Kinopoivre, les films critiqués par Jean-Pierre Marquet

Avant 2001

Ici, la critique de quelques films sortis avant la création de cette rubrique sur le cinéma : Ressources humaines, de Laurent Cantet, Morceaux choisis, d’Alfonso Arau, La sagesse des crocodiles, de Po Chih Leong, Mission : Impossible 2, de John Woo, Eyes wide shut, de Stanley Kubrick, Le projet Blair witch, de Daniel Myrich et Eduardo Sanchez, et deux Entractes, dont un sur l’avant-projet de À ma sœur !, de Catherine Breillat.

Ressources humaines

Réalisateur : Laurent Cantet

Interprétation : Jalil Lespert et des acteurs non professionnels

Sortie : sur Arte le vendredi 14 janvier 2000, en salles le samedi 15 janvier

Durée : 100 minutes

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Ce film a été commandé par la télévision, et sa diffusion sur Arte n’a pas nui à sa carrière dans les salles, commencée dès le lendemain. C’est que Ressources humaines s’est imposé d’emblée comme une œuvre adulte, d’une importance majeure – et captivante, ce qui n’est pas négligeable. Pour ma part, au référendum annuel de l’émission Le Masque et la Plume de France Inter, je voterai pour lui dans la section des films français, et pour La vierge des tueurs dans celle des films étrangers.

Cela dit, je confesse avoir été tenté, puisque je l’ai vu à la télévision, de zapper au bout de cinq minutes, tant le début est trompeur : on croit être tombé sur un film de propagande à la gloire des « trente-cinq heures » chères à Martine Aubry, et cela, par le biais d’une vision faussement naïve, celle d’un étudiant de 23 ans, Franck. Ce personnage, horripilant de sottise (il sort d’une « grande » école de commerce, c’est dire son degré de crétinerie !), fait en province un stage de cadre dans l’usine où son propre père travaille depuis trois décennies comme simple ouvrier. Ainsi que l’indique le titre du film, on l’affecte aux « ressources humaines », expression désarmante d’hypocrisie qui ne désigne rien d’autre que la direction du personnel. Comme disait Pierre Desproges, nous vivons une époque où l’on a résolu tous les problèmes en appelant un chat « un chien ». Mais bien entendu, le réalisateur joue sur cette ambiguïté et sur le sens du mot « humaines », dévoyé par les technocrates salopards qui entendent nous rouler dans la farine à coups de vocables pseudo-humanistes, précisément.

Ressources humaines 1

Le grotesque de la situation, Franck, ébloui par ses belles études, ne le voit pas d’emblée. Au contraire, plein de bonne volonté, celle du bestiau qui se laisse docilement mener à l’abattoir, plein de sincérité, ayant gobé sans réfléchir toutes les sottises qu’on lui a enseignées dans son usine à têtes d’œuf, il veut si bien faire que le spectateur n’a qu’une envie, lui botter les fesses ! C’est que ce grand naïf – que je qualifierais volontiers de « con comme un balai » si ce n’était désobligeant pour les balais, qui sont des objets utiles – n’a pas compris l’évidence, pourtant détectée du premier coup par les syndicalistes de l’usine qui s’épuisent à la lui faire piger : que le patron de l’usine, qui lui fait si bon visage et paraît en somme si « sympa », n’est en fait qu’une belle ordure se préparant, au nom de la sacro-sainte rentabilité qui est la religion d’aujourd’hui, à laisser sur le carreau une partie de son personnel. Avec, bien entendu, sa collaboration active à lui, Franck, puisqu’on le charge du premier épisode d’un plan de « restructuration » de l’entreprise – c’est ainsi qu’on parle dans ces milieux quand on veut ménager la sensibilité du public ; sinon, c’est « dégraissage » –, épisode que, flatté de la confiance dont il se croit honoré, il va fignoler en toute innocence. D’autant plus que le sondage d’opinion fait sur les ouvriers de l’usine à propos des trente-cinq heures, c’est lui qui en a eu l’idée et l’a naïvement exposée au patron, lequel a sauté sur cette occasion de court-circuiter les syndicats !

Le parcours du petit con mal déniaisé politiquement, qui va se muer peu à peu en adulte conscient de la dégueulasserie du monde où il a choisi de s’intégrer, tel est l’objet du film. Mais ce ne serait jamais qu’un film de plus sur l’initiation, si ne se mêlait à ce récit la propre histoire du père, qui, vous l’avez deviné, sert de pion Ressources humaines 2dans la partie : si tu marches avec nous dans l’élaboration du « plan social » (notez l’humour du vocabulaire patronal !), on épargne ton père en le mettant à la retraite au lieu de le virer purement et simplement. Avec cette péripétie bouleversante : lorsque Franck aura enfin compris les règles du jeu et pris partie contre la direction et pour les syndicats, c’est le père, pauvre type abruti par le travail, qui aura honte de ce revirement... et le fils qui criera son dégoût face à la passivité de son géniteur. C’est à la fois terriblement réel et pitoyable.

Ne vous fiez donc pas au titre ni au démarrage du film, et accrochez-vous. On ne peut que le répéter : lorsqu’il décide d’être sérieux, le cinéma français est très supérieur au cinéma des États-Unis. Ressources humaines raconte une grande histoire, et c’est un grand film.

Jalil Lespert, dans le rôle de Franck, est plus qu’excellent. Il est beau, expressif, pétri de talent, il incarne totalement son personnage, et on y croit. Vous entendrez parler de lui, j’en prends le pari. Si le film quitte les écrans, quoique les salles spécialisées dans les reprises vont se faire un devoir de le programmer régulièrement, je vous signale que Ressources humaines est sorti en DVD. Mieux acheter ça que Le sixième sens ou Star wars 23.

*

Le samedi 24 février 2001, Ressources humaines a obtenu le César de la meilleure première œuvre de fiction, et Jalil Lespert celui du meilleur espoir masculin. Excellent choix. Reconnaissez que je n’ai pas attendu la cérémonie des récompenses pour vous parler de cet acteur : cette page le cite depuis le début de l’automne 2000.

En bref : à voir absolument.Haut de la page

Morceaux choisis

Titre original : Picking up the pieces

Réalisateur : Alfonso Arau

Interprétation : Woody Allen, David Schwimmer, Sharon Stone, Kiefer Sutherland, Elliott Gould

Sortie aux États-Unis : 21 mars 2000

Sortie à Paris : 30 août 2000

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Woody Allen est boucher, texan, et marié. Par conséquent, il assassine sa femme.

Jusque là, tout est normal, me direz-vous, pas de quoi en faire un film.

Heureusement, professionnel jusqu’au bout, il la découpe en morceaux : elle tenait trop de place dans sa vie (j’emprunte cette blague à Jacques Demy, qui ne viendra pas se plaindre, vu qu’il est mort). Dérangé alors qu’il enterrait lesdits morceaux dans le désert, il égare une main. Une aveugle vient à passer, trébuche sur la main, et recouvre la vue. Miracle ! Ça ne peut être que la main de la « Vierge » Marie ! Malgré le scepticisme du curé du village, voilà le patelin mué en Lourdes mexicain.

Vous avez compris que la sainte Église, catholique, apostolique, romaine e tutti quanti en prend pour son sacré grade. Oui, la charge est lourde, et a fait tirer une tronche d’un kilomètre à quelques culs bénis, qui sont, par le plus grand des hasards, également des culs serrés. Les gens normaux, eux, sont autorisés à se marrer intensément. Le ton est donné par la première scène où apparaît David Schwimmer : on le voit au lit avec une belle prostituée, apparemment folle de lui. Scène suivante, on découvre qu’il n’est autre que le curé du village ! À la fin, il jette sa soutane aux orties, comme on dit, pour épouser sa belle pute. Ciel ! Que va dire Jean-Paul II ?

Narquois, le réalisateur s’offre en outre le malin plaisir de faire jouer tous les prêtres catholiques de son histoire par des acteurs juifs. On rit sous cape. Quand on pense que le patron du Vatican vient de béatifier Pie IX, pape antisémite et facho avant l’heure, qui régna sur l’Église catholique au dix-neuvième siècle et en profita pour imposer le dogme de l’infaillibilité pontificale, un truc bien pratique, et cela sans même réunir de concile ! Mes frères, mes sœurs, n’allez pas voir ce film impie. Ou alors, confessez-vous avant et après !

En bref : à voir.Haut de la page

Mission : Impossible 2

Titre original : M: I - 2

Réalisateur : John Woo

Interprétation : Tom Cruise, Anthony Hopkins

Durée : 2 heures et 6 minutes

Sortie à Paris : mercredi 26 juillet 2000

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Là, on ne va pas s’étendre. Vous avez lu comme moi dans les journaux que ce numéro 2 était bien meilleur que le premier, dû à Brian De Palma et sorti en 1996. Tout à fait exact, à cela près que c’est exactement le contraire. D’abord, il n’y a plus Emmanuelle Béart et Krystin Scott-Thomas pour le charme, ni John Voight pour le talent, ni Jean Reno pour le comique involontaire.

Et surtout, hélas, il y a John Woo, et là, vous me pardonnerez de me tapoter le menton d’un air sceptique. J’ai découvert John Woo avec son film de 1989, The killer, sorti chez nous beaucoup plus tard, et qui avait le mérite d’être simple sur le plan du scénario. Je ne vais pas jouer les pucelles comme ils font dans Le masque et la plume, l’émission de France Inter, où le comble de l’audace consisterait à « raconter la fin », ce que bien entendu on ne doit JAMAIS faire, qu’y disent. Pour moi, c’est pareil avec les surgelés que j’achète chez Franprix, je ne regarde jamais l’étiquette avant de les placer dans mon frigo. Bref, c’était puissamment original : un tueur à gages était recherché par la police, mais le flic qui le traquait finissait par le prendre en amitié, comme c’est courant dans la police, mais ce qui n’arrangeait rien, car le tout se terminait en carnage, et le méchant mourait, pleuré par le bon (enfin, je simplifie les caractères, mais pas trop). Bien, on a vu ça cent ou deux cents fois, y compris chez Jean-Pierre Melville, un précurseur de la Nouvelle Vague dont le nom est un peu tombé dans l’oubli. Je vous passe donc les pistolets qui tirent quatre-vingt-douze balles d’affilée, et sans recharger, les hectares de vitres qui volent en éclats, les hectolitres de raisiné qui vous giclent à la gueule, et les sauts en hauteur de performance olympique auxquels se livrent les cascadeurs chaque fois que l’un d’eux réceptionne la totalité d’un projectile dans le buffet Henri II. Le western spaghetti, c’était déjà ça. Curieux : à l’époque d’Humphrey Bogart, lorsqu’un personnage se morflait une bastos, il se contentait de s’écrouler sur la moquette, gentiment et sans tapage, et conformément aux lois de la physique ; on n’avait pas besoin, ensuite, de téléphoner aux Galeries Barbès pour renouveler le mobilier.

Bon, vous allez m’objecter que je titre ma critique sur Mission : Impossible 2 et que je me mets à vous entretenir d’un autre film. Qu’importe, dès lors que ce genre de pellicule est interchangeable ? En tout cas, lorsque The killer était sorti, la pub s’était emparé du nouveau petit génie et l’avait vendu comme une lessive up to date qui lave encore plus blanc que le nouvel Omo, mais, notez-le en passant, elle omettait soigneusement de mentionner que le film était ancien, et que le réalisateur, entre-temps, s’était fait avaler tout cru par le fric, comme bien d’autres avant lui : si vous avez suivi la carrière d’Almódovar, par exemple, un mec qui a débuté avec la bouillonnante movida madrilène pour finir chez Bouygues, ce que jamais Buñuel n’aurait fait, vous comprenez ce que je veux dire.

Bon, trêve de cruauté gratuite. Restez au chaud, mes amis. Il existe aussi de bons livres, vous savez ?

*

Un lecteur prénommé Rémy me reproche de manquer de nuances à propos de ce film et de celui de Mathieu Kassovitz, qu’il trouve « très originaux », quoique « sur certains points seulement ». Je ne reviens pas sur Les rivières pourpres, dont il suffit de montrer que c’est un film racoleur dans sa réalisation (ah ! les asticots en gros plan du générique...), mal foutu dans sa conception et nocif dans son propos.

Pour ce qui est de Mission : Impossible 2, c’est justement son manque d’originalité qui m’a fait le traiter en dérision. Ce type de film peut paraître neuf au spectateur occasionnel, mais son aspect tape-à-l’œil est évident quand on a un peu pratiqué le cinéma. La preuve en est dans le peu de souvenir qu’il vous laisse. En fait, il va dans le sens de ce cinoche purement digestif qui est, aujourd’hui, le seul à rapporter de l’argent aux investisseurs, puisque « ne pas se prendre la tête » est devenu le souci majeur du spectateur de base, pauvre chéri que son cerveau encombre. Le cinéma d’action d’inspiration hollywoodienne et les quelques films du même genre qu’il induit chez nous, on ne peut le qualifier que d’une seule façon : c’est le chewing-gum des yeux.

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

[Entracte 1]

Et si on se faisait un petit entracte, histoire de se dégourdir les jambes ? Rassurez-vous, il n’y aura pas de pub ! Néanmoins on reste dans le cinéma, puisque je vais vous dire deux mots d’un film qui ne sortira que dans plusieurs mois mais que, privilégié, j’ai déjà vu avant tout le monde. Attendez pourtant avant de gémir que c’est toujours les mêmes qui ont de la chance.

Début septembre 2000, donc, je hantais mon territoire de chasse habituel, en quête d’un film potable, de l’espèce qui se fait rare cette année. Or voilà que je me fais harponner par un garçon au demeurant pas antipathique du tout, Éric, employé à l’IFOP, institut de sondage bien connu, lequel Éric me demande si je veux bien répondre à quelques questions et, en prime, assister en avant-première à la projection d’un film français, dont néanmoins il ne me donnera ni le titre ni le nom du réalisateur. Aller au cinéma gratos ? Demande à un aveugle s’il veut voir, Éric, ou si un accro à Télé-Poubelle veut gagner des millions. C’est ainsi que je me retrouve un samedi matin dans un cinéma des Champs-Élysées – un bien sympathique quartier, soit dit en passant ; on sent tout de suite qu’ici c’est la vraie France, pas à Sarcelles ou La Courneuve. « La plus belle avenue du monde », qu’y disaient...

Projection du film, que je vous résume un peu plus loin. Puis, aux invités priés de ne pas gagner la sortie, distribution d’un questionnaire de huit pages, soit une cinquantaine de questions les plus diverses. C’est en feuilletant la liasse qu’enfin l’on peut prendre connaissance du nom du réalisateur, en l’occurrence une réalisatrice française, Catherine Breillat. Tout le monde connaît Catherine Breillat, surtout depuis Romance, son film le plus vomitif à ce jour, dont les interprètes ont scié leur carrière une bonne fois pour toutes, et dans lequel Rocco Siffredi déployait tout son talent, qui est considérable (22 centimètres les jours où il est en forme). Outre son goût pour la fabrication des films de cul (on ne va pas le lui reprocher) et son aptitude à faire passer ça pour du féminisme militant, on sait que madame Breillat possède une solide philosophie de la vie, qu’on peut résumer en une demi-douzaine de mots : tous les hommes sont des salauds. Là-dessus, le croiriez-vous, on peut bâtir une carrière et sortir une série de longs métrages qui trouveront leur public, faites confiance aux Chiennes de Garde. Madame Breillat ne s’est jamais demandé si le théorème réciproque ne pourrait s’appliquer dans quelques très rares cas, et donner lieu, éventuellement, à un petit court métrage. Les génies, c’est ça, ils vont droit à l’essentiel.

Mais revenons au film qui nous occupe – quoique si peu, avouons-le. La question que se pose la dame Breillat, en l’occurrence, est celle-ci : pour une jeune fille de quinze ans, qu’est-ce qui vaut mieux, perdre sa virginité avec un garçon qu’elle aime, ou avec un type qu’elle déteste ? Cette interrogation dont l’importance planétaire n’échapperait même pas à un boys band, Catherine B. s’efforce de la creuser via un scénario qui met en scène deux sœurs, l’une de quinze ans et roulée comme un mannequin vedette (les cons disent « top model »), l’autre de quatorze, obèse, boulimique, laide et maussade. C’est subtil, de soigner les contrastes, c’est la base même du cinéma – voyez Laurel et Hardy, Ginger et Fred, Jean Reno et Vincent Cassel, Pasqua et Philippe de Villiers. Et bien sûr, les deux faces, si l’on peut dire, de la question ci-dessus énoncée vont se trouver successivement exposées en deux épisodes, le premier occupant la presque totalité du film, le second bâclé en trois minutes. Donc, la nana bien roulée se déniche un bel Italien, mais pas Rocco Siffredi cette fois. Il s’agit ici d’un sympathique étudiant de bonne famille, en vacances en France. C’est lui qui va faire sauter le premier pucelage. Avec délicatesse, on s’en doute, puisque nous sommes chez Breillat. Comme il est très gentil et qu’il ne veut pas effaroucher la jeune fille, que du reste il jure aimer comme nul n’a jamais aimé auparavant, il ne la dévirgine pas le premier soir, il se contente de la sodomiser. Gentiment. Et à trois mètres de la petite sœur, qui couche dans la même chambre et ne se donne pas la peine de feindre le sommeil durant l’opération. Ensuite, poursuivant dans la délicatesse, et toujours très gentiment, il réclame une fellation. À ce stade, la toujours vierge (bien qu’elle ne se prénomme pas Marie) hésite un peu, mais bon, le plus dur est fait, dirai-je avec une égale délicatesse. Ce n’est que le lendemain que les tourtereaux passeront aux choses sérieuses. Enfin, « sérieuses », ça dépend de votre appréciation, moi je ne veux pas vous influencer...

Après ça, la routine. Le garçon, ayant obtenu ce qu’il voulait, disparaît dans la nature. Classique. Premier salaud.

La suite ira beaucoup plus vite : la seconde sœur, la grosse donc, celle qui matait, qui bouffe tout le temps et déteste le monde entier, va se faire violer dans un bois par un inconnu qui vient justement, comme ça se trouve, d’assassiner sauvagement sa mère et sa sœur, l’ex-vierge de tout à l’heure – ça va, vous suivez ? Interrogée par les gendarmes qui viennent de retrouver les deux cadavres, elle prétend qu’il ne l’a pas touchée. Échange de bons procédés. Je ne commente pas, vous avez compris, vu que la ficelle est ici grosse comme les câbles qui soutiennent le pont de Tancarville.

Le titre de ce chef-d’œuvre ? Je n’en sais rien. Madame Breillat compte sur les résultats du sondage. Eh oui, cette cinéaste pure et dure, cet auteur à part entière et sans concession fait sonder les spectateurs potentiels par l’IFOP avant de terminer son chef-d’œuvre, en vue de savoir ce que le public est susceptible d’en penser (le film vous semble-t-il violent, pornographique, choquant, pas choquant, agréable, dégueu ? L’interprétation est-elle bonne, pas bonne, à chier ? La fin vous semble-t-elle dure, pas dure, surprenante, banale, géniale, vous vous en tapez ? Quel personnage vous paraît le plus plausible, le moins plausible ? Qu’est-ce qui vous a le plus frappé ? Faut-il changer de réalisatrice ? Etc.). J’imagine Victor Hugo sondant ses lecteurs pour savoir comment il doit terminer Les misérables ; à sa place, j’aurais imaginé Thénardier qui se repent et devient aussi gentil que Michel Drucker, Javert découvrant que Valjean est innocent et choisi comme parrain du premier bébé de Cosette, et Gavroche, qu’on croyait mort, ressuscité in extremis tel Chevènement et adopté par Jean Valjean, qui lui lègue sa fortune. Tout de suite, ça devenait plus vendeur, comme bouquin.

Mais revenons à notre sondage dans la salle des Champs-Élysées. Ici, pour faire bonne mesure, les invités sont également... invités à choisir le titre du film de madame Breillat, vu que Catherine hésite à ce jour entre Two girls et Fat girls. En anglais, c’est sûr, ça passe mieux. Client de l’IFOP, Victor Hugo, pour en revenir à lui, vous aurait proposé le choix entre Les sans-thunes, Lâche-moi la grappe, Javert et La faute à pas d’chance.

Bonne chance ma Catou. Je suis certain que les spectateurs vont se précipiter.

*

Finalement, le film va s’appeler À ma sœur ! ; on a donc renoncé au titre anglais. Sortie en avant-première nationale à Saint-Denis, en région parisienne, le dimanche 4 mars 2001, et le mercredi 7 mars dans le reste du pays. Affiche raccoleuse (ce n’est pas une surprise) montrant la scène de sodomie.

[Fin de l’entracte. Rangez votre paquet de bonbons, vous dérangez les voisins]

En bref : à fuir.Haut de la page

La sagesse des crocodiles

Titre original : The wisdom of crocodiles

Réalisateur : Po Chih Leong

Scénario : Paul Hoffmann

Interprétation : Jude Law (Steven Grlscz), Elina Löwensohn (Anne Labels), Timothy Spall (l’inspecteur Healey), Jack Davenport (le sergent Roche), Colin Salmon (Martin), Hitler Wong (Noodles Chan), Kerry Fox (Maria Vaughan), Stuart Bowman et C.J. December (mécaniciens de l’accident de voiture), Anastasia Hille (Karen), Nicholas Lamont (le gardien du péage au pont), Joseph O’Conor (Mr Nancarrow), Ashley Artus (le chef des loubards), Tom Wu, Ping Tang Hon, Antony Cotton, Richard Mylan, Carlton Headley, Neran Persaud (les loubards), Julia Davies (la fille de la salle d’opération), Rupert Farley (le prêtre), Diane Howse (Mrs Healey), Cliff Parisi (l’ouvrier), Vincent Keane (l’ouvrier blessé), Carlton Jarvis (le physicien – non mentionné au générique)

Durée : 1 heure 28 minutes

Sortie à Paris : mercredi 16 août 2000

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Non, cette page n’est pas un festival de critiques négatives ! La preuve, on va dire du bien d’un film. D’ailleurs, on ne dira jamais assez de bien des films britanniques, or c’en est un, quoique réalisé par un Chinois de Hong-Kong qui fait ici son premier film en Occident.

Steven est beau (c’est Jude Law, alors vous pensez bien !). Steven est séduisant. Steven est un peu mystérieux : comme pour Chandler Bing, on ne sait pas très bien quel est son travail. Steven est intelligent. Steven est gentil et altruiste, il sauve la vie d’une fille qui allait se jeter sous le métro, il lui parle, il lui rend le goût de vivre. Steven a tous les talents et fait tout beaucoup mieux que tout le monde. Un exemple : cette fille lui montre qu’elle peut écrire « I love you » de la main gauche en même temps que « I hate you » de la main droite ; un peu plus tard, Steven se montrera capable de dessiner un portrait d’une main tout en calligraphiant un poème de l’autre. Steven n’est pas rancunier, le policier qui le filait pour l’inculper de meurtre, il lui sauve la vie. Steven est persuasif, il peut réduire à néant les pulsions meurtrières d’une bande de loubards uniquement par la magie de son verbe. Steven est expert en arts martiaux, il corrige le chef de la bande quand la parole devient inefficace.

Mais Steven ne va pas bien. Il fait des cauchemars terribles depuis que, suspendu à la plus haute branche d’un arbre, il a fait une chute. Steven est hémophile. À la moindre écorchure, il pourrait en vingt minutes se vider de son sang. Steven n’a pas de chance, sa précédente petite amie s’est tuée en voiture, la suivante a été retrouvée égorgée, son cadavre jeté à la mer. Steven est décidément très malade, car il doit penser à tout, même à respirer. S’il s’endort, il meurt asphyxié. Et son corps se décompose lentement.

Steven voudrait bien ne pas être obligé de tuer les filles qui l’approchent, mais il y est contraint, c’est plus fort que lui, il a besoin de leur sang, lequel charrie de manière tangible, il en est persuadé, les sentiments qu’elles éprouvent à son égard.

Pourtant, la dernière, il voudrait bien l’épargner, car c’est la plus intéressante qu’il ait rencontrée, la plus douée, la plus capable, la plus intelligente. Peut-être la plus belle. Il l’aime. Elle l’aime aussi. Quand elle comprend qu’il va la tuer quand même, elle veut se jeter du haut d’un toit, et c’est lui qui la sauve malgré elle.

Vous serez fascinés, on l’espère, par la sophistication du scénario. Le film est bourré de correspondances étonnantes. Ainsi, au début, Steven tue une fille en lui plantant ses dents au niveau de la carotide, façon Dracula. Un peu plus tard, son amie sauve un ouvrier en lui causant, mais volontairement, une blessure au même endroit : il s’étouffait, elle lui pratique une trachéotomie au cutter. Immédiatement après, c’est elle qui s’étouffe, elle est asthmatique. Alors que Steven s’asphyxie s’il s’endort. Fascinant jeu de piste ! Autre correspondance, enfant, Steven s’est laissé tomber du haut d’un arbre parce que la douleur de rester suspendu par les mains lui était intolérable ; adulte, le fait de retenir dans le vide la fille qui voulait mourir va lui causer la même douleur, puisqu’elle lui plante un objet pointu dans la main afin de le faire lâcher prise (un avatar du cœur transpercé par un pieu, dans les films de vampires) – mais cette fois il tient bon. Etc.

Le film n’a pas d’épilogue, pas de happy end. On sait seulement que Steven va mourir. Si vous aimez le cinéma fantastique, mais un fantastique intelligent où tout se passe dans la tête des personnages, un cinéma aux images insolites mais ne faisant pas appel aux trucages numériques, si vous aimez les héros énigmatiques, attachants (mais si !) et les méchants-gentils, ne ratez pas La sagesse des crocodiles.

En bref : à voir absolument.Haut de la page

Eyes wide shut

Réalisation : Stanley Kubrick

Interprétation : Tom Cruise, Nicole Kidman, Sydney Pollack

Sortie à Paris : mercredi 13 septembre 1999

Durée : 2 heures 35 minutes

Erreurs du film : http://www.erreursdefilms.com/drame/voir_erreurs.php?idf=EYES

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« Dans le cinéma, il n’y a jamais d’idées stupides. »
Stanley Kubrick

 

Les films ne sont pas des yaourts, ils ne connaissent pas de date limite de consommation. Eyes wide shut n’est pas un film récent, ce n’est pas non plus un « bon » film, néamoins il peut susciter une interrogation. C’est pourquoi il figure dans cette chronique.

Lorsqu’on admire l’un des plus grands réalisateurs de cinéma, authentique génie qui nous a déjà comblés d’une kyrielle de chefs-d’œuvre ; que de surcroît, l’artiste, travaillant de plus en plus lentement, n’a rien sorti depuis douze ans ; lorsque, pour notre consternation, sa mort subite est annoncée alors que son dernier film en chantier depuis deux ou trois ans est à peine terminé, on est pris d’une impatience facile à concevoir : que sera le mystérieux Eyes wide shut dont on nous parlait à mots feutrés depuis des mois ?

Lorsqu’on vous révèle que la vedette sera Tom Cruise qui, au contraire de Johnny Depp, acteur intelligent, n’a jamais joué dans un seul film digne d’intérêt, on éprouve une vague appréhension : ce mannequin pour vitrine de grand magasin soutenant LE film le plus attendu de la décennie ? Mais, après tout, Kubrick a bien dirigé Ryan O’Neal dans Barry Lyndon...

Lorsque les journaux commencent à publier les premiers échos sur l’histoire que raconte le film ; que le scénariste lui-même, violant ses engagements de ne rien révéler, publie un livre plusieurs semaines avant la sortie de l’œuvre tant attendue ; lorsque enfin on prend connaissance de ce qui nous attend bientôt, un adultère mondain dans les milieux friqués de New York, on commence à se sentir mal à l’aise : Kubrick s’attelant à une histoire de cocu ? Pas ça, et pas lui !

Lorsque le film commence, qu’on entend les premières notes de musique – la musique, toujours primordiale chez Kubrick –, et qu’on reconnaît une scie accablante que les spots publicitaire pour la CNP nous infligent depuis des années (d’ailleurs, ça reprend à intervalle régulier, comme les feuilles d’impôts), vous savez bien, la fameuse rengaine de Chostakovich, devenue, à force d’être ressassée sur fond de saga familiale sirupeuse au conformisme bien-pensant, aussi casse-couilles que l’Adagio d’Albinoni ou Le Printemps de Vivaldi, on s’interroge : comment Kubrick, cet artiste si avisé qu’il contrôlait tout, même une fois le film achevé, les salles, le son, la qualité de la projection, le doublage, comment a-t-il pu ignorer que l’ensemble de spectateurs français ne pourraient qu’évoquer l’envahissante publicité, et qu’ipso facto, un bon nombre de malveillants seraient à cet instant pris d’un fou-rire peu propice au recueillement qui convient à ce type de grand-messe ?

Si encore l’ouverture du film n’annonçait la suite ! Mais elle est digne d’un roman-photo. Figurez-vous qu’un ménage bourgeois connaît des problèmes « de couple » : madame fantasme sur une aventure qu’elle aurait pu avoir avec un amant de passage, monsieur s’en montre jaloux et s’efforce, une nuit durant, de lui rendre la politesse, mais en vrai. Il se tapera bide sur bide (Tom Cruise qui se prend un râteau, toutes les valeurs sont bouleversées. Mais il n’avait qu’à se faire un look à la Vincent Cassel). Même, il risquera un peu sa peau, du moins il l’imagine, puis rentrera au bercail entendre bobonne tirer la conclusion de cette prodigieuse saga : ce qu’il importe de faire urgemment, c’est de « baiser ». Oui, c’est la réplique finale, je n’invente pas.

Je vous passe le « mystère » censé pimenter l’intrigue un peu mince : le complot des tenants partouzards de la jet-set, travestis façon Ku-Klux-Klan, avec à la clé le meurtre présumé d’une prostituée trop bavarde, complot destiné à cacher au populo – qui s’en fout – les ébats libidineux d’une classe sociale privilégiée donc parasite et ne reculant devant rien, comme on le vérifie tous les jours. Bref, Eyes wide shut, c’est le X-Files du cul.

C’est ainsi, ce somptueux nanard de deux heures trente-cinq est le pitoyable point final d’une carrière prestigieuse, qui nous avait donné, entre autres, 2001 : odyssée de l’espace, Orange mécanique, The shining et Full metal jacket, rien que des chefs-d’œuvre apothéosiques. À titre de compensation, si l’on peut dire, cette fin lamentable inspire du moins la réflexion suivante, que je vous livre brute de décoffrage, tout en m’étonnant de ne l’avoir jamais lue ailleurs : tous les grands réalisateurs ont mal fini !

Eh oui, c’est bizarre mais ça se vérifie, une malédiction semble frapper les cinéastes et, dans une moindre mesure sans doute, les écrivains : leurs dernières œuvres sont invariablement ratées. Hitchcock, après cinquante-deux films dont la plupart sont magistraux, termine sur Family plot, où il tourne définitivement le dos à tous ses principes (il avait commencé dans Frenzy), oublie son style si personnel, et se plante. Orson Welles, peut-être faute d’argent, filme en hâte un About fakes indigne de son génie. Visconti conclut avec L’innocent, son œuvre la moins intéressante. Malgré la présence de Roberto Benigni, Fellini nous rase avec La voce della luna. Bergman, filmant un opéra de Mozart, s’égare dans les coulisses de La flûte enchantée (une gageure !). Buñuel produit à la chaîne trois ou quatre films français assez bons, mais bousille l’ultime, Cet obscur objet du désir. Truffaut s’empêtre avec Vivement dimanche. Renoir produit un sombre téléfilm avec Jean-Louis Barrault, Le testament du docteur Cordelier, qui fait pitié. Pasolini croit judicieux de faire un parallèle entre Sade et le fascisme, contresens qui nous a valu un sinistre Saló ou les 120 journées de Sodome (quoique, ici, le vieillissement de l’artiste n’est pas en cause, il est mort assez jeune, assassiné). Chaplin lui-même ne s’aperçoit pas que La comtesse de Hong-Kong est une pitoyable comédie de boulevard. Etc. Mention spéciale pour Scorsese, qui est mort depuis au moins quinze ans, mais personne n’a osé le lui dire.

Le phénomène est d’autant plus surprenant qu’il ne touche pas les autres arts : les peintres, les sculpteurs, les musiciens ne connaissent pas, en général, cette décadence brutale. Il y aurait une étude à faire sur cette étrangeté, et l’on peut s’étonner que nul n’y ait encore songé. Y a-t-il un exégète dans la salle ?

En bref : inutile de se déranger.Haut de la page

Le projet Blair witch

Titre original : The Blair witch project

Réalisateurs : Daniel Myrich et Eduardo Sanchez

Interprétation : Heather Donahue, Michael C. Williams, Joshua Leonard

Durée : 1 heure et 27 mn

Date de sortie : mercredi 28 juillet 1999

Spoiler : http://members.tripod.com/%7Emspoil/b.html

Lire la critique rapide

Voilà un film absolument dénué d’intérêt, réalisé avec les pieds, d’un j’menfoutisme plutôt sympathique d’ailleurs, qui ne dit et ne montre strictement rien, mais que la propagande, principalement sur Internet, a réussi à faire passer pour un chef-d’œuvre de l’horreur cinématographique – la jobardise du public aidant. Pour ceux qui ne l’ont pas vu, de quoi s’agissait-il ? Sachant que les critiques professionnels adorent les films dont on peut résumer l’histoire en trois phrases (il paraît que ça facilite leur travail), tâchons d’améliorer la performance : je vous fais ça en six mots. Vous êtes prêts ? Roulement de tambour... Allons-y :

 

Trois charlots s’égarent en forêt.

 

Je n’aurais pas pris la peine de rédiger une critique aussi fouillée sur cette escroquerie qu’on n’ose qualifier de cinématographique, sur cette mayonnaise habilement montée à partir d’un canular dû à deux étudiants en cinéma qui ont laissé le public s’égarer, lui aussi, et prendre pour une œuvre achevée ce qui n’était au départ qu’un simple travail de fin d’études (film raté, mais blague de potaches réussie, par conséquent), si on ne nous menaçait pas d’une suite prochaine, intitulée Blair Witch 2 : le livre des ombres. Le snobisme aidant, ça va cartonner, on le pressent. Méfiance tout de même : le réalisateur a changé, c’est Joe Berlinger, et il débute au cinéma, n’ayant travaillé jusqu’ici que pour la télé. Vous voilà prévenus.

En bref : à fuir.Haut de la page

[Entracte 2]

Je voudrais bien qu’on m’explique un jour pourquoi les gens éprouvent le besoin de bouffer des sucreries au cinéma. La question est double : pourquoi manger dans un cinéma, quand nul ne songerait à le faire dans un théâtre, et pourquoi des sucreries ? Pourquoi pas des merguez ? Au moins, on ne les enveloppe pas dans ces horripilants sachets en papier que froisse tout au long du film l’inévitable connard – ou la conne, ne soyons pas sexiste – qui aurait mieux fait de se sustenter à domicile au lieu de venir bâfrer en public. Est-ce que je pisse entre les rangées de fauteuil quand une envie me vient, moi ? Ah oui, vous allez me rétorquer qu’absorber de la nourriture et se délester du produit final, ça fait deux. Je vous répondrai que ça n’est pas aussi tranché, et que des esprits libres (pas vous, je le sens, bande de nazes) se sont interrogés sur cette question capitale.

Ainsi, naguère, Frédéric Dard avait conçu l’idée d’une société où il serait de bon ton d’inviter ses amis, non pas pour dîner ensemble, mais pour déféquer ensemble. C’était dans l’un de ses San-Antonio, naturellement. Quoi ? Vous récusez Frédéric Dard comme un plaisantin qu’on ne peut prendre au sérieux ? Alors, laissez-moi vous rappeler que le grand cinéaste espagnol Luis Buñuel, un classique que plus personne ne conteste, lui, a inséré cette scène que les esprits étroits jugeraient incongrue dans l’un de ses films, Le fantôme de la liberté, avec la complicité active et probablement goguenarde de son scénariste, l’honorable écrivain Jean-Claude Carrière, un gars bien sous tous rapports puisqu’il est pote avec le Dalaï-Lama et qu’il dirige la FEMIS, l’école nationale du cinéma : des références, non ? Bref, au début de cette inoubliable pelloche, une bande de bourgeois s’asseyait autour d’une table sur laquelle les couverts avaient été remplacés par des rouleaux de papier cul, et les chaises étaient des trônes de W.C. ! Quant à la conversation, elle ne roulait pas sur la gastronomie, ainsi qu’il convient dans les milieux plus ou moins huppés, mais sur la quantité de… matière produite annuellement dans l’ensemble de la nation. Un sujet bien intéressant, que la télé devrait reprendre à son compte : à TF1, par exemple, ils sont bien placés, la doc ne doit pas manquer.

En tout cas, Buñuel et Carrière, tout comme Frédéric Dard, avaient osé. Et cette référence imparable (les cons disent « incontournable ») me permet de conclure définitivement que manger et se vider les tripes, sur le plan des relations sociales, ça se vaut. Inutile donc de m’inviter à dîner, vous seriez déçus par mon manque d’appétit.

 

[Avant de regagner votre siège, vous êtes priés de laisser les lieux
dans l’état où vous souhaiteriez les trouver en entrant]

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Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1er janvier 1970.