Non professionnel, je ne puis me targuer dêtre un véritable critique. Je reste un amateur au sens où lon était un sportif amateur lorsquon participait autrefois aux Jeux Olympiques (ce temps-là est bien fini : lisez plutôt Halte aux Jeux !, dAlbert Jacquard). Cette notion damateurisme na rien à voir avec le degré de compétence, et lon connaît aussi des critiques à la fois professionnels ET mauvais : paresseux, de mauvaise foi, parfois ignares. Néanmoins, beaucoup de critiques français font bien leur métier. Il est injuste – et idiot –, par exemple, de prétendre que les critiques de cinéma sont des cinéastes ratés qui se vengent en « démolissant » les films dont ils ont à rendre compte. Cela peut exister, mais limmense majorité fait un travail utile, contribuant à faire découvrir au public des uvres qui, sans eux, resteraient ignorées. Cest lessentiel de leur travail. Tout aussi idiot, de ressortir sans cesse la mauvaise blague selon laquelle aucun enfant n’a jamais rêvé de devenir critique.
Ce travail de découverte et de pédagogie nempêche pas quon DOIVE effectivement démolir les mauvais films, pour deux raisons. Dabord, pour le spectateur qui na pas sa carte de presse et paye sa place, le cinéma coûte cher, très cher : dissuader le novice daller gaspiller son argent pour voir un navet relève de la défense du consommateur. Ensuite, parce que le nombre décrans est limité, et, lorsque un mauvais film monopolise la plupart des salles du pays durant des semaines, il gêne la sortie des productions moins bien pourvues sur le plan financier, celles qui ne peuvent soffrir le budget de publicité apte à générer lafflux de spectateurs nécessaire si lon veut rentabiliser les frais dune sortie massive (ne serait-ce que la fabrication simultanée de centaines de copies). Les exemples ne manquent pas de films morts-nés, tués par la concurrence indécente des blockbusters.
Mais les critiques sont des êtres humains. Ils ne sont pas infaillibles. Il leur arrive, sils passent à la radio ou à la télévision, de vouloir faire leur intéressant et dadopter des positions paradoxales ; comme cet ex-critique qui prétendait être parti au milieu du Titanic de James Cameron, parce quil sennuyait, affirmait-il. Cétait probablement mensonger, mais cétait surtout dun snob ! Et dune bêtise... Car Titanic était un bon film, et son succès, mérité.
De plus, leur métier impose aux professionnels de respecter un certain critère de qualité ; en clair, un critique ayant pignon sur rue ne peut, à moins dêtre un héros ou un plaisantin, vanter les mérites dun navet, ce navet serait-il inoffensif, cest-à-dire incapable de concurrencer les bons films. Pas plus quils ne peuvent dire du mal dun chef-duvre mondialement apprécié : qui se risquerait à traquer les ridicules, par exemple, chez Eisenstein ? Et pourtant, on se souvient, dans Octobre, dun intertitre « LONGUE VIE AU GOUVERNEMENT PROVISOIRE », que Pierre Dac aurait pu imaginer !... Pour ne rien dire du dialogue de Full metal jacket, du très peu contesté Stanley Kubrick : les répliques danthologie « Pour causer, tu causes, mais pour oser, tu oses ? » et « Les morts ne savent quune chose, cest quil vaut mieux rester vivant » sont, jespère, dans toutes les mémoires ! Comprenons-nous bien, jadmire Kubrick, mais tout le monde peut déraper.
Ce long préambule vise à justifier ceci : on peut, sans honte, aimer des films qui nont pas reçu limprimatur de la critique. Et je me propose sen défendre quelques-uns dans cette section des films dédaignés.
Pour commencer, Empire du soleil, le meilleur film de Steven Spielberg, à mon avis et je dirai pourquoi. Je nai pas trouvé beaucoup de critiques favorables. Raison de plus pour en écrire une.
Sites associés : Yves-André Samère a son bloc-notes 122 films racontés
Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 septembre 2020.