Œuvres : Les moissonneurs – Die stropers – Le chant du loup – Kursk – Stan et Ollie – Stan & Ollie – Atoll K – Exfiltrés – Green Book – Rebelles – The trouble with Harry – Arsenic et vieilles dentelles – Jo – Qui m’aime me suive ! – Le mystère Henri Pick – M – Si Beale Street pouvait parler – If Beale Street could talk – Boy erased – Mon meilleur ami – Mi mejor amigo
Personnes citées : Etienne Kallos – Antonin Baudry – Thomas Vinterberg – Jon S. Baird – Stan Laurel – Oliver Hardy – Buster Keaton – Charles Chaplin – Suzy Delair – Emmanuel Hamon – Peter Farrelly – Allan Mauduit – Alfred Hitchcock – Louis de Funès – Simon Abkarian – José Alcala – Rémi Bezançon – Yolande Zauberman – Fritz Lang – François Ozon – Barry Jenkins – Lukas Hedges
Réalisé par Etienne Kallos
Titre original : Die stropers
Sorti au Canada (Festival de Cannes) le 14 mai 2018
Sorti en France le 20 février 2019
En Afrique du Sud existe ce qu’on appelle le « Free State », région peuplée d’Afrikaners, qui descendent des premiers colons néerlandais, aux dix-septième et dix-huitième siècle, et qui parlent l’afrikaans, langue dérivée du néerlandais – ce qu’ici on identifie tout de suite en entendant prononcer à deux reprises le mot alstublieft (s’il vous plaît). Or ces Afrikaners sont peu aimés, et souvent victimes de meurtres. Aussi se sont-ils repliés sur eux-mêmes (vie familiale, omniprésence de la Bible, prières incessantes). La famille qui est au centre du film est bâtie sur ce modèle : père rigoriste, mère qui veut vivre selon le mode chrétien, quatre enfants dont trois petites filles et le jeune Janno, gentil, assez naïf, et qui commence tout de même à se poser quelques questions.
Or la mère a recueilli un jeune garçon, Pieter, de l’âge de Janno, fugueur et drogué, et l’impose à ses propres enfants. Mais ce Pieter a une mauvaise influence sur son frère adoptif, il fume et se prostitue. Les conflits ne tardent pas, et l’évolution de Janno se fait dans le mauvais sens, puisqu’il finit par comprendre qu’il n’a aucune place dans cet univers, et par mourir dans l’incendie de la plantation familiale de maïs. Ne reste plus aux parents qu’à faire de Pieter un Janno de remplacement !
Tout n’est pas clair dans ce récit, qui néanmoins n’ennuie jamais, car les deux garçons s’avèrent intéressants, au contraire des deux parents, qui ne sont que conformistes.
Il n’y a aucune musique, ce qui nous évite pas mal de désagréments.
Réalisé par Antonin Baudry (Abel Lanzac)
Sorti en France (Première à Paris) le 17 janvier 2019
Sorti en France le 20 février 2019
Non, tout le film ne se passe pas dans un sous-marin ! Beaucoup de scènes se déroulent sur terre. Mais son intérêt est ailleurs.
D’abord, les acteurs ; un surtout. En effet, si le personnage de François Civil domine cette histoire, c’est parce que l’acteur est, non seulement un bon comédien, mais aussi l’acteur le plus beau du cinéma français depuis Alain Delon (en exagérant un peu). Ici, il tient le premier rôle, celui d’un garçon capable de reconnaître n’importe quel son, y compris si l’hélice d’un sous-marin comporte quatre pales au lieu de trois ! C’est même sa fonction à bord du sous-marin où se passe la majeure partie de cette intrigue à suspense, débouchant, à la suite d’une erreur, sur un risque de guerre atomique entre la France et la Russie. Cerise sur le gâteau, ce jeune homme va jusqu’à être capable de trouver le mot de passe lui permettant de fouiller dans les archives de la Marine, et cela, en écoutant le bruit des touches d’un ordinateur, frappées par son supérieur dans la pièce voisine ! Il y a aussi, très en dessous, Réda Kateb et Omar Sy, le second dans un rôle peu vraisemblable et qui ne lui convient pas, celui d’un commandant de sous-marin lanceur d’engins. Mais que dire de Mathieu Kassovitz en amiral, qui, à l’épilogue, sacrifie sa vie pour sauver celle d’un simple technicien ? Et puis, cette histoire d’amour assez nunuche entre le héros et une fille qui travaille aux archives de la Marine ne semble être là que pour humaniser un peu ce scénario trop masculin...
Autres défauts criants : une musique envahissante, et surtout un nombre absolument insensé de gros plans sur les visages des personnages ! Ajoutons à cela que la principale faiblesse du scénario réside en ce que l’on ne comprend rien à l’histoire, aux rapports entre les personnages, à leur rôle, à leur langage obscur, histoire qui sans cela serait passionnante, mêlant la politique et la technique. En revanche, la qualité du son est la principale qualité de ce film, et elle se remarque dès le début.
Réalisé par Thomas Vinterberg
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 6 septembre 2018
Sorti en France, en Belgique et en Suisse le 7 novembre 2018
C’est bien à tort que la plupart des critiques professionnels ont tapé sur ce film, sous le prétexte que les dialogues sont en anglais. C’est oublier que tous les films produits par Luc Besson parlent l’anglais, afin d’être distribués à l’étranger. On lui a également reproché d’oublier la dimension politique de cette histoire, or l’épilogue se permet de critiquer fortement le pouvoir russe, qui a repoussé les offres des autres pays, France, Allemagne, Israël, Italie, Norvège et même États-Unis, pour ne pas laisser les étrangers approcher de leurs sacro-saints secrets d’État. Résultat : tous les marins sont morts ! Et le dégoût que doit inspirer cette attitude inhumaine est exprimé dans l’avant-dernière scène, quand l’amiral russe, venu présenter ses condoléances aux familles des victimes en serrant la main à leurs enfants, se voit refuser sa poignée de main par un enfant, puis par ses camarades de deuil, et bat en retraite.
Ce qui manquait au film vu hier, Le chant du loup, qui ne montrait aucune compassion, est bien présent dans Kursk.
Le dossier complet de cette lamentable affaire est ICI.
Réalisé par Jon S. Baird
Sorti au Royaume-Uni le 21 octobre 2018
Sorti en France le 6 mars 2019
Je place très haut Stan Laurel et Oliver Hardy, au même niveau que Buster Keaton, et surtout, bien plus haut que Chaplin, qui, certes, était capable de faire rire, mais noyait ses histoires dans une pénible sentimentalité plus que poisseuse.
Ce film raconte la fin de leur carrière, alors qu’espérant tourner un film sur Robin des Bois (après le catastrophique Atoll K, tourné en France avec Suzy Delair), ils se sont lancés dans une tournée sur scène, en Angleterrre. Or cela ne marche pas, notamment parce que Hardy est malade. Et aussi, parce que le public les a oubliés (nous sommes en 1957), malgré leurs 107 films : 32 courts métrages muets, 40 courts parlants, 23 longs métrages et 12 apparitions, et malgré le fait que l’avènement du cinéma parlant ne leur a nullement nui.
L’interprétation est très bonne, et le récit est authentique.
Réalisé par Emmanuel Hamon
Sorti en France (à Paris) le 25 février 2019
Sorti en France le 6 mars 2019
Sylvain, un infirmier qui fait partie de l’équipe d’un chirurgien réputé, vit en couple à Paris avec une femme noire, Faustine, et en a un petit garçon, Noah, âgé de cinq ans. Or cette femme, convertie à l’islam, décide sans explications de partir pour la Syrie, « pour aider », prétendra-t-elle. Mais, une fois sur place, elle tombe aux mains des terroristes de l’État islamique, qui la séquestrent et enseignent à son fils le maniement des armes à feu. Faustine prend alors conscience de sa sottise et aimerait revenir à Paris, mais échappe-t-on à l’État islamique ? Son mari tente vainement de faire agir les services secrets français, mais n’y parvient pas, car ils refusent de risquer la vie de plusieurs de leurs agents pour tirer d’affaire une femme qui s’est mise elle-même dans le pétrin (il est vrai que son enfant s’y trouve aussi). C’est alors le patron de Sylvain, le chirurgien, qui, par téléphone, va mettre sur l’affaire son propre fils, Gabriel, lequel vit en Turquie, connaît bien la région et y compte des amis.
Les principaux interprètes sont très bons (Finnegan Oldfield parle l’arabe), mais la réalisation est assez insatisfaisante, car elle abuse du gros plan en caméra portée. Le scénario également, qui n’évite pas les erreurs, comme le fait qu’Adnan, le jeune Syrien qui accepte d’aider les Français mais ne peut sortir du pays puisqu’il n’a pas de passeport, réussit à gagner la France, muni du passeport de Gabriel, qui... prend le même avion que lui ! Autre faiblesse, le dialogue : les personnages ne cessent de dire « Ça va ? » ou « C’est compliqué », et cela devient vite agaçant.
Néanmoins, l’histoire est assez forte pour que l’on passe sur ces inconvénients.
Réalisé par Peter Farrelly
Sorti au Canada (Festival de Toronto) le 11 septembre 2018
Sorti en France le 23 janvier 2019
Le Green Book du titre, c’est un fascicule qui veut enseigner aux Noirs des États-Unis en 1962 à voyager sans risques, en évitant les endroits où ils sont mal vus, surtout dans le sud du pays. Or, ici, le Noir en question, bien que virtuose du piano et reçu partout dans les salles de concert, n’a seulement pas le droit d’utiliser les toilettes de l’hôtel où il réside pour la nuit ! Heureusement, il a choisi pour chauffeur un videur de boîte de nuit d’origine italienne, qui n’est pas raciste et s’avère capable, non seulement de le protéger, mais même d’aller en prison pour cela. Bien entendu, les deux hommes, qu’au départ tout oppose, vont devenir les meilleurs amis du monde.
C’est là que gît la faiblesse du film : on devine chaque péripétie de cette histoire, parce qu’on anticipe ce que le pays va devenir au fil des années. Mais enfin, cette avalanche de bons sentiments ne nuit pas au film, qui reste d’essence généreuse.
À noter que ce pianiste noir, formé dans sa jeunesse pour jouer des œuvres classiques, a fait à sa communauté supposée la concession de ne jouer que du jazz, parce que les grands compositeurs n’intéressent pas les gens du peuple. Or il se trompe, puisque, réfugié dans un bar où on ne trouve que des Noirs, par défi, il se met à jouer l’Étude numéro 11 de Chopin, et tout le monde l’acclame.
L’interprétation des deux personnages principaux, y compris celle du chauffeur italien par un acteur danois, est parfaite.
Réalisé par Allan Mauduit
Sorti en France (Festival de l’Alpe d’Huez) le 17 janvier 2019
Sorti en France le 13 mars 2019
L’une des très rares comédies françaises qui font encore rire, sur un thème souvent utilisé au cinéma : le cadavre qu’il faut absolument cacher. On l’avait vu dans The trouble with Harry, d’Alfred Hitchcock, dans Arsenic et vieilles dentelles, et même dans Jo, un film avec Louis de Funès, film bien oublié. Certes, les gags sont plutôt épais, voire très gras, mais les trois actrices et Simon Abkarian s’en donnent à cœur joie. Et on ne fait aucune incursion dans l’univers des bourgeois, ce qui est devenu exceptionnel dans le cinéma français !
Réalisé par José Alcala
Sorti en France le 20 mars 2019
Le genre de comédie à laquelle on ne croit pas, bien que tout y soit banal. Les trois acteurs principaux font ce qu’ils peuvent, mais le scénario, construit sur les aventures matrimoniales de trois sexagénaires, n’a rien à dire. Finalement, le seul personnage attachant est le petit-fils, un jeune garçon métis qui n’a même pas son nom au générique.
Ce n’est pas pesant, parce que c’est court.
Réalisé par Rémi Bezançon
Sorti en France (première à Paris) le 24 février 2019
Sorti en France le 6 mars 2019
Cette histoire est tiré d’un roman de David Foenkinos – qui n’a pas écrit le scénario, dû exclusivement au réalisateur et à Vanessa Portal. Cet auteur n’est donc pas responsable d’une faute de français qui révèle très vite que toute cette histoire est une mystification : comme un romancier de talent aurait-il pu, dans une lettre à sa fille enfant, écrire « Ça me fait très plaisir » ? Un adverbe introduisant un nom !
Ce point étant posé, la mystification fait irrésistiblement penser à celle imaginée par Romain Gary, publiant un livre à succès sous le pseudonyme d’Émile Ajar, ce qui lui valut un second Prix Goncourt, contre toutes les règles de ce prix.
Le film progresse selon l’enquête menée par un critique animateur de télévision, qui a d’ailleurs été viré de l’émission littéraire qu’il présentait, pour avoir compris dès le départ que le livre signé Henri Pick était une imposture. Or cette enquête est passionnante, et on la suit avec un... plaisir sans égal. Plaisir dû aussi aux deux interprètes, Fabrice Luchini et Camille Cottin.
Réalisé par Yolande Zauberman
Sorti en Suisse (Festival de Locarno) le 6 août 2018
Sorti en France le 20 mars 2019
Film épouvantablement mauvais. Il nous inflige d’interminables chansons en yiddish, une kyrielle de visages filmés en très gros plans par une caméra qui tangue sans cesse, et un personnage qui ressasse interminablement ce qu’il a subi dans son enfance : être violé par les rabbins chargés de son éducation, et constater l’inaction de ses parents. Outre cela, le récit est beaucoup trop long, se passe uniquement la nuit, et ne montre que de la laideur.
Pour ne rien arranger, la réalisatrice a choisi un titre que Fritz Lang avait déjà utilisé pour un chef-d’œuvre datant de 1931. La comparaison est radicale !
Soit dit en passant, quand on veut faire un film condamnant la pédophilie chez les religieux, mieux voir et revoir celui de François Ozon qui, lui, sait filmer et intéresser le public.
Réalisé par Barry Jenkins
Sorti au Canada (Festival de Locarno) le 9 septembre 2018
Sorti en France le 30 janvier 2019
Harlem, dans les années 70. Tish, 19 ans, et Fonny, 22 ans, s’aiment depuis l’enfance et n’aspirent qu’au mariage, en dépit de leur pauvreté. D’ailleurs Tish attend déjà un bébé. Mais Fonny a été accusé de viol, à tort, et se retrouve en prison. La victime refuse de dire qu’elle s’est trompée sur la personne du violeur, et Fonny, faute de mieux, accepte de plaider coupable. Et, des années plus tard, il s’y trouve encore, alors que Tish et leur fils, qui a atteint ses cinq ans, vient le voir avec sa mère.
Les scènes d’ouverture durent terriblement longtemps, et, quand le drame s’est installé, le rythme reste lent. Outre cela, le scénario tape fort sur la communauté blanche, sans trop de nuances.
Réalisé par Joel Edgerton
Sorti aux États-Unis (Festival de Telluride) le 1er septembre 2018
Vu en avance le 20 janvier 2019
Sorti en France le 27 mars 2019
La critique est ICI.
Réalisé par Martin Deus
Titre original : Mi mejor amigo
Sorti aux Pays-Bas (Roze Filmdagen Amsterdam LGBTQ Film Festival) le 18 mars 2018
Sorti en France le 27 mars 2019
Film argentin, dont l’histoire se passe dans une petite ville de Patagonie, où la population est assez homophobe, dit-on. Au premier plan, Lorenzo est un garçon d’environ seize ans, tranquille, affectueux et qui aime la lecture et la musique. Or son père accueille un jour chez lui le fils d’un ami perdu de vue, un garçon plus âgé, Caíto, que la femme de son père ne supporte plus, car il a été violent avec son propre fils. Mais Caíto est l’exact contraire de Lorenzo, il parle peu, fume, se saoule et prend des médicaments qu’il cache. Néanmoins, il trouve un travail, et les deux garçons deviennent amis, au point que Lorenzo prend sa défense lorsque ses parents, lassés par sa conduite, veulent le renvoyer chez lui. Et la mère de Lorenzo soupçonne son fils d’être amoureux de Caíto, ce qu’il nie.
On ne sait pas vraiment que penser du comportement de Lorenzo, qui a déjà eu une aventure sexuelle avec une fille (c’est elle qui a fourni le préservatif), dont on ignore si elle a été satisfaisante. Si bien qu’on ne saura pas si on assiste à une histoire d’amour ou d’amitié.
Ce film très pudique est le premier long-métrage de Martin Deus, qui n’avait réalisé jusqu’alors que des courts-métrages et des documentaires, le premier, à l’âge de 23 ans, et dont aucun n’a été vu en France.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes films racontés
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.