JPM - Films vus - Notules -  Mars 2010

Notules - Mars 2010

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autre que des films) : A single man – Pour un garçon – L’arbre et la forêtDaybreakers – Avatar – Les chèvres du PentagoneThe men who stare at goats – L’homme qui parlait à l’oreille des chevaux – M.A.S.H. – Une éducation – An education – Chloe – Family viewing – Sans laisser de traces – Le petit Nicolas – Astérix chez les Bretons – The good heart – Nói albínói – Soul kitchen – Shutter Island – La révélationMumu – Les deux crocodiles – Kick-AssThe ghost writerSex and the CityLa rafleClair de Lune

Personnes citées : Tom Ford – Colin Firth – Julianne Moore – Nicholas Hoult – Hugh Grant – Olivier Ducastel – Jacques Martineau – Lionel Jospin – Yannick Renier – Michael Spierig – Peter Spierig – Georges Brassens – Henri Jeanson – Grant Heslov – Robert Redford – George Clooney – Lone Scherfig – Alfred Molina – Juliette Gréco – Laurent Tirard – Dagur Kári – Isild Le Besco – Paul Dano – Joël Séria – Tony Blair – Eli Wallach – Kim Catrall – Roselyne Bosch – Claude Debussy – Adolf Hitler – Philippe Pétain – Pierre Laval – René Bousquet – Jean Reno – Mathieu Di Concerto – Romain Di Concerto – Hugo Leverdez

A single man

Lundi 1er mars 2010

Réalisé par Tom Ford

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 11 septembre 2009

Sorti en France le 24 février 2010

Franchement, on se fiche éperdument que le réalisateur soit un styliste issu des maisons de couture Yves Saint Laurent et Gucci. Beaucoup de critiques ont fondu sur ce prétexte pour affirmer que son film était « très mode », voire chichiteux, ce qui est faux et idiot.

George, interprété par Colin Firth, est professeur de littérature dans une université, à Los Angeles. Il apprend par téléphone que Jim, son ami de cœur, vient de mourir dans un accident de voiture, et que la famille du défunt ne désire pas le voir aux obsèques. Il tente un suicide mais renonce, et continue de vivre comme avant, assez solitaire si l’on excepte la présence d’une amie vieillissante et seule aussi, jouée par Julianne Moore – un personnage sans le moindre intérêt. Il repousse aussi une aventure avec un jeune Espagnol prêt à s’offrir pour un billet, et se fait draguer par un de ses étudiants, un blondinet aux yeux bleus, avec lequel il connaîtra un bain nu dans le Pacifique, et qu’il ramènera chez lui... sans qu’il se passe quoi que ce soit d’autre, car le garçon ne voulait que parler de la vie et autres problèmes existentiels !

 

A single man

 

J’ai le regret de dire que cet épisode, le plus développé, est aussi le seul qui retienne l’attention, à cause de sa longueur, et parce que le jeune acteur est vraiment attrayant. Il s’appelle Nicholas Hoult, est anglais, il a débuté à sept ans, il a vingt ans et vingt-quatre films à son actif. On l’avait vu en 2002 dans Pour un garçon, avec Hugh Grant, et il fera probablement une carrière honorable.

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L’arbre et la forêt

Mercredi 3 mars 2010

Réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 16 février 2009

Sorti en France le 3 mars 2010

Titre justifié sur deux plans : factuel, puisqu’il est bien question d’un arbre – un tilleul, apparemment – et d’une forêt en automne (longuement survolée en un beau plan) ; et symbolique, ce que révèlera peu à peu le récit.

Le résumé du film fourni par la presse parle d’un secret de famille, et, sachant que les deux réalisateurs sont Ducastel et Martineau, on se doute bien qu’il s’agira d’homosexualité : Frédérick, 79 ans, d’origine alsacienne, n’est pas allé aux obsèques de son fils aîné. La famille est partagée, son fils cadet Guillaume le condamne vigoureusement, les autres, dont sa femme Marianne, sont plus nuancés. On saura plus tard que Frédérick n’a pas été interné au camp de Struthof, à l’âge de 19 ans, pour faits de résistance, mais parce qu’il était homosexuel, et que son fils défunt, pour cela, lui avait interdit d’assister à ses obsèques.

C’est l’occasion pour les deux cinéastes de rappeler qu’en Alsace annexée, les nazis créèrent un camp de concentration en mai 1941, auquel fut ajoutée en 1943 la seule chambre à gaz de France, où quatre-vingt-six déportés juifs provenant du camp d’Auschwitz furent gazés entre le 14 et le 21 août. Ce fait historique ne fut reconnu qu’en... 2001, par un discours du Premier ministre Lionel Jospin. Bien entendu, les internés étaient arrêtés par la police française, toujours serviable.

Au contraire de la plupart des films sur les familles déchirées par un secret, celui-ci est intelligent, bien construit, la situation n’est pas décrite à gros traits appuyés, et les liens familiaux, explicités peu à peu, sont subtils, ce qui nous change du travail habituel des scénaristes français. On ne charge pas la barque, tout cela est posé, sans un atome de caricature.

Les acteurs font très bien ce pour quoi ils ont été engagés. Mention spéciale à Yannick Renier, qui est lumineux. Un peu moins de Wagner sur la bande son, et ce serait parfait.

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Daybreakers

Vendredi 5 mars 2010

Réalisé par Michael Spierig et Peter Spierig

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2009

Sorti en France le 3 mars 2010

Nous sommes en 2019, et les vampires dominent le monde, car ils devenus majoritaires à 95 %, comme chantait Georges Brassens. Inconvénient, il y a de moins en moins d’humains qui puissent servir de source d’approvisionnement en sang. La description de ce monde est assez réjouissante. Puis on entre dans le vif du sujet, et on expose le problème : fabriquer un ersatz ? Mais, de leur côté, les humains survivants ont fabriqué un sang modifié (encore les OGM ?) qui, ingéré par les vampires, va... les transformer en humains, donc les condamner à mort ! Ce que d’ailleurs certains vampires souhaiteraient, car leur existence n’est pas une vie (merci à Henri Jeanson !), étant donné qu’ils sont toujours aussi sensibles à la lumière du jour, et victimes de coups de soleil carabinés.

Le principe du film, soutenu par des acteurs de bonne réputation, est assez sarcastique, mais le style du récit ne l’est pas. En outre, on soupçonne que la parabole veut établir un parallèle – assez voyant – entre le sang et les sources d’énergie, comme le pétrole, le gaz ou le charbon, qui nous sont indispensables mais s’épuiseront fatalement un jour.

Tout cela serait très bien avec un peu moins de scènes de gore et une bande sonore moins insistante, surtout du côté des percussions.

Le plus amusant est que personne, dans la presse, n’a vu l’analogie avec l’envahissant Avatar : deux camps sont face à face, et l’un veut piquer à l’autre ce qu’il a de plus précieux, mais un membre du camp A va passer dans le camp B... La suite sur vos écrans, comme on dit dans les journaux bien écrits.

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Les chèvres du Pentagone

Jeudi 11 mars 2010

Réalisé par Grant Heslov

Titre original : The men who stare at goats

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 8 septembre 2009

Sorti en France le 24 février 2010

Le titre original (« Les hommes qui regardent fixement les chèvres ») se paierait-il un peu la tête de Robert Redford, par hasard (L’homme qui parlait à l’oreille des chevaux) ? En tout cas, c’est le type de film qui se chatouille pour se faire rire. Parsemé de gags qui ne sont pas tous inattendus, il s’essoufle assez vite, parce que le scénario est indigent. En effet, basé sur une idée qui en vaut une autre (l’utilisation de la parapsychologie au service de la guerre en Irak), il vise à ridiculiser l’armée des États-Unis, mais n’a ni l’imagination ni la force corrosive de M.A.S.H., de sorte qu’on s’ennuie à mi-parcours et jusqu’à la fin.

Reste George Clooney qui, pour jouer les imbéciles (il se prend pour un Jedi !), s’est fait la tête d’un garagiste français.

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Une éducation

Vendredi 12 mars 2010

Réalisé par Lone Scherfig

Titre original : An education

Sorti aux États-Unis (Festival de Sundance) le 18 janvier 2009

Sorti en France le 10 mars 2010

Comme c’est un film britannique, on se précipite. Les films venus du Royaume-Uni sont toujours bien écrits, bien interprétés, et ils racontent en général des histoires intéressantes – au contraire du pitoyable cinéma français. Ici, Jenny, lycéenne de la banlieue londonnienne, aussi jolie qu’intelligente et qui ambitionne d’aller continuer ses études à Oxford, rencontre un quadragénaire séduisant, David, qui l’emmène dans les concerts, les boîtes de jazz, les restaurants, lui fait connaître les bons films et lui achète des vêtements élégants. Pour le reste, c’est-à-dire le sexe, il veut bien attendre qu’elle atteigne son dix-septième anniversaire, ce qui se produira lors de leur séjour à Paris. Les parents de Jenny se sont pas défavorables à cette fréquentation, même si le père, joué par le toujours excellent Alfred Molina, est un peu plouc et pas très prodigue.

Si le scénario s’en tenait là, tout serait parfait. Mais les deux scénaristes ont voulu corser leur histoire, en révélant à Jenny, non seulement que David est un escroc, mais aussi que, déjà marié, il a joué le même jeu avec d’autres filles, dont certaines se sont retrouvées enceintes. Drame, David disparaît de la circulation. Pour ne rien arranger, Jenny avait abandonné ses études pour, croyait-elle, épouser son amant. Tout est à l’eau. Mais, second retournement qui débouche sur un happy end saugrenu, une lettre lui fait savoir que l’université d’Oxford l’accepte en son sein. Jenny n’aura pas perdu son temps, au contraire du spectateur déçu.

La France et Juliette Gréco sont à l’honneur, à titre de cerise sur le gâteau, permettant au film de s’en tirer, mais de justesse.

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Chloe

Lundi 15 mars 2010

Réalisé par Atom Egoyan

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 13 septembre 2009

Sorti en France le 10 mars 2010

Adapté d’un film français, qui était réalisé par une célèbre plagiaire.

On peut faire confiance à Egoyan pour tourner des scénarios tordus, basés sur des relations familiales perturbées, avec beaucoup de sexe et pas mal de détails malsains. Tantôt c’est parfait, comme avec Family viewing, tantôt c’est raté, parce qu’invraisemblable. Comment croire en effet à cette prostituée de vingt ans qui tombe amoureuse d’une femme de quarante-cinq ans, laquelle l’a payée pour tester la fidélité de son mari, surtout si cette femme est incarnée par Julianne Moore, une actrice pas vraiment excitante ?

Cela se passe à Toronto, dans une famille très friquée qui habite une maison au luxe tapageur et branché. Parce que son mari, qui donnait un cours à New York, a raté son avion et la fête d’anniversaire qu’elle avait organisée, Catherine Stewart, gynéco à la mode, paye une jeune prostituée pour séduire son mari afin de voir s’il résistera. Quelle femme sensée ferait cela ? La fille prétend avoir réussi et décrit la séance avec le mari, mais elle a tout inventé à seule fin de revoir la gynéco, dont elle est tombée amoureuse. Elles couchent d’ailleurs ensemble peu après, mais l’aînée ne veut pas continuer cette relation, alors la fille se venge en couchant avec le fils des Stewart et en s’arrangeant pour être surprise par l’épouse. Mais comme celle-ci persiste à ne plus vouloir d’elle, elle se suicide !

Heureusement, le film n’est pas trop long et permet de visiter Toronto et les fameux jardins Allan.

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Sans laisser de traces

Mardi 16 mars 2010

Réalisé par Laurent Tirard

Sorti en France le 10 mars 2010

Ce film est RI-DI-CU-LE ! C’est l’histoire d’un homme qui s’enferre. Or, non seulement la bande-annonce a déjà tout dévoilé, mais les péripéties qui s’accumulent sans la moindre surprise, le dialogue burlesque ou prétentieux (voir la réplique finale) et les détails invraisemblables qui parsèment le récit font qu’autour de moi, dans la salle – petite, où le film a très vite été relégué –, les spectateurs se tordaient de rire.

Le co-scénariste est le réalisateur lui-même, auquel on devait ce sommet qu’était Le petit Nicolas. Attention : il va se charger du scénario et de la mise en scène d’Astérix chez les Bretons. Au secours !

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The good heart

Jeudi 18 mars 2010

Réalisé par Dagur Kári

Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2009

Sorti en France le 17 mars 2010

C’est très international : le réalisateur, dont on avait vu Nói albínói en 2003, est né à Paris de parents islandais, il est diplômé du National Film School danois, et il tourne à New York avec des acteurs états-uniens, islandais et une Française, Isild Le Besco. Mais la vedette est Paul Dano, et c’est pour lui qu’on va voir le film.

Un patron de bar misanthrope, Jacques, ramasse un jeune sans-abri, Lucas, et lui apprend le métier : il veut en faire son successeur, car il est malade et aurait besoin d’une greffe du cœur – d’où le titre à double sens. Mais une fille, April, va s’immiscer. Elle se fait épouser par le jeune homme, se fait virer, revient. Puis Lucas est victime d’un accident de la circulation, et le successeur présumé sauve la vie du moribond, qui hérite de son cœur tout neuf.

L’image est moche, très sale, quasiment misérabiliste, mais le dialogue est bon, et la musique, confiée pour l’essentiel à un piano mécanique, est de haute volée.

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Soul kitchen

Vendredi 19 mars 2010

Réalisé par Fatih Akin

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 10 septembre 2009

Sorti en France le 17 mars 2010

Fatih Akin, Turc né en Allemagne, réalise la plupart de ses films dans ce pays. Dans Soul kitchen, les personnages principaux sont grecs, deux frères, l’un, Zinos, qui a installé un restaurant bon marché dans un entrepôt, l’autre, Ilias, qui est en prison mais sort en permission de temps à autre. Mais le jour où Zinos engage un très bon cuisinier qui s’est fait virer de son restaurant pour avoir refusé de servir « un gaspacho chaud », les clients, des habitués, n’aiment pas sa trop bonne cuisine et désertent.

Ce n’est que le début d’un récit qui abonde en péripéties le plus souvent drôles et se clôt sur un happy end : une histoire d’amour qui se conclut dans le restaurant, entre-temps vendu puis racheté. Le film n’est pas le comble de l’invention sophistiquée, mais il est alerte, et la musique est bonne.

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Shutter Island

Lundi 22 mars 2010

Réalisé par Martin Scorsese

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 13 février 2010

Sorti en France le 24 février 2010

Voir la critique. Si le film est sans reproches sur le plan technique, le Scorsese scénariste ne s’est pas foulé.

Quant au récit publié dans la presse et qui voudrait appâter les spectateurs potentiels (« En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l’île de Shutter Island, dans un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L’une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu »), c’est forcément une imposture, puisque ces personnages n’existent pas, et que tout ce qu’on voit, ou presque, se passe dans la tête du personnage principal, qui est un malade mental.

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La révélation

Mardi 23 mars 2010

Réalisé par Hans-Christian Schmid

Titre original : Storm

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 7 février 2009

Sorti en France le 17 mars 2010

Le tribunal de La Haye poursuit un ancien général serbe, Goran Duric, accusé de crimes contre l’humanité en Bosnie. Un témoin, qui tenait absolument à le faire condamner, a fait contre lui un faux témoignage, mais son mensonge est découvert, et il se suicide. Pour éviter l’acquittement alors qu’elle travaille sur l’affaire depuis des années, une femme procureur, Hannah Maynard, continue l’enquête auprès de sa sœur, Mira, installée depuis quinze ans à Berlin. Il va s’avérer que cette femme et quelques autres ont été violées, dans une autre localité, par les hommes de Duric. Mais la défense veut empêcher ce témoignage, qui n’a rien à voir, dit l’avocat de Duric, avec l’affaire jugée. Le procureur passe outre et provoque un incident d’audience.

Plus tard, Duric, qui a passé trois ans en prison, est libéré. Mais sera-t-il jugé et condamné sur l’affaire principale ?

On a un peu de mal à suivre, et la réalisation, toute en caméra portée, vise au documentaire. Mais voir le fonctionnement des tribunaux internationaux, qui doivent ménager la chèvre et le chou, penser au résultat de leurs jugements sur les élections dans les pays concernés, éviter de faire que les condamnés passent pour des martyrs, et autres détails peu connus, sauve le film de la grisaille.

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Mumu

Jeudi 25 mars 2010

Réalisé par Joël Séria

Sorti en France le 24 mars 2010

Depuis l’inoubliable (!) Les deux crocodiles, en 1987, Joël Séria n’avait plus fait que de la télévision. Il va pouvoir y retourner. On se lasse vite de voir Sylvie Testud administrer des torgnoles à des gamins pas si terribles que ça, même si elle s’amadoue à deux secondes de la fin. Il est permis de dormir de temps à autre.

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Kick-Ass

Vu le jeudi 26 mars 2010, sortie prévue le mercredi 21 avril 2010

Réalisé par Matthew Vaughn

Sorti aux États-Unis (South by Southwest Film Festival) le 12 mars 2010

Sortira en France le 21 avril 2010

Le début annonce une parodie sympathique, quoique un peu trash, des films sur les super-héros, du type Batman, Spider-Man, Superman et autres -man. Mais, à partir du milieu du récit, le film tombe dans le genre qu’il voulait moquer – travers très courant au cinéma –, et la cohérence du propos vole en éclats. Du coup, cela devient ennuyeux et laid.

Sans surprise, une suite est déjà en préparation.

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The ghost writer

Lundi 29 mars 2010

Réalisé par Roman Polanski

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 12 février 2010

Sorti en France le 3 mars 2010

Bien pauvre scénario, en vérité : un ancien Premier ministre britannique fait écrire ses mémoires par un nègre, mais celui-ci est assassiné. L’éditeur engage un autre nègre, et, en épluchant ce qu’a écrit son prédécesseur, le remplaçant croit découvrir un « lourd secret » : l’ancien Premier ministre, en qui on n’a aucune peine à reconnaître Tony Blair, aurait été recruté par la CIA quand il était étudiant. Mais, retournement, après bien des péripéties – dont l’assassinat de l’ex-Premier ministre par ceux qui lui en voulaient d’avoir envoyé des soldats en Irak –, le nègre découvre que c’est en réalité sa veuve qui avait été recrutée ! Et, dans les minutes qui suivent, il est à son tour assassiné...

Outre que cette histoire semble bien pâle auprès de centaines de romans policiers bien mieux conçus, ce dénouement est complètement invraisemblable : abattre quelqu’un, qui en sait désormais trop, en le faisant renverser par une voiture en plein centre de Londres, cela ne se monte pas en quelques minutes. Et puis, ce cliché qui conclut ce dernier assassinat : les pages du manuscrit qui s’envolent et recouvrent la chaussée !...

Deux bons acteurs : Eli Wallach, qui a un très petit rôle, et Kim Catrall, l’une des vedettes de Sex and the City. Pour le reste, rien à noter. Surtout pas les élucubrations des critiques, lesquels ont vu dans le film une obsession de la culpabilité, sous le prétexte que son réalisateur traîne depuis plusieurs décennies une histoire de viol de mineure qui a fini par l’envoyer dans une geôle suisse.

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L’arnaque des films en relief

Mardi 30 mars 2010

Lorsque les premiers films en 3D ont commencé à se banaliser, on vous faisait payer la location des lunettes deux euros, parfois même trois euros. Or, la semaine dernière à Paris, le complexe UGC Ciné-Cité des Halles a installé la 3D, qu’il n’avait pas jusqu’ici, et a fixé le prix des lunettes à UN euro.

Aussitôt, d’autres salles à Paris ont divisé par deux le prix de leurs lunettes. Par exemple, le Max-Linder, sur les Grands Boulevards, qui annonce triomphalement cette innovation, comme s’il en avait pris tout seul l’initiative.

Il faut en conclure que, si on pouvait le faire et qu’on ne le faisait pas jusqu’alors, c’est que les spectateurs se faisaient voler comme dans un bois !

(D’ailleurs, faire payer pour une marchandise qu’on vous reprend à la sortie, c’est déjà du vol)

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La rafle

Mercredi 31 mars 2010

Réalisé par Roselyne Bosch

Sorti en France, en Belgique et en Suisse le 10 mars 2010

Bien sûr qu’il fallait faire ce film, même s’il n’est pas réussi, puisqu’il n’existait rien sur la rafle des 16 et 17 juillet 1942, dite « rafle du Vel’ d’Hiv’ » (le Vélodrome d’Hiver, démoli en 1959, dans le quinzième arrondissement de Paris). Le film n’est certes pas un grand film, il est conçu et structuré de façon hollywoodienne, c’est-à-dire centré sur un petit groupe de personnages auxquels on est invité à s’identifier, et la musique est parfois inutile lorsque la force des scènes suffit (oh ! cet arrangement au violoncelle du Clair de Lune de Debussy !). Mais enfin, qu’il s’agisse d’une reconstitution « façon SFP », comme l’ont dit certains malveillants, n’a rien de répréhensible. Outre les détails dont je parlerai plus loin, je n’ai guère tiqué que sur l’interprétation des personnages d’Hitler, de Pétain, de Laval, de Bousquet et de Leguay, par des acteurs qui ne leur ressemblent pas, et figurent dans des scènes inutiles.

En revanche, que des éloges sur les acteurs principaux. Jean Reno, qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il n’a rien à faire, est sobre, les deux petits Mathieu et Romain Di Concerto, qui jouent l’enfant Noë, sont amusants, et Hugo Leverdez, le jeune garçon autour de qui tourne l’intrigue et rescapé de la rafle (il parvient à s’enfuit du camp de Beaune-la-Rolande), est aussi beau que talentueux.

Sur l’histoire, rien à signaler, tout est authentique, y compris le fait que les nazis ne voulaient pas s’encombrer des enfants raflés, mais seulement des plus de seize ans, et que les autorités de la Collaboration française ont beaucoup insisté pour les leur refiler quand même. Leur nombre varie selon les sources (4155, 4051 – 4071 selon le film). Hitler, consulté, a fait attendre sa réponse vingt-huit jours avant d’accepter ! Et aucun n’est revenu d’Auschwitz.

J’ai dit en commençant que le film était conçu à la manière des scénarios d’Hollywood. C’est ainsi que, par exemple, la réalisatrice emploie le cliché, frisant la malhonnêteté, consistant à filmer le nounours en peluche du petit garçon, Noë dit Nono, abandonné sur le sol après que l’enfant a été embarqué dans le train qui va le conduire vers un camp de la mort. Non moins hollywoodien, le fait que les deux enfants sympathiques du film, le même Nono et le jeune Jo, sont sauvés contre toute attente et qu’on les retrouve dans la scène finale. Ces maladresses, voire ces impostures, grèvent le film et empêchent d’y adhérer autant que la production l’espérait.

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés

Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.