film, qu’il avait fait faire des « recherches en mysogynie » ! Chez un humoriste, cela passerait pour une bonne blague, mais lui est le contraire d’un joyeux drille.
En revanche, intellectuellement malhonnête, aucun doute. Son premier film était dédié à un de ses amis, « mort de leucémie ». On a su depuis que le prétendu ami n’avait jamais existé, et ce charmant personnage avouera par la suite qu’une telle dédicace était uniquement destinée à lui valoir la sympathie des critiques, qui n’oseraient pas, ainsi, dénigrer son travail.
Au fond, le seul mystère qui subsiste à propos de Lars von Trier, c’est ceci : comment les sélectionneurs du Festival de Cannes peuvent-ils encore l’inviter et choisir un de ses films pour être projeté en compétition officielle ?
Pierre Étaix a été révélé en 1961 par un court métrage, Rupture, suivi d’un deuxième, Heureux anniversaire, avant d’accéder au long métrage en 1962, avec Le soupirant. Comme nul n’est prophète en son pays, dit-on, il est largement ignoré en France, alors que tous les étrangers le considèrent comme un génie, une sorte de Chaplin – à juste titre. Il a été l’ami de Fellini, et Jerry Lewis le tient en haute estime. En dépit de cela, sa carrière en France, comme celle de Jacques Tati, est restée modeste, et il en a été réduit à faire un film de commande pour la Géode, J’écris dans l’espace, en 1989, vingt ans déjà.
Pour ne rien arranger, cinq de ses longs métrages sont bloqués par la société Gavroche, qui interdit leur diffusion. La dernière audience du procès qui les oppose a eu lieu le 15 mai, et le verdict sera rendu le 26 juin. Jean-Claude Carrière, son co-scénariste, est associé à Étaix dans cette affaire.
La société Gavroche Productions, qui prétend détenir les droits exclusifs d’exploitation des films de Pierre Étaix, s’est aussi retournée contre la fondation Groupama Gan pour le Cinéma, qui avait, en 2007, financé la restauration du film Yoyo, estimant que le fait de l’avoir restauré et présenté en ouverture de Cannes Classique, en mai 2007, et lors du Festival Paris Cinéma, à la Cinémathèque, en juillet 2007, nuisait à la redistribution dudit film, ainsi qu’aux quatre autres, Le soupirant, Tant qu’on a la santé, Le grand amour et Pays de cocagne. Elle considère être la seule habilitée à restaurer et distribuer les films d’Étaix, et a réclamé 1 400 000 euros de dommages pour contrefaçon et publicité abusive ! Or lesdits films ne sont montrés nulle part, ni en salles, ni à la télévision, et les jeunes générations n’en ont jamais entendu parler, c’est dire si cette société est digne de confiance quand elle veille à « la redistribution » des films...
La fondation Groupama Gan a répondu par une demande en irrecevabilité, dans l’attente du jugement « au fond » de la première affaire.
Spielberg va pouvoir ressortir Les dents de la mer, les requins sont toujours à la mode.
Réalisé par Ken Loach
Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2009
Sorti en France le 27 mai 2009
Ne pas confondre Eric avec Éric, s’il vous plaît ! Le premier est un postier britannique et quinquagénaire, qui, en 1979, s’est marié ou mis à la colle avec Lily, une fille rencontrée dans un concours de danse, puis qu’il a quittée sans explications après la naissance de leur fille Sam. Le second est un Français dont on me dit qu’il jouait naguère au ballon – à la balle au pied, pour être précis. Et comme Eric a de sérieux ennuis avec ses grands fils ou beaux-fils (on ne sait pas) qui sèment le désordre et ne l’aident en rien, il déprime. Par chance, Éric lui apparaît pour lui donner de précieux conseils philosophiques, du genre « Il y a toujours une solution » ou « Si des types sont plus rapides que toi, n’essaie pas de les dépasser ». Tout cela est si profond qu’on regrette vite Jean-Claude Vandamme, qui, lui du moins, est drôle.
Vers le milieu du film, ce mentor pourtant indispensable disparaît pendant une petite heure. C’est le moment où le fils aîné d’Eric s’est mis dans les ennuis en gardant chez eux un pistolet dont un voyou friqué de ses amis se sert pour tirer sur les gens dans le dos. La police est même venue fouiller leur maison, mais Eric a eu la présence d’esprit de dissimuler l’arme à l’intérieur... d’un poulet, ce qui permet de rester dans la note policière. Comment Eric va-t-il se tirer de ce mauvais pas ? Grâce à ses collègues postiers, qui envahissent la maison du voyou, tous dissimulant leur visage derrière des masques de Cantona, et qui démolissent un peu les biens mal acquis, puis badigeonnent le voyou à la peinture rouge, afin de le filmer et de mettre la séquence sur YouTube. Le voyou se le tiendra pour dit et ne récidivera pas. Comme quoi, vous voyez bien que la Poste peut servir à quelque chose. Cela fait, Éric (ça va, vous suivez ?) réapparaît pour tirer la conclusion, le visage caché sous un masque... de lui-même, Cantona. L’humour anglais nous fera toujours mourir de rire.
Bien que producteur (et l’un des trois producteurs exécutifs, tous français), Cantona n’est pas l’auteur du scénario, qui donne néanmoins l’impression d’avoir été écrit par un footballeur. Avec ses pieds, bien entendu.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.