JPM - Films vus - Notules -  Mars 2016

Notules - Mars 2016

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées : La table aux crevésJe suis mort mais j’ai des amis – The trouble with Harry – Délice Paloma – The waveBølgenVictoriaThe suicide theoryLe vrai du faux – Orange mécanique – Les invasions barbares – Merci patron !10 Cloverfield Lane – Whiplash – Cloverfield

Personnes citées : Henri Verneuil – Marcel Aymé – Fernandel – Guillaume Malandrin – Stéphane Malandrin – Lyes Salem – Roar Uthaug – Sebastian Schipper – Dru Brown – Émile Gaudreault – Stanley Kubrick – Stéphane Rousseau – Dan Trachtenberg – Damien Chazelle – John Goodman

 

La table aux crevés

Dimanche 6 mars 2016

Réalisé par Henri Verneuil

Sorti en France le 10 octobre 1951

À Cantagrel, petit village du Midi, Urbain Coindet, paysan et conseiller municipal, retrouve pendue sa femme Aurélie – on ne saura pas le cause de ce suicide. Peut-être savait-elle que son mari en aimait une autre, Jeanne, et d’un amour partagé. Peu chagrin de la mort de sa femme, Urbain devient l’amant de Jeanne, à la grandeur fureur de Frédéric, le frère de Jeanne, qui croit qu’Urbain l’avait précédemment dénoncé aux gendarmes pour un trafic de cigarettes. Mais l’ami d’Urbain et ancien camarade de guerre, Victor, retrouve un témoin attestant qu’Urbain n’a rien à se reprocher, et Frédéric renonce à tuer Urbain.

Ce premier long métrage (après une douzaine de courts) d’Henri Verneuil est bien réalisé, ce qui ne sera pas toujours le cas lorsque ses scénarios ne seront pas à la hauteur. Ici, l’histoire est de Marcel Aymé, néanmoins l’écrivain ne sera pas satisfait qu’on ait transféré son histoire dans le Midi, car il ne voulait pas qu’on en fasse « une galéjade », a-t-il dit. Les deux hommes se sont brouillés à vie.

Fernandel confirme qu’il est déjà un grand acteur. Après sa mort, sa popularité connut un passage à vide, mais qui ne dura pas.

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Je suis mort mais j’ai des amis

Samedi 12 mars 2016

Réalisé par Guillaume Malandrin et Stéphane Malandrin

Sorti en Belgique le 17 juin 2015

Sorti en France le 22 juillet 2015

Un groupe de musiciens belges, spécialisé dans le rock, a décroché un contrat pour aller jouer à Los Angeles. Mais l’un d’eux, Jipé, le chanteur, meurt d’un accident. Et ses amis découvrent que, depuis cinq ans, il vivait avec un homme, Dany, militaire et aviateur. Ils font incinérer Jipé, mais Dany exige de les accompagner à Los Angeles, ce qu’ils refusent. Mais, après bien des péripéties à la limite de la loufoquerie, ses cendres, qu’on transfère d’un lieu et d’un récipient à un autre comme le cadavre dans The trouble with Harry, seront finalement dispersées sur une voie de chemin de fer, et au Québec, et Dany sera enfin accepté.

Le film est assez proche des productions grolandaises, et malmène joyeusement la vraisemblance. Mais il est plein d’humanité autant que de fantaisie. L’acteur-réalisateur algérien Lyes Salem joue Dany, tenant pour la seconde fois, après Délice Paloma, le rôle d’un homosexuel plutôt viril.

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The wave

Dimanche 13 mars 2016

Réalisé par Roar Uthaug

Titre original : Bølgen

Sorti en Norvège le 28 août 2015

Pas sorti en France

Film norvégien mais dont les trucages numériques (pas excellents) ont été réalisés en Roumanie. Le mont Åkneset, qui se trouve dans le fjord Geiranger, est instable : il est sujet aux éboulements, donc très surveillé par une équipe qui a posé des capteurs. Mais Kristian, qui devait aller s’installer en ville, découvre des effets annonçant une catastrophe, et reste sur place. S’ensuivra, en effet, une catastrophe, avalanche et vague d’eau balayant tout, qui va mettre à l’épreuve lui-même et sa famille.

C’est sympathique, bien joué, sans prétention. Est-ce pour cela que le film, uniquement présenté dans un festival montagnard en France, n’a trouvé aucun distributeur ?

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Victoria

Lundi 14 mars 2016

Réalisé par Sebastian Schipper

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 7 juillet 2015

Sorti en France le 1er juillet 2015

Je n’avais pas voulu assister à l’avant-première de ce film, et j’ai eu raison, car il est deux fois trop long, et ne semble justifié que par l’intention de le tourner en un seul plan de... deux heures et dix minutes, ce qui est lassant. La seule scène un peu intéressante est celle où Victoria a joué au piano Mephisto Waltz, de Franz Liszt, et, au garçon qui l’accompagne et lui dit qu’elle aurait dû faire une carrière de virtuose, répond qu’elle n’avait pas le niveau, et que le milieu artistique, gangrené par les rivalités, ne lui plaisait pas du tout – seul passage du dialogue où l’on ne s’ennuie pas.

Puis le film s’embarque dans une histoire de hold-up dans une banque, qui se termine mal. Victoria et Sonne vont se réfugier à l’Hôtel Westin, qui l’un des plus chers de Berlin, et Sonne, blessé par balle, meurt. Victoria appelle une ambulance, et part avec l’argent.

Le scénario est bourré de scènes superflues, sur des dialogues de bas étage, et le film ne mérite pas la considération qui lui a été accordée.

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The suicide theory

Jeudi 17 mars 2016

Réalisé par Dru Brown

Sorti aux États-Unis le 4 juin 2014

Pas sorti en France

Steven est un tueur à gages, occupation qu’il a choisie après que sa femme Annie, renversée par un chauffard, est morte. Or un homme, Percival, l’engage pour être tué : c’est un peintre de talent, qui ne se remet pas de la mort de son amant Christopher. Il ne met à cette opération qu’une condition : Steven devra le tuer au moment où lui-même ne s’y attendra pas ! Mais Steven échoue à deux reprises.

Finalement, les deux hommes, à force de s’interroger sur le destin et la culpabilité, deviennent amis, et Steven, remboursant Percival, annule leur marché. En outre, il tue ou estropie quatre voyous qui avaient maltraité son ami, et sauve la vie d’un policier : le voilà devenu une sorte de bienfaiteur !

Le dénouement est assez tordu, puisqu’on apprend que c’est Steven qui avait tué Christopher, alors que Percival, au volant de sa voiture, avait renversé et tué Annie. Alors Steven pardonne à Percival, mais le balance du haut d’une terrasse, ce que son ami avait toujours redouté de faire. Puis lui-même, renversé à son tour par un camion, se retrouve à l’hôpital.

Le scénario, très ingénieux, est truffé de détails dont on ne découvre le sens que bien plus tard. La réalisation est parfaite, et la musique, extrêmement soignée.

En bref : à voir absolument.Haut de la page

Le vrai du faux

Samedi 19 mars 2016
Le vrai du faux

Réalisé par Émile Gaudreault

Sorti au Canada le 9 juillet 2014

Pas sorti en France

Marco Valois est un réalisateur québécois de films d’action qui plaisent beaucoup à un public jeune et pas très exigeant, surtout « Furie 1 » et « Furie 2 » – mais on lui dit sans cesse que le 1 était mieux que le 2 ! Or ces films ont indirectement provoqué quatre accidents chez des admirateurs, le dernier étant mortel. Crucifié par la presse comme Kubrick à l’époque d’Orange mécanique, Valois veut se reconvertir en tournant un documentaire sur le traumatisme causé sur des soldats québécois en Afghanistan, et cherche un soldat qui y a combattu. Il en trouve un, Éric, qui est d’abord très réticent, puis qui acccepte d’être constamment filmé avec un smartphone pour un film sur sa propre vie.

Les deux hommes deviennent amis, mais, en fin de compte, ils ne le resteront pas, sinon « sur Facebook », car il s’avère qu’Éric n’était intéressé que par l’argent.

  Le film, qui compte certaines scènes un peu trop longues, et d’autres passablement burlesques, bénéficie d’une réalisation correcte et d’une interprétation moyenne, dominée par Stéphane Rousseau, qu’on préférait néanmoins dans Les invasions barbares.

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Merci patron !

Mardi 29 mars 2016

Réalisé par François Ruffin

Sorti en France le 24 février 2016

Bernard Arnault est ce patron milliardaire, l’homme le plus riche de France, qui a tenté d’obtenir la nationalité belge. Pour payer moins d’impôts, comme Depardieu ? Vous n’y êtes pas. Il voulait simplement, a-t-il dit, éviter qu’à sa mort, le fisc français prélève des droits de succession trop élevés sur l’héritage de ses enfants. Le brave homme... Les Belges n’ayant pas avalé le bobard, le cher Bernard est toujours français, et continue de virer à tour de bras les milliers d’employés qui travaillent dans ses industries de luxe : Louis Vuitton, Dior, Moët et Chandon, Givenchy, Kenzo, et on en passe. C’est d’ailleurs ainsi qu’il a bâti sa fortune, en revendant, de l’empire textile Boussac, tout ce qui ne l’intéressait pas, et en gardant les activités les plus rentables, celles du luxe.

Bref, dans un petit bled du Nord, la famille Klur s’est retrouvée au chômage, et, les dettes s’accumulant, sa maison, que le couple a entièrement aménagée de ses mains, devait être saisie, avec tout ce qu’elle contient. Mais François Ruffin, fondateur et rédacteur en chef du petit journal contestataire d’Amiens « Fakir », a décidé de s’occuper d’eux, en achetant une action de LVMH, le groupe que possède Arnault, et en manifestant au cours de l’assemblée générale des actionnaires. Le naïf ignorait que, pour LVMH, il existe deux sortes d’actionnaires : les gros, qui assistent à la grand’messe des riches et peuvent poser des questions au PDG, et les petits, cantonnés dans une salle exigüe, où ils ne verront le patron que sur un écran, et seront privés de micro, donc de questions. Et Ruffin, qui proteste, se fait expulser manu militari !

Tout au long du film, et j’ignore s’il le fait aussi dans la vie, Ruffin affecte d’admirer beaucoup Arnault pour sa bonté et sa sollicitude envers les travailleurs : le journaliste ne roule-t-il pas dans un véhicule décoré de l’inscription I love Bernard ? Et ne porte-t-il pas un T-shirt à la gloire de son idole ? Mais tout ce qu’il montre et tout ce que disent ses interlocuteurs, ouvriers et syndicalistes, tout cela proclame le contraire, la sécheresse et l’indifférence du grand patron.

Alors, Ruffin monte un coup : en présence de la famille Klur, il écrit une lettre destinée au patron, décrivant la situation et signalant que les Klur ont besoin de 35 000 euros pour s’en sortir. Si Arnault ne paie pas avant telle date, il enverra sept lettres de dénonciation qu’il a écrite pour « Le Canard enchaîné », « Le Monde », « Libération », France Inter, Mélenchon, Hollande et je ne sais qui d’autre. Et Arnault envoie un émissaire à la famille Klur, promettant de payer et de faire embaucher Klur dans un magasin de son choix, à la stricte condition que la famille ne soufflera pas un mot sur ce contrat d’un nouveau genre. Mais alors, le film que Ruffin est en train de tourner ne pourra pas sortir ?

Hélas pour Arnault, un individu de son entourage a parlé en public de ce contrat ! Du coup, les victimes indemnisées ne craignent plus les conséquences de leur indiscrétion. Et le film s’achève dans une petite fête au champagne, bu... à la santé de Bernard Arnault.

Film jouissif dans son déroulement et sa logique implacable. Naturellement, Arnault a tout fait pour empêcher que les journalistes qu’il emploie s’abstiennent d’en parler. Raté !

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10 Cloverfield Lane

Jeudi 31 mars 2016

Réalisé par Dan Trachtenberg

Sorti aux États-Unis le 8 mars 2016

Sorti en France le 16 mars 2016

On a frôlé le bon film, tant il est bien conçu (l’un des scénaristes est Damien Chazelle, l’auteur de Whiplash, qui vient d’avoir trente ans), bien réalisé, bien interprété (surtout par John Goodman, la seule vedette présente), bien sonorisé et bien musiqué. Hélas, la séquence de fin déçoit : elle révèle le lien avec Cloverfield, film catastrophe de 2008, qui montrait la destruction de New York par un monstre venu de l’espace. Et, après avoir cru assister à un huis-clos dans un abri anti-atomique où un fou aurait séquestré deux innocents, on découvre que le fou ne l’était pas, sauf sur un point : il croyait que l’atmosphère avait été polluée, or elle ne l’était pas davantage. Si bien qu’on débouche sur une séquence en numérique montrant les exactions du monstre aérien, qu’une fille réussit à tuer, avant de choisir d’aller soigner les victimes dans un hôpital voisin !

Le soin apporté au son se révèle dans une scène que sans doute les spectateurs ne remarquent pas : après une détonation dans l’abri anti-atomique, les dialogues sont perçus comme étouffés après une vraie détonation ; puis l’audition revient à la normale après quelques secondes. Comme dans la vie réelle. Je n’ai jamais entendu cela dans un film.

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.