JPM - Films vus - Notules -  Avril 2010

Notules - Avril 2010

 

Plus courtes que les critiques, les notules traitent d’un ou plusieurs films, ou de sujets d’actualité en rapport avec le cinéma. Jusqu’en septembre 2004, elles provenaient de divers forums aujourd’hui disparus. Par la suite, elles s’en affranchissent et sont rédigées directement ici.

Œuvres citées (en italiques, autres que des films) : Les invités de mon pèreDaniel et Ana – Daniel & Ana – Lignes de frontEnsemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour... – Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers – Cher John – Dear John – Gilbert Grape – Tête de TurcNénette – Être et avoir – Retour en Normandie – Nuits d’ivresse printanièreDomaine – The 11th hour – Ajami – Crash – Collision – Magnolia – Le voleur de bicyclette – Les poings dans les poches – I pugni in tasca – Le guépard – La Traviata – Le diable au corps – La comtesse – The countess – Two days in Paris – Mammuth – Avatar – Green zone

Personnes citées : Anne Le Ny – Éric Besson – Fabrice Luchini – Michel Franco – Jean-Christophe Klotz – Jalil Lespert – Pascal Thomas – Julien Doré – Guillaume Gallienne – Dino Risi – Ugo Tognazzi – Isabelle Huppert – Lasse Hallström – Oussama Ben Laden – Channing Tatum – Pascal Elbé – Luc Besson – Ronit Elkabetz – Nicolas Philibert – Patric Chiha – Béatrice Dalle – Fabrice Luchini – Isaïe Sultan – Leonardo DiCaprio – Tom Cruise – John Travolta – Harrison Ford – Vittorio De Sica – Marco Bellocchio – Lou Castel – Luchino Visconti – Maruschka Detmers – Julie Delpy – Erzebet Bathory – Daniel Brühl – William Hurt – Gustave Kervern – Benoît Delépine – Gérard Depardieu – Paul Greengrass – Matt Damon – George Bush – George Clooney – Brad Pitt

Les invités de mon père

Jeudi 1eravril 2010

Réalisé par Anne Le Ny

Sorti en France le 31 mars 2010

Une comédie sur les bobos, qui finit sur un mode plutôt amer : les enfants du vieillard Lucien, médecin retraité, ancien militant des droits de l’Homme, qui a « recueilli » chez lui une prétendue réfugiée de Moldavie de cinquante ans plus jeune, et l’a épousée, finissent par dénoncer à la préfecture le mariage blanc (ou gris, selon le classement d’Éric Besson), parce qu’elle plumait leur père et avait commencé à le pousser vers la tombe. Tatiana sera expulsée, ce qu’elle le méritait bien, mais sa petite fille devra repartir avec sa mère.

Un festival de conflits entre les opinions bien-pensantes et leur traduction dans la réalité, qui n’est pas si rose. Le dialogue est souvent bon, et les acteurs sont irréprochables. Même Luchini ! Mais quelques dents risquent de grincer quant à l’aspect moral de cette histoire.

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

Daniel et Ana

Mardi 6 avril 2010

Réalisé par Michel Franco

Titre original : Daniel & Ana

Sorti en France (Festival de Cannes) le 18 mai 2009

Sorti en France le 31 mars 2010

Un film qui laisse perplexe, car il est à la fois décent sur la forme et hypocrite sur le fond, alors que c’est souvent le contraire ! Expliquons.

Daniel, 17 ans, lycéen, vierge, et Ana, sa sœur aînée sur le point de se marier et d’aller vivre avec son mari en Espagne, appartiennent à une famille mexicaine aisée. Un jour, ils sont enlevés en pleine ville par deux individus qui les conduisent, yeux bandés, dans une maison inconnue, où on leur ordonne de coucher ensemble devant l’objectif d’une caméra ; s’ils refusent, ils seront violés puis tués. Ils s’exécutent, et on les libère.

La suite du film montre les conséquences ravageuses de cet acte sur leur psychisme, surtout celui de Daniel : il cesse d’aller au lycée, passe son temps au cinéma, refuse d’aller voir la psy que sa sœur a commencé de consulter – les parents n’ont pas été mis au courant –, et viole sa sœur une seconde fois. Puis, lors du repas de mariage, il offre un verre à son beau-frère, dans lequel il a auparavant jeté son sperme ! Charmant... Le film s’arrête quand les jeunes mariés font leurs adieux à la famille.

Précédant le générique de fin, un carton explicatif vient éclairer le mystère de cet enlèvement : ils ont été victimes de pornocrates, qui tournent des films mettant en scène des jeunes, et vendent le résultat sur Internet. Et c’est là que plus rien ne va et que cette « explication » tourne à l’alibi boiteux.

En effet, d’une part, le tournage auquel nous avons assisté n’évoque en rien un film porno : la caméra est sur pied, donc immobile, à trois mètres des protagonistes, et ne fait aucun mouvement, aucun gros plan. Il faut n’avoir jamais vu de films pornographiques pour croire qu’ils sont réalisés comme des reportages animaliers ; bien au contraire, utilisant quasi-exclusivement la caméra portée, ils multiplient les plans variés et les gros plans sur les organes sexuels, détails sans lesquels les amateurs ne trouveraient aucun motif à excitation ! Autre raison, les deux malfrats ont filmé en plan rapproché et lu à voix haute, pour le micro de la caméra, le libellé des cartes d’identité des deux jeunes. Où a-t-on vu que les films pornos utilisaient de tels renseignements ? On comprendrait, si l’objet du film clandestin avait été destiné à un chantage sur la famille, mais il n’en est nullement question dans cette histoire.

Tous les commentaires lu dans la presse et sur Internet à propos du climat étouffant et du caractère « dur » de ce récit relèvent de la plus haute fantaisie. Le film intrigue un peu, puis s’autodétruit au moment de l’épilogue.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Lignes de front

Mercredi 7 avril 2010

Réalisé par Jean-Christophe Klotz

Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 9 août 2009

Sorti en France le 31 mars 2010

Antoine Rives, joué par Jalil Lespert, meilleur acteur que réalisateur, est un journaliste français, qui a persuadé son patron de l’envoyer au Rwanda : nous sommes au début des massacres que les Hutus perpètrent sur les Tutsis. Antoine sera guidé par un jeune Hutu, Clément, qui a fait ses études en France et retourne au pays pour tenter d’y retrouver sa fiancée Alice, laquelle est tutsie.

Le réalisateur Jean-Christophe Klotz, qui a aussi composé la musique de ce film, a lui-même été dans cette situation de couvrir ces massacres, il y a seize ans, et son propos n’est pas anodin, puisque, sans prêcher, il traite de la plupart des sujets touchant à la responsabilité des journalistes, dont le principe philosophico-scientifique énonçant ce paradoxe, qu’observer un phénomène peut contribuer à modifier ledit phénomène. En effet, le reportage qu’Antoine a rapporté de son premier séjour et qui a été diffusé à la télévision va révéler aux Hutus qu’un certain prêtre européen et catholique dissimulait des réfugiés tutsis dans le grenier de son église. Résultat, ils se font tous massacrer. Antoine, revenu sur place pour un second reportage, en réchappe de justesse et rentre à Paris, brisé. Une lettre de Clément lui apprend que le jeune homme n’a toujours pas retrouvé Alice, et qu’il l’attend, au carrefour de trois routes où passent tous les réfugiés...

Le film est plus que sérieux, austère, et son auteur, tout en évitant les images horribles qu’un lourdaud nous aurait jetées au visage, ne filme pas pour ne rien dire.

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Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour...

Jeudi 8 avril 2010

Réalisé par Pascal Thomas

Sorti en France le 7 avril 2010

Ce film, qui semble parti pour faire un flop (je suis trop bien élevé pour écrire « Ce film, qui va se taper un bide »), est pourtant une comédie assez réussie, réalisée par un bon artisan qui rate rarement ses entreprises, Pascal Thomas. Ici, il raconte l’histoire d’un couple qui se forme non sans mal, puis se sépare à la suite d’une scène de jalousie née d’un malentendu, et se rabiboche à la fin. Rien d’original. C’est le traitement qui a intéressé son auteur, décidé à traiter le tout en ridiculisant ses personnages, procédé que beaucoup de critiques ont tendance à estimer antipathique, mais qui n’est pas condamnable en soi.

Les acteurs sont bons, surtout Julien Doré, qui débute et semble doué pour la comédie. Et le bavard Gallienne est distribué dans un rôle muet ! Cela s’arrange pour lui à la fin, avant un nouveau retournement : un accident lui fait recouvrer la parole et l’ouïe, mais comme il avait fait le serment, s’il guérissait, d’entrer dans les ordres, il se retrouve dans une communauté ayant fait vœu de silence !

J’ai néanmoins le regret de noter que le dialogue est mal écrit (on y relève un « Tu te rappelles DE ça » digne d’Isabelle Huppert), et que la scène où le muet commande deux cafés par téléphone est piquée dans un film italien classique de Dino Risi, datant de 1968, Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers (Ugo Tognazzi jouait le muet), et dont le réalisateur escompte visiblement que ses spectateurs ne l’auront pas vu ! Eh bien, c’est raté.

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Cher John

Vendredi 9 avril 2010

Réalisé par Lasse Hallström

Titre original : Dear John

Sorti aux États-Unis (à Charleston) le 24 janvier 2009

Sorti en France le 31 mars 2010

John rencontre Savannah. Ils tombent amoureux, mais John est un militaire en permission, et il lui reste un an à tirer. Hélas, le gag de Ben Laden réalisé par ses boys le 11 septembre 2001 à Manhattan l’incite à rempiler pour deux ans, et Savannah, lasse d’attendre, se marie avec un autre. Puis John est blessé et rapatrié. Il va revoir Savannah, dont le mari est en train de mourir d’un cancer. L’épilogue laisse penser qu’après la mort du mari, ils se remettront ensemble.

Cette histoire, très banale, quoique enrichie de quelques épisodes annexes, n’est guère soutenue que par l’acteur principal, Channing Tatum, qui ne manque pas de charme. Le réalisateur Lasse Hallström a fait mieux, notamment avec Gilbert Grape, en 1993.

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Tête de Turc

Lundi 12 avril 2010

Réalisé par Pascal Elbé

Sorti en France le 31 mars 2010

Les films de banlieue, spécialité française, suivent deux schémas possibles : soit le divertissement débile (poursuites de voitures, carambolages, bris de vitres, festival de pneus éclatés, affrontements avec la police, acrobaties improbables), et sont alors généralement produits et scénarisés par Luc Besson ; soit le film qui « fait réfléchir » et pousse à la « prise de conscience » – mais, comme l’écrivait naguère un rédacteur du « Canard enchaîné », une prise, ça se branche et ça se débranche.

Tête de Turc appartient à la seconde catégorie. Un garçon d’origine turque vivant en banlieue participe aux manifestations hostiles à la police, les célèbres « caillassages », et lance un cocktail Molotov contre la voiture d’un « Blanc », comme ils disent, sans se soucier du fait qu’il a visé le véhicule d’un médecin arménien qui, justement, passe sa vie à se dévouer pour les défavorisés du quartier. Se ravisant, il le tire de la voiture en train de brûler. Les autorités sont mises au courant de la seconde moitié du fait divers, et cherchent le sauveur pour lui décerner une médaille, sans savoir qu’il était aussi l’agresseur ! Préférant rester dans l’ombre (il prépare un voyage clandestin vers la Turquie), il veut refuser la récompense, mais sa mère le pousse fortement à l’accepter, car c’est le seul moyen pour lui et sa famille de se sortir de leur condition. Hélas, il ne peut s’empêcher de tout avouer à sa victime. Les circonstances le conduisent en prison, puis il en sort et part pour la Turquie avec sa petite amie.

Sur ce fil plutôt mince se greffent d’autres épisodes, essentiellement des tabassages et des agressions, soutenus par des personnages très caricaturaux, dont ne surnage que celui de la mère, joué par Ronit Elkabetz. Pour le reste, interprétation médiocre (le personnage du garçon est particulièrement transparent), prises de vues en caméra portée, images moches, dialogues de plomb, scène lourdement didactique entre le médecin et son frère où deux thèses opposées s’affrontent (compréhension contre désir de tolérance zéro), et cette perle du dialogue : « Je ne sais pas quoi vous dire... – Eh bien ne dites rien », entendue dans au moins dix mille films français.

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Nénette

Mardi 13 avril 2010

Réalisé par Nicolas Philibert

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 15 février 2010

Sorti en France le 31 mars 2010

Si Être et avoir, en 2002, était totalement réussi, et si Retour en Normandie, en 2007, était plutôt raté par manque d’honnêteté, Nénette se situe entre les deux : il n’est pas absolument nécessaire de le voir, mais on n’y perd pas forcément son temps, car deux ou trois détails pittoresques émaillent le reportage.

Nénette est une guenon orang-outan de quarante ans, pensionnaire du Jardin des Plantes. Le film ne montre qu’elle, tandis que les visiteurs et employés du zoo ne sont présents que sur la bande sonore, et parfois aussi, visibles dans un reflet de la glace qui sépare l’animal, dangereux, des humains. De toute évidence, le réalisateur a succombé à la tentation de vouloir nous en apprendre sur nous-mêmes en filmant un animal, démarche qui ne brille pas par l’originalité. Mais certains commentaires des visiteurs valent le déplacement, par exemple celui-ci : « Elle est rouquine. Autrefois, en Égypte, on les mettait à mort avant leur naissance. On les lapidait ». Essayez d’imaginer ces malheureux primates lapidés avant leur naissance...

 L’animal est vraiment laid et pas du tout attachant, car les orangs-outans ne brillent pas par leur sociabilité, et ils n’émettent pratiquement aucun son. Prenez plutôt un hamster.

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Nuits d’ivresse printanière

Jeudi 15 avril 2010

Réalisé par Lou Ye

Titre original : Chun feng chen zui de ye wan

Sorti en France (Festival de Cannes) le 14 mai 2009

Sorti en France le 14 avril 2010

Parce qu’un film est chinois, a contourné la censure et parle d’homosexualité, faut-il forcément lui tresser des couronnes ?

Trois garçons et deux filles. L’un des garçons vit avec une fille mais couche avec un autre garçon. La fille le fait suivre par un troisième, qui tombe amoureux de l’un des deux, bien que lui-même vive déjà avec une autre fille. Puis, vers le milieu du récit, l’un des garçons se suicide sans qu’on sache vraiment pourquoi. Suivent alors une kyrielle de scènes où les personnages se téléphonent beaucoup, où tous pleurent, où les deux garçons survivants se disputent au bord d’une route, et où, enfin, l’une des filles tente d’égorger l’un des deux garçons avec un tesson de bouteille. Mais il en réchappe et se fait tatouer un rameau fleuri sur la poitrine.

Tout cela est filmé avec une caméra portée qui gigote sans arrêt, on ne comprend guère ce qui se passe, toutes les images sont laides, et la conclusion, après un interminable panoramique dans un crépuscule blafard sur cette horreur qu’est la ville de Nankin, consiste en la lecture d’un long poème de 1923, destiné à justifier le titre, qui n’avait rien à voir avec l’histoire.

À Cannes, on a collé à ce film le Prix du Scénario. Le jury de Cannes nous étonnera toujours. Quant aux critiques parisiens, ils ont poussé des hurlements d’admiration, ce qui surprend peu : les films traitant de l’homosexualité ont souvent la cote. On en connaît de meilleurs...

Dans la grande salle quasi-vide où je me trouvais, plusieurs spectateurs n’ont pas enduré jusqu’au bout ce pensum, et ont déserté. Je les comprends.

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Domaine

Vendredi 16 avril 2010

Réalisé par Patric Chiha

Sorti en Italie (Festival de Venise) le 5 septembre 2009

Sorti en France le 14 avril 2010

Titre sybillin, peut-être en relation avec les mathématiques, puisque l’héroïne de cette histoire est passionnée de cette discipline, par goût et désir de mettre de l’ordre dans la vie. Béatrice Dalle joue Nadia, une femme étrange, à laquelle s’est attaché son neveu Pierre, lycéen de 17 ans, beau, intelligent, et qui va se révéler homosexuel sans que ce détail ait d’ailleurs la moindre importance dans les évènements qui nous sont montrés. Il se trouve que Nadia, tenue à l’écart par la mère de Pierre – sa propre sœur, donc –, qui la trouve « dangereuse », aussi fantasque et libre que son interprète, est alcoolique, et qu’on lui découvre une cirrhose. Elle doit suivre un traitement dans un sanatorium situé en Autriche, où elle s’ennuie férocement et perd tout désir de vivre. Pierre vient lui rendre visite, lui propose une promenade en montagne, et alors qu’il sait qu’elle ne doit pas boire une seule goutte d’alcool, la laisse boire du vin, puis, la nuit venue, s’arrange pour la perdre en forêt : une forme d’euthanasie qui ne dit pas son nom.

Ce film, qui tranche sur le cinéma français tout-venant, brille surtout par les défauts qu’il n’a pas et qu’il aurait pu avoir. Pas de dialogue prétentieux, pas de bobos germanopratins (nous sommes à Bordeaux), pas de numéro d’acteur dans le style Luchini (en dépit de son personnage d’alcoolique, Béatrice Dalle est sobre, avec quelques éclats), pas de caméra portée ni de trucages numériques, pas de famille pittoresque ou rongée par un « lourd secret », mais du sérieux, une histoire écrite quoique un peu longue (on couperait volontiers les scènes de boîte de nuit), et un interprète débutant, Isaïe Sultan, qui tient convenablement son rôle, contrairement à certaines « révélations » récentes et survendues comme le jeune garçon de Tête de Turc.

Néanmoins, le caractère trop austère du film, et surtout, la lenteur du cheminement qu’il emprunte pour arriver à son dénouement et dont on craint fort que ses péripéties soient surtout là pour le plaisir de l’auteur plutôt que du spectateur, tout cela empêche de le recommander à tous.

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Écolos pour la galerie

Dimanche 18 avril 2010

Les vedettes d’Hollywood sont volontiers donneuses de leçons, en matière de morale, et, puisque la mode le veut, en matière d’écologie. Ainsi, Leonardo DiCaprio a été jusqu’à produire un film, The 11th hour (présenté au Festival de Cannes le 19 mai 2007, mais jamais sorti en France), et qui tentait de démontrer que c’est à la génération actuelle qu’incombe le devoir de changer le monde pour toujours – pensée puissamment profonde et originale.

Tout cela serait très bien si ces prises de position ne servaient pas, surtout, à faire la publicité des vedettes, et si elles se comportaient dans la vie comme elles le conseillent à autrui. Or le même DiCaprio se déplace beaucoup, et toujours en avion, ce qui, probablement, contribue aux économies de carburant et à la réduction des fameux gaz à effet de serre qui terrorisent les masses (on a fait ce qu’il fallait pour ça).

Le numéro actuellement en vente des « Dossiers du Canard » nous révèle que Tom Cruise possède cinq avions, John Travolta également (dont un Boeing 707 !), et qu’Harrison Ford est aussi bien pourvu, mais qu’il est propriétaire, en sus, d’un hélicoptère ! Bien sûr, on se doute que ces braves gens laissent sous un hangar leur escadrille personnelle, pour ne pas polluer l’atmosphère.

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Ajami

Lundi 19 avril 2010

Réalisé par Scandar Copti et Yaron Shani

Sorti en France (Festival de Cannes) le 22 mai 2009

Sorti en France le 7 avril 2010

Ce film israélien ne se révèle pas d’emblée comme relevant partiellement du style policier : on le prend d’abord pour un de ces redoutables films choraux, genre qui a donné aux États-Unis quelques bons films, comme Crash (alias Collision pour l’exploitation française) ou Magnolia, et en France, surtout des navets.

Ajami est le nom d’un quartier de Jaffa, où vit une population mêlée : musulmans, chrétiens et juifs, ce qui ne va pas sans heurts. Le récit commence de manière séduisante, avec ce garçon de treize ans, Nasri, qui pense avoir un don de prédiction, car il a dessiné un attentat avant même qu’il se produise ! Hélas, ensuite, ce don réel ou supposé ne joue plus aucun rôle dans l’histoire, on se demande par conséquent pourquoi l’avoir introduit. Il faut dire que le récit est particulièrement embrouillé, que les personnages, épisodiques et nombreux, sont parfois abandonnés une bonne demi-heure (au point que le spectateur pense qu’il ne les reverra plus !) pour revenir ensuite, et que, joués par des acteurs inconnus, ils sont assez mal caractérisés. Ainsi, cette idylle cachée entre une jeune fille et un employé musulman de son père, Omar : il faut presque attendre la fin pour apprendre que la fille est chrétienne, ce qui, tout de même, n’était pas sans importance et aurait pu être dit plus tôt...

Le côté policier, qui finit par prendre le dessus, repose sur une histoire de drogue, de la cocaïne qu’un personnage, après une perquisition infructueuse de la police, remplace par de la farine, n’en gardant qu’une petite quantité qui va du reste lui être fatale après qu’il l’eut sniffée. La réalisation est brouillonne, cahotique, et on peut avoir du mal à suivre les péripéties qui, comme pour Nuits d’ivresse printanière (voir plus haut dans cette page), ne brillent pas toutes par la clarté. Certes, je ne réclame pas que tous les films aient la simplicité du chef-d’œuvre de Vittorio De Sica Le voleur de bicyclette, mais le travail d’un réalisateur ne devrait-il pas aussi consister à rendre son récit plus clair, au lieu de l’embrouiller pour se faire plaisir ?

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Les poings dans les poches

Mardi 20 avril 2010

Réalisé par Marco Bellocchio

Titre original : I pugni in tasca

Sorti en Italie le 31 octobre 1965

Sorti en France en mai 1966

Ressorti en France le 24 mars 2010

Troisième film de Marco Bellocchio, en noir et blanc, avec Lou Castel, qui, malgré son nom, était né en Colombie, et a beaucoup tourné en Italie (il était figurant dans Le guépard, son premier film – Visconti ne recrutait que des beaux garçons) : ce film-ci est son deuxième, et il en a tourné cent vingt-huit, sans jamais devenir une vraie vedette. Bellocchio, lui, a souvent filmé des familles déséquilibrées, en vue de dynamiter la conception traditionnelle des valeurs familiales... bien que, pour faire son film, il ait emprunté l’argent à sa propre famille !

Pas de pater familias dans celui-ci, mais une mère aveugle, un frère aîné, Augusto, qui entretient tout le monde, un autre frère débile, Leone, et un troisième, Alessandro, environ vingt ans, et qui est fou, joué par Lou Castel, que l’on voit constamment. Surnommé Ale, il ne travaille pas, se comporte bizarrement, pousse fréquemment et sans raison des hurlements effrayants, a de vagues projets pour la réalisation desquels il compte emprunter de l’argent à son frère (mais celui-ci, qui veut se marier et quitter la maison, espère bien échapper à cet emprunt), puis finit par pousser leur mère dans un ravin. Le crime passe pour un accident, semble-t-il, puisque Ale n’est pas inquiété. Plus tard, il noie son frère Leone dans la baignoire. Le film se termine par une scène où, pris de convulsions, il se roule longuement sur le sol, au son de La Traviata.

La mise en scène n’est pas particulièrement désuète, mais le scénario, dû au réalisateur, l’est bel et bien. Bellocchio, très provocateur (il avait inclus une scène de fellation dans Le diable au corps, et la pauvre Maruschka Detmers a mis vingt ans à s’en remettre), n’est jamais parvenu à une vraie notoriété, et si beaucoup de critiques le placent très haut, sans doute parce qu’il est à l’extrême gauche, le public l’ignore royalement.

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La comtesse

Mercredi 21 avril 2010

Réalisé par Julie Delpy

Titre original : The countess

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 9 février 2009

Sorti en France le 21 avril 2010

Il s’agit de la comtesse Bathory, qui a laissé une réputation sinistre dans l’histoire, sans doute à tort. Cette figure de la haute aristocratie hongroise, très riche et créancière du roi qui se fait tirer l’oreille pour rembourser ce qu’il lui doit, se retrouve veuve à 39 ans. Elle tombe amoureuse du fils, Istvan, 21 ans, du comte György Thurzó dont elle a repoussé les avances. Amour partagé. Mais le comte séquestre son fils, puis tente de le marier de force avec une riche Danoise, et intercepte les lettres que la comtesse Bathory lui envoyait ; mieux, il fabrique une fausse réponse de son fils, signifiant à la comtesse la rupture de leur liaison. Elle devient folle, et pense que son âge et ses rides naissantes ont repoussé son jeune amant. Un incident extravagant lui donne à penser que le sang d’une jeune vierge peut effacer ses rides, et elle commence à consommer beaucoup de sang, pris d’abord à ses servantes, puis à des condamnées à mort pour sorcellerie, enfin à des filles qu’elle fait enlever. Le curé de l’endroit veut la dénoncer au roi, mais sa lettre est interceptée, et il est assassiné.

Mais la comtesse a commis l’erreur de faire enlever de jeunes aristocrates, et cette fois, ceux de sa caste s’en mêlent et font intervenir le roi. Elle échappe à la condamnation à mort en raison de son rang, mais en 1614, elle finira emmurée dans sa chambre, où elle se suicide en s’ouvrant les veines avec les dents !

Julie Delpy, qui avait fort bien réussi son Two days in Paris, change complètement de genre, et filme la légende bien plus que la vérité historique, tout en trouvant bien des excuses à son personnage, à la fois bourreau et victime. Son film est d’une haute tenue, très bien interprété par elle-même, par le jeune et beau Daniel Brühl qui avait déjà un petit rôle dans le film cité plus haut, et par William Hurt. Comble de bonheur, il n’est ni interminable ni en 3D !

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Mammuth

Lundi 26 avril 2010

Réalisé par Gustave Kervern et Benoît Delépine

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 19 février 2010

Sorti en France le 21 avril 2010

La critique a poussé des hurlements d’admiration, mais j’avoue m’être ennuyé au bout de trois quarts d’heure. Certes, les deux mal élevés de Groland, via un scénario foutraque, poursuivent leur description de la cruauté du monde à coups de scènes loufoques, mais c’est très répétitif, et l’action, si l’on peut dire, enfile les sketches, n’avance pas et ne débouche sur rien, sinon sur une scène incompréhensible où Serge (Gérard Depardieu) passe le bac, épreuve de philosophie, et termine sa dissertation avant tout le monde... alors que, cancre né, il sait à peine écrire ! On croit comprendre, à la fin, et puisqu’on le voit sur un banal vélomoteur, qu’il a vendu sa grosse moto afin de racheter les trimestres qui lui manquaient pour sa retraite.

À noter que les images, aux couleurs hideuses, pleines de grain, semble avoir été filmées avec de la pellicule Super-8, à supposer que cela existe encore. Manque d’argent, ou dédain de la technique, on ne saura pas. Quelques copains de Groland viennent faire un peu de figuration, c’est une curiosité, mais cela ne suffit pas...

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Lunettes gratuites

Lundi 26 avril 2010

L’UGC a encore frappé, mais cette fois, dans le bon sens. Après avoir ramené à un euro, au lieu de deux ou trois, le prix des lunettes prêtées à l’entrée des salles pour visionner les films en relief – ce qui a contraint les salles concurrentes à en faire autant –, ce distributeur et propriétaire d’un réseau de salles vient de rendre gratuits ces gadgets, sous réserve que le spectateur possède la carte d’abonnement délivrée par la maison.

Naturellement, il faut toujours rendre les lunettes à la sortie, mais ce n’est plus une arnaque, puisqu’on ne les a pas payées ! On les restitue d’autant plus volontiers que ces accessoires sont de mauvaise qualité, et que les « verres », de simples morceaux de plastique, se rayent avec une facilité dérisoire.

Encore un effort, et ils vont bien finir par nous payer pour qu’on accepte de voir leurs films en relief. Et rappelons que ledit relief n’en est pas vraiment un, excepté dans le film Avatar, où la production a fait un effort de technicité.

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Green zone

Jeudi 29 avril 2010

Réalisé par Paul Greengrass

Sorti au Japon (Festival du film fantastique de Yubari) le 26 février 2010

Sorti en France le 14 avril 2010

C’est donc un si grand mérite, que de faire un film sur des évènements que tout le monde connaît ? Écoutez plutôt les soupirs d’extase obligatoire : « ILS ne perdent pas de temps, les États-uniens, pour faire des films sur leur histoire ! Nous, en France, on en est incapable... ».

Mille regrets, ce film est un effroyable navet. Mais Paul Greengrass « a la carte », défense de faire la moindre restriction sur ce qu’il tourne. Toujours de la même manière, d’ailleurs : caméra portée gigotant dans tous les sens, scènes dans le noir, tout cela sur un fond sonore à base de percussions violemment martelées, surtout quand on débouche sur les scènes d’action de la fin (une demi-heure de castagne et de fusillade, comme dans Avatar), histoire de prévenir le spectateur que ça devient sérieux et qu’il doit « se cramponner à son fauteuil », comme écrivent les chers critiques titulaires d’une carte professionnelle de manieurs de clichés.

Bref, Matt Damon est un commandant de l’armée des États-Unis (les sous-titreurs croient sérieusement qu’il faut l’appeler « Mon commandant », comme dans l’armée française, alors que là-bas, c’est « Sir » pour tous les officiers ), envoyé en Irak pour y chercher les fameuses armes de destruction massive, l’invention géniale des conseillers de George Bush qui lui a permis de faire main basse sur le pétrole irakien. Or, vu que cet honnête militaire ne trouve rien, il ose le dire au cours d’un debriefing, prétendant que les informations officielles sont fausses. Mais un général lui jette que cela le dépasse et lui enjoint de la boucler.

À partir de là, vous pouvez quitter la salle qui passe le film, puisque l’essentiel est dit, et que vous connaissez la musique : le héros, têtu, va tenter de poursuivre sa quête personnelle, y parvenir, mais ne pourra pas se faire entendre. Si bien que cela continue pendant cent dix minutes supplémentaires, au cours desquelles ce brave militaire recherche l’informateur, surnommé Magellan, qui a enfumé les Bush boys, lesquels du reste ne demandaient que ça. Il s’avère qu’il s’agissait d’un général irakien, abattu à cinq minutes de la fin par un bon Irakien patriote – histoire que le méchant soit puni mais ne puisse pas parler. Puis, comme prévu, Matt Damon quitte l’Irak et rédige le récit de toutes ces magouilles, qu’il envoie à tout le monde par courrier électronique. La suite reste à imaginer, et le spectateur s’en charge... s’il n’a pas vu cela cent fois auparavant, sinon joué par Matt Damon, au moins par George Clooney, Brad Pitt ou Leonardo DiCaprio !

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Lunettes gratuites : marche arrière !

Jeudi 29 avril 2010

Normal, ça ne pouvait pas durer. Pour une fois qu’on pouvait dire du bien de l’UGC ! Mais, en rendant gratuites les lunettes distribuées pour les films en relief, ce réseau de distributeurs a jeté un pavé dans la mare, et les chers concurrents ont dû pousser des cris d’orfraie. Résultat, les fameuses lunettes sont redevenues payantes !

Ne prenez pas cet air étonné.

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Greenberg

Vendredi 30 avril 2010

Réalisé par Noah Baumbach

Sorti en Allemagne (Festival de Berlin) le 14 février 2010

Sorti en France le 28 avril 2010

C’est toujours délicat de bâtir tout un film sur un personnage unique, ses travers, ses mésaventures, ses rencontres. Pour peu que ledit personnage manque un peu d’intérêt, le spectateur décroche très vite.

Ici, c’est le cas : Roger Greenberg sort d’un hôpital psychiatrique, et il a décidé de ne rien faire dans la vie. Son frère, qui part pour le Vietnam afin d’y ouvrir un hôtel, lui demande de garder sa luxueuse maison de Los Angeles, et son chien Mahler. Choix saugrenu, car, dans cet ville qui est un enfer si vous n’avez pas de voiture, Roger ne sait pas conduire ! En prime, le frère lui laisse sa collaboratrice, qui n’a que 25 ans, et que Roger va d’empresser de sauter.

Au fond, il ne se passe rien, mais on a quelques occasions de sourire. C’est le genre de films qui pense au spectateur à la vessie fragile : vous pouvez vous absenter quelques minutes pour un passage aux toilettes, vous ne perdrez rien. Quant aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, elle pourront le revoir et le redécouvrir jour après jour...

En bref : à voir à la rigueur.Haut de la page

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Sites associés :    Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés

Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.